7h00
6 h 00, c’est
l’heure à laquelle mon réveil sonne, me
donnant le point de départ d’une nouvelle journée à venir. Une de plus. Rien
de bien nouveau sous le soleil, comme on
dit. Enfin, je parle pour moi. Pour vous qui enregistrez cet entretien, et qui
venez d’arriver, j’imagine bien que c’est différent. Je sais pas vous, mais moi
j’ai pas vraiment dormi. Pas que je sois insomniaque ou quoi que ce soit, même
si avec le métier que je fais, j’en connais beaucoup qui pourrait effectivement
en perdre le sommeil. Mais je ne suis pas comme ça. Non, là en fait, c’est à
cause de ce connard enfermé à la cave. J’ai pourtant pris mes précautions
habituelles. Un bâillon découpé dans mon stock de tissu en coton, que je garde
pour les grandes occasions. Bon, d’accord, j’avoue que c’est surtout parce que
j’ai eu la flemme de laver ceux qui me servent habituellement. Mais que
voulez-vous : cette semaine a été assez chargée en évènements sportifs à
la tv. Une vraie drogue pour moi, vous imaginez même pas. Heureusement que j’ai mes petites activités pour sortir
mon derrière du canapé, parce que, me connaissant, je pourrais y passer
des heures. Mais le boulot, c’est le
boulot. Bref, tout
ça pour dire que j’ai suivi le même processus : un carré de 24 cm sur 38
recouvrant un foulard des New York Giants fourré en boule dans la bouche, entre
la 1ère incisive et la 3ème molaire du fond. C’est
important. Un petit écart d’un ou deux centimètres, et votre victime respire
trop. Il y a rien de plus énervant d’en entendre une baraguiner ses
« Mpffff » « Mpfff » toutes les 3 secondes. Je sais pas
pour mes collègues, mais moi ça me met en rogne. Et quand je suis en rogne, je
frappe. Pas trop fort bien sûr, sinon, il perd conscience, et c’est tout de
suite moins amusant quand vient le moment de lui arracher les ongles un à un
s’il voit pas ce qu’il se passe. Pour en revenir à mon bâillon, tout a été fait
dans les règles de l’art, comme d’habitude.
Pensez :
ça fait 3 ans que je suis dans ce secteur d’activités, alors je commence à bien
connaitre les petits trucs. Le contraire serait quand même inquiétant, vous
croyez pas ? J’y pense, vous voulez peut-être déjeuner ? Il est un peut-être
un peu tôt pour vous, mais bon, maintenant que vous êtes là… Et puis, de tout
façon, votre boulot à vous, c’est de me suivre pendant les prochaines 24 heures.
Alors, autant que vous preniez l’habitude dès le départ de mon petit
train-train quotidien. Un café ? ça marche. Un déca ? Ouais, j’ai ça.
Je suis bien fourni, vous en faites pas. Obligé pour être en forme toute la
journée d’avoir tout ce qu’il faut. Bon, pour revenir à ce que je vous disais
précédemment, le problème venait pas de là, d’autant que j’ai bien serré le barbelé pour lui attacher bras,
mains et jambes. Pas possible que le corps puisse bouger. Enfin, en théorie.
J’ignorais que cet emmerdeur, ce petit con que j’avais gentiment assommé puis
embarqué dans le coffre de ma bugatti, était un as de la gymnastique. Il était
parvenu à faire claquer les pieds de la chaise en se balançant d’avant en arrière.
Ça faisait un de ses raffuts, c’était juste pas possible. J’ai dû redescendre
plusieurs fois, couper un ou deux doigts de pieds, espérant que ça le
calmerait. Mais non : il avait décidé de me faire chier toute la nuit. A
peine j’était remonté qu’il recommençait. Et pourtant les 10 doigts de pieds y
étaient passés. Alors, j’ai perdu mon calme. Je suis redescendu une dernière
fois, et je lui ai balancé un coup de hache sur la tronche. Ah je sais :
c’est pas très pro, je le reconnais, mais je voudrais vous y voir vous, avec des
castagnettes toutes les demi-heures qui s’entend à travers les canalisations
des murs. Va vraiment falloir que je fasse faire insonoriser cette cave. C’est
le deuxième à me faire ce coup-là.
