Je n’ai jamais bien compris ce qui pouvait pousser les riches à dénigrer tout ce qui n’était pas de leur monde, comme si on était des êtres différents, des sous-hommes. Je sais ce que vous allez me dire : c’est le lot de beaucoup de personnes à travers le monde, et ils ne sont pas tous comme ça. Je peux tout à fait comprendre votre réaction, mais dans mon cas, j’ai vécu une situation qui m’a amené à ne pouvoir ressentir que haine et dégoût pour ces gens de la « haute », comme on dit familièrement. Pas pour tous en fait. Pour deux d’entre eux. A cause de leurs actes, j’ai perdu un être cher. Je ne pourrais jamais leur pardonner. Quand je vous aurais raconté ce que j’ai fait pour venger cette perte, vous allez sans doute me juger vous aussi. Me dire qu’il n’était pas nécessaire d’en arriver là. En tout cas, pas d’une manière aussi cruelle. Mais si vous aviez été à ma place, auriez-vous vraiment laissé les choses en place, sans rien faire ? Et permettre à deux pourritures de s’en tirer à bon compte ? Je n’en suis pas si sûr. Bon, vous auriez sûrement opéré autrement, ça je n’en doute pas. Surtout que dans l’histoire une personne innocente a payé pour eux. Mais quand on subit le malheur de plein fouet, on ne réfléchit pas à tout ça. On est envahi par la haine la plus profonde, les ténèbres les plus obscures, et on ne rêve que d’une chose : se venger.
Pour remettre les choses dans leur contexte, j’étais ce que beaucoup appelleraient un bon à rien. Entendez par là que le boulot ne m’intéressait pas. Enfin, c’est pas vraiment le bon terme. C’est plutôt lui qui ne m’aimait pas. A cause de mon caractère un peu… irascible. Je suis irlandais pure souche. Un O’Cannaghan. Vous allez me dire : on est bien avancé de connaitre ton nom. Pour la petite histoire, les O’Cannaghan, dans la région d’où je viens, c’est un peu la moitié des familles de « Roméo et Juliette ». Capulet ou Montaigu au choix. Ça n’a pas vraiment d’importance. Sauf qu’on n’avait pas une famille ennemie. On en avait des dizaines. Je sais, ça fait un peu « Dallas » aussi. Je ne peux pas vous donner tort, tellement c’était un peu ça. Mes parents avaient forgé un véritable empire à la force de leurs poignets comme on dit. Et sans jamais mettre quelqu’un dans l’embarras, sans jamais dénigrer qui que ce soit, en étant aimable, courtois, toujours à l’écoute des gens.
Une réputation qui plaisait beaucoup, car ce n’était pas vraiment la norme du coin, peuplé de familles de profiteurs qui n’avaient que faire des revendications de leurs employés. Mon père et ma mère étaient des vrais gens du peuple au départ. Ils ont commencé avec une simple auberge, construite de leurs mains, avec un crédit qu’ils ont mis 30 ans à rembourser. 30 ans durant lesquels ils ont sympathisé avec un nombre incalculable de gens du coin ou d’ailleurs. Acceptant de leur faire cadeau d’une nuitée quand ils étaient dans la mouise. Faisant crédit aux gens de passage pour une bière, même en sachant qu’ils ne seraient sans doute jamais payés. Et pourtant, c’est ce même désintéressement qui a construit leur réputation, et leur a assuré des aides de société étrangères au pays, grâce à la publicité faite par ces mêmes personnes qui n’avaient pas payé leur bière, un soir où ils avaient paumé leur portefeuille. En peu de temps, l’auberge s’est modernisée, elle est devenue un hôtel. Le premier du genre dans la région. Puis, ce dernier a fait des petits, grâce à l’apport de plus en plus de sociétés, impressionnés par la rapidité et l’expansion de l’entreprise. Près de 45 ans après la pose de la première pierre de leur auberge, les O’Cannaghan était devenu un véritable empire de l’hôtellerie.
