2 mai 2021

JE T'AI TANT DETESTE

 


Je regarde toutes ces photos placardées un peu partout. Ces images d’un passé dont je ne veux plus entendre parler, car il reflète une image de moi qui n’est plus d’actualité. Une époque où j’était faible, soumise, incapable de répondre,  ni même oser répondre, de crainte de subir encore plus de souffrances de la part de cet homme qui avait juré de me protéger le jour de notre union. Au final, j’ai découvert la face cachée de cet être abject qui ne m’a jamais pris pour autre chose qu’un jouet parmi d’autres. Une simple pièce d’un puzzle de violence où le sadisme le disputait au  vide de sens. Ou plutôt si : cela avait un sens pour lui. Quoi de plus facile quand on n’a pas d’âme. Quand on considère la femme comme un objet qu’on peut modeler à loisir, dans le seul but d’assouvir des passions et des pulsions inavouables au grand public. Et surtout, quand cette manière de vivre fait d’un tel homme une cible de choix pour les médias de tous bords. Alors, pour éviter de voir son nom sur tous les journaux, il s’arrangeait pour qu’on le craigne au point qu’il serait inconcevable de citer son nom devant un médecin demandant d’où venait ces marques presque invisibles sur les flancs. De peur de prendre encore plus cher, on ment, on étiole, on créé un scénario improbable de toute pièce. Tout ça à cause de la crainte d’une catégorie d’être humain capable de vous faire croire que l’enfer existe. Et qu’il en est le maître absolu.

 

J’ai vécu 10 ans de cette manière, étant la proie d’une ordure prenant son pied à me voir pleurer chaque heure du  jour, à se délecter de me voir ramper au sol pour ramasser les débris du petit pendentif que j’avais eu la faiblesse d’acheter, pour oublier mon calvaire qui s’accrochait à moi, tel l’araignée agrippant sa proie. Une petite lueur que je voulais garder en secret, admirer dans la froideur de ma chambre, entre deux séances de sévices corporels infligés par celui que je pensais être la réponse à ma solitude plusieurs années auparavant. A un moment où j’étais jeune et naïve, croyant stupidement que le prince charmant existait ; persuadée que ce sympathique trentenaire qui me dévorait des yeux au même arrête de métro tous les soirs, était un signe que m’envoyait le destin pour échapper à ma  morne existence. 

 

En y repensant aujourd’hui, je mesure à peine l’idiotie de cette pensée qui m’a poussé à me diriger vers lui pour lui proposer un rendez-vous autour d’un café. Puis deux. Puis trois. Un petit rituel qui s’est allongé pendant plusieurs semaines, me permettant de découvrir les points communs que nous avions, me confortant dans mon idée, du moins le croyais-je, que j’avais découverte l’homme parfait. Celui qui réussirait à rendre beau ce ciel maussade qui assombrissait ma vie depuis des lustres. Depuis la mort de ma mère. Cette mère que  j’adorais tant. Capable de se sacrifier, financièrement parlant, pour que sa fille ne manque de rien, puisse suivre les études les plus élogieuses, avoir un appartement digne de son statut… et cachant sa maladie sans rien dire, pour ne pas que je souffre de la voir partir peu à peu. Un cancer des os qui la détruisait de l’intérieur, et qui a fini par l’emporter un matin de décembre, quelques jours avant Noël. Quelle ironie ! Une période de fêtes entachée par la perte de l’être le plus cher que l’on ait, il ne peut rien y avoir de pire quand on est une jeune fille ayant du mal à trouver ses marques au sein d’une société qui, malgré les apparences, en est encore à un système moyen-âgeux suivant le pays, la région ou la ville où vous résidez. Un système où la femme n’est pas l’égal de l’homme, parvenant à le cacher par des subterfuges élaborés qu’on nomme marketing et apparence médiatique.

