Un jour comme un autre au sein de la fondation SCP, vu de
l’extérieur. Du moins, par les yeux d’un oiseau, seul être vivant ne faisant
pas partie du personnel étant capable de trouver l’emplacement de ce lieu
hautement protégé, et ne figurant sur aucune carte. Un endroit dont l’existence
même fait autant figure d’une légende urbaine que les occupants piégés à
l’intérieur, et dont chaque membre du personnel est tenu au secret absolu, sous
peine de découvrir le sens véritable du mot « silence ». Car telle
est la loi au sein de la Fondation : aucun écart n’est permis pour
entraver le bon fonctionnement et la sécurité de ceux qui officient en son
antre. Tout membre faisant l’erreur ne serait-ce qu’évoquer les 3 lettres en
dehors des murs prend un risque que peu aurait le courage d’avoir.
Les rares l’ayant fait ont disparu de la circulation, et les
rumeurs ayant circulés à cause de ce manque de discernement inexcusable ont été
immédiatement transformés en mauvaise plaisanterie, en « fake »
honteusement stupide, par les agents chargés d’étouffer toute action entreprise
par les équipes d’intervention. Pas forcément par manque d’expérience, ce qui
serait inconcevable pour les hauts responsables de la Fondation, mettant un
point d’honneur à ce que les plus hautement qualifiés de ses troupes soient les
seuls à agir à l’extérieur des murs de ce véritable bastion sécuritaire, qui
pourrait rendre jaloux la garde rapprochée du Président des Etats-Unis d’Amérique,
ou les forces armées de Fort Knox.
Non, quand il est nécessaire de masquer la vérité aux yeux de
tous, dans leur seul intérêt, c’est dans 95 % des cas dus aux anomalies
elles-mêmes, ou d’un matériel défectueux, voire non-adapté à la capture de la
catégorie de la créature devant rejoindre les lieux de confinement prévus pour
elle. Certaines d’entre elles sont encore mal connues, et tant qu’elles n’ont
pas été étudiées sur place, à l’intérieur même d’un des centres, il est parfois
difficile d’en connaitre toute la teneur, que ce soit ses capacités, sa classe
ou son degré de dangerosité. Cela demande parfois une longue analyse de ces
anomalies dans le milieu où elles agissent, par des agents de terrain chargés
de remonter toute information susceptible de préparer au mieux les équipes
compétentes pour déterminer le ou les éléments pour appréhender ladite
anomalie.
Des experts qui étudient minutieusement, au prix de multiples
efforts, et d’une discrétion absolue, le moindre indice pouvant apporter la
plus précieuse des bribes d’informations à transmettre à l’équipe scientifique,
afin de constituer le dossier de toute nouvelle anomalie non encore répertoriée
dans l’immense base de données de la Fondation. Une base de données déjà riche
de plusieurs milliers de Tetra octets d’information sur ces créatures dont
l’origine est toujours très difficile à déterminer.
Vies en provenance d’une galaxie inconnue ?
Mutations ? Entités ayant réussi à percer la couche ou le portail d’une
autre dimension parallèle à la nôtre ? Micro-organismes échappant à toute
logique quantique ? Ou peut-être tout simplement qu’elles existaient déjà
sur Terre bien avant l’apparition de l’homme sur la planète bleue, dès la
création de ce que la communauté scientifique appelle le Big Bang, quand tout a
commencé. Le nœud du problème vient de ce manque de compréhension quant à
certaines catégories. Que ce soient des Sûr, des Euclides, des Keter ou des
Thaumiel, les 4 principales classes d’anomalies.
Les Neutralisées, bien que leur fonctionnement soit
parfaitement référencé, n’en sont pour autant pas exclues, car un changement de
comportement, une mutation, voire une anomalie ayant volontairement modifié son
comportement afin de tromper la vigilance des chercheurs, est toujours
possible. Elles restent donc sous surveillance. Quant aux Esotériques et les
autres classes « spéciales », au vu de leur particularité en attente
d’un classement dans une des 4 autres classes principales, leur analyse est, la
plupart du temps, purement théorique, et demande souvent un approfondissement
pouvant s’étaler sur plusieurs mois, mais très souvent il s’agit de
non-classes, ne pouvant prétendre au titre de SCP.
