26 avr. 2021

COMPLAINTE POUR UN JEUNE MONSTRE (Partie 3)


 


Au fur et à mesure qu’on apprenait à se connaître, Svetlana et moi, on s’est découvert des affinités bien plus importantes que je ne l’aurais cru de prime abord. Sa passion pour la nature était étonnamment élevée pour un être humain. Enfin, en tout cas, par rapport à ce que je savais, de par les livres lus, les émissions visionnées sur cette petite boîte, la TV, que j’avais découvert chez Irina et Nastya, ou tout simplement par ce que j’avais vu des différents types d’humains rencontrés lors de mon épopée. Que ce soit au tout début, alors que je me cachais encore d’eux, les observant en silence, caché en hauteur d’un arbre, ou bien après les évènements qui s’étaient déroulés à la ferme, rencontrant une multitude d’hommes et de femmes, dont le rapport avec la nature se constituait d’un mépris évident et prononcé. En tout cas, de mon point de vue. Mais chez Svetlana, c’était tout le contraire. Je me rendais compte chaque jour un peu plus cette facilité qu’elle avait, au contraire de tous ceux de son espèce rencontrés jusqu’à présent, de se fondre en elle, de se faire adopter par elle-même.

 

Je n’avais jamais vu une telle communion entre les 2. Il y a encore quelques mois de ça, j’aurais pensé qu’il était impossible qu’un être humain puisse avoir une telle magie dans ce domaine. Et le mot magie n’est pas peu dire. Même les animaux les plus sauvages n’avaient pas peur d’elle, se laissant approcher, là où ils me craignaient plus qu’autre chose. Certains se laissaient même caresser la tête, lui laissant plonger ses doigts dans leur pelage. Le vent utilisait sa faculté pour glisser sur ses cheveux à l’aide des branches des arbres. J’aimais beaucoup ces moments d’ailleurs : ces instants où sa chevelure flottait dans les airs à l’occasion d’une bourrasque, révélant sa nuque, irradiant son visage plein de joie de vivre. Elle était complètement différente de ce que j’avais connu jusque- là. Elle était tellement en phase avec ce qui l’entourait que plusieurs fois je me suis posé la question si elle n’était pas Wicca sans le savoir. Mon père m’avait parlé de ses propres parents, en particulier sa mère, qui était une pure Wicca. Il m’avait évoqué les pouvoirs qui l’habitait, sa facilité de comprendre le langage des arbres, le mouvement des insectes, le vol des oiseaux et leur signification, le bruissement des feuilles, comme si ceux-ci communiquaient avec elle. Je me souvenais de ce qu’il me disait souvent d’elle :

 

« Je voyais ma mère comme une magicienne plus qu’autre chose. Capable de créer les potions les plus incroyables, sans pour autant oublier de demander la permission d’utiliser les ingrédients dont elle avait besoin à cette nature qui l’appréciait. Son vrai pouvoir, c’était celui-là, bien plus que ses facultés magiques : une complicité unique et sans borne avec tous les éléments que l’on avait autour de nous. En la voyant, je comprenais tellement pourquoi mon père était tombé amoureux d’elle »

 

C’était exactement la sensation que je ressentais en la voyant virevolter au milieu des arbres, des champs de fleurs que nous traversions, des branches auxquelles nous nous accrochions pour rejoindre la cabane située en hauteur d’un arbre, créée par mes racines. Ou bien lors de nos jeux où je découvrais un autre aspect de moi que je ne connaissais pas avant ma rencontre avec elle :

 

« Alors, tu viens l’escargot ? Regardez-moi ce balourd qui veut jouer les protecteurs, mais qui n’est même pas capable de faire plus de 3 pas à la minute »

 

« Ce… Ce n’est pas vrai…. Je…. Je ne suis pas si lent que ça… »

 

Après quoi, elle éclatait de rire, avant de venir vers moi, un grand sourire enveloppant son visage :

 

« Je le sais bien, grand dadais. Je disais ça pour te taquiner. Il va falloir que je t’apprenne l’humour… C’est quelque chose que tu as encore du mal à assimiler »

 

Et là, je ne pouvais pas m’empêcher de baisser les yeux. Pas parce que j’étais vexé de ses propos. Mais parce que je ressentais des choses curieuses quand elle s’approchait de moi de cette manière. Des choses que je ne comprenais pas toujours très bien. Mes racines ses serraient en moi, je sentais mon corps ne plus m’obéir, comme s’il se figeait sur place, me donnant l’impression d’imiter les arbres de la forêt, me faisant même oublier la meilleure manière de parler, bafouillant comme un nouveau-né :

 

« Je… Je suis désolé…. Mon père ne m’a appris ça, c’est vrai…. Ça ne faisait pas partie des priorités… »

 

« Des priorités ? » me disait-elle en s’esclaffant davantage. « J’ai l’impression que la notion de vie de ton père étaient assez vieux-jeu. Sans vouloir salir sa mémoire. Jamais je ne me permettrais ça. Tu le sais »

 

Je la regardais, toujours peiné, toujours en ayant du mal à la regarder dans les yeux, car je savais ce que cela déclenchait en moi à chaque fois que je le faisais.