 

C’est vraisemblablement à cause de cet état d’esprit proche du néant psychologique que je me suis donc retrouvé à espérer trouver quelqu’un à même de combler ce vide qui s’était formé en moi. Comment aurais-je pu deviner dans quel cauchemar j’étais sur le point d’entrer en voyant son sourire presque angélique qu’il arborait à ma vue ? Comment savoir que sous ses airs charmant, sa tenue impeccable, sa coupe de cheveux gominée sans excès, se cachait un monstre de perversion à un degré inimaginable pour qui tentait de comprendre les méandres de l’être humain. Même en sachant que c’était dans les ténèbres que se cachait les pires des créatures, à aucun moment on n’imagine que la plus abominable d’entre toutes, c’est la même catégorie, la même espèce expliquant chaque jour sur le net, à travers blogs, réseaux sociaux, forum ou chat son dégoût des inégalités et des crimes les plus abominales, qui peut montrer la cruauté la plus totale envers ses semblables.

 

Si certains finissent par être dévoilés aux yeux de tous, ce ne sont que la partie visible de l’iceberg, chacun des ces monstres modernes ayant depuis longtemps appris à se dissimuler sous des identités diverses, utilisant la technologie pour masquer ses actes passés, se servant des failles du numérique pour mieux appâter ses proies qui finiront par atterrir dans ses filets. Une technique bien rôdée pour nombre d’entre eux. Et c’est sur l’un de ces prédateurs d’un autre ordre que les malheureusement classiques affamés sexuels que je suis tombée, n’ayant aucune méfiance envers ses pratiques de séduction ayant déjà fait ses preuves par le passé. Mais à ce moment, je l’ignorais encore. D’autant qu’il était un stratège de la dissimulation, ayant déjà officié dans d’autres états, sous d’autres  identités, sans jamais avoir été sous le coup d’une quelconque condamnation, grâce à sa maitrise de l’information, sachant utiliser à son avantage tout ce qui fait de notre société actuelle un « exemple » de modernité, étalant chaque jour les derniers-nés de l’ère binaire :  ordinateurs, tablettes, smartphones, … Tous ces outils aujourd’hui commun, qui sont autant de méthodes imparables pour faire d’un loup un agneau en apparence. Transformant ses griffes en apparats soigneusement dissimulés sous une couche de mensonges, de tergiversations et de dissimulations de tout ordre possible.

 

Quand je l’ai connu, je ne savais pas que j’étais déjà sa 5ème victime. La 5ème d’une longue lignée de femmes qui, comme j’allais le découvrir à mon tour, avait subies sa vision de la femme. Une vision horrible, ou chacune d’entre elles, à ses yeux, n’est ni plus ni moins, qu’un animal inférieur, devant se soumettre à l’autorité d’un maître. Pour lui, la femme n’a pour fonction que d’obéir au moindre de ses caprices, à la plus petites de ses exigences, sans chercher à discuter, se propulsant presque au rang de Dieu dont les ordres doivent être immuables. Vous allez sans doute vous demander comment j’ai pu tomber dans son piège aussi facilement, sans découvrir, au début de notre relation, le moindre indice signifiant que quelque chose n’allait pas. Une incohérence dans ses gestes, ses attitudes qui aurait pu me permettre d’avoir un signal sur ce qu’il était vraiment ? La réponse tient en peu de mots : l’amour, la passion, le rêve secret d’une femme en manque d’affection, dont le moral était au plus bas par la perte de sa mère. Il n’en fallait pas plus pour ne pas voir les petits aspects de son comportement qui aurait pu m’indiquer dans quel piège infernal je me dirigeais inconsciemment. 