Les Expliquées, elles, ne font plus l’objet d’une quelconque
menace, et sont donc exclues de toute surveillance, car n’appartenant pas au
régime SCP. Reste bien sûr le problème des 2 Appolyon, le SCP-2317 et le
SCP-3999, à cause de leur niveau de dangerosité tellement immense, du fait de
leur potentiel d’un éventuel scénario de classe ZK-Fin de la réalité, à savoir
l’extinction de toute forme de vie et de matière, qu’ils ne peuvent pas être
confinées, et restent une menace constante pour l’humanité tout entière, et
font donc l’objet d’une surveillance de terrain toute particulière.
Au vu de tout cela, il est aisé de comprendre toute
l’attention de la Fondation SCP de ne pas prendre le moindre risque en risquant
inutilement de se voir exposé au grand jour, et permettre à des organisations
concurrentes de prendre le dessus, en se servant d’une faille pour l’éliminer
de la course à l’étude des SCP. D’autant plus que nombre d’entre elles ont des
objectifs pas toujours très clairs concernant la gestion de ces créatures, y
voyant surtout un moyen de s’incruster dans les strates des gouvernements, et
trouver une pression pour asseoir leur pouvoir. Fort heureusement, ces
organisations, bien que la Fondation coopère officieusement avec elles, restent
sous surveillance, tant que leurs idéaux ne seront pas clairement définis.
Voilà pourquoi les locaux de la Fondation, quelle que soit sa
géolocalisation, sont soumis à un protocole de sécurité très strict et élaboré,
hiérarchiquement parlant, afin de parer à toute brèche pouvant mener à une
situation de crise, échappant au contrôle interne des membres de l’O5, les 13
personnes les plus haut placées des centres de confinement, chargées de
superviser toute action des directeurs de sites et leurs subordonnés, que ce
soit l’entretien, l’administration ou la sécurité.
Pourtant, il suffit parfois d’un petit grain de sable, que
personne n’avait vu venir, pour enrayer la machinerie ultra complexe de la
Fondation SCP, au sein d’un de ces centres. Un grain de sable d’origine
humaine, comme c’est souvent le cas dans toute erreur non planifiée, de la part
de la catégorie la moins propice à réfréner ses ardeurs de curiosité, autant
que celles de prudence : les chercheurs. On pourrait penser que cette
catégorie du personnel, au vu de leur intelligence, serait à même d’être la
plus capable de savoir contrôler tous ses membres.
Mais quand l’un
d’entre eux s’avère être un esprit passionné par ses sujets d’étude, voire même
très passionné, au point qu’il en oublie les bases même du règlement auquel il
est soumis, cela peut conduire ce petit grain de sable à devenir un rocher,
dont il devient compliqué de le faire revenir à sa position de départ, si l’on peut
dire. Voici donc l’histoire d’un homme qui, par passion et sans doute naïveté,
doublé d’une prudence en-dessous du seuil de tolérance admis par la haute
hiérarchie, a créé l’une des crises les plus importantes qu’ai jamais connu la
Fondation SCP.
Ce qui a conduit à la mise en place d’une équipe
d’intervention à part, parmi les F.I.M. (Force d’Intervention Militaire), l’Unité
de Rapatriement d’Urgence (URU), afin de mettre fin, en toute discrétion, à une
évasion hors-norme, ayant permis de relâcher dans la nature, en-dehors des murs
du centre, et ce malgré leur confinement très poussé, 12 sujets. 12 anomalies
de danger différents. Parmi eux : 4 Sûr, 6 Euclides et 2 Keter.
Les 4 Sûr sont également de niveaux différents : 2 de
niveau Bleu, 1 de niveau Jaune et 1 de niveau Orange.
Les 6 Euclides se répartissent comme suit : 3 de niveau
Bleu, 2 de niveau Orange, 1 de niveau Rouge
Et enfin, les 2 Keter : 1 de niveau Orange et 1 de
Niveau Rouge
A noter que ces niveaux sont susceptibles d’évoluer pour les
SCP incriminés, suivant le lieu et les circonstances de vie où ils se
trouveront. Auquel cas, il sera possible de leur assigner un niveau de menace
secondaire.
