3 janv. 2021

TOUTES LES SIRENES NE SONT PAS GENTILLES (Partie 4)

 


Je restais encore de longues minutes les yeux dans le vide, à observer le corps mutilé de Sam, à me remettre en tête tous les évènements qui avaient menés à ce cauchemar, sans comprendre comment j’avais pu en arriver là. Si seulement j’avais été moins naïf et stupide. J’aurais dû en parler à Michael dès le départ, dès les premiers meurtres. Si je l’avais fait, Sam serait toujours en vie. Et je n’aurais pas perdu l’amitié de Michael. Car il était évident que jamais il ne me pardonnerait mon silence. Jamais il ne me pardonnerait la mort de Sam. Mais devais-je pour autant lui dire la nature exacte de Krysta ? Non, ça je ne le pouvais pas. De toute façon, il ne me croirait pas. Pas sans le voir par lui-même. Ce qui n’allait pas tarder à arriver. Mais ça, à ce moment-là, je l’ignorais encore, et j’espérais vraiment que ça n’arriverait pas. Car quelle réaction Krysta aurait-elle envers lui ? Comment réagirait-elle face à un homme prêt à tout pour venger la mort de sa sœur ? Je préférais ne pas y penser connaissant de quoi elle avait été capable juste pour un baiser innocent. Et Michael ? Quelles allaient être ses intentions vis-à-vis de Krysta ? Il avait beau respecter son uniforme et la loi, pour le souvenir de Sam, je le savais capable de tout, quitte à perdre son poste.

 

Michael revint bientôt dans la chambre. Il avait un regard que je ne lui connaissais pas. Un regard furieux. Il s’arrêta à quelques centimètres de moi.

 

« Je devrais te tuer pour ton mensonge, pour avoir été la cause de la mort de Sam. Mais je ne le ferais pas. Pas tant que je porterais cet uniforme. Mais dis-toi que ce n’est pas l’envie qui m’en manque"

 

Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je n’avais même plus la force de réagir face aux attaques de Michael. Et pour dire quoi ? Que j’étais désolé ? Que Sam n’aurait pas du mourir si j’avais été moins envahi par l’amour porté à Krysta ? Non. C’était inutile. Aucune excuse au monde ne pouvait excuser ça. Même si c’était Krysta qui l’avait tuée, c’était entièrement ma faute.

 

« Tu vas venir avec moi. Je vais appeler mes hommes, et tu vas nous suivre. Tu serviras d’appât. Je suis persuadé qu’elle ne cherchera pas à s’enfuir si tu es là. On va la piéger grâce à toi. C’est la moindre des choses que tu puisses faire. Une fois capturée, je verrais ce que je ferais de toi »

 

Incapable de refuser la proposition de celui qui fut autrefois mon meilleur ami, j’acquiesçais de la tête, et me relevais péniblement, pendant que Michael appelait déjà ses hommes par téléphone. Pour la traque. Pour Krysta. Jamais le temps ne m’avait paru aussi long de toute ma vie. Puis, les 4 adjoints de Michael arrivèrent, et nous partîmes tous ensemble vers ma maison. Michael était persuadé de l’y trouver. Je devais entrer en premier, et faire en sorte qu’elle ne sorte pas. A ce moment, il débarquerait et arrêterait Krysta avec l’aide de ses hommes. Il savait qu’ils ne seraient pas trop de 5 pour ça. Il avait vu de quoi elle était capable. Comme moi, il avait fait le rapprochement avec les Powell. Il savait que c’était une diversion. Mais il ignorait encore pourquoi sa sœur avait été tuée. La raison pour laquelle son corps avait été atrocement réduit à l’état de bouillie. Pourquoi ses lèvres avaient été arrachées. Pourquoi ses mains avaient été écrabouillées. Même si je le soupçonnais d’avoir des doutes sur la jalousie de Krysta envers Sam.

 

Quelque temps plus tard, nous arrivâmes à la maison. Comme convenu avec Michael, j’entrais seul, pendant qu’il restait dehors avec ses hommes, surveillant chaque sortie potentielle, pour éviter la fuite de Krysta. Je savais qu’il n’y avait pas d’autre solution. Krysta était allée trop loin. Je ne pouvais pas la laisser agir plus longtemps. Mais ma trahison allait avoir des conséquences désastreuses. Comme chacune des décisions que j’avais prises depuis que je connaissais Krysta. Des conséquences qui allaient bouleverser encore plus mes  idées sur ces êtres censés fabuleux que sont les sirènes. Et qui allaient révéler les pulsions meurtrières de celle que j’aimais toujours malgré moi. A un niveau inimaginable.

