4 janv. 2022

LE FAUX BONHEUR DE SCP-999 (Le Triangle SCP)

 


 

Rapport du Major Finks

Concernant les agissements de SCP-999


Comment débuter ce rapport ? J’ai honte de moi de m’être fait berner de la sorte par SCP-999… Bien sûr, je pourrais me rassurer en me disant que je ne suis pas le seul, mais ce n’est pas une excuse. L’impression d’avoir été ses jouets dès le départ, et qu’il attendait le moment propice pour montrer ce qu’il était vraiment, lui et le bonheur qu’il distille dès qu’on le touche… Mais qui aurait pu imaginer qu’une masse de gélatine adorant les M&Ms et les Necco, se comportant tel un petit caniche, montrant de l’affection envers ceux qu’il approchait comme un animal de compagnie « classique », puisse être en fait une telle créature douée d’un machiavélisme insoupçonnable ? Et que dire de l’idée soutenue par le Dr. Mink de se servir de SCP-999 pour des expériences de « bien-être » comme il l’a indiqué lui-même ? D’un point de vue purement éthique, c’était clairement discutable… On ne connait pas tout de ces créatures, de leur origine, leur motivation dans leurs actes… Et même si SCP-999 n’avait, jusqu’à présent, fait que distribuer du bonheur à tous ceux étant en contact avec lui, il n’en restait pas moins un SCP, au même titre que les autres…

 

De plus, les agissements de SCP-343 nous ont appris une chose : ne jamais se fier aux apparences, quelles qu’elles soient. Aujourd’hui, à la suite de cet incident majeur, nous ne savons d’ailleurs toujours pas les objectifs de SCP-343. Après les évènements décrit lors de mon dernier rapport, et bien que nous ayons finalement réussi à localiser et reconfiner, non sans mal, les SCP-1048 et SCP-255, les missions de désinformation des agents de terrains, affiliés au secteur de la communication extérieure au centre 17, ont été très compliquées, et nous avons du faire appel à d’autres FIM pour les aider.

 

Notamment la FIM Gamma-5 (« Diversion »), qui s’est chargée d’infiltrer des équipes de télévision, ayant filmées les actions de SCP-1048, afin d’effacer un à un tous les fichiers concernant ce dernier, tout comme ceux de SCP-255. Après « réinitialisation » de la mémoire des témoins, quand cela était possible, auquel s’est rajouté de rares cas d’exécution discrètes, du fait de cerveaux réfractaires au système d’effacement, Gamma-5 est parvenu à faire croire, avec l’appui interne de plusieurs membres de l’O5, à une manœuvre publicitaire d’une société de fabrique de jouets, et à une intoxication collective ayant affecté le cerveau pour les actions de SCP-255. Ces évènements qui auraient pu mal tourner, et faire découvrir l’existence des SCP et de la Fondation n’ont visiblement pas suffi à se méfier désormais des SCP à priori insignifiants. Si le Dr. Beck a été éliminé suite à cela, et remplacé, il semblerait que ma méfiance envers ces scientifiques ne soit pas près de se dissiper, après qu’un autre de ces scientifiques « expérimentés » ait réussi à persuader l’O5 de mettre en place un programme où le SCP-999 était le point central…

 

L’objectif de l’expérience était de se servir des capacités de redonner le sourire de SCP-999 à des personnes atteintes de troubles dissociatifs de la réalité et des dépressifs, des personnes étant dans un mal-être très important, pour faire plus simple. Mon équipe était chargée d’escorter un groupe composé de 5 classes D, et deux gardes de Classe B de niveau 1, ainsi que le Dr. Mink, chargé de superviser le projet. SCP-999 étant placé dans un compartiment en partie réfrigéré, afin de limiter son potentiel d’agissement intra-structure. En effet, plusieurs tests opérés sur lui au sein du centre 17 ont montré ses capacités de traverser les matières solides avec une aisance inquiétante, ne laissant derrière lui, une fois traversé la matière, que quelques bribes de gélatine de couleur orange. Celles-ci s’évaporant, une fois séparé du corps principal de SCP-999, comme ne pouvant plus être capable de rester à l’état solide. Le Dr. Carver, qui nous avait déjà mis en garde contre le SCP-343, ayant expliqué qu’il s’agissait sans doute d’une technique de défense du système nucléotide de SCP-999, afin de ne pouvoir être étudié, une fois séparé de sa masse principale.

