Je ne supporte plus ces cris de terreur parsemant les rues de la ville, ces corps éventrés gisant dans les moindres recoins, ces enfants défenestrés par leurs propres parents et ayant fini leur vie la tête éclatée sur le bitume du trottoir de l’immeuble où, il y avait encore quelques jours, ils vivaient en harmonie au sein de leur famille. Ces familles devenues en peu de temps des meurtriers sans aucune pitié, aux yeux noircis par la haine, leurs veines gonflées par ce venin circulant dans leur corps, tel un virus ayant transformé jusqu’à leur âme, faisant d’eux des marionnettes au service d’un mal insidieux, dans le seul but de tuer encore et encore, jusqu’à ce que leur propre corps lâche, du fait de l’afflux sanguin submergeant leur cœur de plein fouet. Les bulletins d’informations ne cessent de colporter les méfaits de gens ordinaires soudain devenus des monstres sanguinaires en puissance, pourchassant sans relâche tous ceux et celles se trouvant sur leur chemin, les réduisant à l’état de bouillie de chair sur le sol de leur maison, à l’entrée des commerces et des immeubles, et même au sein des hôpitaux, d’où le mal est parti. Et tout ça à cause de moi…
Car oui, toute cette folie environnante ayant transformé le pays en quasi-zone de guerre, c’est moi qui en suis l’origine. Je ne cesse d’observer, à travers la fenêtre de mon appartement, où je me suis réfugié, cette cité devenue l’épicentre d’un virus de violence s’étendant toujours plus, y compris au-delà des frontières et des océans. Si au départ, cette vague de meurtres se limitaient aux alentours de Pittsburgh, où tout a commencé, très vite, des cas similaires à ceux enregistrés dans les hôpitaux de la ville se sont fait connaitre dans les communes avoisinantes, puis dans d’autres états, très vite, d’autres pays ont mentionné eux aussi les mêmes actes de violence démesurées. Que ce soit dans les campagnes isolées ou les zones urbaines, les banlieues, au sein de maison, d’entreprises diverses, de commerces. Atteignant des personnes dont la bonté et la douceur étaient connus de tous, étant devenus des équivalents de Jack L’Éventreur, et parfois bien pire encore. Une sauvagerie devenue internationale, qui est en train de faire de la Terre un cimetière à ciel ouvert, n’épargnant aucune classe sociale.
Riches ou pauvres, il n’y a plus de fossé les séparant par des richesses ou des propriétés, des emplois, des relations. Tous sont égaux dans le meurtre, la barbarie sans limite, la cruauté à l’état brut. Des bébés sont brûlés vifs, des femmes découpées en morceaux en pleine rue par des groupes de différents âges, des SDF devenant l’objet de jeux monstrueux, où leurs membres servent de test de résistance, les tortionnaires observant la douleur ressentie par leurs victimes, le sourire aux lèvres, attendant patiemment le moment où la vie s’enfuit de leurs visages, de leurs corps. Des abominations surviennent partout, relayées par les médias concernant ce fléau. Même les armées des différentes nations sont impuissantes, car elles aussi ne sont pas exemptes de cas de meurtres au sein de leurs troupes, infligeant des morts par centaines, par milliers à travers le monde. Notre monde est devenu l’équivalent de ce que l’on montre dans les films d’horreur les plus alarmistes, et même au-delà. Personne ne sait comment stopper le flux de cette aura sanguinaire qui enveloppe les continents, les archipels et les îles les plus lointaines.
La faute à une campagne marketing savamment orchestrée pour vendre cette infusion qui a causé ce désastre international. Mon infusion. Celle que j’ai développée à partir de cette plante à fleurs découverte au sein des montagnes du Tibet, dans cette lamaserie où j’ai été recueillie par des moines, après avoir manqué de perdre la vie, à la suite d’une avalanche. Si j’avais écouté les recommandations de ces mêmes moines, qui me déconseillaient d’utiliser cette plante à grande échelle… Ils m’avaient averti qu’une trop grande consommation de cette dernière pouvait avoir des vertus bien plus néfaste que ses propriétés guérisseuses. Mais je ne les ai pas crus, et voilà où j’en suis à présent. Attendant qu’un des fous dehors ou dans l’immeuble où j’habite, se décide à défoncer ma porte, et m’ajoute au rang des victimes. Mon geste est sans doute dérisoire, car où que je regarde, que ce soit au-dehors, à travers ma fenêtre, ou en regardant les flashs d’infos, je du mal à croire que mon histoire soit lue par quelqu’un de censé. Et les rares n’ayant pas encore sombré dans la folie, sont devenus des corps mutilés sur l’asphalte, des morceaux de viande placardés sur un mur, un bureau, des bras ou des jambes en moins, finissant parfois dans l’estomac des plus atteints.