Bon, en tout
cas, après ça, il était plus calme. En même temps, j’en connais pas beaucoup
qui le serait pas avec une lame de 40 cm plantée au milieu du crâne. De
quoi ? De l’ironie ? Ah, oui, j’aime bien plaisanter de temps en
temps. Faut pas être trop sérieux dans ce métier vous savez. C’est comme
tout : il y a un temps pour le travail, un temps pour la détente. Sur le
terrain, je rigole pas. Oh, je sors bien une ou deux vannes suivant la dégaine
du gars ou de la fille que j’ai choisie pour être mon nouveau partenaire de
jeu, mais ça s’arrête là. Non, faut pas plaisanter quand t’as un planning à
respecter. J’en vois trop qui font pas gaffe. Et il arrive quoi ? Ils se
rappellent plus qu’à telle heure il y a une patrouille qui passe, et ils se
font serrer comme les bleus qu’ils sont. Ah ouais, j’ai
horreur de tous ces petits amateurs qui se font passer pour des durs, sous
prétexte qu’il a dessoudé 4 mecs en 1 heure de temps. C’est vrai que c’est
impressionnant pour la plupart des gens qui n’y connaissent rien. Mais faut pas
s’leurrer. Tous les pros vous le diront. C’est pas la quantité qui prime avant
tout. C’est l’amour du travail bien fait. Il vaut mieux prendre son temps,
repérer les lieux, quitte à y passer une semaine. Suivre les habitudes de la
proie que t’as choisie, se renseigner sur ses amis qui pourraient demander une
enquête bien emmerdante pour bosser sereinement après, choisir la bonne heure,…
Serial Killer, c’est un vrai métier, bordel ! Tu peux pas faire n’importe
quoi si tu veux réussir à te faire remarquer. Franchement, c’est pas plus
appréciable un vrai bon meurtre, finement préparé, fait avec des outils
adaptés, un corps découpé avec précision, sans témoin, en prenant soin de tout
faire avec des gants, masques et tout ce qu’il faut ? Et si tu fais gaffe
à respecter un rituel, c’est encore mieux. Les gens s’habituent vite à un vrai
pro qui a toujours le même modus operandi, qui tue chaque mardi à 5 heures du
mat’, parfois à la seconde près, en visant toujours le même type de
proie : hommes, femmes, enfants, chiens, …. Non, je déconne : on
touche pas aux animaux. C’est trop cruel. Je supporte pas ceux qui font du mal
aux bêtes. Ces gens-là, putain, je leur foutrais la gueule dans un mixer pour
leur apprendre. Des vrais monstres sans cœur, c’est inacceptable !
Bon, j’en
étais où moi ? Ah oui. Donc, je disais, chacun son métier. Tu peux pas
faire n’importe quoi. Tous ces petits merdeux qui respectent rien en charcutant
un gars au hasard, laissant un max d’empreintes, qui se font chopper deux jours
après, parce qu’en plus, ils opèrent sans cacher leur visage, sans faire gaffe
où sont situées les caméras de surveillance, … Des amateurs, c’est rien de
plus, et ça fait du mal à la profession, moi je vous le dis. C’est comme
l’autre, là, le Night Stalker. Putain, mais quel con ce mec !
« J’obéis à Satan… » « Je tue quand ça me chante »
« J’ai pas de préférences pour mes victimes »… Mais bordel, c’était
quoi ce discours à la mords-moi-l’nœud ?
Lui, il a fait du mal à notre métier. Mais ce mec était pas crédible en plus de
ça. Vous avez vu son arrestation ? Il pissait dans son froc tout ça parce
qu’il était entouré d’une centaine de gens qui voulaient le buter. Mais merde,
on a un honneur à respecter quand on fait un boulot comme le nôtre ! T’es
un bonhomme ou tu l’es pas !
A sa place,
moi j’en aurais zigouillé au moins une vingtaine avant qu’ils me mettent au
sol ! Et je serais mort avec la satisfaction d’avoir préservé l’honneur de
la profession ! Tandis que lui, il a continué à faire son mariole pendant
le procès, il s’est marié en tôle. Alors, ok, on continue à parler de lui, même
avec son corps en terre, mais faut voir le boulot : aucune consigne
respectée, il prenait n’importe qui, il piquait des bagnoles et se garait pile
poil devant l’endroit où il officiait, sans se poser la question si quelqu’un
allait pas le remarquer par la suite. Purée, et ça se prétendait tueur !
