26 juil. 2022

TWELVE (12)

 


 

Il vous est déjà arrivé de vous tromper complètement sur quelqu’un ou quelque chose ? J’entends par là que tous les évènements, les motivations, l’histoire d’une personne et de son entourage se révèlent être à l’opposé de vos convictions profondes, malgré toutes les preuves s’accumulant de jours en jours sur votre sensation d’avoir compris ce qui constituait l’être, l’essence de cette même personne ? Quelque chose qui vous fait remettre en question votre propre perception de l’être humain, qui vous fait douter de votre logique, de votre expérience, aussi bien en matière de relations sociales et humaines, que de votre faculté à analyser les indices qui s’offrent à vous, afin de démêler le vrai du faux, au point de ne plus savoir ce qui vous semble appartenir au bien ou au mal…

 

Quand je parle d’indices, ce n’est pas par hasard, ou résultant d’un désir de montrer une certaine culture. C’est parce que je suis Lieutenant. Lieutenant Devon Plumley de la Division des Enquêtes Criminelles en District de la NYPD à New York, et si je vous ai fait ce petit préambule, c’est à cause de l’enquête que l’on m’a confiée et qui s’est achevée de manière à complètement chambouler mes acquis en matière de meurtriers, sur ce qui les a poussés à tuer, sur leur modus operandi, leurs rituels, leur histoire… Attention : je ne parle pas de ceux qui étaient voués dès le départ à devenir des assassins en puissance, à cause de problèmes psychologiques évidents, ou à cause d’un environnement familial propice à détruire leur considération du bien et du mal. Non, ceux-là, pratiquement dès leur naissance, ils sont voués à devenir des tueurs de grande envergure. Ceux dont je parle, ce sont les autres… Ceux qu’on n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent passer à l’acte, ces anonymes restés dans l’ombre, dont le parcours les ayant menés à leurs actes n’est connu que d’eux seuls, voire quelques rares personnes les ayant côtoyés, sans pour autant soupçonner l’aura sanguinaire les entourant, à cause d’un évènement particulier dans leur vie, ayant causé un choc tellement fort que cela les a transformés à vie…

 

Ces mêmes meurtriers qui représentent une part des meurtres bien plus élevés qu’on pourrait le penser, ne serait-ce que dans le district de Manhattan, l’un des 5 boroughs de New York, avec le Queens, Staten Island, Brooklyn et le Bronx. J’ai été confronté à l’un d’eux, et je ne pourrais plus jamais oublier son visage, de ce qu’il représente, de la façon de voir la justice et du comportement humain face à l’image et la notoriété. Je revois son expression pleine de fureur et d’innocence dans le même temps, sa tristesse dans ses yeux en m’évoquant l’élément déclencheur de sa furie meurtrière, bien plus élaborée et pensée que je ne le croyais au départ, quand j’ai débuté mon enquête… C’était la première fois que je pleurais face à quelqu’un ayant tué et massacré de manière horrible des gens que je pensais innocents, et qui n’étaient en fait qu’un ramassis d’ordures bien plus détestable que celui qui leur avait ôté la vie brutalement. Rassurez-vous : je ne cautionne pas ses actes monstrueux. Surtout au vu de l’état des corps, sur lesquels il s’est acharné, avant d’y apposer « sa » marque : l’un des 12 signes du Zodiaque Chinois. Mais je comprends pourquoi il a fait ça…

 

Mais pour mieux comprendre, je me dois de revenir en arrière, au moment où je fus envoyé par mon supérieur à l’Eastgate Tower Hôtel, dans le quartier de Midtown, où le cadavre d’un homme avait été retrouvé dans sa chambre. La première chose qui me surprit, c’étaient les recommandations du Capitaine de bien suivre les consignes d’accès à la scène du crime une fois sur place. Que c’était une question de vie ou de mort, et que pour une fois, je devais mettre mon caractère d’irlandais pure souche de côté, et faire ce que la division scientifique me demandait, si je voulais être sûr de le saluer à nouveau le lendemain matin… Dit comme ça, c’était curieux. Jamais le Capitaine ne m’avait donné de telles directives, et ses dernières paroles montrait une réelle inquiétude à mon encontre dans sa voix. Bon, je me disais que c’était peut-être dû au fait qu’il avait appris une mauvaise nouvelle le mettant dans cet état, et sans me poser plus de question, je me suis rendu à l’Eastgate…

 

Une fois sur place, je fus d’abord étonné de la présence de policiers près des ascenseurs, chargés de surveiller la montée des clients, d’autres les accompagnant suivant l’étage où ils voulaient se rendre, le 5ème étant rigoureusement interdit aux civils pour des raisons de sécurité cruciaux, selon les propres termes indiqués. De manière à s’assurer qu’ils ne tentent pas d’y accéder. Quel meurtre pouvait être à ce point exceptionnel pour qu’un étage entier soit mis en quarantaine, et que les clients du même étage aient été évacués et relogés à d’autres chambres, d’autres étages, leurs affaires leur ayant été rendus après inspection pouvant durer plusieurs heures, sans qu’aucune information ne leur aient été donnés sur ces consignes qui me semblaient surréalistes, même à moi qui en avait vu d’autres au cours de ma longue carrière. Et je n’étais pas au bout de mes surprises…

 

A L'instant où j'entrais dans l’ascenseur, accompagné moi aussi d’un des gars du NYPD, je fus invité à revêtir une combinaison de protection, en même temps que lui. Une précaution nécessaire pour avoir le droit d’accéder à la scène du crime situé dans une des chambres du fameux 5ème étage. L’une de ces combinaisons que l’on porte dans des zones où on soupçonne des émissions radioactives, ou du moins la présence de produits toxiques, tels que des gaz mortels. Je demandais au gars le pourquoi de ça, mais il se limitait à me dire que les agents de la Division Scientifique sur place se chargeraient de tout m’expliquer en détail. Me rappelant les mots du Capitaine, je ne cherchais pas à en savoir plus, et attendait que le tintement caractéristique de l’ascenseur, signifiant l’arrivée au bon étage sonne, avant que les portes s’ouvrent, et que je pose mes pieds sur le sol de l’étage. En voyant le spectacle devant moi, c’est tout juste si je me rendis compte de la fermeture des portes de l’ascenseur derrière moi, me laissant seul face à un décor digne d’une série de Netflix ou Amazon Prime…

 

C’était du délire. Des films plastiques recouvraient le sol et les murs de tout l’étage, y compris les portes des chambres. Des hommes portant les mêmes combinaisons que moi étaient postés à intervalles réguliers, dont deux juste à proximité de l’ascenseur d’où je sortais. Sans doute pour prévenir d’une intrusion non-autorisée. J’avais vraiment l’impression de me retrouver dans un remake d’un mauvais film de série B, tellement tout ça me plongeait dans l’incompréhension. Pourquoi un tel dispositif pour un simple meurtre ? ça n’avait aucune logique. En tout cas, jamais au cours de toutes mes enquêtes, je n’avais vu de telles dispositifs de sécurité extrême, et pourtant j’en ai vécu des vraiment pas catholique, vous pouvez me croire. Me sortant de ma surprise, j’arpentais le couloir jusqu’à arriver à la chambre indiquée par le Capitaine au téléphone. De toute façon, même sans le numéro, vu que c’était la seule ouverte, d’où émergeait parfois d’autres cosplay en cosmonaute, je n’aurais eu aucun mal à la trouver. Une fois arrivé à ladite chambre, je fus accueilli par un des gars de la Division Scientifique qui me dirigeait vers le cadavre, tout en m’expliquant la raison de tout ce foutoir. En fait, ce matin, une des filles du personnel de l’hôtel, en entrant dans la chambre pour changer les draps, après qu’elle n’ait eu aucune réponse après avoir cogné à de multiples reprises à la porte, a trouvé le corps sans vie de l’occupant de la chambre. L’instant d’après, après avoir touché le corps pour vérifier s’il était bien mort ou simplement sans connaissance, elle a été atteinte de vertiges, de nausées, d’une forte toux lui faisant cracher du sang, de douleurs thoraciques très forte.

