Toute cette histoire a débuté comme un rêve. Le genre de rêve dont on aimerait qu’il le reste, sans connaitre la vérité se cachant derrière ses atours. Toute cette beauté qui semblait s’être construite de manière tellement irréelle que même nos fantasmes les plus fous n’auraient pu la concevoir. Elle s’appelait Maria. Une beauté aux allures de perle noire qui avait fait irruption dans ma vie de manière impromptue. Vous savez toutes ces belles histoires qu’on voit au cinéma ou à la TV, un amour entre un homme et une femme qui s’attirent l’un et l’autre dans un cadre idéal. Une terrasse de café, les couloirs d’une société de publicité, un hôtel de luxe… Vous voyez le tableau ? Eh ben, Maria et moi, ça n’a pas été comme ça du tout. C’était même tout le contraire. Au début, elle me détestait, comme la plupart des blancs qui l’avait approchée, elle et sa famille. Une haine raciale qu’elle avait développée à cause des évènements de l’affaire Marquette Frye, du 11 août au 17 août 1965, à Los Angeles. Des émeutes causant pillage et incendies de commerce dans les quartiers noirs de Watts et South Central, ayant fait sombrer l’Amérique dans la terreur pendant 6 jours.
En cause : l’arrestation musclée d’un jeune noir et sa mère par des policiers blancs zélés. Leur excuse étant qu’il soupçonnait le jeune Marquette Frye de conduite en état d’ivresse, précisant qu’ils l’avaient suivi pendant que celui-ci se promenait en voiture, et avaient choisi de lui passer les menottes, juste devant son lieu d’habitation. Sa mère est sortie pour défendre son fils, et s’est retrouvée, elle aussi, conduite au poste, pour violences envers des représentants de l’ordre. Une injustice dont personne n’était dupe sur le véritable motif de l’arrestation. La couleur noire de Marquette et sa mère. Maria a connu ce tremblement médiatique. Sa famille et elle vivait à Watts, véritable ghetto pour les noirs, sous ses allures de quartier de vie comme les autres. Devenue orpheline des années plus tard, elle a pu se trouver un emploi lui permettant d’obtenir une maison dans un quartier résidentiel, loin de la cité des Anges, qui n'avait rien du Paradis désigné par son nom, mais ressemblait plus à l’enfer. Un quartier à New York où elle dut subir un autre enfer, étant la cible régulière des attaques racistes de ses voisins.
C’est d’ailleurs par suite d’un pétage de plomb de sa part, ne supportant plus les frasques de sa voisine directe, celle-ci prenant plaisir à la harceler, quand elle ne se servait pas du jardin de Maria comme dépotoir improvisé pour jeter ses ordures, que je suis venu à la rencontrer la première fois. Vous voyez les scènes où on voit un futur couple avoir un coup de foudre dans les films romantiques ? Eh ben, j’ai ressenti la même chose au contact de Maria. Pourtant, ce n’était pas vraiment réciproque. J’admirais sa force de caractère et son courage, face à des ennemis qui était son quotidien. Moi et mon collègue on tentait de la calmer, alors qu’on venait de la séparer de sa chère voisine, lui occasionnant de graves griffures au visage et aux bras, et ayant causé un appel téléphonique à nos services de la part de ses « adeptes » blancs du quartier. C’est moi qui l’ai auditionnée au poste. Essayant de démêler le vrai du faux dans ses propos, canalisant sa colère du mieux que je pouvais. Je pense que c’est ma patience et ma compréhension qui ont fini par la faire changer d’avis sur ce que je représentais. Et dans le même temps, de mon côté, j’apprenais à mieux la connaitre, mon admiration pour elle devenant quelque chose de plus fort.
Au bout d’un moment, elle ne voyait plus un flic blanc forcément raciste, ayant obéi aux dogmes de l’Amérique toute puissante, mais un simple homme qui usait de tout son pouvoir pour l’aider à la sortir de la situation compliquée dans laquelle elle se trouvait. Par la suite, j’ai réussi à obtenir un compromis. Ayant contacté son propriétaire très compréhensif, il l’a fait déménager vers un quartier plus tolérant à la diversité de ses voisins. Un cadre idéal pour tout noir à cette époque, qui normalement était réservé à une certaine élite. Maria a été très touchée par ce geste, et c’est ainsi que notre relation a débuté. Ce que j’ignorais, c’était que Maria était pleine de secrets et de surprises, et qu’elle serait bientôt au centre d’une véritable bombe sociale qui allait secouer New York, la communauté gay et les clubs « spéciaux » de la ville. Un univers que j’allais découvrir bien malgré moi, me plongeant dans les frasques sadomasochistes et échangistes, où gay, lesbiennes, hétéros et bisexuels se fondaient, et le mot n’est pas trop fort, dans un paysage urbain, loin de se douter du cauchemar en devenir à plusieurs niveaux. Et encore plus pour moi pour d’autres raisons.
A ce stade de l’histoire, vous devez vous demander : bon, il est bien gentil là, mais c’est quoi le rapport entre son histoire d’amour avec Maria et les clubs aux pratiques sexuelles particulières de New York ? Alors, il est temps de rentrer au cœur du sujet, après ce petit préambule qui était nécessaire pour que vous compreniez mieux la suite de mon récit. Pour des raisons qu’il vous sera aisé de comprendre, et dans un souci de confort pour Maria, j’ai quitté mon travail de policier peu de temps après l’officialisation de notre union. Je sentais bien la désapprobation de mes collègues policiers, et cela m’insupportait. D’autant qu’à l’époque, les mariages entre deux ethnies différentes était la cible de préjugés racistes forts, même si la plupart ne le disait pas ouvertement. Mais leurs regards, leurs attitudes, en disait suffisamment long pour se passer de mots.
Alors, j’ai changé complètement de cap et d’ambiance. J’ai bossé dur et j’ai répondu aux sirènes de mon enfance, qui me dictaient de me lancer dans le monde de la médecine. J’étais devenu policier à cause de mon père, ancien sergent réputé, et fierté de la police de New York, mais ça n’avait jamais été ce que je voulais. Maria m’a décidé à voler vers mes vrais choix, supportant mal, elle aussi, de voir ma mine fatiguée et abattue quand je rentrais le soir, après mon service, à cause des paroles blessantes anti-noirs proférées par mes collègues, y compris mon supérieur, clairement dirigées vers moi et mon épouse. Je vous dispenserais de vous dire de quelle manière ils s’amusaient à décrire notre mariage, et sans même prendre la peine de le dire à voix basse. Dans le seul but de me blesser. Malgré tout, mon expérience d’enquêteur au sein de cet environnement hostile à la nouvelle vie que j’avais choisi m’a été utile.
