Plusieurs semaines s’étaient passées, pendant lesquelles Dolorès s’était évertuée de se rapprocher toujours plus de Sacham, multipliant les gestes affectueux à l’abri des regards indiscrets, à chacune de ses visites au sein du palais de Krysta. Des visites où elle faisait part des nouvelles avancées de sa part sur le projet de Krysta pour lui permettre d’étendre toujours plus son empire. Un projet qui devait passer par la perte totale de la dépendance des sirènes et tritons de l’élément qui les différenciait de l’homme, à savoir le besoin de plonger leur corps régulièrement dans un bassin d’eau, afin de réhydrater ce dernier. Si Dolorès parvenait à concrétiser la demande de Krysta, bientôt les soldats de son empire serait à même de s’attaquer aux autres pays, aux autres continents jouxtant les territoires américains, afin d’y installer de nouvelles usines de traitement de la viande humaine. Peut-être même instituer des centres spécifiques, séparant la viande des hommes, celle des femmes et des enfants.
Il en serait de même pour les centres de reproduction, afin de spécifier une sorte d’équivalent du label de qualité que les êtres humains pratiquent au sein de leur société dite civilisée. Chaque centre pourrait se concentrer sur des catégories spécifiques, au lieu du système actuel où toutes les catégories sont parquées dans un seul et même endroit. Que ce soit les reproducteurs lambda ou bien les autres, divisés en niveaux. 4 au total, allant du A+ pour ceux dotés d’un taux de spermatozoïdes de qualité exceptionnelles, et surtout ayant une résistance sexuelle hors-norme, les niveaux B à la résistance plus limitée, les niveaux C pour ceux ayant un taux dans la moyenne, et les D, dont la durée de vie était aussi éphémère que leurs capacités à donner la vie aux sirènes recevant leur semence.
Un système hiérarchique équivalent est également pratiqué pour la qualité de la viande, testé par des scientifiques triés sur le volet, ayant été formés par des humains. Les meilleurs dans leur domaine. Parfois, certains de ces derniers, afin de s’assurer de leur fidélité, sont amenés à goûter la viande eux-mêmes, faisant d’eux des anthropophages forcés, sans savoir l’origine de ce qu’ils sont amenés à manger : hommes, femmes, enfants, … Ceux refusant de s’adonner aux consignes mises en place par Krysta, deviennent les produits pour lesquels ils ont refusé d’apposer leur signature dans le système alimentaire de l’Empire. Cependant, avec le temps, ils sont de moins en moins nombreux à ne pas se plier à ces règles monstrueuses. D’autres vont même jusqu’à proposer leur candidature pour faire partie de ces privilégiés, qui bénéficient, tant qu’ils obéissent aux ordres, d’avantages plus que conséquent. Que ce soit en matériel, en « produits de luxure », entendez par là des partenaires sexuels offerts par le système Krysta pour s’assurer la motivation de ces testeurs primordiaux pour la qualité. Un sacrifice de l’Empire qui a fait ses preuves au cours des années, et lui assure un fonctionnement sans faille.
Mais pour parvenir à étendre cet empire pour les ambitions démesurées de Krysta, il fallait d’abord que cette dernière parvienne à soumettre les derniers territoires qui lui faisaient défaut, à l’Ouest du pays. Et pour cela, tout comme la suite, la nécessité d’hydratation de la peau de son peuple, de ses soldats, devait appartenir au passé. C’est pour cette raison que Dolorès, un ténor dans sa catégorie, fruit de recherche de la part des enquêteurs de l’Empire, toujours à même d’offrir à leur reine les meilleurs éléments possibles pour que le peuple sirène devienne l’espèce principale de la planète, était déterminante pour les objectifs de Krysta. Mais cette dernière ne savait pas encore qu’en permettant à Dolorès d’avoir librement ses allées et venues au palais, elle avait fait entrer le ver dans le fruit qui allait changer beaucoup de choses au sein de son empire.
A commencer par Sacham, qui, par amour pour Dolorès, accédait au moindre de ses désirs, sans trop chercher à savoir ce qu’elle en faisait. Un amour aveugle qui allait trouver son point culminant après que celle-ci lui demande d’accéder aux appartements royaux du palais. Là où elle pensait qu’elle trouverait enfin les renseignements les plus importants à donner à Vladimir, permettant à ce dernier d’avancer plus loin dans ses recherches, et lui donner à elle, la possibilité de devenir l’un des leurs, et s’enfuir de toute cette folie, en passant les frontières établies et surveillées de l’Empire.