 

J’entrais dans la maison, et, à peine dans le salon, j’appelais Krysta, lui demandant de me rejoindre en bas. Je tremblais de partout, et j’eus toutes les peines du monde à cacher mon stress. Finalement, Krysta descendit, imperturbable, comme à chaque fois qu’elle avait commis un meurtre. Agissant comme si rien ne s’était passé. Elle me souriait.

 

« Je suis content que tu sois là. Je suis désolée pour la sœur de ton ami, mais je ne pouvais pas la laisser vivre. J’ai senti son amour pour toi quand je l’ai déchiquetée. Elle était un frein pour mes projets avec toi. »

 

Ses projets ! Toujours sa foutue mission ! Son but véritable. Quel était-il vraiment ? Je m’interrogeais, et en même temps, je préférais ne pas savoir, de peur de ce que cela impliquerait pour moi. Est-ce qu’elle avait prévu de me rendre complice d’autres meurtres injustes ? Mais au fur et à mesure qu’elle s’approchait, j’oubliais encore mes ressentiments. C’était comme si elle avait un pouvoir hypnotique sur moi. Une sorte de pouvoir de persuasion annihilant ma volonté. Et puis, elle me fit part de son véritable objectif. Celui qui l’avait poussée à venir vers moi ce soir-là, suite à notre rencontre. La raison pour laquelle elle était loin de chez elle à ce moment. Loin de son clan. De son père. De sa race. Et pourquoi j’étais si important pour elle. J’appris ainsi qu’elle et son clan étaient des descendants des atlantes. Les habitants d’Atlantis, la cité mythique que tout le monde pensait être une légende. Des êtres fabuleux en accord parfait avec les océans. Pouvant aussi bien vivre sous l’eau que sur terre. Le résultat de centaines d’années de manipulation génétique, dus à leur technologie très avancée. Mais chez certains, cette manipulation avait été déformée, afin de permettre une longévité plus grande. Avec des effets secondaires monstrueux.

 

Ceux ayant subi ces « suppléments » ne pouvaient réfréner leur faim de chair vivante. Au fil du temps, les membres de ce clan étaient devenus cannibales, ne pouvant survivre qu’en dévorant les membres des autres clans, faisant d’eux des parias. Cependant, ils faisaient partie de la caste la plus importante de la cité et des atlantes, et personne n’osait rien faire face à leur pouvoir. Jusqu’à ce que certains décident que cette situation devait cesser. Les autres clans se sont ralliés à eux, et une révolte a éclaté au sein d’Atlantis. Les guerriers, les civils se sont regroupés contre la caste scientifique dirigeant Atlantis dont faisait partie le Roi. Une révolte qui s’est transformée en guerre fratricide, ravageant toute la cité. Des explosions surgirent de toute part, à cause d’attentats des différents clans pour prendre le dessus et le contrôle d’Atlantis. Jusqu’à toucher le cœur même de la cité, créant une déflagration si énorme que toute la cité s’enfonça sous les eaux, entraînant ses habitants avec eux.

 

Suite à ce désastre, la caste du Roi a fui, laissant les autres clans à leur désarroi, se dirigeant vers d’autres océans, pour échapper à la fureur de leurs anciens fidèles. C’est ainsi que leur clan s’est installé à plusieurs kilomètres de la ville, avant même qu’elle existe. Pendant des siècles, le clan s’est nourri des marins, des voyageurs, des touristes ayant l’imprudence de venir dans leurs eaux. Mais depuis quelques années, la nourriture s’est faite rare, à cause de plateformes pétrolières érigées par des compagnies, qui interdisaient l’accès à la zone maritime autour. Réduisant le nombre de nourriture à venir. Pour survivre, le clan dut se résoudre à faire des sacrifices au sein de leur population. Chaque semaine, un membre était choisi par le roi pour nourrir les autres, et les empêcher de dépérir. Mais cette solution eut des conséquences désastreuses, faisant fondre le nombre de la population autrefois importante. Et un autre problème survint : les sirènes ne pouvaient plus enfanter entre eux. La faute à la dégénérescence due à l’ingestion de chair de sirène et de triton.