Mes dispositions pour démêler des indices m’a permis d’avoir un poste au sein du CDC de New York. Pour ceux qui ne le savent pas, le CDC, c’est l’Agence chargée du contrôle et de la lutte contre les maladies de toutes sortes. Ça implique aussi les virus et les attaques terroristes biologiques. Cela a été long et compliqué pour acquérir le savoir médical nécessaire à ma nouvelle fonction, mais j’ai beaucoup été aidé dans cette tâche par Maria et sa grand-mère, qui me faisant bénéficier de leurs connaissances. La famille de Maria m’adorait. Pour eux, j’étais le miracle dont avait besoin l’Amérique. Je les comprenais, j’adoptais leur style de vie, leur culture, comme jamais ils n’auraient cru qu’un blanc était capable de le faire. Et surtout, j’acceptais un autre mode de vie propre à Maria, ainsi que des mœurs sexuelles à part. Je ne vous cache pas qu’au départ, j’étais un peu réticent quand elle m’a annoncé ce secret. Mais je l’aimais tellement que je pouvais accepter tout et n’importe quoi pour elle. Même ce qui pourrait être considéré comme l’impensable pour beaucoup, en termes de vie commune.
Maria était bisexuelle, et d’un commun accord, nous avons adopté une forme de vie de couple libre. Je pouvais avoir des aventures avec d’autres femmes, et elle faisait de même de son côté. Hommes ou femmes, selon ses envies. Nous nous concertions quand l’un ou l’autre avait besoin de l’appartement pour accueillir les partenaires d’un soir, pendant que l’autre se rendait à l’hôtel, chez des amis ou dans la famille. Je ne sais pas si c’est mon caractère curieux qui a joué, mais j’ai exprimé mon désir de participer aux fantasmes de Maria certains soirs. Des nuits torrides, où j’ai découvert mon penchant commun avec celle que j’aimais pour le même sexe que le mien. Oui, j’ai aimé aussi des hommes. J’ai caressé leur peau, me laissant pénétrer en puissance, y trouvant un plaisir que je ne pensais pas ressentir.
J’ai goûté des sexes aussi bien masculins et féminins, enfoncé ma langue dans la bouche d’hommes et femmes de tout âge, jeunes comme plus usés par la vie, recherchant aussi l’extase du frottement des corps dans un firmament de cris, d’orgasmes euphorisants et de draps souillés de foutre, de sperme et de salive. J’ai découvert un monde qui me remplissait d’allégresse à travers les clubs particuliers de New York. Adoptant des tenues de cuir, parsemés de décorations pointues, endoctriné par un maelstrom de lumières flashy où mon corps subissait tous les outrages possibles pour un homme, et même plus encore que vous ne pouvez l’imaginer. Seins, queues et culs étaient devenus mon quotidien. Je me faisais lécher le corps, mordre les tétons avec délectation, masturber délicatement par des expertes du sexe. Les cravaches, boules baillons, godes en latex ou en silicone agrémentaient cette nouvelle vie de débauche sexuelle, où Maria m’avait entrainé. Chaque soir était une nouvelle expérience sexuelle de haut niveau, où je découvrais toujours plus de pratiques élevant mon niveau de plaisir, d’accessoires tous plus excitants les uns que les autres, et m’offrant des heures de plaisir non dissimulés.
Peut-être que je vous choque ? Peut-être que certains d’entre vous ont du mal à concevoir comment un hétéro de départ tel que moi ai pu, avec autant de facilité, devenir un habitué de ces lieux. J’ai moi-même été surpris de voir que ce monde me procurait autant de sensations exquises et pénétrantes, dans tous les sens du mot. Mais dans ces moments-là, je n’étais plus moi : je devenais un animal obnubilé par le sexe et tous ses attraits, et plus rien d’autre n’avait d’importance. Cela ne m’empêchait pas de continuer à satisfaire Maria chez nous. Parfois seuls, parfois à plusieurs. La vie tout entière de notre couple était liée à l’érotisme brut, au bondage extrême, et même d’autres pratiques qu’il me serait difficile de vous expliquer sans que vous ressentiez sans doute une gêne profonde. Là encore, l’utilisation de ce mot n’est pas innocente, pour décrire tout ce que j’ai pu vivre avec Maria.
Je n’en oubliais pas pour autant mon activité toute nouvelle d’agent du CDC. Mais très bientôt, mes pratiques sexuelles au sein des clubs gays et sadomasochistes, mes changements de partenaires dans ceux pratiquant l’échangisme, aussi bien hétéro que les autres formes de couples, allaient se trouver liées de très près à l’affaire qui me fut confiée. Me faisant découvrir un autre monde que j’aurais cru n’appartenir qu’au folklore fantastique existant dans les légendes chères au cinéma d’horreur. Une maladie étrange avait été détectée par nos services depuis quelque temps. Les symptômes étaient proches de maladies communes : fièvre, fatigue, frissons, maux de gorge importants, maux de tête, douleurs articulaires, enflure des glandes. Mais le grand nombre de cas étant liées à des pratiques sexuelles importantes, incluant des changements de partenaires fréquents, et sans protection aucune, laissait penser au CDC qu’on avait affaire à une épidémie d’un nouveau genre.
La majorité des personnes atteintes fréquentait les clubs gays et sadomasochistes, d’où la suspicion que cette communauté, en tout cas l’un de leurs membres, était à l’origine de cette maladie en pleine expansion. Les cas se multipliaient, et les préjugés de l’époque étant ce qu’ils étaient, nombre de nouveaux « gourous » se disant « protecteurs du bien-pensant de l’église », et s’affirmant protectionnistes d’une morale perdue en Amérique, profitèrent de l’occasion pour établir un lien direct entre la communauté gay et cette maladie nouvelle et hautement infectieuse. Bien que l’information fût cachée aux yeux du grand public, les hétéros étaient aussi touchés. Des campagnes anti-homos très virulentes fleurissaient alors, prônant l’éradication pure et simple de ces pratiques « anormales ». Certains faisaient même remonter à la surface les pratiques moyenâgeuses punissant les coupables de sodomie à une époque où les pratiques sexuelles de ce type étaient encore plus réprimées.
Et ces nouveaux « seigneurs » ne se gênaient pas pour demander la fermeture des clubs, et de faire mettre aux arrêts, aussi bien les clients de ces lieux, mais aussi leurs propriétaires, quasiment suspectés chez certains d’être des suppôts du diable dans les milieux ecclésiastiques les plus farouches et intolérants. Aucun de ces camps ne semblaient envisager d’autres pistes, comme des sources animales ou végétales, l’émanation de produits toxiques industriels, ou la propagation par les vents du résultat d’une réaction chimique propre à des éléments contraires, et inconnus par la science jusqu’alors. Non, pour tous ces soi-disant défenseurs de la santé publique auto-proclamés, seule la communauté gay était coupable, sans vouloir entendre d’autre explication.
En fait, la vérité était bien plus fantastique, et j’allais la découvrir au sein d’une demande d’inspection et d’examen au sein d’un club où j’avais l’habitude d’aller, que ce soit seul ou avec Maria. Un club qui était en apparence un simple cabaret spécialisé dans les spectacles de drag queens. Mais cachant dans ses sous-sols un paradis de l’échangisme, où couples de tous bords s’adonnaient à des plaisirs intenses, s’affichant au travers de vitrines où de simples spectateurs, moyennant le versement d’une somme conséquente au tenancier de l’établissement, venaient observer les ébats torrides et sans tabou d’hommes et de femmes. Pratiques sadomasochistes, parties à 3 ou 4 partenaires, humiliations, avec même des sections réservées aux déflorations de la part de jeunes vierges voulant avoir un souvenir impérissable de leur première fois, et payant un supplément pour que la perte de leur virginité soit filmée pendant qu’elles subissaient l’assaut d’hommes faisant partie du personnel du club, dont c’était la spécialité. Les puceaux avaient droit aussi aux mêmes avantages, que ce soit par des hommes ou des femmes.