« Ce que tu me demande là est difficile à t’accorder, Dolorès. Si quelqu’un venait à apprendre que je t’avais donné cette carte d’accès, cela pourrait avoir de graves conséquences. Pour toi surtout… »
« Je suis consciente de la difficulté que cela représente pour moi. Mais si tu veux qu’un jour l’on parvienne à ce que notre relation puisse devenir officielle, sans que ta mère puisse rien y faire, j’ai besoin d’en savoir plus sur votre espèce. Et cela passe par l’accès à ces renseignements qui figure dans cette zone interdite aux humains du palais »
Sacham réfléchissait à ce que Dolorès lui avait dit quelques jours plus tôt. De la possibilité à ce que Dolorès devienne à son tour une sirène grâce à un scientifique des territoires de la résistance humaine. Cela ne lui plaisait pas trop de cacher tout cela à sa mère, car il était conscient que cela pourrait être considéré comme un acte de trahison aux yeux de l’Empire. Et même Krysta ne pourrait sans doute pas empêcher son exécution si cela s’apprenait, bien qu’étant son fils. Du moins le pensait-il. Il savait le caractère impitoyable de sa mère envers les humains. Alors, si elle apprenait que non seulement il avait une relation avec une humaine, mais qu’en plus il lui avait donné des informations pour qu’elle-même en devienne une, il ignorait quelle serait sa réaction. Il savait qu’elle le surprotégeait parfois, malgré les réticences de certains de son entourage au palais. Mais là, c’était différent. Mais, au fond de lui, il avait peur qu’en refusant la demande de Dolorès, il pourrait la perdre. Et cela lui était inconcevable.
« Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. Et il ne sera pas dit que je freinerais un futur qui pourrait s’avérer idéal pour nous deux, simplement parce que j’aurais refusé ce que tu me demandes. Alors, prends cette carte en gage d’amour ».
Sacham sorti de sa poche la carte d’accès tant convoitée par Dolorès, et la plaça dans ses mains. Pour Dolorès, c’était le 1er pas vers la réussite de son projet.
« Oh merci, Sacham. Tu es un amour. Je te promets que tu ne regretteras pas ce cadeau. Mais ça ne vas pas te poser de problèmes pour toi ? Comment justifieras-tu de ne plus avoir cette carte ? »
« Ne t’en fais pas. J’ai la fâcheuse tendance à être distrait. Tout le monde a l’habitude au palais de mes oublis de réunion, de perte d’objets divers. Perdre cette carte passera comme un supplément à tout ça. Et puis, qui se méfierais des propos du fils de la reine ? »
Dolorès lui sourit, après l’avoir à nouveau remercié. En guise de récompense, elle lui donna un baiser passionné, juste avant de partir à travers les jardins, quittant leur lieu habituel de rendez-vous, près de la fontaine. Sacham, plongé dans ses pensées, regardant Dolorès partir, était loin de se douter, à ce moment, que ce geste qui pouvait paraître anodin à ses yeux, allait précipiter les évènements, et diriger l’Empire vers une crise sans précédent. Et faire de lui une autre personne que la personne candide et naïve qu’il avait toujours été jusqu’à présent, changeant à jamais sa perception des êtres humains, qu’il prenait en pitié à cause de ce que sa mère leur faisait subir.
Ce que Sacham ignorait, c’était que Dolorès n’était pas la seule personne à ne voir en lui, en tout cas le croyait-il, qu’autre chose que le fils de la reine. Parmi les légions de sirènes ayant tenté de le charmer, afin d’obtenir certains privilèges auprès de Krysta, il en y avait une qui n’avait que faire des avantages que sortir avec Sacham pourrait offrir. Seule comptait à ses yeux l’amour qu’il représentait. Maintes fois, elle avait tenté de se démarquer, en vain. Au fil du temps, en voyant le sourire qu’arborait Sacham parfois en revenant du parc, elle s’était mise à douter que le fils de Krysta voyait quelqu’un en secret. Quelqu’un dont Krysta ne devait vraisemblablement ne jamais connaître l’existence. Et un jour, elle sut. Elle avait vu ce que personne n’avait vu. Ces petits sourires cachés entre Dolorès et Sacham, à chaque fois que l’humaine venait au palais. Et le fait que Sacham s’éclipsait juste après le départ de Dolorès. Alors, un jour, sa jalousie fit qu’elle suivit discrètement Sacham alors qu’il s’éclipsait à nouveau après la visite de l’humaine. Et elle surprit les deux amoureux s’embrasser dans les jardins, alors que ces derniers pensaient être cachés aux yeux de tous.