 

Et il savait y faire, vous pouvez me croire. Mais il faut dire qu’il avait eu le temps de peaufiner sa « technique », après ses 4 précédentes proies, ayant eu le malheur de croiser sa route. Son système de séduction était sans faille, et sur le coup, à aucun moment je n’aurais pu penser que tout ceci était un rôle qu’il jouait pour mieux me faire tomber dans ses bras. Non, jamais dans ces instants, je n’aurais pu croire que ses cadeaux, ses gestes tendres, ses invitations à des sorties romantiques adorables, n’étaient que de la poudre aux yeux pour m’inciter à commettre l’erreur fatale qu’il visait à me faire commettre depuis le début : le mariage. Il est difficile de comprendre ce qui peut motiver un être psychotique ou névrosé. Certains ne peuvent réfréner leur mal, et l’expose à tous, montrant toute la violence dont ils sont capables, quel que soit le moment et l’heure. Et d’autres, au contraire, ont appris à maîtriser cette partie d’eux au grand public, sachant faire la part des choses pour mieux la faire ressortir une fois mis à l’abri des regards indiscrets. D’autres, enfin, ont besoin de se trouver dans une situation particulière pour pouvoir assouvir pleinement cette face cachée d’eux. Et dans son cas à lui, cela passait par le mariage.

 

Il ne pouvait concevoir d’enlever son masque tant que cette étape n’était pas franchie. Cela montrait à quel point il était dangereux. Cette faculté de s’enfermer dans un cocon, un simulacre de douceur externe, un masque extrêmement élaboré pour mieux installer les parois de la cage qu’il préparait pour le petit animal qui aurait le malheur d’être appâté. Tout cela faisait partie d’une mise en condition afin de faire exploser sa vraie personnalité, une fois que toutes les étapes prévues étaient franchies. Sans doute que pour lui, une fois que la femme choisie avait accepté de se marier avec lui, cela signifiait qu’elle devenait sa chose, et qu’elle ne pourrait donc plus s’enfuir, grâce à un simple petit papier écrit. Une fois entré dans son univers, il en fermait les accès, imposait ses véritables règles, ne laissant pas le choix à celle qui s’était fait piéger que de se conformer à son monde de terreur, où ses poings servaient de catalyseur. Un monde où le masque tombait, montrant sa faculté à user de sa verve autrement que pour des mots pleins de tendresse. Un monde où l’humiliation, la domination et le sentiment de contrôler chaque chose prenait le dessus sur tout le reste.

 

Cela a commencé par de petites choses à priori insignifiantes, près de 2 mois après notre mariage. Des petites bricoles que  je mettais sur le coup du stress. Un coup de colère suite à un document qu’il ne trouvait pas, des clés rangés à un autre endroit que celui qu’il considérait être sa place, une panne de réseau… Puis, cela est monté en puissance, presque sans m’en rendre compte, à coup de jalousie parce que j’étais rentrée un peu plus tard que d’habitude du travail, pour avoir pris un verre avec des amies. Des scènes de ménages devenant de plus en plus fréquentes, pour des raisons à chaque fois plus incompréhensibles. Et quand une journée n’avait pas eu ce petit déclic pour lui permettre de passer ses nerfs sur moi, il en inventait, prétextant avoir reçu un coup de fil d’un soi-disant collègue de travail dont il avait vu la photo sur mon portable. Portable dont il avait cracké le code d’accès je ne savais comment. D’autres fois, il indiquait qu’il s’était trouvé sans pouvoir envoyer un fax parce que les fusibles avaient sautés. Fusibles qui étaient en parfait état, après « enquête », mais décrochés de leur support suffisamment discrètement pour qu’on ne le voie pas, et donc empêcher toute suspicion du stratagème.

 

Puis, les premiers coups sont arrivés. D’abord sous forme de gifles. Puis celles-ci sont devenus des poings à des endroits stratégiques du corps, de manière à montrer le moins de traces possibles. Suivis de poussées violentes pour me faire tomber au sol, et de coups de pied, ou de « serrage » des doigts, provoquant d’extrêmes douleurs. Quand je demandais pourquoi il recourrait à ces actes de violence au lieu de chercher à discuter, il me répondait que je n’avais pas à discuter ce qu’il disait, et encore moins ses méthodes de « discipline ». Son comportement devenait de plus en plus incohérent au vu des situations invoquées… et de plus en plus poussées dans l’humiliation, renversant la poubelle devant moi, me demandant de la ramasser jusqu’au dernier gramme de poussière… en utilisant une petite cuillère. Ou alors, dans un accès de furie que je pensais incontrôlée, il envoyait valser l’intégralité de ce qu’il y avait sur la table de la cuisine. Et si quelque chose venait à tacher son pantalon, ou ses souliers, il m’obligeait à le nettoyer avec des produits incongrus. Pour faire durer le plaisir. Quand il ne me forçait pas à lécher le sol.