 

Le Dr. Carver a rappelé que SCP-999 était un polymère métamorphe extensible, capable d’assimiler les formes auquel il était en contact. Après tout, on avait vu qu’il pouvait être capable d’envelopper un être humain de sa masse, et modeler sa taille de façon étonnante. Malgré cela, au vu des états euphoriques causés par SCP-999, l’O5 a donné l’aval pour l’expérience demandée par le Dr. Mink, tout en s’appuyant sur les recommandations de prudence exigées par le Dr. Carver. Raison pour laquelle la FIM que je dirige a été affectée à cette mission à priori anodine. Comment aurions-nous pu nous douter que SCP-999, malgré son absence visible de cellules gliales et de tissus nerveux, puisse avoir une quelconque intelligence, bien différente que son comportement, proche d’un petit toutou, pouvait suggérer ? Et cette propension à penser s’est révélée bien plus élaborée que d’autres SCP de type équivalent à SCP-999. Entendez par là qu’il est capable de stratégie, et aussi de dissimuler les véritables caractéristiques de sa faculté de « gênes du bonheur », véhiculée avec entrain par le Dr. Mink.

 

L’expérience s’est déroulée au sein d’un institut conventionné par la Fondation, propriété personnelle d’un des membres de l’O5, mise à disposition aux équipes médicales de la Fondation, pour les vétérans militaires de différentes classes, à l’exception des Classes D, ayant officié au sein des FIM de portée nationale. D’autres centres du même type existant dans les autres pays, mais dépendants des branches internationales de la Fondation. Il y en a 4 en europe Centrale : Royaume-Uni, France, Espagne et Italie ; 2 en Europe de l’Est : Russie et République Tchèque ; 2 en Afrique : Cameroun et Egypte ; 4 en Asie : Chine, Japon, Thaïlande et Corée du Sud ; et 2 en Océanie : Nouvelle Zélande et Australie. Le centre où s’est déroulé l’expérience étant l’un des 18 centres figurant en zone Amérique : 12 en Amérique du Nord, 4 en Amérique du Sud et 2 en Amérique Centrale. L’objectif de ces centres étant d’accompagner le plus possible ces personnes atteintes de dépression et autres troubles psychologiques, ne pouvant se faire, pour des raisons de confidentialité évidente, dans le circuit classique de santé, au sein des hôpitaux.

 

C’est donc dans ce cadre que SCP-999 fut emmené sous la supervision de mon équipe et moi-même pour assurer la sécurité, et éviter toute évasion de SCP-999, au cas où le système réfrigérant, pour quelque raison que ce soit, tomberait en panne, et occasionnerait à SCP-999 de réactiver ses capacités métamorphes et de blocage moléculaire de la matière. C’est-à-dire traverser celles-ci. Pour la même raison, SCP-999 se trouvait enfermé dans un bloc transparent de 5 mètres cube de contenance, toujours pour limiter ses facultés, et l’empêcher de prendre une taille pouvant s’avérer contraire au bon fonctionnement de l’expérience… Une fois arrivé au sein du centre de soins, le bloc fut transporté par des soldats de mon unité, jusqu’à une pièce spécialement aménagée à cette occasion. Au cours des observations au centre 17, il fut constaté que SCP-999 ne parvenait pas, pour une raison inconnue, à « traverser » des mélanges hybrides de métaux. Sans doute dû à leur composition atomique trop complexe à assimiler pour le corps de SCP-999. De ce fait, la pièce fut recouverte sur ses murs intérieurs d’un alliage d’étain, de cuivre et de plomb, afin que SCP-999 ne puisse s’échapper. Mais malgré toutes ces précautions, personne ne fut en mesure de prévoir ce qui allait arriver…

 