C’était juste un de ces putains d’amateur, c’était tout ce que c’était !
Quand je vois le culte qu’on lui voue toujours aujourd’hui, ça me rend
malade ! Parlez-moi plutôt de Jack L’Eventreur, le fils de Sam, le
Zodiaque, Ed Gein, et j’en passe. Ça c’était des bons ! Des vrais de
vrais ! Des modèles ! Ils savaient y faire eux. Méthodiques,
discrets, s’arrangeant toujours pour qu’on sache que c’était eux les auteurs,
et pas un autre, grâce à des rituels étudiés avec classe. Rien que d’y penser,
j’en ai la larme à l’œil. Qu’est-ce que j’aurais aimé les rencontrer, assister
à leurs œuvres d’art, ou bien qu’ils m’offrent un de leurs trophées. Ah
celui-là, vous pouvez être sûr que je l’aurais gardé précieusement. Il aurait
eu droit à une place d’honneur à la maison ! Non, pas à
la vue de tout le monde évidemment. Il y a encore beaucoup de gens qui
comprennent pas notre art de nos jours. Qui ne comprennent pas qu’on est comme
des peintres, fignolant des tableaux avec l’amour du travail bien fait. Bon,
moi, je suis pas un visuel. J’expose pas à l’extérieur. Je suis plus du genre
casanier. Et puis, j’aime bien jouer aussi, je vous l’ai déjà dit. Je préfère
inviter chez moi, prendre mon temps, réfléchir aux activités à faire… C’est ma manière de faire… Mais vous
allez avoir tout le temps de comprendre au cours de la journée…
8 H 12
Bon, maintenant
que la pause déjeuner est passée, je vais vous montrer un peu plus comment se
passe ma journée. Et au risque de vous surprendre, j’ai une méthode moderne d’opérer.
Entendez par là que j’utilise les outils d’aujourd’hui. Bon, ça fait que 5 ans
que je bosse dans le métier en même temps. Je fais partie de la nouvelle
génération. Aujourd’hui, avec Internet, on bosse mieux qu’il y a 20 ans. Ça prend
moins de temps pour analyser, chercher la proie idéale, déterminer le créneau
horaire le plus adéquat. En plus, avec le Dark Web, je me suis familiarisé avec
le hacking. Pratique ce truc, vous imaginez pas… ça permet d’avoir tous les
renseignements utiles pour la suite, une fois chois ta cible : un p’tit
tour sur les sites policiers ou du FBI, et tu sais tout de suite si le gars va
pas être trop compliqué à piéger. Juste au cas où. Un autre tour sur les
réseaux sociaux, analyse de la carte d’identité, son lieu de travail, ses
potes, ses loisirs,… Tout ça tu peux l’apprendre grâce à ses comptes Facebook, Twitter
ou Instagram. Pas de place pour le hasard de nos jours. Ceux qui sont trop
discrets sur les réseaux, c’est à éviter. Trop risqué, sans tout connaître sur
eux. Tu peux pas te lancer tête baissée
dans la rue, suivre ton objectif, et attendre le meilleur moment. Non,
franchement, à part les débutants, plus personne opère comme ça. Ouais, c’est vrai :
les grands noms, Gacy, Dahmer et les autres, ils ont commencé de cette manière.
Mais ils n’avaient pas à disposition ce qu’on a aujourd’hui. C’est même pas
comparable.
Bon, ok. Alors,
tu vois là, ce gars. Ça fait une semaine que je suis son parcours. Un petit
branleur qui se pâme sur insta en calebute, avec ses nouvelles conquêtes. Une
merde qui hésite pas à balancer sur les petits secrets de ses meufs dès qu’il
en a l’occasion. Tu sais combien de filles il a pratiquement envoyé en mode
dépression ? Putain, mec, tu imagines même pas le nombre, c’est affolant.
Ouais, c’est ça mes cibles. Les connards qui respectent pas les sentiments des
femmes, je peux pas les blairer. Tu dis ? Si c’est mes uniques cibles ?