Mais revenons à ce qui s’est passé ce jour-là, et qui
implique le chercheur de Niveau 3 : Stanley Griggs.
Le Dr. Griggs est passionné par les SCP depuis ce jour où il
a été confronté à l’un d’entre eux, le SCP-73, il y a 12 ans de ça. Il aurait
très bien pu faire partie de ces civils dont la mémoire a été effacée, ou bien
ayant été convaincu des dires des spécialistes en communication, chargés de
récupérer l’anomalie ce jour-là, suite à cette rencontre. Mais la manière dont
il a réussi à amadouer le SCP-73, parlant avec lui, parvenant même à le
persuader d’analyser son corps constitué de ce métal qui reste encore un
mystère aujourd’hui pour la Fondation, le spectrographiant, étudiant
minutieusement ses composants, et cela avec un matériel sommaire, avait
impressionné l’agent de terrain sur place.
Avant de rejoindre la
Fondation et d’être affecté au Site 17, le Dr.Griggs était spécialiste en
morpho-analyse au New York Police Department, à la fin des années 90. Pas vraiment
un choix de carrière, ayant été poussé par son père, policier de son état, à se
lancer dans cette catégorie de la police scientifique, après s’être aperçu des
talents de son fils en la matière. Et à dire la vérité, après plusieurs années,
son métier l’ennuyait. Mais il ne voulait pas décevoir son père vieillissant et
retraité, et se forçait à faire avec.
C’est là qu’il a rencontré l’agent de terrain Straxx, après
que le SCP-73 ait été emmené au poste, suite à la découverte de corps mutilés
d’un gang de rue s’étant attaqué à SCP-73. Après interrogatoire du sergent
affilié au dossier, il s’est avéré que les membres du gang s’étaient moqués de
lui, avant de s’attaquer violemment à l’anomalie, pensant qu’il s’agissait d’un
étranger perdu en ville, du fait de la couleur de sa peau, faisant penser à un
résident du Moyen-Orient.
Une rixe qui s’est déclenchée après que le chef du gang ait
demandé à SCP-73 l’origine du symbole sur son front. SCP-73 refusant d’en
parler, cela avait énervé le chef, et ce qui en suivit mit fin à sa vie et ses
subordonnés par SCP-73, bien que celui-ci ait affirmé ne se souvenir de rien de
plus de la manière dont les membres du gang furent massacrés. Ignorant son
identité, SCP-73 fut nommé John Doe, le patronyme donné aux inconnus par les
services de police américain, puis enfermé dans une cellule.
C’est par hasard que le Dr. Griggs s’est aperçu que les bras
et les jambes de SCP-73 étaient fait d’un métal curieux. Ayant eu
l’autorisation d’étudier ce dernier, avec l’accord de SCP-73, le Dr. Griggs put
mieux faire connaissance avec ce dernier. Après avoir vu les travaux de Griggs,
Straxx, qui s’était fait passer pour un agent du Gouvernement, et expliquant au
commissaire du poste que SCP-73 était un individu qu’il était chargé d’escorter
en un lieu de détention approprié, du fait d’antécédents de ce dernier dans
d’autres états, s’intéressa fortement aux compétences de Griggs.