 

« Non… Ne t’inquiète pas… Je… Je sais bien que tu n’es pas comme ça… »

 

Elle s’approchait alors de moi, me fixant des yeux, posant ses mains sur mes joues, comme pour être sûr que je la regarde :

 

« Merci, Viktor. Tu sais, plus j’apprends à vivre avec toi, plus je me rends compte que tu plus humain que les humains. Tu es unique… Et c’est ça que j’aime chez toi… »

 

Et comme à chaque fois dans ces moments-là, la couleur de mes racines passait de l’ocre au vert pâle, et des fleurs éclosaient un peu partout sur mon corps, ce qui la faisait sourire à nouveau :

 

« Il faut absolument que tu me dises comment tu fais ça. Est-ce que ce serait moi qui te fais cet effet ? »

 

Je tentais de détourner le regard, ne sachant pas quoi répondre.

 

« Non… Enfin… Oui… Je… Je ne sais pas… »

 

« Ne t’excuse pas. Tu es encore plus beau comme ça. Je ne sais toujours pas ce que tu es exactement, mais pour moi, tu es la plus belle des créatures de ce monde »

 

Voyant ma gêne, elle ne pouvait se retenir de sourire à nouveau, avant de s’éloigner, non sans avoir déposé un baiser sur mes semblant de joues, faites de racines, d’humus et de feuilles. Mon père m’avait expliqué qu’un jour, je ressentirais quelque chose de différent envers une certaine catégorie d’humain : les femmes. Que cela s’appelait l’amour. Et quand je lui demandais comment je saurais que c’est ça, il me répondait :

 

« Il m’est impossible de te dire comment. Tu le sauras, c’est tout. Tu sentiras un changement en toi, à mi-chemin entre l’excitation et la gêne. Un moment où tu sentiras tout ton corps te dire, à sa manière, que tu as trouvé ce qui te manquais : une âme sœur. J’ignore si tu la trouveras un jour, mais tu le sauras quand tu ressentiras ces émotions en toi. Tu peux en être certain »

 

Et à bien y réfléchir, je pense que c’est exactement ce dont voulait me parler mon père. Ce moment particulier où je sentais mon corps refusant de fonctionner normalement, à cause de ce que je ressentais. Etait-ce à cause de sa relation avec la nature, pareille à la mienne, malgré son humanité ? Ou bien tout simplement parce qu’elle était elle, avec toute sa fougue, sa gentillesse, son espièglerie unique. Elle était la réponse aux questions que je me posais à cette époque où mon père était encore de ce monde. Il me manquait tellement. Nastya aussi me manquait terriblement. Pourquoi fallait-il que ce soit toujours les personnes les plus chères qui partent en premier ? Mais maintenant, il y avait Svetlana. Je sentais qu’elle seule était capable d’assécher les larmes en moi. Mais en même temps, c’est ce même sentiment qui allait la transformer. Je ne le découvrirais que plus tard, grâce au livre qu’elle m’avait offert. Celui donné par sa mère. A l’intérieur, il était évoqué les particularités d’une fleur bien précise. Une fleur aux vertus qui pouvait être dangereuse pour un être humain, à forte doses, ou tout du moins, en quantité régulière. Une fleur que j’avais sur moi. Elle faisait partie de celles qui éclosaient à chaque fois que Svetlana me souriait, s’approchait de moi si près que tous mes sens ne m’obéissaient plus. Sans le savoir, cette réaction de mon corps allait une nouvelle fois détruire ce que j’aimais. A cause de cette partie de moi, capable d’agir sur le cerveau humain, modifiant son fonctionnement, accentuant les parties sombres qui le composait, Svetlana allait devenir une autre personne que celle que j’appréciais tant. La faisant évoluer vers quelque chose de terrifiant.

 

