7 nov. 2021

L'HOMME QUI CREA SQUID GAME

 


Comment excuser l’impardonnable ? Comment pourrais-je jamais obtenir le pardon pour ce que j’ai créé ? Ce monstre hybride au parfum de morts plus atroces les unes que les autres dont les litres de sang envahissent chaque soir mes cauchemars ? Je n’ai pas voulu ça. Je n’ai pas voulu que des innocents paient pour satisfaire le voyeurisme morbide de VIP avides de spectacles mortels, sortes de clones de snuff movies à l’échelle internationale. Tout ce que je voulais au départ, c’était me venger de ceux qui m’avaient tourmenté lorsque j’étais enfant. Dans cette cour d’école de Yongsan-Gu où mon statut n’aurait normalement jamais dû me faire pénétrer. C’était une école primaire publique pour les gens du peuple, pas pour les gens d’une classe sociale comme la mienne. Seulement, mes parents n’ont eu d’autre choix que de m’y placer pour mes études. Les autres établissements ayant tous refusés de me prendre, du fait de la réputation sulfureuse de mon père, à la suite d’un scandale ayant fait la une des journaux à l’époque. Celui-ci avait eu une relation adultère avec son attachée de presse, plongeant notre famille dans la honte, une fois celle-ci révélée.

 

Au départ, mon père pensait qu’il s’agissait de l’œuvre d’un journaliste freelance ayant des entrées un peu partout. Mais c’était bien plus complexe que ça. Mon père était un homme politique brillant, qui faisait la fierté de son parti. Et attirait aussi la jalousie, au vu de sa popularité grandissante, des partis opposés. Ils ont alors fomenté un plan machiavélique pour le faire tomber, et discréditer le parti qu’il représentait. Ahn Kyong-Hee avait été choisie comme élément pour cette chute. Cette jeune fille de 21 ans avait pour objectif de se faire enrôler par mon père, et de le séduire. Par n’importe quelle méthode. Je ne connais pas tous les détails de l’histoire, étant trop jeune pour être mis au courant, mais Kyong-Hee parvint à ses fins, lui faisant oublier qu’il était un homme marié respectueux de son épouse par d’habiles subterfuges. Elle s’était arrangée pour que leurs ébats soient filmés, avec la complicité du personnel de l’hôtel où ils s’étaient rendus, à la solde du parti à l’origine de toute l’histoire…

 

Je pense que vous avez déjà compris ce qui s’est passé par la suite. Kyong-Hee a fait parvenir une copie de la vidéo à plusieurs organismes de presse. Des magazines spécialisés dans les potins de personnalités diverses, toujours en quête de scoops exclusifs, et se moquant bien des répercussions que leurs articles pouvaient engendrer sur la dignité de leurs cibles. En seulement quelques jours, la réputation de mon père passa de modèle à celui de paria national. Ma mère étant bouddhiste, elle lui pardonna son écart, comprenant qu’il s’était fait manipuler par cette fille en tout point. Je vous laisse deviner ce qui arriva par la suite. Mon père fut renvoyé de son parti, toutes ses connaissances politiques lui tournèrent le dos les unes après les autres, ses propriétés immobilières saisies par la justice enquêtant sur l’affaire, ses fonds gelés. Nous avons dû déménager de Gangnam à celui de Yongsan-Gu, faute de moyens suffisants pour prétendre à autre chose. Nous étions devenus ceux qu’on montre du doigt, la norme de mentalité faisant que si un membre d’une famille fait une faute, les autres membres sont considérés comme tout aussi fautifs, et dénigrés de toute part.

 

C’est ainsi que j’ai atterri dans cette école, au milieu d’élèves de classes sociales défavorisées où je ne me sentais pas à ma place. Etant d’une nature réservée, j’avais beaucoup de mal à aller vers les autres, afin de me faire des amis. Dans la cour de l’école, j’étais toujours à part, sur un banc isolé, jouant seul avec ma petite console portative, ma seule amie. Mes parents s’étaient assurés du silence du directeur de l’école afin que mon identité ne soit pas révélée, s’arrangeant de faire changer mon nom de famille en un autre, pour éviter que je sois la cible de mes camarades, à cause de la mauvaise réputation de mon père, notre nom étant source de railleries sur les réseaux sociaux, où montage photos et autres parodies discriminatoires étaient publiées en permanence. Sans compter la fameuse vidéo qui tournait pratiquement en boucle sur les plateformes de partages. Mon père n’ayant plus le moindre pouvoir politique, il n’avait pas la possibilité de la faire interdire. De toute façon, ça n’aurait pas servi à grand-chose, au vu du nombre de copies existantes. En interdire une, n’aurait fait qu’amplifier le phénomène, et dès le lendemain, 3 autres copies auraient fait le tour des médias.

