10 avr. 2023

A L'INTERIEUR (Les Surprises de Pâques)

 


 

C’était un matin de Pâques comme tant d’autres, avec son lot de cris de joie de la part des enfants, courant comme jamais dans le jardin, pour partir à la chasse aux œufs. Je m’étais posté sur le perron de la maison, sirotant un café, le sourire aux lèvres, heureux du spectacle qui se montrait à moi. Mon épouse et nos deux filles semblaient prendre du plaisir à chacun de leurs gestes, j’entendais leurs exclamations résonner dans l’air pour chaque œuf trouvé, chaque lapin enveloppé d’un ruban, chaque sachet de friture. Le bonheur respirait sur leurs visages emplis d’émerveillement, ravis que leur attente de ce jour ait porté ses fruits.

 

Certains aurait pu penser que j’aurais été réticent à offrir tant d’amour à confectionner ces présents chocolatés, au vu des semaines, des mois passés à devoir supporter les frasques de ces petits monstres sur pattes qu’étaient mes filles. Elles qui passaient leur temps à garnir de dessins mes livres précieux de mon bureau, fruit de nombreuses années de recherches aux 4 coins du globe. Des exemplaires uniques ravagés en quelques secondes par leurs mains de fausses artistes dénuées de tout talent, mais expertes en destruction. Des documents tellement rares, que j’avais eu tellement d’honneur de les présenter sur mes réseaux, que cela avait fait germer des graines de jalousie auprès de nombre de mes collègues.

 

Mais je ne leur en voulais pas. Tout comme je ne m’étais pas offusqué qu’elles aient brisé plusieurs statuettes précolombiennes à la valeur inestimable, déchiré des papyrus inestimables, ou fait de la dentelle des tenues inca à laquelle j’avais consacré une grande partie de mes maigres revenus de chercheur à faire restaurer. Tout ça dilapidé par l’action de ces véritables ouragans humains, n’ayant aucun remords de leurs destructions après coup, ses sentant même fières de leurs coups d’éclat, même en voyant mon air abattu et mes pleurs en découvrant le résultat de leur « expéditions ».

 

Ce n'était que des enfants. C’étaient les mots que m’avait énoncé mon épouse pour excuser ces faits qui aurait pu faire exploser de fureur n’importe qui d’autre que moi. D’ailleurs, à propos de mon épouse, ayant pris la défense de ces entreprises de démolition qu’étaient nos filles, j’aurais également beaucoup à dire. Comme le fait que je savais qu’elle avait fait de moi sans doute l’homme le plus trompé de toute la ville, se cachant à peine de ses aventures, parfois même avec des collègues, qui trouvaient ainsi une forme de revanche à mes réussites archéologiques, ma gloire médiatique, ayant fait passer leurs propres réussites dans le domaine, au rang de peccadilles dans les magazines spécialisés. Et s’il n’y avait que ça…

 

Elle dilapidait le produit des ventes de mes livres publiés, des recettes de mes conférences payantes, des expositions de mes reliques et artefacts dans des toilettes exubérantes dont les prix seraient capables de faire vivre une famille modeste pour 3 ans. Se payant le luxe de s’offrir les services de chauffeurs livrés avec la location de voitures de prestige, pour assister à des soirées au bras de cavaliers qui finissaient dans le lit de la chambre d’hôtel qu’elle avait réservée à grand frais, juste pour passer une nuit de plaisir, sans se préoccuper le moins du monde du mal que cela me causait. Et sans oublier ses remontrances quand un mois était moins fructifiant en termes de revenus sur notre compte bancaire, qu’elle m’avait plus ou moins fortement incité à créer, plutôt que deux comptes séparés, comme c’était le cas au début de notre vie de couple. Bien avant que je devienne célèbre, et où elle n’était pas la créature vénale devenue quelques années plus tard.

