Peut-on forcer la chance ? Et si oui, jusqu’à quelles limites est-on capable d’aller pour que celle-ci fasse littéralement partie de notre quotidien ? Nombre d’entre nous font confiance au destin pour que cette chance s’insinue dans nos habitudes, au hasard d’un jeu à gratter, d’une rencontre amoureuse, d’un investissement hasardeux, ou d’un nouveau lieu de résidence. C’est avec cet état d’esprit que Young-Jae est venu s’installer dans le quartier de South Main Street à Eureka Springs, pensant y trouver le calme dont il avait besoin, après des semaines difficiles, dues à sa séparation avec son épouse. Une séparation qu’il n’a toujours pas digérée, tellement il la trouvait injuste et incompréhensible, arrivée juste après la perte de leur fille de 5 ans, Sun-Hi, renversée par un chauffard dans la rue, alors qu’il était occupé à réparer sa voiture dans le garage. Son épouse lui reprochait de ne pas avoir mis tout en œuvre pour empêcher ce drame. Qu’il aurait dû mieux la surveiller, faire en sorte qu’elle soit à ses côtés, pendant qu’il était à nouveau affairé à bidouiller sa foutue voiture. La perte d’un enfant est un déchirement à plusieurs niveaux, et son épouse ne l’avait pas acceptée, rejetant toute la faute à Young-Jae, dont le comportement à la limite de l’impassible, n’avait pas vraiment arrangé les choses.
C’était ça qui avait été le vrai problème. Young-Jae n’exprime pas les émotions de la même manière que tout un chacun. De toute sa vie, il se ne souvenait même pas avoir pleuré ne serait-ce que quelques minutes, quel que soit la situation dans laquelle il s’était trouvé confronté. Pour la mort de son père, il n’avait pas pleuré. Pour celle de sa sœur, non plus. Et quand sa première épouse a été emportée par un cancer, là encore, il n’a pu verser la moindre larme. Pire encore : lors de la cérémonie funéraire de sa fille, alors qu’il était submergé par la tristesse au même niveau que son épouse, et de tous ceux qui les connaissaient, il ne parvenait à produire aucune larme. Son épouse avait pris ça pour un comportement inadmissible de la part d’un père, et elle avait demandé le divorce quelques jours après l’enterrement de leur fille.
Cette impossibilité à ne pouvoir pleurer dans des évènements tragiques est un comportement qui peut paraître curieux, sauf quand on sait que Young-Jae est atteint du syndrome de Sjögren, une maladie auto-immune rare, qui se caractérise par l’impossibilité de sécréter des larmes, à cause de la destruction des glandes les produisant. Seulement, il a appris qu’il était atteint de ce mal il y a seulement quelques semaines, après s’être décidé à consulter un médecin, sur les conseils d’un ami. Il avait bien mis au courant son ex-épouse de cette maladie, mais pour elle, ça ne changeait rien. S’il n’avait pas été occupé sur son véhicule, qu’il cherchait sans cesse à améliorer, comme une sorte d’obsession qu’il ne pouvait contrôler, Sun-Hi serait toujours en vie. Il l’aurait vu se diriger vers le portail en contrebas de leur maison, située sur une petite colline, surplombant le quartier où ils demeuraient. Il l’aurait vu sortir dans la rue, sans se soucier des véhicules circulant à toute allure. Il aurait pu empêcher que sa vie soit fauchée, alors qu’il lui restait tant d’années devant elle. Tant de temps où elle aurait encore pu offrir son sourire à ses parents, ses amis, ou bien les habitants du quartier qui l’adoraient.
