10 janv. 2022

SCP-MISSIONS SECRETES (Episode 1 : Les Géants de Ouachita Forest) (Le Triangle SCP)

 


 

Cela faisait maintenant 3 jours que la FIM bêta-5, dirigée par le Major Finks, accompagné, bien malgré lui, du responsable de cette traque dont le Major se serait bien passé. Déjà qu’il avait de plus en plus de mal à se faire aux missions de capture de nouveaux SCP déclarés par les agents de terrain, voilà qu’il devait maintenant faire la traque de quelques-uns des pires représentants de l’espèce.

 

Ces derniers temps, son animosité envers les SCP avaient été plus ou moins en mode stable, du fait d’actions envers des anomalies mineures, des classes Sûr pour la plupart, et deux ou trois Euclides de bas niveau. Des missions plutôt tranquille niveau stress, d’autant que la technologie mise au point des chercheurs de la Fondation avait été très efficace. Ça énervait le Major de le reconnaître, lui qui ne supportait pas les chercheurs, mais les faits étaient là : sans ce matériel high-tech, capturer les SCP dont il avait eu la charge de confiner et ramener aux centres les plus proches, aurait été bien plus ardu et long à effectuer. Ce qui ne changeait rien à ce qu’il pensait des blouses blanches de la Fondation, et leurs petits airs supérieurs qu’ils se donnaient face aux différentes FIM, conscients de leur importance pour l’O5. Alors que n’importe quel militaire, qu’il soit gradé ou non, et quel que soit le nombre de décorations en sa possession, n’était rien de plus que de la chair à canon remplaçable aux yeux de la Fondation. Les multiples centres de formation disséminés un peu partout étaient là pour renouveler en permanence les pertes occasionnées dans les groupes tel que le sien.

 

Des centres où les entraînements étaient d’un niveau équivalent à celui que devaient endurer les spartiates, à l’époque de la Grèce antique. Rien ne leur était épargné : endurance à la chaleur, au froid, au vent, combats au couteau, maitrise d’armes lourdes qui demandaient des capacités d’adaptation très courtes pour l’utilisation. Une simple erreur de manipulation pouvait se retourner contre son utilisateur. Une arme comme la Gilboa Snake et ses 4 kilos de poids ou plus encore le Sako TRG-M10 et ses 6 kilos de moyenne, demande une dextérité et une masse musculaire au-dessus de la moyenne, et ne peuvent donc être utilisés que par l’élite de ces centres de formation. Pour les autres, les FN-P90 sont les plus courants parmi les futurs membres des FIM où ils seront affectés, suivant leurs compétences en matière de logistique, d’intelligence, de réflexes ou de capacité de camouflage, voire, dans certains cas, de leur absence d’empathie envers les anomalies qu’ils auront à affronter. Ces derniers cas sont les candidats parfaits pour des FIM spécialisées dans les éliminations pures et simples de SCP montrant une résistance accrue aux méthodes de captures classiques, et appartenant aux classes Keter.

 

Il existe aussi des armes encore plus spécifiques et au poids encore plus conséquent, mais en règle générale, elles servent pour les soldats chargés de couvrir les membres de la FIM en position d’assaut frontal. C’est le cas des PGM-Hecate 2 ou de l’imposant Browning M2. D’autres sont affiliées, à l’issue des épreuves de test des centres, tous très rigoureux et faisant appel à des mentaux d’acier, à des soldats ou des officiers dont la vue exceptionnelle est primordiale, en plus de leur précision de tir. Comme les lance-grenades de type MGL-XRGL 40 ou la série des M79. Le Major Finks fait partie des nombreuses élites de ces centres, et il a longtemps cru que cela faisait pratiquement de lui l’équivalent d’un surhomme. Mais le Major avait un point faible : sa famille. Et une erreur de sa part, lors du transport de 7 spécimens du SCP-939 au Site de Confinement et de Recherche Biologique-06, lui a montré combien cette faiblesse pouvait l’affecter. Un transport demandé suite à la découverte de l’amnésique AMN-C227, obtenu grâce à la sueur des spécimens de SCP-939. Un amnésique de Classe C, utilisé couramment par de nombreuses FIM, avec l’accord de la Fondation. Jusqu’à l’incident « Silent Night » s’étant déroulé au centre.