Non, pas seulement. Faut savoir se diversifier de nos jours, sinon tu t’engages
vite dans la routine, et c’est là que ça peut être dangereux pour toi, si tu
fais pas gaffe. Tellement habitué à tes petites manies, que tu manques de
prudence. Ça aussi, c’est important. Toujours penser à tout, et surtout, faire
à chaque fois, comme si c’était la première fois. C’est le meilleur moyen de
pas faire d’erreur. Dans le métier, ça peut être fatal. Bon, pour revenir au
bellâtre de mes deux, là, on va dire que c’est le genre de cible que je cible
en priorité. Pourquoi ? Ah, là, on touche une corde sensible. Mais t’es là
pour ça en même temps. C’est à cause de ma sœur. Elle a été la victime d’un de
de ces petits cons qui prennent les femmes pour des jouets. Une sorte de
vengeance ? ouais, on peut dire ça comme ça. Mais pas seulement. D’un
point de vue général, c’est ma nature de pas aimer les merdes comme lui. Et les
friqués qui profitent de leur compte en banque pour prostituer des pauvres
filles perdues, qui ont pas plus de 15 ou 16 ans, quand c’est pas moins. Voire les
faire plonger dans la drogue et compagnie. Putain, mec, si tu savais comme je
les hais ces gars-là ! J’en ai eu un comme ça le mois dernier. Vu comme il
était protégé, ça a été complexe de trouver la bonne méthode. Alors, je l’ai
appâté. En lui faisant croire que je pouvais lui fournir des filles, et en me
fabriquant une fausse identité sur les réseaux cachés du web.
Après, ça a
été un jeu d’enfant. Dès qu’il est entré dans ma voiture, c’était fini pour
lui. Une voiture de location bien sûr. Louée par correspondance. Le pied que ça
a été de le torturer. J’ai commencé par la langue. Je l’ai découpée par petits
bouts, en prenant bien soin de lui montrer chaque morceau au fur et à mesure.
Après je lui ai écorché les bras. Avec une lame rouillée, pour faire durer le
plaisir. Rien que d’y repenser, j’en ai des frissons de plaisir. Mais je m’égare.
Bon, tu vois la petite merde, là, Steven le BG, il a ses habitudes, à voir les nombreuses
photos qu’il poste sur insta. Il va souvent à un club de striptease. Tu vois la
personnalité ? Il drague à outrance, et en plus il amène ses conquêtes
dans ce type de club. Aucun brin d’empathie ou d’éthique pour les pauvres
filles qui sont tombées dans son filet. Je vais me faire un de ces plaisirs à m’occuper
de lui. Bon, ce club, il en sort chaque soir aux alentours de 2 heures du mat’.
Ça je le sais par les caméras de surveillance du quartier. Ah non, ça par contre, je peux pas te dire
comment je les ai hackées. Secret professionnel. Tu peux comprendre ça ?
Si on sait comment je fais, la sécurité du matériel va être renforcée, et ça va
me faire perdre du temps pour forcer les barrages informatiques pour briser le
nouveau protocole de protection pour me servir des images à nouveau. Bon,
maintenant, viens avec moi. On va se rendre sur place pour mieux déterminer où
le choper cette nuit.
10 H 34
Alors voilà,
on y est : c’est ce bar là. Le temple du foutre dans toute sa splendeur.
Si je pouvais, je buterais tous les dirigeants. Mais il faut savoir être
raisonnable. Ça viendra un jour. De quoi ? Si je me considère comme un
justicier ? Mec, tu rigoles là ? Tu trouves que je ressemble à Arrow ?
Tu veux que je prennes un arc et des flèches aussi ? Non, mais soyons
sérieux. Quand j’ai débuté, j’ai aussi pris la vie de mecs qu’avaient rien
fait. J’étais jeune en même temps, et je cherchais un sens à ce que je faisais.
Tous les grands noms sont passés par là. Je connais pas mal de collègues qui
sont comme ça. Je suis pas toujours d’accord sur leurs choix, mais bon, chacun
son truc, chacun sa méthode. On a tous des goûts différents, des jeux
différents. Tant qu’ils me font pas chier, et qu’ils me font pas de l’ombre
dans mon secteur, pas de souci. Quoi ? Evidemment qu’on se connait dans le
métier. Pas tous, bien sûr. Certains sont assez taciturnes, la relation inter-collègues
c’est pas leur trucs. Par contre, même si ça nous arrive de communiquer entre
nous, on a une règle : jamais de sortie commune. Pour des raisons évidentes.
