21 déc. 2023

L'INVITE DE NOËL

 


Peut-on accorder sa confiance à des inconnus ? Est-il possible de n’avoir aucun à priori sur quelqu’un qui vient de vous inviter à participer à des festivités, dans le plus pur esprit de Noël, alors qu’il ne vous a jamais vu de sa vie ? Attention : je ne dis pas que certaines personnes ne sont pas habitées par la compassion à cette période de l’année, et que leur cœur n’est pas véritablement empreint d’une gentillesse et d’une charité exemplaire. A tel point qu’on se demande si elles sont véritablement humaines ? Je ne vous apprendrais rien en vous disant qu’à notre époque, c’est devenu un fait bien plus rare qu’on le pense. Une fois enlevé les masques d’un grand nombre de soi-disant philanthropes, se pressant de diffuser leur acte de générosité sociale envers un démuni sur les réseaux et auprès de leur proche, juste pour s’assurer une notoriété recherchée, que reste-t-il vraiment de leur fameux esprit de Noël, de leur fausse peine ressentie auprès de malheureux qu’ils indiquent haut et fort aider, en s’indignant de ceux et celles ne l’ayant pas fait, et ayant fermé les yeux sur leur condition ? Pas grand-chose à dire la vérité. Et je parle en connaissance de cause, car j’ai vécu ce type d’expérience, qui me marquera à jamais. Une épreuve qui m’a montré que sous ces auspices de famille parfaite voulant offrir du bonheur se cachent parfois la pire noirceur qu’il puisse exister.

 

Mais je ne me suis pas présenté : Alistair Meadows. Je suis SDF depuis près de 2 ans, vivant de la mendicité et des aides apportées par les brigades qui parcourent les rues en période d’hiver. Ceci afin de proposer des repas chauds et une nuit installée confortablement dans un lit douillet au sein d’un refuge. Si je devais montrer de la reconnaissance envers quelqu’un ou des personnes ayant une vraie envie de secourir des gens comme moi pour affronter la précarité extrême nous ayant frappé, moi et mes congénères, ce seraient justement les membres de ces brigades. Etant bénévoles, ils ne retirent rien à leurs actions d’un point de vue monétaire, et ça ne leur assurera pas une place privilégiée auprès d’une société pour évoluer. Ils font leur travail sans aucune arrière-pensée, et donnent de leur personne pour assurer un minimum de confort et de sécurité à des personnes dans le besoin. Rien d’autre ne leur vient à l’esprit en dehors d’une volonté d’aider ceux qui ont besoin. D’autant que leur mission ne s’arrête pas à diriger quelqu’un vers un refuge, et ne plus s’en soucier juste après.

 

Non. Ils font bien plus que ça. Ils donnent du réconfort psychologique, offrent la chaleur de leurs discussions afin que l’on se sente au mieux, ils sont à notre écoute dès qu’on en ressent le besoin et font tout ce qui leur est possible pour nous apporter un bien-être que l’on pensait appartenir au domaine de l’inaccessible. Le seul reproche que l’on pourrait faire à ces refuges et ces brigades arpentant les rues à la recherche de nécessiteux n’ayant plus de toit, ce serait le fait d’opérer le plus activement l’hiver, alors que la misère est présente toute l’année. Mais je ne peux pas leur en vouloir. Ce ne sont pas eux qui choisissent les règles à ce niveau, dépendant entièrement de subventions fournis par les communes, qui, elles, ne voient pas d’intérêt à agir en dehors de l’hiver. Ou disons plutôt qu’elles le font uniquement dans un souci électoral. Ça fait toujours un bon effet de montrer qu’on s’intéresse aux pauvres et aux SDF, en l’annonçant publiquement pour le prestige de l’étiquette qu’elles arborent fièrement. 

 

C’est justement cet état d’esprit qui enveloppait la famille Torwing. Une fratrie bien sous tous rapports comme on dit. Un père gagnant sa vie grâce aux efforts des autres, ce qu’on appelle communément un PDG ; une mère prenant soin de l’éducation impeccable de ses enfants, et hautement active aux seins de multiples clubs où se retrouve l’élite des femmes de personnalités ; un fils qui passe plus de temps à se soucier de son apparence qu’à ses devoirs, et chouchoute une voiture dont le prix pourrait rembourser le PIB des pays les plus ancrés dans la décrépitude ; et une fille, enfin, accro aux réseaux sociaux, s’étant auto-proclamée reine du savoir-vivre en société, à l’égo démesuré, ignorant ce que signifie le mot “modestie”.  Bref, le genre de famille que les plus riches adorent, mais détestée par les moins bien lotis sur le plan social. Mais vous savez ce que c’est : pour ce type de personnes, on n’en fait jamais assez pour bien se faire voir. Et les Torwing avaient décidé de jouer sur la fibre “j’aide mon prochain, et je le montre”, pour mieux asseoir leur réputation de “famille idéale” de l’année, telle qu’on lui prêtait.