Ce club, c’était le centre des plaisirs extrêmes, de la dépravation dans toute sa splendeur. Un cirque où les hommes et les femmes régressaient à l’état de bêtes repoussant toutes les limites des pratiques sexuelles. Nombre des habitués se connaissaient bien, et même très bien, se voyant même à l’extérieur après une première expérience hot et parfois brutale, à la demande de ceux et celles s’y adonnant. Ils et elles vivaient exclusivement pour le sexe, et tout autre activité considérée comme « normale » de la part de ceux et celles ne comprenant pas ce mode d’existence, comme aller au cinéma, avoir un rendez-vous romantique dans un restaurant, ou encore se contenter de se câliner de manière prude sur les bancs d’un parc public, ne faisait pas partie de leur mode de conduite. Et c’est au milieu de ce couloir dont les vitres montraient tout l’interdit refusé par les « outrés » du monde extérieur au club, que je vis la première fois quelque chose que je crus d’abord être le fruit de mon imagination.
Bien sûr, je dois préciser que j’ai caché au CDC m’employant mes pratiques au sein du même type de club, dont celui-ci, que j’ai fréquenté assidûment pendant une longue période avec Maria. Quand j’ai eu connaissance de la recrudescence de cas et la vague anti-homo, déjà qu’elle et moi on restait prudent auparavant, pour éviter toute attaque directe de la part des détracteurs de nos pratiques, on a renforcé notre méfiance, et aussi nos protections. On ne l’a pas toujours fait, et rien ne disait qu’il n’arriverait pas un moment où nous verrions apparaitre les symptômes de ce nouveau mal insidieux. Mais avec ça, c’était devenu primordial. Pour en revenir à ce que j’ai vu, je ne sais pas comment le décrire, tellement ça semblait complètement fou. Je ne pouvais pas me frotter les yeux, à cause de la combinaison de protection obligatoire que je portais lors de notre inspection, cette dernière ayant été demandée par le maire de New York, et pour répondre aux craintes des habitants de la ville.
Mon collègue, quelqu’un de très prude et issu d’une famille catholique, avait du mal à cacher son malaise de se trouver à l’intérieur de ces territoires de la débauche et du plaisir sexuel sous toutes ses formes, comme il me l’avait fait remarquer pendant le trajet nous y ayant mené. Le propriétaire nous avait alloué une petite pièce spécialement pour procéder aux examens des clients présents. Il avait fait une annonce, par haut-parleurs interposés, et présents dans toutes les salles du plaisir, le nom donné aux pièces, indiquant que toute activité devrait cesser dans l’heure, à la demande du CDC. Tous les habitués devraient se soumettre à un examen approfondi, afin de détecter ceux et celles pouvant montrer des symptômes de la maladie. Bien que certains et certaines montrèrent un peu de réticence à cette idée, toutes et tous donnèrent leur accord. Soit par hochement de tête, du fait de leur position leur empêchant toute autre forme de réponse, soit par signe de la main.
Chacun des habitués étaient au courant de la situation, et comprenaient parfaitement la position du patron. Un refus d’obtempérer pouvait signifier une fermeture nette et définitive du club, privant tout le monde de leur activité favorite au paradis du sexe. Sans compter les nombreux employés qui se retrouveraient sans travail par suite de cet arrêt du club. Par souci de solidarité, chaque habitué se conformait donc, une fois interrompu leurs « petites affaires » dans les délais demandés, à se rendre tour à tour dans la salle. Moi, j’étais encore sous le choc de ce que j’avais vu dans une des salles du plaisir. L’un des occupants, n’était pas humain… ça avait bien une apparence humanoïde, mais dépourvu de cheveux sur le crâne. Celui-ci se parait d’oreilles à la forme très étrange. Presque inexistantes, se réduisant à un orifice presque collé aux contours du visage. La peau du corps était de couleur grise, avec des nuances marrons parfois.
Certaines parties, notamment au niveau du sexe, étaient pourvues de poils tombants, épousant la forme des testicules. Ces dernières étaient de forme allongée, un peu de la teneur d’un kiwi, et le sexe lui-même était d’une grosseur bien plus large qu’un pénis dit « classique », et d’une longueur qui, à première vue, dépassait tout ce que j’avais pu voir chez un partenaire homme. D’autres zones, comme le coccyx, et la base du cou, montraient aussi des surfaces poilues. Les mains et les pieds étaient semblables à ceux d’un humain, si ce n’est qu’il y avait une sorte de protubérance de peau au-dessus de chacun des doigts de pied, absentes de ceux des mains. Et surtout, on voyait nettement une courte queue à la base du dos. Elle se dressait, et semblait n’être constituée que d’une seule vertèbre, et pourvue à son bout d’une sorte de deuxième phallus, aussi incroyable que ça pouvait être. Mais c’était bien ça : cette « chose » avait deux pénis.
Je regardais mon collègue devant qui semblait n’avoir rien remarqué, et continuait d’avancer comme si rien ne semblait anormal. Bien que révulsé à l’idée de ce qui se pratiquait ici, je l’avais vu malgré tout porter le regard à plusieurs reprises vers les vitrines. Il a même fait un signe de croix sur sa combinaison à un moment, comme pour se protéger des « impies » des lieux sans doute. Et pourtant, il n’a eu aucune réaction à la vision de cette bête, cette créature, je ne sais pas trop comment la désigner. Je semblais être le seul à la voir. Ce que je ne comprenais pas. Quelle particularité pouvais-je avoir en moi pour que je puisse bénéficier de cet « avantage » de vision ? Je tentais de me persuader que c’était mon imagination qui me jouait des tours, et accélérait le pas, suivant mon collègue. Plus tard, à chaque « patient » examiné, je ne pouvais m’empêcher de me demander si la créature aperçue auparavant allait faire son apparition en ouvrant la porte à son tour, et si je parviendrais à masquer mon étonnement à mon collègue.
Mais je ne vis rien. Après tout, c’était peut-être bien une hallucination que j’avais. Ou bien la véritable apparence de cette créature ne pouvait m’être visible que lors de ses actes sexuels. Peut-être que dans ces moments-là, cette créature se laissait aller à sa vraie nature, et ne pouvait pas masquer ses attributs bestiaux à quelqu’un comme moi. Ce qui revenait à me demander pourquoi j’avais cette faculté d’être le seul à pouvoir être témoin de la véritable forme de cette créature. Quelle était son origine ? Pourquoi était-elle dans ce club ? Pourquoi avait-elle besoin des humains pour satisfaire ses besoins sexuels évidents ? J’avais vu l’expression de son visage, et elle montrait les mêmes signes que n’importe qui prenant plaisir à copuler. Une satisfaction propre à toute personne sur le point de libérer une jouissance liée à l’acte sexuel. Le sourire qu’elle affichait à ce moment était très significatif. En ce sens, elle se rapprochait de tout être humain. Était-ce une activité à laquelle elle s’adonnait régulièrement ? Ou bien était-ce plus rare ? Mais surtout, la question principale que je me posais, c’était : est-ce que cette créature était liée à la maladie qui se propageait sur la ville, et y’en avait-il d’autres comme elle à New York ?