Young-Jae savait bien que sa passion maladive à aimer avoir les mains dans un moteur en quasi-permanence avait joué un rôle essentiel dans ce drame. Mais comment aurait-il pu deviner que Sun-Hi sortirait de leur propriété, elle qui d’habitude craignait toujours d’être éloignée, ne serait-ce que de quelques mètres de ses parents ? Ce que Young-Jae ne savait pas, c’était que ce jour-là, Sun-Hi était subjuguée par la beauté d’un papillon multicolore qui s’était posé sur sa main, avant de repartir. Elle avait voulu le suivre, sans même réfléchir au danger que cette poursuite risquait d’entraîner. Mais quand on est une petite fille de 5 ans, on ne pense pas à ce genre de choses. Et voilà à quoi en était réduite aujourd’hui la vie de Young-Jae. Détruit de l’intérieur, mais incapable de le montrer. C’était comme une malédiction insurmontable. Un virus dont il ne connaissait pas le remède. Et il n’était pas le seul. Le médecin qui lui avait appris son mal ignorait comment résoudre son problème. Ce n’était qu’un petit médecin de campagne, et il n’avait pas les compétences pour traiter une maladie comme celle du syndrome de Sjögren. Alors, Young-Jae devait apprendre à vivre avec ce mal insidieux qui lui pourrissait la vie depuis son enfance, et qui lui avait valu de perdre tour à tout son enfant et son épouse qu’il aimait tant.
C’était pour mettre de côté tout ça qu’il était venu s’installer ici, à Eureka Springs. Il avait longuement consulté sur le Net un endroit où il serait à même de reprendre le cours de sa vie, dans un environnement propice au calme et la sérénité. Et parmi tout les endroits merveilleux qu’il avait pu voir, Eureka Springs s’était imposé dans son cerveau, sans qu’il sache trop pourquoi. Comme une intuition, une petite voix dans sa tête qui lui avait quasiment intimé l’ordre de se rendre en cet endroit. Une fois sur place, il ne pouvait que constater à quel point cette ville respirait la tranquillité à laquelle il aspirait. Un vrai petit coin de paradis, dominé par des paysages à couper le souffle, à commencer par les Monts Ozark, et ses forêts luxuriantes. Décidément, l’endroit idéal pour un nouveau départ. Il avait trouvé cette maison sur South Main Street, recommandée par l’agence immobilière de la ville. Une maison magnifique qui lui faisait un peu penser à la demeure de Scarlett O’Hara dans « Autant en Emporte le Vent », l’un de ses films préférés. Là encore, il se disait que le destin était malicieux.
Il était loin de s’imaginer à quel point. Après avoir passé le portail lui donnant accès au Jardin qui s’étendait à perte de vue, il remarqua un vieil arbre, juste à la droite de la maison. Imposant, mais dont l’aspect jurait quelque peu avec la beauté du cadre dans lequel se trouvait le reste de la propriété. Il devait bien avoir des centaines d’années cet arbre, à en juger par la pâleur de ses rares feuilles disséminées sur les hautes branches. Et elles n’étaient pas les seules : l’écorce était aussi d’une texture particulière. Comme un vêtement dont les couleurs sont passées, du fait de leur âge. Il y avait autre chose d’étrange. Le centre du tronc de l’arbre semblait comme divisé en 2 parties. Une sorte de ligne donnait l’impression que l’arbre pouvait s’ouvrir et se refermer. C’était idiot, bien sûr, mais c’était vraiment l’idée qui lui venait en tête en voyant son aspect. Il l’observa quelques instants encore. Il ne pouvait l’expliquer, mais cet arbre le fascinait. Il y avait quelque chose qui lui donnait l’impression que les prochains jours, les prochaines semaines seraient liées à celui-ci. C’était vraiment curieux. Puis, Young-Jae se secoua la tête, comme pour se réveiller d’un songe, oubliant le vieil arbre, et se dirigea vers la maison, avant de s’engouffrer à l’intérieur.
Quelques jours plus tard, Young-Jae, alors qu’il commençait à prendre ses marques au sein de sa nouvelle vie, regarda à nouveau vers le vieil arbre qui le fascinait toujours autant. Cédant à sa curiosité, il se rapprocha de celui-ci, comme mû par un instinct lui demandant d’en apprendre plus. Arrivé à la hauteur de l’arbre, il observa de plus près la texture de l’écorce. C’était vraiment très étrange. Elle n’était pas dure, mais avait une certaine flexibilité, comme si on touchait un jouet en caoutchouc… ou de la peau humaine. Il regarda plus attentivement le centre du tronc qui l’intriguait tant. On avait vraiment l’impression d’un système d’ouverture. Un peu comme le personnage de Gluttony dans le manga « Full Metal Alchemist ». Sauf que là, il ne voyait pas comment l’ouvrir. Il essaya d’écarter les deux tubulures opposées qui faisaient tout le long du bas du tronc, espérant parvenir à un résultat. Mais en vain. Tout ce qu’il parvint à faire, c’est s’entailler le doigt sur un morceau d’écorce. Alors qu’il appuyait sur la coupure tout en essayant de prendre un mouchoir dans sa poche, il entendit un léger crissement venant de l’arbre. Venant tout droit des tubulures.