Car oui, c’est un autre versant des effets de cette plante que j’ai ramené du Tibet, en grandes quantités, afin de satisfaire mon ambition d’homme d’affaires, obsédé par le désir de gagner toujours plus de bénéfices. Cette plante, une sous-espèce extrêmement rare du Lycium Barbarum, plus connu sous le nom de Lyciet, aux vertus antioxydantes bien connues du monde médicinal, a la particularité, suivant une préparation bien précise, de « régénérer » les plaies les plus profondes, les maux les plus enfouis du corps. Dans les faits, une infusion faite à partir des fleurs de cette plante est capable de guérir des blessures de toutes sortes. Que ce soit de simples écorchures ou bien des coupures faites par la lame d’un couteau. Elle peut soulager les maux de tête les plus persistants, faisant d’elle un remède miracle qui, jusqu’à ce que j’en découvre l’existence, restait inconnu du monde occidental. Elle est utilisée depuis des siècles par les moines tibétains, mais le secret de la fabrication de la tisane permettant d’exploiter ses vertus extraordinaires est gardée jalousement par la communauté monastique des régions tibétaines.
Cette plante, nommé par les moines la « Plante de la Régénération », ou « Lycium Barbarum Regeneratum » de son nom complet et scientifique a cependant deux propriétés. Mal utilisée, ou si l’on commet une erreur dans la préparation, elle peut avoir l’effet inverse, et provoquer des maux très intense dans tout le corps, sans compter une dépendance très forte si on la consomme sur une trop longue durée, et en grandes quantité. Des maux qui peuvent perturber les neurones du cerveau, modifier leur structure, et faire régresser les cellules constituant la conscience de l’être humain. Pour faire simple, la « Plante de la Régénération », peut aussi bien être un véritable médicament naturel fabuleux et dans le même temps une véritable arme chimique destructrice, pouvant radicalement changer la personnalité de celui qui la consomme à fortes doses. Comme une drogue, mais à une échelle encore plus élevée, et causant des dommages psychologiques irrémédiables. Impossible de revenir en arrière une fois que les effets de cette plante ont modifié les cellules régissant la manière de penser d’un être humain. En faisant pratiquement une bête sauvage, réveillant les pires instincts enfouis dans les gênes de l’homme, quel que soit son origine, le continent où il habite ou ses habitudes sociales.
Et c’est cette plante que j’ai eu la brillante idée de commercialiser, voyant en elle la source d’une fortune colossale en devenir, pouvant m’apporter gloire et richesse, et une renommée médicale sans précédent. Mais ces rêves de glorification ont été réduits à néant pour n’avoir pas écouté les mises en garde des moines de la lamaserie où j’ai découvert son existence. Je me souviens de ce voyage effectué au Tibet qui a été le point de départ de ce cauchemar qui se déroule actuellement dans le monde. Je sortais d’une rupture amoureuse, m’ayant fait sombrer dans une dépression grandissante. Je négligeais mes affaires, étant à la tête d’une entreprise de vente de produits médicinaux pour les pharmacies. Une entreprise florissante, ayant des succursales dans des centaines de pays à travers la planète. Mais le mal ressenti par ma rupture m’a fait passer l’importance de gestion de ce véritable empire bâti de mes mains au second plan. Je n’avais plus le moindre goût aux affaires, je refusais des transactions, des rendez-vous d’affaires, oubliais des réunions internes, trouvant de moins en moins d’intérêt à me nourrir, ou participer à des soirées, inquiétant mes associés de me voir en pleine déchéance, et s’alarmant de ce que mon état, s’il était colporté par les médias, pourrait avoir comme conséquence sur l’image de la société.