 

C’est pour éviter que je subisse le contrecoup de tout ça que le directeur de l’école accepta de modifier mon nom de famille. Cependant, à cause de mon habitude de m’habiller de vêtements bien au-dessus des moyens des élèves de l’école, je finis par semer le doute sur mon appartenance sociale par rapport à eux. Bientôt, des allusions de « petit riche » commencèrent à circuler. Puis ce fut des rumeurs faisant boule de neige, me désignant comme le fils d’un gangster. Seule raison, pour eux, pour que j’ai des habits aussi luxueux par rapport à eux. Sans compter ma console hors de prix pour une classe sociale à laquelle j’étais censé appartenir. Il ne fallut pas longtemps pour que mon secret soit éventé. Je ne sais pas comment, ni par qui, mais bientôt mon vrai nom de famille fut révélé, malgré les efforts du directeur en disant le contraire à ceux qui lui posaient la question si c’était vraiment le fils du fornicateur politique, le quolibet donné pour désigner mon père, qui était dans l’établissement. Cette révélation parvint à certains parents, s’insurgeant de ma présence auprès de leurs enfants. Le phénomène de haine enfla, et je fus bientôt devenu la cible de mes camarades qui ne se contentaient plus de m’insulter ou de se moquer de moi ou usant de gestes déplacés, parlant de mon père. Ils passèrent à une autre étape.

 

Une étape où les humiliations au sein de la cour d’école fusèrent. Me faisant tomber volontairement dans des flaques de boue, déchirant mes vêtements, me volant mes chaussures, m’obligeant à rentrer chez moi pieds nus ou en chaussettes, selon le désir de mes racketteurs. S’il n’y avait eu qu’une ou deux personnes contre moi, peut-être aurais-je eu la volonté et la force de m’opposer à eux. Mais que peut-on faire contre une école entière ? Les « punitions » devinrent de plus en plus violentes, montant d’un cran à chaque fois, utilisant des jeux à priori innocents en tortures mentales et physiques. Je fus suspendu par les pieds au lieu où étaient pratiqués les épreuves de grimper de corde ; on m’obligeait à rester immobile contre un mur pendant qu’on me lançait des billes sur tout le corps. Ceux qui parvenaient à toucher certaines parties avaient le plus de points. Les yeux permettaient d’avoir le maximum, ainsi que l’entrejambe. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis rentré chez moi, parsemé de bleus, les cachant à mes parents, pour ne pas qu’ils s’inquiètent, ayant déjà bien assez de soucis à régler de leur côté. Je refusais d’être un fardeau de plus pour eux.

 

Les sévices continuaient de plus belle, m’obligeant à participer à des parties de balle au prisonnier où l’objectif était déformé. Les participants devaient me toucher le plus grand nombre de fois en me faisant tomber sous l’effet de l’impact. Si je ne me relevais pas vite pour subir de nouvelles frappes, c’était encore pire, subissant des lancers plus rapprochés en très grand nombre… On m’a fait participer au jeu de la bouteille. Mais ici, chaque personne désignée gagnait le droit de m’infliger des coups, ou bien de me piquer le corps avec des aiguilles, comme celles utilisées pour découper les gâteaux dans un jeu au départ dénué de toute méchanceté. Mais entre les mains de mes tortionnaires, cela devenait un objet d’une énorme souffrance, prenant un malin plaisir à cibler les parties les plus douloureuses de mon corps. Je vous passerais le détail des nombreux autres « activités amusantes » de mes camarades…

 

Et puis, un jour, ils gravirent un autre échelon. Gravant sur mon front, à l’aide d’un couteau, les formes géométriques figurant sur les boutons de la manette de la console auquel je jouais en cachette, à leur insu, quand je parvenais de rares fois à échapper à leur folie. Un rond, un carré et un triangle furent ainsi tracés sur mon front, faisant couler du sang le long de mon visage, alors que les élèves riaient en me regardant pleurer de douleur. Cependant, cette fois, leurs actes ne purent pas être cachés de par ma volonté. Mes parents déposèrent plainte envers l’école, et m’en retirèrent. Mais le mal était fait. J’avais déjà développé en moi cette haine de l’école et ses jeux censés être innocents, mais qui pour moi représentait le summum de la souffrance, de par leur utilisation déformée. Et plus que tout, je voulais me venger de tout ceux qui avaient participés à ces épreuves sadiques. Des épreuves. C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit en me remémorant parfois cette partie de mon passé, alors que je grandissais. Les années passèrent, je me forgeais un avenir, grâce aux efforts de mes parents, aidés en cela par le souvenir du scandale s’étant estompé au fur et à mesure du temps.

