9 févr. 2023

Célia-Partie 2

 


 

Après cette nuit, ma vie, mon regard sur le quotidien tel que je le percevais avant, mes envies, mes joies, la passion que je vouais à mon travail en tant qu’écrivain, en tant qu’auteur, tout a basculé. Tout a viré au cauchemar, à un enfer permanent. Quand Célia est venue à moi, je n’ai pas réfléchi à ce que l’accord de notre « contrat » pouvait impliquer. J’étais tellement subjugué par elle, par l’aura irréelle et hypnotisante qui se dégageait d’elle, et aussi sans doute par la crainte des répercussions énoncées en cas de refus, que mon cerveau n’a pas pris la peine de penser aux conséquences de mon acceptation. Conséquences dont j’allais très vite découvrir les composants, pour mon plus malheur, me faisant plonger dans un tourbillon de folie dont je ne sortirais pas indemne. Je ne pouvais pas me douter que chaque aide de la part de Célia pour trouver l’inspiration, par le simple toucher de ses doigts sur les côtés de mon front, ce rituel que j’appréciais tant au début, allait mettre en place un climat de terreur tout autour de moi, de mes proches, et de tout ceux qui auraient le malheur de faire partie de mon entourage.

 

La moindre rencontre que je faisais pouvait avoir une influence sur les décisions de Célia, pour faire naitre mon « inspiration ». Ces scènes pour me faire progresser dans mon histoire étaient loin d’être fictive, comme je le pensais. Aujourd’hui, je regrette tellement d’avoir remercié Célia pour ces idées qu’elle faisait germer en moi, me faisant frapper les touches de mon ordinateur, sans savoir que chaque personnage présent, chaque vie que je faisais naitre avec l’aide de cette muse, influait sur mon environnement. Ou plus précisément, le destin de chacun d’entre eux, leurs actions, leur choix, leur vie ou leur mort, était déterminé à l’avance par ce monstre sensuel à la beauté enivrante qui me faisait transformer, sans le savoir, en complice de ses actes.

 

J’aurais pu éviter tout ça si seulement j’avais écouté les conseils de Vic, si je n’avais pas choisi cet appartement. Il avait tenté, maladroitement, discrètement, de me pousser à ne pas me rendre à l’état de marionnette de cette créature dépourvue de tout remords sur la vie humaine. Il savait ce dont était capable Célia, comme il me l’avouerait plus tard, alors que j’avais déjà sombré dans l’obscurité des desseins de Célia. C’est lui encore qui m’a dirigé vers Russell. Russell Parker. L’un des précédents locataires de l’appartement où j’ai emménagé. L’antre de Célia. Et surtout l’un des rares à avoir réussi à se défaire de son emprise, mais à quel prix. Je vous parlerais plus tard de ce qui m’a conduit à le rencontrer, grâce à Vic. Mais pour l’heure, je me dois de reprendre le fil de mon récit, juste après cette nuit « mouvementée » à plusieurs niveaux. Je prenais mon petit déjeuner, encore un peu en train de me demander si je n’avais pas tout rêvé, quand j’entendais cogner à la porte, suivi d’une voix que j’aurais reconnu entre mille. Celle de Sven.

 

- Allô ? Y’a quelqu’un ? Service express de rapatriement d’objets non perdus… Vous avez fait appel à notre société concernant votre ordi pourri à 75 dollars, et des fringues de très mauvais goût, pour qu’on vous les livre. Chaque seconde à me faire patienter vous coûtera une bière supplémentaire en dédommagement…

 

Je faillis m’étouffer à l’annonce du « message », manquant même de laisser échapper ma tasse au sol. Je posais celle-ci, avant de me diriger vers la porte, non sans laisser échapper quelques quintes de toux. 

