27 août 2022

TERREUR EN CALEDONIE-L'Enigme de la 9ème Légion

 


 

Je me nomme Caïus Abrosius Celestius, et ceci est mon histoire. Et aussi celle de mes hommes, la 9ème légion. J’ai assisté à son annihilation, par suite de la découverte de ce que nous pensions n’être qu’une légende colportée par des diseurs trop imaginatifs, et passionnant nos enfants par leurs récits fantastiques. Comment aurais-je pu imaginer un seul instant qu’une telle créature puisse exister ? Une existence qui a remis en cause les récits d’auteurs illustres, car je me demande aujourd’hui si les monstres décrits dans ces ouvrages ne sont pas eux aussi réels. Que ce soit ceux issus de nos propres croyances ou bien d’autres venant du peuple grec, égyptien ou tout autre contrée sous la domination de notre noble Imperator, l’Empereur Hadrien, celui qui, sans le savoir, allait nous diriger vers notre perte en cette année 122 du calendrier julien.

 

Ce dernier nous avait choisi pour une mission particulière, et qui pouvait nous permettre de faire oublier notre cuisant échec en 83, alors que nous avions combattus les Pictes sur les ordres de l’Empereur Domitien, et conduisant à la catastrophe du soulèvement orchestrée par Bouddica, juste avant l’arrivée du Général Agrippa qui renversa la situation et permit de l’emporter au Mont Graupius. Par la suite, nous fûmes déportés à Carlisle, avant d’être envoyé vers d’autres batailles mineures, comme une punition à ce qui représente l’un des pires moments de la légion, juste après ce qui a failli coûter sa dissolution par Jules César, lors de la mutinerie de Placentia. Cette mission, si nous la réussissions, pouvait permettre de redorer le blason terni de la 9ème Légion Hispana, son terme complet, telle qu’elle était désignée après les guerres de Cantabrie. Nous ne pouvions pas échouer dans notre tâche et dans la confiance de l’Empereur Hadrien.

 

Notre mission était à la fois simple et complexe : empêcher les tribus Pictes qui avaient été la cause de notre disgrâce sous l’Empereur Domitien, de perturber la construction du mur devant servir à stopper d’éventuelles manœuvres d’invasion des Pictes, en séparant la Calédonie du reste de Britannia. L’Empereur Hadrien ne désirait pas que la guerre entre l'armée romaine et les peuples de Calédonie perdurent, et voulait instaurer une paix durable. Ce mur était le moyen de réguler les mouvements belliqueux des Pictes et autres clans calédoniens, afin de permettre cette paix voulue. Et notre rôle était primordial pour que les autres légions affectées à la construction du mur puissent opérer en toute sécurité. Mais pour cela, nous devions nous enfoncer à nouveau sur le territoire de nos précédents vainqueurs, et être capable de les repousser suffisamment longtemps pour que le mur puisse être érigé. Face à un peuple maitre dans l’art de la guerre, et connaissant parfaitement le terrain où ils officiaient, nous étions certes désavantagés, mais nous avions de notre côté le fait d’avoir déjà combattu sur ces terres, et la motivation de rendre l’honneur perdu était largement suffisant pour que nous nous acquittions de cette tâche avec toute la bravoure que nous pouvions donner.

 

Alors, nous sommes partis, sans savoir que cette mission serait la dernière que nous aurions à livrer pour la plupart d’entre nous. Si je peux narrer mon histoire aujourd’hui, c’est parce que je fais partie des rares rescapés de la terreur qui allait nous tomber dessus, et qui allait faire chuter irrémédiablement tout le prestige de la légion Hispana, reléguée à des missions tellement minimes qu’aucune autre légion n’y était envoyée. Le signe d’un dédain des plus infâmes pour les quelques survivants, poussant certains à se jeter sous les lances des ennemis volontairement, dans l’espoir de finir leur vie de manière noble, le pilum à la main. D’autant que notre participation ne fut pas retranscrite sur quelque écrit que ce soit, formant l’humiliation ultime pour nous. Aux yeux de Rome, nous n’étions rien d’autre que des fantômes dont il fallait taire l’existence dans l’histoire militaire du peuple romain, tout juste bons à être envoyés pour se faire massacrer de manière anonyme, pour cacher la honte de notre échec.