 

Vous vous demandez sans doute pourquoi je n’ai pas cherché à me révolter de ces actes dès le départ ? Tout simplement parce que les rares fois où j’ai tenté de m’opposer à son comportement, j’en ai subi le prix juste après. Je voyais comme des flammes dans son regard après mon refus d’obtempérer. Et les coups pleuvaient de plus belle. Alors, après plusieurs tentatives de ce type, j’ai fini par me soumettre, même si cela me répugnait au plus profond de moi. Mais en voyant son regard, et me rappelant de la violence de ses coups, dont mon corps se souvenait, je n’avais pas envie de le contrarier plus qu’il ne l’était déjà, et je finissais par accepter tout et n’importe quoi. S’en étant aperçu, il redoublait d’ingéniosité quant aux « punitions », me faisant porter des chaines aux pieds dont j’ignorais la provenance, me forçant à tenir sur un pied sans bouger pendant un temps déterminé, des objets divers sur la tête. Juste pour voir si je parviendrais à ne pas les faire tomber. Mais ils tombaient toujours. Et cela lui servait d’excuse pour me frapper. Mais jamais au visage, ni aux mains. Il évitait soigneusement les régions pouvant indiquer mon traitement facilement quand je me rendais au-dehors, qui se limitait à mon travail, car j’avais dû renoncer à toute autre forme de sortie, sous peine de punitions supplémentaires.

 

J’en étais arrivée à un point où je n’attendais plus d’aide de personne, tellement j’avais peur que cela déclenche sa fureur s’il venait à apprendre que quelqu’un avait eu vent de mes déboires. C’était parfois difficile de montrer un visage radieux, alors qu’intérieurement j’étais détruite, mais je n’avais pas le choix, si cela pouvait me permettre d’éviter des coups en plus. J’ai vécu de cette manière pendant près de 6 mois, sans trop savoir comment j’avais fait pour tenir le coup. Et puis, il y a eu le geste de trop. Un soir, il a mis le feu à la seule photo qui me restait de ma mère. Il savait que je n’avais que celle-là, ma mère n’étant pas trop fana de se faire « tirer le portrait ». J’ai pu lui reprendre et j’ai réussi à l’éteindre de justesse. Cela l’a mis dans une rage folle. Et il m’a obligé à la brûler moi-même. J’étais en larmes, le suppliant de ne pas me faire subir ça. Je n’ai pas eu le choix, sinon je savais qu’il m’aurait encore plus lardé de coups. Et il aurait fini par la brûler de toute façon. Alors, pleurant comme jamais je n’avais pleurée, j’ai détruit la photo. Après ça, je l’ai vu arborer un sourire de satisfaction, tout heureux de m’avoir dominé une fois de plus. Mais cela a été le déclencheur de ma révolte. Je ne pouvais plus supporter de vivre ainsi. Il fallait qu’il disparaisse de ma vie. Je devais reprendre mon destin en main. Même si cela impliquait de commettre un meurtre…

 