 

Elle eut tout juste le réflexe d’indiquer sa découverte avec son mobile à son responsable, qui se trouvait à un autre étage, lui expliquant aussi son propre état, avant de tomber au sol. Par la suite, craignant une épidémie, le directeur de l’établissement, qui avait été averti, a immédiatement contacté le Centre CDC le plus proche et le NYPD, qui sont venus constater et évaluer la dangerosité du corps, en se basant sur les propos du Directeur, ayant rapporté ce qu’avait dit la malheureuse femme de chambre, dont le corps sans vie fut découvert devant la porte. Ce qui entraîna une évacuation complète de l’étage, et la mise en place des dispositifs que je constatais à mon arrivée. Je comprenais mieux désormais les paroles du Capitaine. L’un des agents du CDC sur place, relayant le gars de la Division Scientifique, m’expliquait alors que le cadavre était porteur des germes de la Peste Pulmonaire, et que la femme de chambre, vraisemblablement en touchant et pressant le corps, avait dû inhaler des gouttelettes du germe à son tour sans s’en rendre compte, causant son infection à son tour, puis la mort.

 

Pour l’instant, il ignorait comment la victime avait pu contracter cette maladie, d’autant que cette dernière, après enquête n'avait jamais quitté le sol américain de sa vie. Il était donc inconcevable qu’elle ait pu être en contact direct avec l’un des rares foyers encore actifs dans le monde, tel qu’il en a été constaté à Madagascar ou la République Démocratique du Congo. La seule explication rationnelle étant qu’elle ait été contaminée par un autre client de l’hôtel, ou en tout cas un patient zéro de la maladie, venant, lui, de l’un de ces foyers actifs. Mais ce n’était pas la Peste qui avait tué en premier la victime, tel que me le montrait Marvin, le gars de la Division Scientifique du NYPD. Il me montrait la gorge tranchée de façon très nette de Peter Drown, le nom du corps étalé au sol, âgé d’une soixantaine d’années, ainsi que la présence d’un signe chinois gravé sur son torse. Le signe du Tigre dans le zodiaque chinois, tel que Marvin me l’indiquait. Peter Drown avait vu sa carotide tranchée par une arme blanche particulière, au vu des marques laissées sur la gorge, montrant des stries irrégulières autour de la plaie. Une arme de sacrifice rituel ou quelque chose d’assimilé semblait être la piste la plus probable…

 

En gros, ce gars, Peter avait été sacrifié au nom d’un culte non déterminé, personne ne connaissant une secte usant de signes du zodiaque chinois, que ce soit à New York, ou aux alentours. Mais il n’y avait pas que ça. Sa langue avait également été découpée, et positionnée sur les yeux. Comme une sorte de message adressé par le tueur à ceux qui découvrirait le corps. Les yeux avaient été sortis de leur orbite, et placés dans la bouche, à l’endroit exact où se situait la langue, avant qu’elle soit tranchée. On sentait un modus operandi méthodique du tueur. Ce n’était clairement pas un meurtre perpétré pour une histoire d’adultère ou de mésentente entre voisins, comme il est courant d’en constater dans les hôtels, voire de jalousie poussée à l’extrême. Dans aucun de ces cas, on userait d’un stratagème aussi précis simplement sur le coup de la colère. Non, c’était bien plus travaillé, stylisé. Seul un tueur en série pouvait être la cause de ça. Car il était évident, au vu du signe gravé en tant que marque du tueur qu’il y aurait d’autres meurtres à venir, pour suivre celui-ci…

 

Et les semaines suivantes confirmèrent mes doutes. D’autres meurtres, utilisant la même méthode incompréhensible survinrent dans d’autres hôtels. Hôtel Chandler, The Strand Hôtel, The Leo House, Lotus Accomodation… tous subirent les actes de ce tueur dont les motivations m’échappaient. J’ai épluché toutes les sectes et cultes de la ville, et même au-delà, afin de trouver un indice pouvant m’indiquer le pourquoi des signes, de l’inversement des yeux et de la langue, et plus encore, de l’utilisation d’un produit recréant les symptômes de la Peste Pulmonaire. Car oui, les analyses successives sur les corps permirent de constater que la composition des gênes de cette maladie était légèrement différente de celles de la Peste Pulmonaire, telle que cette dernière était connue par la science. Une modification au stade cellulaire, la rendant plus agressive, plus virulente et infectieuse que le bacille originel de la Peste, le Yersinia Pestis, présent chez certains rongeurs, comme les rats, et transmis par les puces véhiculées par ces animaux. La Peste a fait des ravages au Moyen-âge, éradiquant près d’un tiers de la population européenne, et est loin d’avoir disparu, contrairement à ce que l’on peut penser…

 

Elle existe encore dans divers pays d’Asie et d’Afrique, et effectue même en ce moment une ré-émergence. La seule différence avec le moyen-âge, c’est qu’aujourd’hui, on sait comment la combattre. Mais elle reste une maladie mortelle et redoutable, et une personne ayant contracté la Peste doit être soignée rapidement si elle veut espérer survivre. Mais les différents vaccins ou traitements contre la Peste ne sont efficaces que contre les formes classiques du bacille. Encore à l’heure actuelle, aucun traitement n’est efficace contre sa forme la plus virulente qu’est la Peste Pulmonaire, et celle-ci continue de tuer dans les pays que j’ai déjà cités, sans qu’on puisse faire quelque chose. C’est cette forme qui avait été choisie et recréée en modifiant le phage du bacille du Yersinia Pestis. Ce même phage existant de manière naturelle dans le bacille, et pouvant se propager dans d’autres bactérie ne possédant pas ce phage, causant une infection massive du corps, et ce de manière exponentielle et rapide.

 

L’étude d’un des corps a permis de constater que non seulement cette version nouvelle de la Peste Pulmonaire, créée en laboratoire, avait été injectée de manière artificielle, car il était évident que la contamination ne résultait pas d’un contact, mais aussi indiquait la manière dont elle avait été introduite dans le corps des victimes. La trace d’une minuscule piqûre au niveau du cou fut découverte, indiquant le mode de transmission. A partir de là, le tranchage brutal du cou montrait un désir flagrant de masquer la présence de cette trace de piqûre. Si cet indice a été découvert sur l’un des corps, c’était vraisemblablement dû au fait que le tueur avait été dérangé pendant le processus, ou perturbé par quelque chose, l’empêchant de procéder à sa précision habituelle. Peut-être qu’au moment où il s’affairait sur le corps, quelqu’un a cogné à la porte de la chambre par exemple. L’autre chose découverte était que le tueur devait être immunisé contre sa création, ou alors qu’il y avait un temps d’incubation de la maladie, avant qu’elle puisse être transmissible, comme cela l’avait été pour la femme de chambre lors du premier corps découvert, et également pour d’autres cas dans d’autres hôtels, avant que la Direction de ceux-ci informe le CDC et le NYPD d’un cas au sein de leur établissement.