 

Pour revenir à cette mission qui allait changer notre destin, nous avons donc parcouru plusieurs dizaines de stades, selon l’unité de mesure en vigueur au sein de l’armée romaine, avant de nous trouver confronté à nos premiers ennemis, appartenant au peuple Picte, se cachant dans les anfractuosités des rochers surplombant les plaines rocailleuses des Mounths, la principale chaine montagneuse de la Calédonie. Nous suivions l’Elsick Mounth, la route nous permettant d’éviter les tourbières situées en basse altitude, véritables pièges mortels pour n’importe quelle troupe, et qui nous avait causés de lourdes pertes lors de nos premiers combats en Calédonie, plusieurs années auparavant. Les Pictes le savaient bien, et c’est pourquoi ils se postaient aux alentours de cette route, toujours aux aguets de mouvement romains sur leur territoire. C’est alors que nous avons subis une volée de flèches, avant de voir fondre sur nous des guerriers munis de peintures sur leurs corps à moitié nus, semant le trouble sur les légionnaires, comme cela avait déjà été le cas lors de notre précédente confrontation avec ce peuple fier de guerriers, jouant sur l’effet de surprise pour mieux submerger leur ennemi.

 

Cependant, nous connaissions leur style de combat, et savions comment les contrer. Ce qui n’a pas empêché de perdre plusieurs centaines de légionnaires face à ce qui ne constituait à vue de nez qu’environ moins de 80 hommes. Du fait de leur aptitude à se déplacer aisément, n’ayant pas à supporter le poids d’armures tel que nous, et aussi parce que nous ne nous attendions pas à une attaque aussi rapprochée, pensant subir les premiers combats bien plus tard, il nous fallut beaucoup de temps avant de parvenir à venir à bout de ce qui ne semblait représenter qu’une forme d’unité avancée, mais étant loin du gros des troupes que les Pictes étaient capables de posséder. Néanmoins, cette première rencontre occasionna la mort de plus de 300 hommes. Une perte considérable qui nous rappelait en mémoire notre premier échec face à ce peuple. Voyant la fin de la journée arriver, nous entreprîmes la construction d’un camp provisoire comme pour chacune des campagnes entreprises en territoire ennemi. Au bout de quelques heures, les talus et les différentes sections des tentes furent établies. N’ayant pas à disposition de bois suffisant pour entreprendre d’édifier des palissades, n’ayant à notre disposition autour de nous que de maigres bosquets, nous dûmes recourir à une garde renforcée pour prévenir de toute attaque de nuit.

 

C’est lors de cette première nuit que plusieurs légionnaires affectés à la garde firent part d’étranges cris venant des pics rocheux aux alentours. Des cris stridents qui ne semblaient appartenir à aucun animal connu dans ces contrées. La faune était pauvre dans cette région, surtout composée de rongeurs et de cervidés, auquel se rajoutait chats sauvages et divers petits mammifères ainsi que des rapaces, tels des aigles royaux. Mais parmi les légionnaires effrayés m’ayant rapporté la localisation de ces cris, certains avaient de solides connaissances de la faune de Calédonie, et m’assurèrent que ces cris ne ressemblaient à rien d’identifiable. Dans le même temps, je ne pouvais m’inquiéter pour de vulgaires animaux qui ne représentaient qu’un danger moindre face à la possibilité d’attaques nocturnes des Pictes, et je n’en fis pas plus attention. Mal m’en pris, car au beau milieu de la nuit, la partie Est du camp fut ravagée en un éclair, parsemant la nuit de cris épouvantés de légionnaires, de bruits de toiles déchirées et de matériel de toutes sortes ayant volés dans les airs, dispersés un peu partout dans le camp, en même temps que les corps déchiquetés de centaines d’hommes.