 

Après celui-ci, l’AMN-C227 a été interdit de production par décision de l’O5. Mais avant cet incident, les capacités du SCP-939 ont été mises à jour, et la famille du Major en a fait les frais, parce que celui-ci avait sous-estimé l’intelligence de ce SCP bien particulier. Une perte qui changea à jamais le comportement du Major envers la Fondation. Celle-ci ne l’ayant pas averti de la propension de SCP-939 à imiter la voix humaine. Un manque d’information qui avait été à la base de l’erreur du Major, ayant causé la perte de sa femme et de sa petite fille de 5 ans. Par la suite, la FIM Nu-7 était venu prêter main forte au Major et son unité, à moitié décimée, afin de contenir, capturer et confiner les 7 spécimens de SCP-939 s’étant échappés ce jour-là. Du fait de la douleur dû à la perte de sa famille, l’erreur du Major ne fut pas sanctionnée ce jour-là. Mais depuis, le Major Finks hait viscéralement les SCP quels qu’ils soient, ainsi que les chercheurs qui auraient dû l’avertir des spécificités de SCP-939. Ce qui aurait pu empêcher ce drame qu’il ne pouvait enlever de sa mémoire. C’est pourquoi le rappel de ce douloureux souvenir par l’agent Straxx l’avait mis hors de lui…

 

Finks était plongé dans ces souvenirs, en regardant la photo de Trish et Kayla, son épouse et sa fille qu’ils avaient perdus ce jour-là, devant le feu de bois érigé au milieu du camp, lors d’une pause du périple qui devait mener le Major à la Ouachita Forest, là où des informations des agents de terrain, officiant dans le périmètre, leur avaient signalés des cas de disparitions au centre de la forêt. Des silhouettes de squelettes géants avaient été aperçues dans celle-ci en pleine nuit, par des automobilistes passant à proximité. Correspondant à la zone où avaient été signalés les personnes disparues peu avant qu’elles ne donnent plus signe de vie. Les agents avaient pu étouffer en partie l’affaire, mais la dirigeante de la police locale, le lieutenant Cheona Daiwani, ne semblait pas croire à leur campagne de désinformation, et menait sa propre enquête, malgré les ordres reçus du gouverneur de la région de suspendre toute investigation concernant ces disparitions. Le gouverneur de l’Arkansas faisant partie des rares personnes en lien avec la Fondation dans les secteurs politiques de la région.

 

Bientôt, le silence de la nuit fut interrompu par l’arrivée du Dr. Griggs, se dirigeant vers le foyer devant lequel se trouvait le Major Finks, toujours plongé dans ses souvenirs. Voyant le Major tenir une photo où figurait une femme et une petite fille, le Dr. Griggs se risqua à demander :

 

« C’est votre famille ? »

 

Surpris de la présence de Griggs, qu’il n’avait pas entendu arriver, Finks lui répondit, tout en remettant la photographie à l’intérieur de sa veste :

 

« Qu’est-ce que vous faites là ? Vous m’épiez maintenant ? »

 

Montrant des mains sa gêne, Griggs s’excusa :

 

« Non… Non, je vous assure… »

 

S’interrompant un instant, il reprit :

 

« Je… Je ne parvenais pas à dormir… Je voulais marcher un peu, et puis je vous ai vu, près du feu de camp… Et en m’approchant, j’ai vu que vous fixiez cette photographie… Je m’interrogeais simplement… »

 

« Vous devriez éviter de vous poser la moindre question sur moi, doc. Et aussi de vous mêler de ce qui vous regarde… Je vous rappelle qu’on est très loin d’être potes vous et moi… »

 

Griggs baissa les yeux, avant de s’asseoir à son tour près du feu :

 

« Je ne sais pas ce qui a pu provoquer cette animosité envers ma profession, Major, mais je vous assure que je n’ai pas de mauvaises intentions… Excusez-moi pour mon indiscrétion… »

 

Finks observa un instant Griggs, comme pour juger de sa sincérité, avant de détourner le regard :

 

« Ça ira pour cette fois doc… Mais il vaudrait mieux pour vous ne pas me refaire un coup comme ça. Je serais moins conciliant la prochaine fois… »

 

Soupirant légèrement, Griggs acquiesçait de la tête :

 

« Je m’en souviendrais, Major… Encore désolé… »

 

« C’est bon, Doc… Pas la peine de vous excuser toute la nuit. Je vous ai dit que je passais l’éponge… »

 

Les deux hommes s’enfermèrent quelques instants dans le silence, scrutant chacun devant eux. Puis Finks rompit celui-ci :

 

« C’est ma femme et ma fille si vous tenez tant que ça à le savoir, doc… Elles ne sont plus de ce monde… Ne m’en demandez pas plus… »

 

Griggs observait le Major. Il lui sembla apercevoir une larme couler sur sa joue à l’évocation de sa famille. Conscient de son erreur, et de la douleur que cela semblait occasionner au Major, il se contenta de rajouter :

 

« Je ne le ferais pas, Major, rassurez-vous… Je saurais rester à ma place… »

 

Finks observa à nouveau Griggs, puis rajouta :

 

« C’est bien, doc… Vous semblez être moins con que je le pensais… C’est un compliment que je vous fais… »

 

Juste après, Finks se releva, avant de se diriger vers sa tente. En chemin, il s’adressa à nouveau à Griggs :