 

Le couteau utilisé causait aussi un problème d’identification. Les différentes analyses des marques montraient une incohérence avec une arme connue, et ne pouvait s’expliquer que par le fait que l’arme utilisée avait été créée de toutes pièces par le tueur. Ce qui faisait qu’on avait affaire à un tueur hors-normes : chimiste, habile de ses mains au point de fabriquer une arme blanche inconnue, méthodique, discret, et usant d’une facilité de dissimulation et de compréhension des lieux où il officie remarquable. Pour faire simple, le gars devait user de costumes d’employés divers pour entrer dans les hôtels, peut-être même en tant que client, avant d’arpenter les couloirs en utilisant un uniforme du personnel. Ce qui supposait qu’il avait étudié les lieux auparavant, afin de savoir où s’emparer de ces tenues lui assurant une discrétion totale. Et aussi le moyen d’avoir accès aux lieux où se trouvaient le dispositif permettant d’actionner ou de rendre inactif les caméras de surveillance. A moins qu’il soit aussi un hacker de talent, lui permettant de prendre le contrôle du système à distance. Ce qui ne serait pas surprenant au vu des capacités de génie de ce tueur décidément au-dessus de tout ceux que j’avais traqué jusqu’à présent…

 

Au cours de l’enquête, j’ai pu m’apercevoir que les caméras avaient été brouillées pendant 2 heures, exactement au moment supposé de la mort des victimes, permettant au tueur d’opérer en toute impunité. Si ces brouillages n’ont pas été détectés au moment où ils ont été opérés, c’est parce qu’une sorte de « filtre », une manipulation d’image sur le réseau utilisé par le système de surveillance, a permis de se superposer à l’image brouillée, et montrant une séquence extraite d’une période autre que la partie où l’image était brouillée. Ce qui supposait un accès total à la base de données du système de surveillance des différents hôtels, afin de procéder à ce moyen digne d’un pro du hacking, tel qu’on en voit dans les films de braquage ou d’espionnage. Je sais que ça peut paraître curieux de la part d’un lieutenant du NYPD, mais j’étais en admiration devant le talent de ce tueur incroyablement intelligent. Je n'avais jamais été face à un tel degré de QI de la part d’un criminel. Ça tenait vraiment du génie pur. Le gars devait avoir un cerveau capable d’égaler des puits de science tel que Einstein et d’autres, c’était juste complètement fou.

 

J’ai mis du temps à trouver une corrélation entre les différentes victimes, si ce n’est le signe du zodiaque chinois gravé sur leur corps, correspondant effectivement à leur signe. Trevor Parks, né en 1977, signe du Serpent ; Mindy Völler, née en 1991, signe de la Chèvre ; Armin Creeks, né en 1968, signe du Singe ; Vicky Layer, née en 1983, signe du Cochon. Sans oublier la première victime, Peter Drown, né en 1962, signe du Tigre… En fouillant leur passé, j’ai découvert qu’ils faisaient tous partie en 2010 du personnel officiant au sein du même Hôtel de Manhattan : le Storm Hôtel. Et ce serait le cas des autres qui les suivraient. C’est à ce moment que je suis tombé sur un article indiquant un fait curieux…

 

INCIDENT AU STORM HÔTEL

 

Un jeune enfant de 12 ans, d’origine asiatique, a fait un esclandre auprès de la direction du Storm Hôtel, prétextant que l’hôtel avait enlevé ses parents pour une raison inconnue, cachant les preuves, jusqu’à transformer la chambre où il se trouvait avant de se rendre dans une pharmacie, afin de trouver un remède au mal dont souffrait ses parents. Il a indiqué s’être rendu à cette pharmacie sur les conseils de la fille du Directeur de l’Etablissement, Carrietta Drown, après avoir expliqué en détail à cette dernière les maux dont souffrait ses parents, survenus peu de temps après leur départ de Chine. Les symptômes des supposés parents du jeune enfant se seraient aggravés une fois arrivés à l’hôtel, ceux-ci se plaignant de graves douleurs thoraciques, de fièvre importante, de grande fatigue, toussant et crachant du sang.

 

L’enfant a également précisé que le Directeur et père de Carrietta était présent quand il a énuméré les symptômes, lui faisant se diriger vers cette pharmacie. Quand il est revenu, il a constaté que la chambre où il était précédemment avec ses parents avait été remplacée par une buanderie. Voulant savoir où se trouvait ses parents, et pourquoi la chambre n’était plus là, le Directeur lui a alors indiqué que c’était la première fois qu’il le voyait au sein de l’hôtel, et qu’il n’y avait aucune personne au nom de ses parents séjournant ou ayant séjourné dans l’hôtel. L’enfant a posé la même question à d’autres personnes ayant vu ses parents à leur arrivée, mais tous ont eu la même réponse que le Directeur, tout comme Carrietta, qui a affirmé ne pas connaitre le jeune enfant, qui prétendait être devenu ami avec elle.

 

Finalement, le Directeur, Peter Drown, a dû faire intervenir les services de police pour faire expulser le jeune homme, celui-ci devenant agressif et violent envers le personnel, et criant partout qu’il voulait qu’on lui rende ses parents. Le jeune homme a été pris en charge par les services sociaux par la suite, puis transféré au Consulat Général de Chine, cette dernière ayant pris le relais, afin de démêler cette histoire. A l’heure actuelle, nous ne savons pas ce que le Consulat a décidé concernant ce jeune homme qui semble s’être introduit de manière clandestine sur le sol Américain, et n’ayant aucune preuve contre les graves accusations proférées contre le personnel du Storm Hôtel. Ce dernier n’a pas souhaité porter plainte contre un jeune visiblement atteint de folie, indiquant que sa place était dans un asile, et espérant que le Consulat Général de Chine prendrait les mesures médicales qui s’imposaient le concernant. 

 

Si l’article en lui-même semblait assez dingue, ce que j’en avais retenu, c’était le nom du Directeur de l’hôtel de l’époque : Peter Drown, la première victime. Ça ne pouvait pas être un hasard, tout comme la relation de ce dernier avec les autres corps découverts dans d’autres hôtels, avec la même méthode. L’idée d’une vengeance me vint alors immédiatement à l’esprit. J’eus beau chercher, je ne trouvais nulle trace ailleurs de ce qui était advenu du jeune homme mentionné dans l’article. Mais je savais que j’étais sur une piste sérieuse, et je m’y tenais. Les jours suivants, je prenais rendez-vous auprès d’un responsable du Consulat Général de Chine, afin d’éclaircir ce point, insistant sur l’urgence. Après plusieurs appels pour faire accélérer la date du rendez-vous, j’obtins satisfaction et pu m’entretenir avec un responsable du Consulat. Exposant les faits, et indiquant que j’avais besoin de connaitre le parcours du jeune homme mentionné dans l’article, le soupçonnant d’avoir des éléments à même de me permettre d’y voir plus clair dans les motivations du tueur, en évitant soigneusement de préciser que je pensais qu’il pourrait être le tueur que je recherchais, afin d’éviter tout incident diplomatique, je reçus une réponse positive de la part du responsable, qui m’indiqua le nom de la famille d’accueil ayant recueilli le jeune homme à l’époque.