Dès lors, Scylla, la jeune sirène, se mit en tête de prouver à la reine que son fils les trompait tous. Cela ne lui plaisait pas trop de jouer les délatrices, mais elle ne pouvait laisser une humaine lui prendre l’objet de son désir. Elle aurait pu accepter si Sacham était épris d’une autre sirène, mais une humaine ! Ainsi, elle découvrit les escapades de Dolorès au sein de la zone interdite, où elle accédait très facilement grâce à une carte d’accès. Impossible qu’elle ait une accréditation de la reine pour entrer dans cette zone. Seul Sacham avait pu lui fournir. Il lui fallait maintenant réunir des preuves de ces intrusions de Dolorès afin de prévenir la reine.
Dans le même temps, Dolorès avait pu trouver une multitude de renseignements au gré de ses recherches dans les appartements royaux. Sur l’histoire d’Atlantis, l’origine de leur mutation, leurs particularités,… Autant d’éléments qui firent le bonheur de Vladimir lors de leurs rencontres.
« Dolorès, je dois vous remercier pour toutes ces précieuses informations que vous m’apportez depuis quelques semaines. Une vraie mine d’or. A ce rythme, votre rêve devrait bientôt s’accomplir ».
« C’est vrai ? Vous n’imaginez pas à quel point cela me rend folle d’impatience. J’ai tellement hâte de subir l’opération, et devenir une sirène à mon tour. »
Vladimir émit un petit sourire en coin
« Vous m’en voyez ravi. Nous sommes gagnants tous les deux. Vous devenez une sirène, et moi j’obtiens des éléments qui vont me permettre de faire avancer mon projet. Mes commanditaires devraient être satisfaits »
« Je suppose que je ne saurais pas de quel projet il s’agit ? »
« Non, Dolorès. C’est top secret. Contrairement à vous, je n’ai pas besoin de devenir triton pour avoir mes petites sorties du pays. L’avantage de pouvoir accéder aux territoires de l’Ouest. Ce qui me permet de temps à autre de superviser mon assistant Alexei, qui est resté au pays, et qui est chargé de veiller au bon déroulement de ce dernier »
Dolorès soupira un instant
« Vous avez de la chance. Je rêve depuis si longtemps de quitter ce cauchemar. De ne plus angoisser à devenir de la viande à chaque instant pour ces créatures de la mort ».
« Chaque chose en son temps, Dolorès. Le vôtre viendra en temps et en heure. Pour l’instant, il est important de continuer à me fournir d’autres infos. Sacham ne se doute de rien sur vos intentions ? »
« Non. Ne vous en faites pas. C’est un amour de naïveté. A se demander s’il est vraiment le fils de Krysta. Totalement différent de celle-ci. »
Faisant mine de se lever, Vladimir reprit en même temps :
« Parfait. Je dois partir maintenant. Le général Weiss me croit parti pour chercher du matériel scientifique. Une absence trop prolongée pourrait lui paraitre suspecte. A bientôt Dolorès »
Dolorès lui répondit d’un geste de la main, avant, elle aussi, de quitter le bar où ils s’étaient donné rendez-vous.
Plus tard, Vladimir revint aux fortifications qui représentaient le dernier bastion américain. Il souriait en les regardant. Cela lui faisait penser à un de ses films préférés, « Fort Alamo ». Il espérait juste que cela ne se finirait pas comme dans ce dernier. Il avait pris le chemin habituel pour tromper les éventuels espions de l’ Empire. Un chemin bien rôdé qui passait par les bois alentours. Une vraie aubaine ces bois. Mais connaissant les talents de tacticien du général Weiss, grand manitou de la résistance humaine, le choix d’avoir établi ces fortifications en cet endroit avait sûrement dû être calculé. Ce n’était sûrement pas un hasard.
