25 juin 2021

CONFESSION

 


10 ans ! 10 ans que je traîne ce secret dans le plus profond de mon être, enfoui dans cette petite boite mentale que je me suis construit, bien cachée sous la tonne de souvenirs s'étant formés depuis. Mais aujourd'hui, je n'en peux plus... Les tourments que je ressens chaque nuit depuis ce jour, ceux-là même que je pensais avoir masqués derrière ce masque que j'arbore chaque jour devant mes parents... Ils me hantent.... Insidieux, insistants, destructeurs, ... Façonnant mes remords en un couperet, une épée de Damoclès à laquelle je sais que je ne pourrais pas toujours suivre le mouvement pour ne pas voir mon esprit coupé net. Cette vie forgée en l'espace d'un instant, faisant un choix que je pensais juste, n'a été au final que les prémices d'un cauchemar perpétuel dont je suis la cible. Je suis prisonnier de mes propres ressentiments pour avoir effacé une vie qui ne méritait pas de l'être. Une vie que j'aimais. Que j'adorais. Et que je porte aujourd'hui dans mes entrailles, pour avoir voulu un avenir me garantissant gloire et respect des autres. Mais à quel prix ? 

                                                                                                                                          J'ai été faible. Faible d'avoir écouté mes désirs d'évolution dans une société où le besoin d'être reconnu est devenu une maladie dont il n'existe que peu de remèdes, et qui parfois, voire souvent, mène à la folie, faisant des autres des proies idéales. Faible d’avoir considéré que je pourrais parvenir à oublier mon acte irrémédiable envers celui qui voyait en moi un modèle, qui avait toute confiance en moi. Je me suis servi de cette admiration pour mieux servir mes intentions, et je l’ai sacrifié. Sans la moindre hésitation. Pensant que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire.

 

Au départ, ça ne devait pas se passer comme ça. Je cherchais un remède pour le libérer de sa souffrance, sa douleur qui parcourait chaque seconde son échine. Visions insupportables pour moi. Il fallait que je trouve quelque chose pour ne plus qu’il ait à subir ces aiguilles le transperçant de toute parts, réduisant son envie de vivre à  néant, chaque jour un peu plus. Je pourrais dire qu’à ce moment, j’avais de la peine pour lui, de la pitié. Et c’était vrai. Mais en faisant mes recherches pour alléger le mal qui l’envahissait, j’ai mis à jour un mal encore plus grand. Celui de l’ambition. Découvrant un rituel qui, bien que pouvant parvenir à enfin le libérer, allait surtout faire de moi un meurtrier. Un immonde tueur. Par un pacte interdit me procurant la vie dont je n’aurais jamais pu espérer, me donnant cette chance qui m’avait toujours fait défaut, faisant de moi un paria, un être à éviter par peur d’être contaminé. Ce rituel impliquait un effet à double tranchant. Un sacrifice. Mais j’ignorais à ce moment de quel sacrifice il était question. Mais ce n’était pas une excuse pour autant. J’ai délibérément accepté d’invoquer un démon au sein même de notre maison.

 

J’aurais dû savoir que le mensonge fait partie intégrante de ces êtres sournois, ne voyant dans les humains que des âmes à dévorer, à plonger dans les flammes de la Géhenne. Puis-je vraiment trouver le pardon en indiquant que j’étais jeune et insouciant ? Non. Sans être un expert, ne serait-ce que par les films et les séries dont je me régalais, je savais qu’un accord avec un démon impliquait que ce dernier cachait volontairement les petits paragraphes de son contrat. C’est dans leur nature après tout. Leur manière de faire. Ils ne peuvent et surtout ne veulent pas déroger à cette règle faisant d’eux des créatures horribles, aussi bien physiquement que mentalement.

 

Malgré tout, j’ai dessiné le pentagramme nécessaire à l’invocation. Avec mon sang. Et celui de mon frère tant aimé. J’ai lu le rituel pour faire venir ce démon censé donner un espoir à la maladie de mon frère. La faire disparaitre. Lui donner un horizon palpable où il pourrait à nouveau parler, marcher, courir. Vivre. Le démon est arrivé, son corps se dessinant petit à petit, semblant monter des enfers d’où il venait à travers le pentagramme. Je lui ait fait part de la raison de sa venue. Libérer mon frère du mal qui le rongeait depuis sa naissance, et qui me rendait si triste au gré de nos conversations, par le biais de la langue des signes. Cet envoyé des enfers m’a fait caresser la vision d’une vie différente, où je ne le verrais plus souffrir. Et où je pourrais goûter moi aussi à un avenir correspondant au sacrifice que je m’apprêtais à offrir. Je n’ai pas bien compris cette allusion à ce moment-là. D’un côté, le démon n’avait pas menti. Je ne verrais plus souffrir mon frère. Plus jamais. Car il fut précipité dans les abîmes de l’enfer. 