Il n’en croyait pas ses yeux. Il y avait maintenant une légère ouverture, extrêmement fine. Qu’est-ce qui avait bien pu la déclencher ? Il regarda alors sa blessure au doigt, et remarqua une trace de sang sur l’écorce, sur un des côtés constituant la brèche. Obéissant à un instinct, Young-Jae enleva le mouchoir qu’il venait de placer autour de son doigt, et positionna ce dernier à l’endroit où on voyait l’ouverture se dessiner. Pressant son doigt, malgré la douleur, afin de faire couler plus de sang. Et là, ses yeux s’écarquillèrent : l’ouverture avait encore grandie. C’est le sang qui déclenchait le processus. Comment c’était possible ? Ce n’était qu’un arbre après tout. Ça n’était pas un être vivant. Enfin, pas au sens humain du terme en tout cas. Alors qu’il se demandait comment il pourrait encore plus permettre l’ouverture, il remarqua un reflet au pied de l’arbre. Il se rapprocha alors de la faible lumière émise. Sur le sol, légèrement caché par des brins d’herbe, il découvrit une pièce. Mais pas une pièce actuelle. On aurait dit une sorte d’écu ou de doublon espagnol. Comment une telle pièce pouvait se trouver sur cette propriété ?
Une idée saugrenue vint à l’esprit de Young-Jae : si c’était le fait d’avoir permis la légère ouverture qui avait fait sortir cette pièce de nulle part ? Ca semblait complètement stupide, mais voir un arbre s’ouvrir au contact du sang était déjà aberrant en soi. Du coup, l’idée n’était peut-être pas totalement dénuée de sens. Il se rappela qu’il avait vidé un lapin la veille pour son dîner, dont il avait gardé le sang pour faire une sauce. Il se précipita dans la maison, tout en remettant le mouchoir autour de sa plaie. Au bout de quelques minutes, il ressortit avec un flacon où se trouvait le sang du lapin. Sans réfléchir, il déversa la totalité à l’endroit où l’écorce de l’arbre semblait s’écarter. Et là, il crut rêver : sous ses yeux, au contact du sang, l’écorce s’écarta grandement, laissant apparaître un trou beant. L’intérieur du trou était bien trop sombre pour voir quoi que ce soit, et il ne voulait pas prendre le risque d’y plonger la main, sans savoir ce qu’il pouvait bien y avoir à l’intérieur. Instinctivement, il regarda au sol, histoire de voir s’il y avait une autre pièce, ou quelque chose de plus grande valeur. Mais il n’y avait rien. Se serait-il trompé ? Est-ce que ce n’était qu’un hasard si cette pièce se trouvait là ?
Perdu dans ses pensées, il entendit une voix venant du portail, scandant son nom. Un facteur attendait avec un colis. Pourtant, il n’avait rien commandé. Piqué par la curiosité, il se rendit au portail, afin de réceptionner le colis. Dans le même temps, le facteur le félicita pour le concours, avant de partir. Le concours ? De quel concours parlait-il ? Young-Jae vit alors sur le colis un logo. Celui d’une société spécialisée dans les vêtements de luxe. Il ouvrit le paquet, et à l’intérieur se trouvait une chemise Emporio Armani d’une collection qui ne se faisait plus, mais dont il savait qu’elle était très recherchée aujourd’hui. Il le savait parce qu’il adorait cette marque, mais qu’il n’avait jamais pu s’en payer une. La seule fois où il aurait pu avoir l’occasion, c’était… Le visage de Young-Jae se figea alors. Il regarda à nouveau le colis. Il vit qu’il y avait une lettre avec la chemise. Dans celle-ci, il était indiqué qu’il était le lauréat d’un concours de dessin. Un concours qu’il avait passé à l’âge de 12 ans, et qu’il pensait avoir perdu, n’ayant jamais eu connaissance des résultats, sa famille ayant déménagé vers un autre état peu de temps après qu’il ait envoyé son dessin. Comment la société du concours avait pu retrouver sa trace après tant d’années ? D’autant plus qu’il n’y avait pas longtemps qu’il était ici.