C’est mon bras droit qui m’a conseillé de me rendre au Tibet, pour me « ressourcer », en me plongeant dans un lieu où toute forme d’industrialisation était inconnue, loin des tracas financiers du monde civilisé, tel qu’on le désigne vulgairement. Et loin du souvenir de Natasha, celle qui avait partagé ma vie durant 12 ans, avant de me quitter, lassée de n’être vu par moi que comme un objet m’accompagnant dans mes déplacements, mais oubliant qu’elle avait des sentiments sincères pour moi, ce qui n’était pas vraiment partagé. En tout cas, je ne lui montrais pas assez. Il a fallu qu’elle me quitte pour que je me rende compte que sa présence m’était indispensable, mais il était trop tard pour réparer mes fautes envers elle. J’avais tout gâché par mes ambitions, mon besoin de faire fructifier mes affaires plutôt que de consacrer des moments d’intimité à la seule personne qui m’aimait vraiment, au contraire de tous les laquais qui me mangeait dans la main chaque jour devant moi, mais rêvant secrètement de prendre ma place, dès que j’avais le dos tourné…
J’étais réticent au départ, ne voyant pas en quoi un tel voyage pourrait me faire mettre de côté une telle erreur de ma part. Cette séparation qui me minait chaque jour un peu plus… Finalement, à force d’insistance, Erik, mon bras droit, a fini par me convaincre. Il a réservé un vol pour le Tibet, ainsi que les services d’une société locale de tourisme pour m’établir un parcours idéal au sein des montagnes Tibétaines, pour une durée de 8 jours. Alors, j’ai pris l’avion me menant là-bas. Sur place, j’ai suivi les conseils de la société de tourisme, me suis équipé en conséquence, et je suis parti affronter les cimes, au cœur d’une nature à la fois belle et dangereuse. Si les premiers jours étaient, je dois bien l’admettre, à la limite du paradisiaque, tellement les paysages rencontrés, et la nature qui m’entourait était si belle et enchanteresse, tout dérapait le matin du 5ème jour de mon séjour en solitaire dans les montagnes tibétaines.
Il était à peine 8 heures quand j’entendais un grondement sourd semblant venir de l’extérieur de ma tente, sur la petite plaine où je m’étais installé le soir précédent, juste au pied d’un pic imposant. Une fois sorti, afin de découvrir l’origine de ce bruit dont l’ampleur grandissait de plus en plus, j’eus la stupeur de découvrir une immense coulée de neige qui se dirigeait vers l’endroit où je me trouvais, à une vitesse folle. Je tentais de m’enfuir, cherchant désespérément un abri où me protéger de cette véritable marée blanche, laissant sur place mes affaires. Mais mes jambes étaient nettement moins rapides que l’avalanche, et je fus vite englouti dans les flots de neige déferlant et emportant tout sur leur passage. Je ne sais pas comment, mais j’ai survécu. Cependant, mon sort n’était pas vraiment rassurant. J’étais parsemé de blessures ouvertes, et je ne pouvais plus bouger la jambe droite. Il semblait évident qu’elle était cassée. Rajouté à ça qu’un vent glaçant balayait l’endroit où j’étais tombé, à des centaines de mètres plus bas que la plaine où j’avais installé mon campement. Je risquais l’hypothermie, mes vêtements étaient déchirés de partout, menaçant de geler mes plaies, ce qui pouvait me mener à une mort certaine si je ne bougeais pas très vite.
Mais j’avais beau tenter de me déplacer, la douleur ressentie à chaque effort de la part de ma jambe blessée était insupportable. Je pleurais de désespoir, voyant ma dernière heure arrivée. Est-ce comme ça que j’allais finir, loin de tout ce que je connaissais, au milieu de nulle part, finissant comme une loque abandonnée au sein de cette montagne qui devait me faire oublier ma peine, et qui en avait déclenché une autre ? Je retentais d’autres déplacements, malgré la douleur, déclenchant des hurlements à chaque tentative, mais en vain. Je ne parvenais qu’à intensifier ma souffrance, et avancer de quelques centimètres. J’étais sur le point de perdre connaissance, à cause d’un nouvel essai, quand mes yeux aperçurent des silhouettes loin devant moi. Mais je n’eus pas le loisir d’en voir plus, car je m’évanouissais juste après…
Je ne sais pas combien de temps il s’était passé ensuite, j’avais perdu toute notion de temps. Mais à mon réveil, je me retrouvais dans une chambre dont le mobilier, les tentures, et la présence d’objets religieux appartenant au bouddhisme ne faisaient aucun doute : je devais me trouver dans un temple ou quelque chose du même genre. Mes blessures avaient été soignées, et je portais un atèle à ma jambe cassée. Peu de temps après, je recevais la visite d’un moine, semblant satisfait de mon réveil. Il m’indiquait que je devais ma vie à un groupe de sherpas en expédition, ayant eu connaissance de l’avalanche, et cherchant ma trace. Ils avaient été prévenus de ma présence dans les montagnes et étaient partis sur mes traces, et avaient eu la chance de me trouver. A cause de ma jambe cassée, ils ne pouvaient me descendre jusqu’en ville, alors, ils m’ont conduit à cette lamaserie où les moines m’avaient pris en charge, le temps que je sois capable de marcher à nouveau, et repartir vers la civilisation.