 

« Vous aussi, vous devriez vous coucher, doc… Une longue journée nous attend demain… »

 

Puis, le Major s’enfonça à l’intérieur de sa tente. Quelques minutes plus tard, la lumière, s’éteignit à l’intérieur de celle-ci, laissant Griggs seul près du feu, se questionnant malgré tout sur les dernières paroles du Major, ainsi que la larme versée qu’il avait aperçue. Il se demandait quel drame ce dernier avait bien pu subir pour que son cœur se ferme aux autres de cette manière. Il supposait que sa haine envers les chercheurs de la Fondation et la Fondation elle-même, sans oublier les SCP, devait avoir un rapport avec cette photo. 

 

Mais il avait promis au major qu’il ne le questionnerait plus à ce sujet, bien que cette question l’intriguât fortement. Il ne voulait pas non plus demander à Kurt s’il savait quelque chose à ce sujet. En tout cas pas maintenant. Si le Major venait à apprendre qu’il avait appris cette partie de son passé par son biais, cela ne ferait que renforcer la distance qui les séparait. Ce soir avait déjà été un grand pas. Depuis qu’ils étaient partis du centre 17, Finks ne lui avait pas adressé un seul mot. Griggs considérait que cette petite ouverture, même s’il s’agissait de paroles insignifiantes, était un premier pas pour une collaboration moins compliquée quant à la mission qui les attendaient. Griggs soupira à nouveau. Un soupir d’espoir pour la suite, et à son tour, il se leva, puis se dirigea vers sa tente, afin de tenter de dormir du sommeil du juste…

 

Dès le lendemain et la levée du camp, la FIM menée par le Major Finks partait pour la Ouachita Forest, qui n’était plus qu’à quelques kilomètres maintenant. Dans le véhicule où il se trouvait aux côtés du Major, ce dernier s’adressa à Griggs :

 

« Vous devriez demander à l’agent Straxx s’il a des renseignements intéressants concernant les spécificités du SCP-2863. Je n’ai encore jamais capturé de SCP aussi énorme. Normalement, c’est la FIM Êta-5 qui s’occupe de ce genre de mastodontes… Mais je sais qu’ils sont en mission au Japon, où d’autres instances de ce SCP ont été signalés près d’Osaka. Straxx sait beaucoup de choses. Peut-être pourra-t-il nous donner des infos à ce niveau… »

 

Griggs hocha de la tête en guise de réponse, puis sortit son téléphone, avant de composer le numéro de son ami Kurt… Celui-ci répondit presque immédiatement :

 

« Oui, Stanley, que se passe-t-il ? Rassure-moi : ce n’est pas à cause du Major ? »

 

Ayant entendu la remarque, ce dernier répondit, suffisamment fort pour être entendu par Straxx à l’autre bout de la ligne :

 

« Non, Straxx, pas de panique… Je n’ai pas martyrisé ton cher docteur… Pas encore en tout cas… »

 

Faisant mine d’ignorer la remarque du Major, Grigss demanda les renseignements concernant le SCP-2863, conformément à la demande du Major :

 

« SCP-2863… Oui, je peux te fournir ce dont tu as besoin par mail. Tu trouveras toutes les infos dont vous aurez besoin pour le contenir. Vous aurez besoin de projecteurs pour ça. Une fois que vous serez sur place, Je ferais une triangulation pour connaitre votre emplacement exact, et j’enverrais une équipe pour vous envoyer le matériel utile. »

 

« Merci, Kurt »

 

Puis, Straxx reprit :

 

« De ce que je sais, vous aurez besoin d’utiliser un rituel shintô pour immobiliser les deux instances que SCP-2863-206, le spécimen qui s’est échappé, a créé… J’ai cru comprendre qu’il y avait un cimetière Caddo dans la forêt. C’est à cause de ça que, normalement, personne n’a le droit d’y entrer. Le lieutenant Daiwani y veille farouchement. Je sais aussi qu’elle fait partie de la tribu Caddo elle-même. Donc, elle doit s’y connaitre en rituel. Elle pourrait vous être utile… »

 

« Mais, ce n’est pas risqué de mettre au courant Daiwani de la situation ? »

 

« Ne t’affole pas : parlez-lui seulement d’une créature inconnue, en lien avec les ossements de ses ancêtres enterrés dans la forêt. C’est grâce à eux que SCP-2863-206 a dû créer les deux autres dont on parle dans les rapports du Gouverneur. Et une fois la menace partie, un agent se chargera de lui faire prendre une bouffée de gaz amnésique de classe A, une fois qu’elle sera rendue à son bureau. Tu vois : rien à craindre »

 

« Très bien. Mais comment je vais la mettre au courant de la procédure du rituel ? Je ne suis pas sûr que je trouverais comment lui indiquer la bonne méthode… »