 

Je criais, je pleurais en voyant son visage incapable de crier, mais dont la terreur était tellement visible. Quand il disparut, je demandais pourquoi au démon. Il me répondit qu’il n’avait fait que respecter le contrat. Enlever de ma vue la souffrance de mon frère. Pour l’éternité. En remerciement de cette âme offerte, le démon m’offrit ce don particulier de réussir tout ce que j’entreprendrais. Devenant un ténor de la finance. Le meilleur. Celui que tout le monde admirerait. Attirant les plus belles femmes. Un être supérieur doté de la chance qui avait fait défaut à ma famille depuis si longtemps. Grâce au sacrifice de mon frère, je pourrais enfin offrir une vie meilleure à mes parents. Et c’est ce que j’ai fait. Bien sûr, ils ont pleuré la disparition de mon frère. Ils ont souffert de ne pas savoir. Comment aurais-je pu leur dire que j’étais le principal responsable de ce drame ? Que j’avais pu croire qu’un démon respecterait un contrat qu’il avait parsemé de perfidie ?  Durant ces 10 années, j’ai tenté d’oublier l’horreur dont j’avais été la cause. J’ai tenté d’oublier que j’avais tué mon frère en invoquant ce démon. J’y suis parvenu. Au début. Mais les remords ont fini par prendre le dessus, et s’échapper de la petite boite où je pensais les avoir enfermés pour toujours.

 

Et aujourd’hui, j’ai cessé de croire que je pourrais continuer à vivre de cette manière. En ayant une existence que beaucoup rêverait d’avoir en ayant sacrifié inexorablement celui que je voulais aider à sortir de sa souffrance. Dans les faits, je n’ai fait qu’augmenter cette dernière. Je n’osais imaginer ce qu’il était advenu de lui au cœur de l’enfer où il avait été précipité. Des tortures qu’il devait subir chaque jour. Sans pouvoir crier. Je voyais presque ses larmes me suppliant de venir le chercher. Ou de partager son tourment éternel. Ce secret a fini par détruire tout ce que je suis, et il est temps de réparer mes fautes. En sautant de cette falaise, dirigeant mon corps inexcusable vers le seul endroit que je méritais. De toute façon, je savais que le jour-même où j’avais commencé à dessiner ce pentagramme sur le sol, je n’aurais plus droit au pardon du ciel. J’étais déjà damné avant même d’appeler le démon qui allait faire de moi son jouet. Je fermais les yeux un instant, revoyant les yeux empli de peur de mon cher frère. Mon cœur battait plus fort. Pas parce que j’avais peur. Mais parce que j’étais heureux. J’allais enfin le rejoindre, et partager avec lui cette souffrance que j’avais accentué durant tout ce temps.

 

Je jetais un dernier coup d’œil en arrière, regardant ce monde que j’allais laisser, en me disant qu’il serait libéré de ne plus avoir un idiot tel que moi. Mes parents étaient morts depuis maintenant 4 ans. Je ne leur apporterait donc pas de larmes supplémentaires. Ils ont dû souffrir à nouveau en ne trouvant pas leur autre fils au Paradis. Mais avec le temps, ils ont dû apprendre à oublier. Tout comme ils m’oublieraient aussi. Je remettais mon regard vers l’avant, respirait une dernière fois, et me jetais dans le vide. Me dirigeant vers le seul destin que je méritais. Et je souriais. J’allais retrouver mon frère après tout. Il n’y avait plus que ça qui avait de l’importance…

 

Publié par Fabs

3 juin 2021

PIEGE DANS AMONG US


 



Je ne sais plus où me cacher. Où que j’aille, j’entends ses pas. Pesants et lourds de conséquences pour ma propre existence au sein de cet univers où la mort est omniprésente. Au début, ce n’était qu’un simple jeu parmi d’autres. Une expérience différente, à mi-chemin entre le cluedo et le jeu de survie. Sauf qu’ici, il n’y a ni zombies, ni forces militaires surarmées. En revanche, il y a des créatures qui n’ont pour seule fonction que de me dénicher et me tuer. Sans la moindre pitié. Comme un virus ayant infecté le système et dont il faut se débarrasser. Ils sont l’antivirus et je suis la menace au bon fonctionnement de cet univers à leurs yeux. J’ignore combien de temps je parviendrai à tenir le coup, à leur échapper. Tout dépendra de ma capacité à ne pas penser à créer tout ces ennemis. A donner naissance à ces chasseurs. En fin de compte, mon pire ennemi, c’est mon esprit.