 

Mon père, peu rancunier, parvint à renouer avec certains de ses anciens partenaires. Afin de m’aider à m’élever, et montrer que notre famille pouvait se relever. Cela prit du temps, des années d’apprentissage des différentes facettes de l’économie coréenne, des techniques propres au pouvoir politique. Mais je parvins au firmament de ce système qui avait brisé mon père et ma famille des années auparavant. C’est lors de cette période que je fis la connaissance d’un homme, que je considérais très vite comme un ami. Au fur et à mesure de notre relation, je fus amené à lui parler de mon enfance, et des tortures que j’y avais subi par cette caste inférieure qu’étaient les classes sociales moyennes, voire très basses, que je haïssais de toute mon âme. Durant mon ascension, j’obtins très vite la réputation d’homme sans cœur, n’accordant aucun intérêt aux actions publiques d’aides aux miséreux. Jamais de dons, jamais de bonnes paroles à leur encontre. Certains me méprisaient pour cela, mais j’étais inattaquable, car faisant partie des 10 personnalités politiques et économiques les plus puissantes du pays. Juste devant moi, il y avait mon ami. Je lui avais parlé de mon désir de vengeance, de ce que mes camarades m’avaient fait subir à mon école. Et c’est là que je lui indiquais que j’aimerais leur faire subir ce qu’ils m’ont fait, en utilisant ce qu’ils aimaient, et dont ils s’étaient servis pour me torturer…

 

Ces fameux jeux que tous les enfants adorent dans les cours d’école allaient devenir une série d’armes et d’épreuves pour un jeu sans égal, dont la figure de proue serait le jeu du calamar, celui où j’avais subi les sévices les plus durs, de par ses règles stupides, où j’étais frappé à chaque fois qu’un participant parvenait à franchir une étape, quel que soit le « clan ». Comme une « récompense ». Le summum étant quand quelqu’un parvenait à atteindre la tête du calamar. Celui qui y était parvenu obtenait le droit de me frapper sans discontinuer pendant 2 minutes. 2 minutes, ça peut vous sembler court, mais quand vous êtes parsemé de coups de poing, de coups de pieds, de griffures… ces 2 minutes vous semblent interminables… A force de discuter avec mon ami, commença à se former dans ma tête l’idée de créer une série d’épreuves à l’image de ce que j’avais subi enfant. Mais à une plus grande échelle. A un niveau de souffrance adulte. Cet ami s’appelle Il-Nam, et il est maintenant à la tête d’une véritable organisation, en passe de devenir internationale, où meurtres et sévices font le bonheur de clients fortunés qui regardent le sourire aux lèvres des pauvres bougres sans le sous se faire massacrer aux cours d’épreuves mortelles et sanglantes…

 

Je vous l’ai dit, niveau fortune, il était au-dessus de moi, et surtout c’était un stratège de génie, et possédant un réseau interdit de combats à mort. Des combats où étaient recrutés des gens en quête d’argent, placés au centre de sortes d’arènes modernes, où deux adversaires, parfois plus, s’affrontaient. Le vainqueur était censé remporter une somme colossale mise en jeu. Somme qui augmentait au fur et à mesure des jours, pour chaque participant « éliminé ». Mais toute la subtilité du jeu était que ces combats se basaient sur le principe de vaincre un « champion », au service d’Il-Nam. Une bête de combat, féroce et imbattable. Personne a ce jour ne l’a encore battu, générant des produits monstrueux pour Il-Nam, chaque combat étant retransmis via les écrans de VIP appartenant à des strates du pouvoir très hautes. Hommes politiques, acteurs, chefs d’entreprises, avocats, banquiers. Tous avides de sensations fortes pour faire disparaitre leur ennui de la vie quotidienne. Au même titre qu’Il-Nam, ayant en lui ce même ennui de sa vie, où l’argent ne suffit plus à le distraire. Quand je lui ai évoqué l’idée de me venger de mes tortionnaires d’antan à travers des épreuves basées sur des jeux de cour d’école, j’ai vu ses yeux briller.

 

Nous avons longuement discuté à ce sujet. Plusieurs fois, sur plusieurs semaines. Je lui évoquais le type d’épreuves auquel je pensais pour servir de moyen de vengeance, et aussi sur mon désir de retrouver tous ceux qui m’avaient fait souffrir enfant, afin de leur faire subir la même chose à plus grande échelle. Il s’est révélé très intéressé par ce concept, et m’a indiqué qu’il ferait tout pour que ma vengeance s’accomplisse. Que je pouvais compter sur lui à ce sujet. C’est ainsi que tout a commencé. Il-Nam s’est chargé de tout, en fin organisateur qu’il était. Il avait remarqué, depuis le début de notre relation, que je portais toujours un bandeau sur le front, à toute heure, toute saison, sans jamais l’enlever. En tout cas en public. Un jour, il me demanda pourquoi. Je ne lui avais pas parlé de ce moment pénible, le plus douloureux de tous, que j’avais subi, qui, paradoxalement, m’avait permis de m’enfuir de leurs griffes par la suite. Il vit les signes gravés sur mon front, et je le vis les reproduire sur une de ses cartes de visite, les uns après les autres, dans le même ordre qu’ils apparaissaient sur mon front. C’est ainsi que lui est venu l’idée de cette hiérarchie. Ce « code » géométrique désignant les différentes classes des futurs gardes chargés du bon fonctionnement du futur jeu qui se mettait en place peu à peu.