En accord avec l’un des membres de l’O5, Straxx emmena Griggs
au Site 17, après lui avoir signifié qu’il devait renoncer à toute relation
avec sa famille et ses proches, une fois expliqué en surface que son travail et
ses compétences scientifiques seraient utiles pour la nation, bien plus que
dans ce commissariat, où il gâchait son avenir prometteur. Sur le chemin les
menant, lui, Straxx et le SCP-73, au Site 17, s’était engagé une conversation
qui allait changer radicalement sa vie…
« Avez-vous bien compris la tâche qui vous attend
désormais, Dr. Griggs ? Désormais, vous ne faites plus partie du cercle
classique des scientifiques américains. Vous devenez un membre de la Fondation
SCP. Comme je vous l’ai déjà énoncé auparavant, aux yeux de tous, vous
n’existez plus. Vous ne devez plus avoir la moindre communication avec qui que
ce soit sans l’accord du Directeur du Site 17, où je vous conduis… »
Regardant l’agent Straxx et son air impassible et sérieux,
Dr. Griggs montrait un air partagé entre l’appréhension et l’excitation…
« Oui, j’ai bien compris tout ça. Ne vous en faites
pas : vous n’aurez aucun souci de ce côté-là… Vous n’imaginez pas à quel
point vous faites de moi un homme heureux de pouvoir étudier ces… créatures
dont vous m’avez parlé. Leur diversité, leurs pouvoirs, … »
Straxx l’interrompit :
« Et leur dangerosité… Ne l’oubliez jamais… Les SCP ne
sont pas à prendre à la légère. Si certains peuvent vous sembler inoffensifs au
premier abord, ce n’est souvent qu’un leurre. La majorité d’entre eux, au
moindre faux-pas de votre part, n’hésiteront pas à vous réduire à un tas de
chair ou de cendres, suivant le cas… Et parfois même bien pire… »
« Oui, je suis parfaitement conscient de tout ça. Et
c’est justement ce qui m’attire chez eux. John Doe… Je veux dire, SCP-73 est un
cas qui m’a fasciné… Jamais de ma vie je n’avais rencontré quelqu’un comme
lui…. Si fragile extérieurement… Ignorant lui-même ce qu’il est… Et pourtant
capable de meurtres abominables… »
Straxx regarda Griggs, un léger sourire parcourant son
visage :
« C’est tout à fait ça. Ne les considérez pas comme des
êtres vivants. Ce sont des monstruosités. Des erreurs de la nature que nous
nous devons d’éloigner de la population. C’est la raison pour laquelle la
Fondation a été créée. Il peut arriver parfois que les FIM soient obligés
d’éradiquer certains d’entre eux, à défaut de pouvoir les maitriser… Certaines
factions sont même spécialisées dans ces opérations, quand une FIM classique ne
parvient pas à un résultat… Mais le but de la Fondation est de les confiner, de
les observer, afin de comprendre leur mécanisme, ce qui fait ce qu’ils sont, et
savoir comment les neutraliser, pour nous donner les données utiles servant à
contrer d’autres créatures du même type… »
A ces mots, Griggs ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur
battre encore plus fort… Il repensait à ce métal remplaçant les membres de
SCP-73, ainsi que les possibilités de ce dernier si on parvenait à le recréer
artificiellement. Les possibilités étaient infinies pour son utilisation,
pouvant assurer une quasi-invincibilité de toute forme d’armement ou de
structure habitable… Il repensait aussi à ce que lui avait dit Straxx. Que
d’autres SCP avait sur eux le même type de métal… Le Cuproberrylium… un composé
découvert sur le SCP-1216, le SCP-1427 et le SCP-2481.
Et sur le fait que le SCP-73 était connu depuis longtemps,
mais qu’à chaque fois que sa présence était détectée, celui-ci avait déjà
quitté la région au moment de l’arrivée des FIM affectées à sa capture. Les
dirigeants de la Fondation avaient un peu de mal à comprendre comment il avait
pu se laisser capturer si facilement cette fois-ci… Par des civils en plus…
L’O5 se demandait si cela ne cachait pas un stratagème de sa part. Raison pour
laquelle les compétences du Dr. Griggs seraient un élément primordial, au vu de
la relation que celui-ci a développé avec SCP-73, pour comprendre cet élément.
