1 avr. 2021

PÂQUES SANGLANTES (Woodsman 2)

 


Je n’ai jamais très bien compris certaines fêtes humaines, de par leur nature futile voire incompréhensible pour moi. Pâques en fait partie. Quelle idée curieuse de décorer des œufs, de se déguiser en lapin géant, de faire des cloches en chocolat. Tout ça me semble plus un prétexte pour se goinfrer qu’autre chose, et puis c’est très différent des jolies lumières de Noël qui a beaucoup plus de sens pour moi. En comparaison, Pâques me semble plus fade, sans intérêt, n’ayant pas la même force émotionnelle que le faste des décorations des fêtes dédiées au 25 Décembre. Il y a moins de joie dans les yeux, moins d’émerveillement, moins d’animation, en tout cas pour moi personnellement. Alors, pourquoi parler de Pâques me direz-vous ? Tout simplement parce que Maman, elle, aime beaucoup cette fête. Elle me parle souvent de ces années où, alors qu’elle était toute jeune, elle parcourait le jardin à la recherche de ces fameux œufs, cachés minutieusement par ses parents. Chasse qu’elle perpétrait avec son frère, mon oncle, que je n’ai jamais connu, et pour cause : Maman l’a tué justement un jour de Pâques, alors que ce dernier se vantait auprès d’elle qu’il avait trouvé plus d’œufs qu’elle.

 

Bien sûr, ça l’avait énervé, et plus tard, les parents de Maman, ont trouvé le petit frère derrière un bosquet du jardin, la bouche remplie de ces fameux œufs qu’il se vantait d’avoir en quantité. Il a eu la chance de s’en sortir ce jour-là, alors qu’il étouffait en silence, les mains et les pieds attachés avec le fil de fer barbelé de la clôture du voisin, préalablement coupé avec la cisaille que son Papa cachait dans la cabane du jardin. Ce dernier croyait qu’un simple cadenas était suffisant pour empêcher Maman de s’introduire à l’intérieur. Il ignorait qu’elle savait comment crocheter une serrure, grâce au fils du voisin qui lui avait appris. Ce même fils avec qui elle allait nouer une relation durable pendant plusieurs années, jusqu’à son adolescence, jusqu’à ses 16 ans, l’année où elle a découvert qu’elle n’était pas une fille comme les autres de son âge.

 

Pas parce qu’elle n’était pas aussi jolie, non, loin de là. Au contraire, Maman m’a raconté qu’elle était courtisé par beaucoup de garçons, mais aucun n’avait à ses yeux autant d’importance que Billy. Le seul qui la comprenait. L’unique personne capable de ressentir les mêmes émotions qu’elle au moment où ils dessinaient de belles lignes avec la lame d’un couteau sur le professeur de mathématiques, à la sortie des cours, après que ce dernier avait dit à Maman qu’il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi mauvais dans cette matière, l’humiliant devant tous ses petits camarades. Billy était lui aussi dans la même classe qu’elle. Il avait eu de la peine pour elle. Ça l’avait rendu triste. C’était la première fois qu’il l’avait vu pleurer. Ça l’avait énervé aussi. Alors, le lendemain, il avait « emprunté » un couteau dans le tiroir de la cuisine de ses parents, et ils ont tous les 2 prétexté de demander un conseil au professeur, Mr. Ferns, à la sortie de l’école. Mais qu’ils préféraient en parler avec lui à l’écart de l’école, afin de ne pas subir à nouveau les moqueries des autres, parce qu’ils voulaient savoir comment résoudre un problème qu’eux comprenaient parfaitement.  Mr. Ferns avait accepté, et il les avait suivis dans une petite ruelle, à quelques centaines de mètres de l’école, juste derrière la blanchisserie des Lung.