 

Le responsable rajouta malgré tout que seule la mère vivait encore à l’heure actuelle, et qu’elle avait été placée dans un centre spécialisé traitant la maladie d’Alzheimer dont elle souffrait à un stade naissant. Je le remerciais de ces précieux renseignements, et usait de mes contacts, aidé du Capitaine, bien qu’il doutait que ce fameux jeune homme puisse être mis en cause dans l’affaire. Mais il savait que mes intuitions avaient toujours été bonnes, et qu’aucune d’entre elles ne lui avaient donné l’occasion de ne pas avoir confiance. Alors, j’eus son feu vert, et je pus rencontrer Greta Nyarbok dans un salon isolé, conformément à ma demande, avec promesse de ne pas brusquer Greta, qui était très faible psychologiquement parlant, mais aussi physiquement. Je me tenais aux recommandations du personnel de l’établissement où se trouvait Greta, et bien que les premiers échanges n’aboutissaient à rien, dès le moment où je lui montrais l’article évoquant le jeune homme, celle-ci changea d’expression, comme semblant soudain être porteuse d’une illumination, et réveillant ses problèmes de mémoire.

 

 Elle m’indiquait qu’elle se souvenait très bien de Huan, le prénom du jeune homme inconnu. De sa colère de l’époque, suite à cette affaire. Il était souvent en conflit avec son mari, ayant du mal à suivre les règles que ce dernier imposait au sein de leur maison. Elle se souvenait devoir régulièrement intervenir pour éviter que leurs affrontements ne tournent au pugilat. Afin de modérer les actes de Huan, qui apprenait l’anglais auprès de son fils, Kirk, elle lui enseigna des méthodes pour retenir sa colère, afin d’apprendre à cacher ses émotions, les contenir en soi, comme une forme de sérénité. Des leçons qui portèrent leurs fruits, même si elle était consciente qu’il portait toujours en lui cette colère, et qu’il voyait ces leçons comme des outils qui lui serait utile pour fomenter une vengeance dirigée contre ceux qui lui avaient volé ses parents, sans savoir pourquoi.

 

Par la suite, il s’intéressa à beaucoup de choses, comme l’utilisation des réseaux sociaux, et les différentes couches d’Internet, comme le Dark Web, tel que lui avait rapporté Kirk, qui s’inquiétait de la passion exercée par Huan de s’apprivoiser avec le tournant sombre du Web. Elle savait qu'il cherchait par ce moyen à apprendre des méthodes pour parvenir au but qu’il s’était fixé, et elle condamnait cela. Mais en même temps, elle se sentait désarmée face à sa motivation pour obtenir réparation et compréhension, et elle se voyait mal lui interdire de continuer. Elle voyait chaque jour son visage s’emplir de noirceur, même s’il avait appris à cacher cela sous un masque, selon les méthodes qu’elle lui avait elle-même appris. Et un jour, Huan changea d’expression. Il semblait avoir obtenu une réponse à ses interrogations. Mais ce n'était pas pour autant de la joie qui s’affichait sur lui, ou le désir de goûter enfin à une sérénité, oubliant le passé qui l’avait fait venir au sein de leur maison. Mais plutôt une satisfaction qu’il allait obtenir ce qu’il désirait depuis si longtemps.

 

N'y connaissant pas grand-chose, elle demanda à son fils Kirk s’il pouvait avoir accès aux informations récoltées par Huan sur le Dark Web, sachant que lui aussi, par ses propensions au hacking, bien qu’il tentait maladroitement de cacher ses actes, pourrait lui apporter les réponses aux questions qu’elle se posait sur le changement d’attitude de Huan. C’est là que Kirk lui rapporta avoir trouvé que ce dernier s'était inscrit sur un forum où on parlait de faits mystérieux de tout ordre. Et parmi les conversations auquel il avait pu accéder, il avait trouvé ce qui l’avait changé : l’explication de la disparition de ses parents. Celui avec qui Huan échangeait était en fait un membre du personnel du Storm Hôtel qui culpabilisait du sort de pauvres touristes. La Direction de l’hôtel l’avait obligé, lui et d’autres personnes, à masquer la vérité. Le Directeur avait reconnu les symptômes décrits par celui qui n'avait que 12 ans à l'époque comme ceux de la Peste Pulmonaire. Craignant un scandale sans précédent pour l’hôtel, il avait mis au point le stratagème pour faire passer la disparition des parents de Huan comme étant une invention de la part du jeune homme, profitant de son absence pour tout mettre en place, Et obligeant certains membres du personnel à être complice de cet acte odieux…

 

Les parents furent anesthésiés grâce à un gaz envoyé sous l’interstice de la porte de la chambre. Puis, prétextant de travaux à l’étage, interdisant l’accès, le Directeur fit revêtir des tenues spéciales au personnel complice pour évacuer les corps endormis hors de l’hôtel, utilisant l’ascenseur de service, interdit aux clients, et menant à l’arrière de l’hôtel, où ils furent pris en charge par des hommes mandatés par le Directeur, eux aussi faisant partie du personnel, afin d’être brûlés en toute discrétion en un lieu secret. Pendant ce temps, la chambre était murée, et remplacée par une fausse porte donnant l’aspect d’une buanderie, le N° de la chambre fut effacé des registres de l’hôtel, tout comme le présentoir des clés, présentant une niche vide, comme si la chambre n'avait jamais existé. Un secret monstrueux que l’homme ne pouvait plus garder pour lui, même plusieurs années après. Il pensait obtenir une rédemption en avouant ce crime perpétré par 11 personnes, auquel se rajoutait Carrietta, la fille du Directeur, âgé à l’époque de 12 ans, et complice forcée, sans comprendre pourquoi elle devait dire à Huan, son ami récent, de faire comme si elle ne l’avait jamais vu, acceptant les mensonges édictés par son père.

 

Dès lors, Greta et Kirk furent horrifiés du secret dont avait été victime Huan, et sachant cela, il était inconcevable pour eux de l’empêcher de continuer sa quête de la vérité, faisant silence sur ce qu’ils avaient découverts. Huan avait alors 17 ans. Il atteindrait sa majorité 3 mois plus tard, et aucun membre de sa famille d’adoption, Greta comprise, ne put l’obliger à continuer à vivre au sein du foyer qui lui avait permis d’obtenir ce qu’il désirait. Après ça, Greta ne savait pas ce qu’était devenu le jeune homme. Mais elle se souvenait en revanche du pseudo utilisé par l’interlocuteur de celui-ci sur le forum : Guilty08. Rien que ce pseudo en disait long sur la culpabilité ressentie. Je remerciais Greta pour cette énorme avancée dans mon enquête grâce à elle, et la laissait à ses souvenirs d’un jeune homme perturbé envahi par un sentiment de vengeance.