Il regarda alors à nouveau vers l’arbre. Maintenant, il en était sûr et certain. Cet arbre était loin d’être ordinaire. En plus de se nourrir de sang, il attirait la chance à celui qui lui en fournissait. Il y avait autre chose. Pour les quelques gouttes de sang, il avait eu une pièce ancienne, dont il ignorait encore la valeur. Pour le sang du lapin, le lot d’un concours passé il y avait des années. Une chemise de luxe hors de prix. Que se passerait-il s’il offrait plus de sang à l’arbre ? Cette idée commençait à germer dans l’esprit de Young-Jae, même si elle était clairement immorale. Il ne pouvait quand même pas tuer un être humain, juste pour vérifier ses soupçons, et pour avoir plus de chance… Même si cet arbre le fascinait de plus en plus, sans parler de la perspective de devenir l’homme le plus chanceux de la ville, ou même plus, il ne pouvait pas se résoudre à une telle extrémité. Il décida d’en rester là, et de réfléchir une autre fois à ce dilemme.
Les jours passèrent, et bientôt, un évènement inattendu accéléra le destin liant Young-Jae à l’arbre sanguinaire. Un matin, il eut la surprise de voir débarquer son ex-épouse. Que pouvait-elle bien venir faire ici ? Bien que réticent au départ, il accepta malgré tout de la laisser entrer dans la maison. Au départ, il pensait qu’elle avait eu des remords sur le fait de lui avoir rejeté la faute de la mort de Sun-Hi. Mais il n’en était rien. Si elle était là, c’était pour lui faire signer les papiers du divorce. Young-Jae n’en revenait pas qu’elle ait fait tout ce chemin juste pour avoir la certitude qu’il les signerait. Il avait reçu une demande de son avocat, qui lui avait envoyé déjà un exemplaire de ces papiers à signer. Mais avec tous ces évènements au sujet de cet arbre mystérieux, Il avait oublié. Et c’est là que la colère ressentie se transforma en haine pour la femme qu’il avait autrefois aimée. Une haine qui lui fit faire un geste qu’il n’aurait jamais cru capable de faire. Il s’empara d’une statuette de Bouddha posée sur un petit meuble, et profitant du fait qu’elle sortait les papiers pour les disposer sur la table, Young-Jae frappa de toutes ses forces l’arrière du crâne de son ex-épouse. Le choc fut tellement violent que celle-ci s’écroula sur la table. Voulant être sûr qu’elle n’avait pas survécue, il frappa encore la tête de sa victime.
Plusieurs fois. Young-Jae n’en revenait pas qu’il ait fait ça. Il laissa tomber la statuette sur le sol, et s’approcha du corps, tâtant le cou, afin de vérifier qu’il était bien sans vie. Aucun doute possible : son ex-épouse était bien morte. C’est alors qu’une autre idée s’imposa à Young-Jae, aussi folle que celle qu’il venait de commettre. Au prix de terribles efforts, il transporta le corps dans la salle de bains, et le plaça dans la baignoire. Il s’absenta un moment avant de revenir avec un grand couteau de boucher, puis trancha le corps de part et d’autres, afin de faire couler le plus de sang possible, dans le but de le recueillir, et l’offrir à l’arbre. L’offrir. Ce terme le fit frissonner, et en même temps, il trouvait cela terriblement excitant. C’était comme un sacrifice. Un peu comme ceux pratiqués par les Mayas en amérique du Sud, tel qu’il l’avait vu dans un documentaire, il y avait peu de temps. Peut-être que cet arbre est investi par l’esprit d’un ancien prêtre de cette civilisation ?
