31 déc. 2021

LE MYSTERE DU TRAIN ZANETTI


Cette histoire est basée sur un faits divers réel : le 14 Juillet 1911, un train de la compagnie Zanetti, en Italie, a disparu à l'intérieur d'un tunnel, lors de son voyage inaugural, avec 104 passagers à son bord. Il n'a jamais été retrouvé, et rien n'a permis d'expliquer cette disparition, lors de l'enquête demandée par les responsables de la compagnie. Un mystère total auquel s'est rajouté des témoignages de personnes ayant aperçu le train circulant dans divers lieux et époques autre que celle où il a disparu...

 

 

Malgré toutes les connaissances de l’Homme sur son environnement, il arrive régulièrement qu’il se retrouve confronté à un cas qui défie toute logique physique, tout fondement scientifique, toute explication rationnelle. Tout simplement parce que rien ne permet de comprendre ce qui s’est passé, en tout cas en se basant sur ce qu’il définit comme acquis de son savoir. Pour se défendre de parler de surnaturel, certains vont évoquer des canulars, des phénomènes d’hallucinations collective, ou de superstitions populaires, ancrées dans des traditions de pays depuis des millénaires, et perdurant toujours aujourd’hui. S’il arrive qu’effectivement ce soit le cas, d’autres faits ne peuvent être expliqués, ou du moins, les esprits cartésiens se refusent, ne serait-ce qu’à évoquer, la possibilité que des évènements échappant à toute réalité scientifique humaine puissent exister, et ne constituent que la seule solution possible…

 

C’est ce qui est arrivé dans l’affaire du train Zanetti, et si je suis bien placé pour le savoir, c’est que j’ai en ma possession un journal, écrit par l’une des deux seules personnes à avoir pu se soustraire à la disparition des 104 personnes voyageant à l’intérieur de ce train, avant que celui-ci soit passé dans un tunnel dont il n’est jamais ressorti. La société Zanetti a bien lancée des enquêtes pour déterminer ce qui avait pu arriver, mais le fait est qu’elle n’a pu fournir aucune explication quant à la disparition du train et de ses passagers. L’auteur de ce journal et l’autre personne ont été interrogées successivement par les hauts responsables de la compagnie, puis par la police, des spécialistes scientifiques, des psychiatres… Mais tous ont dû se rendre à l’évidence que ce n’était pas l’œuvre d’un immense canular ou une manœuvre publicitaire destinée à attirer l’attention sur la compagnie, comme beaucoup l’ont cru au départ… Ce jour-là, un train entier a disparu sans laisser de traces en passant le tunnel de Lombardie, avec ses 104 passagers…

 

Mais peut-être faudrait-il que je reprenne tout depuis le début, afin que vous compreniez mieux le déroulement de cette affaire hors-normes, qui continue de faire parler d’elle aujourd’hui encore, et alimente de nombreux forums dédiés au Paranormal, et plus particulièrement les passionnés de voyage dans le temps, dont ce cas reste sans doute l’une des preuves les plus fondamentales de l’histoire du surnaturel… Car, au vu des documents accumulés après la découverte de ce journal, confié par les descendants du psychiatre de son auteur, il apparait évident que sa véracité ne fait aucun doute, tellement il semble hautement improbable de mettre en place un tel stratagème, qu’il soit publicitaire ou non, surtout au vu de l’époque durant laquelle il s’est déroulé. Je dois préciser que je suis moi-même un enquêteur spécialisé dans les phénomènes paranormaux, et que je suis réputé pour être parvenu à démystifier nombre de petits malins pensant se faire une notoriété en construisant des canulars très élaborés. Des mises en scène dont j’ai démontré, preuves à l’appui, qu’elles n’avaient rien de surnaturel, et ne devaient leur existence qu’à l’intelligence et l’habilité à mettre au point, par des connaissances scientifiques très poussées, ce qui s’est révélé n’être que des techniques d’illusionnisme ou de persuasion mentale envers des personnes psychologiquement instables ou influençables…

 

Et dans le cas de cette affaire, je n’ai rien trouvé permettant d’affirmer qu’il ne s’agit que d’un coup monté savamment élaboré par celle à qui l’affaire a fait autant de mal qu’elle ne leur a fait de publicité. A savoir la société Zanetti. Pour comprendre les faits, il faut remonter au 14 Juillet 1911. Ce jour-là, après une campagne publicitaire de grande ampleur, un train de cette société italienne est parti pour un voyage inaugural sur une voie nouvellement construite. L’objectif de la compagnie était d’attirer une riche clientèle sur ce trajet, en offrant des services luxueux à l’intérieur du train : décoration, repas et alcool étant offerts aux futurs clients de ce train composée de 3 compartiments. A l’occasion de ce premier voyage, qui sera également le dernier, la Compagnie Zanetti avait fait les choses en grand, en sélectionnant et invitant 100 personnes, faisant partie de la clientèle visée, à savoir appartenant à des familles très aisées, financièrement parlant. Zanetti comptait sur les retours de ces personnes, suite à ce voyage, pour faire la publicité du train et de la ligne auprès de leurs proches et amis, et ainsi, par le bouche à oreille, construire une clientèle assurant à Zanetti de rentrer dans leurs frais de manière rapide. A ces  passagers se rajoutaient 6 membres d’équipage. Soit 106 personnes au total…

 

Le train suivait donc un trajet reliant deux gares, et traversant le tunnel de Lombardie, long d’un demi-kilomètre, en faisant le plus long tunnel ferroviaire de son époque. Au vu de ce qui est évoqué dans le journal, le voyage aller s’est déroulé sans encombre, les passagers étant ravis du confort se trouvant à l’intérieur du train, et des repas et liqueurs offerts, tel que promis par Zanetti. Le train traversa plusieurs petites gares, sans pratiquer d’arrêt. L’objectif de la compagnie étant de montrer la vitesse opérée par le train pour relier les deux gares, distantes de plusieurs centaines de kilomètres l’une de l’autre. Pour faire simple, disons que ce train pouvait être comparé à une version ferroviaire du Titanic, en matière de luxe, services et technologie, par rapport à d’autres trains de divers pays. C’était une merveille de précision pour l’époque, et il faisait la fierté de Zanetti qui avait mis en place sa construction dès le début de l’année 1911. Arrivé à sa destination prévue, et après une petite halte en gare, afin de permettre aux passagers de se dégourdir les jambes, juste avant de repartir dans l’autre sens, le train se redirigea en direction de sa gare de départ, suivant donc le même trajet qu’à l’aller. Et c’est là que les choses se sont compliquées…