Je ne m’aperçus pas immédiatement des effets de cette fleur sur Svetlana. Mais je vis peu à peu son comportement changer, sans que je puisse me l’expliquer. D’un point de vue général, elle était toujours elle, toujours prête à m’aider à punir les humains coupables des pires agissements envers cette nature dont nous étions devenus, en quelque sorte, les gardiens, les protecteurs. Mais elle devenait plus violente à chaque fois. En la laissant participer aux expéditions punitives, annihilant les pollueurs, les destructeurs de vie qui croisaient notre chemin, j’ai sans doute fait la plus grosse des erreurs. Mais comment aurais-je pu savoir à ce moment que j’en étais la cause ? Je voyais ses yeux à chaque fois qu’elle achevait un homme ou une femme. Elle prenait de plus en plus de plaisir à le faire. J’étais même parfois obligé de l’arrêter quand elle ne parvenait plus à maitriser ses pulsions meurtrières. Je ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Autant elle pouvait être l’image même de la douceur en ma présence, autant en voyant des humains, elle n’était plus que l’incarnation de la vengeance pure. Pour ma part, j’étais parvenu à maîtriser cette colère en moi, afin de ne pas me perdre, sans pour autant faire preuve de pitié envers mes victimes. Mais Svetlana, c’était autre chose. Elle parvenait de moins en moins à réfréner son goût du sang dans ces moments, tuant, le sourire aux lèvres, léchant les blessures des corps qu’elle venait de mutiler. On aurait dit une créature d’un autre monde, plus que la Svetlana que j’avais appris à apprécier… et à aimer. Même si je savais que je serais incapable de lui dire ce que je ressentais pour elle. Sans doute par peur de briser cette relation entre nous. Cette même peur qui me faisait parfois hésiter à stopper sa violence exacerbée.

 

« Svetlana ! Tu n’as pas besoin de t’acharner sur cet homme… Il est déjà mort… Il a été puni pour ses actes… Pas la peine d’en rajouter… »

 

Les yeux injectés de sang, Svetlana semblait ne pas comprendre mes paroles :

 

« Je ne suis pas d’accord ! Cette ordure a mis le feu dans le terrier de cette adorable famille de renard. Tout ça pour les faire sortir et les tuer. Pourquoi je devrais avoir de la compassion pour lui ? Pourquoi je ne devrais pas le réduire en bouillie ? C’est ce qu’il aurait fait s’il avait réussi sa chasse ! »

 

« Svetlana… Je… Je ne te reconnais plus… Pourquoi est-tu devenue si violente ? Tu n’étais pas comme ça… Qu’est-ce qui a changé en toi ? »

 

Elle me regardait, remplie d’incompréhension :

 

« Moi ? Mais je n’ai pas changé ! Je suis toujours la même ! Je suis même mieux qu’avant ! Je ne saurais l’expliquer, mais je me sens plus forte qu’avant… Toute cette haine que je cachais… Je peux maintenant l’exprimer ouvertement… Et c’est grâce à toi, Viktor ! »

 

A ces mots, je ressentis comme une impression de déjà-vu. La sensation d’avoir changé un être doux et adorable en une machine à tuer implacable. Bien pire que je ne l’avais jamais été. Toutes les fois où j’ai dû tuer, je ne ressentais aucun plaisir, aucune euphorie après coup. Si ce n’était la satisfaction d’avoir rayé de la surface de la terre un être méprisable. Mais Svetlana, elle, ressentait du plaisir en tuant, en mutilant, en éviscérant à l’excès. Arrachant parfois le moindre boyau, écorchant toute la peau d’un visage, découpant avec minutie des doigts, des bras, des jambes… Enucléant les femmes, offrant les parties génitales des hommes aux carnivores de la forêt. Elle n’était plus Svetlana. Elle était… un monstre. Je sais ce que vous vous dites. Utiliser ce terme, moi, Viktor, ça peut paraître assez ironique. Mais c’est vraiment pour que vous compreniez à quel point Svetlana avait changée. De la pire des façons. Mais ce n’était pas le seul souci auquel j’allais être bientôt confronté. Un problème qui allait rappeler à mon souvenir certains de mes actes passés. Me rappeler le jour où j’ai tué la première fois, quand ces voleurs sont venus dans notre maison, à mon père et moi. Me rappeler le jour où Nastya m’a demandé d’arrêter Irina par tous les moyens. Me rappeler enfin ce moment où ma fureur destructrice à éradiqué, non seulement Irina, mais aussi les hommes qui ne faisaient qu’obéir à ses ordres.

 

J’ai tenté quelque fois de me demander pourquoi le destin mettait sans cesse sur ma route des éléments propres à me faire souvenir ce dont je ne voulais pas qu’ils reviennent en surface. Eliminer des pollueurs, des humains n’ayant aucune empathie pour la nature qu’ils ravageait ne m’a jamais posé de problème de conscience. Car je savais qu’ils le méritaient. Ceux qui avaient tiré sur mon père, eux aussi, ils le méritaient. Irina également. Surtout Irina. Mais ces hommes qu’elle avait manipulés, c’était différent. Eux n’avaient rien fait. Et je les avaient massacré aussi. Et c’est cela qui allait se rappeler à moi, et m’entraîner vers une boucle sans fin, où mes actes passés seraient l’origine des conséquences à venir. Sous la forme d’un policier, Sergueï, chargé d’enquêter sur le massacre perpétré à la ferme. En tout cas, je pensais qu’il ne s’agissait que d’une simple enquête. Mais c’était bien plus complexe que cela. C’était les prémices d’une tragédie. Mais avant cela, j’ai cherché à comprendre le mal évident dont souffrait Svetlana

 

« Svetlana, dis-moi… Pourquoi tu es dans cet état… A chaque fois que tu tues quelqu’un ? »

 

Elle me regardait d’un air peiné, comme une enfant qui vient de se faire réprimander pour une bêtise :

 

« Pour dire la vérité, je ne sais pas… En temps normal, je suis toujours la Svetlana que tu as connue, Viktor. Mais dans ces moments-là…. Je perds le contrôle… C’est comme si une voix en moi me disait de ne pas m’arrêter à simplement tuer… Comme le tueur qui m’a privé de mes parents… »

 

Elle parlait rarement de ce moment, car je savais que cela la faisait beaucoup souffrir. Cela ravivait la perte de ses parents.