Ça pourrait expliquer tellement de choses… L’apparition soudaine et inexpliquée de cette maladie inconnue, sa faculté à se propager de manière aussi exponentielle… Je savais que je tenais peut-être une piste. Mon instinct de policier me le faisait sentir. Mais je ne pouvais parler de ça à personne. D’abord parce que comme j’étais le seul à voir ces créatures, et apparemment, uniquement pendant leurs actes sexuels, je ne trouverais aucun interlocuteur qui ne me prendrait pas pour un fou. Et en ça, je ne pourrais pas les blâmer. Moi-même, si j’étais à leur place, je n’y croirais pas non plus, sans preuve de ce que j’avançais. Et ensuite, en supposant que quelqu’un me croirait, quelqu’un qui aurait peut-être aussi été témoin de la présence de l’une de ces créatures, le fait que l’info puisse se propager de manière étendue, cela entraînerait des conséquences. Tombant dans des oreilles incrédules ou au contraire trop impatiente de tout révéler, car trop heureuse de ne pas être la seule sachant cette découverte, je prenais le risque d’alerter ces créatures. Et elles pourraient se montrer plus prudente quant à leur présence dans les clubs. Car j’étais persuadé qu’il y en avait d’autres, et qu’elles fréquentaient très souvent ces lieux.
Je devais découvrir pourquoi. Je devais savoir si c’était elles qui diffusaient cette maladie, et pour quelle raison ? Était-ce seulement volontaire ? Ou étaient-elles ignorantes de leur propension à propager ce mal ? Sans oublier que je devais savoir s’il y en avait dans d’autres villes… Car dans ce cas, New York n’était peut-être que le début d’une pandémie en devenir. Je devais rassembler des informations suffisantes pour savoir comment réagir, explorer d’autres clubs, tenter de suivre l’une d’entre elles, afin de savoir leur mode de vie, leurs habitudes. Si elles étaient en couple, leur alimentation, l’environnement dans lequel elles vivaient. Je savais que ce serait une enquête difficile et fastidieuse, mais je ne pourrais la mener que seul. Même Maria ne devait rien savoir. Cela me coûtait de lui mentir, alors que je ne l’avais jamais fait, mais je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas prendre le risque qu’elle me regarde comme un dément, et que cela brise notre relation, nos passions, nos parties de sexe qui me donnaient tant de plaisir. Non, je ne pouvais pas mettre en danger tout ça. J’étais décidé à aller au bout du but que je venais de me fixer, en dehors de mes activités au sein du CDC, et sans en parler à quiconque. Surtout pas à Maria…
Les soirs suivants, j’ai dû user de mon talent de dissimulateur naturel de mensonges, grâce à mon expérience policière, une très bonne école en la matière. Expliquant à Maria que j’étais sur une piste sérieuse concernant cette maladie, mais que j’étais tenu au secret confidentiel de la part du CDC, et que ça m’obligeait à ne pas pouvoir lui dire où je me rendais pour mon enquête. D’autant que celle-ci était d’un caractère officieux, pour éviter que les groupes anti-homos s’incrustent, et se servent d’éléments de preuve pour étayer en public leur lynchage médiatique de la communauté gay qu’ils désignaient comme coupable unique. Bien qu’anxieux de la réaction de Maria, celle-ci, bien au contraire, comprenait parfaitement, et m’encourageait à aller au bout de mes idées, si cela permettait de discréditer les thèses homophobes d’une grande partie de la population newyorkaise. Et rajoutant, avec espièglerie, qu’elle me raconterait tout en détail les parties de jambes en l’air qu’elle se ferait une joie de pratiquer en mon absence. Précisant qu’elle ferait peut-être des vidéos, juste pour que je puisse juger de ce que je ratais. Avec des gros plans sur les séquences les plus chaudes et concernant l’anatomie de ses nouveaux joyeux compagnons.
Je dois avouer que je détestais parfois Maria quand elle faisait ça. Ce plaisir à tenter de provoquer chez moi une érection visible, me faire monter la sève, en sachant que je ne pourrais la déverser quelque part, en dehors d’une rue déserte, à l’écart de toute vie, afin de satisfaire l’excitation procurée par l’évocation de nouveaux corps à explorer. Mais cela faisait partie de son charme aussi, et quelque part en moi, cela contribuait à la rendre encore plus désirable, et me donnait une excuse pour lui donner des punitions pleines de malice, une fois toute cette affaire résolue. Des sévices où cuir, latex et jolis jouets à base de menottes et autres accessoires sexuels s’enfileraient à la chaine sur son corps offert. Quoi qu’il en soit, mon opération « recherche de la vérité » commençait, longue et laborieuse, pendant que les nouveaux cas de victimes de la maladie remplissaient les journaux, et étaient étalés dans des émissions sordides, où la communauté gay et lesbienne se retrouvait souillée en permanence, accusée de tous les maux possibles. Les actes homophobes étaient en augmentation constante. Dégradations de commerces, de clubs, agressions gratuites sur des couples, attaques verbales par l’intermédiaire des show radios et TV… Tout y passait, et il devenait de plus en plus difficile de vivre ses préférences sexuelles au sein d’une société qui avait pris les clubs gays et sadomasochistes comme cibles privilégiés de leur haine viscérale, et leur incompréhension d’un mode de vie qu’ils rejetaient en bloc.
C’est dans ce cadre que je devais trouver des indices, soumis moi aussi à cette chasse aux sorcières bien plus terrible que Salem et le maccarthysme réunis. Une véritable mise à mort d’une communauté, dont les défenseurs étaient mis dans le même sac, subissant eux aussi des attaques en règle. Une semaine passait sans résultat, explorant les clubs que je fréquentais régulièrement avant cette crise, et dont je m’étais éloigné quelque peu. Par peur d’y être vu, plus que par crainte de la maladie, ce qui aurait pu donner l’occasion à ceux et celles connaissant mes goûts sexuels d’offrir des images de moi en spectacle aux nouveaux prophètes de la bienséance et de la moralité sélective, ces derniers envahissant tous les écrans de l’Amérique. Finalement, je fus récompensé. Lors d’une séance de triolisme enflammée dont j’étais le centre, je vis un de mes partenaires du moment revêtir sa vraie apparence, alors qu’il pratiquait sur moi une fellation que je pourrais relater de divine.