 

Avant de me quitter, elle m’indiquait ne pas en vouloir à Huan sur ces morts faisant les grands titres des journaux. Voyant ma surprise, elle m’indiquait que même si la maladie d’Alzheimer la minait, et qu’elle se trouvait enfermée ici, ça ne l’empêchait pas de s’informer via son portable sur ce qui se passait au-dehors, et qu’elle s’attendait un jour à recevoir une visite comme la mienne. Elle savait que c’était Huan le responsable de ces meurtres. Elle savait aussi qu’il était très proche d’un autre interlocuteur au sein du forum, un nommé West40, un chimiste se vantant d’avoir créé un virus mortel à partir du bacille d’une maladie qui avait décimé l’Europe au moyen-âge… Puis elle se tut, et me laissait repartir, pendant qu’elle rejoignait sa chambre. Tout s’imbriquait à la perfection. Je savais son prénom. Et j’avais 2 noms pour continuer mon enquête. Des pseudos, certes, mais des noms quand même. Je savais à qui m’adresser pour obtenir des adresses et aller voir les fameux Guilty08 et West40. Un pur génie de la Cyber Criminalité qui n’avait pas son pareil pour se balader au sein des tréfonds du Dark Web…

 

Il m’obtint très facilement les adresses que je cherchais. Entretemps, 3 nouveaux meurtres se rajoutèrent. Et c’est là qu’un autre souci se posait. Guilty08 était mort depuis déjà 7 ans. L’année où il était entré en contact avec Huan, et ça ne pouvait pas être une coïncidence. Je fis d’autres recherches au sein des archives du NYPD, et je découvris que le corps de Guilty08, alias Clint North, était porteur d’un signe du zodiaque chinois sur le torse, celui du Lapin, et avait été égorgé. En revanche, aucune trace de Peste Pulmonaire sur lui. Il avait dû être la première victime, et à cette époque, Huan n’avait pas encore dû rencontrer West40, alias Poppy Milves. Le chimiste était en fait UNE chimiste. Enfin, pour être exact, c’était bien un homme au départ, mais qui avait changé de sexe il y a 8 ans. Un an après le premier meurtre opéré par Huan. Et du fait de l’absence de Peste sur le corps, personne n’a fait le lien entre la mort de Clint et la vague actuelle. Tous faits dans des hôtels. Ça aussi, c’était un message. L’utilisation de la Peste, les hôtels, la langue coupée, signifiant le silence des coupables de l’époque, les yeux pour la même raison, tout devenait plus clair.

 

Les signes du zodiaque, c’était une marque évidente des origines du tueur, et le nombre correspondait au total des coupables. 12 si on incluait Carrietta. Clint n’avait dû être qu’un coup d’essai pour Huan. Il avait dû obtenir les adresses des autres grâce à lui. Et je me posais même la question, quand Clint s’est retrouvé face à Huan, s’il n’a pas lui-même demandé à mourir, vu son degré de dépression et de culpabilité évidente au vu des messages énumérés par Greta. J’étais prêt à parier que Huan n’avait pas prévu de le tuer ce jour-là, mais qu’il avait déjà en tête d’attendre le bon moment pour les exécutions, 12 ans après que ses parents lui aient été enlevés. Clint avait dû lui forcer la main pour être le premier, et sa colère était telle à ce moment, que Huan n’avait pu « refuser » cette demande…

 

Quant à la création du produit de synthèse de la Peste et celle de l’arme blanche utilisée, c’était clair que ça venait de Poppy, la chimiste. Une fois obtenue son identité, j’ai vu que son père était un armurier et fervent partisan du NRA. Pas difficile d’imaginer que du temps où Poppy était encore un mec, son cher papa lui avait enseigné l’art de construire des armes, et pas seulement des armes à feu. Un armurier ne se limite pas à connaitre les fusils et les flingues, mais s’intéresse à tout ce qui peut potentiellement tuer, armes blanches incluses. J’imagine que les liens entre papa et Poppy ont dû être un peu tendus après l’opération, ce qui a dû contribuer à la rapprocher un peu plus du futur meurtrier. De là à penser à une relation assez intime entre eux deux, il n’y avait pas loin. Peut-être même que c’est Huan qui est à l’origine de cette opération, ayant réveillé l’instinct de devenir femme à celui qui s’appelait Lewis à sa naissance. L’amour n’a pas de frontière…

 

J’ai retrouvé la trace de Poppy. Au cimetière d’un petit bled paumé au-delà de New York. J’ai bien cru que mes investigations allaient prendre un sacré frein, mais le destin, décidément, devait m’avoir dans son estime, en mettant sur mon chemin une fille qui était en couple avec Poppy, et avait bien connu l’amourette de cette dernière et Huan. Elle était une amie du couple, et avait gardé en elle ses sentiments pour Poppy pendant 4 ans. 4 ans durant lesquels elle avait dû accepter de voir celle qu’elle aimait subir les frasques de Huan, lui demandant l’impossible, étant dominateur avec elle, et ne voyant en elle qu’un instrument de sa vengeance, celle qui allait lui apporter les éléments pour obtenir réparation des années de souffrance qu’il avait dû affronter. Quand Poppy a fini par comprendre que Huan ne l’aimait que pour ses aptitudes à concevoir la Peste et l’arme caractéristique dont allait se servir ce dernier par la suite, les disputes entre les deux se sont multipliés, et au final, Huan l’a quittée, une fois qu’il avait ce qu’il voulait et ne trouvait plus d’intérêt à sa relation avec Poppy. Emmenant avec lui ce qu’elle avait conçue pour lui, pensant que cela renforcerait l’amour de celui qu'elle aimait pour elle, alors qu’elle n’avait jamais été rien d’autre qu’un outil.

 

Poppy est tombée en dépression à la suite de ça, et de simple amie, celle qui me parlait de ces souvenirs douloureux, devint amante, pensant redonner de la joie à cette petite chose fragile qu’était Poppy. Jusqu’à ce qu’elle se donne la mort après avoir compris l’utilisation faite par Huan de ses créations. Elle n’a pas supporté de voir qu’elle se retrouvait complice involontaire d’un meurtrier en puissance, dominé par la vengeance. Malgré ça, la fille me permit de consulter, et même d’emmener toutes les notes de Poppy, y compris l’antidote au bacille de la Peste Pulmonaire nouvelle génération qu’elle avait créé. Ainsi que la dernière adresse connue de Huan, après qu’il ai quitté le quotidien de Poppy. Un cadeau du ciel cette fille, et je me disais que je n’avais jamais autant aimé me rendre dans un cimetière de toute ma vie.

 

En feuilletant les notes de Poppy, je tombais sur une autre perle rare : la liste des membres du personnel du Storm Hôtel complices de la disparition des parents de Huan. C’est là que je vis qu’il y avait un truc qui ne collait pas. Parmi les autres victimes, qui avait atteint le nombre de 10 à ce moment, en incluant Clint, certaines ne figurait pas dans cette liste, et pour cause. Durant les 12 années qui séparaient l’année du secret mortel du Storm Hôtel à aujourd’hui, 4 des noms de la liste étaient morts autrement, échappant à la vengeance de Huan. En fouillant un peu plus, je m’aperçus aussi que ces 4 comportaient des signes du zodiaque chinois qui avaient déjà été « effacés ». C’est-à-dire ayant des signes zodiacaux identiques à d’autre complices de l’hôtel. A partir de là, je comprenais que Huan était tellement focalisé sur le chiffre 12 et la conformité à l’ensemble du zodiaque chinois, qu’il ne voulait pas de « doublons ». Et que ceux qui ne correspondait pas à son idée du zodiaque parfait, avaient été tués d’une manière différente.