 

« Tu veux parler de cette fusillade ?... Celle qui t’as décidé à t’enfermer en toi ? »

 

Elle releva la tête, les yeux emplis de larme à cette évocation

 

« Oh… Je… Je suis désolé… Je ne voulais pas te rappeler ça… »

 

« Non… Ne t’en veux pas… C’est moi qui en ai parlé la première… Tu n’as pas à t’en vouloir pour ça, Viktor… »

 

« Tu sais, Viktor… Je me suis souvent demandé qu’est-ce qui avait bien pu pousser cet homme à tuer… Aujourd’hui, je pense avoir une partie de la réponse, parce que c’est ce que je vis actuellement…. Et je ne peux pas l’empêcher. Je ne sais pas pourquoi je fais ça… »

 

Je vis Svetlana tomber en larmes, et je ne savais pas quoi faire pour la consoler. J’ignorais les gestes qu’il fallait effectuer… Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que je l’avais vu en images, ou dans des livres, mais je me suis rapproché d’elle. Je lui ai relevé la tête, essuyant ses larmes, puis je l’ai pris dans mes bras, la serrant fort. Sur l’instant, il me semblait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Elle a continué à pleurer, la tête sur mes épaules, pendant que j’essayais de trouver des paroles rassurantes :

 

« Ne t’inquiète pas…Svetlana…On trouvera pourquoi tu es devenue ainsi…Je trouverai le moyen de te guérir… »

 

« Et s’il n’y a pas de moyen ? Si j’étais comme lui ? Comme celui qui a tué mes parents ? Être une meurtrière au nom d’une justice me convient tout à fait. Sinon, je ne t’aurais jamais demandé de t’accompagner. Mais de cette manière-là… Ce n’est pas moi… Ce n’est plus moi… »

 

Je continuais à la serrer fort, espérant trouver une solution, espérant tenir ma promesse de l’instant. Un peu plus tard, Svetlana s’endormit. Les émotions de ce jour l’avaient épuisée, et elle est tombée dans le sommeil très rapidement. C’est à ce moment, en mettant une couverture sur elle, que je découvris qu’une des fleurs me parsemant lançait une sorte de gaz en direction de Svetlana. Je ne m’étais jamais rendu compte de ce fait avant. Sans doute parce que les autres fois, cela se faisait quand j’étais en position debout, et cette action devait être plus ou moins invisible de cette manière. Un doute me vint alors. Si c’était ce gaz qui était à l’origine du mal de Svetlana ? Je me souvenais, en feuilletant le livre offert par elle, que j’avais eu la surprise de voir cette fleur qui éclosait parfois sur mon corps, évoqué dans le livre. Voulant en avoir le cœur net, je vérifiais. Et mes doutes se sont alors transformés en certitude. Le pollen de cette fleur était un puissant stupéfiant naturel. Une sorte de drogue qui s’immisce à travers les pores de la peau, se faufilant jusqu’au sang, le contaminant, et une fois parvenu au cerveau, était capable de faire se réveiller des zones mortes de ce dernier. Là où était enfermé parfois des pulsions déjà présentes à la naissance, des dégénérescences incontrôlables. Svetlana avait raison finalement. En tout cas en partie. Elle devait avoir ces pulsions en elle dès le départ. Mais c’est le pollen de cette fleur qui les avaient réveillées. Mais ce qui m’horrifiait, c’était que j’en étais la cause. C’est moi, par les sentiments que j’éprouvais pour elle, qui avait fait éclore ces fleurs l’ayant contaminée. C’est moi qui l’avait fait devenir cette criminelle horrible. Moi qui l’avait transformée…

 