 

Je lui pardonnais tout ça, au même titre que mes filles. Je lui pardonnais qu’elles gâtaient sans cesse ses « petites princesses » comme elle aimait les appeler, me forçant presque à multiplier les explorations dans le monde, les conférences, les demandes de subventions dont une grande partie passait dans l’achat de jouets éphémères, car finissant brisés après quelques heures entre leurs doigts, de robes de grandes marques, parfois créée spécialement, à grand coût de dollars. Je lui pardonnais de m’utiliser pour satisfaire sa soif d’argent toujours plus grande, de faire de moi sa marionnette, pratiquement un esclave étant incapable de lui dire non, du fait de mon caractère passif, ne pouvant me résoudre à m’opposer à elle, ni même songer, ne serait-ce qu’un instant, de punir Béa et Lynette, ces calamités censées être nos enfants. 

 

Vous devez vous dire depuis tout à l’heure : « Mais enfin, comment on peut accepter de vivre tout ça sans broncher, sans penser à se rebeller, ou quitter la maison de cette famille qui n’en est pas une ? » Croyez-moi, j’y ai pensé bien des fois, mais à cause du contrat de mariage qui nous lie, j’aurais perdu bien plus que j’y aurais gagné. J’ai eu la stupidité de mettre la maison à son seul nom, et la plupart de nos meubles ou possessions également. Oui, j’ai été faible, idiot, tout ce que vous voulez. Et je ne pourrais pas vous donner tort. J’ai été aveuglé par l’amour que m’avait porté cette jeune opportuniste qui avait autrefois été une simple assistante, chargée de planifier mes voyages, mes rendez-vous d’affaires avec des sommités de l’archéologie, mes visites de sites dans divers pays du monde. C’est cette proximité avec moi qui lui a permis de voir ma gloire montante, et les revenus allant avec. Elle a vu en moi un petit homme timide, rougissant dès qu’elle laissait tomber un feuillet de dossier, l’obligeant à le ramasser, et me dévoilant un décolleté plus que plongeant.

 

C’est ainsi qu’elle a commencé à me séduire, petit à petit, mois après mois, usant de son charme et de sa facilité à diriger mes affaires. Sans pratiquement m’en rendre compte, je tombais dans le filet qu’elle m’avait tendu, ne voyant pas les fils qu’elle avait tissé tout autour de ma personne, dans le seul but de me faire plonger dans ses bras de stratège sournoise, experte en séduction. Je n'ai rien vu de ses manigances, j’étais trop subjugué par l’aura de son corps, qu’elle ne manquait pas de me dévoiler à l’occasion de séjour dans des pays où la chaleur lui donnait l’excuse de se montrer à moi dans des tenues toutes plus sexy les unes que les autres. Son piège marchait parfaitement, et moi j’étais trop aveuglé par sa beauté pour voir le piège qu’elle me tendait. Il a suffi de 6 mois de ce périple savamment orchestré, pour que je finisse par lui demander sa main. A ce moment, elle paraissait avoir tant d’innocence dans ses yeux, qu’il m’était impossible d’imaginer qu’elle ne pouvait pas être sincère. Mais l’ange de douceur et de volupté que je croyais qu’elle était n’était qu’une vipère venant de m’insuffler son venin à mon insu. Les années passèrent, et j’acceptais tous ses caprices, sans rien dire, aussi saugrenus qu’ils pouvaient être. Elle était de tous mes déplacements, et cette fois, ce n’était pas en tant qu’assistante, mais en tant qu’épouse. 

 

Je n’ai rien trouvé de curieux à l’époque qu’elle veuille se distinguer par des robes, des bijoux ou d’autres attributs la mettant en valeur. Je n’étais qu’un chien en laisse, face à une friandise à laquelle je ne pouvais prendre le risque de refuser quoi que ce soit. Par peur de perdre la femme idéale que je pensais qu’elle était. Ce n’est que bien plus tard que je découvrais sa véritable nature. Ses amants, les dépenses futiles faites dans mon dos en mon nom, et une multitude de faits qu’il serait fastidieux d’énumérer. Plus je devenais une figure incontournable de l’archéologie, une célébrité dans le domaine, plus, dans l’ombre, j’étais la risée de beaucoup voyant la vérité derrière le masque de Sonia, cette araignée qui m’avait enveloppé dans un cocon de mensonges depuis le début, mais dont il m’était désormais impossible de me défaire sans en subir les conséquences et pouvant provoquer les dommages collatéraux qui s’en suivraient en cas de désir de retour en arrière de ma part. J’étais dans une impasse dont le mur s’épaississait au fur et à mesure que je me rendais compte du caractère manipulateur de cette représentation de la perfidie, digne d’une méchante déesse d’un récit grec.