Un succès qui a fait des jaloux, forcément. Les autres familles qui, elles, avaient toujours nagé dans l’opulence, et ne savaient même pas ce que c’était de donner un coup de main à un des hommes travaillant pour eux, ils n’appréciaient pas que des « petites gens » comme nous, soit plus réputés qu’eux. Alors, les ennuis ont commencé. Ça a commencé par de mini-scandales, à base de faux clients multipliant les plaintes pour des motifs montés de toutes pièces. Il y a eu des complots financiers pour racheter les terrains, en toute irrégularité, et à coup de pots-de-vin, afin de réduire l’influence que notre famille avait sur la région. Au début, mes parents parvenaient à faire front. Mais à force, les scandales sont devenus plus gros. Tout le monde savait qu’ils avaient été mis en place par les riches familles de la région, mais personne ne pouvait le prouver. Riches, mais loin d’être idiotes, et surtout avides de pouvoir, et jalouses comme rarement on pouvait l’être, ces mêmes familles ont réussies, en seulement quelques mois de ces malversations, à obliger les sociétés qui finançaient notre empire familial à nous quitter, les unes après les autres.
Des départs qui en entraînaient d’autres. Très rapidement, mes parents se sont retrouvés dans l’obligation de vendre tout ce qui leur appartenaient, y compris la chaîne d’Hôtels qu’ils avaient érigée dans l’effort. Même notre nom fut changé, une fois vendu tous les titres de propriété. Mon père avait été écœuré par tout ça. Même ses amis d’enfance s’étaient retournés contre lui. La loi du plus fort. Avec ma mère, il a réuni ses dernières économies, et la famille est partie pour les USA, qu’on disait terre promise pour des gens comme nous. A l’époque, j’étais encore bébé quand ils sont arrivés sur les terres du paradis américain. Mais la désillusion a été grande. Il est vite devenu évident que les étrangers n’étaient pas les bienvenus, et notre nom n’arrangeait rien. Aucune banque ne voulait prêter de l’argent à un nom qui ne sonnait pas américain. Joli paradis. Au final, mes parents sont morts dans la misère la plus totale. Mon frère et moi, on a été adoptés, parce que mon père et ma mère ne pouvait plus subvenir à nos besoins, et surtout qu’ils voulaient qu’on ait une autre vie.
C’était très courant à l’époque ce genre de pratique. Aujourd’hui, les associations les plus diverses crieraient au scandale, mais pour mes parents, c’était la seule solution pour qu’on ait un avenir. Bel avenir qu’on a eu. Mon frère a terminé en tant que membre d’un gang spécialisé dans la revente de drogue, et a fini tué dans un règlement de comptes contre un autre clan. Et moi, si dans un premier temps, j’étais le petit frère modèle, mes études ne m’ont pas permis de trouver grand-chose. A part Cindy. L’amour de ma vie. La seule chose de bien qui me soit arrivé dans ma vie de merde. J’ai jamais compris pourquoi elle m’avait choisi. A l’université, après avoir appris la mort de mon frère, j’en avais plus rien à foutre des études, et j’étais devenu le petit con de service, toujours à chercher des noises pour calmer mes nerfs. Cindy était la chef des cheerleaders de l’université. Ah, je sais : dit comme ça, ça fait un peu cliché, genre « films pour ados ». Mais je vous assure que c’est la vérité. Au départ, je pense que c’est plus de la pitié qu’elle avait pour moi. Elle essayait de comprendre pourquoi j’étais ce faux loubard que tout le monde pensait. Elle, j’ignore pourquoi, elle était persuadée que je pouvais être meilleur. Elle discutait souvent avec moi, après ses séances d’entraînement. Elle m’avait invité à plusieurs d’entre elles. Au départ, j’avais refusé, disant que c’était pas pour les vrais mecs d’assister à ça. Mais refuser quelque chose à Cindy, c’était comme parler à un mur. Elle revenait toujours à la charge. Alors, j’ai accepté. Et, croyez-le ou non, j’ai fini par apprécier le spectacle. Surtout Cindy je dois dire. Je ne voyais qu’elle sur le terrain.