 

Là, pendant que Maman l’occupait en lui demandant comment faire pour parvenir à résoudre facilement une équation, Billy s’était faufilé discrètement derrière lui, et s’était emparé de la batte de base-ball de son cousin, qu’il avait caché dans la pénombre de la ruelle mal éclairée la veille, après avoir demandé à ce dernier de lui prêter, lui ayant raconté qu’il en avait besoin pour s’entraîner pour le prochain match de l’équipe de l’école. Il n’avait éprouvé aucune peur en s’approchant derrière Mr. Ferns, ce dernier n’ayant rien remarqué, bien trop occupé à étaler sa science à Maman. Billy avait alors abattu la batte sur l’arrière du crâne du fier professeur. Plusieurs fois, pour être sûr qu’il ne se relèverait pas tout de suite. Puis, avec Maman, il lui a attaché les mains avec son beau veston qu’il arborait avec fierté chaque jour. Ils ont attendu qu’il rouvre les yeux. Il fallait qu’il soit conscient pour voir ce qu’ils allaient lui faire. C’était plus drôle. Quand ce fut le cas, Billy a sorti le couteau. Il l’a montré à Mr. Ferns qui essayait de crier. Mais quand on a un mouchoir dans la bouche, c’est moins facile. Il lui a d’abord coupé sa cravate en soie avec la lame du couteau. Pour voir si ça coupait bien.

 

 Satisfait, Billy a alors arraché les manches de la chemise du professeur, qui suait de partout. Il faisait beaucoup moins le fier tout à coup. Il a fait pareil avec le devant de la chemise, mettant au jour le torse velu de Mr. Ferns. Billy et Maman avaient beaucoup ri en voyant ça. Elle m’avait raconté que, sur le coup, il ressemblait plus à un singe qu’autre chose, au vu de tous ses poils. Et puis, Billy a commencé à taillader les bras de Mr. Ferns. Lentement, pour voir la peur dans ses yeux. Pour lui faire comprendre que plus jamais Maman ne devait pleurer en classe à cause de lui. Il a recommencé plusieurs fois, puis il a fait pareil avec l’autre bras. Ensuite, il a tendu le couteau à Maman, pour qu’elle fasse de même sur le torse. Elle avait montré un grand sourire en le faisant, traçant des plaies profondes à divers endroits. Billy était super fier de voir Maman se débrouiller aussi bien. Surtout que c’était la première fois pour elle qu’elle faisait ça. Et elle avait adoré ça. Billy et Maman ont joué plusieurs heures avec Mr. Ferns, avant de le laisser là, au milieu de la ruelle, dans l’obscurité. Et puis, il s’est passé un truc entre Billy et Maman. Suite à ça, ils avaient tous les deux les yeux qui brillaient. Ils n’arrivaient pas à se quitter du regard. Comme hypnotisés l’un de l’autre. C’était comme si ils s’étaient soudain retrouvés dans un monde où ils étaient les seules personnes. Ils se sont embrassés. Et ils ont fait l’amour. Ce soir-là, Maman a perdu sa virginité avec le seul garçon qui comprenait ses pulsions qu’elle cachait aux yeux des autres depuis si longtemps. Ce fut l’une des plus belles soirées de son existence.

 

Un bonheur qui ne dura pas. Le lendemain matin, Mr. Ferns fut retrouvé, le corps en sang, terrorisé, presque incapable de parler. Quand il y parvint, il indiqua le nom de ses agresseurs. La police est venue à la maison de Maman et celle de Billy. Billy a été envoyé en maison de correction, à 12 Km de la ville. Maman, elle y a échappé, parce que la police pensait qu’elle avait subie l’influence de Billy. Qu’elle n’était pas responsable. Les parents de Maman ont quand même dû payer les frais d’hôpitaux de Mr. Ferns, tout comme les parents de Billy. Maman ne l’a plus revue pendant 4 ans. Entretemps, elle a vengé Billy. Une nuit, après avoir une nouvelle fois emprunté la cisaille de son papa, elle s’est introduite dans la maison des parents de Billy. C’était facile, vu qu’ils ne fermaient jamais à clé leur porte de derrière. Elle le savait parce que Billy lui avait dit dans un courrier. Oui, elle ne pouvait pas le voir, mais elle avait le droit de lui écrire. 