Plus tard, Straxx et Griggs arrivèrent au dépôt 17. Le
nouveau lieu de travail et de vie du scientifique. A partir de maintenant, il
était un rouage de plus dans la compréhension de ces créatures que sont les
SCP. Et il ne pouvait que remercier le destin d’avoir mis sur sa route aussi
bien SCP-73 que Straxx. Désormais, il vouerait sa vie à l’étude de ces
anomalies qui parsèment le monde, et le métal constituant SCP-73, l’histoire de
celui-ci, son lien avec les autres SCP ayant le même métal en lui… Tout ceci le
rendait fou d’impatience… Une fois à l’intérieur, Straxx s’adressa à lui :
« Bien. C’est ici que nous nous séparons. Je vous laisse
aux bons soins du Directeur du Site et aux autres chercheurs qui vous
expliqueront le fonctionnement de ce dernier, les différentes classes et niveaux,
les mesures de confinement à respecter, les consignes de sécurité, … Cela vous
paraîtra sans doute complexe au départ, mais vous vous y ferez très
vite… »
« Merci, agent Straxx. Je n’oublierais jamais cette
rencontre, et ce que vous avez fait pour moi. Vous auriez très bien pu me
laisser à mon sort minable, au sein de ce commissariat… »
Straxx reprit :
« Cela aurait été dommage que votre science serve à de
vulgaires enquêtes de police. Je sens que vous êtes promis à un brillant avenir
au sein de la Fondation. Mais n’oubliez pas ceci cependant : à partir de
maintenant, votre vie nous appartient. Si vous veniez à faire une faute pouvant
mener à une crise, vous devrez être très convaincant pour que la procédure
d’élimination ne soit pas faite à votre encontre. J’espère me faire bien
comprendre… Je n’ai rien contre vous… Bien au contraire… Je vous aime bien…
Mais ne me décevez pas… Auquel cas, vous verriez un autre visage que celui que
j’arbore aujourd’hui… »
A ces mots, Griggs sentit un mouvement de peur l’envahir.
Mais il comprenait que toutes ces mesures soient mises en place. Hochant de la
tête, il vit s’éloigner Straxx, avant que celui-ci se retourne :
« Peut-être nous reverrons-nous un jour, Dr. Griggs… Je
pourrais alors juger de votre évolution… Et, qui sait ? Nous pourrons
peut-être fêter ça autour d’un verre… »
Griggs, rassuré, répondit alors :
« Ce sera avec joie, Agent Straxx. »
« Vous pouvez m’appeler Kurt… Nous nous connaissons
maintenant. Et je sens que nous sommes amenés à bien nous entendre dans
l’avenir… Alors, au diable les mondanités… »
Griggs fit alors un grand sourire :
« Très bien… Kurt…. Pour ma part, je me nomme
Stanley… »
Kurt fit un sourire à son tour :
« Très bien…Stanley… A la revoyure… Et bonne chance dans
vos travaux… »
Griggs fit un geste de la main, à la fois pour le remercier,
mais aussi pour lui dire au revoir, pendant que sa silhouette s’effaçait au
lointain….
Tous ces souvenirs défilaient dans la tête de Griggs, comme
un carrousel prémonitoire. Comme un avertissement sur le fait que les deux
hommes, qui ne s’étaient revus qu’à 3 reprises ces douze dernières années,
allaient à nouveau se saluer. Les travaux de Griggs sur les différents SCP pour
lesquels il avait eu la lourde charge de veiller, avaient fait forte impression
auprès de l’O5, conformément aux attentes de Straxx.
En 12 ans, Griggs était devenu l’une des têtes pensantes les
plus appréciées de la Fondation, et 3 membres de l’O5 l’avaient même cité,
officieusement s’entend, comme sans doute l’un de meilleurs éléments que la
Fondation n’ait jamais eu. Pas seulement pour ses observations acharnées et
extrêmement précises de nombre de SCP, mais aussi sur ses avancées sur le
Cuproberrylium. Et pourtant… Une petite erreur de sa part allait l’entraîner
dans un tourbillon de désillusions… Lui montrant que malgré toute sa
« popularité », il n’en restait pas moins qu’un pion qui pouvait être
« effacé » au moindre faux pas. Une erreur qui se fit sous la forme
d’un mail reçu sur l’ordinateur de son service. Est-ce le fait du message
annonçant une découverte primordiale, illuminant ses yeux de chercheur ?
Ou bien un manque de discernement passager ? Toujours est-il que, sans la
moindre prudence, Griggs cliqua sur le lien dans le corps du texte du mail… Et
dès lors, une crise d’une énorme ampleur allait être déclenchée…
Quelques minutes à peine après que Griggs eut cliqué sur le
lien, que toutes les lumières, les ordinateurs, les portiques Tesla
s’arrêtèrent sans raison. Les armes électroniques des gardes affiliés à la zone
ne fonctionnaient plus. En fait, toute forme d’électricité avait été annihilée.