 

La panique était à son comble face à cette attaque éclair incompréhensible. Aucun mouvement n’avait été perçu venant des alentours par les différents gardes chargés de veiller, aucune troupe ennemie n’avait été vue, aucune arme n’avait été retrouvée à l’intérieur du camp. C’était totalement inconcevable. S’agissait-il d’une arme inconnue utilisée par les Pictes ? Impossible… Comment un peuple certes très habile au combat mais ne disposant pas de la technique et des ressources militaires prompte à établir une arme capable de ravager tout un pan d’un camp romain en l’espace de quelques secondes aurait-il pu concevoir quelque chose d’aussi ravageur ? En voyant l’état des tentes en lambeaux, le matériel compressé comme s’il avait subi un écrasement que seul un poids d’une teneur énorme aurait pu causer, ou les hommes dont certains se limitaient à des amas de chair et d’os, tellement ils étaient à peine reconnaissables, je ne pouvais que m’interroger. Si les Pictes étaient détenteurs d’une arme aussi redoutable, alors l’armée romaine courait droit vers une issue pouvant la mener à une défaite comme jamais elle n’en avait connu.

 

Et pire encore : s’il s’agissait d’une arme pouvant agir à une très longue distance, comme le supposait l’absence de présence de membres de leur clan à proximité directe, il était aisé d’imaginer que la construction du mur était plus que menacée, sans compter les légions à l’œuvre sur le futur édifice.  C’était une perspective effroyable. Mais s’il s’agissait de projectiles, comment se faisait-il qu’aucun sifflement n’ai été perçue avant de s’abattre ? Et comment expliquer l’écrasement de matériau en bronze, d’épée brisées ou d’armures réduites à l’état de tôle écrasées, alors qu’ils étaient distants de plusieurs mètres, dans différentes tentes. C’était juste inconcevable qu’il puisse exister une arme aussi silencieuse et dévastatrice dans les mains des Pictes, sans que l’on pu en soupçonner l’existence… Le ciel couvert de nuage avait dû jouer aussi dans la dissimulation de l’arrivée des projectiles, mais de quelle nature ceux-ci pouvaient il bien être ? On n’avait retrouvé aucun morceau de roche, de bois ou de métal pouvant expliquer un tel carnage. Quant à l’idée que des guerriers Pictes aient pu franchir les murs sans se faire voir des gardes et procéder en aussi peu de temps à un tel déferlement de violence, ça relevait de l’impossible…

 

Toujours est-il que cette nuit-là, nous avons subi deux autres attaques aussi virulentes que monstrueusement dévastatrices. Au total, près de 600 hommes perdirent la vie, auquel se rajoutait la destruction d’une quantité énorme d’armement. Sans compter les toiles totalement irrécupérables. Personne ne parvint à se rendormir. La garde fut triplée en conséquence, et chacun avait les yeux rivés vers le ciel, espérant comprendre la cause de tout ça, et peut-être voir de quelle manière les Pictes pouvaient opérer pour parvenir à autant de dégât. A ce rythme-là, il suffirait d’une dizaine d’attaques du même type pour que la légion soit entièrement décimée. Même les centurions et les optio les plus courageux commençaient à montrer des signes évidents de terreur, et je ne savais pas quoi dire pour les rassurer. Je ne savais pas leur expliquer comment contrer une telle arme à la nature dépassant tout ce que Rome connaissait en techniques militaires d’un point de vue tactique et créant une terreur rarement atteinte au sein d’une légion romaine.

 

Le lendemain, j’envoyais plusieurs détachements explorer les montagnes alentours, à la recherche d’un semblant de réponse à l’énigme que ces attaques nocturnes représentaient, pendant que tous s’affairaient, officiers compris, à tenter de faire le maximum pour réparer ce qui pouvait l’être, et creuser une fosse commune pour les morts. Du moins, ceux qui ressemblaient encore à quelque chose d’humain, au vu de l’atrocité de l’état des corps. Et sans compter que plusieurs légionnaires manquaient à l’appel. C’était comme s’ils avaient soudainement disparu sans laisser de trace. Le sol du camp était rouge de sang, mais bizarrement la quantité sur place ne correspondait pas au nombre restant introuvable. L’idée de déserteurs terrorisés à la suite de l’attaque m’est bien évidemment venu en tête, profitant de l’obscurité de la nuit pour détaler, et sauver leur vie. Mais en si grande quantité, ça ne paraissait pas logique. Qu’il y ait quelques couards dans une légion pouvait être envisageable face à une situation inconnue, mais des centaines… Je ne les connaissais pas tous de manière approfondie, surtout les dernières recrues en date, mais j’en savais suffisamment sur la plupart qui étaient là depuis des années pour savoir que peu d’entre eux oserait braver la colère de Rome en désertant de façon aussi peu discrète, et qui plus est dans une région où, à tout moment, ils pouvaient perdre la vie face aux Pictes nous observant en nombre, et qui devaient bien rire de notre désappointement général…