 

« Pas de souci pour ça non plus : Quand Daiwani sera à vos côtés, tu recevras un appel externe. Du Japon. Ce sera l’agent Akiko Garayama. C’est une spécialiste des rituels japonais. Elle fait partie de la FIM Tau-5, une FIM particulière qui a des connaissances en ésotérisme très poussé. Elle saura guider Daiwani pour exécuter le rituel dans les formes… »

 

« Ok. Encore merci pour tout ça. J’espère que ça sera suffisant pour parvenir à maitriser SCP-2863-206 »

 

« Akiko est très douée, tu peux être rassurée. J’ai déjà eu l’occasion de la voir à l’œuvre contre d’autres SCP asiatiques, lors d’une mission. Je suis certain que grâce à ses indications, la mission sera du gâteau pour vous… »

 

Le Major Finks marmonnait à demi-mots :

 

« Bien sûr, ça va se passer très bien. Des géants de plus de 30 mètres de haut capable de vous arracher la tête, et de se servir de nous comme verre à vin après coup, pour boire notre sang. Ça ne peut que bien se passer… »

 

« Je vous ai entendu, Finks. Toujours le mot pour rire, à ce que je vois… »

Voyant que le Major semblait prêt à répondre d’une manière loin d’être amicale, Griggs coupa court à la conversation, en renouvelant ses remerciements pour tout auprès de l’agent Straxx, puis éteignit son téléphone. Le major rajouta :

 

« Dommage que vous ayez raccroché… J’avais plein de gentillesses à dire à cet enfoiré de merde… »

 

« C’est bien pour ça que j’ai préféré qu’on en reste là… Je préfèrerais qu’on se concentre sur la mission en elle-même… »

 

« Ok, doc. Pas d’affolement. Je sais être pro quand il le faut… Et courtois aussi… »

 

Finks se mit alors à rire à gorge déployé, satisfait de sa petite répartie, alors que Griggs se contenta de se taire le reste du chemin.

 

Une heure plus tard, le convoi parvint à une zone en périphérie de la Ouachita Forest, à un endroit où le camp ne serait pas perçu. Pendant que ses hommes se chargeait de monter celui-ci, le Major aperçut une silhouette se profiler à proximité. Il sortit son arme, prêt à toute éventualité, puis reconnut l’uniforme caractéristique de la police. Ce devait être le lieutenant Daiwani. Celle-ci s’approcha de Finks, pendant que Griggs était occupé à consulter le mail qui venait juste d’être envoyé par l’agent Straxx. Daiwani s’adressa à Finks :

 

« Bonjour. Je suis le lieutenant Cheonah Daiwani. J’ai été prévenue par le Gouverneur que votre équipe allait arriver pour capturer cette…créature. Celle qui serait à l’origine des disparitions… »

 

Finks, rengaina son arme, puis répondit :

 

« En effet, c’est bien nous les Ghostbusters du coin… Ecoutez, ça ne me dérangerait pas de papoter avec vous, mais je dois superviser le travail de mes hommes. Je vous laisse avec le doc, qui vous expliquera bien mieux que moi ce qui va en être… »

 

Daiwani hocha la tête, pendant que Finks se dirigeait vers les tentes qui commençaient à se dresser. Elle se dirigea vers Griggs, qui lui exposa ce que Straxx lui avait déjà dit, insistant sur le fait du rituel.

 

« Un rituel ? Je ne connais pas grand-chose aux coutumes japonaises, mais étant de sang Caddo, j’ai effectivement des dispositions en termes de rites ancestraux. C’est mon grand-père qui me les a appris. D’ailleurs, après avoir découvert la disparition des ossements de mes ancêtres dans le cimetière, j’en ai pratiqué plusieurs. Espérant que cela aurait un impact. Mais rien n’a fonctionné… »

 

« Contre ce genre de créatures, c’est normal. Elles ne sont pas de ce continent. Elles viennent du Japon. D’où le rite Shintô. »

 

Semblant interrogative, Daiwani reprit :

 

« Comment de telles créatures sont-elles venues du japon jusqu’ici ? En plein Arkansas… C’est curieux… »

 

Voyant son air suspicieux, et s’apprêtant à trouver un mensonge adéquat pour endormir la méfiance de Daiwani, Griggs fut interrompu par un appel. C’était Akiko Garayama. La spécialiste évoquée par Straxx.