Ça a commencé comme ça, simplement. Le petit con que j’étais était devenu le gars le plus populaire du campus, le plus studieux, et le plus cool. Cindy y était pour beaucoup. Ça a été nos plus belles années. Après l’université, je l’ai demandé en mariage. J’étais sûr qu’elle allait refuser. Elle m’avait dit de nombreuses fois que c’était pas son truc. Que c’était juste un bout de papier. Et à ma grande surprise, elle a accepté. Je l’ai jamais vu aussi heureuse que ce jour-là. Et après on dit que les femmes sont difficiles à comprendre. Je peux vous assurer que c’est loin d’être une légende. En tout cas pour Cindy. Elle, c’était une vraie bosseuse, multipliant les petits boulots, certains ingrats. Mais elle se plaignait jamais. Alors que moi, j’arrivais jamais à tenir un boulot plus d’une semaine. Mon caractère prenait toujours le dessus, et c’était loin d’être apprécié, croyez-moi. Du coup, j’étais souvent à la maison, à rien faire de la journée. A force, j’avais fini par perdre l’envie de bosser. Et Cindy, elle me disait jamais rien. Jamais une parole de travers pour me forcer à me bouger le fion pour trouver un travail. Toujours aux petits soins pour moi. C’était pas une femme, c’était un ange tombé du ciel. Et c’est moi qu’elle avait choisi, allez comprendre. Par moment, j’avais honte d’être moi. Honte de pas pouvoir faire ce qu’il fallait pour la rendre heureuse comme elle le devait. C’est elle qui faisait tout. Elle bossait jusqu’à 10 heures par jour, s’occupait de la maison, des papiers, et quand je voulais l’aider un peu, elle me disait que je n’aurais qu’à l’aider plus tard à la déshabiller, une fois dans la chambre.
Non, vraiment, Cindy, je peux même pas vous la décrire tellement elle était parfaite en tout point. Physiquement et moralement, c’était une perle rare. Et puis est arrivé cette fameuse nuit. Je ne pourrais jamais l’oublier non plus. Il était minuit et quelques minutes quand l’hôpital m’a appelé. Elle venait de se faire renverser par un couple de richards au volant d’une Cadillac. Elle avait plusieurs côtes cassées, et souffrait d’un traumatisme crânien. Une des côtes avait perforé son foie. Il y avait peu de chances qu’elle s’en sorte. Je passais mes journées à côté d’elle, dans sa chambre. Elle me disait toujours de pas m’en faire, que ça irait mieux le lendemain. Mais le lendemain, c’était pire. Je voyais son état se dégrader de jours en jours. C’était une torture de chaque instant, et je pouvais rien faire. Les médecins m’avaient prévenu qu’elle s’en sortirait pas. Que c’était une question de jours, de semaines, voire d’heures. Alors, moi, je voulais pas qu’elle vive ses derniers instants sans voir mon visage, et je continuais à la voir tous les jours.
Quand elle est finalement partie, ses derniers mots, elle me les a dit dans un dernier souffle. Elle a dit qu’elle m’aimerait toujours, où qu’elle soit. Je me suis effondré en larmes sur son lit de mort. Les médecins et les infirmières ont dû s’y prendre à 4 pour me faire sortir. Je crois même que j’en ai frappé un ou deux. Son enterrement a été le pire jour de ma vie. Pas seulement parce qu’elle était plus là. Mais parce qu’il y avait personne pour lui dire adieu. Où était passé ses amies ? Ses collègues de travail ? Même son patron avait pas fait le déplacement, ni même sa famille. Tout ça parce qu’elle avait choisie d’être avec moi. Personne ne m’aimait, je le savais, mais jamais j’aurais pensé que ça aurait été au point de l’abandonner. Que personne soit venue la voir à l’hôpital, je pouvais encore l’accepter. Je me disais que peut-être les médecins les avaient prévenus qu’il y avait plus aucun espoir, et que peut-être aussi ils avaient préféré me laisser seul avec elle pour ses derniers instants. Mais son enterrement, merde ! Elle qui avait toujours été une perle pour tout le monde, on la traitait comme une pestiférée parce qu’elle m’aimait, moi, le loser, la petite merde au sale caractère, un peu alcoolique sur les bords.