 

Leur objectif de cette année était d’offrir le gîte et le couvert à un malheureux qu’ils auraient choisis et vivant dans la rue. Ce qui avait été annoncé en grand pompe sur les chaines locales de télévision, ainsi qu’à la radio. Un choix visant celui ou celle qui méritait le mieux, selon les critères des Torwing, de bénéficier de leur générosité pour vivre un “vrai Noël” comme on ne le vit qu’une fois dans sa vie. Une manière de démontrer à toutes et tous que leur famille était la plus soucieuse du bien-être de leur prochain. Evidemment, la majorité de l’opinion, quel que soit le statut social, a été touchée par cette décision se trouvant dans le plus pur esprit de Noël. Bien que la plupart a été plus ou moins influencé par la fille, Trudy. Cette dernière s’étant empressée de parler du “beau geste” de ses parents à travers ses comptes Instagram, X et autres, et voyant ses propos relayés par tous ses fans. Pour un grand nombre, c’était la preuve de la marque de confiance qu’on donnait à cette famille, oubliant le fait qu’elle avait dépensé une fortune marketing pour acheter un droit de passage télé et radio afin d’annoncer leur « opération du cœur ». Ce qui leur assurait de se faire bien voir sur les réseaux.

 

Restait aux Torwing à trouver l’heureux bénéficiaire de leur générosité, et c’est là que j’interviens. Comme je vous l’ai dit précédemment, je vis dans la rue depuis 2 ans. Mais contrairement à d’autres SDF comme moi, je n’aime pas me positionner sur un “territoire” défini, dont les « gérants » voient d’un mauvais œil les nouveaux arrivants pouvant leur voler leur “clientèle” fidèle de bons samaritains. Ceux-là même qui les gratifient régulièrement d’oboles substantielles pour leur permettre de continuer à vivre décemment sous leurs toits de fortune. Des demeures bricolées comme ils peuvent pour supporter froid, pluie et autres aléas de la météo toute l’année. Non, moi, je préfère laisser ces petits esclandres intérieurs à ceux qui y voient une manière de se sentir vivant, en montrant leur détermination à protéger ce qu’il considère leur appartenir. Je vous assure que nombre de ceux et celles vivant dans la rue ont parfois des notions de propriété sur leur généreux donateurs qui dépasse l’entendement. C’est tout juste s’ils n’affirment pas que leurs initiales sont tatouées sur leur “bétail”, ou bien indiquant que les limites de leur territoire est marqué, comme le ferait un chien ou un chat sur un canapé ou un coin de mur, quand il débarque chez ses nouveaux maîtres.

 

Je n’aime pas cette façon de voir, qui ne me semble guère mieux qu’un chef de guerre s’étant adjugé une portion de pays, simplement parce qu’il estime que les branches de son arbre dépassant la frontière lui donnent le droit d’accaparer tout ce qui se trouve en dessous. Bon, l’image est peut-être un peu exagérée, j’en conviens, mais je pense que vous avez saisi l’idée. Du coup, pour ne pas me retrouver dans de véritables conflits entre clans parce que l’un a dépassé son territoire pour avoir un peu plus de “revenus”, lui faisant s’attirer les foudres du “chef de territoire”, je préfère ne pas m’attarder à des lieux précis, et je voyage souvent de ville en ville. Comme un héros de road-movie en quelque sorte. Pour vous donner une idée du semblant de philanthropie des Torwing, soucieux de préserver un certain “standing” dans leur choix, j’ai eu l’honneur d’avoir été “élu” par Gary, le père de famille, alors que je venais de me poser en périphérie d’une artère commerciale désertée par mes “collègues” SDF. Un lieu plutôt chic, à la clientèle triée sur le volet, je tiens à le préciser. De ma propre expérience, je savais que les autres sans-abris s’installaient rarement à de tels endroits, loin des passages importants des passants pouvant leur apporter leur pécule quotidien.

 

Ça me permettait d’éviter des remarques désobligeantes du “chef de secteur”, m’indiquant que si je voulais rester dans le coin, je devrais partager ma récolte. Ceci afin de bénéficier d’un accueil au sein de leur petite communauté et de leur “protection”. Je vous jure que j’ai vraiment été confronté à des gars comme ça, se comportant comme des parrains de la mafia. Ces lieux que j’affectionnais n’avaient certes pas beaucoup de monde, et je ne pouvais pas m’approcher plus des grandes surfaces proches sous peine de me faire embarquer par la police, par suite d’un appel des gérants desdits commerces. Malgré ça, en général, c’était bien plus intéressant en termes d’argent reçu. Une manière bien à moi, rodée depuis mes “débuts”, de cibler mes donateurs. Ce qui m’avait valu de porter une tenue plus décente au fur et à mesure des sommes obtenues. Le fait d’avoir sur soi des vêtements plus propres que la moyenne, car les lavant le plus souvent possible au détour d’une rivière lors de mes déplacements d’une ville à une autre, ça apportait je pense, une certaine “classe” aux yeux des gens m’offrant parfois bien plus que de l’argent. Sandwichs, chaussures, sacs, gamelles… Vous n’imaginez pas les présents que j’ai réunis après ces deux ans de “service” dans la rue.