Surtout que si nos méthodes d’investigations ont évoluées, celle des flics
aussi. Je te l’ai déjà dit : pas de
place pour le hasard.
11 h 22
Bon, tu
vois, là petite ruelle là ? Je sais que vers 1h, mon futur jouet a l’habitude
de s’y rendre pour fumer son joint à la con. Ouais, la drogue et moi, on est
pas copain. Te méprends pas, j’ai rien contre. De temps en temps, une petite
ligne, purée, ça te libère le cerveau, c’est extra ! Tu devrais essayer, t’as
l’air un peu coincé je trouve. Mais il faut que ça soit de la qualité. De nos
jours, il y a trop de contrefaçon qui te ravage la tête plus que tu ressens de
plaisir. Bon, pour revenir à la ruelle, il y a juste un lampadaire qui l’éclaire.
Il suffira de venir une petite heure avant, un petit jet de ferraille balancé
au lance-pierre sur l’ampoule, et le décor sera posé. Plus qu’à attendre la
sortie de la cible. Tu dis ? Où se cacher ? Bonne question ! Hé,
t’es pas si nœud-nœud que je pensais. Il y a un peu de cervelle grise qui
fonctionne dans cette petite tête de binoclard. Ha, t’offusques pas, c’était
pas méchant ! Humour ! T’es vraiment trop coincé quand tu t’y mets !
On se mettra derrière le container à ordures au fond. Pour le reste des
opérations, tu verras sur place…
12 h 14
Bon,
maintenant que la phase observation est achevée,
viens mec. On va aller becqueter un bout à mon snack préféré. C’est moi qui
régale. Non, non j’insiste !
13 h 21
Alors ? C’était pas le top ce repas ? Un peu
ballonné ? Ah, t’as pas souvent l’habitude de ce type de nourriture, je me
trompe ? Plus resto chic, non ? T’inquiètes, ton estomac va vite s’habituer.
Tu me rappelles un de mes « invités », il y a de ça quelques mois.
Putain, le mec il arrêtait pas de me balancer des pets à chaque fois que je lui
enlevais un morceau de son corps, une vraie infection ! Obligé de mettre
un masque pour continuer ! Je sais pas si c’était le gras qui le composait
qui faisait ça, mais purée, je peux pas oublier cette puanteur ! Même un
cadavre en putréfaction il sentait meilleur, c’est pour dire ! D’un autre
côté, j’ai rarement découpé de la peau aussi facilement ! Même pas besoin
d’aiguiser la lame tellement ça s’enlevait facilement. Et pourtant, ça fait
partie de mes rituels habituellement. Une lame bien aiguisée, rien de tel pour
bosser peinard. Mais là, rien que pour trancher sa jambe droite, pour te donner
un exemple, j’avais l’impression de couper du beurre, tellement ça a été facile
d’atteindre l’os. Ah ouais, j’aime bien faire ça aussi. Je coupe pas directement
la jambe d’un coup. Je tranche autour d’abord. Ça prolonge le plaisir. Après,
tu fais glisser la lame le long de la jambe. Le spectacle de la chair qui se
soulève peu à peu, je connais rien de plus beau à voir ! Après, y’a plus
qu’à prendre la scie sauteuse pour couper l’os à nu. Doucement, sans
précipitation, tout en observant le visage parsemé de douleur de ton joujou.
Des fois, j’aime
bien prendre les larmes qui coule sur les joues. J’en mets une sur la langue,
et je savoure. Tu comprendras sûrement pas, mais c’est une sensation unique ce
moment. Un petit goût acidulé, le goût de la peur concentré en quelques millimètres,
c’est exquis, tu peux même pas imaginer ! Rajouté à un petit morceau de
chair fraîchement coupé, mâché délicatement, sans se presser. Ah putain, c’est
vraiment génial. Au moins aussi bon que les steaks qu’on a mangé tout à l’heure…
Je t’ai dit qu’il était tenu par un collègue ? Garde ça pour toi, mais il
fait les meilleurs hamburgers à la viande
humaine de la ville. Ah ouais, c’est son truc à lui, ça. Il aime pas gaspiller…
Ah ben non, bien sûr que personne connait son secret. A part moi, bien sûr. Mais
c’est différent. Lui et moi, ça fait des années qu’on se connait.