 

Donc, une fois à l’intérieur de la maison, elle a monté les escaliers la séparant des chambres du haut. Elle s’est dirigée vers la chambre des parents de Billy, conformément aux indications données par Billy en code lors de leurs courriers. Elle est entrée en poussant doucement la porte, pour ne pas la faire grincer, et alerter ses proies. Elle s’est approchée du lit. Il n’y avait que la maman de Billy dans le lit. Son papa travaillait tard, et il ne rentrerait qu’à une heure avancée de la nuit. Ça aussi, c’était Billy qui lui avait dit. Elle a levé la cisaille, et elle l’a abattu sans sourciller sur le corps de la maman de Billy. Celle-ci a essayé de crier, mais Maman ne lui a en pas laissé le temps, transperçant sa gorge avec les lames de son outil de mort. La maman de Billy s’est immédiatement effondrée sur les draps tachés de sang. Elle ne bougeait plus. Maman a alors attendu que le papa de Billy rentre de son travail. Une heure plus tard, elle a entendu celui-ci monter les escaliers. Elle s’est caché derrière la porte de la chambre pour ne pas être vue. Quand sa cible est entrée et qu’elle a vue le corps sur le lit, elle a crié, courant vers son épouse sans vie, affalée sur le lit.

 

Maman s’est alors approchée sans bruit par derrière. Vu qu’elle avait les pieds nus, cela a facilité les choses. Avec le même regard de vengeance, elle a plongé les lames de la cisaille dans le dos du papa de Billy. Il a encore crié, mais cette fois, c’était des cris de douleur. Il a essayé de retirer ce qu’il avait dans le dos, mais il n’y parvenait pas. C’est alors qu’il a vu Maman. Il avait le même regard de terreur que Mr. Ferns. La douleur qu’il ressentait dans le dos était tel qu’il s’est effondré, les genoux au sol. Il ne parvenait plus à crier. Maman s’est approchée. Elle a pris la lampe de chevet qui était placée sur la table de nuit, et s’en est servie pour asséner un coup d’une rare violence sur le visage du papa de Billy. Il est tombé sur le flanc au sol. Maman a alors retiré la cisaille dans le dos, et elle a lardé de coups la tête de sa proie. A chaque coup, elle pensait à Billy. Aux souffrances qu’il devait endurer à cause de son père et de sa mère. Au bout de quelques minutes, sa victime ne bougeait plus à son tour. Alors, Maman a arrêté les coups. Elle est sortie de la chambre, et s’est dirigée vers la salle de bains, au rez-de-chaussée de la maison, et a pris une douche, le plus naturellement du monde. Plus tard, elle a brûlé sa chemise de nuit, en la jetant dans la cheminée allumée. Et elle est revenue chez elle, nue dans la nuit, en prenant garde de ne pas réveiller ses parents et son petit frère.

 

Personne ne l’a jamais soupçonnée quand le double meurtre a été découvert. C’est la sœur de la maman de Billy qui les a trouvés, étonnée de ne pas avoir de réponse au téléphone. La police a bien trouvé des empreintes, mais à aucun moment ça ne leur a traversé l’esprit que ça pouvait être Maman qui les avait tués. Plus tard, Maman a quitté la maison. Billy était ressorti de la maison de correction. Et comme il était majeur, il était libre d’aller où il veut. Son tuteur, désigné pour s’occuper de lui après la mort de ses parents, ne pouvant pas l’empêcher de vivre sa vie. Maman a donc pu le revoir après toutes ces années sans pouvoir se voir physiquement. Quelques années plus tard, ils se sont mariés, et se sont installés dans cette forêt, après que Papa en a dessiné les plans. Il avait appris pendant qu’il était à la maison de correction, et après en être sorti, il a fait des études d’architecte. Maman a appris la cuisine auprès d’une riche dame de la Haute société. C’est cette même dame qui lui a donné le goût de la chair humaine. Mais je vous raconterais cette partie une autre fois. Elle a transmis cette « passion » à Papa ensuite. Oui, vous l’aurez compris, Billy, c’était mon Papa. J’aime beaucoup raconter cette histoire d’amour entre mon Papa et ma Maman. Je la trouve tellement belle. Je demande souvent à Maman de me la raconter. Surtout depuis que Papa n’est plus là.

