22 sept. 2022

JEU DE RÔLES MORTEL

 



 

Il vous est déjà arrivé de vous demander d’où venait l’inspiration des créateurs ? Que ce soit pour des films, des séries, des jeux vidéo, ou même des jeux de plateaux. Cette dernière catégorie est sans doute la plus parlante, car c’est à cause d’elle que je me retrouve aujourd’hui à raconter mon histoire à travers les lignes de ce site, en utilisant mon téléphone… Mes paroles vous paraitront peut-être celle d’un illuminé qui, à force de jouer, en est venu à confondre le réel de l’imaginaire. Et je ne peux pas vous en vouloir pour ça. A dire vrai, si j’étais à votre place, je penserais sûrement la même chose que vous. Mais je ne suis pas vous, et la chose à laquelle j’essaie d’échapper, en cherchant une issue dans ce labyrinthe qu’est ce manoir, n’a rien d’une hallucination. Mon bras blessé est là pour me convaincre que je n’ai pas absorbé une quelconque substance, par le biais de vapeurs qui auraient pu être disséminé par l’intermédiaire d’une fissure savamment cachée, et du fait de mon maitre de jeu. Celui-là qui m’a convaincu de réussir ce test fou, pour pouvoir espérer rejoindre son club de Donjons et Dragons.

 

Pour les plus jeunes d’entre vous, ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose. Tout au plus en avez-vous entendu parler par le biais de séries récentes, comme Stranger Things par exemple. Vu que ce jeu de rôle qui a rempli mon enfance à travers des quêtes passionnées au sein du cercle d’amis dont je faisais partie, y est le point central de l’intrigue, tel que l’a confirmé la saison 4 du show de Netflix. Des créatures telles que les Demogorgon, Vecna et les autres monstres issus de l’imagination des créateurs de la série ont toutes leurs origines dans ce jeu de rôles. C’est d’ailleurs à la suite du succès de la série, et d’un léger engouement en croissance pour le jeu que j’en suis réduit à tenter de survivre. Sans doute voyais-je dans la perspective de rejoindre ce club au sein de mon entreprise, comme le moyen de me replonger dans les aventures que je vivais dans mes jeunes années.

 

Avec de simples dés, des figurines, un plateau et un maitre de jeu aussi passionné que les membres du petit cercle où j’officiais, on pouvait créer des aventures trépidantes, dans un monde fait de dragons, de sorciers, de terres désolées et dangereuses, de pièges à déjouer au sein d’un château pour trouver des richesses, des artefacts ou autres objets magiques, pouvant nous permettre de continuer une quête, et nous faisant oublier les heures passées dans une petite cave. Un lieu où, l’espace d’une soirée, nous devenions des voleurs, des elfes, des mages, des gobelins, bravant mille dangers, transpirant à chaque coup de dés, comme si du chiffre qui allait s’afficher dépendait notre vie. Bien sûr aujourd’hui, il y a les jeux vidéo en réalité virtuelle qui peuvent donner cette impression de vie de manière encore plus flagrante. Mais pour moi, cela ne reste que des images créées digitalement, et des acolytes qui s’affichent sur un coin de l’écran, ou juste une voix me hurlant de ne pas aller vers tel endroit, ou me prévenant d’un danger.

 

Bien sûr, on ressent des sensations, mais c’est très différent de ce que je ressentais entre amis dans une ambiance propice à l’aventure. Mes amis, je pouvais les toucher, je pouvais voir leur peur en voyant leurs points de vie diminuer drastiquement, alors que la quête était loin d’avoir atteint sa fin. Je percevais l’angoisse des autres quand le maitre de jeu nous obligeait à choisir entre une zone dangereuse et une forêt remplie de monstres, pouvant à chaque instant, sonner la fin de l’aventure, si nous ne nous coordonnions pas de la meilleure des façons, et utilisions nos armes, notre magie à bon escient. On ne peut pas comparer cette atmosphère plus que vivante à celle d’un jeu vidéo où tout ce qui est touché physiquement par nos doigts, ce sont les boutons de la manette de jeu. Jouer à un jeu de rôles, c’est une expérience unique, grisante et qui n’a pas d’équivalent. La seule distraction qui peut vraiment s’en rapprocher, ce sont les Escape Game…

 