 

Il y eut une vague d’espoir cependant. Une sirène s’est faite capturer par un marin à l’insu du clan. Elle eut une aventure amoureuse avec ce dernier, tombé sous le charme. Et elle tomba enceinte. Toute heureuse de cet évènement, elle voulut en faire part à son clan. Mais le marin refusa de la voir partir. Elle dut le dévorer à son tour, puis annonça la bonne nouvelle. Depuis, le clan se rend près des côtes, à la recherche de reproducteurs. Des petits villages isolés, peu peuplés. Le souci, c’est qu’une fois enfantés, les femelles se devaient d’obéir à leur instinct, et se servaient des pères comme repas, tout comme le reste de la population des villages qui devenaient la proie des autres membres du clan. Il fallait trouver un endroit avec une population plus importante.

 

« C’est là que je t’ai rencontré. J’ai senti sur toi énormément d’odeurs humaines, toutes différentes. J’ai tout de suite comprise que j’avais sans doute trouvé le moyen de survie de notre clan pour de longues années. Alors, j’en ai fait part à mon père, et au reste du clan. Il fut décidé que je devais me faire enfanter en premier lieu, en me rapprochant de toi. Une fois fait, et l’assurance de notre survie, mon père me contacterait pour lancer une opération de grande envergure pour s’emparer de la ville avec notre clan, composée essentiellement de guerriers. »

 

J’étais sous le choc de toute cette histoire. Des atlantes ? Atlantis ? des reproducteurs ? Un stock de nourriture si je comprenais bien ? Voilà quelles étaient les raisons de sa venue. Et voilà quel était mon rôle. Je me sentais encore plus stupide. C’est là qu’elle me fit part de sa conversation avec son père. Je n’en revenais toujours pas de ces révélations. J’avais vraiment été stupide à un point… Mais bientôt, Krysta s’arrêta de parler. Elle se mit à renifler l’air, comme quand elle l’avait fait en sentant l’odeur de Sam sur moi.

 

«Qui est dehors ? » m’interrogea-t-elle en reprenant son air mauvais, ses yeux rouges sortant à nouveau. Elle se rapprocha plus près de moi, commençant à se transformer sous mes yeux terrifiés. Elle reprenait son aspect qui avait valu la mort à Billy, à Mr. Spenger, et à Sam.

 

« Tu m’as trahie ! Tu as ramené ton ami ici. Pour me capturer je suppose ? »

 

Je ne pouvais pas dire un mot, tellement j’étais paralysé par la peur. Paralysé à l’idée de ce qu’elle pouvait me faire.

 

« Je vois. Tu as fait ton choix. Attends-moi ici »

 

Elle termina sa transformation, et se dirigeait vers la porte arrière de la maison. Et puis, elle se retourna vers moi, les yeux froncés de colère.  J’entendis Michael qui criait au-dehors

 

« Krysta ! Je sais que tu es là ! Rends-toi sans faire d’histoires ! Et on sera peut-être gentils avec toi »

 

Krysta sourit. Un sourire démoniaque.

 

« Désolée. Tes amis vont mourir aujourd’hui. Pour toi, je verrais plus tard »

 

Elle arracha la porte, la faisant passer pour une vulgaire feuille de papier. L’un des adjoints se trouvait en face, pointant son arme vers elle, complètement affolé de ce qu’il voyait en face de lui. Mais il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit. Krysta fonça sur sa gorge, avant de l’arracher avec hargne, pendant que le pauvre adjoint hurlait. Krysta lui empoigna les deux côtés de la tête, et serra si fort, qu’elle l’écrasa en un tas de chair et d’os brisés. Un autre homme vint au même moment, mais là encore, celui-ci n’eut pas le temps de réagir que déjà Krysta enfonça sa main monstrueuse dans son corps, avant d’en extraire la plupart de ses organes vitaux, puis les balançant au sol sans état d’âme. Je voyais tout à travers les fenêtres, le spectacle était horrible. Les deux autres adjoints de Michael furent décapités l’un après l’autre. L’un d’eux vit son bras gauche arraché avant que Krysta se mette à le dévorer goulûment. Et puis Michael déboula dans la maison en passant la porte d’entrée.

 

« Et merde ! C’est quoi cette chose ? Ne me dis pas que c’est Krysta ? Tu savais que c’était un monstre, et tu l’as laissé faire toutes ces horreurs ? Mais qu’est-ce que tu avais dans la tête ? »

 

Il s’approcha de moi, me prit par la main, et me fit signe de me suivre.