 

« Dr. Griggs ? Je suis Akiko Garayama. L’agent Straxx m’a prévenu de votre… problème. Le lieutenant Daiwani est-il à vos côtés ? J’ai cru comprendre que c’est à elle que je devais m’adresser… »

 

« Oui… C’est bien ça… Je vous la passe tout de suite… »

 

Les mains légèrement tremblantes, trahissant son anxiété, Griggs tendit le téléphone au lieutenant :

 

« Bonjour, je suis le lieutenant Daiwani. C’est donc vous qui devez m’enseigner la procédure à suivre pour le rituel shintô ? »

 

« Bonjour, lieutenant. Oui, c’est bien ça. Vous avez de quoi noter ? Le rituel est assez complexe, et bien que je ne doute pas de vos capacités intellectuelles, loin de là, je pense qu’il serait néanmoins préférable de retranscrire les étapes à suivre sur papier. Afin de plus facilement les mémoriser par la suite… »

 

« Très bien. Je ne suis pas encore sûre de savoir ce qui se trame exactement ici, mais si ce rituel permet de m’apporter des réponses, et rendre la région au calme qu’elle avait avant, je suis prête à entendre vos recommandations. »

 

Là-dessus, Daiwani demandait qu’on lui fournisse un carnet et un crayon, pour écrire tout ce que lui dictait l’agent Garayama, n’omettant aucun détail du rituel. Garayama termina sur une précision :

 

« Une dernière chose. C’est très important. Le rituel doit être opéré à la nuit tombante, au centre des tombes du cimetière de vos ancêtres. Et surtout, il faut que les entités ayant été formées par les ossements, se trouve dans un périmètre proche du cimetière, pour que les invocations soient efficaces. Pour plus de sécurité, les créatures craignant les lumières intensives, les projecteurs qui vont vous être fournies prochainement devront être placés de façon à envelopper toute la surface des os, constituant les entités nées des cadavres qui se trouvaient dans le cimetière. Si cela n’est pas respecté scrupuleusement, ou si vous oubliez un seul détail du rituel que je vous ai dicté, je ne réponds pas des conséquences fâcheuses qui pourraient vous arriver… »

 

« Très bien. Ne vous en faites pas. J’ai bien compris le processus du rituel. Ce n’est pas si différent des rites Caddo. Je m’en sortirais sans aucun problème… »

 

« Parfait. Alors bonne chance à vous tous. Et j’espère que tout se passera pour le mieux… »

 

Là-dessus, Daiwani entendit le bruit caractéristique signifiant que son interlocutrice avait raccrochée. Un peu plus tard, Finks revint, annonçant que les projecteurs allaient arriver d’ici une heure et demie. A partir de là, il leur resterait un peu moins de deux heures pour les installer, selon le processus à adopter. Daiwani reprit la parole :

 

« Le temps imparti me semble suffisant pour apprendre par cœur le rituel… Et aussi d’avoir un peu plus de renseignements sur ces créatures, ainsi que votre rôle dans tout ça… »

 

Finks se mit à sourire :

 

« Ah désolé, mais je vais avoir pas mal de choses à voir avant l’arrivée des projecteurs. Inspection du périmètre, vérification des armes, au cas où les jolies lumières et votre chant ne fonctionnerait pas… La routine quoi… Mais le doc se fera un plaisir de répondre à vos questions… »

 

Il s’approcha de Griggs, lui murmurant à l’oreille :

 

« Je compte sur vous, doc. C’est le moment de me faire changer d’opinion sur vous. Racontez-lui ce que vous voulez sur les anomalies, mais rappelez-vous de ne rien dire sur la Fondation, les SCP et le reste. Discrétion maximum »

 

Puis de rajouter, l’air sournois :

 

« Ce serait dommage que je sois obligé de vous abattre pour avoir fait une nouvelle erreur, et ce devant la jolie dame… ça m’obligerait à la tuer aussi… J’ai pas super confiance dans les amnésiques à dire la vérité… Si on me pose la question, je dirais que c’était un accident, et que Daiwani a été massacrée par SCP-2863-206 en plein rituel, et aussi que vous avez courageusement perdu la vie, en tentant de lui venir en aide. Je suis très doué pour dissimuler des crimes, croyez-moi doc… »

 

« Ne vous inquiétez pas. Je saurais utiliser les bons mots pour qu’elle ne se doute de rien. Et contrairement à vous, je suis plus partisan des amnésiques… »

 

« Ok. Alors au travail, doc… Votre dulcinée vous attend… Ah, ne dites pas le contraire : je vous ai vu la reluquer avec insistance. Mais gardez vos désirs pour vous. On a une mission à accomplir… Et mes doigts me démangent, si ça peut vous motiver à pas dire n’importe quoi… »

 

Griggs ne disait rien, pendant que Finks, tout sourire, revenait vers ses hommes. S’il y avait bien un point sur lequel Griggs devait admettre où Finks était perspicace, c’était l’attirance du bon docteur pour le lieutenant Daiwani. Mais il devait avant tout penser à ce qu’il devait lui dire, tout en cachant, sans que ça paraisse apparent, son appartenance à la Fondation, ni employer des termes qui pourrait faire naitre des doutes supplémentaires en elle, comme les mots SCP notamment.