 

- ça fait déjà 4 bières : j’espère que vous avez ce qu’il faut dans votre frigo, parce que le prix augmente de plus en plus…

 

Je parvenais à la porte, ouvrait, et découvrais le visage hilare de Sven, visiblement satisfait de sa petite blague

 

- Ah ben quand même ! Tu sais que y’en a qui sont morts pour moins que ça à attendre de la sorte…

 

- Tu exagères… En plus, j’ai failli m’étouffer à cause de ton « annonce »

 

Laissant entrer Sven, et refermant derrière moi, je laissais mon clown préféré s’installer sur le sofa du salon, et poser mes affaires sur la petite table basse placée devant

 

- Ben, dis donc… Tu t’emmerdes pas… C’était l’appart’ de Marilyn Monroe avant ? Quel luxe, mon salaud…

 

- Tu connais mon penchant pour les belles choses… Ah et au fait : mon ordi a coûté plus de 75 dollars…

 

- Cette antiquité ? Un jour, faudra que je t’indique où aller pour trouver du vrai matériel… Et à propos de belles choses, quand est-ce que tu me présentes tes voisines célibataires ?

 

- T’es impossible. Je suis là depuis peu je te rappelle. Je sais même pas s’il y en a des voisines…

 

- Y’en a toujours, faut juste te renseigner… Et pis d’ailleurs, faudra penser aussi à t’en trouver une… Je peux jouer les intermédiaires si tu veux… 

 

- Non, c’est bon, ça ira… Je suis majeur et vacciné, je peux me débrouiller là-dessus. Pas besoin de tes talents de dragueur…

 

- C’est très blessant ce que tu viens de dire. Je drague pas d’abord. Je lie connaissance avec le meilleur parti créé par l’humanité, c’est pas pareil…

 

Là-dessus, je riais de bon cœur, m’installant à mon tour sur le sofa, après avoir apporté le « médicament » de Sven, comme il aimait le préciser. Le seul qui soit valable à ses yeux. Il avait une maladie du cœur, mais il se refusait à voir un médecin. Selon lui, un docteur n’était rien de plus qu’un dealer, fourguant des drogues pour pas avoir à chercher ce qui n’allait vraiment pas chez ses patients. J’avais beau lui dire qu’ils n’étaient pas tous comme ça, il ne voulait pas en démordre. Et j’avoue que j’avais toujours la hantise d’apprendre qu’il ait une attaque un jour, qui me sépare de sa bonne humeur, et de sa façon unique qu’il avait à me faire oublier tout souci. On discutait ainsi une bonne partie de la matinée, et je devais presque le mettre dehors, pour que je puisse enfin commencer à savoir si l’ambiance de cet appartement me servirait à créer mon prochain livre. Je ne parlais évidemment pas de ma « discussion » de cette nuit avec l’occupante surprise des lieux.

 

Connaissant Sven, il n’aurait pas manqué de me demander de lui présenter, vu qu’il s’agissait d’une femme, ou de me taquiner sur le fait que je vivais avec elle, sans lui en avoir fait mention. Pour le moment, le « contrat » ne stipulait pas qu’il m’était interdit de parler de ma relation avec Célia, mais le bon sens, et une forme d’alerte intérieure me préconisait de mettre cette information de côté à la connaissance de mon ami. Une fois Sven parti, non sans lui avoir promis de le prévenir quand j’aurais pris contact avec les éventuelles célibataires de l’immeuble, je m’installais à nouveau sur le sofa, et ouvrais mon ordinateur, l’allumais, et cliquais sur le dossier de mon roman en cours. Celui sur lequel je ne parvenais pas à avancer, et qui était la cause de ma présence ici. Jusqu’à ce que j’emménage dans cet appartement, j’avais à peine écrit une demi-page, envahi par le syndrome de la page blanche. Quand soudain, commençant à me demander si je n’avais vraiment pas rêvé les évènements de cette nuit, Célia daignait se montrer à moi.