C’est là que je goûtais la première fois aux pouvoirs des fleurs de la « Plante de la Régénération », sous forme d’une tisane que le moine me tendait, m’indiquant que cette boisson me guérirait très vite de mes plaies et blessures, tout en arborant un sourire amical. Je remerciais le moine de sa gentillesse et de l’accueil au sein de leur lieu de vie. J’avais un peu de mal à croire qu’une simple tisane parviendrait à me remettre sur pied, mais je ne voulais pas vexer mon hôte. J’en avais bien pour un mois au minimum pour que ma jambe daigne à nouveau me porter. Cependant, dès le lendemain, la plupart de mes blessures s’étaient miraculeusement résorbées, sans que j’en comprenne la raison. Et ma jambe pouvait également se mouvoir de manière significative. Ça tenait du miracle. J’en étais à me demander comment une telle magie avait pu opérer quand le moine revint, afin de m’apporter une nouvelle tasse de tisane, me précisant qu’avec cette 2ème tasse, ma guérison serait finie dès le lendemain matin, et que je pourrais repartir.
Un peu suspicieux sur une telle assurance, je buvais néanmoins la tisane. Mes doutes disparurent dès le lendemain en découvrant que ma jambe était complètement fonctionnelle, et il n’y avait plus la moindre trace de plaies nulle part sur mon corps. C’était juste dingue ! Comment une simple boisson chaude pouvait réparer un corps de cette manière. Dès lors, mon instinct d’entrepreneur prit le dessus, et je me mis en quête de renseignements sur la confection de ladite tisane. J’avais déjà en tête de la reproduire à grande échelle. Une plante en infusion capable de guérir les blessures les plus graves, c’était de l’or en barres à grande échelle ! Je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité.
Cependant, les moines, et notamment le Grand Prêtre de la Lamaserie, ne paraissait pas avoir les mêmes ambitions que moi concernant leur secret. J’avais beau leur assurer un pourcentage des recettes de vente conséquent, ils refusèrent net toutes mes propositions, les unes après les autres. De dépit, je n’insistais pas, et indiquais que je reprendrais ma route dès le lendemain. Malgré tout, le destin me fit un présent en la personne d’un jeune moine, apparemment moins réticent que les autres à divulguer la manière de fabriquer la fameuse tisane régénératrice. C’est lui qui m’indiquait de quelle plante elle était issue, où on pouvait la trouver, et la recette de préparation. En retour, il désirait une petite compensation financière, afin de subvenir à la réparation d’une des ailes de la lamaserie, qui tombait en décrépitude, et qui demandait des travaux importants. Des travaux nécessitant de l’argent en grande quantité. L’orgueil du Grand Prêtre faisait que celui-ci refusait de s’abaisser à demander l’aumône pour ces réparations à qui que ce soit, et encore moins de vendre des objets des lieux, voire des secrets pour permettre l’apport financier nécessaire pour que les murs menaçant de s’écrouler ne tombent en ruines, ce qui serait très dommageable pour la lamaserie.