 

Tout le reste s’est enchaîné très vite. Il me fit visiter un complexe construit en seulement quelques semaines, à quelques kilomètres de Séoul, se constituant d’un dôme sous lequel se trouvait un grand terrain. Et sous ce terrain se trouvait quasiment une véritable petite ville, constituée d’autres terrains, d’un dortoir immense, de cellules pour les futurs gardes chargés de surveiller l’ensemble des épreuves, et d’autres pièces réservées pour des fonctions, dont, à l’époque, je ne comprenais pas l’utilité, et dont il me demandait de ne pas m’en préoccuper, n’étant, selon ses propres mots, que des « détails » sans importance. En fait, il s’agissait des ateliers où étaient dissimulés des incinérateurs pour se débarrasser des futurs corps des victimes. D’autres pièces servaient à confectionner les éléments des futures épreuves ; ailleurs seraient construits les cercueils, entreposés les armes et tenues des gardes ; ainsi que des pièces servant pour la partie administrative, comprenant serveurs informatiques, dossiers, ordinateurs. Tout le nécessaire pour faire fonctionner une véritable petite entreprise à l’insu de tous. A ce moment, j’étais loin de m’imaginer dans quelle horreur je m’apprêtais à participer malgré moi, dépassant mon désir de vengeance tel que je le concevais dans ma tête.

 

Il-Nam évitait soigneusement de me parler des détails du « Projet Squid Game », tel qu’il le désignait, évitant certaines questions, en m’indiquant que ce n’était pas important, et qu’il m’en parlerait le moment venu. Que cela faisait partie de la surprise qu’il voulait me faire ressentir quand débuterait le premier jeu. Le point de départ d’une nouvelle ère de divertissement, qui donnerait une autre dimension au sens du mot « jeu ». Et qu’à l’image de celui qui m’avait fait tant souffrir enfant, et qui constituerait l’épreuve finale, il s’appellerait « Squid Game », en référence au jeu du calamar. L’idée d’utiliser l’anglais venait de lui également. A ce moment, il avait déjà en tête une extension internationale, et il lui fallait un nom qui parle à tous. Comment aurais-je pu imaginer un seul instant que ce jeu allait prendre des proportions aussi titanesques en termes d’organisation et d’ampleur dans le macabre, étendant le principe de jeu dans ce qu’il a de plus sadique, sanglant et abominable ?

 

Quoi qu’il en soit, il se passa encore 3 mois avant qu’Il-Nam me contacte, me disant que ma surprise était prête, que le premier « Squid Game » allait pouvoir enfin commencer, et que j’en étais, bien évidemment, l’hôte d’honneur. Qu’il était impatient de voir ma vengeance s’accomplir à un niveau qu’il n’aurait jamais soupçonné… Et il avait bien raison…. Jamais je n’aurais pu imaginer un tel spectacle. Tout ce que je voulais, c’était me venger de mes anciens tortionnaires, et dans le même temps, de cette classe sociale que je détestais tant, car elle était à l’origine de ma souffrance à cette époque. Mais ce que je vis ce jour-là, quand Il-Nam m’invita à la « Première », était totalement opposé à l’idée que je m’étais fait pour me venger. Il-Nam me fit monter dans une sorte de centre de contrôle, où se trouvait un gigantesque parterre d’écrans, dont les images étaient relayées par des caméras situées dans différentes pièces. Dans l’une d’elles figurait l’immense dortoir qu’il m’avait montré lors de ma première visite. Sauf que cette fois, les lits n’étaient pas vides…

 

Au total, 60 personnes étaient présentes, qui se réveillèrent les unes après les autres, comportant une sorte de tenue ressemblant à celle de prisonniers. Avec même des numéros sur chacun d’eux. Je crus reconnaitre certains d’entre eux, malgré leur âge adulte. Il-Nam me confia que tous ces gens étaient ceux qui m’avaient torturé étant enfant. Il les avait fait approcher par des rabatteurs, leur proposant de participer à une série d’épreuves pouvant leur assurer de ne plus jamais avoir de problèmes financiers de leur vie. En toute discrétion. Aucune des personnes présentes au sein du dortoir ne savait où ils se trouvaient. Il s’en était assuré.

 

Puis, l’un des gardes, portant une tenue de la même couleur que celle qui arborait ma console portative quand j’étais enfant, prit la parole, expliquant en quoi consistait le principe des épreuves pour toucher une somme convenue, sous forme d’une sorte de boule transparente, ou tomba bientôt une pluie de billets de banque. Je regardais à nouveau la tenue des gardes. Cette couleur, rose, me faisait revenir en arrière. Une erreur de ma mère en la commandant. Elle avait coché la mauvaise case pour le choix de la couleur. Et je n’avais jamais osé rien dire à ma mère, de peur de lui faire de la peine. Avec le temps, je m’étais fait à cette couleur, même si celle-ci avait aussi fait partie des moqueries de mes camarades à l’époque, me faisant traiter de « petite fille », ou me demandant si j’avais la culotte assortie sous mon pantalon. 