 

- C’était votre ami qui était là tout à l’heure ? Vous semblez très proche tous les deux. Cependant, je n’ai pas décelé la moindre fibre artistique chez lui. Juste des pensées obscènes, qu’on croirait appartenir à un animal de bas instinct. Je m’étonne que tu sois ami avec un tel individu, mon cher Alejandro…

 

- Ce n’est peut-être pas le plus fin des hommes, j’en conviens, mais c’est le meilleur des amis. Vous ne devriez pas le juger juste sur une impression.

 

Célia souriait, montrant un air à la fois indigné et sarcastique

 

- N’oublie pas que c’est toi qui vis sous mon toit, et pas le contraire. En ce sens, tu me dois plus de respect que je t’en dois en retour. Je n’aime pas ton ami. Je n’aime pas sa manière de penser envers les femmes. Tant que tu vivras ici, et que tu te plieras à mes règles, je te conseillerais de lui apprendre le savoir-vivre. Si tu ne veux pas que je me charge de le faire. A ma manière bien sûr…

 

- Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Sven est mon ami, je vous interdis de lui faire quoi que ce soit…

 

A ces mots, Célia montrait un visage plus dur, fronçant les sourcils, se penchant vers moi, et me désignant du doigt…

 

- Tu… Quoi ? De quel droit me parle-tu sur ce ton ? Tu as déjà oublié les termes de notre accord ? Tu dois te conformer à tout ce que je te dis de faire, ne pas poser de questions sur mes méthodes. Si tu déroges à cela, à ces simples règles, je ne te ferais aucun cadeau sur la suite de notre… cohabitation.

 

Célia se relevait, montrant un air de dominatrice, ravie du visage de chien battu que j’affichais à l’énoncé de notre accord de cette nuit

 

- Bien. Je vois que tu comprends. J’aime mieux ça. Dorénavant, je préfèrerais ne veux plus voir ton ami chez moi. Si je le vois encore une fois mettre ses pieds ici, je ne garantis rien sur ce qui pourrait arriver. Un accident est si vite arrivé…

 

Elle riait de bon cœur. Un rire terrifiant. A cet instant, je commençais à prendre conscience des modalités exactes me liant à Célia. Si je voulais bénéficier de ses facultés, de sa propension à me donner ce que j’étais venu chercher ici, je ne pouvais pas risquer de la contrarier, sur quelque sujet que ce soit. Elle l’avait dit elle-même, insistant sur ce point : ce n’était pas elle qui vivait chez moi. Mais le contraire. A cet instant, je ne savais encore rien d’elle, sur ses véritables pouvoirs, ce dont elle était capable, mais je préférais ne pas savoir ce qu’elle pourrait faire subir à Sven si je lui permettais de revenir ici. Il faudrait que je m’arrange pour le rencontrer à l’extérieur de l’appartement désormais. Pour sa propre sécurité. Célia avait été on ne peut plus claire à son encontre… J’en était à ces interrogations quand elle s’adressait à nouveau à moi :

 

- Parfait. Ce petit point mis en place, il est temps pour moi de t’offrir ma part du contrat. Je vois que tu as désormais ton matériel pour écrire. Installe-toi sur la table, ce sera plus convenable pour une dame telle que moi pour m’affairer à te donner l’inspiration que tu cherches. Ce sofa m’obligerait à me mettre dans une position derrière toi qui serait indigne d’une lady. Et tu ne voudrais pas me contrarier à nouveau n’est-ce-pas ?

 

N’osant dire un mot, je hochais la tête en guise de réponse, me dirigeant avec mon ordinateur sur la table du salon, toute proche, et m’installant sur la chaise, posant mon appareil sur la surface de bois. Presque immédiatement, je sentais la présence de Célia derrière moi. Son parfum, le froissement de ses habits sur mon dos. C’était une impression envoûtante, presque indescriptible. J’avais beau savoir qu’elle n’était pas vraiment humaine, qu’elle n’était pas véritablement de monde, passant d’un plan dimensionnel inconnu au nôtre, je ressentais une étrange sensation de trouble, de plaisir même, au toucher de son corps sur le mien, bien qu’essayant de le cacher, de peur de l’indigner, au vu de sa réaction envers les pensées salaces de Sven.