 

Finalement, Griggs parvint à être convaincant, malgré les nombreuses questions que Daiwani lui posa. Un peu plus tard, l’équipe chargée d’amener les projecteurs arriva, portant des uniformes banalisés, tout comme les hommes de Finks, pour parer à la présence de Daiwani, tel que le directeur du Site 17 l’avait recommandé, dès qu’il avait eu connaissance du lieu et du SCP à capturer. A partir de là, tout s’enchaîna : la pose des projecteurs, la disposition des hommes de la FIM, le placement de Daiwani au centre du cimetière Caddo, en plein coeur de la forêt, ainsi que les rabatteurs, chargé d’attirer les SCP-2863 vers le cimetière, postés en périphérie, afin de servir d’appâts. 

 

Les SCP-2863 étant capables de sentir les êtres humains, dont le sang était absorbé par leurs corps de squelettes, le renforçant, un peu comme le lait pour nous. La nuit tombant très vite, ils apparurent dans toute leur splendeur. 3 spécimens du SCP-2863 émergeaient de la pénombre où ils se trouvaient. Dans la journée, ils sont inactifs. Mais à cause de leur invisibilité, du fait de la lumière du jour, il est impossible de les détecter et donc de les capturer. Il n’y a qu’à la nuit tombée qu’il est possible de tenter une capture. Immédiatement, les rabatteurs effectuèrent leur travail, attirant les 3 créatures, dont deux avaient été créées par le SCP-2863-206. Cela faisait partie de ses capacités. Il était capable de recréer d’autres Gashadokuro, leur nom japonais, à partir d’ossements situés sur un lieu où avait été opéré un massacre. Ce cimetière indien était le résultat d’une guerre entre clans, les Caddos et les Washitas, qui donnèrent leur nom à la forêt, mais aussi à une rivière. La tribu Caddo avait pénétré le territoire Washita, générant un massacre. Néanmoins, par respect envers leur esprit combattif, les Washitas avaient enterrés les corps des vaincus au sein même de cette forêt, là où ils avaient trouvé la mort de façon horrible…

 

Finks lança ses ordres, alors que les SCP-2863 s’approchaient, poursuivant les rabatteurs dont ils avaient senti la présence, écrabouillant la faune nocturne ayant le malheur de se trouver sous leurs pieds, écartant rageusement les arbres qui s’affalaient au sol, créant un chemin de désolation derrière eux. Daiwani s’était déjà placée au centre du cimetière, prête à réciter le rituel shintô, pendant que d’autres hommes se tenaient en position pour déclencher les projecteurs, dont la lumière vive pouvait freiner l’avancée des SCP-2863, et permettre à Daiwani de finir le rituel devant mettre fin à l’existence des SCP-2863-207 et 208, qui étaient nés des corps du cimetière, et les faisant redevenir de simples squelettes humains. Bientôt, les rabatteurs arrivèrent, courant à perdre haleine, suivis de près par les anomalies. A ce moment, Daiwani débuta les invocations du rituel, ce qui fit stopper l’avancée des deux SCP visés.

 

« Allumez les projecteurs ! »

 

L’ordre donné par Finks fut suivi d’une lumière aveuglante, enveloppant les squelettes gigantesques, en proie à une terreur manifeste… Du moins les deux premiers. Le 3ème, resté en retrait, en voyant les deux autres pris dans les lumières, montra des signes d’hésitation, regardant les projecteurs, pendant que le rituel dit par Daiwani semblait fonctionner. Les corps des SCP-2863-207 et 208 s’affaissèrent, rapetissèrent même, avant de se disloquer peu à peu, puis finalement se réduisirent à un immense tas d’os humains. Finks et Griggs, comme l’ensemble de l’unité souriaient, satisfait de la réussite de l’opération. Mais ce ne fut que de courte durée. A la vue des deux SCP disparus, Finks et les autres en oublièrent que les projecteurs n’illuminaient, et donc ne freinaient, que les deux SCP visés par le rituel. Le 3ème, conscient du danger, arracha un arbre, puis un autre, et les lança en direction des deux projecteurs, les brisant sous l’impact…

 

« Bordel de merde ! Barrez-vous Daiwani ! Vous êtes en plein dans sa ligne de mire ! »

 

Celle-ci, terrifiée, n’osait plus bouger, alors que SCP-2863-206 s’approchait d’elle. Finks ordonnait de tirer au maximum pour perturber l’anomalie, bien que conscient qu’aucune de ces balles ne pouvait inquiéter l’immense squelette vivant, espérant néanmoins que cela le gênerait suffisamment pour permettre à un de ses hommes de sortir Daiwani de là. Deux membres de l’unité, voyant Daiwani incapable de faire le moindre geste, du fait de sa panique manifeste, partirent à sa rencontre afin de la sauver des mains de SCP-2863-206. Mais ce fut peine perdu. Ils ne furent pas assez rapides, et déjà l’immense créature avait déjà pris dans une de ses mains le lieutenant, qui parvint enfin à trouver la force de crier. Juste avant que sa tête soit arrachée de son corps, puis lancée avec dédain aux pieds de Griggs. Voyant la terreur de de dernier, observant la tête décapitée, Finks prit Griggs par le bras, et l’envoya vers un de ses hommes.