 

Des accidents à première vue, mais qui pouvaient très bien être des meurtres maquillés : accident de voiture pour l’un, suicide au gaz pour un autre, incendie criminel dans un appartement et chute mortelle dans un escalier pour les 2 autres. A côté de ça, les 4 victimes « remplaçantes » étaient des proches de ceux qui auraient dû être tués comme les autres : tous filles ou fils des « accidentés ». De façon à respecter le cahier des charges selon Huan. D’un coup, le respect à l’intelligence et la méthode que je ressentais pour celui-ci tomba d’un coup. En n’hésitant pas à tuer des personnes qui n’avaient pas de rapport direct avec la mort de ses parents, il devenait à mes yeux un serial killer comme les autres. Un tueur n’hésitant pas à sacrifier des innocents, juste pour que ses projets soient respectés à la lettre. Il ne restait que deux noms pour que sa quête aboutisse : Hope  Niallo, signe du Rat, et Carrietta Drown, signe du Tigre, comme son père. Là aussi, ça ne collait pas. Carrietta et son père étant du même signe, il ne pouvait pas la tuer, car elle ne correspondait pas à ses critères. En tout cas, elle ne mourrait pas de la même manière. Mais le souci, c’est que Huan se conformait à un respect strict dans sa folie meurtrière : les « remplaçants » devaient être le fils ou la fille de l’un des coupables. Or, Carrietta n’avait pas d’enfants. Comment Huan allait-il faire pour que son cycle aboutisse tout en suivant à la lettre le code qu’il avait lui-même défini ? C’est là que je me rappelais un détail qui m’avait échappé, indiqué par la veuve malheureuse de Poppy.

 

Huan avait évoqué à plusieurs reprises le nom de Carrietta lorsqu’il était encore en couple avec Poppy, ce qui avait d’ailleurs été prétexte à certaines disputes entre les deux. Poppy acceptant mal le fait que Huan parle constamment d’elle, et soupçonnant une relation entre lui et Carrietta. Et si effectivement c’était le cas, ça expliquait sa rupture avec Poppy, et pourquoi son nom n’était pas souligné sur la liste. Liste écrite par Huan. Au début, le fait que le prénom de Carrietta ne soit pas souligné, j’ai pensé que c’était juste un oubli. Mais maintenant, j’étais persuadé que cette absence de marquage était simplement le fait qu’il ne pouvait se résoudre à inscrire celle qu’il aimait vraiment sur sa liste de victimes. Et si Carrietta n’avait pas eu d’enfants et n’avait pas eu de relations avec d’autres hommes, tel que le montrait les renseignements obtenus par d’autres recherches à la lumière de cette découverte, ça voulait dire que Huan et elle était en couple, et qu’ils l’étaient sûrement encore à l’heure actuelle…

 

Du coup, je me mis à la recherche de l’adresse actuelle de Carrietta Drown, persuadé que cela me mènerait directement à Huan. C’est pendant ces recherches que j’apprenais la mort de la 11ème victime, au sein de l’hôtel Wolcott. Hope Niallo, signe du Rat. Et à ce moment, j’ignorais toujours qui pourrait bien servir de « remplaçant » à Carrietta. Un signe du Dragon. Un moment j’ai pensé à l’orgueil récurent dont avait fait preuve Huan jusqu’à présent et que ce pourrait être lui le Dragon. Mais l’article faisait mention d’un enfant de 12 ans au moment des faits. Donc, Huan devait être comme Carrietta, un Tigre. Néanmoins, je retraçais le parcours de cette dernière et ses différentes adresses, celle-ci semblant prendre plaisir à déménager régulièrement, ce qui me confortait dans mon idée qu’elle était avec Huan, et que ces déménagements étaient pour brouiller les pistes et éviter qu’on la retrouve, elle et son compagnon, au cas où quelqu’un ferait le lien.

 

Sa dernière adresse en date était inconnue, Carrietta ou Huan avaient peut-être eu vent de mes rencontres successives avec Greta et la fille éplorée que j’avais rencontrée au cimetière, et qui m’avait dirigée involontairement sur Leur piste. Mais Carrietta fit une erreur qui m’offrait leur lieu de résidence, en utilisant sa carte bancaire dans un quartier de Manhattan. En suivant la trace de ses retraits et paiements bancaires, je faisais faire une triangulation et me servait de mon réseau d’indics pour me signaler une fille correspondant à la description de Carrietta. Et bingo ! au bout de seulement 3 jours, je parvins à obtenir l’adresse de cette dernière. Et donc de Huan. Seul ce dernier m’intéressait, et je préférais que Carrietta ne soit pas présente au moment de l’arrestation. Le temps venait à me manquer, et en suivant la logique de Huan, je savais quel jour venir, chaque meurtre ayant un intervalle de 12 jours entre eux. Toujours ce foutu chiffre 12 cher au meurtrier. Quelque chose me disait qu’il n’opérerait pas tant que Carrietta serait à ses côtés, et qu’il se mettrait en quête de sa dernière proie une fois celle-ci hors de la maison qu’ils occupaient. Un petit côté protecteur qui allait être la cause de la fin de l’aventure de Huan, tel que je le pensais…

 

Ainsi, je débutais mon attente, posté en un lieu qui me permettait d’observer les allées et venues des occupants de la maison, sans que ceux-ci puissent me remarquer. Au bout d’un moment, je finis par voir Carrietta sortir, se dirigeant au-delà de Bloomfield Street. Une fois hors de vue, je m’approchais discrètement, utilisant les angles morts et vérifiant qu’aucune silhouette ne se dessinait à l’une des fenêtres, et qui serait le signe que j’ai été repéré par Huan, ce que je voulais éviter à tout prix. J’avais déjà pris de gros risques en venant seul, pour ne pas que des déplacements massifs de policier autour de la maison ne provoque de suspicion qui aurait pu faire foirer l’opération. Raison pour laquelle je n’avais pas averti le Capitaine de l’avancée de mes recherches, et surtout de ma venue ici. Mais en faisant ça, j’étais conscient que je ne disposerais d’aucune aide en cas d’imprévus sur l’interpellation de Huan, s’il se révélait plus coriace que prévu. Je comptais malgré tout sur la description donnée par la compagne de Poppy, parlant d’un garçon chétif, et ayant un problème d’audition à l’oreille droite.