 

Mais vous devez vous demander de quoi je parle et pourquoi je suis là à essayer de vous mettre en garde. Je me présente : je suis Lucifer Solitaire 666. Oui, c’est un pseudo, vous l’aurez compris. Celui sous lequel tout le monde me connait, m’apprécie, communique avec moi. Celui qui me permet de surfer un peu partout. Que ce soit sur YouTube, Facebook, Instagram, Twitter  ou Twitch. Mais ce n’est pas ça le plus important. Qu’importe qui je suis ou ce que je fais. Si je veux relater ce qui m’est arrivé, c’est pour vous mettre en garde. Afin que vous non plus, vous ne vous retrouviez pas coincé ici, sans espoir de revenir à la vie réelle. J’ai utilisé l’algorithme de dialogues pour pouvoir vous envoyer ce journal écrit via le chat textuel, en hackant la salle des machines où se trouvait le serveur du jeu. Sans que l’un d’entre eux puisse se douter de quoi que ce soit. Comme quoi, certains tutos interdits peuvent trouver une utilisation qu’on ne soupçonnerait pas. En tout cas, tant que les créatures qui parcourent désormais le vaisseau ne me trouvent pas.

 

Mais il vaut mieux que je vous explique comment tout ça m’est arrivé, afin que vous ne reproduisiez pas la même erreur, et que vous aussi deveniez la proie des chasseurs du jeu. Est-ce encore un jeu d’ailleurs ? Je n’en suis plus très sûr. Ça ressemble plus à une succursale de l’enfer. Sauf qu’ici, il n’y a pas 9 cercles. Il n’y en a qu’un, et à lui seul, il regroupe tout ceux énumérés par Dante Alghieri dans la première partie de sa Divine Comédie. Mais trêve de bavardages. Venons-en au fait. Je tiens à vous parler d’un jeu qui est devenu le plus dangereux du monde depuis sa dernière mise à jour, le 31 Mars 2021. Depuis la mise en place de sa carte « The Airship ». La promesse de nouvelles tâches au sein du jeu, des raccourcis, et surtout de nouvelles animations de mort. Et c’est là le nœud du problème. J’ignore qui a conçu ces nouvelles fonctions, mais il y a manifestement eu un bug de départ lors du lancement de la mise à jour. Un bug qui s’est amplifié, et s’est transformé en cauchemar pour quiconque aurait le malheur de faire une partie.

 

Le 2 Avril dernier, j’ai donc téléchargé la dernière mise à jour de « Among Us », un jeu que j’adore, où le principe réside à trouver un imposteur au sein d’une équipe travaillant dans un vaisseau spatial. Enfin, c’est l’une des 4 possibilités de jeu. On a le choix entre un vaisseau, un bâtiment volant, une base planétaire et un dirigeable volant. Mais j’ai toujours préféré le vaisseau, à cause de son ambiance plus oppressante, dû au côté exigüe des couloirs, des tunnels ou des salles. A bien y réfléchir, même si j’avais opté pour un autre lieu, je ne pense pas que cela aurait changé grand-chose à ma situation. Peut-être même que cela aurait empiré les choses. Car j’aurais été plus facile à trouver. Pour revenir au principe du jeu, on a le choix entre faire partie des « enquêteurs », chargé de réunir les indices pour démasquer l’imposteur. Ou bien être l’un des « imposteurs » justement, qui doit faire capoter les missions assignées à l’équipage, en orchestrant des sabotages, pouvant réduire à néant ces dernières.

 

Je sais que beaucoup préfèrent d’ailleurs être dans la peau d’un imposteur, trouvant cela plus grisant et intéressant. Mais étant fana d’enquêtes et de mystères, je préfère être de l’autre côté. J’aime beaucoup les séquences de réunion, ou l’on s’échange les indices permettant de démasquer le ou les intrus. Car oui, il peut y avoir plusieurs imposteurs, ce qui donne encore plus d’intérêt à l’intrigue. Comme dit précédemment, c’est comme une sorte de partie de Cluedo, mais situé dans un environnement futuriste. Mais le rôle des imposteurs ne se limite pas aux sabotages. Ils peuvent également tuer, si cela garantit le succès de leur mission. Et c’est cet aspect, je pense, qui plait le plus à un grand nombre. Cette diversité de psychologie au sein du jeu fait qu’il a gagné en popularité au fur et à mesure des années, depuis son lancement en 2018. Et c’est à cause de cette particularité du jeu que je me retrouve aujourd’hui à vous tenir en garde.