 

« Ramenez-le au camp ! Grouillez-vous ! On va tenter de ralentir le géant blanc au maximum ! Une fois sur place, bougez les véhicules, mettez-les en ligne et allumez tous les phares ! Vous avez compris mes ordres ?»

 

Les soldats crièrent leur compréhension, avant de filer vers le camp, emmenant le Dr Griggs avec eux.

 

« Désolé, doc : c’est pas cette fois que vous goûterez à l’amour Caddo… » se disait à lui-même Finks.

 

Pendant ce temps, il entendit des cris de terreur et de douleur : deux de ses hommes venaient, à leur tour, de se faire attraper par les mains squelettiques de SCP-2863-206, leur faisant subir le même sort que le lieutenant Daiwani, l’un après l’autre. Leurs têtes arrachées, jetées au loin, avant que leurs corps soit renversés au-dessus de la gueule de l’anomalie, le sang contenu se déversant en flots continus sur les os de la créature. Passant par la bouche ouverte, puis coulant le long des vertèbres, se propageant dans celles-ci, avant de disparaitre à la vue, absorbé. Les corps des deux hommes rejoignirent le sol, où se trouvait déjà celui de l’ex-lieutenant Daiwani. Puis, le squelette géant reprit sa marche, pendant que Finks ordonnait de continuer à tirer tout en restant à une distance éloignée de l’anomalie, reculant dans le même temps. L’idée étant d’occuper suffisamment SCP-2863-206, afin de laisser le temps aux autres de former le piège au camp. Il avait une chance de retourner la situation. Les lampes des phares des véhicules étaient d’une intensité proche de celle des projecteurs. Une précaution mise en place pour parer à contrer d’autres créatures sensibles, elles aussi, à la lumière…

 

La stratégie mise en place par Finks s’avéra payante. Par sa mise en place, il parvint à gagner suffisamment de temps pour que le piège qu’il avait imaginé soit prêt. Quand lui et les survivants parvinrent au camp, les véhicules étaient en place, toutes lumières allumées…

 

« Mettez les phares à pleine puissance ! Grouillez ! »

 

Immédiatement, alors que le gigantesque squelette se montrait, sortant des bois, la lumière fut dirigée sur ce dernier, qui venait de rajouter une nouvelle victime à son palmarès, tenant un autre soldat dans une main, celui-ci n’ayant pas pu aller assez vite pour lui échapper. Aveuglé par la lumière, sa main se crispa, écrasant au passage l’homme, qui se réduisit à un amas de chair et d’os, une bouillie humaine, tombant sur l’herbe, plusieurs mètres plus bas. Le colosse d’os s’agenouilla, l’effet de la lumière, bien que plus faible que les projecteurs, semblait avoir l’effet voulu par le Major Finks. Pas suffisamment pour qu’il devienne invisible, comme cela aurait dû être le cas si les projecteurs avaient été utilisés, mais Finks comptait aussi sur ça. Quand le squelette géant tomba de toute sa masse, toujours pris dans l’aura de lumière des véhicules, Finks cria un nouvel ordre :

 

« Le filet de plomb ! Celui envoyé par la Fondation ! Recouvrez cette saloperie avec ! Et fixez-le avec les liens sur ses os ! Bougez-vous ! »

 

Il fallut près de ¾ d’heures aux hommes de la FIM Bêta-5 du Major Finks pour achever de fixer SCP-2863-206, conformément aux ordres donnés, puis d’installer le corps dans le camion prévu à cet effet, qui avait été envoyé en même temps que les projecteurs. Une opération longue, où chacun avait la peur que le géant puisse reprendre ses esprits et tente de se dégager du filet. Même s’il lui aurait été impossible de s’en défaire, et donc de s’enfuir, il restait le risque qu’il blesse d’autres hommes en tentant de s’en débarrasser. Mais l’opération fut un succès. Malgré la perte de 3 hommes, en plus du lieutenant Daiwani… Voyant Griggs encore sous le choc, il s’approcha de celui-ci…

 

« Vous n’allez sans doute pas me croire, mais je suis plutôt satisfait de vous voir encore en vie, doc… »

 

Griggs le regarda, interrogatif :

 

« Effectivement, j’ai du mal à vous croire… Et je peux savoir la raison de ce changement en ma faveur ? »