Après un moment d’absence en découvrant cela, j’arrachais toutes les fleurs, les bourgeons qui parsemait mon corps. Celles qui m’étaient inaccessibles, placées dans le dos ou la nuque, je demandais aux insectes présents de les détruire en les dévorant. Cela ne prit que quelques minutes pour débarrasser mon corps de ce mal. Mais quelque chose en moi me disait qu’il était trop tard. Depuis le temps que Svetlana avait subi cette contamination, les effets devaient être devenus proches d’un état irréversible. La seule solution serait de l’empêcher de tuer dans nos actions, mais même ça semblait inconcevable. Le simple fait de l’excitation de tuer suffisait à déclencher le phénomène. Je ne savais pas quoi faire. Est-ce que je devais lui dire ? Devais-je lui avouer qu’elle ne reviendrait jamais telle qu’elle était ? Impossible. Cela la ravagerait encore plus de savoir qu’il n’y avait pas d’échappatoire. Je me torturais l’esprit une partie de la nuit. Puis, rongé par la fatigue, je m’endormis aussi, me promettant intérieurement de réfléchir ultérieurement à la meilleure attitude à adopter envers Svetlana, et surtout savoir si je devais la tenir au courant, ou lui cacher ce que j’avais découvert…

 

Quelques jours plus tard, un tournant inattendu de ma vie avec Svetlana allait arriver. Je vous ai parlé de ce policier, Sergueï. Il avait été chargé de trouver le ou les auteurs du massacre de la ferme. Et plusieurs indices l’avaient amené à penser que les « disparitions » nombreuses dans la région avaient un lien avec celui-ci. D’abord parce qu’elles avaient toutes eu lieu près d’une forêt. Pas toujours la même, car Svetlana et moi nous déplacions souvent. Et surtout, nous ne pouvions pas effacer toutes les traces de nos victimes. En grande partie dû à la frénésie meurtrière de Svetlana. Certains « morceaux » ou taches de sang nous ayant échappés, malgré notre propension à nous débarrasser des corps, pour ne pas attirer l’attention. Mais nous n’étions pas des professionnels de ce genre de chose, et forcément, un œil aguerri comme Sergueï ne pouvait manquer de les trouver. C’est ainsi qu’un matin, nous nous sommes trouvés nez à nez avec le fameux Sergueï. Nous étions à  peine endormis au pied d’un arbre quand ses cris nous sont parvenus :

 

« Levez-vous tous les deux ! Les mains en évidence ! Et pas de gestes brusques ! »

 

Surpris de ce réveil inhabituel, d’autant plus que la discrétion de Sergueï pour avancer dans la forêt, trahissant sans doute un passé militaire ou quelque chose d’assimilé, ne nous avait pas permis d’anticiper sa venue, et bien que je ne craignais pas les armes humaines, je m’exécutais. Plus par désir de protéger Svetlana, qui, elle, n’avait pas mes facultés qu’autre chose. Et surtout, je voulais savoir si quelqu’un d’autre risquait de venir en plus de lui. En nous mettant debout, après que j’ai réveillé Svetlana, Sergueï ne put étouffer son étonnement :

 

« Putain de merde ! T’es quoi toi ? Jamais vu un monstre pareil ! »

 

Je tentais de discuter :

 

« Ecoutez… Nous ne vous ferons pas de mal… Mais baissez cette arme…Dans votre propre intérêt… »

 

Svetlana renchérit :

 

« Ouais, ça vaut vraiment mieux pour vous ! Vous ignorez de quoi on est capable… »

 

« Non, mais je rêve ! Vous me menacez ? Vous tenez vraiment à ce que je vous flingue ? »

 

« Je vous en prie… Je ne veux pas vous faire de mal… Sauf si vous ne me laissez pas le choix… »

 

« La ferme, la plante sur pattes ! Et dis à ton esclave de ne pas tenter une connerie »

 

Svetlana s’offusqua :

 

« Attends un peu… C’est moi que tu traites d’esclave ? T’as vu ça où ? Viktor et moi on est partenaires… Et il vaut mieux pas nous énerver, le flic… »

 

Sergueï sembla s’amuser de cette dernière réplique :

 

« Partenaires ? J’aurais tout entendu… Rien à foutre de ta vie ! J’ai jamais cru au surnaturel, je pensais que tout ça c’était des conneries… Mais là, je dois avouer que j’ai jamais vu un truc comme toi, la plante ! Mais qu’importe ! La ferme de Vrobnik, ça vous dit rien peut-être ? »

 

Svetlana et moi, on se regarda. Je lui avais parlé de ce qui s’était passé là-bas, comme de tout ce qui me concernait d’ailleurs. Tout comme je n’ignorais rien de son passé. Alors, voilà quelle était la raison de la présence de ce policier ici.

 

« Attendez… Je vais vous expliquer… Vous ne savez pas ce qui s’est passé… »

 

« Rien à foutre je te dis ! Vladimir m’a dit de te chercher, et avec ce qu’il me paie, hors de question que je vous laisse partir. Alors, tes excuses, tu peux te le mettre où tu veux. Par contre, il m’avait pas dit qu’il y avait une fille avec toi ! »

 

Je voulus intervenir à nouveau, mais je ne pus pas empêcher le mal en Svetlana de se réveiller à nouveau, à cause de la colère ressentie. Elle fonça vers le policier, telle une furie. Sergueï tira plusieurs fois, mais Svetlana avait appris à éviter ce genre d’attaques aisément. D’autant plus qu’il devenait évident que Sergueï était plus paniqué qu’il voulait le montrer, et incapable d’ajuster ses tirs. Cependant, je craignais qu’une des balles finisse par atteindre Svetlana, et je déployais mes racines vers Sergueï, tout en demandant aux arbres avoisinants d’enserrer le policier, afin de le désarmer.