16 h 54
Alors, il
est pas extra ce magasin de fringues ? Non, t’affoles pas, t’as rien à
débourser. C’est de ma faute. J’aurais du t’annoncer le truc des hamburgers d’une
autre manière. Peut-être même que j’aurais pas dû te dire en fait… Mais je
pouvais pas deviner que t’allais dégobiller tout ton déjeuner en pleine rue non
plus, et pile poil sur tes habits en plus de ça… T’es pas doué quand même, on t’as
jamais dit. N’importe qui aurait tout craché sur le trottoir, dans une poubelle,
dans le caniveau,… Toi, tu lâches tout sur toi-même…. Allez, c’est pas grave
va, t’as pas à avoir honte tu sais. C’est des trucs qui arrivent.
18 h 46
Ok, alors, ça
va mieux on dirait ? Tu vois, cette petite ballade près de la rivière, ça
t’as fait du bien. On respire ici, il faut dire. J’aime bien cet endroit. C’est
là que j’y enterre la plupart des restes de mes victimes, dans la forêt juste
derrière. Là-bas, près du grand chêne, il y en a 4 ; un peu plus loin, juste
à côté, j’en ai placé 5 autres ; les autres, ils sont tous près de la
grotte, en plein cœur. 24 au total. Ouais, je sais, c’est pas énorme. Mais
comme je t’ai dit, je suis un artiste. Je prends mon temps pour choisir mes proies,
et je prends mon temps aussi pour jouer avec, les découper en petits bouts… Les
cuisiner aussi parfois. D’ailleurs, le bacon que t’as mangé ce matin avec ton
café, je dois vraiment te dire sa provenance ?
21 h 16
Tu sais que
t’es le mec le plus maladroit que je connaisse. Se vomir dessus deux fois dans
la même journée, fallait quand même le faire… Bon, allez pour faire passer ça,
on va aller boire un verre au club. On a encore le temps. Notre proie est pas
encore arrivé de toute façon. Logiquement, elle devrait arriver vers 22 h 30, si
il a pas changé ses habitudes. Mais connaissant ce type de raclure, il sera
sûrement ponctuel, je m’affole pas là-dessus…
22 h 49
Ouais, c’est
bien lui. T’as l’œil mon gars, c’est bien. C’est important dans notre métier d’avoir
une bonne vue. Bon, toi tu triches un peu avec tes lunettes. Mais il y en a d’autres
comme toi. C’est un détail ça. Allez, viens, on va aller profiter du spectacle.
Autant joindre l’utile à l’agréable. Tu dis ? Ah non, j’ai rien contre le
club en lui-même. Voir des nanas s’effeuiller en musique, je mentirais si je disais
que j’aime pas ça. Je suis un homme quand même… Non, ce que je blaire pas, c’est
les mecs qui prostituent ces pauvres filles comme je te l’ai déjà dit. Si ils se
contentaient de les recueillir pour les faire bosser ici, ça irait. Tant qu’ils
abusent pas d’elles en guise de « remerciement ». Je sais que c’est
monnaie courante dans ce milieu. Pas tous, heureusement. Il y en a qui sont
réglos. Ils prennent vraiment soin des filles qu’ils « adoptent »,
comme ils disent. Elles dansent dans les clubs, elles font leur spectacle, et pour
le reste, elles font leurs vies comme tout le monde. Mais il y en a de moins en
moins des patrons comme ça. La plupart, sont des maquereaux en puissance, qui
se cachent derrière le système pourri de notre société pour faire leur business
de prostitution, et se faire du blé sur leur dos, les menaçant de mort si elles
tentent de dire quoi que ce soit, ou si elles se rebellent. C’est ceux-là que
je peux pas supporter.