Quand j’ai intégré l’entreprise à l’origine de tout, je ne m’attendais pas à avoir l’opportunité de regoûter à un tel plaisir, des années après. Certains d’entre vous comprendront sans doute ce que c’est : on grandit, on doit faire des choix, des concessions pour parvenir à s’enfuir du nid familial, car on veut vivre notre vie. Sans contraintes, sans règles absurdes de notre père, notre mère. Sans subir les chantages de notre petit frère, menaçant de dire à nos parents qu’on sort en pleine nuit pour rejoindre notre cercle d’initiés à Donjons et Dragons, pour une campagne qui risque de durer une bonne partie de la nuit. Et pour le faire taire, on doit sacrifier une partie de notre argent de poche, une figurine Star Wars qu’il convoite depuis plusieurs mois, et qu’on lui a toujours interdit de toucher, lui indiquant que ce n’était pas un jouet. Oui, je sens que ces paroles parlent à nombre d’entre vous…

 

Une fois adulte, on a dû renoncer à ces années d’innocence où notre seule préoccupation, c’était de savoir si on allait avoir la moyenne en maths, ou comment aborder la fille la plus sexy du lycée, sans se prendre un râteau mémorable. Quand on a atteint un certain âge, tout ça semble si loin derrière nous. Et puis, au sein de notre lieu de travail, on fait la rencontre de collègues qui ont connus eux aussi les joies de piaffer d’impatience à l’idée de finir une quête proche de la fin. La sensation de victoire à ce moment, le sourire du maitre de jeu qui nous félicite de notre maitrise, de notre faculté à avoir bravé tous les obstacles, c’est un souvenir qu’un joueur de jeu de rôles ne peut pas oublier. Et c’est à la suite de discussions sur cette passion commune que je partageais avec nombre de collègues, que je me suis retrouvé dans ce piège à venir.

 

Pour que vous compreniez mieux, ces fameux collègues avaient mis au point une sorte de mix entre l’Escape Game et le jeu de rôles qui faisait notre joie étant enfant. Parmi les membres de ce club particulier, il y avait des experts comptables qui régissait les dépenses du club, et se chargeait des commandes pour des quêtes « Live », se déroulant sur des terrains loués, et possédant des structures pouvant simuler l’impression de se trouver au cœur d’un plateau de Donjons et Dragons. Comme si la figurine qui nous représentait normalement sur un plateau, c’était nous. D’autres membres du club étaient spécialisés en effets spéciaux, en animatronique, en électricité, en son… Tout ce qui fait le succès d’un Escape Game réussi, mais en mode jeu de rôles grandeur nature.

 

Quand j’ai demandé ce que je devais faire pour intégrer le club, j’ai vu le sourire sur un grand nombre d’entre eux. Un peu comme la fraternité d’un campus qui s’apprêtent à passer du bon temps à l’idée de martyriser les nouvelles recrues pour un bizutage en bonne et due forme. C’était un peu dérangeant, mais en même temps, la simple idée de retrouver l’ambiance que je ressentais étant gosse en jouant à Donjons et Dragons était plus forte que toute forme de prudence. Alors, j’ai accepté les conditions d’entrée au club, dont le chef, le maitre de jeu, était ni plus ni moins que le patron de l’entreprise. Ce qui ne manquait pas de me surprendre, connaissant l’extrême rigueur affichée au travail de ce dernier, et ne supportant pas les tire-au-flanc parmi ses employés. C’était très surprenant de l’imaginer organiser un jeu de rôles live, avec ceux qui travaillaient pour lui, au sein d’une structure telle qu’un château abandonné, cherchant un trésor, une arme magique, ou tout autre élément propre à ce style de jeu de plateau, qui n’est plus très en vogue de nos jours, à cause d’une technologie faisant la part belle au virtuel et au numérique.

 

Mais j’étais tellement excité à l’idée de retrouver tout ça que je n’ai pas pensé un seul instant qu’il pouvait y avoir le moindre danger, et que mon patron était une version moderne des fameux nécromanciens chers à Donjons et Dragons. Et encore moins que les dangers figurant sur le terrain de jeu en mode réel, ne faisaient pas tous partie de la technologie financée par le même patron, qui semblait encore plus passionné que n’importe qui parmi nous. J’étais très loin d’imaginer sa véritable nature, et surtout que j’allais me retrouver confronté à la pire frayeur de toute ma vie, voire la fin de ma vie, si je ne parvenais pas à échapper à cette créature me poursuivant inlassablement. Pourtant, au départ, tout semblait idyllique : un coin de campagne isolé, loué pour le week-end, un château au charme ancien et lugubre à souhait, un équipement de base fourni au sein d’une sorte de sac à dos vintage, tel qu’on en voit dans certaines reconstitutions d’époques féodales fantasy…

