5 mai 2024

L'INTRUS (Histoire Courte)



 

Au commissariat :

- Bon, on reprend calmement monsieur. Monsieur Peuplu, c’est bien ça ?

- oui, Inspecteur. Jean Peuplu. Fonctionnaire. 42 ans, j’aime les tutus, Jul et les documentaires de Chasse et Pêche.

- on parlera de vos choix de vie ayant mené à votre vie de merde une autre fois. Alors, ce fameux samedi, vous êtes rentré d’une soirée arrosée, vous étiez fatigué, et vous n’êtes pas rentré seul…

- oui. Enfin, je ne savais pas qu’il m’avait suivi. J’étais trop bourré pour m’en être aperçu. Et puis, je venais tout juste de me remettre sur le fait que Josiane, la marchande de poissons que je draguais depuis 2 mois avait un truc en plus à la soirée.

- Un Zguegue, suivant votre déclaration. C’est à dire ? Une coupe de cheveux debile, un tatouage a l’effigie du PSG sur le nez, ou une autre forme chronique montrant un problème mental ?

- non, c’est plus bas sous la ceinture. Une excroissance en forme d’asticot pour la peche au gros, comme moi. Un peu comme les brésiliennes du bois de Boulogne.

// se tourne vers son collègue//

- note, Bebert : a peur-etre consomme de la drogue fabrique à base de produits forestiers. Sans doute des champignons. Ça a pu avoir une incidence sur la violence dont a fait preuve la victime par la suite…

//l’homme reprend//

- oui, c’était ça : elle avait un gros bolet à la place de la trappe…

- on parlera aussi ultérieurement de vos jeux de soirée. C’est ce qui vous a incité à partir de la fête ?

- oui. Ca et le fait qu’il était conne , enfin con en plus de son appendice.

- Un con génital donc… vous vous êtes aperçu quand que vous étiez suivi ? Dès la sortie de la fête, ou seulement rentré chez vous ?

- en fait, j’ai bien entendu un léger sifflement dans l’air durant le trajet, mais comme déjà dit, j’étais bourré, et je pensais que c’était le fruit de mon imagination.

// a son collègue //

- note bebert : le suspect sifflait sa proie. Sans doute un rituel de chasse ou une maniere de signifier à sa cible qu’il l’avait choisie.

//revenant à l’homme//

- après ça, vous êtes revenu chez vous. Comme vous ne retrouviez pas vos clés, vous avez pénétré par derrière, en vous enfilant une fenêtre.

- euh non : je suis passé en soulevant la vitre.

- oui, Ben, les détails sexuels avec votre mobilier, c’est pas le plus important. Vous étiez frustré à cause de Josiane, ou Johnny, je sais plus. vous aviez besoin de vous réaffirmer en tant qu’homme en vous faufilant dans un trou. Passons. Arrivons au moment où vous avez compris la présence de l’intrus dans votre chambre.

- c’était environ une demi-heure après. Je peinais à m’endormir. Je sentais une présence. Il y avait un léger son, à peine perceptible au début. C’est la que j’ai fait le rapprochement avec celui entendu dans la rue un peu plus tôt. Ça y ressemblait beaucoup. J’étais paniqué : je me suis levé et j’ai cherché partout. Mais rien. Il a du comprendre que j’avais deviné que je n’étais pas seul, et il n’a plus fait de bruit en se cachant.

- en plus, vous aviez allumé la lumière. Mais à peine éteint à nouveau, vous vous êtes frotté contre vos draps et enlacé votre jouet sexuel.

- euh, non : ma girafe en peluche. Je sais que ça peut paraître un peu bizarre, mais je ne peux pas m’endormir sans. C’est mon jouet d’enfance : ça me rassure.

- chacun son truc pour se soulager. J’ai un beau-frère qui m’a avoué aimer tremper son sachet dans une tasse de thé. Bref. Vous l’avez à nouveau entendu après ça.

- oui. Le même son, plus insistant parfois. Très proche de moi, de plus en plus. Comme pour me narguer. Ça me rendait fou.

- vous avez à nouveau allumé la lumière, repris les recherches, et avez fini par le retrouver.

- oui. Je le voyais distinctement cette fois. Il ne cherchait plus à se cacher. La confrontation était inévitable. J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai combattu.,,

- vous vous êtes alors emparé d’un objet contondant pour faciliter l’affrontement.

- C’est ça. J’ai pris ce que j’avais de plus efficace selon moi à ce moment. L’arme la plus adéquate pour le chasser. En tout cas, je le croyais. Mais il parait chacun de mes coups.

- vous avez alors cherché à le faire sortir en ouvrant la fenêtre et en multipliant les attaques frontales ?

- C’est ça. Mais il était très intelligent, et il devint évident pour moi qu’il se moquait de mon inexpérience dans ce genre de situation. Il profitait de son avantage dans le combat rapproché.

- C’est la que vous avez cherché à l’épuiser et profité d’une baisse de sa garde lors d’une de ses pauses pour frapper plus fort.

- exactement. Son assurance a causé sa perte. J’étais à bout. L’adrénaline, la peur, la colère… tout ça m’a submergé et j’ai fini par le surprendre. J’ai abattu mon arme sur lui, de manière très violente. Je crois que je n’ai pas mesuré ma force à ce moment.

- oui, on a vu les traces de sang sur le mur lors de notre venue après votre appel. Un spectacle horrible. L’inspecteur Dugland a eu du mal à vous faire sortir de votre état de choc. Mais dites vous que c’est fini maintenant. Je ne cautionne pas le meurtre, cependant. Mais vous étiez en état de légitime défense. Vous n’avez rien à vous reprocher.

- Je vous remercie commissaire. J’ai encore les images devant les yeux. Je ne pourrais jamais oublier cette nuit terrible.

- je peux vous orienter vers un très bon psychiatre. Un ami. Il saura vous aider à surmonter votre traumatisme.

- C’est gentil. Merci à vous. Je crois en effet que j’en aurais besoin.

- une dernière chose. Vous avez indiqué dans votre déclaration connaître l’identité ou la race de votre agresseur. Vous vous sentez capable de me l’indiquer ? Parce que vu l’état du corps, le coroner n’a pas pu établir ce qu’il était exactement…

- oui, commissaire : c’était un moustique…

// a son collègue //

- note ca Bebert : Mouss Tic. Sans doute un ressortissant étranger venu chez nous par un de ces foutus boat people. Une vraie plaie ces trucs…

//revenant à l’homme//

- Bon, je ne vous retiens pas plus longtemps. Je pense que vous avez besoin de repos après cette pénible expérience, rentrez chez vous, prenez le temps de mettre ça de côté. Détendez-vous en regardant un film ou une série. Évitez les documentaires : le fait d’en voir un relatant la vie d’un des compatriotes de celui qui s’en est pris à vous, ça peut vous perturber davantage. Et pensez à aller voir mon ami psy. Je vous donne son numéro et son adresse.

// prend le papier fourni par le commissaire//

- Merci commissaire : je l’appelle plus tard. À bientôt et encore merci pour votre gentillesse et votre compassion…

- pas de souci monsieur. La police est la pour ça. Prenez soin de vous…

// une fois l’homme parti, à son collègue //

- sale affaire. On n’est plus en sécurité nulle part. On peut même être attaqué chez soi, c’est dingue… moi je te le dis bebert : Gotham part de plus en plus en vrille…

FABS

 

Publié par Fabs