 

Cela aussi m’inquiétait. Visiblement, Célia pouvait lire les pensées. Ce qui veut dire que rien ne pouvait lui échapper de ce que je pouvais avoir comme impression sur elle. En tout cas, je le supposais. Ou peut-être ne lisait-elle dans les esprits que quand la situation l’exigeait. Et la présence de Sven, un intrus chez elle à ses yeux, faisait partie de ces éléments lui faisant utiliser cette faculté. Après tout, lire dans les pensées des autres devait être épuisant, et je tentais de me rassurer en me disant qu’elle ne pouvait pas voir dans ma tête à tout moment. Je me trompais lourdement, et Célia me le fit vite savoir…

 

- Alejandro… Mon cher Alejandro… Juste un petit conseil : n’aies jamais de mauvaises pensées me concernant. Le contrat qui nous lie ne te dispense pas de bien te tenir envers une dame telle que moi. Je suis ta muse, mais je suis aussi celle qui peut décider à tout moment de la rupture de notre contrat, si je juge que tu ne te conduis pas bien. N’oublie jamais ça. Concentre-toi sur ton livre, ton histoire, dont je vais te donner l’étincelle dès maintenant, et tout se passera bien entre toi et moi…

 

A la minute même où elle proféra ces paroles, je comprenais dans quelle situation je me trouvais réellement. Ce contrat, ce pacte, ce n’était pas qu’une simple relation entre une créature mythique telle qu’elle était, et un petit être humain qui n’était qu’un jouet entre ses mains. C’était une forme de domination notable, dont je ne mesurais l’ampleur qu’à l’énoncé des mots venant de sortir de sa bouche. Je n’avais pas droit à l’erreur. La moindre incartade pouvant lui déplaire me mettrait dans une position très inconfortable. Et dès lors, je me rendais compte que ma vie au sein de cet appartement allait être bien plus terrible que je ne le pensais.

 

Si je voulais espérer vivre à peu près normalement, il me faudrait contrôler mes pensées, pour ne pas lui donner l’excuse de rompre notre accord. Cependant, j’oubliais quelque peu cette ambiance dérangeante, dès l’instant où je sentais les doigts de Célia se positionner sur les deux côtés de ma tête, sur la région frontale. Immédiatement, je voyais des images se former dans mon crâne, des mots se former, des décors s’ériger. Je voyais une histoire se construire de toute pièces, comme si elle avait été toujours là, quelque part, dans un recoin de ma tête, sans trouver le chemin pour venir plus haut. 

 

Je comprenais le pouvoir de Célia. Des quelques lignes que j’avais écrites en l’espace de plusieurs semaines, l’inspiration refusant de s’installer en moi, je voyais déjà plusieurs pages se mettre en place, une intrigue auquel je n’avais même pas pensé se structurer, des liens entre les personnages se bâtir. C’était juste incroyable. En seulement quelques secondes de cette pression exercée sur moi par Célia, je voyais déjà en grande partie l’avenir de l’histoire de mon roman, et j’étais émerveillé de la qualité du récit, et ses différents sous-intrigues, bien plus élaboré que mon premier livre. Je savais d’ores et déjà que ce serait un best-seller comme rarement il ne m’aurait été possible de le concevoir. J’en étais persuadé. Célia m’en convainquait.

 

Il y avait juste un petit détail qui me troublait, mais qui me semblait sans grande importance sur le moment. Je voyais une certaine ressemblance des personnages avec des personnes de ma connaissance. Des proches, comme Sven, d’autres moins directement liés à moi, comme Vic, ou encore de simples personnes croisées lors de mon arrivée dans ce quartier, à la recherche d’un endroit où m’installer. C’était comme si mon cerveau se servait de mes souvenirs propres pour ériger les personnages de l’histoire. Mais sur le coup, je ne pensais pas que cela était si étrange que ça, que ça faisait partie du processus d’inspiration offert par Célia. Au bout de quelques minutes de ce « traitement », cette dernière retirait ses doigts, et je fus pris d’une ferveur comme jamais je n’en avais connu, mes doigts se dirigeant presque instantanément sur les touches de mon clavier, construisant l’histoire s’étant dessinée juste avant dans ma tête.