 

Détails qui me confortaient dans l’idée que Huan profitait de l’effet de surprise pour rendre à l’impuissance ses victimes. Je supposais qu’une fois brouillée les caméras lui permettant de pénétrer dans la chambre de ses victimes, suivant une analyse méthodique des déplacements auparavant, il devait d’abord les engourdir à l’aide d’un gaz concocté par Poppy, avant de profiter de leur vulnérabilité pour les égorger, puis les « marquer » et procéder au découpage de la langue et des yeux. L’injection de la Peste devait intervenir avant ce rituel. Une prudence qui montrait que Huan craignait l’affrontement frontal et physique de toute évidence, du fait de sa faible corpulence. Mais en fait, je ne m’attendais vraiment pas au spectacle que j’allais trouver au sein de la maison. Au début, je trouvais très curieux de n’entendre aucun son nulle part au sein de celle-ci, tout comme la facilité avec laquelle j’avais pénétré à l’intérieur. Aucune alarme ou sécurité détectée qui aurait pu compliquer ma tâche, et les grincements du parquet ne firent que redoubler mon stress d’avertir de ma présence.

 

C’est donc le cœur battant à cent à l’heure que je me rendais à l’étage de la demeure, le rez-de-chaussée n’ayant montré aucune trace de qui que ce soit. Arpentant le couloir du haut, qui se trouvait plongé dans une obscurité inquiétante et me mettant en position de faiblesse en cas d’attaque soudaine de la part de Huan, qui pourrait profiter de cet environnement, je fus attiré par la lumière émanant des encadrures d’une porte. Je me dirigeais vers elle aussi discrètement que possible, et collait une oreille sur le bois, afin de juger du moment le plus opportun pour entrer et surprendre Huan. Mais c’est lui qui me surprit en premier, s’adressant à moi de l’autre côté de la porte, et m’invitant à entrer. Précisant qu’il attendait ma venue, qu’il l’espérait même, afin que je puisse assister à l’apothéose de son plan. Un moment indécis, j’entrais avec prudence, et me retrouvais face à Huan, l’objet de ma venue ici, de la fin de ma quête personnelle. Il était tranquillement assis sur un fauteuil, le torse nu arborant un signe inconnu, et non pas celui du Tigre, ni même celui du Dragon comme je le pensais dans un premier temps, qui semblait avoir été fait il y avait très peu de temps. Au sol gisait une seringue, tout près du fauteuil où il était installé. C’est là qu’il m’adressait ses dernières paroles :

 

- Lieutenant Plumley, vous n’imaginez même pas à quel point je suis heureux que vous soyez là pour assister à l’avènement de ma vengeance. Vous êtes le point culminant de tout ce que j’ai entrepris jusqu’à présent.

 

Il s’interrompit un moment, tout en faisant un geste de la main, m’invitant à ne pas m’approcher davantage :

 

- Non Lieutenant, évitez de venir plus près de moi. Il en va de votre vie. Je me suis injecté la Peste il y a déjà 3 heures de ça. Je dois indiquer que la période d’incubation de cette petite merveille créée par Poppy n’est que de 4 heures. Cela me laisse tout juste le temps de vous préciser pourquoi vous êtes là, devant moi. Vous êtes l’élément essentiel sans lequel ma vengeance n’aurait aucun sens.

 

Ne comprenant pas où Huan voulait en venir, je demandais en quoi ma présence pourrait lui apporter la réponse à sa quête :

 

- Lieutenant, savez-vous l’histoire du zodiaque chinois ? Ou plutôt pourquoi l’un des animaux n’y figure pas ?

 

Interrogatif, je ne pouvais que montrer mon ignorance à ce sujet, n’étant pas vraiment intéressé par les cultures asiatiques, et encore moins des fondements du zodiaque chinois…

 

- Laissez-moi éclairer votre lanterne alors, lieutenant…

 

Huan prit une bouteille de whisky qui était située sur le côté du fauteuil où il se trouvait, et s’enfila une longue rasade, avant de reprendre :

 

- Je ne vous en propose pas, pour les raisons que vous pourrez deviner aisément. Je sais que vous n’êtes pas un imbécile. Votre présence ici, pile le jour que j’avais choisi en est la preuve… Je savais que vous feriez le lien entre les 12 jours de séparation entre les meurtres. C’est pourquoi j’ai demandé à Carrietta de partir, afin de vous laisser le champ libre. Et puis, elle n’aurait pas supporté de me voir mourir sous ses yeux, même si elle s’y est préparé depuis des années. A l’heure qu’il est, elle doit être à l’aéroport, pour se rendre auprès de sa tante, qui habite au Canada. Loin de tout ça…

 

Huan prit une nouvelle rasade, avant de reposer la bouteille au sol.

 

- Mais passons, ce n’est pas la partie la plus intéressante. Pour revenir à l’histoire du zodiaque chinois, il faut savoir qu’à l’origine il aurait dû y avoir 13 signes. La légende raconte qu’une nuit de Nouvel an, l’Empereur de Jade invita les représentants de tous les animaux de la Terre à se rendre en son palais. Seuls 12 d’entre eux vinrent. Pour les récompenser de leur présence et de leur fidélité, Bouddha instaura, chaque 12 ans, une année symbolique pour chacun des visiteurs. Cependant, dans l’ombre, l’un d’entre eux fulminait, car il avait été trompé par le rat, l’ayant empêché lui aussi de venir au palais de l’Empereur. Cet animal, c’est le chat. Le signe qui est arboré sur ma poitrine, tel que vous le voyez actuellement…

 

A ce moment, je restais dubitatif, et comprenais ce à quoi voulait en venir Huan. Mais en ce cas, si Huan était le chat, source de la vengeance envers le Rat, à savoir Hope Niallo, qui figurait sur la liste du personnel impliqué dans l’affaire du Storm Hôtel, et qui était la tête pensante de l’établissement, qui était le Dragon dans l’histoire ? Souriant, car conscient que je me posais la question, Huan reprit :

 

- Je parie que vous vous demandez : mais alors s’il est le Chat, qui est le Dragon ? Vous auriez la réponse à cette question si vous vous étiez mieux renseigné des natifs de ce signe. Pour mieux comprendre, sachez que Hope Niallo, le Rat, une fois mis au courant du problème par le Directeur, le Tigre, a appelé en urgence le chef de la police de l’époque, un pur Dragon, car né en 1964. Et c’est ce même Dragon qui a indiqué au Rat comment procéder pour éviter le scandale, et empêcher le Chat de pénétrer au Palais.

 

Au même moment, voyant mes yeux s’agrandir, Huan éclata de rire, avant de continuer :

 

- Je vois que vous avez compris. Le Dragon de l’époque, le Chef de la Police à l’origine de toute cette horreur, dont vous êtes le descendant, c’était votre père, lieutenant…

 

Je m’offusquais, hurlant presque en indiquant que jamais mon père n’aurait fait une telle chose, je le connaissais trop bien. Huan souriait à nouveau :

 

- On ne connait jamais assez bien les gens, lieutenant. Même ceux qui semblent être exempt de tout reproche. Imaginez ce que j’ai ressenti en apprenant que le Chef de la Police de New York, celui qui est censé protéger les faibles de la criminalité, était lui-même une ordure n’ayant pas hésité à sacrifier un père et une mère aimante, simplement coupables d’avoir contracté une maladie infectieuse. Ce même Chef qui a ordonné de les tuer, en masquant leur mort, et en mettant en place ce stratagème odieux qui allait détruire la vie d’un petit garçon de 12 ans… Et tout ça pour protéger ses propres intérêts. Car voyez-vous, lieutenant, la raison de tout ça, c’est l’argent. Votre père avait des actions dans l’hôtel. Si le scandale d’une mort dû à la Peste avait fait les grands titres des journaux, causant des pertes considérables en termes de clientèle à cette nouvelle, il perdait quasiment tout l’argent en sa possession. Dont celui qu’il réservait pour que vous puissiez jouir d’une formation pour prendre sa suite, et devenir policier au sein du NYPD, tout comme lui.