Le Dr. Mink sortit SCP-999 de son bloc réfrigéré, afin qu’il puisse être libre de ses mouvements et de ses capacités au sein de la pièce. 6 patients étaient déjà présents, afin de subir les « tests » voulus par le Dr. Mink. Je précise que plusieurs membres de mon unité se tenaient postés aux deux seules portes d’accès de la pièce, et moi-même je me tenais prêt à intervenir en cas de problème, un fusil réfrigérant, pouvant projeter un flux d’azote liquide, en ma possession. Une arme développée par les scientifiques du centre 17, pour contrer des actions anormales de SCP-999, une fois libéré hors du centre. Toujours pour répondre à un processus sécuritaire voulu par l’O5 pour que l’expérience soit approuvée… Conformément au cadre de l’expérience, SCP-999 reconnut immédiatement, une fois libéré de son bloc, le mal-être des patients présents, et s’approcha d’eux, faisant les mêmes gestes tels qu’il l’avait déjà montré au sein du centre 17, lors de tests. Se déplaçant avec des gestes faisant penser à ceux d’un petit chien, s’arrêtant parfois, donnant l’impression de renifler ou d’observer l’environnement où il se trouvait. Avec le recul, il semble évident qu’à ce moment, il jugeait, voire sondait ses possibilités de quitter la pièce…

 

L’un après l’autre, SCP-999 enveloppa les patients, tel un serpent s’enroulant autour de sa proie. Mais connaissant sa nature normalement inoffensive, et son processus de « guérison », il n’y avait rien d’anormal par rapport à sa méthode de faire habituel… Tout le monde continua donc d’observer silencieusement… Les 6 patients, tour à tour, montraient des signes de joie retrouvée, n’affichant plus de mines abattues, ce qui faisait le bonheur du Dr. Mink. Moi-même, je dois l’avouer, ça me faisait chaud au cœur de voir ces braves anciens soldats retrouver une envie de vivre. L’espace d’un instant, j’ai éprouvé un sentiment de reconnaissance envers le Dr. Mink, à ma grande surprise, pour avoir été à l’origine de ça. Mais bientôt, des premiers signes alarmants se firent sentir… L’euphorie des patients devenaient bizarrement trop intensive. Ils riaient. Ils riaient forts. Très fort. Trop fort en fait. On voyait des larmes couler, leurs corps tremblaient, en proie à des spasmes couvrant tout leur corps. Ils continuaient de rire de plus en plus, leurs visages affichant un sourire béat, mais en même temps, on avait l’impression qu’ils souffraient d’un bonheur trop intense leur envahissant leur corps. Certains parvinrent à émettre des mots, demandant qu’on arrête ça… Qu’ils allaient finir par mourir à force de ressentir trop de bonheur et de joie…

 

Leurs muscles se raidissaient, leurs veines ressortaient, changeant de couleur, comme si on venait de leur injecter un venin puissant, prêtes à exploser… Ils renouvelaient leurs demandes de faire arrêter ça, ils tombaient à genoux, se recroquevillant sur eux-mêmes, en position fœtale, toujours envahis de spasmes de plus en plus manifestes. Affolés, et sur l’instant oubliant la présence de SCP-999, nous fondîmes sur les malheureux patients, dont les visages devenaient rouges, puis violet, avant de se noircir, puis tourner au blanc blême. Au bout d’un moment, leurs cœurs s’arrêtèrent, rongés par ce bonheur distillé par SCP-999, à un niveau qu’on n’aurait pu soupçonner. Ils étaient morts pour avoir eu une overdose de bonheur… Dit comme ça, ça a l’air ridicule, mais c’est pourtant bien ce que s’est passé… Dans le même temps, les deux gardes de la porte Nord de la pièce m’appelèrent, paniqués à leur tour. Je me retournais, et voyais l’un d’entre eux totalement enveloppé par SCP-999. Le garde affichait lui aussi un visage radieux, en proie à un bonheur intense, pendant que ses gestes semblaient contrôlés, car asynchrones du reste de son corps…

 