 

Les personnes me voyant avec ma tenue très différente de la plupart des autres SDF vivant en ville, je leur donnais plus confiance, car je leur ressemblais plus. Même les plus snobs et aisés aimaient discuter avec moi, comme si j’étais un ami proche, ne craignant pas de se voir gratifier de poux ou d’odeur nauséabondes, tel que je le supposais. En plus de mes vêtements, je me baignais aussi très souvent dans les rivières ou bien sous les douches au sein des refuges. Là où j’attirais l’attention par une certaine prestance dégageant de moi. C’est ainsi que Gary Torwing m’a remarqué. Mon allure inhabituelle pour un SDF, ça devait le rassurer sur le fait de faire venir chez lui un inconnu. Je ne salirais pas son canapé de la souillure du gras de mon pantalon ; je n’attirerais pas d’insectes peu ragoûtants à cause d’un “parfum” analogue aux autres résidents sans toit ; et je n’infecterais pas sa salle de bains, en imprégnant ses belles serviettes immaculées, ou le sol carrelé brillant à s’en éblouir, de la saleté de mes pieds et mes mains. J’étais celui qui serait parfait pour ne pas perdre la face aux médias en devant s’acquitter de sa promesse, et dont la présence au sein de sa demeure serait approuvée à 200 % par les membres de sa famille.

 

Satisfait d’avoir trouvé la perle rare, Gary m’a donc accosté, m’expliquant son désir de m’offrir de passer un Noël de rêve au sein de sa famille, dans son foyer, autour d’une table garnie de mets que je n’aurais jamais pensé me délecter de toute ma vie. Même avant les évènements m’ayant amené à devenir ce que j’étais. Pour l’instant, je préfère ne pas vous préciser cette partie de ma vie, car elle m’est encore douloureuse aujourd’hui. Néanmoins, je vous en donnerais un bref résumé une fois que je vous aurais relaté mon aventure au sein de la famille Torwing et ses secrets inavouables. Car oui, vous vous doutez bien que si je parle de mon histoire aujourd’hui, ce n’est pas pour vous révéler un merveilleux souvenir comme vous en voyez tant chaque année à travers des téléfilms insipides diffusés sur vos écrans de télévision, et comportant une interprétation sans âme de la part de ses acteurs. Une habitude qui existait déjà avant que je séjourne dans la rue, et je ne peux que deviner que c’est toujours le cas aujourd’hui, même sans avoir vu le moindre programme depuis lors.

 

Bien évidemment, si je vous parle de mon expérience, c’est parce que cette soirée s’est révélé très différente de ce que Gary, son épouse Beverly, sa fille Trudy et son fils Grayson ont annoncé dans les médias. Cette famille, sous ses atours bienveillants, prompts à aider son prochain dès lors que cela fait parler d’elle, a montré son vrai visage en ma présence. Tout comme la réalité de leur “opération Noël” bien loin du caractère festif qu’elle supposait. Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai. En un sens, elle avait véritablement une ambition de donner de la gaieté et du bonheur. Mais il n’a jamais été question que ce soit moi qui sois le bénéficiaire d’un tel moment de plaisir non dissimulé. Le but était de satisfaire les déviances morbides des Torwing à tous les niveaux. Dès lors que j’eus franchi le seuil de la porte de leur domicile, le piège s’est refermé sur moi, sans possibilité d’en réchapper. Du moins, c’est ce que Gary et les siens avaient prévu de prime abord. Mais il y a eu un grain de sable dans la prévision des “festivités” qu’ils avaient prévus, et dont je devais être le clou du spectacle. Quelque chose qu’ils ont négligé, car ayant trop confiance en eux, et qui me permet aujourd’hui de vous en raconter la teneur.

 

Au début, tout se passait effectivement comme annoncé. Il faut dire aussi que Gary avait demandé la présence des caméras de la chaîne locale de télévision, la même où il avait exposé son désir d’offrir du bonheur à un sans-abri. J’ai cru comprendre que ce n’était pas la première fois que les Torwing bénéficiaient des largesses des représentants de cette chaîne. Celle-ci ayant l’habitude d’avoir l’exclusivité des évènements tournant autour des Torwing, étant l’origine de la popularité de cette famille au sein de la ville, et même un peu plus loin. Se trouvait sur place une équipe réduite de deux personnes : un caméraman, et une ingénieure du son. Cette dernière se chargeait aussi de la lumière propre à offrir une future vidéo parfaite, dans le but d’accentuer l’aura des Torwing au cours de la prochaine édition du journal de leur chaîne.