Jusqu’à présent, il n’était pas très à même de croire au surnaturel, mais avec cet arbre, ses doutes en la matière s’étaient dissipées. Young-Jae attendit d’être sûr que tout le sang s’était déversé dans la baignoire, puis il recueillit ce dernier à l’aide d’un siphon, afin de le transvider dans des bidons vides qu’il avait trouvés dans la cave de la maison, quand il s’était installé à Eureka Spring. Un long travail de patience s’opéra alors, et quand ce fut fait, Young-Jae sortit dehors. Fort heureusement, l’endroit où se trouvait l’arbre était invisible de la rue, car plongé dans une sorte de pénombre. Ca aussi c’était curieux. Il n’y avait pas vraiment prêté attention jusqu’à maintenant, mais tout l’espace autour de l’arbre formait comme une sorte de zone d’ombre très opaque, presque irréelle. Il se dirigea donc vers l’arbre, et, utilisant le siphon à nouveau, mais cette fois dans le but inverse, il déversa le sang contenu dans un premier bidon sur l’écorce. Le trou s’écartait de plus en plus, au point de former maintenant une ouverture de la taille d’une porte.
Dans l’attente de voir quelque chose se produire sous ses yeux, Young-Jae vit bientôt ses efforts récompensés. Venant de la pénombre de l’ouverture de l’arbre, de curieuses lianes noires sortirent. On aurait dit des sortes de cordes, mais extrêmement souples, se mouvant comme des serpents, semblant avoir une vie propre. Au début, il n’y en avait que 3 ou 4, mais bientôt, c’est plusieurs dizaines qui sortirent de l’intérieur de l’arbre, cinglant les airs tels des fouets vivants, comme à la recherche de plus de nourriture. Elles voulaient du sang, Young-Jae en était persuadé. Alors, il approcha le second bidon de l’ouverture. Lentement, il ouvrit le couvercle, laissant échapper les effluves du liquide rouge s’y trouvant, avant de reculer.Les lianes donnaient l’impression d’avoir senti la présence du sang. Elles se dirigèrent vers le bidon. L’une d’elles plongea à l’intérieur de ce dernier, comme pour le sonder. Au bout de quelques secondes, elle ressortit, et s’enroula autour du bidon, bientôt suivie par les autres lianes, qui tirèrent le bidon vers l’intérieur de l’arbre. Puis, plus rien. De longues minutes s’écoulèrent. Young-Jae se demandait si elles allaient ressortir, ou bien si un « signe » allait bientôt ressurgir. Avec tout le sang qu’il venait d’offrir, il allait sûrement bénéficier d’une chance énorme. Peut-être que son compte en banque allait se remplir miraculeusement de millions de dollars. Ou bien allait-il rencontrer une femme magnifique, issue de la Haute Société, qui tomberait dingue amoureuse de lui. Et peut-être aussi qu’il deviendrait le PDG d’une grande société de voitures de luxe. Autant de rêves autrefois inaccessibles qui semblaient se dessiner dans l’esprit de Young-Jae.
Soudain, il vit les lianes ressortir. Comme la première fois, d’abord par petites quantités, puis de plus en plus nombreuses. Encore plus que tout à l’heure. Leur nombre ne cessait de croître, s’agitant dans tous les sens, comme cherchant à nouveau leur nourriture. Mais il avait déjà donné à l’arbre tout le sang dont il disposait. Et il ne voyait toujours pas le moindre signe de sa récompense. Il se risqua alors, aussi ridicule que cela pouvait sembler, à s’adresser à l’arbre, demandant son dû pour le sang offert. Convaincu de son bon droit, il s’approcha, alors que les lianes devenaient de plus en plus nombreuses, et semblaient s’intéresser de plus en plus à Young-Jae, se rapprochant, frôlant ses jambes, ses bras, ce qui ne rassurait pas ce dernier. Mais il se disait qu’il s’inquiétait pour rien. Les lianes ne pourraient rien lui faire. Sinon, elles se retrouveraient privées d’un fournisseur en sang dont elles ne pouvaient se passer. Cependant, la présence des lianes devenaient de plus en plus inquétante, celles-ci de pressant de plus en plus près de Young-Jae, au point que certaines commencèrent à s’agripper à son corps, s’enroulant autour des jambes, des mains. Young-Jae, cette fois, avait peur. Il essayait bien de repousser les lianes, décrochant celles qui s’étaient enroulées, mais d’autres prenaient la relève. Il voulut reculer, mais le nombre de lianes s’accrochant à lui s’accroissait de plus en plus, au point de former une véritable enveloppe autour de lui. Young-Jae était complètement en proie à la panique.