 

Dans le même temps, plusieurs factions furent envoyées vers la forêt de Durris, certes éloignée du camp établi. S’il n’y avait pas eu l’urgence de consolider plus le camp, nous nous serions déplacés plus près de celle-ci, afin de limiter les allers-retours pour récupérer la matière première nécessaire pour l’établissement des palissades et des tours de guet. Mais avec cette menace inconnue planant sur nous, et le mot allait prendre tout son sens par la suite en découvrant la vraie nature de notre ennemi, je ne pouvais pas prendre le risque de faire déplacer toute la légion à proximité de Durris, afin d’édifier un nouveau camp, et la mettre à la merci d’un danger imminent sur le chemin menant à la forêt. L’envoi de troupes pour récupérer la matière première et la ramener au camp déjà en place semblait la tactique la plus logique et sécuritaire. Plusieurs chariots furent construits en s’aidant des petits bosquets à proximité. La quantité de bois de ceux-ci n’étaient pas suffisants pour les palissades, d’où mon choix de départ de faire un camp simplifié, mais ils comportaient ce qu’il fallait en matière de matériel de transport pour l’expédition vers la forêt de Durris.

A la fin de la journée, le bois pour construire les palissades et les tours de guets, nous permettant de faire face de manière plus efficace à ce que nous pensions encore être une arme inconnue créée par les Pictes, parvint au camp. Aussitôt, j’ordonnais l’édification des structures dans les plus brefs délais, et toute la maestria des troupes romaines qui faisait la gloire de Rome et inquiétait, voire terrifiait les peuplades barbares les plus primitives montrait sa dextérité, sa maitrise, sa coordination exemplaire et sa rapidité qui avait fait des légions romaines l’objet de l’admiration de ses ennemis les plus farouches, et la fierté de ses différents empereurs depuis la Guerre des Gaules. Est-ce le bruit provoqué par les constructions qui indirectement nous assura une accalmie ? Je ne saurais le dire. Mais durant toute la phase d’édification de renforcement de protection du camp, nous n’avons pas eu de nouvelle attaque, ce qui me rassurait. M’inquiétant de ce qu’un nouvel assaut de l’arme des Pictes aurait pour conséquence, la majeure partie des hommes présents étant affairés à la construction afin de s’assurer la finalité de l’entreprise le plus tôt possible. J’avais pris pour décision de limiter les légionnaires préparés à une attaque surprise, mais le risque d’utilisation de cette arme mystérieuse des Pictes planait sur le camp, et l’inquiétude de tous était visible. Moi encore plus que les autres, car craignant d’avoir pris une décision pouvant nous être fatale…

 

Finalement, tout fut mis en place sans subir quoi que ce soit de la part de l’ennemi. Ce qui, je devais bien l’avouer, était étrange malgré tout. A la place des Pictes, j’aurais profité sans vergogne de la faiblesse de l’ennemi, du fait qu’il était occupé à des tâches lui empêchant de surveiller efficacement les alentours, pour fondre en masse et éradiquer ce dernier. Peut-être était-ce une forme d’honneur de guerrier de ne pas utiliser cette bassesse, ce dont je ne pouvais qu’admirer la teneur, en tant que soldat aguerri à l’art de la guerre et au respect de toute forme d’ennemi, aussi faible soit-il. L’histoire nous a appris à nous méfier de ceux qui n’ont plus rien à perdre, et qui peuvent se montrer encore plus redoutable que des armées emplis d’orgueil et manquant de prudence, au point de faire de lourdes erreurs tactiques.