 

Sur le journal, il est précisé que l’auteur de ce dernier, quelques centaines de mètres avant que le train arrive à proximité du tunnel faisant partie du trajet, a entendu des bourdonnements stridents, alors que le train ralentissait avant de pénétrer dans le tunnel. Puis, il a aperçu par la fenêtre qu’un étrange brouillard blanc, venu de nulle part, se formait, commencent à envelopper le train. Intrigué, il a ouvert la fenêtre afin de mieux juger de cette bizarrerie, et, alors que le premier compartiment, entièrement nappé du brouillard, était dans le tunnel, il se rendit compte que le brouillard grossissait et s’étendait sur le deuxième compartiment… Affolé par ce phénomène, il a sauté du train en marche, la vitesse de la chute lui ayant occasionné d’atterrir très brutalement sur le sol. Encore un peu étourdi, il vit qu’un autre passager avait sauté du train comme lui, pendant que le train terminait d’entrer dans le tunnel, alors que le brouillard l’enveloppait totalement… Lui et l’autre passager ont marché pendant des kilomètres, jusqu’à la prochaine gare, où, harassés par la fatigue, ils ont fait halte dans la ville, afin de se remettre de leur périple, n’osant pas parler de leur expérience, ayant encore du mal à y croire…

 

Quelques heures plus tard, les responsables de la compagnie se sont inquiétés de ne pas voir le train revenir à l’heure prévue à l’avance. Une enquête fut lancée, afin de comprendre ce qui se passait. Les enquêteurs, suivant le trajet du train, ont rencontré des personnes ayant vu de loin le ce dernier, drapé d’une sorte de brouillard blanc, entrer dans le tunnel, mais sans en ressortir. La distance entre leur lieu d’observation et le tunnel étant importante, ils ne furent pas en mesure de constater autre chose, et ne purent donc pas voir que deux personnes avaient sautées du train. L’enquête se poursuivit au sein du tunnel, pensant que celui-ci était à l’intérieur, en panne. Mais ceux chargés d’enquêter trouvèrent curieux qu’aucun membre de l’équipage, ou bien des passagers, n’aient eu l’idée de sortir, et suivre le tunnel jusqu’à sa sortie, afin de trouver de l’aide. Mais à l’intérieur, les enquêteurs eurent la surprise de ne trouver aucune trace, ni du train, ni des passagers ou de l’équipage. Celui-ci avait disparu complètement. Plusieurs autres recherches furent faites dans le tunnel, à la recherche d’indices pouvant donner un semblant d’explication, mais rien. Pas même des traces d’un quelconque accident, un choc avec un animal ou un autre véhicule, voir un éboulement pouvant expliquer en partie la disparition.

 

Des annonces furent lancées pour demander à d’éventuels autres témoins s’ils auraient des indices pouvant expliquer cette disparition inexplicable. Quelques jours après la disparition du train, l’auteur du journal et l’autre homme, les seuls rescapés, se firent connaitre auprès des responsables de la compagnie, et donnèrent le témoignage de ce dont ils avaient été témoins, avant de sauter du train. Ils firent l’objet d’un suivi psychiatrique, afin de déterminer si leurs propos n’étaient pas le fait du traumatisme subi, suite à leur chute hors du train. Les spécialistes déterminèrent des troubles du sommeil et une forme de stress très intense, mais rien ne pouvant indiquer un désordre mental, pouvant montrer que leurs propos étaient du domaine de la folie ou autre. Les interrogatoires policiers, quant à eux, prouvèrent leur bonne foi, même si ceux-ci n’avaient aucun élément concret pouvant prouver de ce qu’ils avaient vu, étant les seuls témoins directs. On ne sut jamais ce qui était réellement arrivé à l’intérieur du tunnel, ni de quelle manière un train entier et ses passagers avaient pu ainsi disparaitre. Par la suite, le tunnel a été fermé au trafic ferroviaire. Durant la deuxième guerre mondiale, un bombardement a détruit le tunnel, mettant court à d’autres éventuelles analyses à l’intérieur.

 

Mais l’affaire ne se terminait pas là pour autant, car je trouvais d’autres éléments troublants, pouvant indiquer que la nature du brouillard ou un élément inconnu dans le tunnel, avaient eu une incidence curieuse sur le train et ceux à l’intérieur… Une indication que le train n’avait peut-être pas disparu au sens propre du terme, mais qu’il aurait été victime d’un voyage dans le temps… Prisonnier d’un vortex temporel, créé par ce mystérieux brouillard l’ayant enveloppé… Je m’explique… Passionné et intrigué par ce journal et les faits décrits à l’intérieur, j’ai cherché à obtenir d’éventuels indices, même insignifiants, quelque chose qui aurait échappé aux enquêteurs. J’ai offert une récompense à toute personne pouvant m’apporter des éléments permettant de m’aider à comprendre, à travers des blogs et des forums spécialisés. Je fus contacté par un descendant de l’un des passagers, qui avait lui aussi, de son côté, fait des recherches… Je demandais à le rencontrer, et il me fit part de documents plus que troublants… Un rapport venant d’un hôpital local, obtenu par un membre de sa famille y travaillant, et s’occupant des archives dudit hôpital, où il était indiqué un fait très curieux…

 

En 1840, soit un peu plus de 70 ans AVANT la disparition du train, l’hôpital avait accueilli 104 personnes dans un état de trouble mental important, demandant des soins, indiquant qu’elles s’étaient retrouvées dans des endroits inconnus, sans aucun souvenir de comment elles s’étaient retrouvées là. Les personnes étaient à plusieurs centaines de kilomètres de distance l’une de l’autre, lors de leur découverte, hagardes, les yeux dans le vide, situées dans des villes, des villages, ou près d’une ferme, et toutes précisaient que le dernier souvenir dont elles se rappelaient, c’était qu’elles se trouvaient dans un train de la Compagnie Zanetti, partant de Rome. L’état de leurs tenues, jugées étranges pour l’époque, et pour cause, avaient intrigués les infirmières et les médecins traitants. Cependant, au vu des réactions plus que bizarres de ces patients, le personnel de l’hôpital ne prit pas au sérieux leurs propos incohérents. Néanmoins, l’un d’entre eux portait sur lui une boite à cigares portant une date de fabrication datant de… 1907 ! A noter que j’ai découvert lors de mes recherches que cette boite figurait dans un musée mexicain. Comment est-elle arrivé là ? C’est un autre mystère…

 

Concluant à un cas d’hystérie collective, sans pouvoir expliquer comment 104 personnes pouvaient donner les mêmes indications sur leurs derniers souvenirs, les médecins et psychiatres de l’hôpital ne firent pas d’autres enregistrements que ceux ayant permis de constituer le rapport obtenu par ce proche d’un des passagers du train disparu… D’autres faits étranges, trouvés au hasard d’articles de journaux, me firent découvrir des témoignages venant d’Allemagne, de Roumanie ou d’Italie, parlant d’un train de marque Zanetti traversant des voies ferroviaires. L’un d’eux est daté du 29 octobre 1955. Dans une petite ville nommée Zavalichi, en Ukraine, un signaleur en service s’est rendu compte de la présence d’un train inconnu et ancien, circuler lentement sur les voies. Il a vérifié l’horaire des trains, concernant son arrivée, mais il ne trouva nulle trace de ce train étrange. Il n’y avait personne dans la cabine du conducteur, et les rideaux des fenêtres des 3 compartiments du train étaient tous baissés, et l’accès à ceux-ci étaient verrouillés. Il fut constaté qu’il s’agissait bien d’un train Zanetti, au vu des indications précises fournies par le signaleur ukrainien. En 1991, le même train a été repéré en Crimée. Etant donné qu’il est peu probable qu’un signaleur d’une petite ville de l’URSS ait entendu parler de la disparition d’un train en Italie à cette époque, cela rajoute au mystère de cette affaire…

 

Curieusement, je n’ai pas trouvé d’autre traces de la présence de ce train, lors de mon enquête, après 1991. Comme si le train avait fini par se perdre dans les méandres du temps où il s’est enfermé, suite à son contact avec ce curieux brouillard l’ayant enveloppé en 1911. Peut-être erre-t-il encore quelque part, entre deux dimensions, ou à d’autres époques antérieures aux témoignages que j’ai découvert. Tout est possible… Quoi qu’il en soit, ce cas pourrait constituer une démonstration que certaines forces en présence sur Terre, échappant à la compréhension humaine, sont les preuves que le surnaturel existe bel et bien. Et cette affaire en particulier, par ses différents témoignages de plusieurs époques, pourrait prouver l’existence du voyage dans le temps. Le mieux serait de pénétrer à l’intérieur dudit train lors d’une éventuelle réapparition à notre époque… Mais cela pourrait signifier aussi de se perdre soi-même dans le temps, sans avoir la même chance que les passagers d’en sortir, tel que cela leur est arrivé en 1840, à une époque où la plupart d’entre eux n’étaient même pas nés… 

 

Quoi qu’il en soit, je compte sur vous, maintenant que vous savez ce qui en est… Si vous voyez un train de marque Zanetti, à l’aspect très ancien, dont les rideaux des compartiments sont baissés, circuler sur une voie de chemin de fer, où il n’a normalement pas sa place, n’hésitez pas à m’en faire part… N’essayez pas de vous introduire à l’intérieur… Car s’il se remettait en marche à votre insu, qui sait à quelle époque de l’histoire, et dans quel pays inconnu vous vous retrouveriez ? Êtes-vous vraiment prêts à prendre un tel risque ?

 

Publié par Fabs

29 déc. 2021

FEUX MORTELS (Woodsman 3)


 

Chaque année, je vois ces lumières émaner de la ville, près de notre forêt, et j’ai toujours été curieux de savoir de quelle manière comment de simples petits bâtons qu’on allume pouvait créer d’aussi belles couleurs dans le ciel… Un jour, j’en ai trouvé dans le sac d’un de ces petits vantards qui se croyait plus fort que les précédents, en pénétrant sur notre territoire à Maman et moi. J’ai l’habitude de ces visites, et à dire la vérité, on les attend, car ils constituent notre matière première pour nos repas. Il y a des périodes meilleures que d’autres bien sûr, cela dépend de la saison. L’hiver est de loin la plus productive, car il y a toujours des petits malins qui pensent braver la forêt maudite, tel qu’elle est appelée par les habitants de la ville, et s’en sortir indemne, après avoir coupé un sapin pour Noël. C’est l’un d’eux qui m’a fait découvrir les fusées de feux d’artifice. Cet imbécile pensait avoir été discret, en se couvrant d’une tenue de camouflage, comme les commandos, tel que j’en voyais dans les films de guerre dont j’étais très friand. En oubliant une chose primordiale pour pénétrer dans la forêt : c’était que quoi qu’ils fassent, tous ceux qui entrent ici, n’en ressortent jamais…

 

Enfin, pour être exact, il arrive parfois que j’en laisse volontairement un ou deux sortir avec quelques morceaux restants sur eux, gardant avec moi une jambe ou un bras. Juste histoire qu’ils puissent montrer que certains chanceux peuvent parvenir à revenir plus ou moins vivants, mais rarement entier. Pas complètement en tout cas. J’aime bien prendre mon temps avec ces proies faciles, depuis que plus aucun représentant des forces de l’ordre, comme on les nomme, n’ose être assez fou pour rechercher les téméraires franchissant la limite fixée par la pancarte, à l’entrée de la forêt. Il faut dire que la dernière fois qu’un de leurs groupes a tenté le coup, ça ne leur a pas trop réussi. Par contre, grâce à eux, j’ai pu confectionner un très beau sapin. Ce fut le cas encore cette année d’ailleurs. Un groupe d’enquêteurs du Paranormal qui voulait faire une vidéo exceptionnelle sur la « chose » qui hantait les bois, Woodsman. C’est-à-dire moi. Leurs corps étaient tellement fragiles que j’ai eu beaucoup de mal à ne pas briser chaque os avant de les disposer sur le sapin annuel pour Maman. 

 

Je n’arriverais jamais à comprendre pourquoi ce sont toujours les plus faibles qui viennent ici… Sans doute est-ce une sorte de rituel pour montrer que ce qu’ils n’ont pas en force, ils l’ont en débrouillardise… Bon, une fois qu’ils m’ont vu à l’œuvre en broyant la tête de leurs compagnons, arrachant leurs côtes à mains nus, ou les écrasant contre le tronc d’un arbre bien plus dur que le squelette de leurs corps, en règle générale, ils font comme tous les autres… Ils crient, ils courent, espérant être assez rapide pour m’échapper, me balançant toutes sortes d’objets, en prenant soin de viser ma tête. Mais ils sont tellement en panique qu’ils lancent ce qu’ils pensent être leur seule chance de survie n’importe comment. Rien de plus simple de les éviter, de me retrouver devant eux l’instant d’après, et de faire ressortir l’essentiel de leurs organes par leur dos, d’un simple coup de pied. J’essaie d’éviter de faire de cette manière le plus souvent, parce qu’après c’est compliqué de ramasser tous les morceaux, et ça me fait perdre du temps. Et puis surtout, ça perd de sa saveur à la cuisson, quand ils sont tombés au sol et qu’ils ont pris l’air…

 

N’importe quel gourmet vous le dira : rien de mieux qu’un poumon frais, découpé à la fraîcheur de la cave. Surtout que la nôtre est spéciale. La porte d’accès est blindée, en mode pare-feu, et comportant un sas. C’est pour éviter que des bactéries ou autres impuretés n’y pénètre. Et que ce soit Maman ou moi, on n’y rentre qu’après avoir enfilé une combinaison. Les corps récoltés lors de ma moisson du jour sont ensuite nettoyés dans une cabine de douche spécialement aménagée, afin d’éliminer les mouches ou insectes nécrophages qui se seraient incrustés dessus, lors de leur chute sur le sol de la forêt. Il y a parfois aussi des vers ou des fourmis. Le nettoyage permet d’expurger tout ça avant la découpe. La pièce où se trouve la cabine de douche est légèrement réfrigérée, ce qui permet de finaliser l’annihilation de toutes ces bestioles qui gâcherait la viande.

 

Après avoir préparé les différents morceaux, ils sont disposés dans les congélateurs. Il y en a un pour chaque partie bien distincte… Un pour les bras, un pour les jambes, un pour les têtes, et un autre pour les organes. Parfois, je coupe les mains et les pieds à part aussi : ça sert de garniture pour les gâteaux. J’aime bien faire des gâteaux. Et Maman adore la manière dont je les fais. Elle me dit souvent que je les réussis mieux que Papa. Il était très fort en pâtisserie… C’est la dame qui avait recueilli Maman, pendant qu’il était encore dans la maison de correction, qui lui avait appris. Je vous ai parlé de cette période. Juste après que Maman et Papa se sont déclarés leur amour en découvrant qu’ils avaient les mêmes goûts pour jouer avec les autres qui ne les comprenaient pas, et qui avait valu à Maman et Papa d’être séparés pendant 4 ans. Tout ça parce que Mr. Ferns, la personne avec qui ils s’étaient amusés, n’avait pas aimé leur servir de jouet…

 

Pendant que Papa était enfermé, Maman a rencontré une dame, en cherchant un travail, après avoir quitté la maison où elle vivait avec ses parents à elle. Cette dame avait mis une annonce dans le journal, et Maman s’est rendue à l’adresse indiquée… Maman m’avait dit que l’annonce était un peu curieuse, mais le salaire proposé était vraiment intéressant. Dans le journal, il était dit qu’il fallait avoir une forte résistance mentale, et surtout ne pas avoir peur du sang et des corps décharnés. Que c’était pour préparer des plats spéciaux pour une clientèle à part. Avec une annonce comme ça, forcément, les candidats étaient presque inexistants, et Maman fut la première à se présenter. La dame se faisait appeler Nova. Elle avait dit à Maman qu’elle faisait partie d’une organisation très particulière, faisant des recherches scientifiques. Et elle, elle était chargée de recruter des gens capables de préparer des plats pour des personnes qui n’étaient pas aimées par les humains. Au début, Maman ne savait pas trop de quoi parlait Nova, pensant juste qu’elle était un peu excentrique, mais que c’était pas grave, du moment qu’elle payait bien…

 

Après ça, Maman a compris ce qu’étaient ces personnes pour qui elle devait apprendre à préparer des plats. Sous la maison de la dame, il y avait une grande pièce où se trouvaient des bêtes curieuses, avec un régime particulier qui ne devait pas être connu des gens en dehors de la maison. J’ai oublié de vous dire que l’annonce spécifiait qu’il fallait être une personne capable de garder un secret. Que cette condition était primordiale pour être accepté pour le travail. En voyant les bêtes, Maman a tout de suite compris pourquoi il y avait tant de contraintes dans l’annonce. Beaucoup auraient sans doute fui la maison, mais ils n’auraient pas été très loin. Maman m’a raconté qu’il y avait eu 2 autres postulants pour le travail. Mais quand ceux-ci ont vu les bêtes, ils ont eu peur, et menacé de dire à tout le monde ce qu’il y avait dans la maison. Nova, la dame, elle n’a pas apprécié ces paroles, et elle a tranché la gorge à chacun d’eux. Devant Maman. Nova a regardé Maman à ce moment pour voir sa réaction, et Maman a souri… Demandant à Nova si elle voulait qu’elle l’aide à cacher les corps. Nova a souri à son tour, comme très heureuse de cette demande…

 

Mais elle lui a dit qu’ils n’allaient pas cacher les corps. Qu’ils allaient les transformer en plats de viande pour les bêtes. Et qu’elle allait lui apprendre comment faire. Que c’était même la partie principale du travail… C’est comme ça que Maman a appris à travailler la viande, grâce aux conseils de Nova. Elles sont devenues très amies toutes les deux. S’amusant beaucoup en découpant les corps. Il y en avait souvent qui arrivait à la maison, amenés la nuit par des hommes habillés en noir, pour pas être vus dans l’obscurité. Maman ne savait pas d’où venaient les corps, mais ça n’avait pas d’importance… Petit à petit, Maman a découvert que Nova avait une autre passion que la cuisine et s’occuper de bêtes bizarres enfermées derrière des barreaux. Elle aimait la viande sous toutes ses formes. Y compris celle que Maman l’aidait à préparer pour les bêtes. La viande humaine. Au début, Maman a été un peu réticente quand Nova lui a demandé de goûter. Maman m’a même dit que la première fois, elle a vomi. A cause de l’odeur et de l’âpreté dans sa bouche en mâchant. Et puis, à force, elle s’est habituée, et elle a fini par aimer ça. Beaucoup plus que la viande d’animaux comme on en trouve chez le boucher normal…

 

Et puis, un jour, Nova lui a demandé si elle voulait avoir des enfants avec Papa. Maman lui avait beaucoup parlé de lui. Alors bien sûr, Maman lui a dit que pour l’instant Papa et elle n’en avait pas encore discuté. Qu’elle ne savait pas si Papa serait d’accord. Nova lui demanda alors que si Maman décidait d’avoir des enfants, est-ce qu’elle aimerait qu’ils soient différents des autres enfants ? Plus forts, capables de se déplacer plus vite que la normale, et d’avoir une intelligence supérieure à n’importe quel humain. Elle lui dit que c’était possible grâce aux bêtes qui étaient là. Que son travail consistait aussi à extraire l’ADN de ces bêtes, les étudier, les transformer pour les adapter à des êtres humains sous forme de cellules souches, implantées ensuite sous forme embryonnaire dans un corps féminin, afin de donner naissance à un bébé supérieur aux humains normaux. Ça faisait un peu peur à Maman au début… Elle voulait des enfants, mais elle ne savait pas si elle en voulait un comme ça, qu’il fallait qu’elle réfléchisse… Et qu’elle en parle avec Papa. Nova lui a dit qu’elle comprenait, et qu’elle lui laissait le temps de réfléchir… Qu’elle n’était pas obligée d’accepter, et que si elle préférait refuser, ce n’était pas grave. Que ça ne changerait rien à leur relation au sein de la maison…

 

Maman a réfléchi longtemps. Plusieurs semaines. Après ça, elle s’est décidée à en parler à Papa, de manière détournée, par le biais des lettres qu’elle lui adressait au centre de correction où il se trouvait. Papa lui a répondu qu’il adorerait avoir des enfants différents des autres. Tant que ça ne causait pas de risques à Maman au niveau de sa santé. Maman a beaucoup reparlé de tout ça à Nova, de manière plus approfondie. Nova lui a montré ses travaux, expliqué de manière détaillée ce qu’il adviendrait de ses enfants en grandissant. Qu’ils deviendraient de véritables forces de la nature, comme il n’en existe nulle part ailleurs. C’est là que Maman a avoué qu’elle aimerait avoir un fils. Nova a souri à ça, comme si c’était la réponse qu’elle espérait entendre. Elle lui dit aussi que pour que l’enfant soit le plus robuste possible, il faudrait que Papa subisse aussi une implantation. Différente de celle de Maman, mais basé aussi sur des ADN des bêtes de la maison. Un ADN hybride en fait, conçu pour créer des êtres exceptionnels. Qu’elle et Papa seraient les premiers à bénéficier de cette avancée scientifique. Mais qu’il ne faudrait parler à personne des aptitudes de leur enfant. Et même qu’il faudrait qu’ils habitent dans un endroit où personne ne le verrait dans un premier temps…

 

Plus tard, quand Papa est finalement sorti de la maison où il était enfermé, il s’est rendu à l’adresse que Maman lui avait indiquée, et lui aussi il a rencontré Nova, qui lui a tout expliqué ce qu’elle avait déjà dit à Maman. N’oubliant aucun détail de l’expérience. Dans le même temps, Maman lui apprit à aimer la viande humaine, comme Nova l’avait fait avec elle. Et puis, des hommes sont venus pour mettre en place l’implantation des gênes sur Maman et Papa. Ils sont restés chez Nova encore quelques mois, le temps de vérifier si leur corps ne rejetait pas l’ADN hybride, et que des changements de leur propre ADN commençait à se montrer dans leur corps. Maman m’a dit qu’elle avait rarement vu Nova afficher un aussi grand sourire, quand elle eut confirmation que l’expérience était un succès. Les corps de Maman et Papa avaient parfaitement accepté le traitement. D’ailleurs, du fait de ça, ils ont encore plus facilement apprécié de manger de la viande humaine. Bien plus qu’avant. Leur métabolisme, c’est le terme que Maman a employé, était même dorénavant totalement dépendant de ce type d’alimentation…

 

Par la suite, Papa et Maman sont partis de chez Nova. Papa a appris le métier d’architecte pendant quelques mois. Pendant cette période, lui et Maman étaient fournis en viande par des hommes envoyés par Nova. 2 mois plus tard, Maman est tombée enceinte. Nova s’est occupée, grâce à ses contacts au sein de l’organisation dont elle faisait partie, de faire rentrer Maman dans un hôpital secret. C’est là que je suis né. Sous la supervision de Nova et d’une autre dame qui se faisait appeler Luna. Les deux ont indiquée le nom de l’organisation qui avait permis ce « miracle », à savoir mon élaboration et ma naissance. La Chambre des 9. En précisant que j’étais un élément très important pour le futur. Elles ont précisé leur grade aussi à Papa et Maman. Nova était la N°4 de la Chambre, Luna la N°10. Plus tard, Luna s’est chargé de trouver un endroit pour que Papa et Maman puisse m’élever sans attirer l’attention. Papa s’est rappelé d’une forêt, près d’une petite ville où il avait été, lorsqu’il était enfant. Luna a étudié l’endroit, et a approuvé le choix de Papa. La suite, vous la connaissez. Nova appelle Maman tous les 6 mois, histoire de savoir où en est mon évolution.

 

Il n’y a pas très longtemps que je sais tout ça. Maman m’avait caché le secret de ma naissance pour ne pas me perturber. Mais depuis la mort de Papa, et surtout qu’elle sentait que sa santé allait en se dégradant, elle sentait qu’il était important que je sache comment et pourquoi j’étais né. Mais que ça ne voulait pas dire qu’elle ne m’aimait pas, bien au contraire. Elle m’avait désiré plus que tout. Mes « facultés », c’était un plus, et à aucun moment, encore plus aujourd’hui qu’hier, elle n’avait regretté ce choix d’accepter la proposition de Nova. Et si elle m’avait dit tout ça, c’était pour que je sache à qui m’adresser une fois qu’elle ne serait plus là. Afin que je ne me retrouve pas seul au sein de cette forêt. Que je n’étais pas destiné à rester éternellement dans cette forêt. La Chambre des 9 nourrissait de grands projets pour moi. Je n’ai pas cherché à en savoir plus. Je sens bien que quand Maman évoque l’éventualité que je ne sois qu’un projet aux yeux de la Chambre et de Nova, ça la rend un peu triste. La peur, sans doute, que son ancienne bienfaitrice ne vienne un jour me demander de venir avec elle, et laisser Maman toute seule ici. Mais jamais je laisserais faire ça. Et je n’aimais pas quand Maman était triste. Ça me rendait triste moi aussi…

 

Je vous ai parlé de ces feux d’artifice au début de ce récit… Eh bien, comme j’ai vu que le sapin de cette année avait eu moins d’impact sur Maman, du fait de l’habitude de me voir le confectionner vraisemblablement, ayant perdu l’effet de surprise, j’ai eu l’idée de lui offrir un beau spectacle sous forme de feux d’artifice… Mais à ma manière bien sûr… Vous me connaissez maintenant… Vous savez que je n’aime pas faire comme tout le monde… Alors, j’ai cherché à me renseigner sur la manière de faire des bâtons capables de créer des feux uniques… Mais à une échelle différente… Confectionner la poudre fut facile à comprendre. Et j’eus très vite l’idée de comment mettre au point la manière de les agrémenter à la sauce « Woodsman » … Et il me fallait donc trouver des corps adaptés pour ça… Les fêtes de Noël étant passées, il y avait moins de possibilité de voir des « visiteurs » dans la forêt venir d’eux-mêmes… Il me fallait donc à nouveau me rendre en ville pour trouver ce dont j’avais besoin, comme je l’avais fait pour Pâques et les œufs…

 

Comme pour cette période, j’attendis donc que Maman s’endorme les soirs suivants, et me rendais sur les lieux de mon approvisionnement pour donner un sourire plus radieux à Maman… Contrairement à la fois précédente, je ne pouvais pas choisir n’importe quel corps. Je cherchais des corps robustes, capables de résister à ce que j’avais prévu pour mettre au point mes feux d’artifice, et je ne savais pas trop où chercher. D’un coup, j’entendis les pleurs d’un enfant, ainsi que des cris d’adulte, accompagnés de rires… Au vu de ce que j’entendais, je pressentais qu’il s’agissait d’une petite bande d’ados s’en prenant à plus jeunes qu’eux, juste pour le plaisir de faire du mal… Je détestais ce genre de personnes… J’ignorais s’ils auraient la carrure idéale pour mon plan, mais je me rendais néanmoins en direction des cris et des pleurs d’enfants. Même s’ils n’étaient pas exactement comme je voulais, au moins j’aiderais un enfant, et au pire, les corps feraient un repas de plus à découper et placer dans les congélateurs de la cave…

 

J’arrivais à l’endroit d’où venaient les cris. Finalement, j’avais de la chance. Ce n’étaient pas des ados comme je pensais, mais des adultes. Une petite bande de 4 motards, s’amusant à faire tomber au sol une fillette qui ne devait pas avoir plus de 14 ans, lui jetant des morceaux de verre sur la tête. Alors qu’elle était à terre, l’un des membres de la bande se mit à uriner sur le dos de la gamine en larmes… Mon sang ne fit qu’un tour… ça m’était rarement arrivé, mais j’allais joindre l’utile à l’agréable en débarrassant la ville de ces petites merdes, qui, au vu de leur corpulence, seraient en plus de ça, parfaitement conformes à mon projet personnel… Je m’approchais, de la bande, sans dire un mot, celle-ci étant composée de 3 hommes et d’une femme, qui devaientt avoir dans la trentaine chacun… La femme fut la première à m’apercevoir, avertissant ses amis. Ceux-ci se retournèrent, ricanant, montrant leurs dents pourries, pendant que l’un d’entre eux s’approcha de moi, un canif à la main…

 

Je restais impassible, attendant qu’il fasse le premier geste, cet imbécile qui se croyait fort. Et, au moment où il fut assez près, agitant sa lame sous mon nez, j’empoignais, à travers le textile de son pantalon, ce qui lui servait d’apanage de sa virilité, pressant jusqu’à le voir affaisser son corps, la couleur de son visage pâlissant dans le même temps, pendant que ses comparses n’osaient bouger. J’en déduisais que le gros balourd que je tenais par là où ça faisait mal, était le chef de bande. Ce dernier tentait de balbutier quelques mots, et là c’était à moi de sourire, juste avant que je tire d’un coup sec, arrachant tout ce qui se tenait dans mes mains. Avant qu’il ait le temps de crier, lâchant vers les autres membres de la bande son appendice de reproduction, je tenais sa tête entre mes mains, pressant son crâne, le faisant se déformer jusqu’à explosion. Après tout, sa tête n’était pas primordiale pour mon projet. Seul son corps était important… Pris d’un élan d’un vain courage au vu de leur situation qui allait être mise à mal dans quelques secondes, les 3 autres foncèrent sur moi, comme des mouches stupides attirées par la lumière…

 

Bien que n’ayant pas d’à priori sur la gent féminine, je stoppais l’avancée de la femme d’un coup de tête sur son visage, ce qui lui fit ressortir ce dernier par l’arrière de son crâne, la tuant net, son corps tombant au sol aussitôt. Dans le même temps, les deux autres, pensant avoir une intelligence éphémère, en tentant de me tenir en tenaille, simultanément de chaque côté, eurent droit chacun à un de mes poings, transformant leur visage en bouillie de chair et d’os brisés, aussi rapidement qu’on écrase une banane mûre, laissant se renverser ce qui restait d’eux, aux côtés de leurs deux comparses noyant déjà le sol de leur sang d’abrutis profonds… Je voulus rassurer la gamine, mais celle-ci, terrorisée par mon action, se releva, avant de s’enfuir dans l’obscurité, sans proférer un mot. Néanmoins, cette réaction était logique… Elle venait d’assister à un quadruple meurtre d’une manière peu banale, et je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir omis de me remercier. De tout façon, ce n’est pas quelque chose que je recherchais. Seul comptait qu’elle ait pu échapper aux griffes de ces ordures qui allaient bien servir mon futur projet…

 

Dans le même temps, j’entendis les pas d’une autre personne, semblant se diriger vers moi. Curieusement, alors que je me targuais de sentir la moindre présence près de moi, je ne m’étais pas rendu compte que quelqu’un d’autre était sur place… C’était une petite fille… D’environ 8 ans, portant un singe en peluche contre sa poitrine par sa main gauche. Sa main droite montrait des taches de sang, comme sur l’ensemble de sa tenue d’ailleurs, composée d’une robe en dentelle, telle qu’on en porte pour des cérémonies particulières, ou pour des sorties du dimanche. Ses pieds étaient ornés de petits escarpins noirs, dont le cliquetis sur le bitume n’émettait pratiquement aucun son. Mais ce n’était pas ce qui me gênait le plus… Son visage… Son visage était pourvu d’une immense cicatrice, allant du dessus de son œil droit, de son point de vue, jusqu’au bord gauche de son menton, passant sous son autre œil, lui-même gorgé de sang, remplissant tout le contenu de ce dernier. J’ignorais qui avait bien pu lui infliger un tel traitement, mais la personne qui lui avais fait ça ne valait pas mieux que la bande à qui je venais d’achever la vie…

 

Elle continuait de s’avancer, se dirigeant vers moi, ne semblant pas s’alarmer outre mesure des mes mains ensanglantées, ni des cadavres m’entourant. Il était évident qu’elle avait assisté à la scène. Mais, contrairement à l’autre petite fille, cela ne paraissait pas l’horrifier le moins du monde… Comme si elle avait l’habitude de ce genre de scène macabre… Et, sans que j’aie le temps de réagir, entourait mon torse de ses petits bras, le serrant, me mettant dans un embarras difficilement explicable… Je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça… Je venais de tuer 4 personnes sous ses yeux… Puis, elle levait le regard vers moi, me remerciant d’avoir enlevé les vies de ces ennemis de l’enfance… Ce sont les propres mots qu’elle m’adressait… Elle restait quelques secondes ainsi, à me fixer, comme pour voir ce que j’allais faire sans doute… Elle sourit alors, me disant que j’étais un homme de bien, et que nous serions sûrement amené à nous revoir bientôt… Qu’elle sentait que j’étais comme elle… Une machine de mort… Fabriqué par la science… Créée pour détruire, pour le plaisir de nos proches… Elle rajoutait qu’elle avait perdu les siens… Que c’était elle qui avait mis fin à leurs vies… Pour avoir frappé et laisser mourir son petit frère…

 

Désormais, c’était sa mission d’ôter la vie à ceux qui martyrisaient les enfants, comme sa famille l’avait fait pour son petit frère… Dont la tombe se situait au Nord de la forêt maudite… Et qu’un jour prochain, elle me la montrerait… Que je serais le seul qui mériterait de la voir… Les autres qui s’en approcherait périrait tous… Sans exception… Mais pas moi… Me répétant que j’étais comme elle… Elle me libérait de son étreinte, me fixant une dernière fois, fermant les yeux en souriant, avant de tourner les talons, et s’enfonçant dans la nuit… Un peu plus loin, elle se tournait à nouveau, m’indiquant que si je cherchais à la retrouver, je n’aurais qu’à énoncer son nom… Qu’elle l’entendrait, quel que soit l’endroit où je le dirais… Sortant de mon étonnement, je lui demandais alors quel était ce nom… Elle me répondit alors naturellement : Scary Girl… Puis, elle s’effaça dans les ténèbres de la nuit, me laissant en proie à de multiples interrogations… Mais pour l’heure, je me devais de rapatrier ces corps et les stocker dans la cave, avant que Maman se réveille et se doute de quelque chose…

 

Les deux jours suivants, je repartis en pleine nuit pour récupérer d’autres corps, et je revis Scary Girl, restant au loin cette fois, comme analysant mes moindres faits et gestes, son singe en peluche toujours serré contre sa poitrine… Je me souvenais qu’elle m’avait dit que son petit frère avait été tué par sa famille… Je me demandais dans quelle circonstance… Et à quel niveau de brutalité cela s’était passé pour la faire devenir ce qu’elle était… Je supposais que cette peluche devait appartenir à son petit frère d’ailleurs… Il y avait autre chose qui m’intriguait… la tombe… Cette tombe qu’elle m’avait indiqué se trouver au nord de la forêt… Comment avait-elle pu entrer sans que j’en détecte la présence ? C’était la première fois que quelqu’un échappait, si l’on peut dire, à mon « radar » naturel, concernant la forêt où je vivais… J’en revenais à ce qu’elle m’avait dit… Qu’elle était comme moi… Serait-elle née du fait de Nova elle aussi ? Et si c’était le cas, est-ce que c’était dans des circonstances propres à celles de Papa et Maman ? Mais alors, serait-il possible qu’il y ait d’autres personnes comme moi quelque part, dotés de facultés hors normes pour un humain ? Et Scary Girl ? Quelles étaient ses capacités ?

