22 mars 2022

LA PROIE DE L'OMBRE

 


 

Je n’ai pas de mots pour décrire la terreur qui m’envahit chaque heure, chaque minute, chaque seconde depuis que j’ai découvert son existence, depuis que cette partie de moi est devenue autonome, et a fait de ma vie un cauchemar. Je me terre dans ma demeure, dans une pièce vide de tous objet. J’ai même arraché le papier peint, bout après bout, enlevé les vitres et les volets de ma fenêtre, afin d’éviter que tout appendice, quel qu’il soit, lui permette de trouver un moyen d’apparaitre la nuit, par le biais d’une réflection de lumière. Dans la journée, je m’enferme dans la penderie, au milieu d’un espace vide de tout vêtements, dans le noir total, ne m’alimentant plus, me contentant d’avaler ma salive en guise d’élément liquide pour ne pas dépérir de déshydratation, restant nu, par mesure de précaution, afin de ne pas lui créer l’occasion de se former, au cas où une bribe de clarté parviendrait à s’infiltrer dans ma cachette, et me laisserait à sa merci. La nuit, dans le noir complet de mon appartement, vu qu’elle ne peut pas prendre forme, je peux parvenir à reprendre souffle, soulagé de ne plus avoir peur, ne serait-ce que pour respirer, tellement je crains que l’air sorti de ma bouche lui permette de prendre vie…

 

Cela fait 3 jours que je vis de cette manière, et j’ignore encore combien de temps je tiendrais à ce rythme. J’ai même dû barricader la porte d’entrée, pour éviter que mon propriétaire, ou la police, alerté par mon absence partout où j’avais l’habitude d’aller auparavant, ou ayant découvert mon lien avec les nombreuses morts m’entourant, n'en vienne à tenter d’ouvrir, et lui crée une opportunité qui serait fatale à ces visiteurs, ces nouvelles victimes. Mes larmes sont sèches. Je ne parviens même plus à avoir des sécrétions normales, à force d’en avoir tant versées quand tout a commencé. A force de voir ceux que j’aimais, mes amis, voire même des inconnus ayant fait l’erreur de m’approcher, ne subisse ses pulsions meurtrières, m’ayant rendu tel que je suis aujourd’hui, en proie à une terreur absolue.

 

Je ne comprends toujours pas comment elle en est venue à s’accrocher à moi, à faire partie de moi, à devenir un morceau de moi. Je me souviens juste de la première fois où j’ai ressenti une impression étrange, après cette soirée un peu arrosée, après l’accident que j’ai provoqué, à cause de l’alcool qui submergeait mon corps. Jamais je n’aurais dû prendre la route ce jour-là. J’aurais ainsi évité que ce cauchemar fasse de ma vie un enfer, et cause toutes ces morts. Ces morts horribles. Pedro, Scarlett, Tiana, Herbert… Ils ont tous été tués par ma faute. Tous morts par elle. Déchiquetés, éventrés, leurs corps réduits en lambeaux, sans que je ne puisse rien faire, sans que je puisse avoir le pouvoir de l’arrêter. Tout ça parce que j’ai eu la stupidité de prendre cette foutue voiture ce soir-là, et qu’à cause de moi, ce couple et leur bébé ont péris, peu après le choc de l’accident. J’ai tenté de les sauver, de les sortir de leur voiture qui avait pris feu, malgré les vapeurs d’alcool qui émanait de mon corps, malgré le manque de lucidité flagrante qui était en moi. J’ai toujours la vision de cet homme, affalé sur le volant, le visage en sang, sans montrer un signe de vie, les yeux fermés.

 

Je me souviens de la femme, hystérique en voyant son bébé à l’arrière brûler sous ses yeux, criant de toutes ses forces, se débattant pour tenter de décrocher sa ceinture bloquée, assistant impuissante à la lente agonie de son enfant qui se carbonisait peu à peu… Et moi, avec mon ébriété avancée, je n’arrivais même pas à ouvrir la portière. J’aurais pu briser une vitre, mais j’étais dans un tel état que je n’ai même pas pensé à ce simple geste. Au bout d’un moment, n’arrivant pas à ouvrir, je suis resté là, à demi-conscient, ne pouvant qu’observer le drame dont j’étais le responsable, voyant le feu envahir le reste de l’habitacle, jusqu’à parvenir à l’avant. J’ai vu le visage de cette femme, terrorisée, en colère, me fixant de son regard que je ne pourrais jamais oublier. Il s’est ancré dans ma mémoire. Un regard accusateur, un regard de haine. J’ai cru apercevoir cette même femme bouger ses lèvres. Ça ne semblait plus être des cris. Les vitres étant fermées, j’ignore ce qu’elle a bien pu dire à cet instant. Était-ce des insultes ? Me demandait-elle pourquoi je ne les avais pas aidés à sortir ? Ou bien était-ce… autre chose ?

 

Plus j’y pense, et surtout au vu de ce que je vis actuellement, plus je suis de plus en plus persuadé que tout est lié. L’accident, les paroles de cette femme juste avant que le feu l’embrase à son tour, elle et l’homme au volant, qui devait vraisemblablement être son mari, les morts violentes, et surtout : l’ombre… Cette ombre qui est la cause de mon tourment perpétuel, à force de voir s’accumuler les victimes autour de moi. Curieusement, quelque chose me dit que cette chose qui émane de moi quand la lumière se porte sur mon corps, cette ombre mortelle, ne peut pas s’attaquer à moi directement. Elle ne peut pas parce qu’elle nait de moi. Si elle le faisait, elle ne ferait que s’auto-détruire. Or, j’ai bien compris que son but était de me faire souffrir en me laissant assister au calvaire de mes proches, à leur mort horrible. Plus les gens me sont proches, plus j’ai l’impression que leur souffrance atteint des sommets inimaginables, dont je ne peux comprendre l’étendue exacte.  Oui, il était évident que son objectif était de me faire ressentir ce que cette femme avait subie ce soir-là, ayant vu son mari perdre la vie, n’ayant rien pu faire pour le sauver, lui et son bébé pris dans les flammes. Tout ça à cause de moi.

 

Je suis persuadé que ces paroles que je n’ai pas pu percevoir à cet instant étaient une malédiction. Ou quelque chose comme ça. Moi qui pensais que ce genre de choses ne pouvaient arriver que dans les films ou les livres, je devais me rendre à l’évidence. Cette femme devait être une sorcière, ou du moins avait des capacités à invoquer des forces que personne ne pourrait imaginer. Les paroles qu’elle avaient dites à mon encontre juste avant de périr à son tour par les flammes, devaient être une sorte d’invocation. C’est elle qui avait dû demander à cette ombre de me punir, non pas directement, mais en me faisant subir ce que j’avais provoqué. Je devais souffrir comme elle avait souffert en voyant sa famille anéantie parce que je n’avais pas eu l’intelligence de ne pas prendre le volant ce soir-là, alors que j’étais alcoolisé à outrance… Je devais souffrir en voyant ceux que j’aimais mourir devant moi, à ma place, impuissant. C’était ma punition, la vengeance d’une femme ayant tout perdu à cause de ma stupidité. Son dernier acte pour que justice soit faite.

 

Après que la voiture se soit complètement embrasée, je me suis enfui vers mon propre véhicule, qui, miraculeusement, fonctionnait encore. Tout juste avait-il de gros dégâts sur l’aile avant gauche, un phare cassé, et une partie du métal du capot retourné. Sans même m’en rendre compte, on pourrait appeler ça l’instinct du désespoir, j’ai démarré la voiture, et je suis parti à grande vitesse, observant si quelqu’un d’autre autour avait été témoin de la scène. Témoin de ma culpabilité. Mais il n’y avait personne, et j’ai foncé droit devant moi. Il faut dire que l’accident s’était déroulé en dehors de toute forme d’habitation. La soirée d’où je sortais s’était déroulé dans une boite de nuit, en périphérie, pratiquement en pleine campagne. Quand l’accident a eu lieu, j’étais à mi-chemin entre l’établissement où j’avais passé cette soirée, et mon domicile, situé à la ville proche, à environ trois ou quatre kilomètres du drame que j’avais causé. En partant, j’ai entendu une explosion. Le feu devait avoir atteint le réservoir, détruisant du coup toute preuve de ma présence, à savoir mes empreintes que la police n’aurait pas manqué de découvrir sur les poignées du véhicule accidenté. Certains diraient que c’était un coup de chance. Mais moi je ne dirais pas ça… Le lendemain, le cauchemar a commencé…

 

Une fois désaoulé, et après une nuit agitée, j’ai d’abord cru que mes yeux embrumés m’avaient fait voir un restant d’alcool, mais maintenant, je sais que c’est à ce moment précis qu’elle a commencé à se manifester. Cette ombre sortant de moi, se tenant juste dans mon dos, comme pour me défier, me montrer son existence. A ce moment, à travers la glace de la salle de bains, j’ai cru apercevoir un rictus au milieu du haut de cette silhouette de moi-même. Je me suis frotté les yeux, comme pour vérifier que je rêvais encore un peu, et puis plus rien. Je n’y ai plus pensé en sortant, persuadé que c’était mon imagination, une part de culpabilité m’ayant traversé et m’ayant fait montrer cette silhouette derrière moi vue dans la glace. Et puis, il y a eu les premiers meurtres. A ce moment, j’étais parti rendre visite à Pedro, mon ami de toujours. Celui avec qui j’avais fait les 400 coups. C’est lui qui m’avait offert son invitation pour la soirée où je me suis rendu, et qui a été la cause de mon malheur. Comme il s’était cassé le pied lors d’un entrainement à son club de foot quelques jours auparavant, pour ne pas gâcher l’invitation, il m’avait proposé d’y aller à sa place, avec promesse de lui raconter comment était l’ambiance…

 

Arrivé à son appartement, J’ai sonné à la porte, et c’est sa petite amie, Scarlett, qui m’a ouvert. Une vraie top-model de magazine cette fille. Je me posais la question comment un loser tel que Pedro avait bien pu séduire une telle beauté. Mais en même temps, j’étais heureux du bonheur qu’elle lui procurait. Il n’avait jamais eu beaucoup de chance niveau filles. Alors, quand Scarlett est arrivée dans sa vie, je l’ai vu changer du tout au tout. Lui qui avait l’habitude de se négliger constamment, était maintenant toujours tiré à 4 épingles comme on dit, ne mangeant que des trucs « équilibrés », ultra pointilleux sur l’ordre et le ménage. Un autre homme en tout point. Et même si je regrette un peu l’ancien Pedro, le nouveau est bien mieux. Scarlett, toute souriante, m’a fait installer dans le salon, sur le sofa, auprès de Pedro, ayant son pied dans le plâtre. Et puis, on a commencé à prendre un verre tous les trois, je leur racontais comment ça s’était passé, omettant, bien évidemment, l’accident qui avait suivi, et le drame que j’avais causé.

 

A un moment, Scarlett, regardant les nouvelles sur son portable, a parlé d’un flash info retraçant la découverte d’une voiture carbonisée, retrouvée sur une route de campagne, avec à son bord 3 victimes, dont un bébé de 3 mois. Scarlett semblait très choquée à cette annonce. Pedro aussi semblait triste en apprenant ce drame. Moi, je faisais semblant d’être effaré, évoquant même le fait que l’auteur de ça devrait être en prison. Le flash info indiquant que des traces d’impact avaient été trouvées sur la voiture, preuve qu’un autre véhicule était en cause. Et au moment où j’ai dit ces paroles, Scarlett, qui était en face de moi et Pedro, relevant la tête de son portable, a ouvert de grands yeux, montrant un air épouvanté. Elle s’est levée, montrant du doigt quelque chose derrière moi et Pedro, complètement terrorisée. Après, tout a été très vite…

 

J’ai tout juste pu apercevoir ce qui me semblait être une sorte d’éclair noir traverser le corps de Pedro, avant de voir une sorte de main montrant son cœur ensanglanté. Je regardais, horrifié, Pedro. Mais celui-ci avait déjà les yeux dans le vide. La vie l’avait déjà quitté. Scarlett hurlait, et en quelques secondes, la « chose » qui tenait le cœur de Pedro, l’a lâché, le laissant tomber au sol, avant de s’allonger et se dirigeait droit vers le crâne de Scarlett, perforant ce dernier de part en part, sans qu’elle ai eu le temps de réagir. 