Mais ceux que je détestais le plus, c’étaient ceux qui avaient créés cette situation. Les deux connards pleins aux as. Eux aussi n’avaient même pas daignés se déplacer, ni prendre de nouvelles. Les amis, la famille de Cindy avaient au moins envoyés des fleurs en pagaille, mais eux rien. Aucune excuse, aucun petit remords de lui avoir ôté la vie. C’est là que ma haine a commencé à s’installer en moi. J’ai commencé à faire une petite enquête. J’ai demandé à la police les noms des chauffards. Ils ont refusé, de peur que je fasse des conneries. Ils n’avaient pas tort. Mais j’ai fini par avoir leur nom. Et leur adresse. Grâce à une des collègues de Cindy qui était présente le jour de l’accident. Elle avait tout vu. Elle m’a donné tous les détails. Je lui avais demandé. Je voulais savoir quels genres de monstres avaient pu renverser une femme, et ne même pas se renseigner sur son état par la suite. Quand elle m’a dit leur nom, une partie de mon être a failli exploser. Fargey. Josh et Mélissa Fargey. Fargey, c’était le nom d’une des familles responsables de la chute de l’empire de mes parents. Au début, je me suis dit que c’était peut-être juste une coïncidence. Des Fargey, il devait y en avoir des tas à travers le monde. Mais la collègue de Cindy m’a dit qu’ils étaient originaire d’Irlande. Que leur famille venait de là-bas. Mon sang n’a fait qu’un tour à cette nouvelle. J’ai appris aussi qu’ils avaient une fille, Shirley.
Une vraie beauté de ce qu’on disait, un peu extravagante, et qui aimait faire le tour des bars. C’est là que j’ai commencé à entrevoir les bases de mon plan. Un plan macabre. Démoniaque. A la hauteur du crime de ces enfoirés qui m’avaient enlevé ma Cindy. Je serais sans pitié, comme eux. Ils allaient souffrir comme j’avais souffert. Au centuple. Je voulais qu’ils connaissent ce que c’est que l’essence de la souffrance dans ce qu’elle a de plus extrême. Une souffrance qui passerait d’abord par une vision d’horreur sur ce qu’ils avaient de plus cher à leurs yeux. Ensuite, ce serait leur tour. Ils allaient découvrir le vrai sens de la terreur dans ce qu’elle aurait de plus pur. Je m’y engageais personnellement. Et rien que d’y penser, un rictus me vint aux lèvres à l’idée du plan que j’avais imaginé. Inconsciemment, je m’en léchais les babines de plaisir. Je pense que c’est à ce moment que j’ai sombré dans la folie la plus totale. Mais, purée, ce que ça faisait du bien rien que de songer à ce que ces ordures allaient subir.
Pour séduire Shirley, ça a été le passage le plus simple, connaissant ses habitudes. Quelques semaines ont été suffisantes pour qu’on devienne intimes, très intimes. Je lui demandais des infos sur ses parents, de manière discrète, de temps en temps, histoire de pas trop attirer son attention sur ma curiosité à leur égard. Le truc bien, c’était qu’elle était à la fois portée sur la bouteille, et vraiment stupide. Quelque part, ça me faisait un peu mal vis-à-vis de Cindy et de son souvenir, mais je me confortais dans mon plan en me disant que c’était justement à sa mémoire que je faisais ça. Mais je devais faire vite : l’approche des fêtes de Noël faisait partie intégrante du plan que j’avais imaginé, et j’ai dû accélérer le mouvement, en y allant direct. Au cours d’une conversation, je lui ai dit que ce serait bien d’inviter ses parents pour le Réveillon de Noël. Que ça permettrait de les connaître, et eux aussi me connaîtrait mieux. C’était un peu risqué de lancer ça comme ça, mais c’était mal connaître la bêtise prononcée de Shirley. Elle accepta en disant que c’était une idée géniale. Là-dessus, elle a appelé ses parents avec son portable pour leur demander s’ils étaient d’accord. Ils acceptèrent avec joie, selon les dires de Shirley, curieux de rencontrer l’homme qui avait fait chavirer le cœur de leur petite fille chérie. Les imbéciles ! Leur cœur allait être chaviré, ça c’était certain. Mais pas comme ils le pensaient. C’était parfait. Mon plan fonctionnait à merveille. Encore quelques menus détails à fignoler, en attendant le coup de grâce qui serait porté le 24 Décembre au soir. J’en frissonnais de plaisir rien qu’à l’idée de cette soirée macabre et mortelle.
Vint enfin le jour tant attendu, celui où Cindy allait être enfin vengée. J’étais tellement excité en pensant au déroulement de la soirée que je devais me faire violence pour ne pas rire nerveusement, et gâcher ma belle fête d’adieu. Ce soir, le spectacle allait être grandiose. Les parents de Shirley allaient venir dans moins de 3 heures. Je devais me dépêcher pour mettre en place les derniers préparatifs, afin de les accueillir comme il se devait. Toutes les étapes étaient déjà dans ma tête, parfaitement orchestrées, et c’était moi qui tenais la baguette pour diriger la musique. J’aidais Shirley à terminer de décorer la table et mettre petits plats dans les grands comme dit la formule consacrée. Dommage de faire tous ces efforts : entre la nappe blanche, les décos sur les chaises et sur les murs, tout allait très bientôt changer de couleur. La couleur de la vengeance.
Ça y était : le moment fatidique était arrivé : dans quelques minutes, les parents de Shirley allaient arriver, et tout était prêt, conforme à ce que j’avais prévu. Je vérifiais une dernière fois que toute ma préparation ne comportait pas d’oubli ou d’erreur de dernière minute. Ça aurait été dommage que tout ces efforts soient grillés par ma précipitation. Mais non, je m’en faisais pour rien : tout était nickel. Restait le plat principal. A 19 heures pile, Josh et Mélissa sonnèrent à la porte. Je réfrénais mon impatience, et respirais un grand coup, puis j’ouvris la porte, tout sourire. Ils étaient habillés comme seul un pingouin serait capable de faire concurrence. En comparaison, je devais faire pâle figure à leurs yeux, mais franchement, je m’en foutais, vu le peu de temps qu’ils leur restaient. Je les invitais à prendre place. Mélissa s’étonna de ne pas voir sa fille les accueillir. Je les rassurais en leur disant qu’elle avait un léger mal de tête, et qu’elle s’était allongée quelques minutes sur le lit. Pour mieux calmer son inquiétude, j’appelais Shirley depuis le salon. Instantanément, celle-ci répondit qu’elle avait juste un peu mal au crâne à cause d’un petit apéro pris juste avant leur arrivée, mais qu’elle serait à table au moment de la dinde. Qu’ils ne devaient pas s’inquiéter surtout. Tranquillisés, Josh et Mélissa commencèrent à engouffrer les toasts au saumon, le caviar et autres foutaises de riches que Shirley m’avait fait acheter dans une de leurs boutiques de luxe. La conversation s’orienta rapidement sur ma rencontre avec leur fille, ce que je faisais, enfin toutes les futilités habituelles de repas de famille. Pour faire bien, je leur dis que j’étais commercial dans l’import-export, ce qui sembla les satisfaire, me disant qu’ils n’auraient pas acceptés qu’un moins que rien devienne leur gendre.
