Journal de bord, Station Titan IV- Année Stellaire 149.2, 22 H 36
Moi et les responsables de la station avons déjà fait part de nos craintes concernant la zone des plaines, situé à l’équateur de Titan, survolée en grande partie de nuages de gaz nobles, tels l’argon, l’hélium, le Xénon et surtout le radon, au centre principal de nos préoccupations, à cause de sa composition radioactive dépassant les 600 becquerel par mètres cube, obligeant à une étanchéité totale, non seulement des Hope nous servant pour les déplacements extérieurs, mais aussi des tenues mises au point par les ingénieurs de la Genetech, sous la supervision du Consortium Terrestre. La plupart des tenues des équipes des stations officiant dans les autres zones ont des capacités pouvant permettre l’empêchement d’infiltration, en cas de déchirure de la combinaison, par un système de filtres composés de fibres en nanotubes de carbone. Ce système est efficace pour les régions à faible teneur en gaz nobles, comme celle des montagnes, des lacs et des labyrinthes.
La couche d’épaisseur des fibres est plus élevée pour la zone des sables, où le radon a un pourcentage important de teneur en radon dans l’air, à cause de la formation des cristaux de sable particulier de cette partie de Titan. Et pour la zone des plaines, où la teneur peut atteindre un niveau ahurissant, cette couche est doublée. Cela réduit quelque peu la motricité pour les utilisateurs des tenues, mais c’est un moindre mal pour ne pas mourir d’irradiations et d’étouffement dans des proportions difficilement imaginables pour l’atmosphère d’un astre. Des drones ont relevé par endroits des radiations pouvant correspondre à l’émanation de près de 15 millisievert sur les combinaisons, en l’espace de 15 jours, ce qui est phénoménal. Sans cette protection renforcée dans nos tenues, la moindre déchirure serait fatale en seulement quelques secondes d’exposition. Mais ce n’était pas le plus inquiétant…
Non seulement cette zone était à haut risque pour toute expédition, bien plus que n’importe quelle autre de Titan, mais après les rapports d’attaque ayant conduit à la destruction de Titan II, et la menace constante des animaux marins de Titan I, s’est rajouté ceux venant de Titan V et VI, faisant part de créatures ayant des capacités mimétiques et d’assimilation de la matière. Des sortes de golems de pierre avaient causé de gros dégâts à Titan VI, se fondant dans la roche, projetant des pluies de débris transperçant les combinaisons. D’autres créatures près de la zone des lacs, vers Titan V, pouvaient abaisser leur température et modeler leur structure cellulaire de façon à se mettre en phase avec l’albedo ambiant. En gros, ils pouvaient jouer sur le réfléchissement de lumière, et se rendre invisible pour l’œil humain, tel des caméléons ou des ersatz des Predators, et pouvant se mouvoir aussi bien dans le méthane liquide des eaux que sur le sol, en faisant des adversaires redoutables.
Notre équipe a fait part de nos inquiétudes, sur le fait que notre zone abritait elle aussi des créatures potentiellement dangereuses, tels que nous le montrait les images et les spectrogrammes renvoyés par les drones. On voyait nettement une activité de créatures vivantes dans le sol, au travers de galeries, à l’image des taupes terrestres ou autres animaux du même type, comme les chiens de prairie. Ce rapprochement à cette dernière espèce allait se montrer on ne peut plus juste, tellement l’attitude de la population animale se trouvant dans le sol des plaines était similaire. A la différence près que leur intelligence allait se révéler bien plus ahurissante, et allait conduire au désastre de notre expédition.
Mais les responsables du Consortium terrestre n’en avait cure, et voulait une analyse poussée du sol de la zone, quelque chose de plus représentatif que de simples courbes de chaleur données par des appareils qui ne faisaient que survoler cette région. Les sonogrammes récoltés également par les drones indiquaient un système de communication entre les créatures, et nous avons pu identifier 3 catégories de celles-ci vivant sous la surface. Il nous était en revanche impossible de déterminer leur nature exacte, du fait de leurs déplacements bien trop rapides pour être photographiés par nos instruments au sein de leur habitat que représentait le mélange de surface de glace, d’eau et de divers minéraux rocheux et sableux où ils vivaient. C’était comme s’ils devinaient chaque mouvement des drones tentant de les observer.