A peine était-il entré au sein des murs qu’il fut appelé par un soldat lui indiquant que le Général Weiss le demandait. C’était curieux. Weiss aurait-il eu vent de la réalité de ses sorties ? Quoi qu’il en soit, Vladimir avait déjà songé à une telle éventualité, et il s’y était préparé. Si Weiss était un dirigeant hors pair doublé d’un grand tacticien, lui avait l’art de la manipulation. Il l’avait déjà démontré lors de sa dernière visite au pays, juste avant qu’il se rende aux USA, après avoir appris par les journaux cette invasion de sirènes. Un voyage qu’il avait préparé de longue haleine, réunissant infos sur infos, afin de tout prévoir. La manière d’entrer en amérique sans se faire remarquer, tout en étudiant comment en sortir, à l’aide des résistants. Il se souvenait de la première fois où il avait rencontré le général Weiss. Tout le monde semblait craindre ce 4 étoiles. Un homme charismatique, froid, semblant ne montrer aucune compassion pour les autres, si ce n’était pour lui-même. Alors, le fait qu’un petit scientifique russe sorti d’on ne sait où et parvenu à déjouer la vigilance de l’ennemi, ça l’avait intrigué, en fin militaire qu’il était.
Vladimir et lui avaient longuement discuté. Ils étaient parvenus à un accord. Weiss lui donnerait les moyens de sortir discrètement pour obtenir le matériel qu’il avait besoin pour étudier les quelques spécimens tritons qu’il avaient au sein de leurs rangs, enfermés dans les sous-sols de la base qui servait d’avant-poste, juste derrière les murs qui représentaient la frontière entre l’Empire de Krysta et les derniers humains libres. L’objectif étant de trouver leurs failles, voire d’obtenir des aveux sur les lignes de défense des centres de reproduction et des usines de traitement, par voie scientifique. Les méthodes habituelles militaires ne donnant pas de résultats probants, du fait de la résistance à la torture des tritons.
Weiss était plutôt sceptique au départ, et surtout il ne voyait pas une grande différence entre ses méthodes et celles de Vladimir au départ. Les 3 tritons dont il disposait pour ses « études » étaient en proie à des souffrances durables. Electrification, extraction de morceaux de côtes, de peau, de chair, soumission à des chaleurs extrêmes, suivis de froid intense, torture psychologique en leur montrant des vidéos où leurs pairs étaient dépecés, découpés sur place lors d’actions militaires. Des horreurs que Weiss n’auraient pu tolérer en temps normal sur des êtres humains. Mais là, c’était différent. Ces monstres n’avaient rien d’humain, et il n’éprouvait pas de remords à leur traitement. Mais il devait avouer que parfois les méthodes de Vladimir ressemblait fortement à celles employés par l’inquisition espagnole pour la chasse aux sorcières. Néanmoins, les méthodes s’avérèrent payantes. Vladimir obtint plusieurs infos sur les centres et les usines. Là où Weiss avait échoué à user de méthodes conventionnelle, Vladimir avait réussi, malgré tout le dégoût que certains actes avait fait remonter en lui. Et pourtant il en avait vu dans toute sa carrière.
Mais voir des membres arrachés sans que Vladimir n’en ressente le moindre sursaut d’émotion, l’observer pratiquer sciemment, totalement conscient de la torture infligée à ses « patients », l’inoculation de produits tel que cyanure, acide chlorhydrique ou sulfurique, dans leur corps. Parfois même des poisons violents qui aurait pu tuer un humain en une seconde. Les tritons résistaient bien plus longuement, c’était juste incroyable. Les sirènes, elles, étaient légèrement moins résistantes de ce qu’il avait pu voir, mais leur capacité n’en étaient pas pour autant moins impressionnantes. En voyant tout ça, Weiss avait fini par témoigner du respect pour Vladimir. Beaucoup de ses patients finissaient par succomber malgré tout, et ce que les soldats recueillaient avaient souvent pour effet de les faire gerber dans les recoins de l’installation scientifique que Vladimir avait érigé au fur et à mesure des semaines. Difficile d’imaginer que les corps récoltés puis brûlés avaient été des tritons ou des sirènes. Tel était Vladimir. Même le Dr. Frankenstein ou le pire des Serial Killers faisaient pâle figure en comparaison.