 

J’étais le centre de l’attention. On m’interrogeait sur mon “parcours”, mais j’expliquais que je préférais ne pas faire revenir à ma mémoire mon passé difficile. J’ai senti la déception de Gary et Trudy, qui comptaient manifestement jouer sur l’effet “larmes” pour obtenir plus d’émotion aux yeux du public pour l’un, et plus de likes pour ses réseaux pour l’autre. Néanmoins, Beverly a montré sa compréhension, et a demandé à son époux et sa fille de ne pas insister. Après avoir été invité à prendre une douche avant de revêtir des habits destinés à être ceux que je porterais pour le reste de la soirée, la confiance en ma capacité à ne pas faire ressortir des odeurs indésirables n’étant pas aussi élevée aux yeux des Torwing qu’ils voulaient le faire penser, je me suis donc attablé. Je ne me suis pas trop attardé jusqu’à présent sur ce qui composait l’intérieur de la maison, parce que ça ne me semblait pas le plus primordial.

 

Mais en ce qui concerne le salon où se tenait la table du repas, je devais avouer avoir l’impression de me trouver dans un de ces téléfilms de Noël dont je vous ai parlé auparavant. C’était comme si je me trouvais en plein milieu d’un tournage, tellement la ressemblance avec ces véritables clichés se montraient de plein fouet à mes yeux ébahis, je devais bien l’admettre. Que ce soient les décorations de table et sur les murs, la vaisselle, les plats, le sapin décoré de mille couleurs positionné près de la cheminée tout aussi étincelante d’objets en tous genres et de toute tailles, tout était comme dans un rêve éveillé. Tout pour endormir ma méfiance. Le réveillon fut somptueux en tout point, et je ne pouvais cacher que j’attendais le moment décisif de la soirée, à savoir l’ouverture des cadeaux. C’est là que le cauchemar a commencé, montrant le vrai visage des Torwing…

 

A la fin du repas, alors que la caméra continuait de tourner, les deux membres de la petite équipe se relayant afin de permettre à l’un et l’autre de profiter eux aussi des victuailles, Beverly a annoncé l’heure sonnant le moment phare de la soirée. A ce moment, elle s’est levée de table, et m’a invité à venir me rapprocher du sapin. Tout le monde a suivi, mis à part Gary, qui était occupé à donner des recommandations au caméraman. A ce moment, ça semblait anodin, mais en y repensant maintenant, je me dis que j’aurais dû plus prêter attention au manège qui s’orchestrait près de la table. J’ai vu le caméraman retirer la carte mémoire de sa caméra, et la remplacer par une autre. Je ne m’y connaissais pas trop dans le domaine, mais je me disais qu’après tout, c’était peut-être normal. S’agissant d’une chaîne de télévision locale, le budget alloué au matériel ne permettait sans doute pas d’avoir recours à des cartes mémoires de grande capacité. D’où le fait d'en changer pour le restant de la soirée. Mais la suite allait me faire comprendre que ce qui paraissait être un geste technique, somme toute secondaire dans le déroulement de tout ça, était quelque chose de bien plus calculé et machiavélique.

 

Jusque-là, le fils, Grayson, s’était montré assez discret. S’inquiétant plus de l’angle de vue utilisé par l’équipe de télévision pour le mettre le plus en valeur qu’autre chose. Pourtant, près du sapin où Trudy et Beverly me demandaient d’ouvrir le premier paquet m’étant destiné, je l’ai vu sourire. Un sourire loin de ce que l’on attend de voir lors de tels moments. Ce n’était pas un signe de bienveillance dans l’attente d’être satisfait de mon futur bonheur en découvrant mon présent. Non, là c’était plus sournois. Vous savez ces sourires faits par les vilains dans les films de super-héros, quand ils pensent qu’ils vont enfin se débarrasser de leur éternel Némésis ? C’était exactement le même type de sourire. Malgré tout, je me disais à cet instant que je me faisais des idées, et j’ai déballé mon cadeau. Comment exprimer mon étonnement quant à la teneur du contenu ? Je ne comprenais pas. C’étaient des menottes et ce qui ressemblait à un bâillon en cuir tressé, ainsi qu’une sorte de corde faite de filins métalliques. Je relevais la tête, interrogeant Beverly du regard pour qu’elle me dise ce que signifiait cette bizarrerie, quand j’ai entendu à ce moment Grayson me dire que j’allais vite comprendre. J’ai eu tout juste le temps de me retourner dans sa direction pour le voir brandir une batte de baseball qu’il venait vraisemblablement de sortir de derrière le sapin, ou en tout cas à proximité de là où il se trouvait.