 

Elle est encore un peu triste de son absence, mais depuis mon beau cadeau de Noël, elle a compris qu’elle devait aller de l’avant. Qu’elle devait garder le sourire pour son fils. Comme je vous l’avais dit lors de ma précédente histoire, Maman a beaucoup changée depuis ce jour. Pour mon plus grand bonheur. Moi aussi, Papa me manque. Mais faire plaisir à Maman me permet d’exorciser un peu cette absence. Elle me parle aussi souvent d’autres fois où elle a fait la chasse aux œufs, et le plaisir que ça lui procurait, malgré les défis lancés par son frère. Cependant, celui-ci, après plusieurs années à « subir » la colère de Maman à chaque fois qu’il trouvait malin de la défier ou se vanter qu’il était meilleur qu’elle à ce sport, avait fini par la laisser gagner, pour ne pas se retrouver à nouveau victime de ses « punitions ».  Pendu par les pieds dans la cave, attaqué par des fourmis et des rats placés dans son lit, ou bien ayant reçu une bassine d’eau bouillante en ouvrant la porte de sa chambre, telles étaient les punitions qu’il avaient reçus après chaque « victoire » dont il se vantait auprès de sa sœur.

 

Et cette chasse aux œufs n’était pas la seule excuse que Maman trouvait pour martyriser son frère, qu’elle n’avait jamais aimé, lui reprochant tout simplement d’exister, et de lui avoir volé l’amour donné par ses parents avant sa naissance. Il était vite devenu le centre d’attention principal de ceux-ci, la reléguant au second plan, et ça, c’est quelque chose que Maman n’avait jamais supporté, et elle le faisait comprendre régulièrement à son jeune frère, par la mise en place de ces pièges. Une situation qui avait duré jusqu’à ce que Billy et ses parents emménagent dans la maison d’à côté, et bifurquant sur leur relation que je viens de vous conter. Est-ce que c’est le plaisir qu’elle ressentait de torturer son frère à cette époque qui lui faisait ressentir ça ? Toujours est-il que la période de Pâques revêt une certaine nostalgie chez Maman. Dans ces périodes, elle regarde souvent des émissions où on voit des chasses aux œufs, des enfants recevoir des sachets de friandises au chocolat et quelques autres de ces traditions propres à Pâques.

 

Alors, voyant ça, et me rappelant le plaisir que lui avait procuré mon joli sapin de Noël personnalisé, rien que pour elle, je me suis dit que je pouvais renouveler l’expérience. Pas des œufs en chocolat normaux, vous vous en doutez bien. Maman et ses goûts culinaires ont évolués depuis. Mais quelque chose de similaire, agrémenté de la touche « woodsman ». Mais pour cela, pour trouver la base de ce que j’avais en tête pour faire à nouveau plaisir à Maman, il me faudrait chercher les matières premières en dehors de la forêt. Ces derniers temps, il y avait moins de gens qui venaient, et je ne pouvais pas utiliser la viande présente dans les congélateurs du sous-sol. D’abord, parce qu’elle est réservée pour les repas de Maman et moi, et ensuite parce qu’il fallait des denrées fraîches pour l’exécution de mon plan spécial « Pâques ». Il me faudrait donc aller en ville pour trouver ce dont j’avais besoin. De toute façon, les autorités de la ville avaient apposé des pancartes à l’entrée de la forêt, expliquant que toute personne y pénétrant le faisait à ses risques et périls, et que tout contrevenant s’exposait à un grand danger, dont la municipalité ne serait pas tenue pour responsable. Du coup, personne en ville ne s’attendait à ce que Woodsman sorte de la forêt où même le plus courageux des flics n’osait s’aventurer.

 

Mais il me faudrait opérer de nuit. Autant dans la forêt, dont je connaissais chaque recoin, je pouvais travailler en plein jour sans le moindre risque, autant en dehors, je naviguais en terrain inconnu, et il me faudrait donc être prudent. J’élaborais donc un plan en plusieurs étapes. D’abord des « missions de reconnaissance », afin de juger les meilleurs endroits où trouver les éléments indispensables à la réussite de mon entreprise. Ce qui ne serait pas évident pour moi, ne sachant pas vraiment les habitudes de la viande à 2 pattes circulant au sein de ce territoire vierge de mes actions. Mais j’étais motivé par le fait de voir sourire encore une fois sur le visage de Maman. Une fois cette reconnaissance effectuée, je pourrais opérer à la « moisson » proprement dite. Alors, je me faufilais la nuit venue vers cet endroit qu’on appelait « ville », au milieu de ces bâtiments moches et sans âme, ces structures étranges nommés trottoirs et ces drôles de jouets grandeur nature qu’on désignait sous le nom de voitures, de vélos, de skate-board, ainsi que d’autres particularités toutes aussi curieuses les unes que les autres pour moi qui ne connaissait que la forêt et la maison où je vis. Bien sûr, je connaissais toutes ces choses au préalable, les ayant vu à travers la télévision. Je ne suis tout de même pas un ignare incompétent. Mais cela faisait bizarre de les voir d’aussi près, ne les ayant toujours connus qu’à travers un petit écran.

