17 nov. 2021

L'ESSAIM DE LA VENGEANCE

Ce texte est un peu particulier, car il a été écrit à l'occasion d'une anthologie de vidéos organisée par Fracture sur sa chaine YouTube. Une anthologie où nous avons été 7 conteurs et conteuses à présenter nos peurs par le biais d'une fiction. Je vous invite d'ailleurs à aller voir cette anthologie dans son intégralité, Fracture ayant regroupées toutes les vidéos en compilations, avec, à la fin, les audios de chaque conteur et conteuse (dont moi), où sont expliquées les origines de nos phobies. Ce texte court est donc en partie autobiographique, puisque, comme vous le verrez dans la compilation, bien que transformés en creepypasta, ils relatent des évènements qui me sont réellement arrivés. Bien sûr, j'ai quelque peu modifiées plusieurs parties dans un souci narratif, mais j'ai véritablement subi l'attaque des bestioles décrites, mais dans un autre contexte, comme je l'explique à la fin de la compilation de Fracture...


Lien de la compilation "Phobies" :

https://youtu.be/GTmG63KJd7c



J’ai toujours eu peur des abeilles, aussi loin que je puisse creuser dans mes souvenirs d’enfance. Une phobie qui peut paraître ridicule pour certains, qui ne comprennent pas comment on peut avoir peur de « si petites choses »… ça ne s’explique pas : la peur est là, et on ne peut rien y faire. Et parfois, cela peut engendrer des situations qui échappent à tout contrôle, faisant de cette peur le déclencheur d’une terreur bien plus grande encore. Et c’est ce qui m’est arrivé cet été-là, alors que mes parents avaient décidé, « pour mon bien », de « m’offrir » des vacances à la campagne, loin de la ville où je m’enfermais dans ma chambre à longueur de journée, par crainte de me trouver face à l’une de ces bestioles qui me terrorisaient. Impossible pour moi de prendre le risque d’aller jouer avec les autres en plein été, saison qui leur étaient propice. Rien que l’idée de voir leurs rayures noires et or voleter devant moi, comme pour me narguer, m’était insupportable. Mais mes parents pensaient autrement.

 

Ils étaient persuadés qu’il fallait guérir le mal par le mal, en me forçant à passer plusieurs jours chez mon oncle, apiculteur de son état, afin de me rendre compte que ces abeilles que je craignais tant n’étaient pas des créatures du diable, tel que je me l’imaginais. J’avais beau leur supplier que je ne voulais pas aller sur leur « territoire », rien n’y fit, et je dus, bien malgré moi, me conforter à accepter l’idée de voir ma peur devenir frayeur. Mon oncle, une personne adorable que j’aimais beaucoup, voulut me montrer tout le bien qu’on pouvait tirer de s’habituer à la présence de ces petites créatures. Il me dota d’un équipement comme lui, et me fit m’approcher d’une des ruches dont il s’occupait. Je sentais mon corps se disloquer à la simple vue de ces centaines d’ailes qui virevoltaient autour de moi, la sueur envahissait tout mon visage, mes jambes tremblaient de toute leur hauteur… J’étais dans un tel état de transe, que quand mon oncle posa sa main sur son épaule, je fus pris d’une hystérie incontrôlable, balayant mes bras tout autour de moi pour faire fuir ces horribles bêtes qui tournoyaient, écrasant des dizaines d’entre elles qui avaient fait l’erreur de se trouver trop près du sol, sans doute à la recherche d’une fleur à butiner. Je m’enfuis en direction de la maison toute proche, en proie à la plus grande des panique, telle que je n’en avais jamais eu…

 

 Plus tard le soir, alors que mon oncle s’était couché, et pensant que je faisais de même, ma psychose passa un nouveau cap en entendant le vrombissement caractéristique d’une abeille au sein même de ma chambre. J’ignorais comment elle était entrée, la fenêtre étant fermée, et j’étais certain qu’il n’y en avait pas quand je m’étais couché. Puis la sarabande s’intensifia de plus en plus, et je découvrais d’où elles venaient en voyant ces monstres rayés sortir de la grille d’aération, situé en haut du mur, devant mon lit. Elles s’agglutinaient, se regroupaient, formant une véritable escadrille en quête de vengeance. Elles étaient là pour moi, je le savais. J’avais tué un grand nombre de leurs sœurs, et elles m’avaient clairement prises pour cible. Je n’osais pas bouger, paralysé par la peur dans mon lit, positionnant mes draps jusque sous mon nez, observant leur nombre grandissant sans cesse. C’est là que je fis sans doute ma plus grosse erreur. Ma phobie était telle que j’emmenais toujours avec moi, quel que soit la sortie, une bombe d’aérosol anti-abeilles pour parer à toute attaque intempestive d’une de leurs congénères à l’extérieur, au sein de mon sac qui me suivait partout.

 

Je le prenais, sortant du lit, et pensant détenir l’arme ultime contre l’essaim grossissant toujours plus, formant désormais une immense tache grouillante de ces foutues bêtes, m’approchant malgré ma peur. Puis, à une distance jugée raisonnable par mon cerveau, j’aspergeais la petite armée devant moi, serrant les dents, la vidant complètement. A ce moment, je pensais avoir obtenu une victoire, mais je venais seulement d’augmenter leur haine envers moi. Elles se ruèrent sur moi de toutes parts, m’encerclant, incrustant leurs dards sur mes bras et mes jambes nues, mon visage se remplissait de traces de piqûres par centaines, me faisant hurler de terreur… Je tombais à terre, complètement submergé par cet essaim de mort désireux de venger les leurs, pensant ma dernière heure venue, quand mon oncle alerté par mes cris, pénétra dans ma chambre. Peut-être que cela vous semblera improbable, mais à peine celui-ci était entré, que l’essaim cessa toute attaque, se regroupant à nouveau, et repartit vers la grille d’aération d’où il était venu… En quelques minutes seulement, plus un seul membre de leur armée vengeresse n’était présent dans la chambre, mis à part les cadavres tombés au sol, tués par le produit ou par mes tentatives de défense, pendant que mon oncle appelait les urgences.

 

Je passais plusieurs jours à l’hôpital. Les médecins n’en revenant pas que j’ai pu survivre à une telle attaque. J’étais ce qu’on appelait un miraculé… Depuis, mon oncle a changé de passion, se débarrassant de toutes ses ruches, et mes parents ont accordés plus de crédit à ma phobie, me faisant passer une de ces thérapies dont je vous parlais plus tôt. Mais désormais, j’ai l’impression de les voir chaque soir, entendant leurs bourdonnements dans ma tête, envahissant mes rêves… Je sens que je suis en train de sombrer dans la folie peu à peu… Car je sais qu’elles sont là, quelque part, à m’observer… Voulant finir le travail inachevé…. Et je sais qu’elles y parviendront… Ce n’est qu’une question de temps avant que l’essaim mortel me retrouve, et me fasse payer tous mes crimes envers leur communauté….

 

Publié par Fabs

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