J’ai mis plusieurs semaines de plus à élaborer un plan pour éliminer la menace, et j’ai fini par trouver de quelle manière j’allais me débarrasser de lui. En utilisant son point faible. Après chaque « séance » de punition, il n’omettait pas de me soumettre à ses désirs les plus pervers. Il ne manquait jamais d’idées pour me forcer à me soumettre à porter des tenues affriolantes, voire carrément vulgaire. Il avait toujours refusé de me dire d’où il tenait ses tenues. Mais je supposais que c’était des souvenirs des précédentes femmes ayant subies elles aussi ses frasques. C’est d’ailleurs par hasard que j’ai découvert son passé. Par le biais d’un album photo, soigneusement dissimulé dans une boite en carton en haut de la penderie. Si je n’avais pas malencontreusement fait tomber l’étagère de cette dernière en faisant le ménage, le haut du balais ayant tapée la planche, je n’aurais certainement jamais su ce qu’il en était. Dans cette boite figurait des passeports, des cartes d’identité comportant de identités autres que la sienne. Il y avait des cheveux enveloppé dans de petits sachets de plastique, des dents, des bijous. Et l’album de photos comportait des portraits de 4 femmes. Plusieurs photos d’elles aussi avec lui à leur côté. Des photos de mariages également. C’est là que je compris qui j’avais épousé. Là que je compris que si je ne voulais pas me retrouver dans cet album, il fallait que je le tue. Avant qu’il me tue.

 

Tout était déjà organisé dans ma tête. La tenue à arborer, discrètement achetée dans un magasin du centre-ville. Le scénario à utiliser pour l’obliger à se rendre où je voulais. Et l’arme que j’utiliserais pour le rayer de la carte. Sans oublier la manière de me débarrasser du corps. C’est ainsi qu’un soir, alors qu’il revenait du travail, je l’attendais. Habillée en tenue de soubrette. D’un rouge très attirant. Et transparent pour encore plus l’exciter suffisamment pour ne pas qu’il se mette à réfléchir de mon attitude aussi soudaine qu’inhabituelle. Comme je le pensais, il n’avait d’yeux que pour ma tenue… très sexy.

 

 La réussite de mon plan passait par sa perversité presque sans équivalent. Je lui demandais de jouer à un jeu, et qu’il y aurait une récompense, mais qu’il fallait qu’il se laisse bander les yeux. Trop heureux de voir sa victime enfin soumise totalement à lui, il n’a pas cherché plus d’explications, et a accepté ma proposition sans discuter. Je l’ai pris par la main, et l’ai mené jusque dans la cave. Il y avait un je ne sais quoi de satisfaisant dans le fait de pouvoir, pour la première fois, de prendre l’initiative sur lui, de renverser les rôles. Mais je n’en oubliais pas pour autant mon plan. Arrivé en bas de la cave, qui avait la particularité d’être insonorisée, ce dont je m’étais toujours demandé pourquoi, juste avant de trouver les photos, et me donnant une explication à cela, je lui demandais d’attendre quelques instants. Que la surprise allait arriver. Le sourire aux lèvres, il me disait qu’il était impatient de voir ça. Qu’il adorait les surprises. Il n’allait pas être déçu. Je me rendais au fond de la pièce, afin de prendre un seau de plomb, où se trouvait une substance bien particulière. Point de départ de ma vengeance.

 

Je pris la poignée et me dirigeais vers l’homme qui avait volé une grande partie de ma vie. Soulevant le seau à hauteur de sa tête, je renversais le contenu sur lui. Il se mit à hurler de douleur, pendant que sa peau se détachait, fondant par lambeaux entiers, le faisant tomber à genoux. Décidément cette recette, mélange d’acide et de chaux vive était encore plus efficace que je ne l’aurais cru. Mais ce n’était pas suffisant. Pendant qu’il se tordait de douleur, criant plus fort qu’une sirène de bateau, je revenais vers là où j’avais pris précédemment le seau, pour y prendre un taille-haies à batterie. Je le mettais en marche, pendant que le corps de celui qui avait été mon tortionnaire pendant des années continuait de se décomposer, mettant en évidence un peu partout les os de son corps. Il était parvenu à enlever le bandeau, et voyait donc plus ou moins avec ce qui lui restait de yeux ce que je m’apprêtais à faire, brandissant la lame du taille-haies vers lui. Il se remit à crier encore plus. Pris d’une excitation sans égal, je ne sentais même plus le poids de l’engin, et l’abattit avec force sur sa tête, découpant soigneusement celle-ci, de haut en bas, ignorant les cris de terreur et de souffrance de ma victime. Je continuais à faire descendre toujours plus la lame sur son corps, étant arrivé au niveau du cou, pendant que plus aucun son ne sortait du corps, celui-ci subissant la loi de mon arme de fortune. Je continuais malgré tout à trancher le corps, la musique de la chair tranchée et des os se brisant sous le coup devenant digne d’un véritable opéra macabre dont j’étais le chef d’orchestre.