 

Enfin, bref : j’observais donc, nuit après nuit, les allées et venues de ces gens, caché dans l’ombre des ruelles, des coins de rues, afin de distinguer les endroits les plus propices pour mes « prélèvements » futurs. Au fur et à mesure de mes expéditions, je remarquais donc de cette manière plusieurs lieux idéaux pour obtenir la matière première dont j’avais besoin. Notamment une boite de nuit, dont le parking, par souci d’économie du propriétaire sans doute, était dépourvu de toute lumière ou presque. Tout au plus un lampadaire de faible éclairage situé au fond de l’espace reservé aux véhicules des clients. Il me serait facile de me poster près d’une voiture, au moment de la fermeture du lieu, guettant les derniers partants, afin de subtiliser leurs vies. C’est ainsi qu’une de ces nuits, je trouvais les participants parfaits en la personne d’un jeune couple passablement éméché, et ayant du mal à trouver comment mettre la clé dans la serrure de leur voiture. Je m’approchais d’eux, leur demandant s’ils avaient besoin d’aide. Etant la proie de l’alcool à un niveau que beaucoup auraient du mal à atteindre, ils acceptèrent, trop heureux de trouver une main « secourable ». 

 

Ce fut leur plus grosse erreur. Même si le terme de main n’était au final pas si éloigné de la réalité, en y pensant bien. L’homme me confia les clés sans la moindre méfiance, pendant que sa moitié lui servait de mur pour ne pas qu’il tombe au sol. Ce qu’il n’allait pas tarder à faire de toute façon dans les minutes qui allaient suivre. Une fois la portière ouverte, je laissais l’abruti alcoolisé s’installer au volant, pendant que la femme se laissait guider par la carrosserie de la même voiture pour se diriger de l’autre côté de l’habitacle. Elle n’eut pas le temps d’aller très loin. Arrivé au milieu du véhicule, je me postais devant, lui barrant le chemin. Elle me demandait gentiment de m’écarter, qu’elle avait besoin de la voiture pour avancer sans tomber. Je saisis alors sa gorge de mes mains puissantes, l’étranglant, alors qu’elle poussait des gémissements en gesticulant dans tous les sens. Cela m’énervait d’ailleurs, alors pour couper court à ses frétillements que même un poisson frais serait incapable d’exécuter, je décochais un coup de ma main libre, écrabouillant son corps frèle, et en retirant la plupart de ses boyaux, les laissant se déverser au sol, pendant que sa vie se retirait de son regard, du sang perlant sur le côté de ses lèvres. Et puis, sa tête pencha sur le côté, annonçant son trépas. Je la laissais tomber au sol. Mon but était atteint : l’élément dont j’avais besoin n’avait pas été abîmé. Sortant soudainement de son alcoolisme en voyant son amie tomber, l’homme sortit du véhicule, envahi d’un coup d’un courage qui était vain avant même d’être né. Je lui empoignais les 2 bras avec force. Il essayait de se débattre, sans résultat. Je tirais alors d’un coup sec, arrachant ses membres comme s’il s’était agi de morceaux de bois. Le son de ses os brisés sonnait comme une douce mélodie à mes oreilles, bien mieux que ses cris insupportables. Il tomba à genoux, criant toujours de plus belle, observant l’espace vide laissé par ses bras arrachés. De mon pied, je le fis tomber en arrière, avant d’abattre ce dernier sur son corps de toute ma puissance, écrasant le moindre de ses os, et éjectant des litres de sang sur le sol du parking. Je ne pense pas qu’il a eu le temps de trop souffrir. Quoi qu’il en soit, juste après mon action, son regard s’éteignit à son tour, et je pus enfin prendre ce que j’avais besoin, avant de m’en retourner vers ma forêt.