Mais pour l’heure, Vladimir se rendait donc dans le bureau du Général Weiss. Après que le soldat qui l’avait accompagné eut fermé la porte, Vladimir débuta la conversation :
« Je suis surpris de ne pas avoir été convoqué plus tôt. J’en déduis que vous avez découvert mes rencontres avec Dolorès, Général Weiss » ?
Ne pouvant réfréner un petit sourire moqueur, le Général Weiss rétorqua :
« C’est ça que j’aime chez vous. Pas de chichi. Droit au but. »
« Pourquoi tourner autour du pot quand on peut aller directement dedans. C’est une perte de temps, et du temps nous en avons besoin, Général »
Le Général Weiss ria à nouveau :
« C’est vrai. Ce n’est pas moi qui vous dirait le contraire. Pour en revenir à Dolorès, en effet, je suis au courant. Tout comme je sais que c’est une scientifique privilégiée de la cour de Krysta. Pour dire la vérité, je me moque que vous la voyiez et ce que vous trafiquez avec. Je voudrais juste m’assurer que ce n’est pas contre nous, et que vous n’êtes pas un espion à la solde de l’Empire. »
« Voyons, Général Weiss. Si c’était le cas, vous pensez vraiment que j’aurais torturé mes alliés tel que je l’ai fait tout ce temps ? »
Weiss ria à nouveau.
« Vous marquez un point Illioutchine. Effectivement, ça ne me paraîtrait pas logique. Pour une personne normale. Pour vous, … j’aurais tendance à avoir des doutes. Au vu du plaisir que vous procure ces petites réjouissances »
Vladimir ne répondit pas. Il savait que c’était la pure vérité.
« Je veux simplement que vous m’assuriez que vous êtes du bon côté, Illioutchine. Et que vous ne tentez pas de me faire un coup fourré au dernier moment. Parce que si il s’avère que vous m’avez berné, malgré vos services, je n’hésiterais pas à vous mettre au peloton d’exécution moi-même »
Toujours impassible, Vladimir répondit :
« Je peux vous assurer que mes rencontres avec Dolorès vont dans le sens des humains. Simplement, je ne pouvais prendre le risque d’être vu avec elle avec un de vos hommes dans le coin. Ça aurait pu mettre ma stratégie en l’air. Le but est toujours de récolter le maximum de renseignement. Et Dolorès s’est rapproché de Sacham, le fils de la reine, pour ça. »
Ce dernier point sembla fortement soulager Weiss.
« Ok, Illioutchine. Je vous fais confiance sur ce coup. Je ne sais pas ce que vous avez promis comme bobard à Dolorès, mais du moment qu’on peut avancer grâce à elle, aucun souci. »
Là-dessus, Weiss invita Vladimir à boire un verre de whisky avec lui, et ils discutèrent d’autres points de stratégie sur leurs actions futures, dont la ligne de mire était le palais royal. Une discussion qui se finit jusqu’en début de soirée. Après quoi, Vladimir prit congé, et repartit pour ses expériences dans son labo fourni par le Général. Dans le même temps, il avait hâte d’obtenir ce dont il avait besoin pour le Projet Crystal Soldier une fois rentré en Russie. Et il espérait qu’Alexei s’en tirait bien avec Viktor. Comprendre la manière de fonctionner de ce dernier était essentiel. S’il tardait trop, et n’avait pas de résultat substantiel, il devrait rendre des comptes à ses commanditaires. Et ceux-ci, Vladimir les craignaient bien plus que le Général Weiss. Contrairement à lui, leur pouvoir politique était capable de le faire disparaître comme s’il n’avait jamais existé sur terre. Tel était leur pouvoir. Et leur objectif du Projet Crystal Soldier était à la fois le plus excitant et le plus angoissant qu’il n’ait jamais connu. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Et son action ici aux USA était absolument primordiale pour parvenir au meilleur des résultats.
Deux jours plus tard, Dolorès fut demandée au palais pour une affaire de la plus haute importance concernant la perte de dépendance en eau, cœur du projet demandé par Krysta à son encontre, selon le messager chargé d’accompagner Dolorès au palais. Elle se demandait ce que cela pouvait être, vu qu’elle et Krysta en avait déjà débattu il y avait à peine quelques jours. Cette question occupa tellement son esprit qu’à aucun moment elle n’eut le moindre doute sur l’éventualité d’un piège posé par la reine des Sirènes, et accepta de suivre le messager jusqu’au palais. Une fois sur place, elle se fit introduire auprès de la reine. A ses côtés, il y avait une sirène qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Elle qui se targuait de connaître toutes les favorites et l’entourage de la reine, elle se demandait ce que signifiait sa présence. Et de l’autre côté, il y avait Sacham. Elle aurait voulu lui envoyer un sourire, mais face à Krysta, cela aurait été de la folie pure. Cette dernière prit la parole :
« Dolorès, sais-tu la vraie raison qui m’a amené à te convoquer aujourd’hui ? »
Krysta avait son air des mauvais jours, et Dolorès commença à se dire qu’elle n’était sûrement pas ici pour parler du projet. Quelqu’un aurait-il découvert sa liaison avec Sacham ? Impossible. Elle avait toujours pris grand soin d’être le plus discrète possible. Et Sacham n’aurait jamais eu le cran d’en parler à sa mère. Elle rétorqua timidement :
« Non, ma reine. Je… Je l’ignore… Je ne comprends pas… Ai-je fait quelque chose de mal ? »
A ces mots, Krysta explosa :
« Quelque chose de mal ? Tu te moques de ta reine par-dessus le marché ? Réfléchis : es-tu vraiment sûre de ne pas savoir pourquoi tu es là ? De ta réponse dépendra ma magnanimité envers toi ! »
Dolorès commença à voir la peur monter en elle. Au vu de la réaction de Krysta, il semblait évident qu’elle était au courant. Afin de tenter d’obtenir sa clémence, elle tenta de bafouiller des excuses :
« Je… Je suis désolée, ma reine. Je sais que je n’aurais pas dû. Mais j’aime votre fils. Je n’y peux rien »
Sur ces mots, ce fut au tour d’un Sacham qu’elle ne connaissait pas qui prit la parole :
« Tu m’aimes ? Vraiment ? Au point de me demander d’avoir accès à la zone interdite ? De me mentir sur tes intentions ? Et de donner des informations à un membre de la résistance ? Alors que tu m’avais certifié que c’était un scientifique dévoué à l’Empire ! »
Dolorès en eut le souffle coupé. Jamais Sacham ne s’était adressé à elle sur un ton aussi dur, aussi froid. Et comment pouvait-il être au courant pour le lien de Vladimir avec la résistance ? Puis, Krysta reprit :
« Tu te demandes comment nous le savons, je suppose ? C’est grâce à Scylla, ici présente. Elle s’est rendu compte de tes escapades auprès de mon fils. Elle m’en a parlé. Je t’ai fait surveiller discrètement. Puis nous avons découvert tes visites dans mes appartements. Nous avons vu que tu avais pris des photos de documents sur l’histoire de notre peuple. Un de mes hommes t’a suivi à l’extérieur, et m’a rapporté tes rencontres avec un homme, près des territoires de la résistance. Il n’a pas pu l’identifier, mais il a vu que tu lui avais fourni des documents. Après avoir donné sa description à un des espions surveillant les alentours des territoires de la Résistance, ce dernier a reconnu en lui un homme ayant ses entrées au sein de la forteresse de la résistance humaine. Qu’as-tu à répondre à ça ? »
Dolorès était au bord des larmes. Elle savait déjà que son rêve de fuir l’Empire venait de partir en fumée. Tout était perdu… En dernier recours, elle tenta d’implorer Krysta :
« C’est… C’est vrai. Je… Je me suis laissé soudoyer par cet homme, qui m’a promis de faire de moi une sirène. Afin que mon amour avec Sacham puisse devenir une réalité. »
Montrant une colère non dissimulée, Sacham, commença à descendre vers Dolorès :
« Tu mens ! Tu mens encore ! Tu m’as toujours menti, en fait ! Comment as-tu osé jouer avec mes sentiments ? Je te faisais confiance ! Je t’aimais ! Je t’aimais vraiment ! Et tu viens de détruire cet amour par tes mensonges ! »
« Sacham… Je… Je t’en prie… Pardonne-moi… Je… Je voulais juste qu’on soit pareils tous les deux »
« Pareils ? Nous ne sommes pas pareils ! Je dois avouer qu’au départ, c’est cette différence que j’ai aimé chez toi. Mais tu m’as trahi ! Jamais je ne pourrais te pardonner ! Ma mère avait raison ! Vous, les humains, vous êtes tous les mêmes ! Le mensonge fait partie de votre nature ! »
Sacham était maintenant devant Dolorès qui pleurait de plus belle.
« Mais je dois néanmoins te remercier : tu m’as ouvert les yeux sur votre race… Je sais maintenant que je ne devrais jamais attendre quoi que ce soit de l’un des vôtres. Je sais maintenant que vous méritez votre sort. Vous n’êtes que des tas de viande en devenir. Tout juste bon à avoir l’honneur de nous féconder pour pérenniser notre race ! »
Dolorès leva son visage en larmes vers Sacham :
« Sacham… Je t’en prie… Je sais que j’ai fait une énorme erreur… Pardonne-moi… »
Sacham se mit à rire :
« Te pardonner ? Je vais faire mieux que ça. Tu sembles souffrir apparemment… Alors, pour reprendre les mots de ma mère, la reine Krysta, je vais faire preuve de magnanimité à ton égard. Pour que plus jamais tu ne souffres… »
Là-dessus, Sacham se transforma, prenant son aspect véritable, celui d’un triton du clan de Krysta. Ses bras et ses jambes gonflèrent, faisant éclater les tissus des habits qu’il portait. Des griffes parèrent ses mains, qui s’allongèrent. Son visage se para de yeux où la colère prenait forme, d’une ampleur inimaginable. Il prit la tête de Dolorès entre ses mains qui hurlait de terreur, et d’un geste il compressa cette dernière à tel point qu’il la fit exploser. La réduisant à un tas de bouillie se déversant sur le sol du palais. Puis, d’un geste du pied, empli de dédain comme s’il touchait un tas d’immondice, il fit basculer le reste du corps, au milieu de morceaux de chair et de sang. Ce dernier s’écoulant vers les autres tritons et sirènes ayant assistés à la scène. Puis, Sacham s’adressa à ces derniers :
« Vous tous qui êtes ici : régalez-vous ! Je vous offre son corps indigne à votre appétit. C’est votre Prince qui vous l’ordonne ! »
Au même moment, Krysta prit la parole :
« Non ! Ce n’est plus votre Prince ! Désormais, Sacham devient officiellement votre roi. Désormais, il règnera à mes côtés pour vous ! Désormais, toute information m’étant destinée devra également lui être transmis ! »
Puis, Krysta, descendit du trône, prenant la main de Scylla, lui demandant de la rejoindre auprès de Sacham. Arrivée en bas, elle reprit :
« Et Scylla sera votre reine. Dans les prochains jours, nous scellerons les liens de Sacham avec elle selon nos coutumes. Ils seront ceux qui me succèderont sur le trône ! »
Observant la foule présente, qui semblait attendre, Krysta reprit :
« Eh bien, qu’attendez-vous ? Votre roi Sacham vous a donné un ordre que je sache ! Alors mangez le corps qu’il vous offre ! »
A ces mots, tous se ruèrent sur le corps offert, chacun se transformant à son tour pour se régaler de ce mets offert par leur nouveau roi, tel des pigeons se jetant sur des graines. Puis, Krysta prit la main de Sacham, la joignit à celle de Scylla, et ils remontèrent ensemble vers le trône. Elle s’adressa alors à Sacham, qui avait repris une forme humanoïde :
« Je suis tellement fière de toi, Sacham. Aujourd’hui, tu as montré ton vrai visage. Celui d’un futur grand Souverain. J’aurais tellement aimé que ton grand-père soit toujours là pour voir ça… »
Sacham, pour toute réponse, prit une bouteille de vin, qui était posé près de lui, près du trône, ainsi que 3 verres :
« Il faut fêter ça : Buvons, Mère ! Buvons, Scylla ! »
Et les 3 monarques se délectèrent du contenu de leur verre, tout en observant le repas morbide et sanglant qui se livrait devant eux, le sourire aux lèvres. Aujourd’hui, un nouvel ordre, une nouvelle étape de l’Empire de Krysta venait de s’établir. Sans savoir, que dans l’ombre, derrière les factions de la résistance humaine, une opération de grande envergure se préparait, et qui allait mettre à mal les espoirs de Krysta et Sacham quant à la réalisation du futur de l’Empire.
A suivre….
Publié par Fabs
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