 

Ce genre de blagues débiles dites par des esprits ne volant pas bien haut. Bref, voir cette couleur sur la tenue de ces gardes me faisait bizarre. Je supposais que ça faisait partie des nombreuses références à mon passé qu’Il-Nam tenait à mettre en avant. Tout comme les formes géométriques, carré, rond, triangle, sur le front des tenues. Même l’endroit où était apposés ces signes n’était pas dû au hasard. Sacré Il-Nam. Je me demandais jusqu’où il avait poussé le souci de réalisme de mon passé ? Je n’allais pas tarder à comprendre que cette similitude s’arrêtait à ces petits détails. Ce que j’allais voir par la suite n’avait plus rien à voir à ce que j’imaginais en termes de vengeance… Si mon idée était juste de leur faire peur, de leur faire comprendre leur erreur, de leur montrer le pouvoir que j’avais acquis sur eux durant toutes ces années séparant les tortures, dont ils étaient coupables jusqu’à aujourd’hui, Il-Nam, lui, avait une toute autre idée derrière la tête, comme j’allais m’en rendre compte, impuissant au massacre qui allait se dérouler sous mes yeux.

 

Pour la première épreuve, les 60 participants furent menés au-dehors, par les gardes, sur le terrain extérieur sous le dôme. Celui-ci s’ouvrit, afin de laisser la lumière du soleil se déposer sur son sol. Une voix expliqua les règles du jeu, qui consistait en une balle au prisonnier. 3 groupes de 20 personnes fut constitué, suivant leur chiffre porté sur leur tenue. Chaque groupe fut disposé sur les 3 terrains, puis à nouveau séparés en 2 groupes de 10 personnes. Un ballon au milieu de chaque terrain. L’objectif, comme toute balle au prisonnier, était d’éliminer l’équipe adverse en touchant les personnes qui la composaient. Jusque-là, je ne voyais pas trop en quoi cette épreuve constituait une forme de vengeance. Il-Nam me demanda de patienter. Que j’allais vite comprendre. Et effectivement, à peine le jeu commença que je compris très vite… Le ballon n’était pas qu’un simple ballon. Il possédait à l’intérieur une fiole de Nitroglycérine. Quand une personne était touchée par le ballon, la nitro explosait sous le choc, réduisant le corps à l’état de charpie, éparpillant des morceaux de chair, d’entrailles et de sang partout autour, se déversant sur les autres participants, horrifiés.

 

Plusieurs, après cette vision d’horreur, tentèrent de sortir hors du terrain assigné, malgré les consignes annoncées en début de jeu, que tout joueur sortant du terrain en cours de partie, serait automatiquement éliminé. Eliminé… Un terme à priori anodin quand on parle de jeu. Sauf que là, ça prenait une tournure toute autre. A peine dépassé la ligne du terrain, ceux voulant partir furent immédiatement abattus par des mitraillettes dissimulées tout autour de l’aire de jeu. Une voix répéta que toute personne sortant du terrain serait éliminée. Et ce n’est pas tout. Le temps de jeu… Chacune des 3 parties en cours étaient régies par un temps de 15 minutes. Une fois le temps imparti, l’équipe comportant le moins de joueurs restant, serait éliminée totalement. Eliminée… Encore ce mot. Déformé par la vision d’Il-Nam. Je lui demandais alors ce que ça signifiait. Que je n’avais jamais parlé d’un tel massacre. Que je ne voulais pas me venger de cette manière.

 

Il-Nam me rappela qu’il m’avait fait signer la semaine d’avant un document où je m’engageais à ne pas intervenir, de quelque manière que ce soit, pendant la durée des jeux, sous peine de sanctions économiques et physiques. Sur le coup, faisant totalement confiance à Il-Nam, je n’avais pas perçu toute la teneur de ces lignes sur le contrat… Je ne comprenais que maintenant ce à quoi je m’étais engagé. Ce n’était pour lui rien de plus qu’une version améliorée de ses combats clandestins dont il m’avait fait part, sachant que je ne m’abaisserais pas à le dénoncer les concernant, trop soumis à ce qu’il organise ma vengeance tant espéré…

 

Si j’avais su ce que ces mots signifiaient à ce moment… Résigné, je me tus alors, assistant à la suite du jeu, où chaque ballon explosant était remplacé par un autre, via une trappe située dans le sol, au milieu de chaque terrain. Le massacre fut effroyable. Une succession de corps explosant, tous plus horribles les uns que les autres, transformant ce jeu en une terreur sans nom gorgée de sang. Au final, après cette première épreuve, il ne resta que 14 participants. 12 furent abattus en tentant de sortir du terrain de jeu. 29 par explosion du ballon reçus. Les 6 derniers pour avoir eu le malheur d’avoir un nombre inférieur à l’équipe en face d’eux. Et donc éliminés jusqu’au dernier….