La panique s’engagea alors au sein du Site 17. Des cellules de confinement
laissèrent s’échapper des dizaines d’anomalies, certaines s’attaquant
immédiatement au personnel de classe D sur place, avant de s’en prendre aux
gardes. Cela dura à peine 5 minutes avant que le système auxiliaire soit en
mesure de rétablir le courant, et que soit déclenché le verrouillage de
catégorie I : Iota, dit « Styx », avertissant la FIM Nu-7 de
venir de toute urgence au Site 17.
Au vu de la crise, la FIM Êta-5 fut également avertie, et il
fut demandé à la FIM Gamma-5, spécialisée dans les interventions impliquant des
expositions de SCP au public, de se tenir prête à intervenir. Mais cette
dernière se trouvait déjà en mission dans une autre partie du globe, rendant
impossible son action. Quant à la FIM Êta-5, elle était également en
intervention en Amérique du Sud, en pleine jungle, et la FIM Nu-7 était
injoignable, sans qu’on en sache la raison.
Cependant, une FIM proche, la Bêta-5 réceptionna l’appel
d’urgence, et étant proche du Site 17 avertit de son arrivée imminente dans
moins d’une heure. Pendant ce temps, plusieurs morts furent à déplorer, sans
que ne fut déterminé avec exactitude les SCP responsables. Mais 2 brèches
immenses des murs du Site furent constatées, et un premier bilan put être
énoncé… C’était une catastrophe… 12 SCP étaient parvenus à s’enfuir au-delà des
murs du Site… De plusieurs catégories, et plusieurs niveaux de dangerosité…Il
fut également établi que la coupure était due à une E.M.E. Pourtant, aucun
appareil terrestre ou volant, ou un corps étranger d’une faction opposante,
n’avait été détecté aux alentours avant l’attaque…
Le silence s’installant peu à peu à nouveau au sein du Site,
permettant de rétablir tous les verrouillages nécessaires au confinement des
différentes cellules des anomalies, une enquête interne fut mise en place dans
les heures suivantes. Il fut détecté que l’E.M.E. avait pu agir suite à un
mail, ayant envoyé un signal auprès d’un satellite posté juste au-dessus du
Site 17, à l’insu de tout protocole gouvernemental. Une telle organisation fit
penser immédiatement à La Main du Serpent comme initiateur. Mais il était impossible
à l’heure actuelle de le déterminer avec précision.
Très vite, on découvrit que le mail et son lien ayant permis
l’action de l’E.M.E. venait de la zone affiliée au Dr. Griggs… Et même de son
ordinateur personnel… Malgré son statut de niveau 3, Griggs fut placé en
détention, en attendant de statuer sur son sort. Le directeur du Site avait du
mal à croire que Griggs, bien que pas vraiment fautif à proprement parler, ait
été le déclencheur d’une telle crise, à cause d’une erreur de jugement, dû à son
appétit de connaissances, du fait de la soi-disant « découverte
primordiale » annoncé dans un mail dont la provenance et la
géolocalisation ne parvenait pas à être situé.
Une heure plus tard, la FIM Bêta-5, dirigée par le Major
Finks fit son arrivée. Mais il était déjà trop tard… 16 morts furent
répertoriées, dont 4 gardes de classe C, niveau 3, et un de classe B, niveau 4.
Une perte qui allait avoir de graves conséquences sur le fonctionnement du
Site. Et les 12 SCP étant parvenus à s’échapper n’étaient pas à prendre à la
légère…
Parmi eux, il y avait 1 représentant des SCP-2863, le 206,
qui était présent au site depuis environ une semaine, afin d’étudier les
cellules propres au gigantisme de son espèce. Ainsi que le SCP-096, et le
SCP-939-53… Il était évident que ces 3 anomalies, au vu de leur force et leur
caractère incontrôlable était responsable de l’écroulement des murs et d’une
grande partie des morts du Site.