L’existence de ces créatures, à qui l’un des scientifiques donnait le nom de « Speeders », en référence au personnage du dessin animé Speedy Gonzales, au lieu d’inquiéter le Consortium, au contraire, semblait les intéresser au plus haut point. Et plus encore les pontes de la Genetech, qui s’affirmait de plus en plus comme les véritables patrons au gré des conversations que j’avais eu l’occasion d’avoir lors de visios pour exposer nos découvertes par le biais des données transmises par les drones. En particulier Lewis Nilbird, la tête pensante de Genetech, et bras droit du PDG, Carter Aldigionni, ancien physicien ayant gravi les échelons au fur et à mesure des années, profitant de plusieurs scandales financiers pour s’emparer de divers centres névralgiques scientifiques, montrant déjà ses ambitions de ne pas se limiter à un simple homme de science. Mais bel et bien comme un homme d’affaires anticipant le pouvoir qu’il allait faire sien. Et Nilbird lui a grandement facilité la tâche dans cette ascension fulgurante, grâce à sa position initiale de conseiller auprès de la présidence américaine, juste avant qu’on découvre la mort imminente du soleil, ayant généré l’opération Titan, et se basant sur les informations recueillis par les missions Huygens-Cassini et Titan Mare Explorer, respectivement en 2005 et 2016. La deuxième, abrégée sous le nom de Time, a complété les observations de Cassini concernant la mer intérieure de Titan.
Nillbird est un arriviste prêt à tout pour parvenir à hisser Aldiglionni au plus haut dans les strates du pouvoir terrestre. Et personne n’ignore qu’il a ses entrées et sorties en toute liberté au sein du Consortium Terrestre. Le Major Tilder, à la tête de ce dernier, étant un ami d’enfance de Nillbird, il vous sera aisé de comprendre à quel point Genetech est le vrai chef de tout ce qui concerne Titan, et pas seulement. Le Consortium n’étant qu’un pantin, détenteur d’un faux pouvoir, et dépendant du savoir et des multiples branches disséminées sur la planète de Genetech. C’est d’ailleurs à l’initiative de cette dernière, une fois encore, qu’une nouvelle expédition est sur le point d’aboutir, et visant cette fois Encelade, la 6ème lune de Saturne. Un astre dont la surface est recouverte d’une couche de neige d’une centaine de mètres d’épaisseur, seulement percée par endroits de geysers composé d’une sorte d’eau carbonique, ayant démontré la présence d’une mer intérieure, tout comme pour Titan. Encelade possède le même potentiel de colonisation, à cause de la présence de ces geysers, pouvant abriter également les 3 éléments indispensables de la vie : eau, chaleur et molécules organiques.
Malgré la catastrophe que s’avérait être les expéditions et l’implantation de colonies sur Titan, face à une faune n’ayant pas l’intention de se laisser dominer par l’homme, Genetech persistait dans sa folie des grandeurs, et voyait déjà l’avenir en se positionnant sur Encelade. J’aurais pu dire n’importe quoi, il m’aurait été impossible d’imposer mes convictions du danger que représentait une exploration plus en profondeur de la zone des plaines de cette lune meurtrière, qui avait déjà coûté la vie à des dizaines de scientifiques, pas habilités à combattre des créatures aussi puissantes et destructrices que celles vivant sur Titan. Un nom donné en référence à la mythologie grecque, et aux géants qui furent enfermés dans le Tartare par Zeus, à cause de la dangerosité qu’ils représentaient pour le pouvoir des dieux. Et en lisant les différents rapports et données colportés par les autres stations, toutes se relayant les informations entre elles, ce nom prenait toute sa signification en voyant la grandeur, en taille et en force belliciste, de sa population animale, montrant que l’être humain ne pourrait jamais dominer un astre possédant de tels ennemis naturels.
Mais je n’étais qu’un simple pion, un laquais n’ayant pas mon mot à dire face à Genetech, et je ne pus qu’obéir, et confirmer la mise en place d’une expédition vers la zone des plaines. C’est ainsi que je partais, moi et 12 hommes, à bord des 3 Hopes dont disposait notre station, vers ce qui deviendrait un cimetière à ciel ouvert. Je ne suis pas vraiment superstitieux, mais en repensant aujourd’hui à notre nombre, je me dis que nous avons sans doute été trop méprisant sur la signification du chiffre 13. Cela aurait dû être un signe. Mais là encore, je n’ai pas pu m’imposer, Genetech ayant envoyé une liste des hommes qui devaient m’accompagner pour l’expédition. Et le petit mot en bas de la missive numérique était sans équivoque quant à la possibilité de vouloir négocier : « aucune contestation ne sera tolérée. Tout refus d’accepter l’ordre de mission sera sanctionné d’un retour immédiat sur Terre, avec les conséquences judiciaires que cela impliquera, ainsi qu’une rétrogradation au sein du Consortium Terrestre. »
Après une heure de voyage sans encombre, où nos craintes de l’air ambiant rempli de radioactivité, se rajoutait à celles de tomber sur les créatures dont la présence par les drones nous avait plongé dans une forme aigüe d’angoisse, nous sommes finalement parvenus au cœur de Shangri-La, le nom donné à la région principale des plaines de Titan. Une fois encore, je devais saluer l’ingéniosité de ceux qui avaient nommé ce lieu. Shangri-La, à l’origine, est un lieu mythique, au cœur du roman de James Hilton, paru en 1933. L’histoire relatant l’aventure des rescapés d’un accident d’avion se retrouvant au sein d’une lamaserie utopique, en plein Tibet, où le temps est suspendu, composé de paysages unique, et plongé dans une atmosphère de calme et de tranquillité. Mais le Shangri-La de Titan n’avait rien d’un Paradis. Cette vaste plaine était supposée être une ancienne mer d’hydrocarbure s’étant asséchée au fil du temps. Un lieu où l’albedo, autrement dit la propriété d’une surface à réfléchir la lumière du soleil, était de faible teneur. Un endroit sombre, comme s’il faisait nuit en permanence, et parsemé de sortes d’iles aux altitudes plus élevées. Elles-mêmes entourées d’autres altitudes surélevées supérieures.
Des îles dont les noms montraient également un certain ironisme de la part de ceux leur ayant donné leur désignation : Xanadu, le nom du palais légendaire du poème Kubla Khan de Samuel Coleridge, Adiri, autre Paradis mythique, issu, lui de la mythologie mélanésienne, et Dilmun, le jardin paradisiaque de la mythologie sumérienne. Je ne sais pas où il a été vu que cette région était paradisiaque, à moins de considérer L’enfer qui allait nous tomber dessus, comme une forme de Paradis, si l’on prend en compte tout ceux qui s’y sont rendus, à cause de l’attaque des bestioles cauchemardesque qui y vivaient. Et je ne parle pas seulement de leur aspect. Mais de leur intelligence. Une capacité à communiquer et à établir des stratégies pour mieux cerner ceux qui avaient l’audace de pénétrer sur leur territoire, que je n’avais jamais vu chez aucune espèce animale terrestre. Mais il est vrai que la faune de Titan ne peut pas être comparé à celle que nous connaissons. Elle est unique, imprévisible et horriblement mortelle…
Cela faisait une demi-heure que nous avions stoppé nos Hope. On s’était disposé en triangle, de manière à pouvoir trouver un semblant de « fortifications » de fortune, en cas d’attaque de cet ennemi dont nous ne connaissions rien, si ce n’était sa propension à se déplacer extrêmement rapidement, et était doté d’une forme de langage à base de sons. Du moins, c’est ce que nous pensions au départ, nous basant sur les sonogrammes fournis par les drones ayant survolés la zone. Mais en les voyant opérer, nous nous sommes rendu compte que les « sons » n’étaient en fait que le bruit provoqué par le crissement et le brisement des cristaux de glace sous la surface du sol, se trouvant en contact avec le « langage » des Speeders. Des sortes de mille-pattes à la longueur surdimensionnée, possédant des argots à l’allure de griffes à l’extrémité de deux grandes pattes situées à l’avant. Ils portaient des mandibules, à l’image de certaines catégories d’insectes terrestres, et un œil unique. Et je peux vous assurer que ce simple œil démesuré par sa taille par rapport au reste de leur corps, quand il vous fixe, vous fait ressentir toute la peur qui peut se déclarer en soi, aussi courageux et téméraire qu’on peut l’être…
Et ce n’était pas qu’un œil : nous allions vite comprendre que c’était également leur moyen de communication, faisant de cette espèce sans doute l’une des plus redoutables en efficacité. Par rapport à d’autres créatures mentionnées par les autres stations, les Speeders auraient pu être considérés comme une menace moindre, car n’ayant pas le gigantisme des autres races animales présentes sur Titan. Mais leur faculté à se déplacer, ou plutôt de « glisser » sur le sol, c’était du délire. Elles disparaissaient soudain dans ce dernier, comme s’il s’agissait d’une surface d’eau, pour surgir d’un coup aux pieds de plusieurs d’entre nous, entrainant certains sous la surface, dans un bruit effroyable d’os se brisant en traversant le sol glacé en son sein, de cris de terreur doublé d’une douleur qu’on avait aucun mal à imaginer, ne laissant que du sang par litres entiers à la place. Ainsi que des résidus de chair, des morceaux de crâne éclatés, n’ayant pas pu suivre le mouvement du reste du corps dans le sol.
Ceux qui parvenaient à échapper à un groupe, était aussitôt encerclé par un autre sortant de terre, déchirant leurs combinaisons, tranchant leurs membres d’un coup sec, et mettant les corps à rude épreuve. Immédiatement atteint par les radiations de la zone, et réduisant hommes et femmes de l’équipe à des bouillies de chair humaine, brûlant quasiment sur place, et se transformant en une sorte de barbecue pour ces créatures monstrueuses. Je me rendais compte d’un phénomène durant ces attaques en plusieurs phases. Quand un des membres parvenait à fuir, cherchant à se rendre au centre de notre triangle de Hopes, faisant penser aux chariots des cowboys du Far-West, essuyant une attaque d’indiens, L’une des créatures, voire plusieurs, clignait de leur œil unique. Dès lors, on percevait presque une sorte d’onde invisible soulever les poussières du sol, traçant comme une ligne, et aboutissant à l’émergence d’un ou plusieurs autres spécimens de ces créatures de cauchemar, qui aurait pu tétaniser n’importe quel entomologiste digne de ce nom. Ces yeux, c’était leur moyen de communiquer. Chaque clignement correspondait à une forme de message. En tout cas, je supposais que ça fonctionnait de cette manière, pour l’avoir vu opérer à plusieurs reprises, parce que ma lâcheté m’avait fait profiter de la détresse de mes compagnons, pour me réfugier à l’intérieur d’un des Hopes, observant avec horreur le massacre qui se déroulait au dehors.
Je voyais des membres se faire découper sur toute leur longueur par les mandibules terrifiantes des Speeders, leurs têtes se faire arracher, ou écrabouiller en ne parvenant pas à traverser le sol où les emmenait leurs bourreaux insectoïdes. J’entendais leurs cris, le crépitement de leur peau brûlée par les irradiations, détournant le regard quand certains me demandait de l’aide en me fixant, les yeux embués de larmes de sang, pendant que cette symphonie sanglante se perpétuait, aussi loin que je pouvais le voir devant moi. Une farandole de ce qui avait autrefois été des corps humains remplissait l’air et le sol, projetant des gerbes entières sur le métal des véhicules. Je n’osais pas bouger, incapable de savoir comment réagir. Sans doute parce que j’étais conscient qu’il n’y avait rien que je puisse faire face à un tel déferlement de créatures sans la moindre pitié pour leurs proies, ayant défié leur rôle de seigneur des plaines de cet astre qui montrait, une fois de plus, l’ampleur de sa domination sur les pauvres petites choses que nous étions, nous, simples simili-colonisateurs.
L’espace d’un instant, je me prenais à imaginer ce qu’il adviendrait de l’espèce humaine une fois le plan prévu par Genetech transposé à grande échelle ici, avant de se prolonger vers Encelade. Encelade. Quels autres dangers cette autre lune de Saturne se trouvait là-bas ? Y-avait-il d’autres créatures tout aussi monstrueuses sous sa surface neigeuse ? ça va vous paraitre stupide, mais je repensais à un épisode de Star Wars. Celui où Luke Skywalker se trouvait piégé sur Hoth, la planète glacée. Je croyais voir une formation de At-At défendre les futures stations d’Encelade, pour contrer la faune de là-bas. Et en revoyant le massacre des miens par les Speeders, j’espérais presque voir des X-Wing fendre l’air gazeux de Titan pour venir me sauver d’une mort que je pensais imminente. J’étais persuadé de finir ma vie ici, sur cet astre maudit, cette lune qui était la véritable représentation des cercles de l’Enfer, tel que l’avait décrit Dante Alighieri dans son livre « La Divine Comédie ». Je me surprenais à rêver plonger ce foutu Lewis Nillbird dans le cercle consacré à l’Avarice. Ou celui de l’Orgueil. Juste après s’être fait dépecer par plusieurs de ces créatures infernales qui sévissaient ici, sur Titan.
Pourtant, les Speeders semblaient ne pas s’approcher des Hope. J’ai en vu quelques-uns le faire, avant de rebrousser chemin. Comme si quelque chose au sein des véhicules leur déplaisait. En voyant le panneau de contrôle devant moi, je pensais comprendre ce qui pouvait repousser les Speeders, et qui allait me permettre de revenir vivant de ce territoire des morts. Le TCS. Le Système de Contrôle Thermique présent dans tous véhicule spatial, afin de maintenir tous les composants au sein de ce dernier, à une température stable, alors qu’il est soumis à des flux solaires ou planétaires, en éjectant la chaleur interne générée par l’engin spatial lui-même. Il y avait exactement le même système dans les Hope. Si on rajoutait à ça le MLI, l’Isolation Multicouches recouvrant tout véhicule ou vaisseau spatial qui régule l’action d’éventuelles chaleurs externes sur la coque des appareils, évitant toute surchauffe, j’avais la réponse à la question de savoir pourquoi les Speeders évitaient soigneusement les Hope. Ces bestioles vivant dans un sol glacé devaient avoir une sainte horreur de la chaleur. En tout cas, à un certain niveau.
La régulation de température, ou peut-être les ondes générées par celle-ci au sein des véhicules devaient être la clé de cette crainte de ces monstres de mettre leurs sales pattes sur le métal des Hope. C’est pourquoi aucun d’entre eux n’avaient tenté de s’incruster au centre du « triangle » formé par nos 3 véhicules, en passant sous le sol, ou même de chercher à faire s’enfoncer dans le sol le moyen de transport principal des équipes installées sur Titan. Ce devait être la première fois que je remerciais ces connards de la Genetech pour ça. Je rageais de devoir la vie à ces merdes de fonctionnaires sans empathie pour les hommes qu’ils envoyaient régulièrement vers une mort certaine, juste pour récolter des informations, mais je prenais sur moi. Et sans demander mon reste, je mettais en route le Hope dans lequel je me trouvais, et repartais vers la Station Titan IV. Pour les autres Hope restés sur place, il suffirait de renvoyer une autre expédition, plus restreinte, afin de s’approcher au plus près des véhicules abandonnés, de manière à ce que des membres de l’équipe de la station prennent le volant, en évitant soigneusement, et en tenant compte de mes recommandations, de poser le pied trop longtemps sur le sol, avant de pénétrer dans les hope pour les ramener, à leur tour, à Titan IV.
En chemin, j’étais entre la colère de n’avoir pu sauver personne, et la satisfaction de rentrer vivant, pouvant relater ce que j’avais vu. Sans oublier le point faible des Speeders. Il y avait moyen de fabriquer des sortes de champ électro-magnétique autour des tenues, dispensant une chaleur similaire à celle du TCS, afin d’éviter les attaques de ces créatures de mort. Ce n’était pas garanti, peut-être que je me trompais sur ce qui avait fait reculer ces bestioles, mais j’avais détecté une piste en tout cas. Peut-être même des armes adaptées. Ceux qui avaient été massacrés sous mes yeux n’avaient pas eu le temps d’utiliser leur AED, à cause de la rapidité d’action affolante des Speeders, et leur mode de communication désarmant. Sans oublier la manière dont ils se déplaçaient aussi bien sur la surface du sol qu’en dessous. C’était comme si leur corps se décomposait à son contact, ou quelque chose de ce style. Une forme proche de ce qu’avait évoqué l’équipe de Titan VI, sur les golems de la zone des Labyrinthes.
Quelque chose m’interrogeait cependant. Sur les relevés de données des drones, il apparaissait que 3 types de sons bien distincts avaient été enregistrés. Faisant supposer 3 espèces différentes vivant dans cette zone. Pourtant, une seule avait occasionnée l’attaque. Et il avait été clairement distinct que les 3 sortes de mesures soniques semblaient s’accorder. 3 espèces différentes capables de communiquer entre elles. Les Speeders n’étaient donc pas les seules créatures de la zone. Et il n’était donc pas certains que les 2 autres espèces avaient la même faiblesse. Il faudrait prendre ça en compte pour la récupération des Hope. Pour éviter une nouvelle tuerie qui nous coûterait la perte d’un véhicule supplémentaire, en plus de celle d’autres hommes ou femmes. C’est ce que j’ai fait une fois de retour à la station, les caméras du Hope rescapé dans lequel j’étais rentré se chargeraient de confirmer ce qui s’était passé. Pour ma part, je n’avais aucune envie de revoir ça. Je laissais le soin de cette vision d’horreur à mes collègues, et aux rapaces de Genetech.
Je sais qu’ils ne vont pas vraiment apprécier les petits mots doux les désignant dans ce rapport, mais je m’en moque. S’ils veulent me rapatrier sur Terre, et me destituer de toute fonction au sein du Consortium, franchement, c’est le plus beau cadeau qu’ils pourraient me faire, tellement j’ai envie de quitter ce foutu endroit, où on est de plus en plus incapable de déterminer combien de temps on pourra survivre. Je terminerais là-dessus. Je sais qu’au moment où je dicte ces lignes, la Station Titan III a aussi envoyé une expédition au sein de la Zone des Dunes. Avec sûrement son lot aussi de morts et de créatures mortelles associées. Tant que Titan ne deviendra pas un astre dépourvu de toute vie des scientifiques installées sur son sol, Genetech n’arrivera pas à se mettre dans la tête que si la Terre est destinée à mourir, à cause de la fin de notre soleil, c’est peut-être parce que c’est écrit, et qu’il vaut mieux l’accepter. Au lieu de chercher à précipiter son holocauste en venant ici, sur cet enfer qu’est Titan…
ANNEE STELLAIRE 149.3
Bilan Pertes de la Mission des Plaines de Titan : 12 Victimes
Découverte de nouvelles espèces vivantes de Titan : 3
Temps Approximatif d’élaboration des protections et des armes anti Speeders : 2 Semaines, 6 Jours, 12 heures, 43 Minutes, 54 Secondes
Mission de Récupération des Hopes programmée dans :
4 Jours Stellaires
Retour probable des Hopes Abandonnés dans la Zone des Plaines estimée à :
2 heures, 6 Minutes, 8 Secondes
Probabilité de Nouvelles pertes, suite à cette récupération en cas d’échec : 4
FIN DU RAPPORT INTERNE DE L’IA N° «3217-38-B
PROCHAIN EPISODE : LES LACS DE TITAN
Publié par Fabs
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