29 août 2022

LES SOEURS DEMONIAQUES : CELLES QUE J'AI CREEES (Point de vue du Père)

 

 

1 - CELLES QUE J'AI CREEES (Magnus)

 

Cette histoire fait partie d'une série de 4, et constitue le premier projet du collectif "Les Colporteurs de l'Horreur", adoptant 4 points de vue différents des personnages de l'histoire. 4 visions se complétant l'une et l'autre, afin de mieux discerner la subtilité des psychologies des protagonistes principaux : Magnus (le Père), Yrsa (La Mère), Liv et Helga (Les Filles).

 

Suis-je un mauvais père ? Est-ce vraiment moi qui suis à l’origine des actes de ma progéniture, ou bien ai-je subi de plein fouet les contrecoups de ma rupture avec Yrsa, celle qui, parce qu’elle m’a obligé à rester seul avec nos filles, est à l’origine de la folie qui entoure notre famille ? Quelque part, je sais que Liv et Helga ont héritées des gênes de haine que je leur ai enseigné à travers ma rancœur ressentie pour leur mère, cette trahison que j’ai ressentie parce qu’elle n’acceptait pas mes règles de vie, et surtout parce que j’ai su déceler ce soupçon de folie qui était caché en elle. Pourtant, lorsque j’ai rencontré cette jeune adepte de ce culte d’où je l’ai sortie, elle avait l’air si frêle, si chétive, les yeux pleins de tristesse et demandant juste que quelqu’un lui enseigne la vie au-dehors des murs où elle était enfermée. Quelqu’un qui soit capable de tendresse et de compassion envers son corps meurtri par les blessures dû aux chaines qui meurtrissait ses chairs, mais aussi celles qui était invisibles, et enserraient son cœur.

 

J’étais naïf et stupide à cette époque, pensant qu’elle était une victime de ce culte, un objet pour leurs desseins obscurs, destinés à donner vie à l’innommable qui se trouvait enfoui en elle, grâce à cette semence démoniaque que nous avions trouvée, moi et les autres habitants du village, dans l’une des pièces de cet antre de la perdition, entièrement dédié à une figure des ténèbres, un démon inférieur bien plus dangereux que les dieux nordiques eux-mêmes. J’ignore comment les autres membres de cette secte sont parvenus à obtenir ces futurs germes qui allaient se déverser en nos filles par la suite, mais au vu des autres horreurs trouvées sur place, ces livres aux lignes blasphème, ces objets conçus spécialement pour invoquer des êtres cauchemardesques, ce n'était qu’un élément de plus à l’ignominie qui envahissait ces hommes et ces femmes faisant partie de ce culte. Et à aucun moment, je n’ai pensé qu’Yrsa pouvait être la source de ce mal, et non pas le réceptacle.

 

Je ne l’ai compris que bien plus tard, alors que j’étais parvenu à convaincre les villageois du statut de victime d’Yrsa, et que j’avais été trompé par le regard de cette dernière qui semblait appeler à l’aide. En fait, cet appel à la secourir n’était pas complètement usurpé. A l’époque où j’ai découvert la future mère de mes enfants, une vague de meurtres secouait la région. Des meurtres qu’on attribuait à un animal inconnu, car les corps retrouvés étaient dans un tel état qu’il était inconcevable qu’un être humain ai pu en être la cause. Nous avions tort. Puis les crimes ont cessé aussi rapidement qu’ils étaient apparus. Dans le même temps, elle est arrivée. Cette famille de nobles sortie d’on ne savait où, se prétendant mandatée par le roi en tant que nouveaux dirigeants de notre bonne vieille cité, en remplacement du bourgmestre qui faisait partie des victimes de la bête meurtrière, tel que nous le pensions.

 

Avec le temps, nous avions compris que cette famille était à l’origine des meurtres. C’est elle qui avait lâché cette bête aux alentours, dirigeant ses actions envers des cibles bien définies, afin de s’établir et prendre le pouvoir. Mais les étranges allées et venues la nuit de cortèges mystérieux se rendant à l’ancienne maison du bourgmestre ont commencé à alimenter des soupçons. Puis il y eut des témoignages d’enfants ayant rapporté avoir entendu des sortes de messes noires sortant de l’un des soupiraux des caves, avant que des disparitions mystérieuses au sein du village n’achèvent de nous convaincre que quelque chose se tramait et dont cette famille était le noyau. Alors, moi et d’autres habitants du village avons formé une milice et nous avons forcé les portes de cette demeure au centre de toutes les craintes, y découvrant ce que je vous ai décrit auparavant. Tous les membres du culte furent tués et brûlés cette nuit-là. Tous sauf Yrsa, dont je m’étais épris, sans savoir que c’était elle qui était le véritable ennemi.