 

Au début, tout se passait bien, et j’éprouvais toujours le même plaisir à enquêter, discuter en réunion, parcourir les tunnels du vaisseau, et trouver l’imposteur avant que celui-ci ne me tue. Jusque-là, cela restait du domaine du jeu. Mais c’était avant que je me retrouve littéralement « absorbé » par le jeu, me retrouvant au sein même de celui-ci. Voilà à quoi je voulais en venir. Si vous vous mettez à jouer à 3 h 30 du matin, un rai de lumière va envahir l’écran, vous enveloppant intégralement, jusqu’à ce que vous soyez réduits à un tas de pixels, et projeté à l’intérieur du jeu. En tout cas votre esprit à proprement parler. Votre corps, votre enveloppe de chair et d’os, elle, est toujours reliée à la manette de jeu, la laissant dans une sorte de catatonie, cette maladie donnant l’impression de la mort clinique. Au moyen-âge on pensait qu’elle était la preuve d’une victime d’un vampire. Le corps ne bouge plus, totalement immobile, sans montrer la moindre expression. Le teint se pâlit, tel un cadavre, et le pouls n’est plus perceptible.

 

C’est ce qui m’est arrivé. Au départ, j’ai pensé que j’étais tellement absorbé par le jeu que j’avais cette impression de réel autour de moi. Je pouvais toucher les parois du vaisseau, actionner les éléments de ma combinaison, discuter avec les autres personnages. J’avais l’impression d’être dans un jeu VR, mais à un niveau encore plus immersif. Et puis, il y a eu les premiers meurtres. C’est là que j’ai commencé à paniquer. C’était trop réel. Je pouvais sentir l’odeur de mort, le sang sur le sol était aussi fluide que dans la réalité. J’avais bien déjà remarqué que palper les objets autour de moi donnait une impression très étrange, une sensation que ce n’était pas qu’un simple jeu. Mais je me suis dit que c’était mon imagination trop créative, et je n’y pas prêté plus d’attention que ça.

 

Mais l’élément déclencheur a été quand j’ai pensé, je ne sais pas pourquoi, à Ripley, le personnage principal de la saga de films « Alien », et qu’elle est apparue au sein du jeu. Ça n’avait aucun sens. Il n’y avait jamais eu le moindre patch ou extension pour le jeu incluant ce personnage. Et elle interagissait comme si elle sortait tout droit d’un des films, utilisant les mêmes gestes, les mêmes paroles. C’était extrêmement curieux. Mais ce n’était pas le pire à venir. Tellement bluffé du détail du personnage de Ripley, je me suis imaginé la voyant combattre un Xénomorphe, exactement comme dans les films. Et là, il est apparu en plein milieu de la scène de meurtre. Bavant son acide sur le sol, et s’attaquant immédiatement à l’un des autres protagonistes. Celui-ci fut éventré de toute parts, libérant ses boyaux, qui se déversèrent sur ses pieds, figeant son visage dans la terreur la plus totale, avant de s’effondrer par terre.

 

Ripley a réagi en sortant une de ses armes sorties d’on ne sait où, et commençant à tirer sur le Xénomorphe, disant aux autres et moi-même de partir le plus loin possible, de se cacher. Qu’elle s’occupait de l’Alien. C’était trop réel. Les autres étaient complètement paniqué. Je voyais de la sueur perler sur leurs visages à travers le verre du casque de leur combinaison. L’un s’est vautré au sol en tentant de s’enfuir, pendant que les cris du Xénomorphe me brisait les tympans. Je n’ai pas cherché à comprendre. J’ai aidé à relever celui tombé au sol, et avec les deux autres survivants, on s’est enfuis à travers les tunnels du vaisseau, afin d’échapper à la créature, ignorant si Ripley parviendrait à en venir à bout. On n’était pas dans les films. C’était différent. Rien ne garantissait qu’elle survivrait. Il n’y avait pas de scénario cette fois. Tout ce qui arrivait était bel et bien réel. J’en étais persuadé à présent.