Me retrouver au centre de l’action, c’était la méthode que j’avais choisi pour mieux déceler ces créatures se cachant parmi nous, succédant les séjours au « paradis du sexe » où j’avais vu la première fois l’une d’entre elles, mais aussi dans la grande majorité des autres clubs. Une manière d’allier plaisir et enquête, et ce fut pour moi une façon de pallier l’absence de rapports charnels et torrides avec Maria et ses invités nocturnes, lors de ses soirées sans ma présence. Certains diraient que c’est une méthode un peu facile de justifier mes actes, mais Maria et moi avions depuis longtemps franchi le cap de la jalousie, par notre mode de vie, où le sexe était le centre d’attraction passant avant le reste. Je savais que Maria n’était pas dupe : elle savait que mon enquête pour trouver la vérité au sujet de ce mal passait par des visites régulières dans les clubs qu’elle m’avait fait découvrir. Et j’étais persuadé que cette idée de m’imaginer dans des postures de toutes sortes devait même lui donner des rêves jouissifs, entre deux pénétrations de son jardin intime.
Donc, pour reprendre le fil du récit, j’ai dû faire abstraction de toute surprise en découvrant la nature de mon partenaire à ce moment. Je vous passerais les détails sur ses aptitudes sexuelles de haut niveau, que j’ai rarement vu chez les autres hommes avec qui j’ai eu de telles relations purement « pratiques », sans le moindre sentiment extérieur. J’ai également été surpris de sa courtoisie. Ça peut paraitre anecdotique mais, en règle générale, une fois nos « séances » faites, il y avait rarement des échanges verbaux autres que les cris de plaisir lancés lors de nos sessions pratiquées devant le regard des « voyeurs » payants observant nos ébats. En ce qui le concernait, il était au contraire très amical et assez bavard, me demandant notamment si sa « prestation » m’avait plu et me disant qu’il avait hâte de reprendre avec moi d’autres « exercices » plaisants de ce type au sein du club. J’appris ainsi qu’il changeait souvent de lieu au cours de ses semaines « chargées », passant de club en club, un par soir, suivant un planning établi à l’avance. A l’entendre parler, j’avais l’impression que c’était un touriste parlant de ses excusions quotidiennes, ou d’un professeur de yoga indiquant son programme de cours.
Une fois pris une douche en commun avec les autres habitués ayant également terminé leur soirée, je m’habillais rapidement, de manière à suivre discrètement le dénommé Paulo, le prénom qu’il m’avait fourni pour le désigner. Un nom d’emprunt, comme tous les clients réguliers qui officiaient ici, afin de préserver un certain anonymat à chacun. Il était alors 2 heures du matin, et je me retrouvais à suivre cette créature cachée sous une apparence humaine que j’étais le seul à voir, sans que j’en comprenne le pourquoi et le comment encore. Même si ça se limitait au moment où elle s’adonnait au sexe. Il habitait un immeuble près de l’East River Park, dans le quartier de Lower East Side.
Faisant toujours attention à ne pas être remarqué, je fixais les numéros lumineux de l’ascenseur dans lequel il était entré, dans le hall, afin de savoir à quel étage il se rendait. Quand le chiffre du 15ème stoppait, je pris les escaliers, d’un pas alerte, tout en prenant garde à ne pas faire trop de bruit. Une fois arrivé à destination, je me retrouvais à choisir laquelle des deux portes de chaque côté de l’ascenseur était le logement du fameux Paulo. Je prenais le risque d’accoler mon oreille à la porte sur ma droite, espérant détecter un signe pouvant m’indiquer que c’était là où Paulo habitait. Un déplacement, une voix, n’importe quoi pouvant m’assurer que j’avais bien choisi. A ce moment, j’entendais une voix m’interpeller, venant de l’autre côté :
- Eh bien mon mignon, ce que je t’ai fait t’a tant plu que ça, pour que tu viennes me suivre jusque chez moi ? Mais ton odeur t’a trahi… Je savais que tu me suivais depuis un moment déjà…
Je me retournais, affolé, et en colère contre moi de m’être fait surprendre aussi stupidement :
- - Mon… Mon odeur ? Comment ça mon odeur ? Je ne comprends pas…
- Allons… Allons… Je sais que tu connais ce que je suis réellement… ça aussi je l’ai senti lors de notre petite gym… Je ne sais pas comment, mais tu es le seul humain capable de voir notre apparence dans ces moments… Ne dis pas le contraire…
-
Tentant de cacher mon malaise, je répondais à mon interlocuteur :
- C’est vrai… Je… Je ne me l’explique pas moi-même… J’ignore pourquoi je peux voir ce que vous êtes réellement durant les actes sexuels… Et c’est pour ça aussi que je suis ici…
- C’est vraiment la seule raison ? Tu veux savoir si moi et mes congénères on est à l’origine de cette maladie, pas vrai ? Je veux bien te répondre, mais on sera mieux à discuter chez moi. Entre, je t’en prie…
Voyant la peur qui commençait à s’installer en moi, et s’affichant sur mon visage, Paulo reprit :
- Ne t’inquiète pas. Moi et les miens sommes pacifiques. On ne s’en prend pas aux humains. Au contraire, on aime être à votre contact. On adore votre civilisation. Et en particulier tout ce qui vous avez fait concernant le sexe. Nous en sommes très friand. Viens, je t’assure que je ne te ferais aucun mal. Si c’était le cas, j’aurais pu le faire bien avant, une fois compris que tu savais ce que j’étais…
-
Au point où j’en étais, je n’avais plus trop le choix. Je ne pouvais plus reculer. Et, en fait, quelque chose dans sa voix me disait que je pouvais avoir confiance en lui, qu’il était sincère dans ses propos. Alors, je l’ai suivi dans son appartement. Une fois passé la porte, Paulo refermait la porte, et me demandait de le suivre dans le salon.
- Installe-toi. Tu veux boire quelque chose ? Whisky, Gin, Vodka ? Dis-moi…
- Non… Non, merci ça ira…
- Comme tu veux… Bon on va éviter de perdre trop de temps… Tu es le mari de Maria pas vrai ? Je sens son odeur sur toi… Une odeur très forte… Preuve que tu prends souvent ton pied avec elle.
- Quoi ? C… Comment connaissez-vous Maria ? Je ne vous ai jamais vu chez elle, et elle ne m’a jamais parlé de vous. Je m’en souviendrais…
- Relax… Tu peux me tutoyer tu sais… Je ne connais pas Maria personnellement. Disons qu’elle est un peu comme celle à qui on doit tous d’avoir découvert votre merveilleuse ville. Et vos clubs. Si je devais lui donner une fonction, je dirais qu’elle est notre guide, notre mère, notre cheffe. Je sens que ça te parlera plus sous cette appellation. Je connais bien son odeur, car mon père l’a fréquenté. C’était sa femelle préférée avant que je naisse. Avant que nous nous mêlions à vous.
Je restais interdit. Il était d’un tel calme, alors que j’avais découvert ce qu’il était, me parlant comme s’il me connaissait depuis des lustres. Je ne savais pas trop comment réagir…
- Bon. Ceci étant dit, comme je vois que tu es encore un peu réticent à me faire confiance, ce que je peux comprendre, je vais passer à la phase histoire. Mais avant, je vais être franc. Tu veux savoir si cette maladie est de notre fait ? La réponse est oui, mais nous ne sommes pas responsables. C’est à cause de vous, humains, que ce virus est né en nous. C’est votre société, votre alimentation, votre mode de vie qui a transformé nos gênes.
-
Il s’interrompait un instant, se versant un verre de whisky.