 

Comme elle l’avait fait pour le cœur de Pedro, l’ombre avait fait sortir le cerveau de Scarlett de sa tête, laissant le visage de cette dernière inexpressif, saisi par la rapidité de l’action de cette « chose ». Du sang dégoulinait sur son corps, glissant tout du long, jusqu’à arriver à ses pieds. Puis, l’ombre laissa choir le cerveau, celui-ci s’écrasant au sol, faisant entendre un bruit flasque, comme de la gelée qu’on aurait renversée. Juste après, la forme noire se retira de la tête de Scarlett. Celle-ci, son corps n’étant plus retenu, s’affala sur la petite table vitrée où se trouvaient nos verres, la brisant en éclat dans un bruit assourdissant, projetant des dizaines de gouttes de sang sur moi, et me laissant en proie à l’incompréhension, doublée d’une panique indescriptible en voyant la silhouette se positionner devant moi. Cette fois, j’étais sûr que ce que je voyais n’était pas dû à l’alcool. La silhouette se tenait pile en face de moi, semblant me narguer, et arborant une trace blanche à la hauteur de ce qui semblait former sa tête. Une trace prenant l’air d’un sourire, avant qu’un rire caverneux se fit entendre, résonnant dans toute la pièce…

 

J’étais terrorisé par cette vision, je n’arrivais même pas à réagir, tellement j’étais sous le choc, et pire encore, c’est au même moment que je m’aperçus, en suivant la ligne du corps de la silhouette noire, que l’ombre sortait de mon propre corps…. Ce qui me terrifiait encore plus. C’était de moi que sortait cette monstruosité qui venait de tuer sans le moindre état d’âme Pedro et Scarlett… Sortant de ma torpeur, je me levais, me précipitant vers la porte, oubliant le fait que la décence aurait dû me dire d’appeler la police. Mais comment leur expliquer ce qui venait de se passer ? Aucun policier ne m’aurait cru. D’autant que je sentais encore l’alcool, n’ayant pas encore évacué toutes les vapeurs de la veille. Il était évident que je passerais forcément pour le coupable dès l’instant qu’un inspecteur aurait franchi la porte de cet appartement….

 

Alors, je sortais sans me retourner, laissant la porte grande ouverte, dévalant les escaliers comme si j’avais le diable à mes trousses. Ce qui n’était pas totalement faux, au vu de la créature. Ne réagissant pas encore au fait que l’ombre était rattaché à moi, et que donc, quel que soit l’endroit où j’irais, elle serait en moi, sortant de moi, étant comme une sorte de double. Un double meurtrier. A cet instant, je n’ai pas fait le rapport avec l’accident. 

 

Ce n’est que plus tard, au moment où je me remémore tous les faits de ces derniers jours, que j’en ai pris conscience. Mais à ce moment-là, j’étais tellement en proie au choc et à la terreur que je n’étais pas capable de réfléchir à quoi que ce soit. Je courais sans savoir où j’allais, déambulant dans les rues, entendant toujours ce rire horrible qui résonnait dans ma tête. Combien de temps ai-je couru ? je l’ignore. J’ai perdu la notion du temps dès l’instant où j’ai vu les corps de Pedro et Scarlett perdre tout souffle de vie. Ce n’est que plusieurs minutes plus tard, après avoir parcouru ce qui me semblait être la moitié de la ville, que, la fatigue aidant, je finis par m’arrêter de courir, tentant de réfléchir à ce qui venait de se passer. Et là, je la vis. Se reflétant sur le mur en face de l’endroit où je m’étais posé. Dans une petite ruelle. Elle ricanait encore. Son rire pénétrait dans ma tête comme une aiguille, provoquant une douleur atroce. Elle me fixa un long moment, puis je la vis s’affaisser, rétrécir le long du mur, avant de se refondre en moi, disparaissant totalement, et me laissant dans le désarroi le plus total…

 

A partir de là, ma vie devint un enchainement de morts. A chaque fois que je tentais d’expliquer mon histoire à des connaissances, que je voulais leur expliquer ce qui était arrivé à Pedro et Scarlett, que je parlais de l’ombre me poursuivant, ou plutôt sortant de moi, je ne trouvais qu’incompréhension et inquiétude. Comment leur en vouloir en même temps ? En face d’eux se trouvait le visage blême d’un homme qui montrait les signes évident d’une névrose. Mais j’ai eu le malheur de parler de mon calvaire à des personnes que j’aimais, et j’avais l’impression que mon ombre le sentait, sortant au moment où je m’y attendais le moins, avant de massacrer sans vergogne les gens qui m’entouraient, et me laissant à chaque fois dans l’effroi et la peur. Terrorisé par les morts se succédant. J’ignore comment j’ai fait pour ne pas attirer l’attention, et ne pas m’être fait incarcérer sur le champ par des témoins. Mais il devint vite clair que l’ombre n’était pas qu’une simple ombre émanant de mon corps.

 

Elle réfléchissait, elle pensait, elle prenait garde à ce qu’aucun témoin ne soit présent dans les parages. Et les rares fois où il y en avait un, elle le faisait passer de vie à trépas en l’espace de quelques secondes, sans aucune pitié, ne me laissant pas le temps de réagir. Je sombrais dans la folie, n’osant plus demander d’aide à quiconque, m’enfermant dans un cocon de peur, sans comprendre comment me sortir de cette situation. Dans un éclair de lucidité, je finis par comprendre que pour agir, l’ombre avait besoin d’un reflet de lumière sur des objets, des surfaces, des matières. Si je parvenais à faire en sorte qu’il n’y ait aucune de ces sources, l’ombre ne pourrait pas se former, et donc tuer. C’était la seule solution. C’est à partir de là que je me suis enfermé chez moi, barricadant tout, Enlevant tout ce que je pouvais. Mais le moindre reflet filtrant à travers les fenêtres, les miroirs, de la surface du frigo, un rai de lumière en-dessous de la porte, la lumière du micro-ondes en action, la flamme de la gazinière, presque tout était propice à faire apparaitre l’ombre, qui prenait plaisir à me tourmenter en se projetant…

 

J’ai donc vidé entièrement une pièce de tout ce qu’elle contenait, formant un espace dénué de toute source pouvant permettre à l’ombre de naitre, n’utilisant plus d’objet, de matériel ou quoi que ce soit dans la journée. J’en vint au moment que je vous ai décrit au début de ce récit. Je sais que la folie a déjà pris possession de moi. J’ai même pensé à mettre fin à mes jours, mais à chaque fois, par le simple fait d’utiliser un objet créant un reflet, l’ombre m’en a empêché, projetant le semblant d’arme qui aurait pu enfin me libérer contre un mur, ou dans une autre pièce. Finalement, j’ai vidé la penderie, et m’y suis cloitré, dédaignant toute forme de nourriture en journée, pour ne pas prendre le risque de créer l’occasion à l’ombre de se former et continuer à se rire de moi, à me narguer. Ne sortant que la nuit, me reléguant dans cette pièce dénuée de toute possibilité à l’ombre de se former. A force de ce traitement, j’en viendrais à succomber, je le sais. J’ai décidé ce matin de ne plus m’alimenter du tout, de ne plus boire, et de rester enfermé dans ma penderie, attendant la délivrance de la mort, afin de ne plus subir la vengeance de cette femme par l’intermédiaire de cette ombre. Mon ombre. Ma malédiction.

 

On dit que le corps humain ne peut survivre à plus de 3 jours sans être hydraté ni avoir d’apport de nourriture. Donc, en faisant ainsi, je devrais mourir dans 3 jours. Dans 3 jours, je pourrais expier ma faute de manière définitive, et je serais libéré de cette ombre maléfique. Cette ombre maudite qui m’a fait devenir un meurtrier indirect, tuant ceux que j’aimais. Après tout, c’est mieux ainsi. De cette manière, je ne tuerais plus personne, et je ne souffrirais plus. Et les âmes de cette famille que j’ai détruite pourront elles aussi aller en paix, puisque leurs morts auront été vengées…

 

Publié par Fabs

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