 

J’ai cru entendre des milliers de cloches à l’impact du coup. Je chancelais, mais je parvenais quand même à ne pas tomber, malgré la douleur. Cependant, un deuxième coup, plus violent encore que le premier, me fit m’affaler au sol et me faisant sombrer dans l’inconscience. J’ai été réveillé un peu plus tard par Trudy, me demandant de sortir de ma petite sieste, car elle et sa famille allaient m’offrir mes vrais cadeaux. J’ai ouvert les yeux, et j’ai vu l’ensemble des membres des Torwing habillés à la manière des bourreaux du moyen-âge. Portant des cagoules noires sur la tête. En dehors de Trudy que je savais près de moi, et de Grayson, dont la taille était différente de ses parents, je ne savais pas très bien qui était Gary et qui était Beverly sous leurs accoutrements dignes d’un film de mauvais goût dédié à d’anciennes techniques d’interrogatoire. Je ne pouvais pas parler car ma bouche était parée du bâillon de mon “cadeau” ouvert peu de temps avant. Mes mains étaient attachées par les menottes qui se trouvaient aussi dans le paquet, et reliées à une chaîne, elle-même fixée au mur. Je manifestais par des marmonnements mon désir de savoir à quoi rimait cette mascarade, quand Grayson a débuté les hostilités en me tailladant le visage à l’aide d’une sorte de dague, tout en ricanant comme un névrosé sorti de l’asile.

 

Dans le même temps, Trudy, reconnaissable à son rire que j’avais entendu plus tôt dans la soirée avant que je ne me retrouve dans cette situation, s’affairait à m’arracher la peau du cou avec je ne sais quel instrument. Je sentais bien qu’elle y prenait un grand plaisir. Grayson s’attaquait à mon bras gauche, pendant que Trudy continuait sur sa lancée en écorchant mon épaule droite. Puis, ce fut à Gary, ou Trudy, je ne savais pas lequel des deux à ce moment, de me décocher un violent coup de poing dans l’estomac, ce qui me fit gerber une partie de ce que j’avais mangé lors du repas. Vu la force du coup, je ne pouvais que supposer qu’il s’agissait de Gary. Son épouse s’est alors approchée à son tour, s’accroupissant, tenant une sorte de tenaille dans la main. Je ne m’en étais pas aperçu, trop affairé à tenter de comprendre ce qui se passait l’instant d’avant, mais mes pieds avaient été délestés de leurs chaussures. Beverly se mit alors à tirer sur mes ongles avec sa tenaille. Dire que je ressentais d’intenses douleurs serait un euphémisme, tant la souffrance ressentie était indéfinissable.

 

Pendant ce temps-là, le caméraman ne manquait rien du “spectacle”, pendant que sa compère veillait bien à ce que mes cris marmonnés soient enregistrés correctement, en se mettant le plus près possible de la scène du supplice. Le petit jeu dura jusqu’à ce que je m’évanouisse. A demi-inconscient, j’ai entendu la voix de Gary indiquer qu’ils faisaient une petite pause avant de reprendre d’ici une petite heure, puis j’ai sombré. Plus tard, on m’a sorti violemment de mon sommeil à coups de gifles et d’un seau d’eau versé sur ma tête. Là, Gary, le sourire aux lèvres, m’a expliqué la raison de leur petit jeu. Son père était au plus mal depuis plusieurs mois. C’était un ancien tortionnaire spécialisé dans les interrogatoires “musclés”, agissant au secret pour le compte de personnes diverses. Son rôle était d’obtenir des aveux de la part de personnes soupçonnées d’être des espions pour le compte de puissances étrangères, de posséder des secrets industriels, d’être les seules à connaître l’emplacement d’une grosse somme d’argent suite à une succession n'ayant pas été acceptée par d’autres membres d’une même famille, ou encore des détenteurs de formules scientifiques intéressant des groupuscules appartenant à des organisations criminelles. Tout ce qui nécessitait d’obtenir des informations.

 

Eckhart, le père de Gary, était une sorte de “travailleur freelance” dans le domaine, se faisant grassement payer pour ses services par nombre de clients, y compris les services secrets américains. Il était connu pour son sens aigu du secret et sa discrétion lors de ses interrogatoires. Un homme fortement apprécié pour son efficacité. En 20 ans de “métier”, il n’a jamais failli à sa réputation, obtenant toujours ce qu’il voulait pour satisfaire ses clients, fort de son expérience préalable au sein de l’armée américaine, où il avait effectué, de manière non-officielle, les mêmes fonctions. Avec le temps, Eckhart a appris à aimer ce qu’il faisait, il prenait du plaisir à chaque contrat. Il a toujours caché ce qu’il faisait à son fils et sa famille. Mais dernièrement, on lui a déclaré qu’il était en phase terminale d’un cancer des poumons, après avoir longtemps lutté seul pour combattre le mal qui le rongeait. Apprenant cela, Gary a accepté de répondre aux dernières volontés de son père, tel que ce dernier les a désignées. Il l’a fait sortir de l’hôpital afin qu’il vive ses derniers instants dans sa maison. Il reste sous la surveillance d’un infirmier. Ce dernier était en fait son assistant qui le suivait dans ses opérations d’interrogatoire, chargé de soigner juste ce qu’il fallait les blessures des victimes d’Eckhart, afin que ces dernières restent dans un état suffisant pour obtenir les aveux.