 

« Excuse-moi mon pote. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu m’avais rien dit. Tu avais peur. Je comprends ça. Il faut qu’on file d’ici. Je suis pas préparé pour affronter un tel monstre. Suis-moi. Elle te pardonnera pas de l’avoir trahie. Sois-en sûr »

 

Je savais que Michael avait raison, et malgré ma terreur, j’acceptais de le suivre, pendant que Krysta était « occupée » à dévorer les hommes de Michael. On a couru comme jamais on l’avait fait auparavant. Espérant que Krysta ne nous suivrait pas. Elle ne le fit pas. Sans doute trop passionnée à déguster son repas inattendu. Michael et moi on est resté enfermé chez lui pendant des jours. Guettant la venue de Krysta à chaque instant. N’osant même pas sortir pour acheter de quoi se nourrir. La volonté de survivre était plus forte. Avec la peur au ventre. Michael s’inquiétait pour les autres habitants. Si lui était incapable de contrer Krysta, comment eux ils le pourraient ? Une semaine passa ainsi, sans qu’aucune manifestation de Krysta se fit savoir. Aurait-elle abandonné le projet dont elle m’avait parlé ? C’était peu probable. Non. Elle devait attendre la venue de son clan. Et celui-ci ne tarda pas à venir.

 

On en était au 6ème jour sans avoir eu connaissance de Krysta, quand des cris se firent entendre un peu partout en ville. Des cris de terreur. De femmes, d’hommes, d’enfants. Ils étaient là. Le clan de Krysta était arrivé. Et Michael et moi, on ne savait toujours pas quoi faire. Il avait bien essayé d’appeler le FBI, leur expliquant la situation, mais évidemment, ils l’ont pris pour un fou. Lui disant qu’ils avaient autre chose à faire que partir à la pêche à la sirène. Oui, vous vous en doutez bien, après les évènements de la maison, j’ai tout dit à Michael sur la nature de Krysta, ses origines, ses objectifs… Tout ce qu’elle m’avait raconté. En temps normal, il m’aurait pris pour un fou lui aussi. Mais après ce qu’il avait vu, je lui aurais certifié l’existence du Père Noël, il n’aurait pas eu d’objection. Les cris se rapprochaient. Des bruits de porte arrachées, de vitres brisées aussi. De plus en plus. Jusqu’à ce que ce soit le tour de la porte d’entrée de la maison de Michael. Krysta était là. Avec d’autres femmes comme elle. Des hommes aussi. Et un grand barbu, portant un pendentif autour du cou. Un pendentif avec l’emblème d’Atlantis, tel que Krysta me l’avait décrit.

 

« Ainsi, c’est toi qui a trahi ma fille ? Tu as fait une grave erreur. J’aurais été disposé à t’épargner. Pour elle. Tu ne me croiras sans doute pas, mais ma fille t’estimait beaucoup. Elle voulait te garder en vie. »

 

Krysta s’interposa, et parla à son tour.

 

« Pourquoi as-tu fait ça ? Je t’aimais vraiment imbécile. Même si je te disais que tu faisais partie de mon plan, j’avais appris à t’aimer. Mais en me trahissant, tu as tout gâché ».

 

Et là, cet idiot de Michael a cru bon de jouer au héros en s’avançant, arme au poing, visant le père de Krysta

 

« Que tu es drôle, humain. Tu crois vraiment que ton petit jouet peut me faire quelque chose ? Ma peau est comme une carapace. Aucune de tes balles ne pourras la transpercer ».

 

« La ferme, sale monstre ! Je vais te buter ! Je vais tous vous buter, tous autant que vous êtes ! »

 

Le père de Krysta se mit à rire à gorge déployée, amusé des paroles de Michael.