 

Plusieurs minutes se passèrent encore, où je découpais le reste du corps, de façon à ne laisser que deux parties distinctes. Puis, je découpais le reste du corps en plusieurs petits morceaux, de façon à avoir plus de facilité à les transporter par la suite. Au bout d’une bonne heure de travail, tout était en place pour la seconde partie de mon plan. Je mettais chaque morceau dans des sacs poubelles étanches, avant de les disséminer dans 3 caisses de rangement, que je remontais une à une à l’étage. Je prenais soin ensuite d’enlever les plastiques déposés préalablement partout dans la pièce, et de les disposer à leur tour dans des sacs. Et dire que certains ne comprennent pas ceux qui aiment les séries et les films d’horreur. Ils ont tort. On apprend plein de choses en les suivant. Si je n’avais pas été aussi fan de « Dexter », je n’aurais certainement pas su comment faire pour masquer tout le sang occasionné par mon acte. Tandis que là, grâce à la série et ses bons conseils, il n’y avait aucune preuve de ce qui venait de se passer. Je remontais le tout, disposant les nouveaux sacs à côté des caisses de rangement. Je me prenais une douche, et attendis soigneusement le cœur de la nuit pour mettre le tout dans le coffre de la LandRover, et partit en silence. L’avantage des véhicules électriques.

 

Je fis plusieurs kilomètres, avant d’arriver à la destination prévue : un bassin de rétention dont plus personne ne devait se souvenir, tellement il était mal entretenu, mais malgré tout parfaitement fonctionnel. Idéal pour cacher les sacs. Vu l’état du site, il faudrait des années avant qu’une équipe puisse se rendre compte qu’il n’y avait pas que de l’eau dans le bassin. Entretemps, je serais partie loin de cette région. Je devais remercier Trent, l’un de mes collègues, de m’avoir parlé de ce bassin. Sans lui, j’en serais encore à me demander où balancer les morceaux du corps. Une fois lestés et lancé dans les eaux du bassin, je patientais un peu, histoire de vérifier que tout avait bien coulé, et ne remontais pas. Merci Dexter pour ça aussi. Décidément, cette série devrait être déclarée d’utilité publique pour tous les meurtriers en herbe. Maintenant, je pouvais partir. Je ne savais pas encore où, mais ça n’avait pas d’importance. Je n’avais rien à  prendre dans la maison, inutile d’y retourner. Il ne me restait plus qu’à vendre la LandRover, et acheter un autre véhicule plus discret avec l’argent obtenu dans le prochain Etat. Là, je prendrais une autre identité. Simple sécurité. Je connaissais un cousin, proche d’un gang de la région, qui pourrait me faire les papiers nécessaires. Je souriais à cette idée, et me demandais ce qu’il dirait s’il savait que son adorable et gentille cousine venait de commettre un meurtre… Mais il valait mieux qu’il n’en sache rien..

 

Ce qui était sûr dorénavant, c’était que je pouvais enfin faire une croix sur ces années de souffrance et de pleurs occasionnés par cette ordure que j’avais fait l’erreur d’épouser. Le meilleur ne pouvait que venir à moi maintenant. J’étais libérée, je me sentais une autre, et je trouvais ça tellement grisant. J’étais une autre, et j’allais enfin goûter à la vraie vie…

 

Publié par Fabs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire