1 mars 2022

BLATTES

 


 

Quand Terry et Jana apprirent qu’ils allaient être parents, la joie était plus que perceptible sur leurs visages. Après 2 fausses couches, cependant, ils avaient appris à être prudents à cette révélation, afin de ne pas être déçus au cas où une nouvelle déception briserait leur bonheur de couple idéal. Par deux fois, ils avaient versé des larmes amères en apprenant que leur rêve d’accomplissement de former une famille venait de s’envoler. Alors, à cette nouvelle annonce, qui intervenait un an après la précédente fausse couche de Jana, ils agirent dans leur quotidien de manière effacée. Terry, à nouveau, était aux petits soins pour sa jeune épouse, faisant attention à ce que celle-ci ne fasse pas d’efforts inutiles, l’appelant régulièrement de son lieu de travail afin de savoir si elle se portait bien, elle et le futur bébé. Son patron, qui était devenu aussi un ami de la famille, s’arrangeait pour ne pas surcharger l’emploi du temps de son meilleur artiste officiant au sein de l’agence de publicité qu’il avait créé depuis 10 ans, et qui était devenu, au fil du temps, une référence dans la petite ville de Breckenridge, surtout connue pour être une des destinations idéales pour les amateurs de randonnée et de ski. Du fait des montagnes abritant la Breck Ski Resort, la 3ème plus grande station de ski du Colorado, et l’une des destinations les plus populaires pour les amateurs de poudreuse.

 

Un environnement de rêve qui avait séduit Terry et Jana et où ils avaient emménagé dans une petite maison au pied des montagnes, tout près de la station, et à une demi-heure de voiture de la Breck Publicis, la société de Carson Flinn, où travaillait Terry. Une petite maison qu’ils avaient acquis en prenant en compte leur désir d’avoir un enfant, et possédant l’espace nécessaire pour l’accueillir. Quand Jana a eu connaissance la première fois qu’elle était enceinte, Terry s’était empressé d’aménager l’une des chambres en conséquence, sans même savoir le sexe de leur futur enfant, optant pour des couleurs pouvant convenir aussi bien à un garçon qu’à une fille. En se disant qu’une fois le sexe connu, il repeindrait la pièce dans les bons tons.

 

L’aptitude au dessin de Terry lui a permis de trouver rapidement un emploi au sein de Breck, le diminutif de Breckenridge employé par tous les habitants, pour désigner leur ville. Après une période d’essai, Terry a très vite impressionné Carson par son talent, qui l’a très vite promu chef de service, avec une équipe sous ses ordres. Les deux hommes se sont vite trouvés des points communs en matière d’art, d’histoire et de cuisine française, dont Carson était très friand. Leur autre passion commune était le ski, et dans un endroit comme Breckenridge, ils ne pouvaient rêver mieux, l’un comme l’autre, pour assouvir cette passion. Carson était veuf depuis une dizaine d’années, et n’ayant jamais eu la chance d’avoir d’enfants, il considérait Terry et Jana comme ceux qu’il n’avait pas pu avoir. Les soirées nombreuses passées en leur compagnie rapprocha encore plus Carson du couple, ceux-ci le considérant très vite comme bien plus qu’un simple patron ou un ami, mais un véritable membre de leur famille. Jana était orpheline et n’avait jamais connu ses vrais parents, balayée de foyers en foyers une grande partie de son enfance.

 

Sa rencontre avec Terry au bord d’un lac, alors qu’elle tentait de fuir une réalité ne lui apportant que désillusions, avait été une vraie délivrance pour elle, voyant en Terry une réponse à ses prières, elle qui était très croyante. Terry venait d’une famille aisée avec qui il avait coupé les ponts depuis peu, ne supportant plus la manière que celle-ci avait de considérer les « gens du peuple », comme elle les désignait. Le soir où il rencontra Jana, près de ce lac, il en était au même niveau qu’elle, en proie au doute et à l’incompréhension de sa condition. Le destin les avait rapprochés, tout comme il les avait fait connaitre Carson, devenu un vrai père pour eux deux. Et ce dernier ne manquait jamais l’occasion de les couvrir d’attentions, sous différentes formes. Il avait souffert au même titre qu’eux en apprenant les fausses couches de Jana, redoublant de gestes pour lui faire oublier la tristesse qu’elle ressentait à ces moments. Soirées, repas au restaurant ou au sein de sa maison, journées à la station de ski… Rien n’avait plus d’importance pour Carson que de rendre le sourire à Jana et Terry, abattus par le sort de ne pouvoir obtenir ce qu’ils désiraient le plus au monde.

 

Alors à l’annonce de Terry, lui ayant appris que Jana était à nouveau enceinte, il fut fou de joie, et entreprit même d’engager une aide familiale pour seconder Jana pour les moments de la journée où Terry n’était pas là, afin de s’assurer que sa grossesse se déroulerait dans les meilleures conditions possibles, et que Terry et Jana puisse enfin avoir leur petit bout de bonheur. Un bonheur qui se concrétisa finalement sous la forme d’un petit garçon quelques semaines avant le terme. Ce qui remplit d’angoisse aussi bien Terry que Carson, de peur que Jana ne subisse à nouveau une fausse couche… Mais cette fois, leur patience fut récompensée, et Carson Junior concrétisa leur rêve. Carson en eut les larmes aux yeux en apprenant que Terry et Jana avaient donné son prénom à leur enfant, et ce fut le début de longs mois de joie totale pour cette petite famille de Breckenridge. Une joie qui allait cependant être réduite à néant par la suite, après une secousse sismique qui ébranla la petite ville, et qui allait réveiller un mal insidieux, se montrant sous une forme alliant dégoût et terreur auprès de Terry et Jana, au sein de leur maison, située, sans qu’ils le sachent, juste au-dessus du nid de ce même mal, et transformant leur vie merveilleuse en cauchemar absolu.

 

Les premiers aspects de cette menace à venir se montra deux jours après la secousse, par le biais d’odeurs putrides venant de leur cave, qui montrait des fissures sur le sol. Des fumées jaunâtres s’élevaient du sol, denses et nauséabondes, faisant penser aux effluves d’un cadavre fraichement déterré d’une tombe cachée. Terry fit venir une équipe spécialisée dans ce genre de désagréments, qui parvint à comater les fissures laissant échapper ces fumées étranges, dont la teneur, d’après l’équipe chargée du travail, faisait penser à du souffre et de l’ammoniac. Malgré la peur suscitée par ces fumées qui se dissipèrent, se propageant dans les méandres du bois et des murs de la maison, Terry et Jana, après avoir rassuré Carson, tenu au courant des évènements, furent soulagés après que les fissures furent bouchées. Ce qu’ils ne savaient pas, c’était que les fumées qui s’étaient dispersées dans les murs de leur maison, étaient loin d’être anodines, et allaient développer une mutation sur des visiteurs présents chez eux, les transformant en une terreur aux conséquences désastreuses pour leur famille. Des créatures qui ont la fâcheuse tendance à provoquer le dégoût de par leur aspect et leur nature sous leur forme classique. Des blattes.

 

Pas les petits cafards ridicules des maisons européennes. Non, là, il s’agissait bel et bien des blattes américaines, dont la taille ferait pâlir n’importe qui n’ayant pas l’habitude de voir déambuler ces véritables petits monstres sur pattes qui peuvent atteindre la taille de 40 mm à l’âge adulte, et capables de contaminer aliments et environnement par les pathogènes et bactéries néfastes qui se fixent à leur corps, et qu’elles véhiculent en déposant leurs excréments sur les sources de nourriture qu’elles consomment. Ingérer un aliment où sont passés des blattes peut provoquer des infections intestinales fortes et durables, suivant la dose consommée par inadvertance. Mais ces blattes-là étaient encore bien plus que cela, ayant un comportement bien plus belliqueux que n’importe quelle espèce de leur ordre. Et surtout, elles pouvaient supporter le froid, au contraire de leurs congénères habituels dans les maisons américaines. Une mutation dû aux étranges vapeurs étant sorties du sol, et qui avaient agi sur les œufs au sein des murs de la maison. Œufs qui s’étaient retrouvés enfermés dans des matériaux utilisés pour la construction de la demeure, avant d’entrer dans une sorte d’hibernation au contact du froid de l’atmosphère de Breckenridge, avant d’être en quelque sorte réanimés par les effluves lâchées par la secousse sismique intervenue dans les profondeurs de la ville, et étant parvenues jusque dans la cave de Terry et Jenna.

 

C’est Jenna la première qui, au bout de quelques semaines, s’aperçut de la présence des ces squatteurs désagréables. Elle en vit deux spécimens, alors encore à l’état de nymphes, se balader au milieu de la cuisine, ce qui l’avait rendu hystérique, ne supportant pas la vue d’insectes, de quelque ordre que ce soit. Une phobie qu’elle avait depuis l’enfance, et qui l’avait accompagnée jusqu’à l’âge adulte. Elle appela Terry, lui faisant part de la présence de blattes dans la cuisine. Terry, d’abord incrédule, car sachant que les blattes ne peuvent vivre dans des températures froides comme il y en a à Breckenridge, pensa d’abord qu’il s’agissait d’autres insectes, pouvant faire penser à ces bestioles. Mais il dut bien se rendre à l’évidence quand Jenna lui fit parvenir une photo sur son portable, prise malgré sa peur des insectes, qu’il s’agissait bien de blattes.

 

Écoutant la voix terrorisée de Jenna, Terry demanda à Carson s’il pouvait avoir un congé exceptionnel pour la journée à Carson, lui expliquant le fait. Celui-ci, connaissant l’aversion maladive des insectes de Jenna, lui accorda sa demande sans poser plus de questions. Lui aussi fut étonné de la présence de blattes sous ces latitudes, et il fut le premier à poser la question si cela ne venait pas des fumées venant du sol de leur cave, suite à la secousse sismique récente subie par la ville, qui était peut-être à l’origine de la présence incongrue de ces blattes au cœur de leur maison… Terry se posait la même question, bien que cela lui semblait improbable que de simples fumées ait pu opérer à une telle mutation. Mais pour l’instant, il se préoccupait surtout de l’état de panique de Jenna, et il se précipita hors des bâtiments de la société, et fonça vers leur maison, afin de tirer ce fait au clair. Connaissant la propension de ces bestioles à se reproduire rapidement, leur présence n’était pas pour le rassurer. Il lui faudrait rapidement détecter le nid des blattes, et le détruire, avant de subir une invasion en règle. Et il pensait aussi à leur bébé. Si ces insectes se déplaçait dans les murs et trouvait la moindre fissure leur permettant d’accéder à la chambre de Carson Junior, il n’osait imaginer la réaction de Jenna si elle voyait l’une d’entre elles dans le berceau de leur enfant…

 

Arrivé à leur maison, il trouva Jenna prostrée dans un coin du salon, le visage blême, se parlant à elle-même, en proie à une panique évidente. Il alla vers elle dans un premier temps, tentant de la rassurer du mieux qu’il pouvait. Celle-ci finit par se calmer, et Terry parvint à la faire asseoir sur un des fauteuils de la pièce, la rassurant à nouveau, et lui disant qu’il allait s’occuper de ces bestioles. Hochant de la tête, Jenna montrait qu’elle comprenait. Là-dessus, Terry se rendit donc à la cuisine, afin de déloger l’ennemi intérieur. Et une fois sur place, quelle ne fut pas sa surprise de voir non pas une ou deux blattes, comme le lui avait indiqué Jenna, mais tout un groupe, vadrouillant sur le sol, passant de dessous le frigo à l’évier. Certaines se déplaçant même sur les murs. Et leur taille… Il avait l’impression de rêver… Si la plupart qu’il voyait était des jeunes, dont le corps n’était pas encore fini de former, un grand nombre avait l’âge adulte… Comment ces bêtes avaient pu se développer à un tel niveau en si peu de temps ? Il n’y en avait jamais eu ici, et pour cause. Le froid de la région empêchait  ces insectes de s’y installer. Il ignorait la nature des fumées qui étaient sorties du sol, mais comment avaient-elles pu permettre un tel changement de comportement à des insectes détestant le froid ?

 

Mais ce n’était pas le seul étonnement qui le submergea. Un instant, il crut qu’il était en train de rêver, tellement ça semblait impossible… Il vit qu’en bas du frigo, il y avait un trou. D’une circonférence suffisante à ce que ces bestioles puissent entrer. Il connaissait les facultés de ces insectes à manger tout et  n’importe quoi, mais de là à être capable de percer du métal ! Dans le même temps, il voyait d’autres spécimens ronger le bois des placards muraux, tentant de s’introduire à l’intérieur, et l’une d’entre elle, positionné sur le robinet, donnait l’impression de tenter de croquer l’alliage ferreux dont il était constitué. Pour Terry, ça relevait du cauchemar. Il n’y avait que dans les films d’horreur qu’on pouvait voir ce genre de choses. Mais là, il était dans la réalité. Il se pinça afin d’être sûr de ça. Ressentant la douleur, il savait qu’il ne rêvait pas et que ce cauchemar n’était pas une illusion. S’emparant d’une serviette, qu’il mit en rouleau, afin de se constituer une arme propre à tuer ces ennemis inédits, il s’avança, écrasant sous ses pieds ceux qui grouillaient au sol, dont le nombre semblait augmenter au fur et à mesure de ses attaques. C’était comme si elles ressentaient la mort des leurs, et se positionnaient pour remplacer les pertes. Mais c’était un raisonnement qui ne pouvait être pour des insectes !

 

Pourtant, malgré les coups qu’ils portaient aux blattes sur les murs, les meubles et le sol, dont le nombre ne cessait de grandir, il comprenait bien que celles-ci n’avaient rien à voir avec des blattes communes. Complètement terrorisé par le comportement irréel des insectes, et leur nombre ne cessant de croître, il reculait. Mué par un instinct de curiosité qu’il ne parvenait pas à contrôler, il ouvrit la porte du frigo, juste pour savoir si des blattes étaient à l’intérieur, au vu du trou figurant en bas de celui-ci. Et là, l’horreur fut à son comble en ouvrant ce dernier. Les aliments étaient submergés par des tonnes de blattes, de différentes tailles, se déplaçant sur les cloisons, les grilles de séparation avaient été sectionnées de toutes parts, les assiettes rongées également, tout comme les boites plastiques de conservation. Ce qu’il voyait tenait du cauchemar complet…Ces blattes étaient capables de dévorer n’importe quoi, et leur appétit semblait au-delà de tout ce qui était possible de concevoir pour leur espèce. De plus, il avait l’impression qu’un grand nombre d’entre elles le fixaient, comme si elle le défiait, tel un ultimatum. Il repensait à ce film de Saul Bass, « Phase 4 » qu’il avait vu étant jeune. Il avait l’impression de se retrouver en plein cœur du film. Sauf que ces blattes avaient remplacées les fourmis intelligentes…

 

Ne sachant que faire face à une telle invasion, il reculait vers la porte de la cuisine, avant de la franchir et refermer derrière lui. Au même instant, il entendait Jenna hurler de terreur, l’appelant à l’aide, en criant qu’elles étaient partout, qu’elles étaient sur elles… Qu’elle sentait leurs morsures sur sa peau et sur son visage. Totalement affolé, Terry se précipitait vers l’endroit où il avait laissé Jenna, et le spectacle qu’il vit le glaça comme jamais il n’aurait cru que cela était possible… Le salon était parsemé de blattes, aussi loin qu’il lui était possible de voir. Elles sortaient des murs, ceux-ci étant parsemé de trous multiples, ce qui voulait dire qu’elles étaient même capables de dévorer du ciment et de la pierre ! Mais c’était quoi ces monstres ! ça ne pouvait pas exister des trucs pareils ! Il se pinçait à nouveau, avec le même résultat que précédemment : il ne rêvait pas ! Tout ça, aussi impossible que ça paraissait, était bel et bien réel ! Ayant toujours la serviette à la main, il fonçait vers Jenna, balayant les blattes qui étaient sur elles, non sans mal, pour s’apercevoir des nombreuses blessures parsemant son corps ensanglanté. Jenna était dans un état presque catatonique à présent, et il devait presque la porter pour parvenir à la faire avancer. Et puis, une pensée horrible lui parvenait à l’esprit… Et si les blattes parvenaient dans la chambre de leur fils ?