La liste des autres SCP évadés a été fournie au Major Finks,
en charge de poursuivre ceux-ci, et de procéder à leur capture, avant de les
ramener à un autre Site, le temps que les réparations et examens du Site 17
soient effectuées. A cette occasion, le nom de la formation passa de FIM à
celui d’URU. Dans le même temps, l’agent Straxx, ayant été tenu au courant de
l’implication du Dr. Griggs a été chargé d’interroger ce dernier, afin de
déterminer ce qu’il conviendra de faire le concernant, du fait de sa faute
grave. Mis au courant, l’un des membres du O5 s’est prononcé pour son exécution
pure et simple, mais dans le même temps, au vu des compétences du Dr. Griggs et
la quantité de données dont il est la source grâce à ses observations, les
autres membres ont demandé à l’agent Straxx de déterminer ce qu’il convenait de
faire, sachant son amitié pour lui.
« C’est vous qui allez interroger
l’incompétent ? »
Straxx regardait l’interlocuteur qui venait de lui adresser
la parole, reconnaissant en lui le Major Finks :
« Vous êtes dur, Major… Je reconnais que l’erreur du Dr.
Griggs est difficilement excusable, mais n’oubliez pas ce que la Fondation lui
doit… »
Le major Finks se mit à rire nerveusement :
« Vous êtes tous pareils… Qu’un soldat meure sous les
coups d’une de ces saloperies, ça n’vous fait ni chaud ni froid… Mais quand il
s’agit d’un chercheur, vous lui trouvez toutes les excuses possibles pour ne
pas l’éliminer… Osez me dire que si ça avait été un garde ou un gars de
l’administration, il ne serait pas déjà à 6 pieds sous terre… »
Straxx baissa les yeux quelques secondes, avant de
rétorquer :
« Je comprends que votre passé vous provoque un manque
de discernement sur certaines choses… Je sais ce que vous avez dû endurer à
cause des SCP…Et que vous vous en voulez de n’avoir pas su protéger votre
famille ce jour-là… Mais ce n’est pas une raison pour vous en prendre à ceux
qui tentent d’éradiquer le mal… »
Finks sembla montrer des signes d’énervement :
« Je vous interdis de me parler de ma famille !
Vous ne savez pas ce qui s’est passé… Ce que j’ai dû endurer… à cause de ces
monstres que vous vous entêtez à étudier… Pour moi, tous les SCP devraient être
détruits purement et simplement ! »
Straxx montra à nouveau un visage compatissant :
« Ecoutez Major, nous avons tous notre manière de voir
les choses, mais ne laissez pas vos ressentiments prendre le dessus. Vous êtes
chargé de rattraper les 12 SCP qui se sont enfuis. Et je vous conseille fortement
de modérer vos propos concernant vos supérieurs et les méthodes dictées par la
Fondation, ainsi que leurs choix… »
« Leurs choix ? Parlons-en de leurs choix… Je suis
persuadé que votre amitié envers Griggs a fait peser la balance auprès des
grands manitous de l’O5 »
Straxx se mit à devenir plus énervé :
« Cela suffit Major : vous allez trop loin.
Contentez-vous de rester à votre place, et de suivre les directives. Comme tout
bon soldat…Quant à Griggs, il va falloir apprendre à vous habituer à lui, parce
qu’il va vous accompagner sur le terrain… Conformément à ma demande. C’est la
raison pour laquelle je dois m’entretenir avec lui… Soit il accepte de faire
partie de votre escouade, afin de rattraper sa bourde, soit je ne pourrais rien
faire pour lui… »
Le Major Finks crut s’étouffer à cette nouvelle :
« Quoi !! C’est une blague ? Je vais devoir me
coltiner ce petit apprenti sorcier de mes deux ? Vous êtes au courant
qu’on n’va pas chasser les Pokémon ? Non seulement il va gêner nos
actions, mais en plus, j’peux pas blairer les chercheurs… »
« Je vais vous dire comme je vais dire au Dr.