 

Je fus pétrifié d’horreur en voyant ça, pendant que les gardes accompagnaient les survivants jusqu’à leur dortoir. D’autres gardes étaient chargés de « nettoyer » le terrain, entreposant les restes, du moins ce qui était récupérable, dans des cercueils noirs, comportant un ruban rose. Encore cette couleur. Je la détestais de plus en plus. Il-Nam, lui, avait le sourire aux lèvres, satisfait de ce qu’il avait vu. Il m’invita à me rendre à ma chambre, indiquant que la prochaine épreuve se déroulerait demain. Et me conseillant de ne pas chercher à m’enfuir. Il me rappela de quelle manière il « tenait » les participants à ses combats clandestins. Chaque participant, une fois signé le contrat les engageant, ne pouvait pas faire marche arrière. Si l’un se désistait au moment d’entrer dans l’arène, sa famille devenait la cible d’un assassin spécialement engagé, afin de l’obliger à combattre et respecter son engagement. Il me précisait que ce serait la même chose ici.

 

Au même moment, un sniper suivait les faits et gestes de mon épouse et ma petite fille. Dès l’instant où j’aurais mis le pied en dehors du complexe, elles seraient abattues toutes les deux. Je me rendis compte à ce moment de la véritable personnalité d’Il-Nam, un monstre caché sous le masque d’un visage souriant, et je ne pus qu’accepter « ses » règles. Car ce n’était plus les miennes. Il se les étaient appropriées, y voyant un moyen de faire fructifier ses ressources, et vaincre son ennui, ainsi que celui de nombreux VIP. Car il était évident, qu’à l’image de ses combats clandestins, que les jeux étaient retransmis à de riches clients, avides de ce type de divertissement mortel…

 

Les jours suivants, j’assistais donc à la 2ème épreuve, obligé malgré moi d’assister à une nouvelle étape de terreur. Cette fois, les participants devaient grimper une corde, et parvenir jusqu’en haut, alors que le feu était mis à la corde 30 secondes après qu’ils aient commencé à grimper. S’ils atteignaient le haut avant d’avoir été rejoint par le feu, ils gagnaient, et n’avaient qu’à se laisser tomber au sol, où se trouvait des gardes chargés de le réceptionner à l’aide d’une grande bâche. Si le participant sautait avant d’avoir atteint le haut, où se situait le but à atteindre, il s’écrasait au sol, dans une gerbe de sang et de craquement d’os. Si, par miracle, il survivait à cette chute, il était immédiatement abattu par un garde. S’il était rejoint par le feu avant d’atteindre le haut, il brûlait. 8 survécurent à cette épreuve. Je me demandais comment j’avais pu me rendre complice d’une telle horreur. Je me retenais de pleurer, en voyant ce spectacle monstrueux.

 

 Mais je ne pouvais rien faire pour l’arrêter, et je me voyais obligé de suivre les épreuves suivantes. Le 3ème jour, c’était une épreuve de saut à la corde. Les participants devaient sauter aussi longtemps que leur indiquait le temps imparti. Pendant 20 minutes, ils devaient supporter le rythme imposé par deux machines tenant les extrémités de la corde. Mais ce n’était pas tout. Le saut se faisait au-dessus d’une poutre d’à peine 1 mètre de diamètre, et le rythme s’accélérait au fur et à mesure. Si le joueur se loupait, dès l’instant où il tombait au sol, ou bien qu’il s’arrêtait de sauter, ne pouvant plus tenir le rythme, il était abattu par un des gardes. A la fin de cette épreuve, il ne restait que 3 participants. La pression que je ressentais à la fin de chacune de ces épreuves me tiraillait de plus en plus. Je me sentais l’âme d’un meurtrier. Coupable d’avoir été manipulé par Il-Nam que je pensais être un ami, un confident, capable de m’écouter et de comprendre mes ressentiments, alors qu’il n’a vu dans mon passé que le moyen de se divertir lui et les autres malades lui servant de clients. Ces VIP au cerveau aussi retors que lui, se complaisant dans un voyeurisme malsain.

 

Le 4ème jour signa la fin de ce cauchemar. Il-Nam m’indiqua qu’au départ il avait prévu plus d’épreuves, mais qu’au vu du nombre de participants restant, il était obligé de passer à l’épreuve finale. Précisant qu’à l’avenir, il faudra qu’il pense à « inviter » plus de concurrents pour pimenter l’intérêt de ses clients. Je le regardais alors, le visage encore plus blême que ce qu’il avait été. Avais-je bien compris ? Je ne comprenais pas. Je croyais que ce… spectacle était juste destiné pour cette seule et unique fois. Pour ma vengeance. Et là le couperet tomba. Il-Nam me signifiant qu’il se foutait royalement de ma vengeance, tout ce qui l’intéressait, c’était le potentiel qu’il pouvait tirer du Squid Game. Me demandant si j’avais vraiment cru qu’il avait dépensé tout cet argent, pris tous ces risques, juste pour me permettre d’obtenir réparation pour des torts que tout le monde avait oubliés, et qui n’ont strictement aucun intérêt. En tout cas, en ce qui le concernait. Il s’était intéressé à mon histoire et mon projet simplement parce qu’il y avait vu un nouveau type de divertissement unique, et que les résultats obtenus, rien que pour les 3 premiers jeux, dépassaient toutes ses espérances, et qu’il était hors de question de s’arrêter là. Que le Squid Game allait devenir une vraie poule aux œufs d’or, en plus de s’assurer de le distraire à un très haut niveau.

 

 Il envisageait déjà de prendre un Maître de Cérémonie pour gérer l’organisation des jeux de la branche coréenne, et il avait déjà en tête d’étendre le principe dans d’autres pays. Pour lui, c’était l’idée du siècle en matière de divertissement, et il me remerciait de lui en avoir fourni les bases. Au départ, il avait pensé me confier ce rôle de gérant de ce site, mais au vu de ma réaction au cours des jeux, il avait compris que ça ne serait pas possible. Que jamais je ne m’impliquerais davantage. En cela il avait entièrement raison. Je refusais de devenir complice de ces meurtres de masse. Ce n’était rien d’autre. Ce n’était pas de la vengeance. Ce n’était pas un jeu. C’était de la barbarie à l’état pur… Malgré tout, obligé par contrat à assister à l’ensemble de ces premiers jeux du Squid Game, j’observais le lendemain l’épreuve finale. Une version du jeu du calamar, ayant donné son nom à ce jeu de mort que j’avais contribué à créer. Les 3 survivants tenaient à peine sur leur jambes, rongés par les blessures multiples accumulées lors des 3 épreuves précédentes, la fatigue, la peur et l’incompréhension de tout ce qu’il leur arrivait.

 

Mais ils savaient qu’ils devaient continuer pour que tout s’arrête, et ils s’engagèrent alors dans le jeu. Je me souvenais qu’il fut un temps où j’appréciais énormément ce dernier. Avant qu’il devienne synonyme de peur et d’angoisse à cause de mes camarades, cette fameuse année où j’ai connu la crainte de vivre à chaque jour qui passait. Et là, je voyais un premier tomber au sol, éventré par un des couteaux fournis par les gardes au début de l’épreuve, sans pouvoir se relever, et baignant dans son sang. Pendant que celui qui l’avait poignardé commençait à peine à réaliser qu’il avait tué un être humain, le 3ème s’approcha de lui, et sans l’once d’un remords, lui planta son couteau dans le cou, faisant projeter des gerbes de sang devant lui, pendant qu’il suffoquait, avant de tomber à genoux sur le sol poussiéreux. Quelques secondes plus tard, il tombait complètement, emporté par la mort. Le vainqueur souriait, persuadé d’avoir gagné le droit de partir riche et en vie. Mais ce premier Squid Game était particulier. L’argent n’était là que pour appâter. C’était surtout un test pour voir le potentiel qu’il pouvait engendrer. Et surtout, malgré ses dires, Il-Nam tenait à ce que je sois vengé jusqu’au bout. Je pensais avoir vu le pire depuis le début des jeux. Je n’imaginais pas que l’horreur n’était pas encore finie…

 

Il-Nam m’invita à descendre avec lui, afin de rencontrer le grand gagnant de ce premier Squid Game, alors que celui-ci, son forfait accompli, s’était rendu au sein de la tête du calamar du jeu tracé au sol, attendant naïvement sa récompense. Quand il me vit m’approcher, aux côtés d’Il-Nam, sans doute l’espoir, l’espace d’un instant, avait commencé à se reformer en lui. Mais cela ne dura qu’un instant. Une fois arrivé aux côtés de l’homme restant, Il-Nam me confia un pistolet, m’indiquant qu’il n’y avait qu’une seule balle à l’intérieur. Donc, 5 chances sur 6 que le gagnant obtienne vraiment le droit de partir. Si j’acceptais de faire cette variante de la roulette russe, ma famille serait sauvée, quelque soit le résultat. Que la balle sorte ou non, tuant le malheureux en face de moi, je serais libre. De par le document que j’avais signé, lui octroyant les droits d’utilisation du jeu, les tenues, les règles, tout… Il ne me resterait qu’à vivre avec ma culpabilité au fond de moi. Je savais que je n’avais pas le choix, pendant que l’homme en face de moi voyait ses bras tenus par deux gardes, criant à l’injustice. Qu’il avait gagné. Il avait gagné le droit de vivre.

 

Je pris le pistolet tendu par Il-Nam, frissonnant de partout, la sueur perlant sur mon visage, envahi par la terreur. Je me disais : après tout, pourquoi la balle sortirait ? Il n’y a qu’une chance sur 6 que ce soit le cas. Je surmontais mes tremblements, augmentant de plus en plus au fur et à mesure que ma main s’approchait de l’homme. Je posais le canon sur sa tempe, et appuyais sur la gâchette…. La détonation qui s’en suivit fut la pire de toute pour moi… Je vis le corps de l’homme s’effondrer à mes pieds, ne bougeant plus… Je venais d’ôter sa vie… J’avais tué cet homme de sang-froid. A aucun moment, je ne me suis imaginé que la balle sortirait, persuadé, toujours avec ma foutue naïveté, qu’il était impossible d’avoir une telle malchance. Je suis tombé à genoux l’instant d’après, les yeux dans le vide. Je ne me rappelle pas ce qui s’est passé ensuite. Sans doute mon cerveau s’est-il bloqué à cet instant précis, refusant d’en voir plus. Mais j’ai toujours ce son en tête. Celui de la détonation faisant sortir la balle du pistolet, avant de s’enfoncer dans le cerveau de cet homme. Ce même homme qui avait été un de mes tortionnaires, alors qu’il n’était qu’un enfant…