C’est pour cette raison, allant contre l’avis du Grand Prêtre, que le jeune moine me donnait tous les renseignements que je voulais, en me préconisant malgré tout de réduire la consommation de la tisane à deux absorptions sur deux jours au maximum, quel que soit la blessure. Précisant qu’en boire plus pouvait provoquer de graves conséquences sur le corps, voire le mental des consommateurs. Trop heureux d’obtenir ces informations, pouvant m’assurer une gloire sans équivalent, en plus d’une découverte médicale d’une importance capitale, je promettais de me conformer à ces recommandations. Mais ce n’était, bien sûr, qu’une promesse en l’air, et la suite fit qu’une fois revenu au sein de mon entreprise, complètement guéri de ma rupture amoureuse m’ayant fait découvrir cette plante miraculeuse, j’entrepris de faire fabriquer la boisson à grande échelle, envoyant des équipes en grand nombre pour récolter des tonnes de celle-ci, et en la faisant reproduire en serres sur le territoire américain, dans plusieurs endroits, afin de m’assurer de ne jamais manquer de matière première à la tisane miraculeuse.
S’ensuivait une campagne publicitaire monstre, indiquant les vertus guérisseuses de cette tisane révolutionnaire, et appuyant son action faite sur des volontaires test, des malades atteints de cancer, des blessés de guerre ayant vu leurs jambes repousser en quelques jours seulement, des gens souffrant du cœur et d’autres maux tout aussi graves, tous devenus des miraculés grâce à la tisane et la plante ayant permis sa confection. Les hôpitaux furent les premiers à s’intéresser de très près à ce produit miracle, et très bientôt, les ventes de la tisane explosèrent tous les pronostics possibles. J’entrais dans une phase de bonheur total. Un sentiment de victoire qui s’arrêtait quand les premiers signes de violence dû à l’absorption de la tisane se firent connaitre. Au départ, le lien avec cette dernière ne fut pas prononcé. Beaucoup pensaient qu’il s’agissait de coïncidence. Mais d’autres tests indiquaient les propriétés très toxiques de la tisane quand elle était consommée en grande quantité. Mais quand ce fait fut établi, il était déjà trop tard, et la folie causait une gangrène totale au sein de la population.
Les premiers signes montraient des malades avoir des accès de violence envers les infirmières, les mordant, les griffant, ou tentant de les blesser à l’aide d’objets divers, allant d’un verre brisé aux morceaux de métal et de plastique obtenus en cassant leurs téléphones portables. Très vite, ces violences s’accompagnèrent d’agressions pures et simples dans les couloirs, envers les médecins, les visiteurs. Puis ce furent les premiers meurtres, sauvages, brutaux, sanglants. Le phénomène s’étendit dans les foyers, les commerces, les membres des conseils municipaux, les entreprises. Chaque jour qui passait, la folie s’étendait, la police recevait des appels à l’aide en nombre incessant, et restait impuissante face au flux de victimes de ce virus d’un nouveau genre, apportant chaque jour un peu plus de cas et de morts. En l’espace d’un mois, le pays se transformait en Luna Park de l’horreur, tel que je vous l’ai décrit au début de ce récit, s’étendant dans les autres contrées où la tisane avait été commercialisée. Quand j’ai eu connaissance des premiers cas, j’ai cru à une tentative d’un concurrent de décrédibiliser mon produit, mais je dus vite me rendre compte de la réalité des faits sanguinaires qui se déroulaient à cause de cette plante à l’origine de tout.
Et maintenant, à force d’errance, à tenter d’échapper à une masse de fous furieux, atteint d’un mal insidieux à cause de ma soif de notoriété, j’ai fini par m’enfermer chez moi, espérant tenir le plus longtemps possible avant de finir en charpie par une des bêtes sanguinaires que j’avais involontairement créé. Et j’ai commencé à rédiger mon histoire, ici, sur les pages de ce site que quelques-uns liront peut-être, afin de comprendre qui est responsable de tout ça, de cette vague de folie sanguinaire, à défaut de pouvoir expliquer comment l’arrêter. Car il n’y a pas de remède. Nous sommes condamnés à devenir des tueurs en puissance ou bien à l’état de victime sous la main des premiers. Mais j’aurais au moins eu la satisfaction d’avoir libéré ce poids sur la conscience ancré en moi. Alors, à ceux qui liront ceci, bonne chance à vous. Puissiez-vous trouver un endroit sur terre vous permettant d’échapper à la mort. Pour moi, c’est déjà trop tard. Je les entends tambouriner à ma porte. Je les entends tenter de la défoncer. Je sais qu’elle ne résistera pas longtemps. Comme je n’ai pas succombé, n’ayant pas bu de mon propre poison après mon séjour à la lamaserie, je sais déjà comment je vais finir…
Publié par Fabs
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