 

Finks sourit, s’attendant à cette répartie :

 

« Vous faites pas d’idées fausses, doc. On est toujours pas copains tous les deux… Mais en quelque sorte, on se ressemble… Vous venez de subir une perte importante à cause d’une de ces saloperies… »

 

Griggs le regarda à nouveau, semblant comprendre cette phrase, au-delà de ce qu’elle signifiait pour la plupart :

 

« Je vois…Je comprends mieux pourquoi vous détestez les SCP… Votre famille… Vous l’avez perdue à cause d’eux… »

 

Finks quitta son sourire, pour reprendre l’air que Griggs lui connaissait mieux :

 

« Doc, je vous ai déjà dit de pas chercher à savoir ce moment de ma vie… Si je vous ai sauvé, c’est avant tout parce que j’ai pas envie de me prendre la tête avec Straxx, pour ne pas vous avoir assez protégé… N’y voyez pas autre chose… »

 

Griggs esquissa un sourire. Il commençait à comprendre un peu l’homme qui le détestait. En tout cas en partie. Tout comme il savait qu’il venait de mentir en disant que Straxx avait été sa seule préoccupation pour le décider à le mettre hors de danger, avant la mise en place de son plan… Personne ne parvint à dormir cette nuit-là. Finks passa une bonne partie de celle-ci à discuter, de façon pas vraiment tendre, avec Straxx. Le sujet principal était la mort du lieutenant Daiwani, qui allait causer pas mal de souci pour expliquer sa « disparition », même avec l’aide de la FIM Gamma-5, et l’appui du Gouverneur de l’Arkansas.  Sans parler du « nettoyage » de la forêt pour effacer les traces de leur présence. 

 

Mais le principal restait quand même que la mission était arrivée au terme de sa première étape. Un premier SCP avait été récupéré, avant de revenir au Site 17. Griggs et Finks apprirent par la suite que ce dernier fut renvoyé au Japon, aux bons soins de la FIM Êta-5, qui, de son côté, avait pu enrayer la menace de ces mêmes créatures près d’Osaka. De ce que Finks avait pu laisser filtrer, ces créatures, les Gashadokuro, semblait voir leur nombre croître là-bas, sans qu’on en sache la raison exacte, et la FIM Êta-5 risquait de voir sa mission sur place se prolonger longtemps. Raison pour lequel SCP-2843-206 leur fut envoyé, afin que soit étudié sa capacité à « créer » d’autres créatures. Ce qui ne s’était jamais vu jusqu’à présent de la part de cette anomalie. La clé du mystère de la profusion des Gashadokuro au Japon se trouvait peut-être dans SCP-2863-206.

 

Mais Finks et Griggs n’eurent pas vraiment le temps de profiter de cette première victoire, car déjà, Straxx leur signifiait leur prochaine cible… Au Texas, le corps d’un géologue avait été trouvé complètement déchiqueté. Il ne restait pas grand-chose à analyser, au vu des restes retrouvés, mais des traces de bec sur des parties d’os ne laissait aucun doute sur celui responsable de l’attaque, et faisant partie des évadés : SCP-4975. Au vu des mœurs alimentaires de cette anomalie, la traque risquait de durer, la bestiole étant connue pour être inactive de longs mois, une fois s’être repue d’un corps humain. D’autant que celui de la victime était un homme d’une corpulence forte, pour ne pas dire obèse. Ce qui augmentait son temps de digestion. Il y avait autre chose qui intriguait Griggs, concernant le passé du Major Finks. Il avait beau lui avoir dit qu’il ne le questionnerait plus là-dessus, en vérité, cela était presque une obsession pour lui. Même s’il savait que des SCP étaient la cause de la perte de sa famille, expliquant sa haine envers eux, il ne comprenait pas encore pourquoi il en voulait tellement également aux chercheurs, et à la Fondation elle-même. Et il avait remarqué, lors d’une halte, alors qu’ils se dirigeaient sur les traces de SCP-2843, que les yeux de Finks s’étaient écarquillés en regardant la liste des évadés. Il se souvenait l’avoir entendu murmurer :

 

« Encore lui…Encore le 939… »

 

Il devenait clair que ce SCP en particulier avait sûrement un lien direct avec la tragédie qui avait causé la perte de sa famille, causant sa haine viscérale envers l’ensemble des SCP. Il savait que ce n’était pas bien, mais il avait désormais la certitude que ce SCP était la source du comportement du Major, et que s’il voulait avoir les faveurs de ce dernier, bien que cela allait à l’encontre de son accord envers Finks, il lui faudrait savoir ce que le SCP-939 avait en lien avec ce dernier, en demandant à la seule personne, hormis Finks lui-même, capable de répondre à ce mystère : Kurt Straxx.

 

A suivre…

 

Publié par Fabs

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