 

Elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Au début, je pensais que le problème venait peut-être de moi, de ma semence ou d’une malformation insoupçonnée m’empêchant de donner la vie. Mais après des examens afin de savoir qui d’elle ou moi était en cause, le couperet fut sans appel : elle était stérile. Je pense que c’est cette vérité qui l’a fait amplifier ses actions suivantes. Ses amants se multipliait, les choisissant parmi mes proches les plus directs ; ses dépenses atteignaient des sommes colossales ; elle s’associait à des grandes marques, jouait de sa position de « femme de », utilisant mon nom pour tout et n’importe quoi, participait à des émissions TV, qui était le prétexte de rajouter des noms à son long carnet de prétendants. C’était sa manière de se venger de ne pas pouvoir obtenir l’un de ses plus chers désirs : des enfants. Alors, quand elle m’a demandé d’adopter ces deux petites filles, je n’ai pas pu répondre par la négative.

 

Même connaissant tout ce qu’elle faisait, la souffrance psychologique qu’elle me faisait endurer, je me disais que cette double adoption la ferait peut-être changer du tout au tout. Mais en fait, ce fut bien pire, car elle transformait nos désormais filles en des clones d’elle, les pourrissant à l’excès, malgré mes tentatives timides de restriction quant à cette éducation discutable. J’ai supporté les moqueries de mes collègues, les sous-entendus de magazines quant à notre « couple » qui n’en avait que l’apparence, les faits divers relatant les excès de Sonia. Soirées arrosées où elle était photographiée au bras de plusieurs hommes, dommages à coups de vitres brisées, d’accidents de voiture, d’incivilité envers des policiers, à la suite de ces mêmes sorties. Pendant que j’essayais de réparer ses erreurs, à grand coups de dollars, parfois discrètement, bien que cela me répugnait, dans le but de garder mon nom exempt de tout scandale, elle n’avait aucun remords à recommencer d’autres extravagances remarquées parfois seulement quelques jours plus tard.

 

C’est la vie que j’ai mené pendant des années, que j’ai supporté patiemment. Cela doit vous choquer de voir qu’un homme au nom aussi prestigieux que le mien en soit réduit à être le jouet d’une telle femme, ayant été jusqu’à vampiriser de petites filles afin d’en faire des répliques exactes dans un futur proche, non ? Mais en fait, ce jour de Pâques que j’ai pris grand soin de mettre en place, m’assurant de sa parfaite issue, c’est celui qui va marquer ma délivrance. Sonia étant tellement persuadé qu’elle me tient dans sa main et sa toile qu’elle n’a pas vu d’objection à ce que je veuille orchestrer cette journée tout seul, sans la moindre aide de quiconque. Que ce soit elle ou l’un de mes prétendus amis, ne l’étant devenu que pour mieux s’assurer une place dans le lit de Sonia en mon absence. Grâce à mon statut de marionnette à ses yeux, elle a relâché sa vigilance, et j’ai pu m’affairer à concrétiser le plan imaginé depuis plusieurs mois, dans l’attente de ce jour…

 