 

Horrifié à cette idée, il demandait à Jenna de bien s’accrocher à lui, et surtout de rester éveillé, qu’ils devaient monter à l’étage pour chercher Carson Junior. A ces paroles, Jenna redoubla de sanglots, psalmodiant des paroles, priant pour son bébé. La rage du désespoir sembla lui donner la force de gravir les escaliers envahis par les blattes, le bruit de leurs pattes, partout sur les murs, se faisant entendre, comme un bourdonnement infernal, pendant qu’elle devançait Terry, qui écrasait en nombre les insectes sur leur chemin, évitant du mieux possible les quelques vols d’entre elles se dirigeant vers eux, en représailles de ses attaques, utilisant ses bras et ses mains pour contrer les assauts…

 

Ils parvinrent finalement à l’entrée de la chambre de leur fils, la peur au ventre… Curieusement, en entrant dans cette dernière, ils ne virent pas de traces des insectes, aussi bien sur les murs que sur le sol. Ils devaient être arrivés juste à temps pour sauver leur bébé. La porte était dotée d’un dispositif anti-incendie à sa base, tout comme sa constitution, et Terry n’avait pas vu de trou sur celle-ci, ni sur les murs de la chambre. Confiant, il laissa Jenna s’approcher du berceau pour prendre Carson Junior… Quand il vit son visage s’emplir d’un blanc extrême, les yeux exorbités, avant de la voir tomber à genoux sur le sol, en proie à une terreur intense.

 

Ayant peur de comprendre, il se rua vers le berceau, et c’est une vision d’horreur sans égal qu’il put voir à ce moment… L’intérieur du berceau était noir de blattes, les langes avaient été mises en lambeaux, du sang était visible sur ses abords, pendant que leur fils avait été réduit à l’état de squelette, d’où émergeaient des insectes par centaines. Sortant des orbites vides de ses yeux, de sa bouche, ou des restes des draps. S’abattant au sol aux côtés de Jenna qui ne donnait plus signe de présence, étant dans une forme de transe dû à l’horreur du spectacle de son enfant dévoré par les blattes, il vit une nuée de celles-ci sortant du plancher sous le berceau, formant comme une marée montante jusqu’au fond du berceau, où elles s’y déversaient en masse. Terry était anéanti par ce spectacle monstrueux, et il ne bougea même pas quand les insectes, sans doute lassées de ronger les os de Carson Junior, se dirigèrent vers lui et Jenna, s’abattant sur leur corps, avant de commencer à les dévorer vivants. Son état était tel qu’il était incapable de proférer le moindre son, tout comme Jenna, partie avant lui, pendant que ses chairs étaient consommées avec délectation par les blattes. Il n’entendit pas le craquement du bois de la porte de la chambre, avant que celle-ci fasse place à un déferlement d’insectes dans la pièce, pendant que les murs laissaient sortir d’autres spécimens à travers les trous creusés. Il ne se rendit pas compte de sa mort lente et inexorable, tout comme celle de Jenna à ses côtés.

 

Ses dernières pensées furent pour Carson, se demandant si son cœur parviendrait à tenir le choc en découvrant leurs corps dénués de toute chair sur leurs os, de même que Carson Junior. Et plus encore de ce qu’il adviendrait de Breckenridge si ces monstruosités sortaient de la maison pour se diriger vers les autres maisons, où les habitants seraient voués à subir le même sort. Cette nuit, le statut d’insecte avait changé de côté. Pendant des siècles, des millénaires, même, l’homme n’a cessé de s’amuser à détruire, tuer, brûler, noyer des insectes, au gré de jeux cruels, censés émaner d’êtres innocents comme le sont les enfants. Aujourd’hui, ce statut venait d’être modifié, reléguant l’être humain à celui d’insecte à son tour, face à une créature devenue dominatrice sur la pyramide d’évolution. Et qui sait si d’autres créatures du même type, autre que les blattes, ne subiraient pas des mutations analogues par la suite, du fait de ces émanations qui ne pouvaient venir que de ce que les hommes appellent l’Enfer. Des siècles durant, l’homme s’est attendu à l’apocalypse, sous la forme de démons venant des tréfonds de la Terre. Jamais il n’aurait pu imaginer que celle-ci prendrait une telle forme pour signifier son avènement…

 

Publié par Fabs

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Comme tu dis ^^ C'est une histoire qui ravira ceux et celles qui paniquent en voyant ces petites bêtes se balader chez eux 😅

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