 

Les années ont passées, et j’ai pu voir le changement d’attitude d’Yrsa. Des comportements curieux, comme sa tendance à se nourrir de viande crue, refusant toute alimentation à base de lait, sans oublier cette aversion envers les miroirs de la maison, m’obligeant à les cacher. Au début, je prenais cela comme la conséquence de ce qu’elle avait subi comme traitement par la secte, mais les choses empirèrent dès lors qu’elle fut enceinte… Elle devenait plus agressive, violente parfois, refusant de se couper les ongles, me griffant quand je cherchais à toucher son ventre, me crachant dessus, tel un animal sur la défensive. Je me souviens de ses paroles blessantes à mon encontre :

 

« De quel droit te permets-tu de me toucher sans ma permission ? Tu va perturber la croissance de nos filles. Je suis leur mère, et je suis la seule à décider si tu peux t’approcher d’elles ou non… »

 

Dans ces moments-là, je préférais ne pas insister, me disant que la situation s’améliorerait une fois que les enfants seraient nés, mettant de côté le fait que j’ignorais comment elle pouvait savoir qu’il s’agissait de jumelles, vu que nous n’avions aucun moyen de le savoir, et qu’Yrsa refusait la venue d’un médecin pour vérifier le bon déroulement de sa grossesse. Mais en fait, quand Liv et Helga sont nées, la situation fut encore pire. Yrsa m’interdisait de pénétrer dans la chambre où nos filles dormaient, s’enfermant avec elles pour s’assurer que je ne tenterais pas de les voir, me laissant seul dans notre chambre. J’avais l’impression d’être un étranger au sein de ma propre maison.

 

« Je t’ai déjà dit que tu ne pouvais pas entrer les voir. Tu n’es pas digne de le faire. Tu n’es qu’un humain, et il est hors de question que tu souilles l’environnement où elles vivent de tes mains. Tu n’es que celui qui a permis leur venue, rien de plus. Ne crois pas que cela t’autorise à avoir la moindre emprise sur elles. Il n’y a que moi qui ai le droit de les élever… »

 

Des paroles dures et incompréhensibles, et montrant la vraie nature d’Yrsa, ainsi que la folie qui semblait l’habiter. Je n’étais même plus sûr d’avoir des sentiments pour celle que j’avais sauvé et à qui j’avais ouvert mon cœur. Quand les filles atteignirent l’âge de 5 ans, ces dernières purent découvrir le reste de la maison, mais toujours sous la surveillance de leur mère, qui refusait toujours que je m’approche d’elles. Elles étaient rayonnantes, de vraies petites poupées, et je pardonnais le comportement d’Yrsa, du moment que je pouvais au moins les voir arpenter les murs de notre demeure. Cependant, c’est à partir de là que j’ai commencé à développer un sentiment d’injustice, de colère et une forme naissante de haine envers ces filles que je n’avais pas le droit d’approcher. Inconsciemment, cette situation fit que plus les jours passaient, plus mon acceptation de la situation régressait, et j’en venais à détester la présence de Liv et Helga. Quant à Yrsa, je supportais de moins en moins l’arrogance et le dédain qu’elle véhiculait envers moi, me considérant comme une sorte d’esclave tout juste bon à préparer les repas et ramener les finances nécessaires pour faire vivre notre foyer. Une situation qui durait jusqu’à ce que les filles atteignent l’âge de 13 ans.