Voyez-vous, ces œufs, ces lapins en rubans, ces sachets de fritures que Sonia et mes filles sont en train de ramasser en ce moment dans le jardin, leur procurant sourires et cris de joie en les plaçant dans leurs paniers d’osier, ils ne sont pas vraiment ce qu’ils paraissent être… En tout cas, leur contenu est très différent de ce qu’il semble être. Sonia ne l’a jamais su, car j’ai profité de ses nuits de débauche en dehors de la maison pour faire construire une pièce secrète, située sous mon bureau, et accessible par une trappe. Une trappe invisible, car ses angles, son système de fermeture, a fait l’objet de toute la méticulosité d’un ingénieur qui a gardé le secret des petites modifications du sol de mon bureau. Impossible de voir qu’une trappe se trouve dans cette pièce, même en fixant longuement le sol. Et elle ne s’actionne que par un petit gadget dissimulé dans ma montre connectée, par la pression d’un bouton supplémentaire. Sonia ne s’intéressant que très peu à la technologie, et encore plus de mes goûts en la matière, elle n’a jamais porté le moindre intérêt à cette montre, et encore moins de remarquer la différence qu’elle avait avec d’autres.

 

Quant à la pièce secrète, elle recèle quelques-uns de mes trésors les plus rares. Après les premières destructions impunies opérées par nos « chères » filles, j’ai fait effectuer des copies de plusieurs de mes artefacts, livres et documents parmi les plus inestimables. Les originaux sont dans cette pièce située sous la maison. De ce fait, chaque fois, que nos adorables bambins ont saccagé quelque chose dans mon bureau, ils n’ont fait que détruire des objets sans aucune valeur. Pour masquer cela, j’ai fait mine à chaque fois d’être profondément abattu, afin de ne pas créer de soupçons de la part de Sonia. Mais il n’y a pas que ça dans cette pièce. Il s’y trouve des cultures de plantes particulières, des vivariums d’insectes à part, et de créatures parmi les plus bizarres et dangereuses que j’ai eu l’occasion de voir à travers mes expéditions aux différents coins du globe. De petites créatures se nourrissant de sang et de chair, dont je suppose des origines extraterrestres pour certaines d’entre elles.


Je les ai trouvées à l’état de fossile pour plusieurs de celles-ci, parfaitement conservées dans des sortes d’équivalents de cuves de refroidissement. Ne me demandez pas comment ces bestioles et la technologie les ayant conservées sont arrivées dans des temples mayas, olmèques ou aztèques, je n’en sais rien. J’ai eu la chance de me trouver seul dans ces derniers, lorsque j’ai découvert ces bestioles. J’ai brisé l’une de ces étranges cuves de quelques centimètres de diamètre par erreur, en la manipulant. Et j’ai pu voir ce qu’elles étaient capables de faire, le degré de mort qu’elles pouvaient causer l’instant d’après. Un singe, qui avait trouvé refuge dans le temple, et m’avait suivi dans la chambre que j’avais ouverte, là où se trouvait un sarcophage à l’aspect étrange, a été la proie des insectes que j’avais libéré par ma maladresse. Il a été dévoré en quelques secondes, ne laissant que des os de l’animal. Ces bêtes se sont ensuite dirigées vers la sortie, et à l’heure actuelle, je suppose qu’elles doivent être devenues la terreur de la jungle. Pire Encore que les fourmis rouges africaines.

 

En assistant à cette mort horrible, qui m’a pétrifié sur place, cela m’a donné l’idée de me servir des ces bêtes pour me sortir de ma situation devenue intenable. Il y avait 3 autres de ces petites cuves, ces capsules, remplies d’autres insectes du même genre, et baignant dans un liquide rougeâtre. En observant le même liquide venant de la capsule que j’avais renversée auparavant, et brisée, j’avais l’impression qu’il s’agissait de sang. Comme je vous l’ai dit avant, le sarcophage où se trouvait ces capsules était inhabituel pour un temple d’une civilisation précolombienne. Il n’était pas en pierre, comme je le pensais de prime abord. Seule la surface l’était, comme si on avait mis une couche d’une sorte d’albâtre ou de calcaire, peut-être de chaux par-dessus la véritable matière qui composait le sarcophage. Un côté de celui-ci était cassé et laissait apparaitre en dessous une structure proche de l’acier.

 

Le couvercle du sarcophage, lui, était bien en pierre, plus conforme aux olmèques, le peuple disparu à qui appartenait ce temple, ce qui m’avait permis de l’ouvrir aisément. Il n’y avait aucune momie à l’intérieur. Seulement ces petites capsules qui n’étaient clairement pas d’origine terrestre. Ça vous fera peut-être sourire, mais à ce moment, j’ai repensé à la série animée « Les Mystérieuses Cités d’Or », où les Olmèques étaient justement possesseurs d’une technologie hors normes. Je me surprenais à penser qu’un tel sarcophage avait peut-être été découvert par un autre archéologue, dans un autre temple olmèque, et qu’il avait caché cette découverte. Sans doute de peur que cela remette en question tout ce qu’on pensait savoir sur ce peuple, et bouleverse l’archéologie en Amérique du Sud. Peur que cette trouvaille mette à mal toutes recherches des pays du monde dans la zone sud-américaine, car le gouvernement local voudrait s’approprier cette technologie.

 

De la même manière que j’allais le faire moi-même, cet archéologue avait dû refermer l’accès à la chambre, afin que personne ne trouve ce qu’il s’y trouvait. Je me suis emparé des capsules, en prenant soin, cette fois, de ne pas les briser, et ai détérioré le mécanisme qui m’avait permis de découvrir la pièce pour fermer l’accès à jamais de cette partie du temple. J’ai découvert des sarcophages similaires dans d’autres temples, mais appartenant à d’autre civilisations : aztèques, mayas, incas… Et chacune des pièces où se trouvaient des sarcophages s’ouvraient par le même type de mécanisme, ce qui supposait que c’était sans doute la même race venu de l’espace qui s’était occupé, à diverses époques, de mettre en place le système d’ouverture et de fermeture de ces chambres dans ces temples. Mais chaque sarcophage que j’avais mis à jour ne comportait pas le même contenu…

 

Il y avait des plantes, des petits animaux semblables à des chenilles, des scarabées ou des araignées, mais ayant des pigmentations de couleurs différentes des espèces terrestres connues. Je n’ai parlé de ça à personne, me contentant de les entreposer dans ma pièce secrète chez moi. Par la suite, j’ai contacté un ami crypto zoologiste dans la confidence, lui faisant promettre de garder pour lui tout ce qu’il verrait. Je ne lui ai pas dit où j’avais trouvé ces étranges capsules, juste qu’elles étaient dans des temples, et que je les avaient découverts lors d’explorations en solitaires. C’était le cas de toutes mes expéditions, ne pouvant plus, à cause des dépenses de Sonia, me permettre de financer la présence d’autres membres pour des explorations. Il acceptait sans problème, trop heureux d’avoir le privilège d’étudier ces spécimens.  Je profitais d’un mois d’absence de Sonia avec les filles, occupée à roucouler avec un riche propriétaire immobilier, qui l’avait invité à profiter d’un séjour dans son nouveau complexe à Dubaï, pour faire installer un véritable petit laboratoire miniature au sein de la pièce souterraine sous mon bureau.

 

Il put ainsi découvrir en partie le métabolisme de ces étranges bêtes, qui furent « réveillées », et transférées dans des vivariums, et une mini serre pour les plantes qui s’avérèrent être carnivores, et leur nourriture ne se constituaient pas de mouches ou autres insectes volants. Mais de chair humaine. Pedro, mon ami cryptozoologue, y a d’ailleurs laissé un doigt, en voulant observer de trop près l’une de ces plantes. C’est de cette manière d’ailleurs que nous avons compris que toutes ces bestioles avaient le même mode d’alimentation. Ce dont je me doutais un peu, au vu du sort du singe dans le temple, lors de la découverte du premier sarcophage, me confortant encore plus dans ce que j’avais en tête pour retrouver ma liberté. Pour m’assurer du silence de Pedro, avant que Sonia revienne avec les filles, je lui « offrais » une plante et deux spécimens de ces animaux : une araignée et une chenille. Il m’expliquait comment continuer seul à m’occuper des autres bêtes et plantes, et aussi comment les endormir. Au cas où j’aurais besoin de nettoyer les vivariums, ou de réparer des fissures, voire de changer le vivarium, sans risquer de servir de repas à ces animaux qu’on nourrissait avec des souris ou des rats.

 

Et j’en reviens au moment où Sonia et ses petites « princesses » étaient occupées à ramasser leurs friandises dans le jardin. Je pense que vous avez désormais compris ce qu’il y avait dans les œufs, lapins et sachets, préalablement endormis pour une période donnée. Un temps calculé pour que les bêtes se réveillent lors de la « récolte », et ce moment était arrivé. Je voyais Béa crier, mais cette fois, ce n’étaient pas des cris de joie, mais de terreur. Plusieurs œufs avaient été percés de l’intérieur, laissant échapper ses occupants, et commençant à ronger les chairs. L’instant d’après, c’était au tour de sa sœur, puis de Sonia, de se retrouver au sol, hurlant de douleur, pendant que je voyais leurs habits se déchirer sous l’action des petites bêtes venus d’ailleurs, leur sang rougir l’herbe et les buissons, leurs corps se réduire peu à peu à des tas d’os. Ce fut très rapide, et leurs cris ne durèrent pas dans le temps, car rapidement éteint par leur mort rapide et définitive. Je m’approchais alors des 3 squelettes restants, observant le sol, où je trouvais les bestioles alien immobiles.

 

Pedro et moi on avait remarqués qu’après chaque « repas », elles entraient dans une forme d’hibernation, correspondant sans doute à une sorte de digestion. Et là, avec ce qu’elles avaient ingurgité, au moins 20 fois ce qu’on avait l’habitude de leur donner, Pedro et moi, lors de l’absence des victimes du jour, elle allaient sûrement faire une très grosse sieste. Je prenais une petite pelle, normalement destinée pour ramasser la poussière, pour récupérer toutes les petites bestioles, avant de les ramener dans leurs vivariums respectifs. Ensuite, je revenais dans le jardin, entreposais les squelettes et les lambeaux restants d’habits dans une brouette, et plaçais le tout dans la petite cabane ou on entreposais les outils de jardinage. Plus tard, je passais l’intégralité des squelettes dans le concasseur à bois, et récoltais la poudre restante que je balançais à la poubelle, comme s’il s’était agi de banales immondices. Pour expliquer l’absence de Sonia et des filles, j’ai expliqué aux médias que nous nous étions fâchés, et qu’elle avait décidé de me quitter pour une durée indéterminée, emmenant avec elle nos deux filles, et qu’elle avait refusé de me dire où elle se rendait.

 

Bien sûr, il y a quand même eu une enquête de police, pour vérifier mes dires publics, mais comme rien n’a été trouvé, et pour cause, je fus très vite mis hors de cause, et la thèse de séparation de Sonia devint officielle. Un avis de recherche international fut émis, afin de recueillir la version de celle-ci. Après plusieurs mois sans résultat, le dossier fut classé sans suite. Je retrouvais enfin ma liberté, le goût de vivre qui s’était enfui de moi durant toutes ces années, et retrouvais du plaisir à écrire, prendre soin de mes petits trésors que représentaient mes chers artefacts, reliques et documents divers, qui retrouvaient leur place au sein de mon bureau, sans être cachés. Et les bestioles vous allez me dire ? Qu’est-ce que j’en ai fait ? Eh bien, en fait, elles n’ont pas survécus. Malgré le fait que je les nourrissais régulièrement, je les ai retrouvées mortes dans leur vivarium, un mois après qu’elles aient dévorés Sonia, Béa et Lynette. A croire qu’elles n’ont pas supportées non plus la noirceur de leur chair, au point que ça les a fait crever. C’est vraiment l’idée que j’ai eu en découvrant leurs corps inertes.