 

Qu’étais-je censé faire ? Parler à la police ? Avouer que j’étais l’initiateur de toute cette horreur ? Qui me croirait ? Je n’avais aucune preuve attestant de l’existence du Squid Game et ses installations. Quant à Il-Nam, son armée d’avocats me broierait à l’instant même où j’entrerais dans une salle d’audience. En supposant que l’on porte crédit à mes accusations. Ce qui avait très peu de chance d’arriver. Alors je restais là, perdu dans mes pensées, sur le lit de cette chambre d’hôtel, essayant de me persuader que tout irait bien désormais. Je remarquais une télévision devant moi, avec un petit mot dessus, m’invitant à regarder le DVD dans le lecteur en-dessous. J’hésitais un moment, paniqué à l’idée de ce que j’allais y découvrir. Quelle nouvelle monstruosité m’attendait sur cet écran ? Je lançais le DVD malgré tout. Et là, mon cœur s’est arrêté. Sur l’image, je voyais les corps de ma femme et ma petite fille, étalées sur le sol, se noyant dans leur sang. Puis Il-Nam apparut, indiquant que j’avais fais une erreur d’envoyer un message à mon épouse pour lui dire de ne pas s’inquiéter, alors qu’il m’avait bien précisé de n’envoyer aucune information à l’extérieur du complexe.

 

Mon épouse avait trouvé mon message bizarre et en avait parlé à un inspecteur. Un pourri à la solde d’Il-Nam, qui lui avait évidemment rapporté l’histoire. D’où cette exécution sans préavis. Il-Nam précisa qu’il ne tenait pas à faire de même avec moi, ne serait-ce que par reconnaissance de lui avoir offert l’idée du Squid Game. Néanmoins, il ne verrait aucune difficulté à envoyer un de ses hommes le faire à sa place. J’avais rompu le pacte de silence, et je devais en payer le prix. Cependant, il y avait une alternative. Il y avait un pistolet sur la table de nuit où je me trouvais. Le même qui avait servi pour le dernier jeu. Cette fois, le barillet était rempli totalement. Il-Nam n’ajouta rien de plus, et la vidéo s’arrêta. J’ai réfléchi de longues heures avant de me décider à faire ce qui serait ma libération. Mais avant ça, j’ai écrit mon histoire sur ce blog, espérant qu’un jour quelqu’un le lirait, croirait son contenu, et aurait le courage d’en parler autour de lui, afin de parler de ce jeu délirant et mortel qu’est le Squid Game. Ce jeu de mort dont je suis le créateur inconscient. Je sais qu’Il-Nam a l’intention de le développer. Avec plus d’épreuves, plus de participants. Comptant sur le désespoir de personnes ne voyant que ce jeu pour compter voir une issue à leur vie.

 

C’est toute la puissance du Squid Game. Je suis persuadé que beaucoup s’offusqueront des règles au départ. Mais l’appât du gain aura raison de la majorité des plus réticents à participer. En fin de compte, l’argent est le moteur principal de ce jeu, son carburant. Et pas seulement. Il galvanise les esprits humains, corrompt les cœurs, détruit des avenirs par sa simple évocation. Et ça, Il-Nam l’a bien compris. Bien mieux que moi. Je lui ai donné la mèche, il a fourni l’explosif. Mais c’est bel et bien moi qui ai craqué l’allumette pour que le tout fonctionne. Je suis le seul fautif de tout ce qui est arrivé. La vengeance qui envahissait mon âme n’est pas une excuse pour ce crime. Alors, je pars sans peur. De toute façon, il ne me reste plus rien à m’accrocher. A quoi bon continuer à vivre ? A vous qui lirez ces lignes, en cet instant, j’ai déjà pressé la détente mettant fin à mon calvaire. Vous êtes libre de croire ou non à tout ce qui a précédé. Mais une chose est sûre : le Squid Game est bien plus qu’un jeu. C’est une épreuve mentale avant tout.

 

Si vous décidez d’y participer, vous vous engagez à ne plus être un humain. Vous devenez ce qu’Il-Nam en a fait. Un instrument. Une machine de désespoir comme il n’en existe nulle part ailleurs. Une mer de larmes. Voilà ce qu’est le Squid Game. Si malgré tout, vous décidez d’y jouer, oubliez tout ce qui fait de vous un homme. C’est la seule chose qui vous permettra de passer toutes les étapes et accéder à la victoire finale. L’oubli de soi, la perte d’humanité à son plus haut degré, voilà ce qui forme l’essence même du Squid Game. Ne l’oubliez jamais avant de vous engager… Adieu à vous. On se retrouvera de l’autre côté….

 

Publié par Fabs

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