- Je ne saurais pas te dire exactement comment, mais la pollution, les éléments que vous avez introduits de force dans notre environnement ont fait que, année après année, notre patrimoine génétique a été modifié. Il a créé une sorte d’enzyme, se collant à notre système de reproduction, à notre semence, se fondant en lui, et faisant désormais partie de notre ADN. Et si cela ne nous fait rien à nous, même lorsque nous copulons entre nous, il semble que cela soit différent pour vous humains…
-
Avalant une grande rasade de son verre, avec un air satisfait, il reprenait ensuite :
- Ah autre chose : mon véritable prénom, l’officiel humain en tout cas, c’est Lewis. Et, ça va te surprendre, mais ta chère Maria est un peu plus âgée que tu crois. Mais ça n’a pas la même importance pour nous. A notre niveau, Maria est à peine une adolescente. Chez nous, les Zorex, car oui, c’est ainsi que se nomme notre race, notre longévité se compte en plusieurs centaine d’années. Maria, elle, a 127 ans…
-
A partir de cet instant, Lewis m’expliquait ce qu’il savait de son peuple, les Zorex. C’était son père qui lui avait appris tout ce qu’il savait. Lui-même n’avait « que » 52 ans, alors qu’il en paraissait une vingtaine tout au plus. Ce qui, pour son espèce, était proche d’un enfant humain de 12 ans. Les Zorex sont un peuple dont l’origine se perd dans le temps. Même les plus âgés ne savent pas trop quand leur race est née. Avant que l’homme ne bouleverse leur manière de vivre, leur environnement, les Zorex vivaient au sein de ce qu’on appelle aujourd’hui la République Populaire du Congo. Avides de sexe, auquel ils s’adonnent dès leur plus jeune âge, ils ont vécu longtemps sans la présence de l’homme, cachés au cœur de la jungle, leur territoire. Et puis, dans ce que nous appelons les années 50, leur territoire s’est vu peu à peu envahir par des êtres marchants comme eux, sur deux pattes. Cela les a surpris, car ils pensaient être les seuls à se déplacer de cette manière. Au début, ils nous craignaient, utilisant leur faculté de prendre d’autres apparences pour se cacher de nous, se cachant sous des formes animales diverses, et observant les moindres faits et gestes des nouveaux arrivants.
Les Zorex ont suivis certains hommes jusque dans leurs villes, prenant leur apparence, pour mieux comprendre qui ils étaient, adoptant peu à peu leur mode de vie, leurs coutumes, leurs traditions, leurs vêtements, leur nourriture, bien plus riche que ne l’était la leur, constituée de ce que la nature offrait : fruits, racines, insectes, et quelques petits mammifères. Au bout de plusieurs années, tous les Zorex se sont complètement fondus au sein de la civilisation humaine, devenant eux, ayant des relations amicales dans un premier temps, dans le but de les étudier, avant de comprendre que le sexe faisait partie prenante de la vie humaine, tout comme eux-mêmes la pratiquaient. Etant la base de leur reproduction, telle que les Zorex le comprenait. C’est ce qui les a incités à être encore plus dépendants du mode de vie humain, abandonnant leur propre environnement, ce qu’ils étaient. Avec le temps, la plupart des Zorex ont perdu la faculté de prendre une nouvelle apparence, devenant humain un peu plus chaque jour. Il n’y a qu’entre eux qu’ils pouvaient voir leur véritable nature.
Mais la connexion des Zorex avec la vie humaine a eu des conséquences : ils ne pouvaient plus se reproduire entre eux que sous certaines conditions. Cela dépendait en fait de leurs relations sexuelles, fréquentes ou non, avec des humains. Les Zorex préférant s’adonner au sexe avec leurs semblables étaient ceux qui gardaient la possibilité de donner naissance à des bébés. Les accouchements avaient lieu à leur domicile, à l’abri des regards. Car les jeunes Zorex gardaient leur apparence animale à la naissance. Il fallait entre 10 et 15 semaines avant qu’un bébé Zorex ne prenne une apparence humaine. Avant cette échéance, il pouvait encore user de ses facultés de mimétisme, « copiant » le visage de ceux et celles qu’il voyait. Puis, cette faculté régressait à l’issue de ce premier stade d’évolution, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus possible. Lors du 2ème stade, d’une durée de 9 jours, le petit Zorex gardait définitivement son corps et son visage humain, ne pouvant plus se transformer. Néanmoins, les hybrides Zorex/Humains étaient une réalité. Facilement reconnaissable. Bien que naissant humains, ils avaient un signe distinctif signifiant leur appartenance à la race de leur père ou de leur mère Zorex, gardant leur penchant pour le sexe se développant très jeune.
C’est au cours du milieu des années 60, qu’une étrange maladie a commencé se faire connaitre parmi les humains. C’était assez anodin, mais suffisant pour alerter les Zorex. Ceux -ci craignaient que leur existence soit mise à jour, car ils gardaient malgré tout un « signe » de leur appartenance à leur race, en l’occurrence une sorte de tache de forme hélicoïdale situé dans l’iris de leurs yeux. Découvrant les moyens de transport comme les bateaux et les avions, ils commencèrent à voyager, espérant ainsi, en se dispersant, effacer les traces de leur présence aux yeux de l’homme. De peur que celui-ci, les traquent, ayant pu constater ce qu’il réservait à d’autres monstres ou créatures inconnues jusqu’alors de leur culture et leur connaissance, avec une fin tragique et abominable. C’est ainsi que les premières émigrations des Zorex les firent émigrer vers Haïti pour une partie. D’autres se rendirent aux USA, ou dans d’autres parties du monde. Mais la maladie en eux mutait sans cesse, malgré leurs précautions, faisant attention à leur nourriture, prenant garde à ne pas respirer les émanations toxiques de certains produits, ou les gaz d’échappements des voitures, car pensant que cela était en cause dans le changement de leur métabolisme, et causant la transmission de ce mal chez les humains. Ils ignoraient encore à ce moment de leur histoire, de quelle manière exacte ce dernier opérait.
Suivant le mode de vie des pays où ils s’installaient, se fondant dans la masse, apprenant à falsifier leurs identités, grâce à la technologie des hommes, le mal en eux mutait plus ou moins rapidement. C’est Maria, qui à l’époque était celle qui avait proposé à son peuple de partir vers d’autres pays, pour ne pas se faire connaitre des hommes, qui a permis l’implantation des Zorex au départ à Los Angeles, laissant le soin à des hommes et des femmes de son peuple, choisis pour leur aptitude à diriger, à se rendre dans d’autres régions et y placer d’autres communautés. Dans le même temps, peu de temps après que Maria eut assistée aux émeutes raciales de 1965 dans le quartier de Watts, et l’ayant obligée à migrer avec une partie de la communauté vers New York, Haïti confirmait la naissance d’une maladie infectieuse en 1966, touchant certaines souches sociales de la population. D’autres cas furent répertoriés dans certaines grandes villes américaines, mais personne ne fit le lien avec Haïti, à cause de la distance, jugé trop grande pour que cela soit considéré comme ayant une correspondance.