00 h 34
Bon, allez c’est
l’heure de se préparer. Viens, on va sortir discrètement pour se diriger vers
la ruelle, et se positionner comme prévu. Quoi ? Ah non, on peut pas
attendre la fin du show de Darla. Petit coquin, va ! Tu as bon goût, rien
à dire. Mais là, il faut qu’on bosse maintenant…
2 h 26
Tu sais que
tu m’as impressionné tout à l’heure mec ? Pour quelqu’un censé juste
observer mon travail, tu t’es sacrément investi. Merci à toi. Ça m’a fait
gagner un temps fou. Mais j’aurais jamais imaginé que tu avais un tel direct du
droit. La tête de Steven quand il s’est mangé le pain dans la tronche. Et quand
il s’est ramassé contre le mur, avant de tomber, et que tu l’as lardé de coups
au sol, putain, mec, j’ai adoré ! Première fois que j’ai rien à faire
quasiment. Bon, au bout d’un moment, j’ai dû t’arrêter, t’aurais fini par le
tuer plus tôt qu’il fallait. Et puis c’est pas ma méthode. Comme tu sais, j’aime
bien jouer avec mes victimes avant… C’est les 5 cocktails que t’as bu avant qui
t’ont mis dans cet état ? Tu devrais boire plus souvent.
3 h 17
Alors,
monsieur Steve, on fait moins le malin maintenant ? Tiens, mec, allume le
caméscope. Je garde toujours des souvenirs de mes petites séances de jeu. Dis-moi,
on commence par quoi ? Les yeux ? Non, trop classique. Et puis je
veux qu’il voie son calvaire jusqu’au bout. Alors, voyons, le nez, les oreilles,
… Tu dis mec ? Lui découper les lèvres ? Ouaiiiis… c’est bon ça… Décidément,
t’es plein de surprise. Alors, Steven, tu as écouté mon pote ? On va
commencer par t’enlever ces lèvres que tu aimes tant utiliser… Après…. On va
taillader tes bijoux de famille…. En faire des lamelles… que tu mangeras…
Ensuite… Je vais te raboter les doigts jusqu’à l’os… Tu dis mec ? Tu veux
le faire ? Putain, t’es sûr que t’es le même journaliste binoclard de ce
matin ? Attention, c’est pas un reproche, bien au contraire… Je peux te
dire que j’apprécie… Tiens, tu sais quoi ? Je te laisses la lime, fais-toi
plaisir… Je lui découperais les lèvres après… Je vois que tu meurs d’envie de
commencer…
5 h 38
Eh bien, c’était
une bonne journée, t’en penses quoi ? Tu dis ? Ah oui, Steve… Non, on
va pas l’achever ce soir. On en garde pour les autres soirs. Il faut pas abuser
des bonnes choses, c’est ce que ma maman me disait toujours. Bon, bien sûr,
elle parlait pas de ce domaine-là, tu t’en doutes, mais c’est le même principe…
En tout cas, tu m’as impressionné mec. Je vais même t’avouer un truc. Au
départ, j’avais prévu de te faire rejoindre Steven dans ma salle de jeux, pour
subir un sort analogue, dans les jours à venir. Faut me comprendre… Quand tu m’as
contacté, il y a une semaine, je savais rien de toi, je savais pas comment t’avais
fait pour trouver l’adresse de mon blog sur le Dark Web,… Autant la perspective
de voir un reportage sur mon travail me bottait, autant la manière dont tu m’avais
trouvé, avec le risque que tu en aies parlé à quelqu’un… Et puis, j’ai fait mes
petites recherches, et j’ai découvert que t’étais en Freelance. Plutôt
rassurant du coup pour moi. Alors, j’ai accepté ta proposition. En me disant
que je pourrais toujours attendre que tu aies vendu ton reportage avant de
revenir m’occuper de toi. Voire le vendre à ta place, en usurpant ton identité.
Rien de plus simple pour moi.
Mais là, avec ce que tu as fait, tu m’as vraiment bluffé
mec. Et puis, je dois avouer que cette journée avec toi était très instructive,
je t’ai trouvé vraiment cool. Tu m’as fait rire aussi… Bref, j’ai changé d’avis,
et j’ai décidé de te laisser en vie. Je sais maintenant que tu me dénonceras
pas après coup. Ça serait stupide de ta part en plus, vu que tu as été mon
complice tout du long. Et si tu veux repasser un soir tant que Steve vit
encore, aucun souci. Tu seras le bienvenu. Et peut-être qu’on chassera à
nouveau ensemble, qui sait ? Ah, je vois à ton sourire que tu n’es pas
contre, c’est cool ça ! Tu dis ? S’il me reste du bacon ? Ah
mais autant que tu veux mec…. Je sens qu’on va vraiment bien s’entendre tout
les deux…
Publié par Fabs