 

J’étais ébloui par la fidélité et la mise en place de ce jeu de rôles en pleine nature. Mon test pour intégrer le cercle était simple. Je devais parcourir le château en face de moi, et y trouver le bâton de Varnor. Un sceptre magique qui serait la preuve de mon courage, et de mon aptitude à reconnaitre les indices cachés. Le tout dans un temps limité de deux heures. J’étais autorisé à garder mon portable, pour le cas où un éboulement me mettrait dans l’impossibilité de continuer le test dans de bonnes conditions. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que ce portable ne me servirait à rien, vu que ceux qui m’avaient entrainé dans ce cauchemar n’avait pas l’intention de me porter secours. Parce que de ma survie dépendait ma réussite au test d’entrée au club. Et que pour cela, je devais me débrouiller seul, sans la moindre assistance. Si je mourais, je perdrais. Si je survivais, je gagnais, et rejoignait le club. Mais cette particularité de l’épreuve m’était bien évidemment inconnue avant que je m’engouffre dans le château. Il était évident qu’en connaissance de cette « clause », je n’aurais jamais accepté de tenter de rejoindre leur fratrie de quasi-meurtriers à distance…

 

Alors, en toute confiance, je me suis rendu à l’intérieur du château servant de plateau pour mon épreuve d’aptitude d’entrée au club. Celle-ci se déroulait à la tombée de la nuit, pour, selon les dires de mon patron et maitre du jeu, pour accentuer la sensation de danger, et permettre une montée d’adrénaline importante. A l’intérieur, tout était reproduit d’une façon dingue. Des lampes à l’imitation de vieilles torches moyenâgeuses parsemaient les couloirs. Un premier test s’offrait d’ailleurs à moi avec la présence d’un pupitre au milieu de la pièce, où se trouvait un parchemin. La perfection de ce dernier, que ce soit la texture du papier, ou encore l’écriture y figurant était bluffante. Il y était indiqué que pour espérer parcourir plus loin les pièces du château, et surtout ses sous-sols, où se déroulerait la majorité de mon test, je devais choisir une torche parmi les 4 qui se trouvait autour du pupitre. Une seule d’entre elles était dotée d’un produit capable de brûler plus longtemps que les autres. Je devais faire le bon choix pour espérer aller plus avant dans ma quête du bâton.

 

J’ai hésité longtemps, et j’ai finalement opté pour la torche dont le bois semblait moins brut que les autres, et doté d’une sorte de petit cercle métallique faisant office de séparation entre la partie haute et la partie basse. A peine avais-je fait mon choix, et retiré la torche de son piédestal, que toutes les autres torches sur les murs devant moi, et qui elles devaient être électriques, s’éteignaient, me mettant dans une pénombre seulement éclairé par la source de lumière en ma possession. Je me suis avancé, et j’ai suivi les indices réguliers figurants au sol, sur les murs, ou disposés sur des éléments lugubres. Des squelettes plus vrais que nature, une toile d’araignée où était posté ce qui me semblait être une véritable tarentule… Sans compter des pièges par endroits, sous forme de trappes ou de flèches éjectées des murs, en appuyant sur la mauvaise dalle d’un parcours au sol. La manière dont le spectacle était agencé était incroyable de réalisme. Peut-être trop même.

 

Je me posais la question de ce qui arriverait si je me trompais dans la résolution d’une énigme, ou que je comprenais mal un indice, censé me diriger vers la prochaine pièce où me rendre. J’avais regardé de près les quelques flèches s’étant fichées dans le mur, et elles étaient clairement mortelle. Si j’en avais pris une dans le corps, cela aurait pu entraîner des conséquences graves. Quant à la tarentule… Je me disais qu’on devait lui avoir retiré sa poche à venin, mais était-ce bien le cas, au vu des nombreux autres pièges auquel j’avais échappé. Comme des trappes menant à une excavation remplie de pieux pointus, qui aurait pu me transpercer le corps de façon radicale. Je commençais à développer une vraie peur. Le souci du réalisme me semblait beaucoup trop extrême, et je commençais à regretter d’avoir accepté de participer à cette épreuve d’entrée. Une fois réussi le test, il faudrait que je demande des explications sur tout ça, et sur le nombre de personnes ayant pu sortir vainqueur de ces pièges… Mais ce n’était rien en comparaison de ce qui m’attendait dans les sous-sols…