La plupart de ces cas isolés ont été cachés par les autorités des villes touchées, principalement des métropoles où la population était abondante, de peur de déclencher une psychose non contrôlée. Et maintenant, c’était New York qui devenait l’épicentre d’une nouvelle mutation de ce mal transmis par les Zorex. Lewis pensait qu’il ne faudrait pas longtemps avant que d’autres villes ne finissent par ne plus pouvoir cacher qu’elles aussi étaient touchées de manière importante. A cause de leur couleur de peau, autre héritage de leurs origines africaines, le peuple des Zorex ne pouvait avoir accès à des formations pouvant leur permettre, dans le plus grand secret, de comprendre comment ce mal était né en eux, à cause de quel facteur issu du mode de vie humain. Le racisme et l’homophobie qui rongeaient le pays faisait partie des raisons de cette impossibilité, sans révéler leur existence au monde.
- Voilà notre histoire. Tu dois penser que nous sommes des monstres, des égoïstes, sachant le mal que nous provoquons, mais continuant à le disperser. Mais mets-toi à notre place. Comment pourrions-nous avouer que nous somme l’origine de cette maladie auprès d’une race qui détruit les monstres, étant coupable d’intolérance ? Nous ne sommes pas des idiots… Crois-tu vraiment que si cela venait à se savoir, les hommes feraient acte de compréhension à notre encontre, et collaboreraient avec nous pour tenter d’éradiquer cette maladie avant qu’elle ne devienne incontrôlable ?
-
Lewis prenait un temps d’arrêt, comme pour me laisser le temps de trouver une réponse à sa question, et avalant une nouvelle rasade de whisky, après s’être versé un nouveau verre…
- Tu ne réponds pas ? Tu le sais au fond de toi : tu sais que la réponse est non. Tu as vu les journaux, les médias propageant la haine envers les gays et les étrangers au « modèle ethnique » américain, année après année. Et plus encore depuis la découverte d’une nouvelle mutation de ce mal. Je te laisse imaginer ce qu’il adviendrait de notre peuple si l’homme apprenait ce dont nous sommes responsables bien malgré nous…
-
Je ne savais plus quoi dire. J’étais à la fois triste en apprenant la position dans laquelle se trouvait les Zorex, incapables d’avouer leur existence et leur rôle dans la propagation de cette maladie transmissible par le sexe. Car désormais, c’était une évidence incontestable. Et dans le même temps, j’avais de la colère de ne rien pouvoir faire de mon côté non plus, sans risquer de créer une chasse pouvant déclencher un massacre à grande échelle. Le simple fait d’avouer que des métamorphes étaient les fautifs, car il s’agissait bien de cela, même s’ils ne pouvaient plus reprendre leur forme première, et qu’ils pouvaient être leur mère adoptive, leur collègue, leur voisin, leur amie, leur femme, cela pouvait entraîner des conséquences catastrophiques.
Chacun suspecterait tout le monde, les plus extrémistes, et particulièrement les homophobes caractérisés, n’hésiterait pas à tuer ceux qu’ils penseraient être des Zorex, voyant toute anomalie génétique dans les yeux, pouvant leur faire croire qu’il s’agit d’une de ces créatures. Pensant contribuer à tuer la maladie par petits bouts, sans se demander s’ils étaient vraiment ces créatures ou des humains, ils se rendraient coupables de meurtres au premier degré. Aux yeux de ces personnes, Zorex ou gay étaient tous des monstres. Et, de leur point de vue, leur éradication ne ferait qu’apporter un horizon moins sombre à leur idéal démesuré de vie au sein de la race humaine. J’étais sur le point de pleurer, car j’étais incapable de choisir un camp : c’était impossible. Quel que soit la décision que je pouvais prendre, condamnant l’un ou l’autre des côtés, les conséquences seraient terribles. Lewis me tendait un mouchoir, avant de me serrer contre lui, comprenant la douleur que je ressentais à ce moment. Je restais longtemps dans ses bras, puis je me ressaisissais. Je le remerciais pour tout ce qu’il venait de m’apprendre, avant de me lever.
- Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de tout dire aux tiens. Si j’étais à ta place, si j’étais humain, si j’avais eu votre histoire à vous, peut-être que c’est ce que je ferais. Mais tu vois, toute vérité n’est pas toujours bonne à dire. Il existe des cas où le mensonge permet de sauver des vies. Mentir sur ce qui est en train de se passer peut te paraitre monstrueux, mais si tu dis la vérité, dis-toi que ce qui arrivera causera encore plus de pertes que la seule disparition de notre peuple.
-
A nouveau, il avalait une rasade de son verre de whisky, avant de reprendre :
- Même si nous nous révélions au monde, nous mettant tous d’accord pour nous sacrifier, ceux qui détestent les clubs où tu aimes aller, toi et Maria, ceux qui voient dans les gays, ainsi que ceux et celles s’adonnant à des pratiques sexuelles qu’ils réprouvent, il y aurait toujours un doute pour eux, se demandant si les Zorex avaient tous été anéantis. Et ce serait le début d’une ère de carnage sans précédent pour votre race…
-
Je ne disais rien. Je savais que ces paroles étaient on ne peut plus vraies. Je n’avais pas le droit de sacrifier un peuple, au risque de déclencher un holocauste pouvant signifier la fin de notre propre race à long terme. J’étais condamné à me taire. Je hochais la tête en direction de Lewis, en guise d’au revoir, pendant que celui-ci finissait son verre de whisky. A l’extérieur, je n’étais que l’ombre de moi-même, j’ignorais quoi faire. Perdu dans mes pensées, je me rendis à peine compte que j’étais rendu chez moi. J’entrais, me dirigeant vers la chambre où m’attendais Maria. Une Maria aux yeux tristes, semblant consciente que je savais qui elle était, ce qu’elle était, et du dilemme auquel j’étais confronté.
- - Viens près de moi. Je sais que tu as appris la vérité sur moi et mon peuple. Lewis m’a téléphoné avant que tu viennes. Il pensait préférable que je sache ce qui en était.
- - Je croyais qu’il ne t’avait jamais vu ?
- Oh, regardez-ça, le pauvre cœur : tu ne vas pas me faire une crise de jalousie ? Je plaisante… Il a dit la vérité : on ne s’est jamais vu. Et j’avoue avoir été surprise qu’il m’appelle, vu que je ne lui ai jamais donné mon numéro, forcément. Mais comme j’ai eu une grande histoire pleine de sexe avec son père, je suppose qu’il a dû le trouver dans les affaires de celui-ci. Il est décédé l’année dernière. Etonnant qu’il n’ait jamais cherché avant à me contacter pour savoir ce que je pensais de la queue de son paternel…
- Je veux juste savoir une chose : pourquoi je peux voir le véritable aspect de Lewis pendant un acte sexuel et pas le tien ?
- Alors, là, je t’avoue que tu me poses une colle. J’en sais rien du tout. Tu es spécial, j’ai bien fini par le comprendre après toutes nos années de débauche. Mais apparemment, tu l’es encore plus que je pensais. Qui sait ? C’est peut-être ce que j’ai entre les jambes, mon fluide spécial lui aussi, qui t’a fait devenir le seul être au monde capable de voir notre vraie nature. Et comme c’est moi à qui tu dois ça, eh ben, ça ne doit pas s’appliquer à moi…
- Tu as peut-être raison. J’en sais rien. Je sais plus quoi penser. Depuis des années je m’envoie en l’air avec une créature venue des bois, y prenant plaisir même, je découvre que tu as sans doute contaminé des dizaines de gars et de filles, et malgré ça, je continue d’être raide dingue de toi.