Griggs : c’est soit vous obéissez aux ordres, soit vous connaissez ce qui
suivra… »
« C’est une menace ? »
Straxx fixa le major Finks dans les yeux, signifiant sa
détermination, avant que ce dernier reprenne :
« Ok, ok. Je me résigne… Mais ne vous attendez pas à ce
que je sois tendre avec lui… »
Alors que Straxx se dirigeait vers la pièce où était détenu
le Dr. Griggs, le major Finks rajouta :
« Je sais pas quel rôle exact vous avez au sein de la
Fondation… J’ai comme dans l’idée que vous êtes bien plus qu’un simple agent de
terrain aux yeux de l’O5, pour qu’ils acceptent de vous vos petites manigances…
Et un jour, je finirais par tout mettre à jour, soyez-en certain… »
Straxx sourit à nouveau :
« Je n’en doute pas Major… Mais ce jour-là est encore
loin d’arriver… »
Laissant le Major Finks sur place, Straxx se rendit donc au
lieu de détention du Dr. Griggs pour lui signifier la décision de l’O5 le
concernant. Ce dernier eut bien quelques réticences, indiquant que c’était sa
soif de connaissance qui l’avait fait agir sans prudence. Mais qu’il se
conformerait aux ordres sans résistance de sa part. Ce à quoi Straxx lui
sourit :
« C’est bien… Stanley. C’est un peu dommage de se revoir
dans ces conditions… Mais je tiens à ce que tu saches que sans moi, il n’y
aurait sans doute pas eu cette conversation… Je sais que tu es un homme bien,
et que tu t’en sortiras avec le Major Finks. Il a une dent assez prononcée
contre les SCP, contrairement à toi, et contre les chercheurs aussi. Je préfère
te prévenir à l’avance… »
« C’est ce que j’ai cru comprendre quand tu m’as parlé
de mon « affectation » … Mais je ferais avec… Pas le choix… On ne
peut pas laisser ces créatures dehors. Et si je peux permettre d’aider à les
reconfiner, je m’acquitterais de ma tâche… »
Straxx sourit :
« C’est parfait… Alors je te souhaite bonne chance dans
cette mission. Tu en auras besoin, crois-moi. Je ne connais pas encore
l’identité complète des 12 SCP qui se sont enfuis, ne m’étant pas encore
entretenu en détail avec le directeur du Site, mais je peux t’assurer que les
compétences du Major Finks et de la FIM Bêta-5… Enfin, je veux dire l’URU
dorénavant, sont très hautes. On avait pensé à d’autres formations, mais
certains imprévus ont fait qu’on a dû faire quelques concessions »
« Je comprends. Ne t’en fais pas… Et je te remercie pour
ce que tu as fait pour moi… C’est la 2ème fois que tu me sauves des
foudres de la Fondation. Même si la dernière fois, c’était nettement moins
grave qu’aujourd’hui. Je n’arriverais jamais à te rembourser ma dette envers
toi… »
Straxx se leva, lui
signifiant qu’il était temps de rejoindre le Major Finks et de partir vers
cette aventure particulière, tout en lui assurant que c’était ce que faisait
les vrais amis, et qu’il n’avait pas à s’excuser…
Plus tard, le Dr. Griggs fut présenté au Major Finks par
Straxx. Ce dernier regarda le docteur comme s’il s’agissait d’un ennemi à
juger, puis il indiqua qu’il fallait partir dès maintenant. Les SCP dans la
nature ne les attendraient pas. Et pendant que Straxx le regardait partir, le
Dr. Griggs se demandait ce qui allait l’attendre une fois dehors. Lui qui, en
12 ans, n’avait que très rarement sorti hors des murs du Site 17. Il espérait
que ses compétences seraient à même d’aider le Major Finks à appréhender le
mieux possible les évadés. Tout en faisant du mieux possible pour ne pas à
avoir à les annihiler.
Il connaissait les
ressentiments du Major Finks concernant les SCP, et il savait qu’il devait
s’attendre à de nombreux affrontements verbaux de sa part, au vu de l’opposition
que les deux hommes nourrissaient. Mais c’était le prix à payer pour réparer
son erreur monumentale. Dehors, 12 SCP de différentes classes et niveaux
étaient sur le point de causer des dommages collatéraux dont il était difficile
de mesurer l’ampleur à l’heure actuelle. Et une coopération entre lui et le
Major Finks, bien que houleuse, était primordiale pour que des civils n’en
supportent pas les conséquences….
FIN de
l’épisode 1
A suivre….
Publié par Fabs