26 avr. 2022

LA DISPARITION D'ELISA LAM



Cette histoire est basée sur un fait réel : la mort d'Elisa Lam, une jeune étudiante canadienne de 21, dont le corps a été retrouvé, nu, flottant dans le réservoir d'eau, situé sur le toit du Stain on Main, alias le tristement célèbre Cecil Hotel. Son corps a été retrouvé le 19 Février 2013, et 5 jours auparavant, une vidéo devenue virale où on la voit semblant s'adresser à un interlocuteur invisible, à l'intérieur d'un des ascenseurs de l'hôtel. Même s'il a été démontré le caractère psychotique de la jeune femme, il reste un mystère autour des actions d'Elisa dans cette vidéo, et devenu un cas qui continue de passionner, que ce soit les détracteurs comme ceux étant persuadés qu'Elisa Lam a été victime de faits surnaturels, expliquant son geste. Ce récit est une interprétation romancée, que j'ai conçue, à partir de ces faits, et ne constitue en aucun une solution à l’énigme. Il s'agit juste d'une Creepypasta...


Bon… Comment ça s’allume ce truc ?... Ah, ok je vois… Bon… La webcam est prête… Maintenant, je l’oriente… Faut pas qu’on voie mon visage… Là, c’est parfait… Nickel… Bien… Par où je commence ? Désolé à ceux qui regarderont cette vidéo, pour les petits couacs de début… J’ai pas vraiment l’habitude de faire ça, alors je suis un peu perdu… Bref… Tout d’abord, je vais me présenter… Enfin, je vais utiliser un pseudo, c’est mieux je pense… Surtout que ce que je vais révéler risque de lever les zones d’ombres sur pas mal de choses sur cette affaire qui a déjà bien fait parler d’elle depuis 2013. L’année où Elisa Lam a été retrouvé sans vie dans le réservoir du Cecil Hotel. Oui… C’est bien d’elle que je vais vous parler aujourd’hui… ça fait déjà 9 ans que son cas continue d’alimenter les spéculations les plus folles, et personne n’est encore sûr de rien… Mais je vais apporter dès maintenant les réponses que tout le monde s’est posé. Surtout depuis cette vidéo virale que tout le monde ou presque a sûrement vu, à partir du moment qu’on s’intéresse au paranormal, aux faits mystérieux, et qu’on connait le passé du Cecil Hotel…

 

Enfin, il ne s’appelait déjà plus comme ça au moment de l’affaire. A cause de son passé sulfureux, il a été rebaptisé Stay On Main en 2011. Mais je ne vous apprends rien, tout le monde s’étant intéressé au passé de cet hôtel sait ça. Aujourd’hui, l’hôtel est fermé. Depuis 2017. Officiellement, pour des travaux de rénovation, mais je peux vous assurer que c’est tout autre. J’ai fait partie de ses clients. En 2017, quelques semaines avant sa fermeture. Ce que j’ai vu dans les couloirs pourrait sembler tout droit sortie de la Saison 5 d’American Horror Story … Mais je vous expliquerais ça en détail plus tard. Pour l’heure, je vais vous expliquer ce qui est vraiment arrivé à Elisa Lam. Et comment je suis au courant… Ah, et j’oubliais : mon pseudo, celui par lequel vous pourrez me désigner si vous choisissez de partager cette vidéo par la suite, c’est MysteryLam640. En référence à l’adresse de l’hôtel où Elisa Lam a fini ses jours…

 

Je suis arrivé au Stay On Main au début 2017. Comme vous le savez, l’hôtel a ensuite été vendu au Promoteur Richard Born, pour 30 Millions de dollars, et n’a pas rouvert depuis. Mais au moment où j’y ai séjourné, j’ai tout de suite senti l’atmosphère oppressante qui s’en dégageait, comme si on entrait dans un autre monde, dont le portail nous était invisible. En me faisant enregistrer à l’accueil, l’espace d’un instant, j’ai même cru apercevoir un visage, incrusté dans le mur derrière l’un des grooms qui attendait de prendre mes bagages. Mais je venais d’arriver en ville, après un long voyage de plusieurs kilomètres, alors, j’ai mis ça sur le compte d’une hallucination. J’ai fermé les yeux un instant, histoire de vérifier que je ne rêvais pas, et quand je les ai rouverts, il n’y avait plus rien. Juste le gérant qui me tendait les clés de ma chambre. Je l’ai remercié, et j’ai suivi le groom jusqu’à l’ascenseur. Le même ascenseur que l’on voit dans les vidéos où Elisa Lam semble paniquée par un être invisible, entrant et sortant, le visage blême, semblant même discuter avec lui. Ou elle. Il y a tellement de fantômes parcourant les couloirs et les murs de cet hôtel, depuis la première victime, Percy Ormond Cook, qui s’est tiré une balle dans la tête dans sa chambre, qu’elle a pu avoir affaire à n’importe lequel d’entre eux… En tout cas, c’est ce que je pensais avant de savoir ce qui en était…

 