 

Pourquoi je le sais ? Parce que j’ignore pourquoi, mais étant également fan de récits creepypastas audio, j’ai également pensé à ce que ferait dans une telle situation l’un de mes conteurs préférés. Et d’un coup, il est apparu devant moi, avec le logo de sa chaine en guise d’étiquettes sur sa combinaison. C’est comme ça que j’ai su que c’était lui. C’était complètement dingue ! Je sais que ça peut paraître stupide dit comme ça, mais j’ai voulu lui demander s’il pouvait me signer un autographe une fois mis en sécurité. Mais j’ai vu à son visage qu’il se demandait comment il avait atterri ici. Il indiqua qu’il était en train d’écrire sa prochaine histoire, quand il a été pris d’un horrible mal de tête, et maintenant, il se retrouvait en plein cœur d’une aventure de science-fiction. Et quand il a vu Ripley et l’Alien, je crois que sa raison a commencé à chavirer très clairement. Il a voulu enlever son casque. Moi et les autres, on a essayé de l’en dissuader, sans savoir trop pourquoi. Une intuition. Mais c’était trop tard.

 

A peine son casque enlevé, sa tête se mit à enfler, gonfler de manière grotesque, s’étirant dans tous les côtés en même temps, avant d’exploser, projetant partout sur les parois et sur nos combinaisons des morceaux de chair, de cerveau, d’os et de sang. Le reste de son corps s’affalant au sol dans une bouillie infâme, comme fondant littéralement à l’intérieur de sa combinaison. C’était comme si l’air ambiant était rempli d’un acide rongeant toute forme de tissu organique. Complètement paniqué, les autres se sont enfuis chacun de leur côté, pendant que l’Alien se dirigeait vers nous. Apparemment, cette Ripley là n’était pas aussi badass que dans la saga, et s’était faite démembrer en beauté. Ses bras et ses jambes avaient été éparpillées à travers toute la salle de réunion où on se trouvait il y avait à peine quelques minutes. Et là, j’ai remarqué autre chose. Les décors autour de nous changeaient. Les tunnels du vaisseau laissaient place à l’intérieur de la base spatiale, puis on se serait cru dans un avion, la rue d’une ville. C’était aberrant. Ce jeu n’avait plus le moindre sens.

 

Contrôlant ma peur, je m’enfuis également, ouvrant une porte sur ma droite, qui me menait à une pièce totalement inconnue. On aurait dit le centre de contrôle d’un aéroport. Je voyais sur les écrans les autres se faire massacrer par le Xénomorphe. Et là, j’ai clairement pété un câble, tombant à genoux. Et, de la même manière que précédemment, j’ai pensé à un autre de mes conteurs de creepypasta. Il est apparu devant moi, aussi désorienté que le précédent, observant autour de lui, et se demandant ce qu’il faisait ici ? Pourquoi j’ai fait ça à cet instant ? Je n’en sais rien. Je n’arrivais plus à contrôler mes pensées, et j’ai pensé au Prédator pour contrer l’Alien, comme dans les spin-off, me disant que c’était la seule créature capable de la tuer. Mais à peine apparu, le Prédator s’en est pris au YouTubeur, encore à se demander comment il avait pu apparaitre ici, le décapitant d’un coup, envoyant sa tête sur la console du tableau de contrôle de la pièce, le sang coulant en masse sur les boutons et lumières qui composaient le pupitre de commande.

 

Je n’arrivais même plus à bouger, comme semblant attendre ma sentence, résigné. Le Prédator s’avançait vers moi, sans doute prêt à me faire subir le même sort que le YouTubeur, quand son regard fut attiré par les écrans de contrôle. Il aperçut le Xénomorphe, et d’un coup, il se désintéressa de moi, et se dirigea vers la porte de la pièce qui donnait sur les couloirs du jeu. J’étais sauvé momentanément, mais pour combien de temps ? J’étais en mode PLS, tellement j’étais terrorisé, et mon esprit s’est déchainé faisant apparaitre d’autres YouTubeurs bien connus. Mais cette fois, leur apparition au sein du jeu ne se faisait pas près de moi. Je les envoyais au hasard des tunnels du jeu, se faisant éviscérer soit par le Xénomorphe, soit par le Prédator. Mon cerveau étant devenu presque incontrôlable, je fis apparaitre des dizaines d’autres. Je vis même une conteuse en plein montage vidéo à travers les écrans de contrôle de la pièce où je m’étais réfugié. Juste avant de la voir enveloppée de ce rai de lumière, laissant son corps inerte, et l’instant d’après, elle apparaissait dans le jeu, au hasard d’une pièce, pendant que d’autres créatures issus de ma culture de films SF apparaissaient à leur tour : le Blob, la Mutante, et même le Terminator… J’avais bien tenté de crier pour la prévenir avant, tapant sur les différents écrans, espérant vainement qu’elle m’entende. Mais ça n’a servi à rien, et elle a été propulsée dans le jeu comme les autres avant elle…