S’ils savaient… Moi, leur gendre ? Aucune chance. Pas après cette soirée en tout cas, ni jamais d’ailleurs, vu l’endroit où ils allaient aller. La soirée continua, à coups de blagues débiles de riches, dénigrant les « sous-classes » comme ils les appelaient. En fait, plus je les écoutais, plus je me disais que j’allais rendre service à la société de la débarrasser de tels parasites qui n’avaient aucune empathie pour la majorité des gens les entourant. Mais je faisais bonne figure, en faisant de rire à leurs conneries de bas étage. De temps en temps, Mélissa ou Josh donnaient de la voix pour demander à distance à Shirley si elle se sentait mieux. Elle les rassurait régulièrement. Le moment de grâce arrivait. Dans peu de temps, Josh et Mélissa allaient avoir la monnaie de leur pièce. Je m’éclipsais quelques minutes, en leur disant qu’il était temps de déguster cette bonne dinde qui nous attendait dans le four. Je me rendais donc dans la cuisine. Au passage je m’adressais envers la porte de la chambre de Shirley, pour lui signaler que j’allais mettre la dinde sur la table. Elle répondit qu’elle allait un peu mieux, et qu’elle allait les rejoindre dans quelques minutes.
A nouveau satisfait après avoir entendu la réponse de Shirley, Josh et Mélissa continuait leurs histoires navrantes de bénéfices juteux faites sur le dos de pauvres gars, ou de familles obligées de vivre dans la rue après leur intervention. Et ça les faisait rire en plus. Ils me faisaient de plus en plus gerber. Mais ce n’était que partie remise. Je sortais de la cuisine, et déposais le grand plat sous cloche contenant la dinde de Noël. Josh me félicita : au vu de la taille de la cloche, la dinde devait être énorme. Je lui répondis qu’il allait être surpris, et que comme c’était eux les invités, c’était donc à eux de soulever la cloche. Josh s’exécuta, et en quelques secondes, son sourire d’abruti se transforma en visage terrifié. Son épouse à côté de lui ne put s’empêcher de crier comme une truie. Pourtant, le spectacle aurait du leur plaire. Moi qui avais passé tant de temps à le préparer, j’espérais au moins quelques félicitations. Josh se leva de table, attrapant un couteau plat au passage, le dirigeant vers moi, et me demandant ce que signifiait cette plaisanterie macabre. Sa femme pleurait comme une madeleine en regardant ce qui se trouvait sous la cloche : la tête de leur fille, sur un lit de boites de conserves et autres ordures, récupérées dans des poubelles aux alentours ces derniers jours. A la place des yeux, j’avais mis des ampoules de voiture, des clés de contact accrochées aux oreilles, et placardée sur une des joues, une photo de Cindy. Visiblement, ils n’avaient pas reconnu la femme qu’ils avaient tuée.
Mélissa, en pleurnichant à tel point qu’on comprenait à peine ce qu’elle disait, s’adressa à moi. Elle ne comprenait pas. Elle avait bien entendu sa fille à travers la porte de sa chambre. Comment sa tête pouvait être en même temps sur la table. Je sortis alors un petit appareil de ma poche. Et j’appuyais sur le bouton en son centre. La voix de Shirley se fit entendre alors, semblant sortir de la chambre. J’expliquais que j’avais enregistré la voix de leur fille, en m’arrangeant pour lui faire dire des phrases types. C’est un ami, expert en gadgets de tous genres, qui avait ensuite, à partir de ces bribes de phrases, les paroles qu’ils avaient entendues, afin de donner l’illusion que leur fille était bien dans sa chambre. En Fait, je l’avais tué il y avait 2 heures de ça, dans la cuisine. Je n’avais qu’une peur, c’était que l’un d’eux, pour une raison ou une autre, s’y rende et découvre les traces de sang encore présentes sur le sol, et la table, là où je l’avais découpée… et préparée. D’ailleurs, je leur demandais s’ils avaient aimé les petites saucisses. C’est Jésus je crois qui disait : « Mangez : ceci est mon corps ». Mélissa me cria que j’étais un monstre, juste avant de se forcer à vomir. Moi, un monstre ? Je leur demandais alors s’il reconnaissait la femme sur la photo. Non, bien sûr que non, ils ne la reconnaissaient pas. Le jour où ils l’avaient renversée, ils étaient bien trop bourrés pour se rendre compte de ce qu’ils avaient fait. En plus, je suis sûr qu’avec leur pognon, ils s’étaient arrangés pour que les enquêtes de police ne les inquiètent pas.