 

« Tu me fais rire, humain. Je te garderais peut-être comme esclave personnel. A condition de te soumettre, et de cesser de dire tes idioties »

 

Mais Michael ne l’écouta pas et tira. Mais comme il lui avait été dit, les balles ricochèrent sur le corps de leur cible. Toutes sans exception. Jusqu’à ce que le chargeur de Michael soit vide. Le père de Krysta reprit

 

« Et maintenant, humain ? Que vas-tu faire ? »

 

Pris d’un accès de folie, Michael se rua sur la créature en face de lui, mais à peine s’était-il avancé que Krysta se plaça entre son père et Michael, et passa l’intégralité de son bras dans le corps de ce dernier, stoppant net sa course, sous mes yeux horrifiés, me faisant libérer un cri interminable. Lentement, Krysta retira son bras du corps sans vie de Michael qui s’affala sur le sol. Elle voulut s’approcher de moi, mais, pris d’un éclair de lucidité, je parvins à me relever, et m’enfuis, en passant à travers la fenêtre, de l’autre côté de la pièce. Je courus à perdre haleine, sans savoir où aller, passant à travers la forêt, me remémorant chaque instant de la mort de Sam et de Michael, de Mr. Spenger aussi. Où me cacher ? Qu’importe l’endroit où j’irais, je savais au fond de moi qu’ils me trouveraient. A ce moment précis, la ville devait être tombée sous le joug du clan de Krysta et son père, réduits à l’état d’esclaves. En attendant le sort qui leur serait réservé.

 

 Les hommes en état de donner la vie seraient les plus chanceux, servant de reproducteurs aux femelles du clan. Pour les autres, leur destin était scellé. Ils ne seraient que des morceaux de viande pour assouvir la faim des sirènes et des tritons. Alors, je cessais de courir. Je me rendais bien compte que ça ne servirait à rien. Personne ne nous viendrait en aide. Personne ne nous croirait. Je me résignais alors à accepter mon sort, et je me rendais à ma maison. Je savais que Krysta allait forcément s’y rendre, espérant m’y trouver, pour me punir de ma trahison. Mais au point où j’en étais, je m’en foutais.

 

 Cependant, je devais au moins laisser une trace de tout ça. Une fois à la maison, je pris mon dictaphone, et j’enregistrais toute l’histoire. Depuis le début jusqu’à l’invasion. Attendant ma fin, qui n’allait sûrement pas tarder à arriver. Cela ne faisait que quelques minutes que j’avais tout relaté sur bande quand Krysta et son père apparurent devant la porte d’entrée. Ce dernier s’approcha doucement avec moi, arborant sa main monstrueuse dans ma direction. Et sans dire un mot, il l’abattit de toute sa force sur mon corps, passant de mon visage jusqu’à mon entrejambe. Je hurlais de douleur, pendant que le sang sortait de mon corps à profusion. Le père de Krysta me regarda encore un moment, et voulut abattre à nouveau sa main sur moi, quand Krysta l’arrêta :

 

« Non ! Père ! Laissez-le souffrir ! Je veux qu’il ressente la douleur de voir sa vie partir. Je veux qu’il sache combien il m’a déçue en me trahissant »

 

Là-dessus, elle s’approcha de moi, avant de s’agenouiller. Elle me fixa un moment, puis reprit sa forme humaine peu à peu. Elle approcha alors son visage du mien, et m’embrassa. Un cadeau d’adieu. Puis, elle repartit sans un autre regard en arrière.

 

« Venez père. Nous avons une ville à gérer désormais »

 

Son père me regarda, l’air amusé, avant de déclarer :

 

« Désolé, humain. Je t’aurais bien achevé pour t’éviter de souffrir, mais je ne peux rien refuser à ma chère fille »

 

Et il partit à son tour, le sourire aux lèvres, rejoignant Krysta qui l’attendait au-dehors. Et ils partirent tous les deux dans l’obscurité, me laissant à mon sort, en pleine agonie, ne sachant pas combien de temps il me restait à vivre avant de succomber. Je repris mon dictaphone, et relatait la scène qui venait d’arriver. Pour la postérité. Pour qu’on sache toute l’horreur dont était capable cette espèce censée être un symbole de beauté et de magnificence, de rêve et de fantasmes les plus fous. Pour que chacun connaisse la vérité sur ces créatures de cauchemar. Mais je me disais que bientôt, nombre d’humains le saurait. Il semblait évident que Krysta, son père et leur clan ne se limiterait pas à notre seule ville. Pour que leur race subsiste, ils auraient besoin de toujours plus de reproducteurs et de nourriture, et c’est toute la côte Est qui serait sous leur emprise. Sous le règne des sirènes et des tritons. Tout le monde saurait alors que toutes les sirènes ne sont pas gentilles.

 

FIN DU PREMIER CYCLE

 

Publié par Fabs

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