L’autre garde était déjà à genoux, riant à son tour, montrant les mêmes signes que les patients, touché par un bonheur trop intense. Bientôt, je compris le but de SCP-999 en s’emparant du corps du garde de mon unité. Les gestes de celui-ci se dirigeaient vers la serrure de la porte, sa main empoignant la clé permettant de l’ouvrir. Je compris immédiatement la situation… SCP-999, conscient qu’il ne pouvait utiliser ses capacités de déstructuration moléculaire de la matière, voulait forcer le garde à ouvrir la porte, afin qu’il puisse s’enfuir… Si je voulais empêcher ça, je n’avais pas d’autre choix. Je devais réfrigérer SCP-999, et le garde qu’il contrôlait en même temps. Parfaitement conscient que cela signifierait la mort instantanée du garde, son corps ne pouvant pas résister aux effets du fusil réfrigérant. Mais je n’avais pas le temps de me poser des questions humanitaires et éthiques et j’actionnais le fusil. Le rayon réfrigérant toucha de plein fouet SCP-999 et le garde. Je vis les deux changer de couleur, passant de couleurs vives à des froides, en l’espace de quelques secondes. SCP-999 se libéra du garde, ce dernier tombant à terre, inerte, pendant que lui-même devenait immobile. Sans aucun doute en proie à l’effet du froid, le rendant à un état cristallin…

 

Par la suite, le reste de mon équipe et moi rapatrièrent SCP-999, qui fut remis dans son bloc de transport, puis transféré dans le camion nous ramenant vers le centre 17. Durant le voyage, nous vîmes que celui-ci avait repris sa forme habituelle, l’effet du fusil réfrigérant s’étant estompé. Il montrait sa mine de petit chien abattu, tentant de m’apitoyer. Mais maintenant, ça ne marcherait plus. Je savais, et je n’étais pas le seul, que ce comportement de petit animal familier envers les humains n’était qu’un leurre, pour nous amadouer, et affaiblir notre méfiance envers lui. Aujourd’hui, il avait fait une grave erreur en montrant ce dont il était capable. Ce faux bonheur qu’il pouvait offrir n’était en fait qu’une technique de mort à long terme, et nous étions tombés dans le panneau. SCP-999, depuis sa capture, avait en fait toujours tenté de chercher le moyen de s’enfuir en usant de ce subterfuge de petit animal, parfois effrayé par ses bêtises volontaires. Afin d’accentuer notre attendrissement envers lui, pensant qu’il agissait dans ces moments-là comme un enfant ignorant qu’il faisait le mal. Alors que ce n’était qu’une stratégie…

 

SCP-999 a été remis dans son bloc de confinement au sein du centre 17, et les mesures envers lui ont été réévaluées, afin qu’il ne puisse plus s’approcher de quiconque, et retenter à nouveau de prendre le large…. Une chose m’échappait cependant… Quand il était au centre 17, il aurait pu s’échapper n’importe quand, au vu de ses capacités lui permettant de traverser la matière. Pourquoi ne l’avait-il pas fait ? J’eus la réponse peu de temps après. La structure extérieure des murs du centre 17 était faite en alliage elle aussi, tout comme l’était la pièce pour l’expérience qui nous avait révélé la vraie nature de SCP-999. C’est pourquoi il n’avait jamais pu s’enfuir à l’extérieur, ne pouvant traverser que les structures intérieures du centre, qui, elles, n’étaient pas en alliage… Et s’il n’avait pas tenté de « prendre possession » d’un garde au sein du même centre 17, c’était vraisemblablement du fait du nombre important de personnel armé, et la possibilité importante pour eux de le reconfiner très rapidement, avant même qu’il ait eu le temps de faire approcher son « esclave » vers une porte, et lui donner accès vers la sortie du centre. Cet évènement n’a fait que renforcer ma haine envers ces créatures. Je sais désormais que sous l’aspect gentil et mignon de certaines d’entre elles, il y avait en fait des êtres ne pensant qu’à leur propre survie, au détriment des créatures tentant de l’enfermer. C’est-à-dire nous, les humains. Un sentiment qui rapprochait quelque peu ces bestioles de certains hommes… Ce qui me conforte à encore plus nous méfier des SCP à l’avenir… SCP-999 nous aura au moins appris cela…

 

Fin du rapport du Major Finks. Le 16 Octobre 2021

 

N° d’incidence : 3/C*/934.4.65

 

Publié par Fabs

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