Le nombre exact de victimes de l’hôtel est impossible à déterminer, tellement les témoignages et preuves diffèrent. Certains parlent de 27, d’autres 80, parfois même plus de 100. Et Elisa Lam ne fut que l’une des plus récentes victimes à avoir fait les frais des apparitions et des entités négatives arpentant les couloirs de cet endroit maudit. Certaines rumeurs parlent même d’ouvriers ayant clairement entendu des voix lors des rénovations entamées depuis 2017, peu de temps après que j’en sois parti, et qui m’a laissé un souvenir…amer. Je ne compte plus les murmures venant à mes oreilles en pleine nuit, les taches de sang apparaissant sur les murs, sur le sol, avant de retomber au néant. Sans compter les fois où j’ai très distinctement entendu cogner à la porte, et une fois ouvert celle-ci, afin de savoir qui était là, n’ayant pas de réponse à mes demandes de signifier l’identité de la personne, il n’y avait rien d’autre que le vide. Juste le silence dans le couloir, avec parfois des lumières scintillantes ou l’impression de voir le tapis montrer des traces d’enfoncement. Comme si quelqu’un ou quelque chose marchait, sans qu’il n’y ait une quelconque trace physique ou matérielle de sa présence.

 

Autant vous dire qu’au bout de 2 jours et 2 nuits de cette nature, l’idée de partir et me rendre dans un autre hôtel m’est venu très vite. J’avais bien évidemment entendu parler des rumeurs concernant cet hôtel, mais ne croyant pas à toutes ces fables, je n’y prêtais pas d’attention. Pour moi, au départ, c’était juste des histoires pour remplir les blogs et les sites de férus de paranormal, comme les Ghost Hunters. Alors, je tiens à prévenir malgré tout, que durant mon séjour, que je n’ai jamais vu d’apparition complète, si ce n’est les faits que je viens de vous décrire.  Mais l’ambiance particulière de cet hôtel à elle seule est suffisante pour vous donner la frousse, aussi cartésien soyez-vous. C’est le matin du 3ème jour que j’ai trouvé son carnet. Le carnet d’Elisa Lam. Celui où elle a retranscrit tout ce qui lui est arrivé. Tout ce qu’elle a vu. Et décrit comment elle comptait mettre fin à ses jours pour fuir toute la folie de cet hôtel et ses occupants invisibles. Mais les fantômes de l’hôtel n’étaient pas les seuls fautifs. En fait Elisa Lam avait ce qu’on appelle un esprit rattaché à elle depuis l’enfance. Bien avant d’arriver aux USA, et qui était à l’origine de son comportement psychotique révélé par les médecins, ou bipolaire selon les versions. Un passé médical qui a été mis largement en avant lors de la diffusion de cette fameuse vidéo virale, pour expliquer son attitude dans l’ascenseur.

 

Mais, bien que n’étant pas particulièrement favorable à tout ce qui a trait au Paranormal avant mon arrivée à l’hôtel, j’ai très vite changé d’avis, et de ce que j’ai lu dans son journal, j’ai vite compris qu’Elisa Lam n’était pas la névrosée affirmée par nombre de médias, de psychiatres, ou autres détracteurs des faits de l’hôtel, ayant conduits à sa mort. Elle avait simplement eu la malchance d’avoir été « choisie ». Choisie par une entité qui a détruit son enfance, son adolescence. Elle pensait lui échapper en changeant de continent, mais elle a échoué, et son seul recours a finalement été de quitter cette dimension pour ne plus être tourmentée par elle. Voilà la vérité que je suis le seul à connaitre, et ce n’est qu’aujourd’hui que je trouve le courage de relater son histoire à travers cette vidéo. La vérité venant de ses propres mots, à travers son journal qui m’est apparu le matin du 3ème jour de mon séjour dans cet hôtel. Comme si son esprit, coincée malgré elle avec les autres fantômes de ces lieux, m’avait fait confiance pour divulguer la vérité. Sa vérité. Elle m’avait choisie pour rendre sa dignité à son nom, sa famille, en relatant ce qui lui était arrivé, et inscrit dans les pages de ces mémoires en quelque sorte.

 

Je dois avouer qu’au départ, j’ai cru à une blague, faisant partie d’une sorte d’animation mise en place par la direction de l’hotel, ou par l’un des membres du personnel. Histoire de donner du « piment » au séjour des clients, et continuer à faire cette pub inversée aux lieux. J’ai demandé, sous un ton ironique, au gérant si la présence du journal faisait partie du numéro touristique des clients. Mais j’ai bien vu, à la tête faite par ce dernier, que ça n’avait rien d’une quelconque mise en scène. Et au vu du nom inscrit et vu par le gérant sur la couverture du journal, celui-ci est devenu blême, et m’a même dit qu’il n’appréciait pas trop ce genre de blagues. Il m’a même carrément demandé si j’avais été envoyé par un de ces chasseurs de paranormal pour discréditer encore plus l’hôtel. Et il m’a demandé de quitter l’hôtel sur le champ, après avoir réglé ma note….