 

« Et merde ! C’est quoi ça encore ? Les arbres sont vivants ? Vladimir m’a pas parlé de ça non plus ! Putain ! Lâchez-moi, enfoirés ! »

 

« Svetlana ! Il est immobilisé ! Laisse-le tranquille ! »

 

Mais Svetlana ne m’écoutait pas, et elle arriva à la hauteur du policier, arrachant les branches et racines qui l’enserrait, ce qui me provoqua une énorme douleur. Elle commençait à  lui serrer la gorge, mais celui-ci parvint à se libérer de son emprise, et après une empoignade entre les deux, il réussit à récupérer son arme tombée au sol.

 

« Bon, ça suffit maintenant ! La plante là-bas ! Je tiens ta copine ! Alors, rends-toi sans discuter ! Sinon, j’hésiterais pas à la buter ! Vladimir ne m’a demandé que de te ramener toi ! Elle, elle est pas indispensable ! »

 

Et alors que je m’apprêtais à lancer une nouvelle attaque végétale, je vis soudain Svetlana se tordre au sol, en proie à une douleur envahissant sa tête. A tel point que Sergueï, paniqué, la lâcha. Svetlana criait, sans que je sache pourquoi :

 

« Ma tête ! Je sens qu’elle va exploser ! J’ai mal ! J’ai trop mal ! Viktor ! Aide-moi ! »

 

Je ne savais pas quoi faire. Svetlana était recroquevillée sur elle-même, la couleur de son visage parsemé de froncements, passant au rouge presque vif, pendant que Sergueï ne semblait pas comprendre :

 

« Qu’est-ce qu’elle a ta copine ? C’est une technique à vous, ou elle déconne pas ? »

 

« Ce… Ce n’est pas une simulation… Mais ce serait trop long à vous expliquer… Aidez-la… S’il vous plait… Je ne supporte pas de la voir ainsi… »

 

« Je suis flic moi, pas médecin… »

 

Il s’interrompit un instant…

 

« Par contre, Vladimir, lui, pourrait sûrement faire quelque chose… Fais ce que je te dis de faire, et je te promets que je l’emmène aussi pour qu’il essaie de la soigner… Le deal te convient ? »

 

J’étais désemparé… Je ne pouvais pas aider Svetlana. Alors, si ce Vladimir le pouvait, je n’avais d’autre choix que d’accéder à la demande de Sergueï

 

« Très bien… Je… J’accepte le « deal »… Que voulez-vous exactement ? »

 

Sergueï sourit, apparemment trop heureux que la situation ait tourné à son avantage.

 

« Ok, la plante. Je vais te dire ce que Vladimir m’a dit de faire… Mais au vu de la situation, tu vas le faire toi-même… ça sera encore plus simple pour moi »

 

Je hochais la tête, pour dire que j’acceptais ses conditions, du moment que Svetlana ne puisse plus souffrir, l’entendant encore crier de douleur :

 

« D’accord… Que dois-je faire ? »

 

Sergueï sourit à nouveau :

 

« Arrache le cristal de ta tête ! »

 

Je ne pouvais pas cacher ma surprise. Comment lui et Vladimir pouvaient-ils être au courant  de la présence de mon cristal ?

 

« Tu as bien entendu ! Enlève ton cristal, et j’emmènerai ton corps et ta copine auprès de Vladimir ! Je n’ai qu’une parole ! »

 

Dépité, et regardant à nouveau Svetlana, refusant de la voir souffrir plus encore, ou pire, la voir mourir sous mes yeux, je rapprochais ma main droite de ma tête, creusant petit à petit sa surface de racines et autres éléments végétaux qui la constituait, afin d’agripper le cristal qui était en son centre. Je savais qu’en faisant ça, je mourrais fatalement. Sans possibilité de retour en arrière. Mais avais-je le choix ? Si je ne le faisais pas, Svetlana mourrait à coup sûr. Alors, je fermais les yeux, et arrachais ma source de vie de ma tête. Un voile de ténèbres obscurcit soudain mes yeux, et il me sembla revoir en accéléré les grandes étapes de ce qui avait constitué ma vie : mon père, mon voyage, Irina, Nastya… et Svetlana. Puis, tout devint noir, et je m’éteignis, laissant mon corps tomber au sol.