 

C’était une personne fiable en qui le père de Gary avait toute confiance, et il ne voulait personne d’autre pour être auprès de lui afin de lui prodiguer les soins dont il avait besoin. Gary a appris à ce moment le lourd secret des activités de son père et ce dernier lui a alors fait une demande singulière. N’étant plus en état de continuer ce qui était pour lui presque une passion, il voulait que son fils lui fournisse des vidéos de personnes subissant des techniques d’interrogatoire telles qu’il en avait le secret. Bien que réticent au départ, Gary, voyant la détresse dans le regard de son père, ce dernier ne supportant plus de ne plus pouvoir rien faire de ses mains, il a fini par accepter. Lars, l’assistant d’Eckhart, a enseigné à Gary les techniques secrètes d’interrogatoire qu’il devrait effectuer et faire filmer. Profitant de son statut, Gary a soudoyé deux employés de la chaîne de télévision spécialisée dans sa médiatisation personnelle, pour qu’ils acceptent de filmer ces séances privées auprès de personnes dont personne ne se soucierait, avec l’excuse de festivités particulières. Ne pouvant cacher cette activité à sa famille, Gary, avec l’accord de son père, a parlé de son projet à son épouse et ses enfants.

 

Bien qu’offusqués au départ, comme Gary l’avait été à la demande de son père, ils ont fini par accepter d’assister aux séances. Ceci afin de respecter les volontés d’Eckhart, et dans un souci de solidarité familiale. Au fur et à mesure, Grayson a exprimé son désir de participer, puis Trudy. Malgré son désaccord de voir ses enfants devenir des êtres violents, Beverly a dû baisser pavillon devant les étincelles dans les yeux qu’arboraient Trudy et Grayson, et a même pris goût à regarder des pauvres hères se faire tabasser à mort durant des heures dans la cave de leur maison, pendant que le tout était filmé, sous l’anonymat de tenues spéciales. Ces tenues, c’était la particularité d’Eckhart. Il portait le même type d’accoutrement lors de ses interrogatoires. Ce qui lui avait valu dans ce milieu fermé le surnom de “Bourreau”. A son tour, Beverly a voulu tenter de faire comme son époux et ses enfants, et est devenu accro à la pratique. Les Torwing “invitaient” des SDF, cibles parfaites pour leurs petites exactions privées, pour des raisons à chaque fois différentes. Le plus souvent de manière discrète, en prospectant dans la rue, et en offrant une soirée digne d’un roi aux sans-abris, le temps d’un soir ou d’un week-end.

 

Trop heureux de cette opportunité, ces derniers acceptaient avec joie, tombant dans le piège tendu. Ce Noël, c’était la première fois que les Torwing organisaient leur pratique à ciel ouvert, en faisant une annonce publique d’invitation. Une forme de test pour ne plus à avoir se cacher pour trouver de nouveaux “volontaires”. Personne ne s’inquièterait de la soudaine disparition d’un SDF après coup, vu qu’il y aurait une vidéo officielle pour montrer tout le bonheur de celui-ci lors de la soirée, et diffusée en grande pompe à la télévision locale. C’était ce qui serait montré à partir de la première carte mémoire. L’autre carte, changée après le repas, servant à filmer les séances destinées à être confiés à Lars, qui les montreraient à Eckhart. Ces vidéos étaient à ce dernier ce que d’autres ressentaient en regardant un film. Du plaisir de passer une bonne soirée. Eckhart avait à ce jour une bonne trentaine de vidéos fournies par son fils. Quand aux cadavres, c’était Lars qui se chargeait de les faire disparaître. Quand celui-ci venait récupérer les vidéos, il emmenait les corps, discrètement, profitant de l’obscurité de la nuit, en les plaçant dans une camionnette aux couleurs opaques et sombres. Toujours dans un souci de discrétion. Gary n’a jamais su de quelle manière Lars faisait s’évanouir les corps des victimes.

 

 J’étais sous le choc des révélations que Gary venait de me faire. Il me disait alors que s’il me confiait tout ça, c’était par pure malice. Il était persuadé que je ne pourrais jamais rien révéler. Alors il jouait avec mes nerfs pour me déstabiliser encore plus en m’annonçant ce qui m’attendait : une mort lente et douloureuse, effectué par une famille soudée et désireuse d’accomplir le souhait d’un homme mourant. Quand il eut fini, je souriais, riant même. Surpris par ma réaction, Gary me demandait la raison de mon hilarité. Je lui posais alors une question : connaissait-il l’existence des traceurs sous-cutanés ? Ces petits appareils miniaturisés qu’on glisse sous la peau pour suivre le parcours d’une personne infiltrée ? Devant son désarroi, je lui précisais que dans le cadre de ces opérations, toute détérioration ou destruction de ce traceur entraînait systématiquement l’intervention d’une escouade armée pour se rendre compte de la raison de l’arrêt de signal de l’appareil. Ce qui pouvait signifier la mise en danger de l’infiltré et la découverte du dispositif par la cible de l’enquête.

 

Toujours souriant, j’informais Gary que je n’étais pas un SDF. J’étais lieutenant d’une section policière chargée de comprendre la disparition étonnante de plusieurs sans-abris depuis plusieurs mois. Tous ayant eu en commun d’avoir été invités pour des soirées mémorables par un inconnu costumé. C’est ce qu’ont indiqué d’autres SDF ayant été témoin des invitations. Contrairement à ce que pensait Gary, il était loin d’avoir été aussi discret qu’il le pensait lors de ces escapades. Et surtout, l’un de ces disparus était mon propre frère. Il avait été expulsé de chez lui il y avait de cela 3 mois. J’avais l’habitude de lui envoyer habits et nourriture, ainsi qu’un peu d’argent, à des commissariats où il pourrait se rendre pour les réclamer. Je prévenais les policiers pour qu’il puisse reconnaître mon frère quand il se présenterait.

 

Mon frère avait la bougeotte, et surtout il avait peur d’être vu par des personnes qu’il avait connu avant sa “chute”. D’où son besoin de se déplacer souvent de ville en ville. Il avait toujours refusé que je lui paie le loyer pour un appartement, et il ne voulait pas que nos parents soient au courant de ce qu’il subissait. Il avait trop honte de leur avouer. C’était notre petit secret. Il avait accepté que je l’aide, comme dit précédemment, à force d’insister. Tout comme le fait de porter sur lui un téléphone portable pour que je puisse lui indiquer à quel commissariat se rendre en mon nom. Et puis, un jour, il ne s’est pas rendu à l’un d’entre eux pour récupérer ses affaires, comme d’habitude, alors que ses différents périples l’avaient ramené à notre ville brièvement. Etonné de son silence, j’ai mené mon enquête, et découvert qu’il y avait eu d’autres volatilisations soudaines. Comme il s’agissait de SDF, personne ne s’était inquiété de ces disparitions. J’ai rapproché tout ce que je pouvais comme informations, et j’ai fini par avoir certains détails sur la tenue de l’inconnu approchant ces SDF. Ce qui m’a mené à soupçonner la famille Torwing. A cause d’une paire de chaussures porté par Gary lors de ses excursions à la recherche de futures victimes.

 

Des chaussures particulières, un modèle unique, créé spécialement par une grande ligne de boutiques, spécialisée dans les souliers de luxe. Il y avait un signe distinctif : un dessin en forme de fleur de lys sur le dessus. Les Torwing descendaient d’une lignée de nobles français s’étant établie en Amérique il y avait longtemps de ça. La fleur de lys faisait partie de l’armoirie figurant sur tous les documents et contrats qu’ils faisaient établir. A partir de là, il fut aisé de comprendre que cette famille était mêlée de près ou de loin à toute cette affaire. J’ai donc joué le rôle de mon frère, en me faisant passer pour un SDF nouvellement arrivé, et en adoptant les vêtements qui auraient dû être les siens avant qu’il disparaisse mystérieusement. A ce titre, je me suis fait installer un traceur sous la peau. L’idée était de me faire remarquer pour bénéficier d’une “invitation”, et savoir ce qu’il advenait des disparus. Le reste, Gary savait ce qui en était. Je précisais que comme Grayson avait détruit mon traceur en tailladant mon bras, en ce moment, il était certain que mes hommes étaient sur le point de débarquer d’un instant à l’autre au sein de leur maison.

 

Je l’informais aussi que, même s’il me faisait disparaître comme les autres, après avoir filmé sa petite vidéo mortelle, il n’aurait pas le temps de cacher mon corps chez lui, à défaut de pouvoir le fournir à Lars, comme les précédentes victimes. D’autant que mes hommes fouilleraient de fond en comble la maison, et ne repartiraient pas avant de me trouver. Que je sois vivant ou à l’état de cadavre. A cette nouvelle, Gary voulut une preuve de ce que j’avançais. Une preuve de l’existence de mon traceur. Je lui disais donc de regarder là où son fils m’avait bousillé le bras : il devrait trouver une boursouflure. En dessous, il trouverait le dispositif abîmé par son fils. Paniqué, Gary s’exécuta, pendant que Beverly, Trudy, Grayson, et les deux membres de la petite équipe chargée de filmer, revenaient au sein de la cave quittée auparavant quand je m’étais évanoui, et demandant ce qui se passait. Gary était comme fou, il m’a écorché le bras sur une bonne partie de sa longueur pour vérifier ce dont je lui avais parlé. Il a finalement trouvé le traceur, coupé en deux par les déflagrations de son fils. Il s’est effondré sur le sol, les yeux dans le vide, ne répondant pas aux appels de Beverly qui s’inquiétait de son état et son silence. Elle me criait dessus, voulant savoir ce que je lui avais dit pour le rendre amorphe de la sorte. Je me contentais de dire qu’elle saurait ce qui en est bien assez tôt.