 

Je venais de franchir de nouveaux pièges qui m’avait laissé des traces nettes de blessures aux jambes, perforant ma tenue. Un autre m’avait fait absorber une fumée qui avait bien failli me faire suffoquer, si je n’avais pas eu la force d’atteindre une petite étagère sur un mur, où figurait une fiole. Je n’étais pas sûr de moi à ce moment, mais au vu de la reproduction fidèle des périples propres au jeu de rôles, cette fiole ne pouvait être que l’antidote au poison en vapeur que j’avais respiré. Finalement, je parvenais à un escalier de pierre, me menant à une crypte à l’atmosphère toute aussi macabre que le reste du château. Des dizaines de corps, dont certains en décomposition avancée, jonchaient le sol. Et au vu de l’odeur qui s’en dégageait, j’étais certain que ce n’étaient pas des morceaux de plastique sur lequel on avait versé un quelconque produit imitant l’odeur de la chair putréfiée. Au vu de ce que j’avais croisé, et ayant déjà eu l’occasion malheureuse de respirer les effluves d’un corps envahi par les insectes, du fait du nombre de jours depuis le décès, je savais qu’il s’agissait de véritables cadavres.

 

Je n’avais qu’une envie : laisser tomber ce jeu devenu vraiment trop bizarre, et beaucoup trop réaliste, et sortir d’ici le plus vite possible. Tant pis pour le club. Je ne savais pas quel était le but véritable de ces malades qui me servait de collègues et de patron, mais il était évident qu’ils avaient tous un niveau de folie très élevé. Une fois sorti d’ici, je leur fausserais compagnie, et j’irais parler de tout ça à la police. Du moins pensais-je que je serais en mesure de le faire. Mais à peine avais-je commencé à rebrousser chemin, et me diriger vers l’escalier m’ayant mené ici, que j’entendais une voix au son guttural me demandant si j’étais là pour le libérer ou pour l’affronter. J’entendais le bruit de quelque chose en métal, frottant le sol. J’osais à peine me retourner, paralysé par la peur de savoir ce qui se trouvait derrière moi, alors que la chose qui s’approchait, et dont l’odeur de pourriture s’accentuait au fur et à mesure que la distance la séparant de moi diminuait, renouvelait sa demande de connaitre la raison pour laquelle j’étais là…

 

Bravant ma peur, je me retournais, et je ne pus qu’émettre un cri de terreur, tellement ce qui se trouvait devant moi était inconcevable. En tant que joueur de Donjons et Dragons, je reconnaissais parfaitement la créature qui se dressait devant moi, car c’était pratiquement un des personnages les plus emblématiques du jeu de rôles dont la passion m’avait emmené ici. Une liche. Autrement dit un sorcier qui a acquis l’immortalité en sacrifiant sa vie aux ténèbres. Il portait un sceptre en main, que je devinais être le fameux bâton de Varnor, scintillant d’une lumière bleue nimbée d’une aura noire. Dans Donjons et Dragons, il est pratiquement impossible de détruire une liche, à moins de savoir où se trouvait le phylactère, un petit objet contenant l’âme du sorcier, symbole de son pacte avec les ténèbres. Même si je détruisais le corps physique de la liche, tant que je ne brisais pas son phylactère, celle-ci renaitrait indéfiniment. Cela pouvait prendre du temps parfois, mais elle renaissait toujours. Et ma terreur s’accentuait en entendant une porte se fermer, venant du haut de l’escalier m’ayant mené ici.