 

Mais les spécimens de Pedro sont morts à peu près dans la même période. Il m’a dit que c’était sans doute l’atmosphère terrestre qui était en cause. Tant qu’elles étaient dans la pièce, en dehors de ce qui composait l’air libre, elles pouvaient survivre. Mais dès lors qu’elles ont été en contact avec l’extérieur, quelque chose a dû les intoxiquer. Quelque chose dans l’air qui leur était nocif, et qui a fini par les tuer petit à petit, même en revenant à l’abri de leurs vivariums. Evidemment, je ne lui ai pas dit à quoi les bestioles m’avaient servi, j’ai juste indiqué que j’avais voulu observer leur comportement à l’extérieur, sans témoins, en prenant les précautions nécessaires pour qu’elles ne s’échappent pas. Il ne saura jamais qu’elle sont mortes après avoir eu sans doute le plus grand repas de leur vie. En tout cas sur Terre. En même temps, ce n’est pas très rassurant de savoir qu’il existe un monde avec ce type de créatures, capable de bouffer un être vivant en quelques minutes, voire quelques secondes. Terrifiant. Et qui sait s’il n’existe pas d’autres temples avec d’autres sarcophages ?

 

Les plantes, elles, comme elles n’ont pas bougées de la pièce sous mon bureau, et n’ont donc jamais été en contact avec l’extérieur, vivent toujours. Ce qui confirme la théorie de Pedro. Je lui en ai parlé d’ailleurs, et de temps en temps, il vient à la maison pour continuer l’observation. Mais il y a toujours le risque qu’un autre archéologue découvre d’autres sarcophages, et soit moins soucieux du risque comme l’avait été mon probable prédécesseur, que je soupçonnais d’avoir été à l’origine des bases du scénario de la série TV avec Esteban, Tao et Zia, surtout concernant les Olmèques. Peut-être que je me trompe, et que ce n’est qu’une coïncidence, mais c’est quand même assez troublant. En tout cas, si c’est le cas, cet archéologue inconnu n’est jamais allé jusqu’à observer de plus près les capsules. Sinon, il y aurait eu une histoire d’insectes mangeurs d’humains dans l’anime, ou le roman qui l’a inspiré. Mais je me dois de savoir s’il y en a d’autres, au sein de temples d’Amérique du Sud. Je dois les mettre à jour, et faire comme j’ai pratiqué pour les autres : empêcher qu’ils soient découverts en fermant l’accès de manière définitive.

 

Car si ce type de bestioles était sorti par quelqu’un n’ayant pas la même conscience que moi, et qu’il trouvait un moyen de remédier, à leur souci que représentait l’exposition à l’air terrestre, je vous laisse imaginer ce qu’il pourrait advenir de la Terre avec ces animaux à sa surface. L’humanité connaitrait un règne de terreur, et rien ne dit que ces bestioles ne soient pas capables de se reproduire. D’ailleurs, en y repensant, c’est peut-être la raison pour laquelle elles ont été emmenés sur Terre, cachées dans ces sarcophages, dans ces temples, à l’insu de tous. C’est peut-être justement qu’elles ont été à l’origine d’éradication de peuples sur d’autres planètes, et que l’atmosphère de celles-ci ne leur était pas mortelle comme la Terre. Pour ceux les ayant cachés dans ces temples, ils ignoraient sans doute l’action de l’air terrestre sur elles. Sinon, je n’aurais jamais trouvé ces petites bêtes qui m’ont permis de devenir à nouveau libres, en me débarrassant de Sonia et ses monstres.

 

Vous devez vous dire que je suis un monstre moi aussi, parce que j’ai tué indirectement 3 êtres humains, dont deux enfants. Mais si vous aviez vécu ma vie, si vous aviez subi ce calvaire toutes ces années, et que vous aviez eu la possibilité d’y mettre fin, auriez-vous vraiment hésité ? Pour ma part, je sais que j’ai fait le bon choix. Mon seul souci désormais est de savoir s’il y a d’autres bêtes qui peuvent être découvertes, peut-être d’autres espèces que celles qui m’ont permis de me sauver du désespoir, plus résistantes, et capables d’annihiler l’espèce humaine du jour au lendemain. Disons que ce sera ma rédemption pour avoir été un meurtrier. J’espère juste vivre assez longtemps pour empêcher qu’une telle découverte soit faite, et qu’un avenir mortel s’annonce pour la Terre…

 

Publié par Fabs

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