 

Toutes les créatures éliminant sans vergogne chaque YouTubeur que je faisais apparaitre, tout simplement parce que je pensais à eux. Il me fallut plusieurs heures avant de parvenir à suffisamment contrôler mon esprit et ne plus penser à d’autres personnes ou créatures. Je savais que tant que j’étais dans cette pièce, je ne craignais rien, mais pour combien de temps ? Je voyais toutes les personnes que j’avais inconsciemment introduites dans le jeu devenir tour à tour des morceaux de chair, des proies réduites en bouillie à cause de moi. Mais je ne pouvais pas rester ici. Il viendrait forcément un moment, une fois toutes leurs proies annihilées, où toutes les créatures que mon esprit avaient fait apparaitre viendraient s’occuper de moi, dans cette pièce, qui risquaient de se transformer en véritable piège. Je profitais alors de ce que les créatures commencent à s’affronter entre elles, n’ayant plus de gibier à chasser, pour sortir de la pièce, et trouver un endroit plus apte à me cacher.

 

C’est là que j’ai eu l’idée de prévenir les autres joueurs, que je me suis souvenu de l’heure à laquelle j’avais commencé à jouer. Je savais que ce n’était pas anodin. Après tout, j’avais déjà joué au jeu de nombreuses fois avant, sans qu’il y ait eu le moindre problème. Même avec la mise à jour, avant que je sois  happé par le jeu, j’avais déjà joué 3 ou 4 fois. L’heure était sûrement déterminante dans ce qui m’était arrivé. C’est aussi là, alors que je parvenais peu à peu à reprendre le dessus, intellectuellement parlant, afin de ne pas faire apparaitre d’autres créatures, que débuta une traque intense entre moi, et mes « créations ». Au détour des tunnels et pièces du vaisseau, je sentais, j’entendais les pas de chacune d’entre elles, me traquant, me chassant sans qu’elle ressente la moindre fatigue, contrairement à moi. A force de déambuler, je suis arrivé devant la salle des machines, enchevêtrement de tuyaux et engins en tous genres. Un véritable labyrinthe. L’endroit idéal pour me cacher.

 

En plein cœur de ce dédale rempli de vapeurs et d’arcs électriques, je trouvais mon Graal. Enfin, c’est comme ça que je le percevais à cet instant. Le moyen de prévenir les autres joueurs du danger que représentait ce jeu à cause de la mise à jour de Mars. Un serveur. Le centre permettant toutes les actions requises pour surveiller et interagir sur l’ensemble du jeu. Y compris le chat textuel. Mes connaissances me permirent de trouver le moyen de transcrire mon histoire à travers les lignes de dialogue du jeu. Au début, cela paraîtrait sans doute curieux aux futurs utilisateurs, le prenant sans doute pour un bug. Mais je restais persuadé qu’il finirait bien par y avoir quelqu’un pour se rendre compte que c’était autre chose. En tout cas je l’espérais vraiment. Afin que d’autres ne subissent pas ce que j’ai vécu. Qu’ils ne se retrouvent pas piégé comme moi au cœur de cette version infernale d’Among Us, faisant intervenir leurs plus grandes peurs en mode réel, et surtout, en évitant l’heure fatidique de 3 h 30.

 

Alors, vous qui lisez ces lignes, je vous en conjure : ne jouez plus à ce jeu ! Si vous ne voulez pas qu’on finisse tous par se retrouver coincés à l’intérieur, que ce soit ceux qui ont été happés en jouant, ou ceux qui ont été « invités ». Et je ne parle même pas des créatures apparues à causes des esprits de chacun se retrouvant piégés. Qui sait quelles créatures certains seraient capables de faire apparaitre, se joignant à celles que j’ai déjà fait venir ? Prévenez les concepteurs du jeu. Il faut qu’ils fassent une nouvelle mise à jour pour éliminer celle-ci. En espérant qu’ils ne créent pas une version encore pire que celle-ci…

 

Publié par Fabs