Josh restait coincé derrière la table, toujours à me menacer avec son pauvre couteau en argent. Je pouvais enfin donner libre court à mon plus beau sourire. Je m’écartais de la table, en leur demandant de m’attendre. Que je n’en avais pas pour longtemps. Je me rendais à nouveau dans la cuisine, pour chercher la machette que j’avais achetée la semaine dernière à un de mes amis peu regardant sur l’utilisation que j’allais en faire, du moment que je payais. Pour le fric, je devais remercier Shirley. Sans le savoir, c’est elle qui avait payée les outils qui allaient servir à ma vengeance. Elle m’aura bien servie finalement. Si elle n’avait pas été leur fille, et qu’elle n’avait pas été aussi conne, j’aurais presque pu l’apprécier. En sortant de la cuisine, Josh tentait d’ouvrir la porte d’entrée, l’imbécile. En me voyant arriver, il pointait encore son couteau dans ma direction. Je m’approchais tranquillement, et arrivé à quelques mètres de lui, je m’arrêtais, et je lui souriais, avant de lui dire « Pour Cindy ». Au même moment, je lui tranchais la tête d’un coup avec ma machette.
Son corps s’effondra au sol, pendant que sa tête valdingua dans la pièce pour atterrir, ironiquement en plein sur les genoux de sa truffe d’épouse qui pensait échapper à ma fureur en se cachant derrière le rhododendron. Elle cria de plus belle, jetant la tête de son mari devant elle, complètement épouvantée. C’était le pied total. Je m’approchais d’elle, aussi tranquillement que je l’avais fait pour son mari. Elle cria encore un peu, puis elle sortit son portefeuille de son sac. Voila bien les riches. Pour s’enfuir, elle n’avait pas oublié son cher sac à main. Comme si ça allait lui servir. Je souriais à nouveau, et j’abattais ma machette sur le dessus de son crâne, le fendant en deux, comme on coup une noix de coco. Elle s’écroula à son tour sur le sol. Mais ma vengeance n’était pas complète. Je passais près de 2 heures à découper en morceaux leurs corps. En très petits morceaux que je disséminais un peu partout dans l’appartement de Shirley. J’imaginais la tête des policiers devant le spectacle. Ensuite je les imbibais d’alcool, histoire de leur rappeler que c’était à cause de ça que tout était arrivé. Je disposais de l’essence un peu partout : chambre, cuisine, salon. Je ne pris même pas la peine de me débarbouiller mon visage maculé de sang, ni de changer mes habits passés du blanc au rouge vif.
Je sortais de l’appartement, et avant de partir, j’allumais le zippo que j’avais pris sur le corps de Josh, et le balançais au milieu de la pièce. C’était beau tous ces morceaux de corps qui brûlaient un peu partout. C’était vraiment un beau réveillon. Je savais bien que je n’allais pas aller bien loin avec le sang partout sur moi. Sans parler qu’une fois découvert les corps découpés dans l’appartement, après que l’incendie aurait été maîtrisé par les pompiers, les flics auraient vite fait le rapprochement. Mais je m’en foutais. Cindy était vengée. C’était tout ce qui importait. Je sortais calmement de l’immeuble où les flammes sortaient en masse par les fenêtres du lieu de mon terrain de jeu. Les gens criaient en me voyant, les sirènes groupées de la police et des pompiers se rapprochaient. Au bout de quelques minutes, je fus sous la menace des flics me demandant de m’arrêter. Je ne me suis pas arrêté. Ils ont tiré. Vous allez me dire : mais comment il peut raconter son histoire s’il a été tué ? Tout simplement parce que je ne suis pas mort ce soir-là. On m’a enfermé dans un centre pour les dingues. Les médecins m’ont jugé irresponsable, car psychologiquement très perturbé. Il n’y aura pas de procès. Je continuerais à vivre avec le souvenir de Cindy dans ma tête et la satisfaction de l’avoir vengé. Et ça, c’est le plus beau des cadeaux de Noël que je pouvais lui faire.
Publié par Fabs
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