 

- Je te laisse travailler à présent. Nous nous reverrons plus tard, quand toutes ces images seront devenues des mots, des phrases, des paragraphes sur ton ordinateur, et que la source d’inspiration que je viens de te fournir se sera tarie. Et surtout que tu t’en seras remis. Tu comprendras très vite que je ne peux te verser ce flux que par petits morceaux. Si je t’en offrais plus d’un coup, ton esprit ne supporterait pas le choc. Et ce serait dommage de ne plus pouvoir jouer ensemble, cher Alejandro…

 

Elle riait aux éclats, et l’instant d’après, je ne sentais plus sa présence autour de moi. Mais à dire vrai, la seule chose qui m’importait à cet instant, c’était de mettre par écrit tout ce que j’avais dans la tête, sans penser à autre chose. Pendant près de deux heures presque ininterrompues, j’écrivais sans relâche, comme une machine, un robot ignorant la fatigue. Celle-ci finit par venir, au moment même où, comme l’avait dit Célia, la source d’images finit par disparaitre de mes pensées, étant parvenu à terme. J’avais écrit 16 pages durant ce laps de temps. Jamais je n’avais eu une telle productivité sur une durée aussi courte. J’étais épuisé, mais fier de ce qui était ressorti de moi, et qui s’affichait sur mon écran d’ordinateur. J’avais la gorge sèche, alors, je me suis levé, et me dirigeais vers le frigo, pour y prendre de quoi me désaltérer, quand soudain, j’entendais des voix dans le couloir. Ça ressemblait à une dispute. Curieux, je me rapprochais de la porte, ouvrant discrètement cette dernière, afin de combler ma curiosité.

 

Je voyais deux personnes face à face. Un homme et une femme. L’homme était dans la trentaine, et sa tenue négligée, dont un jean comportant plusieurs déchirures, masquait mal son appartenance à un milieu défavorisé. Une impression renforcée par les taches visibles qui s’affichaient sur le bas de son tee-shirt, ressortant du haut de son pantalon. Bien au contraire, la femme arborait une tenue très chic, composée d’un chemisier d’une blancheur à faire s’éblouir les yeux, et une jupe longue bleue, qui semblait sortir tout droit d’une blanchisserie. Je voyais plus les détails concernant la femme, car elle était dans mon champ de vision direct. L’homme me tournait le dos. Et je devinais une querelle de couple au vu de leurs propos, assez virulents, qui me venaient aux oreilles…

 

- Comment tu peux me dire ça à moi ? Après tout ce que j’ai fait pour toi, c’est comme ça que tu me remercies ? Après tout ce que j’ai sacrifié ?

 

- J’ai rien à te devoir, Gladys. Non, mais tu croyais quoi ? Qu’on allait être le couple de l’année, se marier, avoir pleins d’enfants, comme dans tes stupides contes de fées à la con que tu écris ?

 

- Ce ne sont pas des contes, abruti ! Ce sont des récits romantiques. Mais tu as raison sur un point : je suis plus douée pour les écrire que pour les vivre… Je me suis tellement trompée sur toi. Je croyais que notre histoire était sincère. Mais tu n’as fait que m’utiliser, moi et mon argent…

 

- Ah ouais ? Ben, franchement, c’est tout ce qui est valable chez toi… Si y’avait pas eu ton fric, y’a déjà longtemps que je me serais tiré. Y’a rien qui vaille le coup chez toi… Au lit, tu vaux que dalle, tu pleurniche pour un rien, et cette manie de vouloir toujours me coller quand on sort… C’est d’un snob…

 

- Jusqu’à présent, tu l’aimais bien mon côté « snob », comme tu dis. Ça ne te dérangeait pas. Jusqu’à ce que je te parle de mariage…

 

- Ouais, ben, c’est pas mon truc la vie à deux faut croire. Et encore moins avec une fille comme toi. J’aime ma liberté. Moi, ce que j’voulais en me mettant avec toi, c’était juste pour m’amuser. Et profiter d’avoir un peu de thune, pour me changer de ma vie de merde.

 

- Eh ben retournes-y dans ta vie de merde, retournes-y dans ta liberté, si ça te fait tant envie de la retrouver. Mais alors rends-moi l’argent et les cadeaux que je t’ai offerts. Tu n’en as pas besoin, puisque tu ne m’as jamais aimé…

 

J’étais un peu honteux de me retrouver dans la position du voyeur indiscret, et je tentais de refermer doucement la porte de ma chambre, quand la femme, ayant sans doute aperçu que j’avais assisté à la scène, dirigeait son regard vers moi. Immédiatement, s’apercevant de ce fait, l’homme se retournait. Et me voyant essayer de m’éclipser, se dirigeait vers moi, montrant un air de mépris et de colère en même temps

 

- Dis-donc, toi ! ça te plait d’espionner les gens ? Tu veux peut-être qu’on fasse une vidéo aussi ? Comme ça tu pourras revoir les meilleurs passages chez toi…

 

- Non… non, j’étais juste surpris des cris dans le couloir, c’est tout…

 

- Ah ouais ? et l’intimité des gens, t’en fais quoi ? J’espère qu’au moins le spectacle t’a plu ? Mais j’y pense, tu veux peut-être participer ?

 

A ces mots, l’homme me prit par le col, et me fit sortir de ma chambre, me propulsant avec force vers le mur voisin, me faisant ressentir une grande douleur dans le dos

 

- Arrête, James ! Tu es fou ? Il ne faisait rien de mal !

 

- J’aime pas les voyeurs ! Je veux juste lui apprendre à se mêler de ce qui le regarde. Y’a que ça que ces mecs comprennent !

 

James s’approchait de moi, ricanant, et montrant un regard annonçant clairement son désir de violence. Je pensais subir ses coups, quand j’entendis une voix familière résonner du fond du couloir, sortant de l’ascenseur :

 

- ça suffit, Mr. Pilwaker ! Je vous rappelle que vous n’habitez pas ici ! Vous êtes dans mon immeuble ! Si vous voulez vous battre, allez le faire avec les gens de votre espèce !

 

- Quoi ? De quoi tu t’mèles le vieux shnock ? Tu veux avoir ta dose aussi ?

 

Ne montrant aucune peur face aux menaces de James, Vic se postait devant ce dernier, qui avait commencé à lever le poing. Il restait ainsi quelques secondes, semblant déstabilisé par le calme olympien montré par Vic. Puis, semblant lassé, il relâchait ce dernier.

 

- Et merde ! Vous me faites tous chier ! Allez tous vous faire voir ! Je me tire… Quant à toi Gladys, tu peux m’oublier !

 

 

La femme, se retenant de pleurer, rétorquait :

 

- Ça ne me sera pas difficile. Ordure ! Fous le camp, puisque c’est ce que tu veux ! Je serais bien mieux sans toi !

 

James, sans se retourner, levait la main en l’air, avant de mettre son majeur en évidence, et s’engouffrait dans l’ascenseur, pendant que les portes se refermaient, faisant disparaitre l’homme. Pour ma part, j’étais toujours au sol, tentant de me relever péniblement, jusqu’à ce que Vic, arrivé à ma hauteur, vienne m’aider, bientôt suivi par Gladys.

 

- Je suis désolé, monsieur Gimenez. J’aurais dû empêcher depuis longtemps à ce rustre de venir ici. Mais je ne voulais pas faire de peine à Mlle Carson, ici présente.