 

Trudy et Grayson, furieux, se sont acharnés sur moi, pendant que Beverly tentait de faire “revenir” son mari. Le caméraman ne filmait plus, semblant comprendre plus ou moins que ça sentait le roussi. Une demi-heure plus tard, mes hommes ont déferlé dans la maison. Malgré la demande de Beverly à tout le monde de se taire, elle n’a obtenu qu’un répit : enfermés dans la cave, sans espoir de s’en sortir, les Torwing et leurs deux complices ont finalement vu mes hommes arriver, me retrouvant dans un état proche de la mort. Je n’ai dû ma survie qu’à leur réactivité immédiate, appelant les secours pour me transporter d’urgence à l’hôpital le plus proche. Je suis resté plusieurs jours en observation, après avoir subi je ne sais combien d’heures au sein de la salle d’opération. J’ai appris par la suite que les Torwing avaient tous été mis sous les verrous. Gary et Beverly ont été incarcérés dans une prison d’état. A mon réveil, j’ai pu témoigner de ce que j’avais appris. Une équipe a été envoyée au domicile d’Eckhart. Arrivé sur place, elle n’a trouvé que deux cadavres : Eckhart avait été égorgé par Lars, ce dernier ayant fait de même sur lui. Durant le laps de temps où j’étais dans un état comateux à l’hôpital, après l’intervention des médecins sur mes multiples blessures, ils avaient dû apprendre que toute la famille Torwing et leurs deux complices avaient été démasqués. Pour ne pas subir la honte d’une arrestation, Eckhart avait dû exiger de son infirmier et assistant de lui ôter la vie, sans savoir qu’il se donnerait la mort aussi après coup.

 

Le procès des Torwing a fait la une des médias durant plusieurs mois. Mon témoignage sur leurs actes, avec mes blessures comme preuve, auquel se sont rajouté les aveux de Gary, qui a craqué en apprenant la mort de son père, tout ça a passionné le public, et je suis devenu bien malgré moi un héros. Vous vous souvenez de ce que je vous avais dit sur la confiance au début de mon récit ? Vous voyez comme il est facile de tromper les gens. Je vous ai fait croire dès le début que je n’avais été qu’une victime s’étant sorti in extrémis d’une situation compliquée, ce qui est le cas en un sens. Cependant, je vous ai affirmé que j’étais un SDF depuis longtemps. Ne mentez pas : vous avez cru à ce passage. Sans retenue. Dans toute cette partie, en fait, je parlais de mon frère. Je me suis substitué à lui pour vous montrer à quel point il n’y a rien de plus simple que de berner quelqu’un en jouant sur la corde sensible, sur l’émotion. C’était le but de la manœuvre : au même titre que les Torwing, des dérangés complets se servant de l’excuse de respecter les dernières volontés d’un mourant pour justifier les actes horribles dont ils étaient coupables, j’ai menti de manière subtile, arrondissant les angles, créant un masque suffisamment solide pour que tout ceux m’ayant écouté y croient dur comme fer.

 

Ah je ne vous ai pas indiqué le destin des deux enfants de la famille. Grayson est devenu complètement barge en voyant mes hommes, de ce que je sais. Il s’est rué sur eux, arme à la main, et a dû être abattu sur place.  Beverly a hurlé et trois gars ont été nécessaires pour la calmer et la faire sortir de la cave. Elle a dû subir une thérapie dans une clinique avant d’être transférée à la prison d’état où se trouvait son mari. Quant à Trudy, elle est devenue quasiment un légume à la suite de ça. Elle n’a plus dit un seul mot depuis l’arrestation. D’après mes hommes, il n’est même pas sûr qu’elle ait compris qu’on l’emmenait. Les médecins de l’institut où elle a été placée ne sont pas trop optimiste sur son devenir : elle a eu un tel traumatisme en voyant son frère mourir sous ses yeux, se rajoutant au fait de comprendre que sa jolie vie familiale était anéantie, qu’ils doutent qu’elle retrouve un jour une stabilité mentale. Tout ça est arrivé à cause d’une confiance. Celle d’un père persuadé que son fils saurait lui faire retrouver les sensations qu’il avait perdu en ne pouvant plus pratiquer lui-même un métier particulier. Celle d’une mère et de deux enfants voulant faire plaisir à celui qui représentait l’image du père et du mari idéal. Celle enfin de deux techniciens pensant gagner de l’argent facile en se taisant sur les secrets d’activité monstrueux d’une famille connue, et persuadés qu’ils ne risqueraient jamais rien du côté de la justice, car se pensant protégés par ces “intouchables”.

 

Vous voyez ? La confiance est une arme. La plus terrible qui soit. On mesure difficilement les conséquences qui peuvent arriver quand on fait confiance à quelqu’un et qu’on se retrouve pris dans l’engrenage du mensonge, de la trahison. Réfléchissez bien avant d’accorder votre confiance à une personne de votre entourage. Que ce soit un membre de votre famille, un ami d’enfance ou un simple contact avec qui vous aimez discuter et plaisanter régulièrement sur les réseaux sociaux : aucun d’entre eux n’est infaillible à 100 %. On ne connaît jamais assez les gens. Ne faites confiance à personne, sauf à vous-même. Et encore. Il m’arrive parfois de douter de mes propres résolutions et de mes choix. Et vous ?

 

Publié par Fabs

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