 

Le lendemain, le journal télévisé parla des corps retrouvés. Je vis bien que Maman semblait interrogative à mon égard. Il faut dire que mes méthodes sont facilement reconnaissables. Cependant, elle ne dit rien. Elle savait que les proies devenaient rares en forêt, donc elle devait se douter que j’avais dû étendre le territoire de chasse, et que ces deux-là avaient dû se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Ce devait être pour cela que je n’avais pas ramené les corps. Parce que je devais déjà en avoir d’autres avec moi à ce moment-là, et qu’ils m’avaient gêné sur le chemin du retour. Pour ne pas gâcher la surprise, je ne disais rien, lui laissant penser cette solution. En même temps, je me disais que j’avais été maladroit sur ce coup-là. Pour les prochains prélèvements, il me faudrait dissimuler les corps. Pas que je craignais l’action de la police. Ces couards n’oseraient jamais venir à nouveau en forêt comme ils l’avaient fait auparavant, avec le résultat que vous connaissez. C’est plutôt que je ne voulais pas que Maman se doute du cadeau que je voulais lui faire. La nuit suivante, je repérais d’autres cibles près d’un autre lieu que j’avais repéré les jours précédents. L’arrière d’un bar à la réputation peu flatteuse qui servait de vente de drogue. Ils étaient trois, avec tous les yeux aussi défoncés les uns que les autres. A première vue, le revendeur était déjà parti, et les 3 junkies tenaient à peine debout. Je me dirigeais vers eux d’un pas sûr. Sans doute crurent-ils que je venais me procurer moi aussi ma dose, ils me dirent qu’il fallait que je repasse demain, « Marco » venant juste de partir pour une raison urgente. Je leur disais que ce n’est pas Marco qui m’intéressait mais eux. Là-dessus ils demandèrent en quoi ils pouvaient m’être utile. Sans répondre, je donnais un immense coup de pied dans le premier d’entre eux, sur son tibia droit, qui explosa sous le choc, faisant valdinguer sa jambe à plusieurs mètres de là. Avant même qu’il crie, j’exécutais une machette sur son cou, le décapitant net. Sa tête atterrit sur le sol, près des poubelles, juste derrière lui.

 

Epouvantés, les 2 autres tentèrent de s’enfuir. J’attrapais un morceau de vitre cassé, posé sur le mur, à côté des poubelles, et le lançais dans la direction des 2 hommes, visant les pieds. Sous l’effet de la force centrifuge, aidé par ma propre force, la vitre virevolta, et trancha les 2 pieds du premier, avant de couper le pied droit du 2ème qui se trouvait sur la même ligne de trajectoire de la vitre. Ils tombèrent au sol, hurlant de douleur. Le quartier n’était pas très habité, du fait justement de ces trafics, mais je ne voulais courir aucun risque. Je me dirigeais vers les 2 nouveaux amputés. Le premier je lui écrasais la gorge du plat de ma chaussure, pendant que pour le second, je le pressais comme une orange bien mûre contre mon corps, faisant ressortir l’ensemble de ses entrailles par le dos, tellement la pression exercée fut énorme, avant de le laisser au sol, complètement vidé.

 

Ensuite, je me débarrassais des morceaux que je ne pouvais emporter en les plaçant dans un sac poubelle, refermant avec précaution ce dernier, pour ne pas qu’on découvre les morceaux. Puis, je repartais avec les 3 corps dans la nuit opaque. J’opérais à plusieurs opérations de ce type les nuits suivantes, toujours en prenant garde de ne pas attirer l’attention, nettoyant plus ou moins derrière moi, du mieux que je pouvais, n’étant pas habitué à cette « fonction » de mes activités, la forêt masquant ce genre de désagréments. Au bout d’une semaine, j’avais récolté tout ce qu’il me fallait pour le cadeau de Maman. Je profitais de son sommeil, comme pour mes escapades en ville, pour parfaire les finitions, et offrir à Maman un nouveau très beau cadeau plein de nostalgie. J’étais persuadé qu’elle adorerait ce nouveau signe d’affection de ma part. Pour les petits suppléments que j’avais prévu, je me suis servi des sacs congélation du sous-sol, qu’on possédait en grandes quantités. Ce ne fut pas aisé de les remplir, tout comme la préparation en elle-même, très minutieuse, mais Maman valait bien tous ces efforts.