Pourquoi ? Pourquoi faisaient-elles ça ? Il avait nourri l’arbre. Il lui avait offert ce dont il avait besoin. Pourquoi s’en prenait-il à lui ? Mais tout à ses ressentiments, Young-Jae ne voyait plus d’échappatoire. Les lianes, à chaque seconde plus nombreuses, le tenait fermement, et commençait à le tirer vers l’arbre. Young-Jae ne pouvait même pas crier, à cause des lianes s’étant engouffrées dans sa bouche en quelques secondes, comme si elles avaient devinées qu’il allait le faire, et que cela pourrait poser problème. Il n’y avait même plus de corps, tellement le noir des lianes l’enserrant s’était agglutiné autour de lui, continuant à le tirer inexorablement. C’est là, alors qu’il n’était plus qu’à quelques centimètres de l’arbre, qu’il vit ce qu’il y avait à l’intérieur. Une sorte d’immense plante, dotée de corolles en forme de triangles acérés, du sang séché parsemant ce qui semblait être le corps de ce monstre. Et au milieu de tout ça, une gueule énorme, constituée de milliers de dents sur plusieurs rangées, elles aussi tâchées de sang, semblant attendre son repas s’annonçant. Et ce repas, c’était lui. Il le savait à présent. Comment avait-il pu être assez bête de croire qu’il pourrait bénéficier de chance toute sa vie grâce à un monstre ? Les « cadeaux » avaient juste pour fonction de lui permettre de le nourrir suffisamment afin qu’il puisse s’ouvrir complètement, et se nourrir par lui-même, grâce aux lianes. Ce monstre était comme un calamar. Il utilisait la même technique, les lianes remplaçant les tentacules. Ca y était. Il était arrivé au point culminant. Les lianes commençaient à le soulever du sol, afin de le diriger vers la gueule du monstre s’agitant devant lui.
En quelques secondes, il fut basculé au-dessus de ce cauchemar végétal, avant d’être projeté à l’intérieur, les lianes desserrant leur emprise d’un seul coup. Young-Jae n’eut pas le temps de proférer le moindre son que déjà les dents tranchantes de la plante monstrueuse se plantèrent dans son corps, transperçant chacun de ses organes vitaux, avant de le mastiquer comme un simple morceau de viande. Ce qu’il était pour cette créature de cauchemar, qui continuait à mâcher son repas, coupant, lacérant, éviscérant chaque partie du corps de Young-Jae, sans la moindre retenue. Il ne fallut que quelques minutes pour que celui-ci soit ingéré par le monstre de l’arbre, qui arrêta le mouvement de sa mâchoire après coup, comme satisfait d’avoir bien mangé. Semblant signifier la fin d’un cycle de vie, les lianes semblaient comme rappelées à leur point d’origine, rentrant dans des sortes d’orifice qui couvraient tout le corps de l’horrible créature. Puis ce fut au tour du tronc de l’arbre, de se refermer peu à peu, jusqu’à reprendre sa forme initiale. Celle dans laquelle Young-Jae l’avait découverte, et qu’il n’aurait jamais dû changer. Cela lui aurait valu de ne pas avoir perdu dans la vie dans des conditions abominables. Mais comme tout être humain avide de pouvoir et de richesse, il n’a pas su s’arrêter à temps, à cause d’une curiosité sans doute trop exacerbée. Aujourd’hui, il a finalement découvert le secret de cet arbre qui le fascinait tant. Mieux encore, il en fait désormais partie. Quant à l’arbre, il est retombé dans un état de sommeil, attendant qu’un autre inconscient vienne le réveiller à nouveau, afin de recommencer un nouveau cycle de vie.
Publié par Fabs
C'était bon jai bien aimé le physique de larbres. Le debut Lorsquil perd son enfant me fait penser a simetierre.
RépondreSupprimerJ'ai moi aussi un histoire darbre jai hate de te la montrer. Un peu plus longue majs je dois la racourcir un peu. Au debut je pensais en faire un roman et finalement non.
Entoucas bonne histoire. Me fait penser a un conte pour la moral a la fin :)