 

Je n’en revenais pas. C’est moi qui venais lui demander pour savoir s’il était l’auteur d’une attraction visant à faire peur gentiment aux clients, et au final, je me suis fait jeter de l’hôtel. Poliment, mais jeter quand même. Du coup, ayant fini de faire ce pourquoi j’étais venu dans la ville, j’ai payé ma note, et j’ai repris ma route pour revenir chez moi, à Sacramento. Là, j’ai commencé à lire et étudier le journal d’Elisa Lam. Et ce que j’y ai lu m’a stupéfié. Avant mon expérience à l’hôtel, j’aurais certainement pensé que tout ce qui y était inscrit était une fumisterie de premier ordre. Mais les plaintes nocturnes, les taches de sang apparaissant et disparaissant, les bruits de pas et à la porte, et autres petites touches surnaturelles, m’ont fait voir ces écrits d’une toute autre manière. Tout y était décrit en détail. De son enfance jusqu’à ses derniers jours. Le plus étonnant, c’est que personne n’était au courant d’un éventuel journal de ce type qui aurait été écrit par Elisa Lam. Il m’avait donc clairement été offert par son esprit enfermé au Stay On Main, alias le Cecil Hôtel. Là où a séjourné Richard Ramirez, le « Night Stalker » et Jack Unterweger, des tueurs en série dont la réputation n’est plus à faire. Là où aurait séjournée également Elizabeth Short, peu de temps avant que son corps démembré soit découvert dans un terrain vague, lançant la tristement célèbre affaire du « Dahlia Noir », qui a fait l’objet d’une multitude d’enquêtes, de documentaires et de films…

 

Mais je sens que je me suis assez étalé sur ma propre expérience. Je vais vous dévoiler ce qui est inscrit sur ce journal. Je ne vais pas tout vous dicter, car cela prendrait des heures. Je vais me contenter de vous dévoiler les passages-clés de son enfance, de sa rencontre avec cette entité qui a conduit à sa perte, la suivant jusqu’à cet hôtel maudit, où elle a mis fin à sa vie pour lui échapper. Les autres passages concernent des pans de sa vie sont plus classique, et n’ont pas de rapport avec ce qui la tourmentait, et qui vous intéresse, vous qui allez voir cette vidéo. Donc, sans plus vous faire attendre, je vous dévoile maintenant les pages de ce journal. Le journal d’Elisa Lam. Le journal de sa vie et de sa mort. Et ce qui l’a poussé à se rendre sur ce toit, dans ce réservoir, où on a retrouvé son corps sans vie, nue, avec ses habits flottant autour d’elle sur l’eau….

 

« 16 Mars 2005 :

Je me nomme Elisa Lam, et ceci est mon journal. Je suis née dans ce beau pays qu’est le Canada le 30 Avril 1991, où mes chers parents tiennent un restaurant à Burnaby, dans la banlieue de Vancouver. Mon nom d’origine est Lam Ho Yi, et j’ai aujourd’hui 14 ans. Je fais ce journal sur les conseils de mes amies, parce qu’elles aussi en ont un. Elles m’ont dit que ça permettait de se libérer la tête, et de laisser une trace de ce qu’on a vécu. Un beau souvenir pour plus tard. Je suis un peu anxieuse, je sais pas trop quoi écrire en fait. Enfin… Si…. J’ai envie de parler de ce que ce que j’ai prévu de faire ce soir avec mes amies, Mei-Li et Lan-Anh. Elles m’ont convaincu de les accompagner à la vieille maison abandonnée, située en périphérie de la ville. Celle où personne n’ose se rendre. Celle où on raconte que plusieurs esprits habitent. Mais beaucoup pensent que ce ne sont que des histoires et que c’est juste une vielle maison. Verdict ce soir…

 

18 Mars 2005 :

J’ai été à la maison, et je crois que je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie ! C’était si… bizarre là-dedans ! Il y avait un air tellement froid, que j’avais l’impression d’être dans la chambre froide du restaurant de mes parents. C’était comme si on se trouvait en plein hiver. Et puis, il y a eu les rires…Des rires glaçants… Plusieurs rires, comme venant de plusieurs personnes. On a bien sûr pensé que c’était des garçons de l’école qui essayait de nous faire peur. Cette idiote de Lan-Anh en ayant parlé à Fu-Hsi et sa bande. On lui avait pourtant dit de pas en parler. Que ça devait rester entre nous. Mais elle est tellement accro à Fu-Hsi qu’elle a pas pu tenir sa langue… Mais elle a essayé de l’appeler pour savoir si c’était lui, et il était en train de jouer aux jeux vidéo à la salle de jeux. Après ça, notre angoisse a grandi à toute allure.

 

Mei-li nous a traité de froussardes Lan-Anh et moi, et elle a été toute seule au premier étage. Comme on voulait pas passer pour des poules mouillées, on l’a suivie. Et on l’a pas retrouvée. On a cherché partout, malgré notre peur : elle n’était nulle part.  Elle avait disparue. Lan-Anh était terrorisée, et elle est partie en courant, me laissant toute seule. J’ai pas eu le temps de la retenir. Je l’ai vue sortir de la maison, mais moi je voulais retrouver Mei-Li. Je pouvais pas l’abandonner. J’ai fini par tomber sur elle. Elle était inanimée, au sol. J’essayais de la réveiller quand une forme s’est dressée devant moi. On voyait à travers, comme un fantôme ! ça me regardait fixement, et moi je pleurais, tout en secouant Mei-Li. Et puis j’ai senti comme des mains d’une grande froideur me tenir les bras, me paralysant. Je ne pouvais même pas crier, c’était comme si on m’avait volé ma voix ! Et là le fantôme a dit des paroles bizarres :

 

« Désormais, nous ne ferons qu’un toi et moi. Je serais toujours à tes côtés, où que tu ailles. Ce sera ta punition pour t’être introduit chez moi. Néanmoins, je peux choisir de me rattacher à ton ami à ta place. C’est à toi de choisir : elle ou toi ? »