 

A chaque fois que je voyais apparaitre sa silhouette au loin, les mêmes questions envahissaient ma tête, et le temps que je me décide à lui demander certaines réponses, elle avait disparue… Mais elle m’avait dit aussi qu’il viendrait un temps où nous serions amenés à nous revoir… Bientôt… Je me raccrochais à ce moment, peut-être plus proche que je ne le pensais, afin d’obtenir enfin ce qui perturbait mon cerveau… Mais pour l’heure, ce soir étant ma dernière « tournée », je me devais de rassembler les nouveaux corps, afin de préparer, pour le surlendemain, jour du Nouvel An, la nouvelle surprise de Maman, qui, je l’espérais, lui donnerais ce sourire que j’aimais tant qu’elle affiche…

 

Le lendemain soir, je mettais au point les derniers préparatifs de ma surprise « à la Woodsman », profitant du sommeil de Maman, qui se couchait très tôt depuis quelque temps, en proie à une fatigue qui n’étais pas pour me rassurer…Plaçant les caisses contenant les éléments de mon feu d’artifice personnalisé pour ma chère Maman. J’avais hâte de voir ses yeux à la vue de ce spectacle dont j’étais sûr qu’il n’existait aucun équivalent… Puis arriva le jour fatidique, j’installais Maman devant le perron de la maison, dans un siège confortable, là où elle pourrait jouir du mieux possible du beau feu d’artifice que je lui réservais… J’avais tout étudié dans les moindres détails, préparés les mèches pour chacune des caisses, préalablement cachées dans des lieux stratégiques, m’étant assuré ce matin que Maman n’aille pas dans le jardin, où elle aurait pu découvrir trop en avance ma surprise… Puis, j’allumais la première mèche, devant tout faire en manuel, car ne disposant pas des techniques modernes. De toute façon, elles n’auraient certainement pas été adaptées à mon feu d’artifice « spécial » …

 

La première fusée s’éleva dans le ciel, passant la cime des nuages, puis explosant, faisant s’éclater un torse préalablement rempli de la même poudre servant pour les feux « classiques », donnant un effet de lumière saisissant, éclairant le corps explosé, dont les morceaux se déversaient tout autour du périmètre devant, ayant pris soin à ce que les fusées n’explosent pas trop près de la maison, et garnissant celle-ci de sang, ce qui aurait été dommageable… Je voyais déjà une esquisse de sourire sur le visage de Maman, juste avant que je lance l’allumage des autres fusées, basées sur le même principe, avec des variantes. Certains torses, en explosant, en plus d’une lumière colorée, allant du bleu au rouge, en passant par le vert, le violet ou le blanc, projetant bras, jambes, mains, yeux, en plus des organes… Le tout formant des panachés éclairés par des projecteurs que j’avais trouvé au grenier, afin que Maman puisse voir chaque morceau de corps disséminé dans les airs, avant de finir leur course au beau milieu du jardin… Pour chaque nouvelle fusée, chaque nouveau morceau de corps libérant entrailles, sang, os et chair, les yeux de Maman s’agrandissaient, me remplissant de joie moi aussi, heureux de voir sa mine réjouie…

 

Le spectacle dura moins de 10 minutes, ayant été limité par une douzaine de corps. Mais c’est tout ce que je pouvais stocker dans les congélateurs, en plus des réserves de viande habituels. Mais au vu du visage radieux de Maman à la fin du feu d’artifice à la « Woodman’s touch », la réussite était totale… Maman affichant son plus beau sourire, avec une petite larme…Elle me félicita pour avoir, cette année encore, trouvé le moyen de lui offrir un magnifique spectacle plein de lumière et de couleur…Soudain, je vis l’expression de Maman changer. Un peu plus loin, sur le côté de la maison, j’apercevais Scary Girl. Une fois encore, je n’avais pas senti sa présence, ni ne l’avais entendu. Maman me demanda qui elle était, et pourquoi elle était ici, semblant s’inquiéter de sa présence, alors que j’étais censé empêcher quiconque de trouver et s’approcher du lieu où se situait notre maison, normalement indétectable… Je lui expliquais alors que je l’avais rencontré en ville, lors de mes « courses » pour le feu d’artifice… Je lui indiquais également ce qu’elle m’avait dit… Le visage inquiet de Maman disparut alors, elle semblait rassurée, comme comprenant qui elle était… En tout cas ce qu’elle était…

 

Maman et moi, on entendit Scary Girl me féliciter pour ce très beau feu d’artifice, et qu’elle avait beaucoup aimé… Je voulus l’interpeller, mais Maman m’en empêcha, me précisant que ce n’était pas encore le moment pour qu’elle fasse partie de notre famille… Je restais interdit… Maman semblait plus comprendre le rôle et la présence de cette petite fille que moi… Puis, Scary Girl me remercia à nouveau, rajoutant que le moment approchait où moi et elle ferions partie du même clan, suivant le plan de Nova, qu’il me fallait être encore un peu patient. Que c’est Nova elle-même qui viendrait m’expliquer la suite des évènements. Maman lui fit un hochement de tête, Scary Girl lui fit de même en souriant, puis elle disparut à nouveau… J’avais envie de demander à Maman ce qu’elle savait concernant cette petite fille, et quel rapport avec moi, mais je voyais au regard de Maman que, conformément à ce que Scary Girl avait déjà dit, le moment approchait où je saurais. Alors, je me tus, éteignant les lumières des projecteurs, et rentrais Maman dans la maison, avant de l’aider à monter les escaliers, pour rejoindre sa chambre…

 

En me dirigeant à mon tour vers ma chambre, je m’interrogeais à nouveau sur Scary Girl, sur Maman qui semblait comprendre sa présence, sur Nova, la Chambre des 9, et sur l’expérience qui avait mené à ma naissance… Mais après tout, ça ne servait à rien de remplir mon cerveau de questions dont les réponses viendraient d’elles-mêmes très bientôt… Quelque chose me disait que je verrais certainement encore Scary Girl dans la forêt, ou près de la maison, et qu’il ne fallait pas que je m’en inquiète. D’autant que celle-ci m’avait aussi dit qu’elle viendrait prochainement me chercher pour me montrer la tombe de son petit frère. Je devais avouer que j’attendais ce moment avec une certaine impatience. Peut-être que la vision de cette tombe me donnerait quelques réponses. Mais pour l’instant, je cessais de me questionner, et m’endormais peu à peu, dans la quiétude de ma chambre. Satisfait d’avoir offert aujourd’hui un nouveau sourire à Maman…

 

A suivre…

 

Publié par Fabs