 

Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé ensuite, mais à mon réveil, j’étais installé sur une sorte de table d’opération, tel qu’on en voit dans les hôpitaux humains, tel que je l’avais vu dans mes livres. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’était cet endroit. Ce n’était pas un hôpital en tout cas. Partout autour, il y avait des dizaines de livres, des instruments scientifiques, des documents, des affiches au mur sur l’anatomie du corps. Mon corps. Et un autre sur le cristal qui composait l’intérieur de ma tête. Si je pouvais voir tout ça, c’est parce que quelqu’un me l’avait remis, et avait été capable de refaire les connections mises au point par mon père. Comment cette personne avait-elle pu faire ça ? Ce cristal, c’était la création de mon père. Son chef d’œuvre. Personne d’autre au monde ne connaissait sa constitution et encore moins la technique pour l’associer aux membranes d’un cerveau. Alors qui ?

 

« Tu te demandes sans doute comment j’ai pu remettre ton cristal de vie en toi ? Et comment j’ai su comment refaire les connections avec les tissus humains et animaux pas vrai ? »

 

Je dirigeais mon regard vers la personne qui venait de parler. C’était un homme dans la moyenne d’âge, assez grand, et doté d’une blouse blanche. Il y avait un nom marqué sur une étiquette, placé sur la blouse : Vladimir Illioutchine. Vladimir ? Ce prénom me disait quelque chose. Mais je ne parvenais pas à me rappeler…

 

« ça va prendre un peu de temps avant que la mémoire incrustée à l’intérieur du cristal retrouve toutes les données. C’est un peu comme un trou de mémoire pour un humain si tu préfères. Il faudra compter quelques jours, voire quelques semaines avant que tu te rappelles de tout »

 

« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que je fais ici ? Et comment savez-vous pour le cristal ? »

 

Vladimir se mit à sourire :

 

« Tu as plein de questions à me poser, c’est normal. Et je répondrais à toutes celles que tu veux. Mais avant, il faut que je te parle de Svetlana. Tu te souviens d’elle ? Ou bien ce souvenir ne t’es pas encore revenu ? »

 

Svetlana ? oui, je revoyais son visage. Je me rappelais notre vie ensemble. Je revoyais tout ce que nous avions fait. Je me souvenais des sentiments que j’avais pour elle, sans jamais avoir pu lui dire.

 

« Bon, je pense qu’il n’y a pas de méthode douce pour te le dire. Svetlana n’est plus de ce monde. J’ai essayé tout ce que j’ai pu pour la sauver. Mais je n’ai rien pu faire »

 

Il s’interrompit, alors que je sentais la tristesse monter en moi. Svetlana était morte ? Ce n’était pas possible. Comment ? Je pensais que ce Vladimir pouvait la sauver. Je me souvenais de ça. Et de Sergueï aussi.

 

« Je te vois un peu abattu, et je le comprends. Mais en fait, elle est en toi à présent. Ou pour faire plus simple : elle est toi et tu es elle. »

 

Elle était moi ? J’étais elle ? Je ne comprenais rien à ce qu’il me disait. On ne pouvait pas être dans un même corps. Même un corps comme le mien.

 

« Je voudrais aussi préciser que c’est elle qui l’a demandé. Elle voulait faire ce sacrifice pour toi. Elle voulait que tu revives. Et que vous soyez lié à jamais. Je m’explique : j’ai obtenu, par le biais de Sergueï, si tu te souviens de lui, toutes les notes, les travaux de ton père. C’était un génie. Meilleur que moi, je dois le reconnaitre. Enfin, bref, grâce à ce que Sergueï m’a ramené, j’ai compris le fonctionnement de ton cristal, comment le raccorder à des membranes cervicales, et tout le reste pour te réveiller. Pour faire simple, les membranes cervicales qui permettent à ton cristal de fonctionner dorénavant, ce sont celles du cerveau de Svetlana. »

 

Je le regardais encore, ne comprenant toujours pas.

 

« Comme je te l’ai dit, Le mal dont souffrait Svetlana était irréversible. La toxine qui envahissait son cerveau allait la tuer petit à petit, dans d’atroces souffrances. Quand je lui en ai fait part, et que je lui ai dit que je pouvais te ramener à la vie, si on peut parler de vie pour toi, elle m’a demandé si je pouvais te parler d’elle à ton réveil. Je lui ai dit que je pouvais faire mieux que ça. Que je pouvais te ramener grâce à elle. Grâce à son cerveau. Rassure-toi : elle n’a pas souffert. Le produit que je lui ai injecté l’a endormie tranquillement. Je n’ai plus eu qu’à suivre les notes de ton père, récupérer le cerveau de Svetlana, couper les membranes dont j’avais besoin pour les raccorder au cristal, et ré-insérer le tout dans ta tête, avec les autres connections nécessaires pour que tu puisses renaître »

 

« Svetlana a fait ça pour… Pour moi ? Je comprends… Je comprends ce que vous vouliez dire par… Elle est moi… Et je suis elle… »

 

« Tu devrais te reposer maintenant. Ça fait beaucoup d’infos à accumuler en peu de temps. Nous aurons tout notre temps pour que je t’explique plus en détail tout ça. Autre chose : Sergueï est à mon service depuis des années. Disons qu’on… s’arrange entre nous. Je le paie, et il fait quelques petits trucs pour moi. Du coup, il a enterré les corps des voleurs chez ton père, et il a brûlé la maison, après avoir pris tout ce dont j’avais besoin. Même chose pour la ferme d’Irina. Il n’y a aucune trace des corps et de ton passage dans ces endroits. C’est comme si tu n’avais jamais existé. Quant à la police locale vis-à-vis de vos petites « missions », Svetlana et toi, je m’en suis occupé aussi »

 

« Comment… Comment vous avez pu cacher tout ça ? »

 

Vladimir sourit à nouveau :

 

« Tu serais surpris de tout ce qu’on peut faire quand on a de l’argent. Beaucoup d’argent. Et je peux t’assurer que je n’en manque pas. Mes commanditaires sont très intéressés par mes recherches concernant le cristal… et toi. Cela fait 3 ans que je bosse dessus. Oui, tu as bien entendu : ça fait 3 ans que je travaille sur les travaux de ton père pour te ramener à la vie… Et que Svetlana a donné sa vie pour ça. Et aujourd’hui, tout ça a payé… Puisque tu es là, à parler avec moi. Mais on parlera de ça une autre fois. Je te laisse. On aura tout le temps possible pour revoir tout ça. A plus tard…Viktor »

 

Vladimir partit alors, me laissant seul dans la pièce, avec mes interrogations, mes doutes, ma tristesse. Je devais être maudit. Toutes les personnes que j’aimais mourraient quand elle s’attachaient trop à moi. Certes, une partie de Svetlana était en moi, mais je ne verrais plus jamais son visage, ses yeux. On ne pourra plus rire ensemble, s’émerveiller de tout ce qui nous entoure. Pourquoi était-je destiné à vivre ainsi ? Il aurait mieux valu que je ne revienne pas. Je ne souffrirais sans doute pas comme maintenant.

 

Je tentais de me lever malgré ma relative faiblesse sur mes jambes. Je sortais de la pièce, désirant marcher pour réfléchir à tout cette montagne d’informations, arpentant les couloirs de la bâtisse où je me trouvais. Je voyais un bureau entrouvert sur ma droite. Pensant que Vladimir y était, je pris l’initiative d’y entrer. Mais il était vide. Un document attira cependant mon attention sur son bureau. Je m’assurais de refermer la porte derrière moi, et m’approchais. Il y avait d’autres documents les uns à côté des  autres. Sur l’un, je voyais une image de moi ; sur un autre le cristal de vie créé par mon père. D’autres dossiers représentait des créatures inconnues de moi, avec des noms, des lieux et des pays indiqués : le dévoreur de cœur sur la route du pêché et des sirènes tueuses aux USA ; une autre nommée Bête du Gévaudan en France ; un autre parlait d’une Jorogumo au Japon.  Et sur un autre dossier était apposé à nouveau mon image, et un nom écrit en gros : « Projet Crystal Soldier ». Plus loin, une photo dans un cadre attira mon regard à son tour : j’avais du mal à y croire.  C’était une photo de Vladimir, et à ses côtés, il y avait…Irina.

 

Alors, Vladimir serait ce fameux scientifique dont Irina avait parlé. Celui à qui elle devait me vendre… Je ne savais pas trop quoi penser de tout ça. J’étais vraiment perdu. Vladimir était-il mon sauveur ? Ou bien mon ennemi ? Avait-il dit la vérité sur Svetlana ? Avait-il vraiment essayé de la sauver ? Ou l’avait-il sciemment sacrifié pour mener son projet à bien ? Si je voulais savoir le fin mot de tout ça, il valait mieux faire comme si je n’étais au courant de rien de ce que j’avais découvert. Je retournais donc discrètement vers la pièce où j’étais précédemment. Les prochains jours, voire les prochaines semaines seraient sûrement déterminantes pour connaitre les vrais intentions de Vladimir à mon encontre. Pour l’instant, j’avais besoin de reprendre des forces, alors je me recouchais sur la table, tout en repensant à ce que j’avais vu sur le bureau de Vladimir, sur mon rapport avec toutes ces créatures, et cet autre nom aperçu dans le dossier « Projet Crystal Soldier ». Celui d’une île près des Philippines : Monster Island. De ce que j’avais lu, un terrain d’expérimentation. Je ressassais encore quelques minutes tout ceci, et finis par m’endormir. Mais il devenait clair que Vladimir avait beaucoup de secrets, et que le seul moyen de connaitre ceux-ci, c’était d’obtenir sa confiance. Afin de définir ce que ma résurrection, et surtout mon existence avait de si primordial à ses yeux…

 

Publié par Fabs


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