 

Je pleurais encore plus qu’avant, je regardais Mei-Li. C’était ma meilleure amie, je ne pourrais plus me regarder en face si je choisissais d’être aussi égoïste en la laissant à la merci de cette… chose, cet être… Alors, j’ai répondu que j’acceptais qu’il soit rattaché à moi. Sans savoir ce que cela impliquait. J’étais bien trop paniquée pour penser à quoi que ce soit d’autre. Là-dessus, le fantôme m’a relâchée, et puis il a disparu, en émettant des rires qui m’ont fait frissonner tout le corps. J’ai réussi à faire revenir à elle Mei-Li, je l’ai aidé à se relever, et je lui ai dit qu’il fallait qu’on parte tout de suite. J’avais peur que le fantôme revienne sur sa décision et décide de se rattacher à Mei-Li quand même, en plus de moi. Même si je ne comprenais pas bien ce que ça voulait dire. On est finalement sorties de la maison, et on n’a plus jamais parlé de cette expérience à personne.

 

17 Avril 2005 :

J’avais presque oublié cette histoire de fantôme, pensant que j’avais plus ou moins rêvé tout ça, mais je me trompais. Je commençais à comprendre ce qu’il voulait dire quand il disait qu’il me suivrait partout, comme s’il était mon ombre. Je ne pouvais aller nulle part sans l’apercevoir. Dans le restaurant de mes parents, chez mes amies, il se terrait dans un coin, au-dessus d’un meuble, ou dans le jardin. Et j’étais la seule à l’apercevoir. Lors de sorties avec l’école, je le voyais accroché au plafond du bus, me fixant avec ses yeux d’un noir absolu, arborant un sourire, ce qui me mettait dans un état de terreur horrible. Souvent, en me voyant prostré comme ça, mes camarades, mes amis me demandaient ce que j’avais. Je leur disais rien, bien évidemment. Comment ils auraient pu me croire ? Il s’arrangeait toujours pour que je sois la seule à le voir…

 

25 Mai 2005 :

Je crois que  je suis en train de devenir vraiment folle. Je n’en peux plus de le voir. Il me terrifie. Il fait de ma vie un enfer. Pourquoi ai-je accepté qu’il se rattache à moi ? Je comprenais mieux maintenant ces paroles. Et je me surprenais à me demander s’il n’aurait pas mieux valu le laisser se rattacher à Mei-Li. L’instant d’après, je m’en voulais d’avoir pensé ça. Ce que je vivais était tellement horrible, comment je pouvais penser une chose aussi monstrueuse de regretter mon choix ?

 

18 Juillet 2005 :

Mes parents croient que je suis malade. Ma peau devient blême par moments, à chaque fois que je le vois. Il fait exprès de me tourmenter en se positionnant près de mes parents pendant nos repas, faisant mine de les toucher. Je me lève alors, lui disant de les laisser tranquille. Ça le fait rire. L’instant d’après, ma mère m’a demandé en retrait si quelque chose n’allait pas… Mais rien n’allait ! Depuis que j’avais fait cette promesse à cette entité, je n’osais plus rien faire. J’avais beau dire à ma mère que j’étais juste un peu fatigué, à cause des études, je sentais bien qu’elle ne me croyait pas. Et mon père a commencé à me regarder bizarrement après cette scène...

 

21 Septembre 2005 :

Aux yeux de mes camarades de lycée, je suis devenu la fille à éviter. A cause de multiples scènes d’hystérie, à chaque fois que cette chose s’approche de mes amis, menaçant de les toucher, ou leur faire je ne sais quoi. Du coup, je lui crie d’arrêter, provoquant son rire que je suis la seule à entendre. Pour tout le monde présent, je parle à un être qui n’existe pas. Ils me croient folle, j’en suis sûre. Même Lan-Anh ne me parle plus, sur le conseil de Fu-Hsi. Et Mei-Li… je sens bien qu’elle essaie de m’éviter aussi. Elle a essayé de me parler, de me demander ce qui n’allait pas. Mais dans ces moments-là, je ne faisais que pleurer. Elle me prenait dans ses bras pour me consoler. Mais un jour, lors de  l’un de ces instants, l’entité faisait mine de faire de même derrière Mei-Li. Pris de terreur, je repoussais Mei-Li, la faisant tomber violemment au sol. A partir de ce jour, elle me regardait comme le font les autres…

 

24 Octobre 2005 :

D’habitude, à cette époque de l’année, je me prépare à fêter Halloween, comme tous les jeunes de mon âge. Mais depuis cette fameuse nuit, j’ai ma dose de frayeur de manière continuelle, et surtout je préfère éviter d’être en contact avec des proches. De peur qu’il n’agisse sur eux, rien que pour s’amuser de ma réaction, me plongeant chaque fois un peu plus dans la folie. Cette année, je resterais dans ma chambre, c’était mieux ainsi. Mes parents ont essayé plusieurs fois de comprendre, parlant avec moi. Ils ont même cru que je prenais des produits interdits ! Je n’avais que 14 ans ! Comment je pourrais me droguer ! Je n’avais aucune raison de faire ça ! Et puis ça ferait trop plaisir à cette chose de me voir tomber encore plus rapidement. Je ne sais toujours pas quelle est son but envers moi… Peut-être n’en a-t-elle pas. Ce qui est encore plus effrayant… De savoir que je suis son jouet par pur plaisir…

 

12 Décembre 2005 :

Aujourd’hui, mes parents ont fait venir un exorciste. Ils pensent que je suis possédée par un démon à l’intérieur de mon corps. Si seulement c’était aussi simple. Mais cette chose, cet être est bien plus complexe qu’un simple démon qu’on peut chasser à coups d’incantation. Il n’est pas en moi, mais il est toujours près de moi. Il me domine, sans pour autant me posséder. Cependant, si je réponds par la négative à mes parents, je suis bonne pour aller chez les fous, comme me l’a fait comprendre Mei-Li. Elle m’a pardonnée mon attitude envers elle, plusieurs semaines auparavant. Pour autant, je ne suis pas parvenu à lui dire pour l’être rattaché à moi qui me tourmentait jour après jour, me faisant passer pour une folle autour de moi. Elle comprise. J’ai suivi ses conseils, et j’ai accepté l’exorcisme demandé par mes parents.

 

10 Février 2006 :

Demain, je pars dans un centre spécialisé. Un joli mot pour dire que je vais en asile. Depuis la catastrophe qu’a été l’exorcisme, dont je ne parviens à parler qu’aujourd’hui, ayant préféré distancer mes écrits dans ce journal, je suis définitivement passé pour une folle aux yeux de tous. Les médecins ont diagnostiqué un comportement schizophrène, qu’il fallait soigner de toute urgence. Surtout avec les conséquences de l’exorcisme. Aujourd’hui, je peux en parler. Au début, ça se déroulait comme dans les films d’horreur, que j’avais vu en cachette chez Mei-Li, avec des vidéos qu’elle avait piqués dans la chambre de son grand frère. L’exorciste a placé des bâtons d’encens, et d’autres produits un peu partout, récitant des incantations. Ça n’a rien fait bien évidemment, n’étant pas possédé. Mais si je leur avais expliqué ce qui en était à ce moment-là, jamais ils ne m’auraient cru. Bien que mes parents avaient certaines croyances dans le surnaturel, leurs possibilités de compréhension restaient limitées sur certaines forces. Si ce n’était pas un démon qui me possédait me faisant faire ce comportement inhabituel, pour eux, ça signifierait simplement que je suis atteinte de folie. Tout simplement. Et l’issue de l’exorcisme allait se dérouler dans ce sens.

 

C’est quand l’exorciste a commencé à tracer des signes sur mon visage avec de la peinture spéciale que le fantôme a commencé le manège. Je voyais bien qu’il n’était pas du tout affecté par ce que faisait l’exorciste, mais il a vu dans la situation le moyen de s’amuser. De faire ce que je lui avais empêché de faire jusqu’à présent. Quand je l’ai vu se dresser derrière l’exorciste, se glissant dans son corps, celui-ci voyant son visage devenir fixe, j’ai « piqué une crise » comme m’ont dit mes parents. Je me suis ruée sur celui-ci, griffant son corps, criant à la chose de sortir du corps de l’homme. Je ne voyais plus un exorciste devant moi, je voyais le visage de cet être ricanant à travers le visage de l’exorciste, se moquant de moi. J’ai commencé à tenter de l’étrangler, en proie à la colère la plus totale. Mes parents ont eu toutes les peines du monde à me séparer de l’homme, me voyant crier, cracher, tenter de les griffer eux aussi, sous le coup de l’hystérie. Des mois de rage contenue que je venais de relâcher l’espace de quelques secondes contre cette chose qui avait transformé ma vie en cauchemar.

 

A la suite de ça, l’être fantomatique est finalement sorti du corps, laissant le pauvre exorciste en proie à l’incompréhension, se demandant ce qui était arrivé, seulement renseigné par mes parents, qui avaient réussis à me maitriser, dès lors que j’avais vu la chose à nouveau visible ailleurs qu’à travers le corps de l’homme en face de moi. Je fus enfermée dans ma chambre plusieurs jours, les médecins, les psychiatres défilant l’un après l’autre pour me voir, me questionnant. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai commencé à leur parler de la fameuse nuit à ce moment, et de mon accord avec cet être. Ce qui n'a fait qu’aggraver mon cas, les confortant dans leur diagnostic de schizophrénie avancée. Et voilà où j’en suis maintenant. A me rendre dans un endroit où je serais encore plus sa proie facile…

 

15 Mars 2008 :

Cela fait si longtemps que je n’ai pas écrit dans ce journal… Je ne le pouvais pas là où j’étais… Curieusement, et à l’inverse de ce que je croyais, je n’ai pas ressenti la présence de l’être qui a détruit une partie de mon enfance. Peut-être a-t-il fini par enfin se lasser de moi, n’ayant plus d’intérêt à me terroriser et me tourmenter quotidiennement ? Je suis sorti il y a quelques jours du centre spécialisé. Une sorte de sortie test de ce que j’ai compris. Histoire de voir mon comportement. Sous surveillance. Je dois me rendre dans un bureau une fois par semaine pour signer un papier, parler avec un psy qui doit évaluer mon mental. Je ne suis pas sorti d’affaires pour autant. J’ai toujours la peur qu’il revienne à un moment ou à un autre. Peur qu’il reprenne là où il s’est arrêté. Et qu’il recommence mon calvaire…

 

11 Juin 2009 :

J’ai enfin repris une vie normale. J’en suis sûre maintenant : la chose a décidé de me rendre ma vie. Je me suis faite des amis dans le cadre de mes études. Il y a même un garçon qui me plait beaucoup, mais je ne sais pas comment lui avouer mes sentiments pour lui. Ça me rassure en même temps, cette envie de me rapprocher des autres. Je ne sais pas ce qu’est devenue Mei-Li, j’aimerais tellement la revoir, lui expliquer tout ce qui m’est arrivé depuis notre nuit dans cette maison où tout a commencé…

 

15 Avril 2010 :

J’espère me tromper… Mais j’ai eu l’impression étrange de ne pas être seule à la maison aujourd’hui. Comme si « il » était revenu. Mais ça n’a pas de sens. Pourquoi aurait-il décidé de me laisser pendant tout ce temps, et revenir d’un coup ? Je me fais peut-être des idées après tout. Sans doute le contre-coup de ma rupture avec Bao. Je l’ai plus mal digérée que je le pensais. Ce soir, je vais manger léger, et me coucher tôt. Pas de téléphone, pas d’ordi, pas de télé. Juste dormir, et oublier ça. Je me fais trop d’idées. Il faut que je me détende…

 

19 Juin 2010 :

Je pensais m’être trompée il y a quelque mois de ça, mais je pense vraiment qu’il est revenu. Je ressens la même oppression que quand j’étais gamine. Cette terreur de sentir une ombre penchée sur moi, d’être suivie en permanence. Hier, en rentrant à mon appartement, j’ai nettement entendu des bruits de pas me suivant…S’arrêtant quand je le faisais. Je ne peux y croire… Pourquoi ? Pourquoi est-il revenu ? Et pourquoi ne se manifeste-t-il que par moments. Ou peut-être tout simplement qu’il s’arrange pour que je ne sente pas sa présence dans ces instants. Choisissant les moments où il désire que je sache qu’il est là, toujours auprès de moi, surveillant ce que je fais, et prêt à me faire souffrir à nouveau…

 

16 Octobre 2010 :

Il a recommencé ! Je sais que c’est lui. En rentrant chez moi hier, j’ai trouvé une plante renversée, la télécommande de la TV était dans la poubelle, et des livres étaient à terre. Non… Non… Je ne veux pas revivre ça… Je ne veux pas qu’il revienne… Pas maintenant… Pas au moment où je pensais enfin revivre, commencer à reprendre le fil de ma vie, avec des amis. J’ai même retrouvé la trace de Mei-Li. Elle est devenue mannequin pour une société de cosmétique. J’ai longtemps hésité à reprendre contact avec elle via son compte Instagram. Puis je me suis lancé. Et elle m’a répondu ! Elle était contente que je sois redevenue « normale », que j’avais laissé mes problèmes derrière moi. Je lui ai promis de lui dire ce qui m’avait rendu comme ça… Mais maintenant que je sais qu’il est encore près de moi, je me demande si je fais bien de ramener Mei-Li dans ma vie… Finalement, je pense que je ne lui en parlerais pas… C’est mieux pour elle

 

04 Février 2011 :

Je ne comprends pas ce qu’il cherche à faire… ça me rend folle. Il peut passer des semaines sans se manifester, et puis d’un coup, je sens sa présence, je sens qu’il est prêt à me refaire subir ce que j’ai enduré. Durant la fête du Nouvel  An chinois hier, j’ai eu la nette impression d’apercevoir une ombre durant la fête, près de la chaine Hi-Fi. Son ombre… Mais bon sang, qu’est-ce qu’il veut à la fin ? Il m’a laissé tranquille pendant des années, il m’a laissé croire que j’étais libéré de lui, il m’a même laissé reprendre contact avec Mei-Li… C’était comme s’il m’avait donné de l’espoir, pour mieux me le reprendre après. Une forme de sadisme qui lui est propre. Du coup, je crains à nouveau pour mes amis. Pour Mei-Li encore plus. Elle est comme ma sœur, je ne veux pas qu’il lui fasse du mal. Jamais je ne me le pardonnerais…

 

25 Juin 2011 :

Je sens que la folie m’habite à nouveau… Cette fois, je l’ai vue nettement… Comme avant… Comme quand j’avais 14 ans… J’ai reconnu sa silhouette, ses yeux, son sourire ironique. Il est là à chaque fois que je sors avec mes amis, avec Mei-Li… Je l’ai vu derrière elle… Je sens qu’il va s’en prendre à elle… Mon instinct me dit qu’il ne se contentera pas de petites blagues stupides cette fois… Je sens qu’il va passer à un autre stade… Au moment où je m’y attendrais le moins… C’est sa nouvelle méthode pour me faire plonger dans la démence…Il veut distiller la peur en moi… Petit à petit… Me faisant craindre le moment où il frappera… Me faisant craindre tout moment de mes journées, en montrant qu’il est là dans l’ombre, prêt à me faire subir le pire, à travers mes amis…

 

16 Novembre 2011 :

Je n’ai pas de preuves, mais je suis certaine qu’il est responsable. Toutes ces morts ne sont pas innocentes. Karol, Edward, Triss… Ce n’était pas des accidents, j’en suis persuadée. Karol n’aurait jamais pu se noyer. Elle était bien trop douée en plongée… Et Edward… Impossible qu’il ait fait une erreur de pilotage aussi stupide. Et pendant une course qu’il avait préparée depuis des mois… Idem pour Triss… Je ne peux pas croire qu’elle se soit fracturée le crâne en glissant dans l’escalier de son immeuble… Il n’y avait pas plus prudente qu’elle. Du genre à vérifier 3 fois l’état du sol avant de marcher dessus…Alors c’est ça la nouvelle étape hein ? C’est à ça que tu voulais en venir ? Mais tu n’auras pas Mei-Li… Jamais je ne te laisserais l’approcher… C’est pour ça que je lui ai demandé d’être ma co-locataire… Ainsi, je peux la surveiller, la protéger de lui…

 

18 Mars 2012 :

Les morts se sont arrêtées aussi soudainement qu’elles avaient commencées… Mais deux autres de mes amis, Ruth et Pete, ont été ses victimes. Officiellement, ils sont morts dans l’incendie de leur maison. Un court-circuit soi-disant… Mais moi je sais que c’est lui. Et juste après, plus rien… Il joue avec mes nerfs en permanence… Mei-Li l’a vu… Elle m’en a parlé hier… Elle m’a dit qu’elle avait vu une ombre avec des yeux dans le petit salon… Il sait que je tiens à elle plus qu’à quiconque… Il la réserve en dernier, juste pour jouer avec moi…

 

5 Août 2012 :

Je comprends de moins en moins à quoi il joue… Il recommence comme il faisait avant… Il se montre plus… Se plaçant derrière Mei-Li, comme pour me narguer, me montrer qu’il peut s’arranger de lui faire subir un « accident » à tout moment… Pour me montrer son pouvoir, sa puissance envers moi… Pour me faire à nouveau sombrer… J’ai eu beau chercher sur Internet comment me débarrasser d’un être « rattaché », je n’ai rien trouvé. Il semble n’y avoir aucune échappatoire. Mais je ne désespère pas… Je trouverais le moyen de l’éradiquer de ma vie…


11 Décembre 2012 :

Je crois que je recommence à perdre pied… Deux nouvelles morts ces dernières semaines… Le frère de Mei-Li est le plus éloquent… Il montre clairement qu’il veut elle aussi la détruire mentalement, pour mieux m’attaquer. Il passe par elle pour me montrer sa détermination à réduire à néant mon cercle d’amis… Il sait combien Mei-Li compte pour moi. En s’en prenant à son frère, il m’a lancé clairement un message. Tant que je resterais sur ce territoire, Mei-Li sera en danger. Je dois partir… Dire que j’étais tellement heureuse que Mei-Li et moi serions ensemble à l’université de Colombie-Britannique de Vancouver… La mort dans l’âme, pour la protéger, je dois m’éloigner d’elle… Trouver une excuse pour me rendre aux USA, n’importe quoi. Même si ça doit me coûter mon inscription à l’Université. Me coûter de ne plus voir Mei-Li. C’est le prix à payer pour la sauver de lui…

 

28 Janvier 2013 :

Je suis arrivé au Cecil Hôtel, après un long périple aux USA, après avoir quitté Vancouver et Mei-Li. Je n’ai rien dit à personne des raisons exactes de mon départ. Comment aurais-je pu d’ailleurs ? Je me suis contenté d’indiquer sur Tumblr de mon parcours, histoire de rassurer Mei-Li, qui le lira forcément, et les autres aussi. Un parcours passant par San Diego, Los Angeles, Santa Cruz et San Francisco. Je suis donc à la 2ème étape de mon voyage. L’atmosphère ici est curieuse, je ressens une impression d’oppression plus forte que d’habitude. J’aurais préféré un autre hôtel, mais c’était le seul libre dans le coin, et le plus abordable.

 

31 Janvier 2013 :

Je crois que je ne pouvais pas choisir pire endroit que celui-ci. J’ai lu des trucs sur cet hôtel sur le net hier, et… tous ces meurtres… L’aura qui se dégage des murs de cet endroit a l’air de favoriser la puissance d’apparition de cette saloperie qui est rattachée à moi. J’ai été obligée de changer de chambre. Au départ, je partageais une chambre avec un co-locataire, mais évidemment, ça s’est très mal passé. Je passais mon temps à tenter d’éloigner cette chose de s’en prendre à celui qui partageais la chambre. Aux yeux de ce dernier, qui ne voyait pas ce qui tentait de le tuer, je passais pour une dérangée. Et je fus déplacée dans une autre chambre, simple cette fois-ci. Ça m’arrangeait moins d’un côté, d’un point de vue financier, mais en même temps, je n’avais plus à surveiller que la chose transforme mon co-locataire en nouvelle victime, et que je me retrouve accusée du crime…

 

8 Février 2013 :

Je deviens vraiment folle… Cet hôtel… Ce lieu… C’est un vrai nid à fantôme, un parc d’attractions pour esprits et autres entités… Comme si je n’avais pas assez de celui qui m’est rattaché… Chaque nuit, j’entends sortir des murs, des pas provenant du couloir, alors qu’il n’y a rien après que j’ai vérifié. J’ai vu plusieurs apparitions procéder à des réminiscences de ce qu’elles avaient vécu, dont une qui se déroulait chaque soir à 19 heures piles, juste devant mon lit… Où un homme égorge sa femme de sang-froid… Ils étaient tellement réels, que j’avais l’impression de m’être déplacée dans le passé, et ça faisait rire encore plus mon locataire indésirable, qui prenait malin plaisir à faire valdinguer meubles et objets divers à travers la pièce, enlevant mes draps de lit la nuit, coupant le chauffage. En tout cas, je supposais que c’était lui. Mais au vu de toute l’activité fantomatique qu’il y a dans cet hôtel, je ne suis plus sûre de rien…

 

Je perds tout sens de la réalité, n’osant plus sortir de ma chambre. Car à chaque fois que je le fais, c’est pour me retrouver au centre d’un vrai train fantôme. L’atmosphère de cet hôtel, j’ai l’impression que l’être m’étant rattaché a comme une sorte d’influence directe sur elle, comme un chef d’orchestre supervisant les allées et venues de tous les phénomènes paranormaux qui se déroulent au sein de ces murs… Je suis exténuée de combattre tout ça, de tenter de garder ma raison. J’ai tenté de sortir de l’hôtel, mais à chaque tentative, une fois que je pensais enfin arriver à mettre un pied au-dehors, une sorte de force me renvoyait en arrière, sous les yeux médusés du gérant, pensant que j’étais tombée, et me demandant si ça allait. Il pouvait alors voir les cernes énormes de mes yeux, preuve de mon impossibilité à dormir dans ce territoire des morts…

 

14 Février 2013 :

Je ne sais pas ce qui lui prend… il me harcèle de plus en plus… Plus qu’il ne l’avait jamais fait… Je veux en finir… Définitivement… J’ai pris ma décision alors que je prenais l’ascenseur… J’ai tenté de lui parler directement à l’intérieur, parlant fort, ce que je ne pouvais pas faire dans les couloirs… Il s’est alors amusé à m’empêcher de sortir de l’appareil… Plus je tentais de sortir, plus il me ramenait en arrière… J’ai finalement réussi à me défaire de son emprise, je ne sais même pas comment. Peut-être mes cris plus persistants, je l’ignore… Ou peut-être s’est-il lassé de ce petit jeu puéril… De toute façon, j’ai parfaitement compris ce qu’il cherche… Il veut que je fasse le premier pas moi-même… Quelque chose me dit que son « attachement » à moi l’empêche de s’en prendre à moi de manière directe… Sinon, il m’aurait déjà tuée depuis longtemps… Ou cela fait partie de son jeu aussi… Mais j’en ai fini avec ça…J’ai déjà parfaitement orchestré la façon d’en finir… Je sais déjà comment je vais faire…

 

16 Février 2013 :

Ce sont sans doute les derniers mots que j’écrirais dans ce journal… Je suis devant le réservoir de l’hôtel, sur le toit… L’être m’a laissé monter les escaliers… Je n’arriverais jamais à comprendre ses motivations, la raison de ses actes… Si ce n’est de me détruire psychologiquement à petit feu… Je vais monter dans ce réservoir, me débarrasser de mes vêtements une fois dans l’eau. Si je les laisse ici, en bas, on les remarquera trop vite… J’ignore si une maintenance régulière est opérée sur le toit, mais je ne veux prendre aucun risque. Une fois nue dans le réservoir, le froid de la nuit aura raison de la ma température corporelle, accentuant ma fatigue. Je coulerais inexorablement, et je lui échapperais…

 

Je laisse ce journal dans un endroit où il ne peut pas être trouvé… En tout cas, dans un endroit où personne de censé n’aura l’idée qu’il s’y trouve… Au vu des esprits enfermés ici, je sais que ma mort va me mettre au même rang qu’eux, un fantôme. Cela rompra le lien avec mon tourmenteur. Il n’aura plus de raison d’être à mes côtés…Je serais libre… Peut-être qu’en tant que fantôme, je trouverais quelqu’un par la suite à qui confier ce journal, afin qu’il comprenne ce que j’ai vécu… Ainsi s’achève mon histoire… Je m’appelle Elisa Lam… J’ai 21 ans, et je quitte ce monde aujourd’hui, pour retrouver ceux que j’ai perdu à cause d’un lien avec un être malfaisant. Mais je pars satisfaite d’avoir sauvé Mei-Li de ses griffes… Finalement, elle ne fera pas partie de ses victimes, et ça, ça me rend vraiment heureuse… »

 

Voilà. Vous savez maintenant comment a fini cette jeune étudiante. Pourquoi elle a choisi de s’ôter la vie, le calvaire qu’a été son existence…Bien sûr, il y en aura qui diront que tout ceci n’est qu’un tissu de mensonges, que tout ce qui a été décrit dans ce journal n’est que le résultat d’un esprit malade, touché par la schizophrénie, ou issu d’un esprit ayant mélangé réel et fiction à force d’avoir trop vu de films ou de séries horrifiques. C’est votre droit de croire ça. Mais moi, j’ai ce journal entre les mains, et ce que je vous ai lu, enfin les parties expliquant le combat d’Elisa Lam avec cette entité, et l’ayant décidé d’en finir sur le toit de cet hôtel, je peux vous assurer que c’est la stricte vérité. Je ne sais pas si cette vidéo circulera autant que celle, virale, se situant dans l’ascenseur de l’hôtel, mais en tout cas, j’aurais au moins eu la satisfaction d’avoir établi la vérité sur la disparition d’Elisa Lam…

 

Publié par Fabs

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