 

Je ne comprenais que trop bien ce qu’il me faudrait faire désormais : trouver le phylactère, pour espérer détruire la liche, et réussir le test, en m’emparant du bâton. Mais cet objet pouvait être n’importe où dans la pièce. Et d’ailleurs, était-il vraiment dans cette crypte ? Une chose me chiffonnait. Les paroles de la liche. Elle demandait si je venais pour la libérer. Ce qui voulait dire qu’elle était prisonnière de cette crypte. Je ne savais pas par quel moyen, mais les membres du club avaient dû user de leur technologie ou de magie pour que la liche ne puisse pas sortir de cette crypte. Peut-être même que c’est eux qui étaient en possession du phylactère, et que tout ceci ne servait qu’à les divertir, car personne ne pouvait en réchapper. Je supposais qu’il y avait des caméras cachées quelque part, et qu’ils n’avaient rien loupé de mon périple mortel, tout comme ils devaient exulter de me voir face à cette liche qui ne pouvait que me rappeler l’archimage Vecna, la liche la plus connue de Donjons et Dragons, et qui a servi de base au personnage phare du même nom pour la Saison 4 de Stranger Things…

 

Vecna semblait s’impatienter de ne pas avoir de réponse, elle qui était aussi la proie des jeux morbides des membres du club. J’ignorais comment ils avaient pu mettre la main sur un tel monstre, ni de quelle manière ils l’avaient emprisonnée ici, mais ce n’était pas le plus important. Au bout d’un moment, Vecna dirigeait le bâton vers moi, ce dernier se parant d’une lumière luminescente, et projetant un rayon bleuté que je parvins à éviter de justesse. J’échappais ainsi à plusieurs autres rayons de la part de la liche, qui semblait avoir compris que je n’étais pas ici pour la libérer du sort l’empêchant de retrouver la liberté, et elle semblait être très en colère… Fort heureusement pour moi, la crypte semblait se composer de plusieurs autres pièces, au vu des portes que j’apercevais au loin, et je fonçais sans me préoccuper de quoi que ce soit d’autre vers l’une d’entre elles, tout en évitant d’autres rayons projetés par le bâton de Varnor. Dans l’une des pièces, je parvenais à pousser un vieux meuble suffisamment lourd pour empêcher Vecna de pénétrer là où j’étais.

 

Ce qui était d’ailleurs étonnant. Une liche est un sorcier, et le bâton de Varnor semblait avoir le potentiel pour détruire la porte, ce qui n’était pas le cas. Je supposais que cela faisait partie du jeu, pour faire durer le plaisir. Les portes, les murs devaient être fait d’une matière, ou enduit d’un produit, un sort ou je ne sais quoi, qui empêchait la liche de les franchir avec sa magie. Cela m’avantageait, mais pour combien de temps ? Je n’avais comme nourriture qu’une faible ration de survie, fournie par les membres du club, et une petite bouteille d’eau. De quoi tenir deux ou trois jours au maximum. Et après ? Si encore je savais où trouver le phylactère qui pourrait me servir à détruire Vecna. Ça me faisait bizarre de l’appeler comme ça. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à Eleven, à Eddie et les autres protagonistes de Stranger Things. Mais je n’avais pas les pouvoirs d’Elf, et on n’était pas dans le monde à l’envers. Ce n’était pas le tournage d’un épisode, c’était la réalité.

 

 Je ne sais pas combien de temps je parviendrais à tenir, avant que mon corps flanche. Peut-être que lassé de souffrir, j’enlèverais le meuble cloisonnant la porte, et laisserais Vecna faire ce qu’elle désire. A savoir m’achever pour compenser la douleur que je ne sois pas le libérateur qu’elle espérait. Au fond, elle aussi était une victime de ces dégénérés qui m’avaient conduit ici. En attendant que je me décide à en finir en ouvrant cette porte, j’ai écrit mon histoire et je l’ai publiée, tel que vous la lisez en ce moment. J’ignore si vous la croirez, ou si vous aurez l’idée de vous renseigner sur les actes des membres du club. Mais en même temps, comment arriveriez-vous à prouver leur implication dans une série de disparitions. Le patron de l’entreprise dont le club dépend a du penser à toutes les alternatives pour que son petit loisir ne soit pas découvert. Et puis surtout, comment arriveriez-vous à convaincre la police de l’existence d’une créature que je pensais n’être que le fruit de l’imagination du créateur de Donjons et Dragons, et qui s’avère pourtant bien réelle... Personne ne vous croira. Alors je prends mon mal en patience, et quand vous lirez ceci, j’aurais sans doute déjà rejoint les cadavres dans l’autre pièce. Quand au club, il cherche déjà sans doute le prochain candidat à leur petit jeu mortel. Je ne peux qu’espérer que mon témoignage permette de rendre méfiant ceux qui se verront proposer de faire un test pour rejoindre le club de ces passionnés de jeux de rôles bien trop réaliste...

 

Publié par Fabs

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