 

Un jour que je revenais de la taverne du village, ayant bu plus que d’habitude, je retrouvais Yrsa assoupie près de la cheminée, Liv dans ses bras. Helga, elle, était occupée à habiller une de ses poupées. J’avais appris à ne pas réduire la distance me séparant de mes filles, quelle que soit la situation. Ces filles que je ne considérais même plus comme les miennes, mais comme celle de cette intruse qu’étais devenue Yrsa. Est-ce l’instinct de cette méfiance, ou bien l’alcool dans mon corps qui me fit faire ce geste ? Toujours est-il qu’Helga, voyant sa mère et sa sœur endormie vint vers moi en courant. Peut-être était-ce un sentiment de dégoût, de peur ou d’un peu des deux, mais je frappais violemment Helga au visage dès qu’elle fut à une distance trop rapprochée à mon goût. Helga se mit à pleurer après être tombée au sol, me regardant fixement, et je vis ses yeux virer au rouge vif, ce qui me fit reculer. Je trébuchais et tombais à mon tour.  Les pleurs d’Helga firent réveiller Yrsa qui se jetait sur moi comme une bête sauvage hurlant :

 

« Tu as osé porter la main sur Helga ? Misérable cloporte ! Pour qui te prends-tu ? »

 

A cet instant, je vis les yeux d’Yrsa prendre la même couleur que ceux d’Helga précédemment, les ongles de ses mains me lacérèrent le visage, y laissant une trace profonde que je porte encore aujourd’hui, et j’eus toutes les peines du monde à contenir sa fureur. Dans le même temps, je voyais Helga sourire, avec toujours ces yeux rouges. Liv s’approchait à son tour, mais contrairement à sa sœur, elle se blottissait contre sa mère, comme pour la faire s’arrêter, ce qui fit freiner l’action de cette dernière envers moi. Je profitais de son inattention pour fuir hors de la maison, et demandais de l’aide, criant que ma femme était possédée, et qu’il fallait l’empêcher de nuire. Bientôt, plusieurs villageois firent irruption dans la maison et parvinrent non sans mal à contenir Yrsa, avant de l’attacher solidement.

 

« Misérables vermisseaux ! Vous paierez pour ça ! Je vous maudis ! Vous entendez : je vous maudis tous ! »

 

A partir de là, Yrsa fut enfermée dans la réserve au bout du village. Un émissaire de l’église, informé des faits, vint chercher celle que l’on supposait possédée, et je ne la revis plus pendant des années. Je préférais me taire concernant les yeux d’Helga, sans que je sache vraiment pourquoi. Peut-être à cause de sa sœur sur laquelle je n’avais pas vu le même regard. Ou bien parce que je pensais que c’était mon état alcoolique qui m’avait déclenché des hallucinations… Je me retrouvais à élever seul ces deux petites filles envers qui une haine créée par la peur me faisait me rendre odieux envers elle. Au lieu de tenter de me rapprocher d’elles, profitant de l’absence de leur mère, au contraire, je trouvais la moindre excuse pour les rabaisser, les frapper pour des broutilles, leur criant dessus. Je découvrais que Helga et Liv avait un tempérament bien différent. Si Liv était d’un naturel craintif, considérant chacune de mes approches comme un danger imminent, même quand je ne la frappais pas sous le coup de la colère, que j’ai bu ou non ; Helga, au contraire, semblait me narguer en permanence, faisant exprès de me pousser à bout afin de subir toujours plus de violence de ma part, comme si elle s’en nourrissait. Alors que les filles avaient atteint l’âge de 18 ans, cette situation était devenue un presque quotidien…

 

« Eh bien vas-y… Qu’est-ce que tu attends ? Frappe-moi encore… Je sais que tu en meure d’envie… Frappe-moi pendant que tu le peux encore »

 

« Helga, pour…pourquoi tu dis ça ? Je veux pas que tu aies mal… Je veux que maman revienne… Papa est trop méchant avec nous… »

 

« Tais-toi Idiote ! Tu pense vraiment que j’ai mal ? Ce sont des caresses pour moi. Et arrête de l’appeler Père ! Il ne le mérite pas ! Et ce n’est qu’un humain de toute façon… Et maman nous a abandonné ! Je la déteste elle aussi pour nous avoir laissé ici…»

 

« T’as pas le droit de dire ça ! Maman reviendra, j’en suis sûre ! Elle reviendra pour nous libérer… »

 

Des paroles qui ne faisaient que redoubler ma colère, et dans ces moments-là, je ne retenais pas mes coups, déclenchant des pleurs de plus en plus fort de la part de Liv, pendant qu’Helga riait de ce que je lui infligeait, déclenchant l’apparition de ces yeux rouges toujours plus vif au fur et à mesure qu’elle grandissait. Des coups qui disparaissaient au bout de quelques minutes, comme si je n’avais rien fait… J’aurais pu les dénoncer en tant que possédées, en tout cas au moins Helga. Liv, je ne l’avais jamais vu montrer le même regard que sa sœur, et j’ignorais si elle en était capable. Mais en même temps, j’avais l’impression que j’aimais ça. J’aimais me défouler sur elles, Liv comme Helga. C’était comme si je me vengeais d’Yrsa de ce cadeau empoisonné qu’elle m’avait laissé. Ses filles. C’étaient ses enfants, pas les miens. A travers elles, c’est Yrsa que je frappais. En tout cas, c’était ce que je me disais pour justifier mes actes.

 

Mais il y avait autre chose. Depuis qu’elles avaient atteint l’âge de 17 ans, des meurtres similaires à ceux qui avaient précédés l’apparition de la secte, et le fait que je découvre Yrsa dans les sous-sols de la maison abritant la secte, endeuillaient le village. Des jeunes hommes pour la plupart. J’avais beau empêcher Helga et Liv de sortir en mon absence, je ne pouvais pas les surveiller durant ces moments, et je savais qu’elles se rendaient au-dehors. Plusieurs fois, des voisins me rapportèrent avoir vu les filles avec des garçons. Ces mêmes garçons qu’on retrouvait déchiquetés près des bois alentour, montrant des traces qui ne pouvait avoir été faites que par un animal sauvage. Il y avait des loups et des ours dans ces bois, et logiquement, les habitants du village pensaient qu’ils étaient responsables. Mais moi, je finis par découvrir la vérité. Je les ai vus près du corps du fils de Karel, notre voisin, alors que je me rendais vers les bois pour couper des arbres, dans le cadre de mon travail. Je ne les ai pas vu le tuer, mais je suis sûr que c’étaient elles. Toutes les deux. Liv a beau être plus sensible que sa sœur, elle reste la fille d’Yrsa, et à ce titre, elle a forcément héritée de la même propension à la violence que sa mère, sous l’impulsion d’Helga.

 

La découverte que les filles soient les meurtrières fit que je les détestais encore plus, à défaut de savoir comment stopper leurs méfaits. Le fait que leurs plaies se guérissaient de plus en plus vite au fur et à mesure qu’elles grandissaient, était l’élément m’empêchant de savoir comment leur faire vraiment mal. Et en parler aux autres villageois me mettaient dans une position délicate. Il était évident que beaucoup se poseraient la question pourquoi je n’avais pas indiqué ce dont les filles étaient capables plus tôt, surtout en les ayant vu près d’un des corps fraichement tué. Ça me rendait complice… Bientôt, la situation allait encore dégénérer avec le retour d’Yrsa que je pensais avoir été tuée par l’Eglise il y avait des années de ça. C’est arrivé un soir, après qu’une nouvelle disparition avait été constatée, et que je tentais de faire dire à Helga et Liv pourquoi elles faisaient ça, qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir dans leur sang pour les inciter à massacrer les jeunes garçons du village ? Comme d’habitude, je m’acharnais à frapper Helga et Liv, comme pour libérer ma frustration de ne pouvoir arrêter leurs méfaits, quand la porte arrière de la maison s’ouvrit avec fracas, et qu’Yrsa apparut…

 

« Arrête ça, misérable humain ! Je t’interdis de pose la main à nouveau sur mes enfants ! »

 

Moi et les filles restèrent figés sur place, tellement sa présence était inattendue

 

« Maman ? C’est toi ? Je savais que tu étais toujours en vie… »

 

J’étais tétanisé. Liv, elle, se précipitait vers sa mère, avant d’être stoppée dans son élan par sa sœur, qui se positionnait entre elle et leur mère.

 

« Tu manque pas de culot, maman. Tu nous a laissées subir les coups de cet homme pendant des années, et tu crois qu’on va t’accueillir à bras ouverts ? Pour ma part, tu ne vaux pas mieux que celui qui se prétend notre père… »

 

« Helga, t’es injuste ! Maman a été enfermée loin de nous. Comment aurait-elle pu… »

 

Liv ne pu terminer sa phrase. Helga s’était précipitée vers Yrsa, lui tranchant la gorge d’un coup grâce à ses ongles qui s’étaient soudainement allongés, tels des aiguilles mortelles, avant de s’acharner sur celle qui lui avait donné la vie

 

« Helga ! Arrête ! Tu es folle ! Pourquoi tu fais ça à Maman ? »

 

Helga s’arrêta un instant, le visage rempli du sang de sa mère, se tournant vers sa sœur

 

« On a pas besoin d’elle ! Tout ce qu’on sait, on l’a appris par nous-mêmes… Notre nature, notre besoin de tuer, le moyen d’attirer nos proies, nos facultés de régénération… Où était-elle quand on avait besoin d’apprendre tout ça ? Elle est inutile, et elle n’aurait jamais du revenir… »

 

« Helga… S’il te plait… Je suis ta mère…Comment tu peux me faire ça à moi ? »

 

« Eh bien quoi ? C’est pas ce que tu voulais ? Que l’on devienne comme toi ? Tu peux mourir tranquille alors… Je vais tellement te charcuter que tu n’auras pas le temps de te régénérer, et après ça, cette idiote de Liv arrêtera de me saouler avec le fait que tu vas revenir… »

 

Liv, sous le coup de la colère, fonçait sur sa sœur, essayant de sauver ce qui restait de sa mère, sous mes yeux impuissants. C’était la première fois que je voyais les yeux rouges de Liv. Ils étaient moins vifs que ceux de sa sœur, mais maintenant, j’étais certain qu’elle était exactement comme Helga. Cette dernière freina l’avancée de sa sœur en lui occasionnant une profonde blessure à la jambe droite. Liv tombait au sol, se tenant le membre blessé.

 

« T’inquiètes pas : tu va vite guérir »

 

Puis, se tournant vers sa mère :

 

« Bon, on en étais où ? »

 

Au bout de plusieurs minutes, Yrsa ne bougeait plus, gisant au sol. Comme l’avait pressentie Helga, ses facultés de régénération n’avaient pu suivre les attaques répétées de sa fille, et elle restait sans vie. Helga se relevait, aidant sa sœur à se lever à son tour, avant de s’adresser à moi :

 

« C’est ici que notre vie commune se termine. Après un coup comme ça, ça risque d’être compliqué de cacher notre nature aux yeux du village. Les habitants vont faire le rapprochement avec les autres meurtres. Dommage : tes petites séances de coups envers moi vont me manquer… Mais toutes les bonnes choses ont une fin… »

 

Liv se lamentait encore, regardant le corps d’Yrsa, avant de s’adresser à sa sœur 

 

« Je te déteste ! »

 

« Moi aussi, je t’aime. Au lieu de pleurnicher, suis-moi… »

 

Puis, je les vis partir s’enfoncer dans la nuit. Je n’ai pas bien compris pourquoi Helga ne m’a pas tué ce soir-là. Sans doute était-ce sa manière de me remercier d’avoir développé sa haine des êtres humains pendant toute ces années à la frapper, elle et sa sœur, de lui avoir fait découvrir sa vraie nature. Ou tout simplement parce que j’étais tellement insignifiant à ses yeux que ça ne valait pas la peine de me tuer… Je ne les ai jamais revues, mais j’ai entendu souvent parler de leurs « exploits » à travers tout le pays, laissant derrière elle des morts en pagaille, et un pays en proie à une terreur qu’il vous sera sans doute difficile d’imaginer. Je ne l’ai jamais indiqué, mais quelques-uns dans le village ont des doutes sur Liv et Helga. Pas sur leur statut de monstre, mais sur le fait qu’elles soient liées à la vague de meurtres sévissant partout. J’ai bien tenté de faire croire qu’elles étaient parties étudier dans un pays étranger, pour expliquer leur absence, mais je ne suis pas sûr que l’on m’ait cru. J’ai toujours la peur qu’Helga revienne sur sa décision de ne pas m’avoir tué, et qu’elle décide de « nettoyer » ce qui représente leur vie passée, et je vis chaque jour dans la peur, ou peut-être qu’au contraire j’attends qu’elle vienne m’achever, elle et Liv, afin de me libérer de ce secret de plus en plus difficile à accepter, afin de me faire oublier ce jour où j’ai rencontré Yrsa, qui a été le déclencheur de tout…


Publié par Fabs

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