- Moooh… Que c’est beau ce que tu viens de dire… Dis-toi que c’est le destin qui a voulu ça… Je suis spéciale, et grâce à moi, tu es devenu spécial aussi. On est un couple à part. Toujours prêts à se mettre des doigts partout, même dans les endroits les plus improbables…
- Pfff… Même avec mon moral à zéro, tu arrives encore à me faire rire… Mais je ne sais toujours pas ce que je dois faire. Je suis perdu...
Maria s’approchait alors de moi, m’enlaçant en plaçant ses bras autour de mon cou, et souriant comme jamais :
- Alors, oublie tout ça… ça ne sert à rien de te torturer… Ce qui doit arriver, tu ne peux pas le changer… Je sais que ça ne sera sans doute pas facile pour le Sherlock que tu es, mais le mieux c’est de faire comme si tu ne savais rien. Laisse faire les choses… Que ce soient les monstres, les noirs, les homos, de tout temps on nous a détestés. Et ça sera encore le cas pour un grand nombre de tas de merdes qui empestent les rues, et qui se prétendent humains…
-
Elle me prenait par la main, me dirigeant vers le lit, avant de me forcer à m’asseoir. Délicatement, elle enlevait alors le peignoir qu’elle portait, révélant son corps nu à mes yeux, avant de s’agenouiller et commencer à défaire la braguette de mon pantalon.
- Tu sais ce que je veux moi, maintenant, tout de suite ? C’est qu’on baise comme jamais on l’a fait avant, et que tu mettes tes doutes et tes interrogations dans un tiroir de ta tête, de jeter la clé très loin, pour ne jamais la retrouver, et laisser le cours du destin s’occuper du reste…
- Vu comme tu le présente, j’avoue que c’est très tentant. Je vais sans doute culpabiliser le restant de mes jours pour n’avoir pas su prendre une décision, mais vu que je ne sais pas quoi faire, je vais faire comme tu m’as dit. Me foutre de tout ça, et laisser la race humaine sombrer dans la mort future et le désespoir. Moi, pendant ce temps, je me consacrerais à ce que j’ai toujours aimé faire : me plonger dans la luxure la plus dépravante avec toi…
- Ça, c’est bien parlé. Tu devrais te lancer dans la politique… Je suis certaine que tu aurais toute une foule d’admirateurs… Et des admiratrices aussi… Toutes prêtes à te sucer comme je m’apprête à le faire…
- Pourquoi pas ? On formerait un gouvernement où tout serait permis, sans tabou, sans barrière sociale, où tout le monde aurait le droit de sauter qui il veut…
- J’adore ton programme… Mais pour l’heure, j’en ai un autre à te proposer, bien loin des préoccupations de ce que cette foutue maladie t’a fait faire, et t’obligeant à te passer de moi pendant plus d’une semaine… On a du temps à rattraper…
-
Sans doute est-ce mon côté faible, ou mon côté pervers, je ne sais pas trop, mais au contact de sa bouche sur mon pénis, j’ai effectivement tout mis de côté. Je ne voulais plus savoir les cas qui s’ensuivraient, touchés par cette maladie, dont je devais être le seul immunisé. Je n’ai jamais développé les symptômes de ce mal. Parce qu’il y avait ce petit quelque chose de spécial en moi, comme disait Maria, qui me préservait de basculer du mauvais côté de la barrière. Je ne voulais plus me questionner sur le devenir de l’homme ou des Zorex, quel que soit lequel des deux survivraient à tout ça… Je voulais juste vivre l’instant présent. Je devenais coupable d’un secret honteux, un monstre qui refusait de faire un choix impossible, mais je gagnais la sérénité qui m’avait quitté depuis le début de mes investigations. De toute façon, j’étais le seul à voir ces créatures, et seulement à certains moments.
Pour tous les autres, le CDC comme les politiques, la faute incomberait à un foutu virus sorti de nulle part, qui attaquait les afficionados du sexe, les passionnés des clubs où le plaisir est roi, qu’ils soient gays, bi, lesbiennes ou tout autre préférence sexuelle. On était en 1972. C’était le début d’une maladie qui allait contaminer non seulement les USA, mais le monde entier par la suite, pays après pays, ravageant des familles, des couples, des idéaux de vie. Un virus s’attaquant aux défenses immunitaires du corps et les réduisant à néant, après plusieurs années. Certains, certaines parvenaient à vivre toute leur vie avec, d’autres bien moins que ça. Il y en avait qui le transmettait sans le savoir, pendant qu’il y en avait qui en était conscient mais répandait le mal sans se soucier des conséquences.
Et au milieu de tout ça, il y avait les Zorex. Certains ont eu du mal au fait de devoir porter un préservatif pour le sexe, mais Maria et d’autres ont permis de faire comprendre que c’était la seule chose qu’il pouvaient faire pour éviter une trop grande rapidité de propagation. Ils ne pouvaient pas changer ce qu’ils étaient, c’était le choix de la nature d’avoir fait naitre cette maladie en eux. Mais ils avaient accepté de contribuer à empêcher plus de dégâts. Avec le temps, les mœurs et les préjugés changeant, ils ont pu accéder à des postes médicaux et scientifiques importants, pour trouver de quelle manière éradiquer ce mal fabriqué par leur corps. Une sorte de rédemption, une recherche de pardon, appelez ça comme vous voulez.
Pour ma part, ça m’a pris un peu de temps pour adopter la doctrine Zorex de ne pas culpabiliser. Maria m’y a beaucoup aidé. Pendant que le SIDA s’étendait partout, le nom que les scientifiques et les virologues ont donné à cette maladie, Maria et moi on continuait nos plaisirs interdits, multipliant les partenaires, tout en se protégeant bien sûr. Devenant des icônes des clubs de New York, des modèles de tout ce que le sexe représente au sein du mode de vie humain. Et si aujourd’hui vous lisez cette lettre où j’ai raconté mon histoire, celle des Zorex et le reste, c’est parce que j’ai fini par quitter ce monde. Je ne sais pas si c’est le cas pour Maria. Mais je ne m’en fais pas pour elle : elle saura trouver un autre moi pour lui faire goûter d’autres plaisirs, jusqu’à ce qu’elle finisse par me rejoindre là où je suis parti.
Je ne suis pas vous, je ne peux pas vous demander de ne pas diffuser ce texte. Je l’ai écrit, car c’était ma manière à moi de me pardonner de ne rien avoir dit à l’époque. J’ignore en quelle année, en quel siècle peut-être, vous lirez ces lignes, et quelle décision vous prendrez les concernant, mais quoi que vous fassiez, réfléchissez-bien à ce que vous considérez comme nécessaire. Comme me l’a dit Lewis : toute vérité n’est pas bonne à prendre. Parfois, un mensonge peut sauver des vies. Beaucoup de vies. Voire une planète tout entière…
Publié par Fabs
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