 

Je m’effondrais à genoux, abattu par les révélations faites par Huan concernant mon père. Ce père qui avait toujours été un modèle de justice, d’intégrité et d’humanisme. Je ne pouvais pas empêcher mes larmes de couler le long de mon visage, anéanti par l’information fournie par Huan. J’étais le descendant du Dragon qui avait orchestré la mort d’un couple ne demandant qu’à être soigné, ou au moins méritant d’être enterrés en un lieu décent. Au lieu de ça, on les a brûlés, comme des déchets, afin d’éviter toute contamination, et faisant croire à leur fils qu’ils n’avaient jamais existé. Je regardais Huan, conscient du mal que mon père lui avait fait, à lui, à ses parents. J’étais celui qui aurait dû être sacrifié. Ce n’était pas au Chat de mourir. Alors pourquoi c’était Huan qui s’était injecté la Mort Noire ?

 

- Je sais ce que vous vous dites. Pourquoi le Chat meure-t-il, alors que le fils du Dragon continue à vivre ? C’est très simple en fait : je voulais une punition à la hauteur du crime commis par votre père. Une punition pour avoir détruit ma vie pendant toutes ces années durant lesquelles je me suis évertué à construire la vengeance parfaite, avec l’aide de Carrietta que j’ai retrouvée des années après, et qui a fondu en larmes devant moi, me demandant que je la tue pour s’être rendu complice de mon malheur. J’avoue qu’un moment j’ai pensé à l’ajouter à ma liste. Mais j’ai effacé le trait soulignant son prénom, touché par sa sincérité et son sens du sacrifice. Et de fil en aiguille, notre relation est devenue plus intime, et elle m’a beaucoup aidé à retrouver la trace des anciens membres du personnel du Storm Hôtel, qui ont suivis des chemins différents, après la fermeture de ce dernier, suite à d’autres scandales d’ordre financier. Elle a été l’appât pour chacun d’eux, les invitant à se rendre dans des hôtels divers, choisis à l’avance, étudiés en profondeur. Elle a été mon moteur, ma muse, celle qui a permis que tout ceci soit mis en place. Elle a même insisté pour que son père soit le premier de la liste. Enfin, le 2ème, vu que Clint m’avait demandé lui-même à ce que je le tue auparavant, avant même que je rencontre Poppy, et que je me lie à Carrietta.

 

Huan reprit la bouteille et avala une nouvelle rasade. Au même moment, il fut pris d’une quinte de toux qui lui fit lâcher prise, faisant tomber la bouteille au sol et se brisant en morceaux.

 

- Eh bien, il semblerait que l’antidote provisoire que je me suis injecté après la Mort Noire arrive au terme de sa protection. Avant de partir, vous devez savoir pourquoi vous êtes en vie. En ce moment, Carrietta est en train de mettre en ligne toutes les preuves de la culpabilité de votre père, des documents obtenus grâce à mes talents de hackeur, certifiés authentiques par un expert en graphologie. Comme vous voyez, je n’ai rien laissé au hasard. Je vous laisse deviner l’image du NYPD qui va en suivre face à l’opinion publique. Le peuple américain n'aura aucun mal à mettre le fils de celui qui a ordonné la mort d’un couple au sein d’un hôtel dans le même panier que le père. Après tout, rien ne prouve que vous n’étiez pas au courant des actes passés de votre père à leurs yeux. Savoir que vous allez souffrir de ça toute votre vie restante est bien plus jouissif pour moi que vous mourriez comme les autres, en lieu et place de votre père, qui pensait que sa mort d’une pneumonie effacerait son passé. Raison pour laquelle il n’a pas jugé utile de vous révéler sa faute. Ce qui aurait pu vous permettre de vous excuser publiquement, au nom de votre père. Un acte qui m’aurait incité à renoncer à tout ces meurtres, car la vérité aurait éclaté au grand jour. Au lieu de ça, il a préféré se confondre dans le mensonge jusqu’au bout, vous laissant ce triste héritage, et vous faisant affronter ce que lui-même n'a pas eu la décence de faire. Je n’aimerais pas être à votre place lieutenant, mais vous allez découvrir toute la souffrance que j’ai enduré pendant des années, et il ne pouvait y avoir de plus belle fin à ma vengeance. La vengeance du Chat…

 

Huan voyait ses quintes de toux redoubler, crachant du sang, se tenant le ventre, à cause de douleurs que je devinais terribles. Mais certainement moins que ce qu’il avait vécu jusqu’à présent. Cette souffrance dont mon père était la cause, et dont je me sentais responsable en tant qu’héritier. Huan tombait au sol, émettant des gémissements de douleur horribles. Mais malgré ce qu’il endurait, il me fixait de ses yeux, comme pour m’adresser son ultime message, comme pour me dire : « J’ai gagné lieutenant… ». Quelques instants plus tard, il mourrait, les yeux ouverts, toujours dirigés vers moi. Je mis du temps à réagir, à réfléchir à tout ça, de la manière à laquelle j’allais répondre aux questions des journalistes une fois les documents partagés en masse sur les réseaux sociaux, puis je me levais, sortait de la pièce, appelais le Capitaine pour lui indiquer que le Tueur des Hôtels, le patronyme utilisé par les médias, était mort, en lui donnant l’adresse où se trouvait son corps, et en précisant de s’entourer des mêmes précautions que pour ses victimes, sans donner plus de précisions sur le pourquoi de ma présence sur le lieu de mort du tueur. Une fois raccroché, je me rendais au dehors, rentrais chez moi, prenant soin à ce que tout élément pouvant communiquer des informations soit éteint. J’en savais assez, pas besoin d’entendre à nouveau les fautes de mon père. Je m’asseyais à mon bureau, et commençais à raconter mon histoire. Celle que vous lisez en ce moment. Quand vous la lirez, j’aurais mis fin à ma vie. J’y ai mûrement réfléchi, et je sais que je ne pourrais pas tenir longtemps face aux regards de tous. Je sais que le Tueur des Hôtels passera du rang de monstre à celui de victime dès l’instant où chacun aura lu les documents publiés par Carrietta.

 

Au final, elle sera la seule à avoir survécu à tout ça, mais je sais qu’elle aussi souffrira encore de longues années avant peut-être de décider de prendre le même chemin que moi. Mais je ne serais pas là pour le voir. Certains d’entre vous me traiteront sans doute de lâche, et ils auront raison. Je suis un lâche qui n'accepte pas d’être le fils d’un assassin, le fils d’un homme que je pensais être un modèle et qui a tué pour me permettre de suivre ses traces. A ce titre, je suis aussi coupable que lui. C’est grâce à l’argent d’un meurtrier que je suis devenu policier, et ça je ne peux pas l’accepter. Je ne pourrais jamais l’accepter. Je suis un Dragon qui va s’éteindre, victime de la vengeance du Chat. Huan avait raison :  c’est lui le vrai vainqueur de tout ça…

 

Publié par Fabs