 

Et puis, le fameux jour arriva, le matin de Pâques. Je me levais tôt afin de disposer la surprise de Maman dans le jardin, afin qu’elle ne se doute de rien, et que la surprise soit totale. Cela me prit plusieurs minutes, choisissant chaque endroit avec attention, tout en tenant compte de l’âge avancé de Maman. Elle n’était plus aussi alerte qu’avant, et je ne voulais pas qu’elle peine en ramassant ses présents particuliers. Une fois ma disposition effectuée, je me recouchais, en réglant mon réveil pour être sûr de ne pas louper le moment où Maman se lèverait. Elle se levait toujours à 8 heures tapantes, sans aucune aide, en dehors de son horloge interne. Dès qu’elle fut levée, je gardais le silence sur ce qui l’attendait, toujours pour conserver la surprise, attendant la fin de notre petit-déjeuner. Puis, une fois ce dernier achevé, je demandais à Maman de me suivre dans le jardin, lui confiant un panier à bûches, avec la tâche pour elle de le remplir. Elle tenta bien de me dire qu’elle avait passé l’âge de faire la chasse aux œufs, sachant pertinemment quel jour on était, mais j’insistais et elle accepta finalement de prendre le panier et descendre dans le jardin.

 

Un peu amusée par la situation qui lui rappelait sa jeunesse, elle chercha donc ses « œufs » personnalisés. Au bout de quelques minutes, je l’entendis s’exclamer à la découverte du premier d’entre eux. C’était la tête d’un des junkies. Celle-ci, je l’avais décorée avec des rayures bleues et rouges, et j’avais collé des ongles prélevés sur les autres corps. Puis elle trouva une autre bariolée de cercles verts et jaunes, parsemée de phalanges. Elle reconnut la femme dont le portrait avait été montré au journal télévisé le premier soir où j’avais commencé ma « moisson ». Celle dont le corps mutilé avait été trouvé sur le parking. Elle m’adressa son plus beau sourire, comme visiblement très émue de cette attention à son égard. Et elle continua sa récolte, trouvant d’autres têtes toutes aussi colorées. Pour certaines, j’avais collé les dents, préalablement arrachées sur d’autres, autour des yeux, comme des petites paillettes ; d’autres étaient agrémentées de doigts de pieds, de morceaux d’intestin, de cœur coupé en tranche, de poumons, de poussière d’os broyés. Et puis il y avait de petits sachets, remplis de doigts farcis, comme on le fait pour les escargots, de yeux gélifiés, d’oreilles en panure ou encore de petites touches coquines comme des testicules remplies de liqueur.

 

Je voyais son visage radieux, s’émerveillant de sa récolte grandissante, allant de surprise en surprise à chaque recoin qu’elle explorait. Cela me remplissait de joie de pouvoir à nouveau lui faire autant plaisir, la faisant replonger dans une enfance disparue, et cette fois, son diablotin de frère ne serait pas là pour lui gâcher sa journée en se vantant d’en avoir trouvé plus qu’elle. Cette journée n’était que pour elle, et rien que pour elle. Elle me raconta en même temps qu’elle récoltait ses œufs d’autres anecdotes de ces journées, tournant presque toujours autour des punitions infligées à son frère, ce qui la faisait rire en revoyant la tête surprise de celui-ci à chaque fois. Et celle de ses parents aussi… Ce fut vraiment un Pâques magnifique à tout point de vue, et je comprenais mieux maintenant le plaisir procuré par cette fête, au vu de l’expression pleine de vie de Maman. Nous préparâmes les « œufs » l’après-midi pour le dîner du soir. L’avantage avec ces œufs-là, c’est qu’il n’y a pas de coquille à enlever. Un peu de peau, mais une fois bouillie, elle s’enlève toute seule. Et cela nous a permis de tester de nouvelles recettes que nous n’avions jamais eu l’occasion de faire. Ce fut vraiment une très belle journée, et je pensais déjà dans ma tête pleine d’imagination, à toutes les futures merveilles que je ferais pour Maman au Pâques de l’année prochaine, que je voulais encore plus exceptionnel que celui-ci…

 

Publié par Fabs

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