 

« Ça ira, Vic. J’ai juste été un peu surpris de la violence du choc. Rien de grave, je vous assure »

 

- Ah, tant mieux. Mais quand même : je m’en veux qu’il s’en soit pris à vous

 

La femme, finissant de m’aider à me relever avec Vic, me demandait :

 

- Vous vous appelez Gimenez ? C’est vous le romancier dont m’a déjà parlé Vic ? L’auteur de « Fuite vers l’espoir » ?

 

Souriant péniblement, dû à la douleur, je répondais :

 

« C’est bien moi, en effet. Mais si vous voulez un autographe, il faudra attendre que je me remette un peu »

 

Esquissant un sourire à son tour, Gladys reprenait :

 

- Bien sûr, je ne me permettrais pas de vous demander ça aujourd’hui. Mais je retiens l’invitation pour l’autographe. Je viendrais le réclamer quand vous irez mieux. On pourra parler entre auteur comme ça.

 

Vic s’interposait dans la conversation :

 

- Quelle chance j’ai : deux auteurs talentueux sous mon toit. Vous ne le savez peut-être pas, monsieur Gimenez, mais Mlle Carson, est une autrice de grand talent, avec déjà 3 romans publiés.

 

- Vous me flattez, Vic. Personne ne les connait. Je suis très loin d’avoir le même succès que l’auteur de « Fuite vers l’espoir ».

 

Dit-elle en me désignant malicieusement. Et vic de reprendre :

 

- Mais moi je vous connais, et je le redis : vous avez au moins autant de talent que monsieur Gimenez. Surtout « Les roses de l’orphelinat ». C’est mon préféré.

 

- Vic, vous êtes un flatteur. Mais j’apprécie… Merci à vous…

 

A la suite de ce petit échange, Vic m’aidait à me rendre dans ma chambre, pendant que Gladys prenait congé de son côté, et retournais à la sienne, me disant à bientôt, et précisant qu’elle avait hâte de papoter avec moi. Après que Vic se soit assuré que j’allais bien, celui-ci prenait le chemin de l’ascenseur. A mi-course, il se retournait, et me demandait :

 

- Monsieur Gimenez, j’oubliais : tout se passe bien dans l’appartement ? Pas de problème particulier ? N’hésitez pas à m’en faire part. Comme je vous l’ai dit, si vous avez le moindre souci, dites-le-moi. Je sais être de bon conseil quand il le faut.

 

Et rajoutant à demi-voix, après avoir repris sa marche

 

- Surtout « la » concernant…

 

Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit, Vic ayant déjà disparu. En tout cas, moi qui voulais de l’animation pour m’inspirer pour mon livre, j’étais servi depuis mon arrivée. Je repensais à Sven. Si je lui disais qu’une aussi jolie fille que cette Mlle Carson allait me rendre visite chez moi, tel que je le connaissais, il serait capable de « s’inviter », rien que pour voir l’heureuse élue… Avant de me demander tous les détails possibles sur elle. Mais avec la menace de Célia pesant sur lui s’il franchissait à nouveau le palier de ma porte, il était plus sage de m’abstenir. Je m’inquiétais aussi de la réaction de Célia envers Gladys. Me demandant s’il était sage de la laisser venir dans mon appartement. Mais pour l’heure, j’étais bien trop fatigué pour penser à tout ça, et je m’affalais sur le sofa, allumant la télé presque par réflexe. Mais mes yeux se fermaient tout seuls peu à peu, et je m’endormais rapidement, sans entendre le bulletin d’informations parlant d’un meurtre horrible s’étant déroulé pendant la petite « altercation » dans le couloir. Je ne le découvrirais que le lendemain, mais l’identité de la victime allait bouleverser complètement ma vie, et me montrer la vérité sur le « pacte » entre moi et Célia, sur les conséquences de ce que ce dernier impliquait, afin de m’offrir l’inspiration offerte…

 

A suivre…

 

Publié par Fabs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire