1 mars 2025

THE DAEMON MYSTERY - L'ETRANGE PASSAGER DE CHRISTOPHE COLOMB

    


Cette histoire a été conçue à l'occasion d'une série en cours de mon ami et talentueux collègue LE DIABLE DES ABYSSES, sur sa chaine YouTube, mettant en valeur son personnage-avatar, à travers différentes vidéos, et présentant diverses périodes de ce même personnage. J'ai modestement contribué aux 2 premiers volets de cette saga. Les récits courts "La Mine Abandonnée" et "L'Epave", et j'ai eu l'idée de rajouter d'autres pierres à l'édifice à travers une précédente histoire du blog, "Le Mystère des Statues d'Obsidienne". Il s'agit donc du 2ème long récit de la saga de ma plume ^^.


N'hésitez pas à vous rendre sur sa chaine, à découvrir son univers, et, le cas échéant, à vous y abonner ^^ 

Je vous mets ci-dessous le lien de sa chaine YouTube : 

 

  https://www.youtube.com/@Le-Diable-Des-Abysses


    Notre époque est l’apanage de la communication. Internet et la téléphonie permettent aujourd’hui de contacter nombre de pays à travers le monde, sans bouger de chez soi. Ce qui facilite les échanges commerciaux et diplomatiques à grande échelle. Mais pour parvenir à cet essor économique indissociable de notre manière de vivre, il a d’abord fallu s’employer à parcourir les milliers de kilomètres séparant les continents les uns des autres. C’est ce qu’on appelle les Grandes Découvertes. De nombreux explorateurs ont parcouru les terres et les mers pour compléter les cartes du monde telles que nous les connaissons aujourd’hui. Et l’un des plus illustres n’est autre que Christophe Colomb. Même si ses voyages ont été le résultat d’une erreur de taille, dans le but de devancer les flottes portugaises ayant le même objectif que lui de découvrir les Indes, cela en empruntant une route qu’il pensait plus directe, il n’en reste pas moins que cette faille dans son raisonnement premier lui a permis de rallier des iles et un continent encore inconnu à son époque : les Amériques. Une découverte qui changerait à jamais la connaissance du monde. 

 

    Cependant, on sait peu de choses sur certains détails de ces traversées l’ayant conduit à faire de lui l’un des grands explorateurs de notre histoire. En tout cas, jusqu’à aujourd’hui. Le 24 novembre 2022, un manuscrit a été découvert au sein d’une vieille malle enterrée sur un terrain qui aurait abrité autrefois la demeure d’Alonzo Sanchez De Huelva. Ce nom ne dit sans doute pas grand chose à la plupart d’entre vous. En revanche pour tout historien professionnel ou amateur digne d’intérêt, cette identité a été le point de départ d’un véritable jeu de pistes à la Da Vinci Code. Alonzo Sanchez de Huelva était un pilote de navire œuvrant pour la marine portugaise au XVème siècle. On dit qu’il a été celui qui aurait affirmé à Christophe Colomb, à l’époque où celui-ci naviguait également sous fanion portugais, qu’il connaissait une route bien plus directe et fiable pour rejoindre les Indes, car il s’y était rendu lui-même des années plus tôt. Il y aurait même séjourné 2 ans, avant de revenir vers le Portugal en empruntant les voies terrestres.

 

    Le voyage l’ayant mené aux Indes fut le fruit d’un pur hasard et causé par la dérive de son bateau à la suite d’une violente tempête. Ce qui se solda par le naufrage de ce dernier. Il en fut le seul rescapé. Désœuvré et sans la possibilité de faire construire un navire au sein d’un pays dont il ne connaissait pas encore le langage, il a appris les coutumes des gens de cette contrée, sympathisant avec les autochtones. C’est cette amitié avec la culture de l’Inde qui l’a décidé à se taire auprès de ses compatriotes, au retour d’un long voyage de plusieurs mois, après avoir finalement recueilli les fonds nécessaires pour rapatrier son pays. L’homme ne faisait pas confiance à ses collègues marins qui, à ses yeux, ne voyaient que la perspective de s’enrichir en cherchant la route des Indes. Raison pour laquelle il a toujours gardé secret son vécu en Inde, ainsi que la route permettant d’y parvenir. En revanche, à force de discussions, il a cru voir en Colomb un marin différent. Quelqu’un de passionné par la découverte et l’espoir d’inscrire son nom dans l’histoire. Bien plus que par les retombées économiques espérées par la royauté portugaise après la découverte du Cap de Bonne Espérance en 1488. Point de départ de la recherche de la marine du Portugal d’un trajet vers les indes, en longeant les côtes africaines. 

 

    C’est son quotidien en Inde et ses échanges avec Christophe Colomb qui furent retrouvés à travers diverses lettres au sein de cette malle mise à jour à l’issue d’un chantier en 2022. On sait que la décision de Colomb d’émigrer en Espagne en 1485 vient du refus de sa demande de voyage pour les Indes auprès de Jean II, roi du Portugal, suivant l’itinéraire fourni par Alonzo Sanchez de Huelva. Colomb espérait avoir plus d’écoute de la part des rois catholiques, comme l’était le roi et la reine de Castille. La région couvrant la majeure partie de l’Espagne d’alors. Ce qui fut le cas, bien qu’il dût patienter encore 6 ans avant que son 1er voyage devienne réalité. Ce ne sont pas tant ces lettres manuscrites prouvant l’existence d’Alonzo Sanchez de Huelva qui bouleversa la communauté scientifique. Mais plutôt l’évocation, dans ces mêmes lettres, du placement d’un journal de bord au sein de la tombe de Christophe Colomb. Ceci lorsque la dépouille du navigateur fut déplacée en 1506 à la chapelle Santa Ana du Monastère de la Cartuja, à Séville. Soit 3 ans après son décès officiel à Valladolid. Une manipulation exercée par l’un des hommes chargés du transfert de la dépouille de Colomb, en toute discrétion.

 

    L’homme, Pereiro Rondez, dont l’identité a été occulté par l’histoire et révélé par la découverte de ces lettres, était second lors des 4 voyages du grand navigateur. Il s’était vu confier l’original de ce journal, contenant des éléments ne figurant pas sur celui que tous les historiens connaissaient jusqu’alors. Colomb avait rédigé le second journal quelques mois après son retour en Espagne lors de son dernier voyage, en 1504, afin de masquer certains faits troublants concernant un personnage singulier. Personnage qui s’avérera avoir joué un rôle majeur sur les décisions du célèbre navigateur, en plus d’une amitié profonde ayant échappé à l’histoire officielle. Sur les recommandations de Colomb, le second avait fait part à Alonzo Sanchez de Huelva de l’existence de l’original du journal, ainsi que de sa cachette, qu’il avait conservé chez lui avant le transfert de la dépouille du navigateur. L’une des lettres, parmi celles présentes dans la malle découverte sur le terrain où se trouvait naguère la demeure d’Alonzo, évoquait ce journal et l’endroit où il avait été dissimulé une première fois. Avec des indications attestant que le journal de bord officiel de Colomb ne contenait pas toute la vérité sur les voyages du grand explorateur. 

 

    La lettre comportait une annotation écrite par le fils d’Alonzo, sans doute récipiendaire du secret par son père, précisant un deuxième déplacement de la dépouille de Christophe Colomb. Cette fois au cœur d’une chapelle de la Cathédrale d’Hispaniola, l’actuelle Saint Domingue, de l’autre côté de l’Atlantique. Il y était indiqué que le journal avait suivi le corps également, par le biais d’une autre complicité en lien avec la famille de Pereiro Rondez. Un culte du secret où toutes les précautions ont été prises pour que la vérité n’échoit qu’à la famille de ce dernier et de celle de Huelva dans le futur. À l’époque, Alonso Sanchez n’imaginait sans doute pas que le secret serait finalement mis à jour en dehors du cercle familial, des siècles plus tard. La nouvelle de cette révélation fit grand bruit. Il fallut près de 2 ans de rudes négociations pour obtenir d’ouvrir le tombeau de Christophe Colomb, afin d’y récupérer le vrai journal indiqué dans la lettre d’Alonzo Sanchez de Huelva. Le contenu fut lu en grand secret par diverses instances historiennes, scientifiques et gouvernementales à Saint Domingue, lieu de la dernière sépulture de Christophe Colomb, et divisa nombre des personnes présentes.

 

    Beaucoup d’entre elles pensent encore aujourd’hui qu’il ne s’agit que d’un canular orchestré par Alonso Sanchez ou Pereiro Rondez, dans un but inconnu. La raison en est que les éléments nouveaux semblent bien trop fantastiques, en plus de changer complètement l’idée qu’on se faisait jusqu’alors de certaines étapes phares des voyages de Colomb. Je ne vais pas vous lire l’intégralité de ce journal, dont le contenu m’a été transmis par l’une des personnes présentes lors de la lecture officielle. Pour des raisons évidentes de confidentialité, je ne citerais pas non plus l’identité de cette dernière, qui a pris soin, de manière discrète, d’enregistrer la lecture vocale du journal lors de cette journée. Il a ensuite retranscrit l’audio manuellement sur papier, avant de me le transmettre.  

 

    Dans les infos supplémentaires des voyages de Colomb, on en apprend plus sur son escale à Las Palmas de Grand Canaria, une des iles de l’archipel des iles Canaries. Une étape nécessaire après son départ de Palos de la Frontera, en Espagne, le 3 août 1492. Ses 3 navires, La Santa Maria, la Nina et la Pinta, faisaient route vers le sud pour éviter les escadres portugaises ayant le même but que lui. Mais pour préparer le long voyage qui l’attendait, il lui fallait faire des provisions de bois, d’eau et de vivres. Ainsi que des réparations sur les navires ayant soufferts de ce premier trajet. C’est là, sur cette petite île, dans la journée du 12 août 1492, que Christophe Colomb a été abordé par un homme d’allure aristocratique, alors qu’il se remettait de la fatigue au sein d’une taverne. L’inconnu se présenta sous le nom de Comte Tobias Mortsen de Seeland, la plus grande île du Royaume du Danemark, et affirma être en mesure d’apporter son aide au navigateur pour son long périple vers les Indes. 

 

    D’abord surpris que cet étranger puisse être au courant de son épopée, Colomb s’est ravisé quand le Comte lui remit un courrier rédigé par Alonso Sanchez De Huelva. Le document précisait au navigateur qu’il pouvait avoir toute confiance en Tobias Mortsen. C’est à lui que Alonzo devait d’avoir été sauvé du naufrage l’ayant conduit aux Indes, avant de l’aider à s’acclimater aux coutumes de ce pays. Reconnaissant la signature de celui qui lui avait confié le secret du trajet aux Indes, Colomb sortit de sa défensive première, et une longue discussion suivit entre les deux hommes. Le Comte Mortsen restait discret sur son rôle exact en tant que noble au Seeland, au sein du Royaume du Danemark. Il se contentait de dire que ça n’avait pas une grande importance. Seul comptait ses conseils et informations qu’il dispenserait pour que le voyage se ponctue par une réussite. Ce qui vaudrait au navigateur une gloire attendue auprès de la cour de Castille. À ce titre, Colomb accepta que l’homme fasse partie du voyage vers les Indes. Le matin du 6 Septembre 1492, la flotte repartait, suivant en cela les consignes du Comte. Ce dernier était devenu une figure de marque auprès de Colomb, qui suivait aveuglément la moindre indication de l’étrange personnage. 


    à ce moment du récit dans le journal, je dois préciser qu’en plusieurs endroits figurent des annotations de Pereiro Rondez, sans doute rajouté après la mort de Colomb. Quelques lignes en marge du texte où le second exprimait sa sensation d’angoisse à chaque fois qu’il croisait le Comte Mortsen. Ainsi que sa conviction que Colomb semblait comme hypnotisé dès lors que le noble déversait ses paroles. Il avait aussi remarqué cet effet sur d’autres hommes de l’équipage, et avait tenté de prévenir son supérieur des doutes qu’il entretenait sur les bonnes intentions du Comte. Mais Colomb rétorquait invariablement qu’il avait toute confiance en la personne du sauveur de son ami Alonzo. D’autres notes parlaient de phénomènes étranges s’étant déroulé au sein de la Santa Maria. Des marins semblant parfois perdus, le teint pâli, ou titubant. Des attitudes curieuses, d’autant qu’il s’agissait d’hommes aguerris aux longs voyages en mer. Quand Pereiro tentait d’en savoir plus auprès d’eux, il avait l’impression que ceux-ci semblaient obéir à des voix intérieures leur dictant quoi dire. Tel des victimes de possession. Il parla de ça aussi à Colomb.

 

    Mais, de la même façon que tout ce qui se rapportait à Tobias Mortsen, le navigateur ne tint pas compte des élucubrations stupides, selon lui, de son second. Arguant qu’il était juste jaloux de la place qu’avait pris le Comte au sein du navire, et effaçant ainsi le rôle qu’il tenait avant l’arrivée de celui qu’il appelait désormais son ami dévoué. Une opposition entre Colomb et Rondez qui peuvent expliquer l’absence de Pereiro Rondez au sein du journal de Colomb. Aussi bien l’original que le 2ème exemplaire. Celui connu des historiens avant 2024. Une sorte de punition voulue par l’explorateur d’évincer son second de la postérité, pour avoir osé émettre des réserves sur l’intégrité du Comte Mortsen. À la lecture de ceci, j’ai émis l’hypothèse que si Colomb n’a pas atteint les Indes comme prévu, ce ne pouvait être que du fait de cet ami imposé que constituait Tobias Mortsen. Il semble assez évident, et cela vous sautera aux yeux par la suite, que le Comte a volontairement fait dévier Colomb de sa route initiale. Cela en lui faisant suivre un trajet quelque peu différent, de manière subtile, afin de l’amener là où il le voulait. Dans quel but ? Même à la fin du journal, il est difficile de le déterminer. Toujours est-il que la découverte de l’Amérique par Colomb est clairement du fait de ce personnage. Et son influence sur le navigateur ne s’arrêtait pas là.

 

    Je ne m’attarderais pas trop sur les détails de la traversée, parsemé des remarques de Pereiro sur les étrangetés se déroulant à bord du Santa Maria. Si ce n’est celui du passage de la Mer des Sargasses. Source d’inquiétude des marins à cause des nombreuses algues présentes dans les eaux et de la quasi-nullité des vents. Ce qui obligea les navires à l’arrêt le 19 septembre 1492. La flotte devra attendre le 25 du même mois pour voir le vent reprendre de l’ardeur et permettre la poursuite du voyage.  C’est durant cette période que Pereiro relate avoir constaté plusieurs fois l’absence incompréhensible du Comte Mortsen, coïncidant avec une étrange vague de maladie touchant les marins de la Nina et la Pinta. Quand le second, constatant à nouveau la présence du Comte au sein de la Santa Maria, demandait à ce dernier où il était passé, Mortsen se contentait de dire qu’il se reposait dans sa cabine. Pereiro savait que c’était faux. Il s’était rendu dans celle-ci, qui était ses anciens quartiers avant que Colomb décide de les mettre à disposition de son nouvel ami, et n’y avait trouvé personne. Cependant, pour éviter de nouvelles remontrances de la part de l’explorateur sur ses doutes envers le Comte, Pereiro a préféré ne pas en parler.

 

    Après avoir débarqué à Guanahani, futur San Salvador, Colomb prend possession de l’ile au nom de la reine de Castille. Il s’en proclame vice-roi et gouverneur général. Pensant être dans l’archipel du Japon, la partie la plus au nord de “l’Inde”, car trompé par Mortsen, il désigne les autochtones du nom “d’indiens”. Contrairement à ce qui est indiqué dans les livres d’histoires, indiquant que Colomb est parvenu à se faire comprendre par des gestes, la faute à un interprète emmené à bord s’étant révélé inutile, le navigateur a pu parfaitement se faire traduire les paroles des indigènes qui se désignèrent sous le nom de tribu Tainos. Ceci par l’intermédiaire du Comte Mortsen, qui montra sa connaissance de diverses langues et dialectes au cours du voyage et des suivants. C’est ainsi qu’il se rendra sur l’ile voisine, baptisée par Colomb Juana, future Cuba, appâté par la promesse d’y trouver de l’or. 

 

    Le 12 novembre 1492, les navires reprennent la mer, et le 23 novembre, Colomb constate la disparition de la Pinta, menée par Alonso Pinzon. Si de prime abord, le navigateur pense à une désertion, Pereiro pense qu’il s’agissait, là encore, d’une manigance de Mortsen pour éloigner le capitaine de la Pinta. Sans doute y avait-il vu un danger en la personne de Pinzon, car se focalisant sur la perspective de richesse que représentait les iles du “japon”. Le désir de richesse, en plus de la propension future de Colomb à vouloir réduire en esclavage les autochtones rencontrés, ce qui allait à l’encontre de la confiance qu’avait eu Alonso Perez de Huelda en lui confiant le secret de la route des Indes, est sans doute pour beaucoup dans le choix de Tobias Mortsen d’avoir trompé Colomb et Pinzon. Cherchant à retrouver la Pinta, Colomb décide de revenir vers Juana. Mais en cours de chemin, il décide de bifurquer à l’est de l’ile, et se retrouve à débarquer sur une autre terre : Hispaniola, qui deviendra donc Saint-Domingue plus tard. 

 

    Contrairement aux indigènes de Guanahani, dociles et accueillants, ceux d’Hispaniola, les Arawaks, se montrent craintifs à l’arrivée des Espagnols, pensant qu’ils sont des dieux. Cependant Pereiro a noté que nombre d’entre eux ont eu le regard porté vers le Comte Mortsen, qui semblait être le véritable sujet de leur peur. Comme s’ils le connaissaient déjà et angoissaient de son retour sur l’île. La suite est connue : dans la nuit du 24 au 25 Décembre 1492, un mousse commet une erreur de taille, faisant s’échouer la Santa Maria sur des récifs. Pereiro pense qu’il s’agit, là encore, d’une volonté du Comte Mortsen de bloquer Colomb et l’obliger ainsi à sa décision ultérieure de repartir de Hispaniola en laissant des hommes sur place. N’ayant plus qu’un navire à disposition ne pouvant accueillir l’intégralité des deux équipages, Colomb n’a d’autre choix que de laisser 39 hommes à Hispaniola. Cela après avoir fait ériger un fortin à l’aide du bois du vaisseau inutilisable, en employant les indigènes pour sa construction. Ce que ceux-ci firent par contrainte évidente, semblant toujours terrorisés de la présence du Comte Mortsen. C’est d’ailleurs sur les conseils de celui-ci que Colomb reprendra la mer à bord de la Nina, en acceptant de laisser Mortsen diriger le fortin et ses hommes. La maitrise du langage Arawak du Comte, et pouvant donc facilement se faire obéir, achevant de convaincre Colomb.

 

    Le 6 Janvier 1493, Alonso Pinzon rejoint Colomb en mer, et parvient à se faire pardonner son départ en solitaire. Le fait que Mortsen n’était plus à ses côtés à ce moment a sûrement joué en le pardon de Colomb vis-à-vis de Pinzon. Tout comme ses décisions qui suivront, moins étranges que précédemment. Suite à un affrontement envers une tribu hostile vivant sur un autre versant de l’île, les hommes de Colomb manifestèrent leur envie de repartir en Espagne. Ce que Colomb leur accorda le 16 Janvier 1493.

 

    Le 12 Février, au cours d’une tempête, la Pinta disparaît à nouveau. Ce qui déclenche une vague d’inquiétude de la part des marins de la Nina. Les circonstances du trajet de retour font que Colomb est contraint de passer par le Portugal. Sur place, le roi Jean II s’accapare les découvertes de l’explorateur, pointant du doigt son droit légitime, en vertu du traité entre le portugal et la Castille. Dans le même temps, Colomb apprend que Pinzon est parvenu à rejoindre les cotes d’Espagne le 4 Mars 1493, un peu avant son entretien avec le roi Jean II.

 

    Le 15 Mars 1493, Colomb arrive au port de Palos en Espagne, où il est accueilli en héros par la reine de Castille et son époux. Il obtient la permission de mettre en place un 2ème voyage, dans le but de récupérer les 39 hommes laissés à Hispaniola. Une flotte plus ambitieuse lui est accordée, forte de 17 navires, qui lève l’ancre le 25 Septembre 1493. Durant ce périple, il découvre 6 nouvelles iles : Desiderada (La Désirade), Maria Galanda (Marie-Galante), Dominica (La Dominique), Santa Maria De Guadalupe (La Guadeloupe), Montserrat et Saint-Martin. Revenu finalement à Hispaniola, il retrouve un fort détruit et constate la mort des 39 hommes qu’il y avait laissé, en plus de la disparition du Comte Mortsen. Le 2 Janvier 1494, il fonde La Isabella, loin de la baie de La Navidad et le triste souvenir de la mort de ses hommes. Après plusieurs mois d’exploration des environs, afin de confirmer l’état continental de ce qu’il considère toujours comme les Indes, il revient à La Isabella le 29 Septembre 1493, malade et affaibli. 

 

    Il se retrouve confronté à des insurrections de la part des Arawaks, après qu’il ait imposé de lourdes taxes aux autochtones sous forme de tributs d’or et de coton, en plus d’être à l’origine de mauvais traitements de la part de ses hommes sur la population. Des massacres en règle se suivent, qui seront stoppés par le retour du Comte Mortsen à Hispaniola. Colomb montre son soulagement de le revoir, alors qu’il semblait ne pas avoir été affecté par son absence auparavant. Pereiro pense que cela montre que Mortsen a repris le contrôle du navigateur à ce moment-là, et a sans doute modifié ses souvenirs et sa mémoire. Les révoltes sont finalement matées avec l’aide de Mortsen sans plus de sang versé : il sert, en quelque sorte, de médiateur entre les deux camps. Le Comte s’est rendu auprès des Arawaks pour parlementer à l’intérieur des terres de l’ile. Il est parvenu à faire revenir la situation au calme petit à petit, mois après mois, sans que personne ne sache de quelle manière il s’y est pris. Ce dernier n’ayant pas souhaité être accompagné lors des discussions. à la grande peine de Colomb, craignant pour la vie de son ami. 

 

    Suite à cela, Colomb est reparti pour l’Espagne le 20 Avril 1496, avec à son bord 500 indigènes réduits en esclavage. Le Comte Mortsen a bien tenté de le dissuader de cette opération, mais il semblerait qu’une sorte de “brisure” s’est effectué à ce moment concernant la puissance de contrôle de Mortsen sur Colomb. Comme si ce dernier avait vu sa folie prendre le dessus sur les directives de son ami aristocratique. Pereiro pense que cela est dû à une trop grande proximité sur une longue période du Comte sur le navigateur, et que cela a causé des lésions irréparables dans l’esprit de ce dernier. Ce qui a empêché le Comte d’avoir une emprise totale désormais sur le cerveau de l’explorateur. Durant la traversée, près de 200 Arawaks périrent. Des morts étranges, bien que la déshydratation et la malnutrition aient été avancés par Colomb pour justifier ce drame à son retour en Espagne. Il fut constaté une pâleur extrême de la peau, ainsi que de minuscules traces sur plusieurs emplacements des corps, ressemblant à des piqûres de méduse ou d’un autre animal marin. Autant d’éléments qui s’opposaient à l’explication d’une mort naturelle, tel que l’affirmait Colomb.


    Le comte a-t-il joué un rôle dans cette hécatombe ? A-t-il voulu abréger les souffrances des plus mal en points parmi les Arrawaks, car ne pouvant pas faire changer d’avis Colomb sur leur condition de vie à bord du navire ? Difficile de le dire. Toujours est-il que cet épisode a été le point central de la disgrâce de Colomb à son retour en Espagne le 11 Juin 1496. Les rois catholiques considéraient les autochtones du nouveau monde comme leurs sujets, et bénéficiaient donc, à ce titre, de leur protection. Ils condamnèrent les actes d’esclavage opérés par Colomb. Ce dernier devra attendre le 23 Avril 1497 pour obtenir le droit d’effectuer un nouveau voyage, les rois catholiques étant occupés dans des guerres importantes avant cette date. Durant cette période, Pereiro indique que le Comte Mortsen a consolidé sa position amicale avec Colomb. Peut-être y avait-il une volonté de reprendre le contrôle de l’esprit du navigateur, qui a conduit au drame des Arrawaks. Par ailleurs, les 300 survivants ont tous été relachés au retour du navigateur. Ce dernier a vu ses privilèges nettement amoindris. Ceci à titre de punition sur ses fautes lors du 2ème voyage. 

 

    Le 3ème voyage débute le 30 Mai 1498. Colomb est toujours accompagné du Comte Mortsen qui semble alors avoir repris, en apparence en tout cas, un certain contrôle sur son “ami” marin. Vraisemblablement pour s’assurer qu’il ne commette pas de nouveaux écarts. Colomb découvre ainsi durant le trajet les iles de Saint-Vincent, de la Grenade, de la Trinité et de Margarita. Le 31 Août 1498, Colomb revient à Hispaniola, et y découvre une nouvelle grande crise causée par Francisco Roldan Jimenez et le frère de Colomb : Barholoméo. Cependant, la crise est telle que le retour du navigateur ne fait qu’envenimer les choses. D’autant plus que, contrairement à la précédente crise, le Comte Mortsen, appréciant très peu les nouveaux gouverneurs de l’île, ne semble pas vouloir s’interposer et jouer les pacificateurs cette fois-là. En conséquence, en Août 1500, Francisco De Bobadilla, enquêteur royal et émissaire des rois catholiques, se rend sur l’île et fait emprisonner Colomb et les gouverneurs, jugés responsables de la débâcle. La présence de 7 espagnols pendus à des potences en place publique a été l’élément déterminant de cette décision. Colomb eut beau jurer que personne ne savait qui avait pendu ces 7 hommes, un fait s’étant déroulé durant la nuit précédente, Bobadilla ne voulut rien entendre. Fin Octobre 1500, Colomb est ramené, lui et les autres accusés, en Espagne, où il restera enfermé durant 6 semaines dans les geôles castillanes. 

 

    Le 13 Septembre 1501, seul le titre, désormais honorifique, de vice-roi des Indes reste en possession de l’explorateur. L’administration des territoires échoit à Nicolas de Ovando. Malgré sa disgrâce, Colomb obtient d’effectuer un nouveau voyage le 14 Mars 1502. Mais il doit obéir à des restrictions et des directives précises. Le rôle du Compte Mortsen, qui semble avoir servi d’intermédiaire dans la libération de Colomb auprès du couple royal de Castille, a sans doute été à l’origine des contraintes de voyage exigé pour le navigateur. Une sorte de condition exercée par “l’ami” de Colomb. Quasiment le seul lui restant à cette période, et acceptant de passer du temps avec lui, en l’ayant gratifié de nombreuses visites lors de son incarcération. Parmi ces obligations, il lui est interdit d’aborder Hispaniola. Les 3 navires constituant cette nouvelle flotte partent le 11 Mai 1502, et feront le trajet jusqu’aux longs des côtes de l’ile Uvita, futur Costa Rica, du Veragua et du Panama. 

 

    Ne pouvant effectuer les réparations nécessaires, ce sont des bateaux sur le point de sombrer qui échouent à Santa Gloria, future Jamaïque, le 25 Juin 1503. Colomb et ses hommes sont forcés d’y vivre durant un an. Période durant laquelle il ne doit sa survie qu’aux échanges verbaux du Comte Mortsen auprès des autochtones. Ceci afin qu’on lui prodigue les soins nécessaires. Une décision prise à la  suite du refus de Nicolas de Ovando, qui déteste Colomb, de faire quoi que ce soit pour venir en aide au navigateur. Selon les notes de Pereiro, l’un des rares à avoir toujours suivi Colomb dans tous ses voyages, le Comte Mortsen a disparu de l’île durant un mois, avant de réapparaitre. L’état de Colomb était tel que ce dernier ne s’est pas rendu compte de l’absence prolongé de son ami. Néanmoins, il apparaît évident que c’est grâce au Comte que des secours ont pu finalement débarquer sur l’île à la fin Juin 1504. Mortsen a expliqué qu’il a pu se faire fabriquer une embarcation de fortune par les indigènes. Ce qui lui a permis de rejoindre Hispaniola, afin de persuader Nicolas de Ovando de lui affréter un navire, afin qu’il demande assistance en Espagne. Selon les dires de Mortsen, bien que réticent, Ovando a finalement cédé. 


    Cependant, cette version évoquée par Mortsen n’est qu’un mensonge éhonté. Lors de son retour en Espagne, Pereiro a eu l’assurance que si le Comte était bien revenu en Espagne dans le but de demander de l’aide pour Colomb, personne ne sait de quelle manière il a voyagé. Nicolas de Ovando n’a jamais reçu sa visite : il ne lui a donc pas permis d’utiliser un bateau pour le voyage. Une nouvelle fois, Pereiro a préféré ne pas faire part de cet état de fait à Colomb. Il savait pertinemment que, de toute façon, le navigateur n’admettrait jamais que son ami avait menti. Car ne voyant en lui que celui qui l’avait sauvé, une fois de plus, d’une mort imminente. Colomb et les survivants repartent le 12 Septembre 1502, à bord de deux navires. Le Comte Mortsen prétendra partir avant Colomb en occupant l’un des deux navires, afin de s’occuper de tout ce qu’il fallait pour l’accueil de son ami. Mais il n’accostera jamais en Espagne cette fois-là. 


    Quand Colomb revient au pays le 7 Novembre 1504, au port de Sanlucar de Barameda, nul ne sait ce qu’il est advenu du navire où se trouvait le Comte Mortsen. Ce n’est que bien plus tard, durant notre siècle, qu’on découvrit une épave près des côtes de l’Italie, et pouvant correspondre à ce bateau. Néanmoins, une aura de mystère tourne autour de cette épave. Tous ceux s’en étant approché ont sombrés sont devenus fous, ou ont disparus mystérieusement. On parle d’une créature tentaculaire sous les eaux capable de contrôler les esprits, jusqu’à les pousser à la folie. Est-il possible qu’il y ait un lien entre le Comte Mortsen et cette créature ? Ce qui est sûr, c’est que Colomb n’a plus jamais revu son ami par la suite. Et ce, jusqu’à sa mort.

 

    Quant à son choix de vouloir “effacer” l’existence du Comte en écrivant un 2ème journal, destiné à devenir l’officiel de ses voyages, il est impossible de savoir ce qui l’a déterminé. Même Pereiro, ou encore Alonso Perez de Huelda, n’ont pas apportés de réponses à ce sujet. Que ce soit dans les lettres retrouvées pour l’un, ou les annotations sur le journal d’origine pour l’autre. Tout ce que l’on sait c’est que Colomb a confié le vrai journal à Pereiro. Peut-être la seule fois où il a enfin reconnu la valeur de son second. Lui qui l’avait suivi à travers tant d’aventures et de voyages, sans pour autant être gratifié d’une quelconque reconnaissance pour sa loyauté et son dévouement. Il est possible qu’à force d’éloignement avec le Comte, l’emprise de ce dernier a fini par se dissoudre peu à peu, et que Colomb a finalement pu avoir un avis plus objectif sur le véritable rôle joué par son ami aristocratique. Si cela était bien sa vraie nature et forme. Il n’y aucune trace, dans quelque document historique que ce soit, d’un Comte Tobias Mortsen du Seeland. Il n’a ni passé, ni futur, en dehors de son lien supposé avec Colomb et son rôle à priori déterminant dans ses choix et actions. Pourquoi Mortsen a-t-il jeté son dévolu sur Colomb ?

 

     Plusieurs éléments montrent qu’il ne cherchait pas à détruire ou avoir des intentions propres à semer le mal autour de lui. Si c’était le cas, comment expliquer ses pourparlers avec les Arrawaks pour faire cesser les conflits ? Ou bien le fait qu’il se soit rendu en Espagne pour demander de l’aide pour Colomb ? Ou encore son intervention auprès de la cour de Castille pour gracier ce dernier ? Même la mort des 200 Arrawaks, qui pourraient lui être attribués, bien que je voie mal comment il aurait pu commettre une telle série de morts sans que ça soit remarqué par l’équipage, on peut supposer que cela a été fait dans une volonté de soulagement des pauvres indigènes mourants. À cause de Colomb. D’ailleurs, cette partie sombre de Colomb ne pourrait-elle pas être la raison de la présence de Mortsen dès le départ des voyages ? Si on suit les lettres, le journal, les annotations, le Comte avait un lien avec Alonso Perez de Huelda. Celui qui avait vu en Colomb quelqu’un méritant d’obtenir le secret dont il disposait. On a pu voir que le célèbre navigateur, par la vision qu’il avait des indigènes, qu’il considérait comme tout juste bons à devenir des esclaves, en plus de son goût poussé pour l’or, était loin d’avoir l’image idéale qu’avait en tête Huelda.

 

     Le comte disposait peut-être d’un pouvoir particulier, comme semble le croire Pereiro. Et même plusieurs. Dont celui d’avoir su percevoir les véritables intentions de Colomb, pas aussi nobles que le pensait Huelda. Ce qui l’a poussé à agir pour tromper Colomb, et fait de son mieux pour protéger les Indes. Pays auprès duquel il semble très attaché. C’est une possibilité à ne pas négliger. Qui est le comte Tobias Mortsen du Seeland ? On ne le saura sans doute jamais. Quant à la vérité que je vous ai transmise aujourd’hui, je sais qu’elle sera désavouée par les historiens. La plupart d’entre eux refusent déjà d’admettre l’authenticité du véritable journal de Colomb. Celui mis à jour par une simple malle rempli de trésors historiques. Comment pourraient-ils accepter l’existence d’un personnage dont on ne trouve nulle part la trace dans l’histoire, si ce n’est, justement, ce fameux journal secret ? Journal, qui plus est, dont Colomb lui-même a voulu cacher l’existence par ce jeu de piste fomenté avec son second et son ami Huelva. Ce qui laisse entrevoir de multiples possibilités quand au pourquoi de cette décision, comme dit précédemment. Libre à vous de déterminer les intentions du Comte  Mortsen dans cette histoire, et s’il a bien joué un tel rôle auprès de Colomb au sein de ses voyages. Moi je ne suis là que pour vous indiquer la réalité de ce journal. Je ne saurais vous dire si ce qu’il contient est la pure vérité ou le meilleur fake de l’histoire qu’il ait pu été donné d’entendre. 

 

    Toutefois, le lien avec cette fameuse épave au large de l’Italie est troublant. Et là, je parle de concret. Les disparitions, les gens ayant sombrés dans la folie parlant d’une créature marine s’emparant de leurs esprits, ce sont des faits avérés. Tout comme les rondes des gardes-côtes s’employant à ce que personne ne s’approche de l’épave, afin d’éviter d’autres drames. Si ce bateau sous les eaux est bien celui où se trouvait le Comte Mortsen lors du dernier voyage de Christophe Colomb, la créature protégeant manifestement cette épave, et l’ami ayant conduit Colomb à son périple en direction de ce qu’il pensait être les Indesn ne sont sans doute pas totalement étrangers l’un de l’autre. Je vous laisse méditer sur ça. Moi je m’en vais explorer d’autres mystères de l'histoire, que je serais peut-être amené à vous détailler une autre fois…




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