 

Cependant, malgré le fait que le camp ait pu être établi dans les délais sans obstacle, quelque chose m’inquiétait bien plus. Les factions envoyées pour prévenir justement d’attaques impromptues n’étaient pas revenues. Aucune d’entre elles. Ce qui représentait 60 hommes. Leur absence de retour ne pouvait signifier qu’une chose : l’ennemi était toujours là, prêt à fondre sur nous à tout instant, et avait massacré ceux que j’avais envoyé à la mort. Cette nuit-là, la peur se voyait sur tous les visages, chacun dans le camp craignant une nouvelle attaque avec l’arme inconnue et destructrice. La faculté qu’avait les Pictes à se fondre dans le paysage et surgir d’un coup, surprenant notre vigilance était bien connue de tous, pour avoir déjà subi par le passé leurs méthodes de combat ravageuses. Il ne se passait rien cette nuit-là, mais plusieurs, dont moi-même, entendirent distinctement les mêmes cris stridents venant du lointain qui avaient précédés l’attaque nous ayant tous surpris et causé morts et dégâts en nombre. Ce fut la première fois où je me posais la question si les Pictes était le seul ennemi dont nous devions nous méfier, et qui pourrait mieux expliquer l’ampleur des dégâts reçus par le camp, plutôt qu’une arme nouvelle, inconcevable pour un peuple tel que les Pictes.

 

J’avais entendu parler, lors de notre campagne précédente en Calédonie, de certaines légendes, dont l’une capable d’effrayer les Pictes eux-mêmes. Celle d’une créature gigantesque, monstrueuse, capable de soulever plusieurs têtes de bétail d’un coup, de réduire une habitation à l’état de gravats en l’espace de quelques secondes. Une créature qui pouvait fondre du ciel et ravager un village entier, emportant femmes, hommes et enfants dans les airs, et ne plus laisser aucune trace d’eux après coup. Bien sûr, Rome était au courant de ces légendes, et ne les considéraient que comme des sornettes inventées par les Pictes pour démoraliser les troupes romaines et les empêcher de les envahir. Bien que fervent croyant en nos Dieux et certaines créatures mythiques, dont l’existence avait été avérée par de nombreux témoignages, et ayant forgé la mythologie romaine, personne ne croyait véritablement à ce qu’un tel animal puisse être capable de tels prodiges, sans compter sa taille qui était du domaine de l’improbable. Ce n’était qu’une histoire pour effrayer les enfants, pas des soldats de Rome. Mais au vu de ce que la légion IX Hispana avait subi, je ne pouvais m’empêcher de me dire : « Et si c’était vrai ? S’il existait vraiment une telle créature capable de décimer des troupes entières en quelques secondes ? Que pourrions-nous faire face à un tel ennemi, bien plus puissant et redoutable que la plus forte des armées ? »

Tout à mes interrogations, je me devais de faire fuir le doute qui m’envahissait, et dès le lendemain, je prenais une centaine d’hommes avec moi, et décidais d’aller au-devant du danger, malgré les risques encourus, afin d’en avoir le cœur net. Afin de savoir si le Rokh, le nom de cet animal légendaire existait réellement, ou si les Pictes usaient d’instruments pouvant reproduire des cris tels que nous en avions entendus, et employait une arme nouvelle. Dans les histoires que j’avais entendus, le Rokh était désigné comme un oiseau immense, au bec faisant la taille d’une ville entière. Ses ailes pourraient recouvrir Rome dans son intégralité. On lui prêtait une férocité sans égal. En comparaison, tous les monstres qu’Hercule avait affronté lors de ses 12 travaux, et qui fascinait tout romain qui se respecte, ne serait que de petits obstacles insignifiants, à l’échelle des créatures des différentes civilisations asservis par l’empire Romain. Il pouvait déchiqueter un homme sur toute sa longueur tout en écrasant 10 autres de ses serres aux dimensions inimaginables, pendant que sa queue pouvait pulvériser un village de ses battements.

 

On dit de lui qu’il pourrait faire fuir l’Aigle Royal qui est l’emblème de l’armée romaine, pourtant un symbole de puissance. Si j’évoque le symbole même de Rome et ses légions, ce n’est pas pour rien. C’est à cause de lui que les rares survivants à cette aventure, dont moi-même, ont dû de se retrouver cantonné à de petites campagnes insignifiantes, sans même que notre appartenance à la Légion IX Hispana ne soit évoquée dans les registres de bataille. Pour éviter la honte aux yeux du peuple romain que représenterait cette simple participation. Pour tout romain, qu’il soit civil, tribun, officier ou simple légionnaire, l’Aigle Royal, cet emblème présent dans toute légion, représente le Prestige de Rome, sa puissance, sa gloire. Chaque légion a un porteur de l’Aigle dans ses rangs, un Aquilifer, chargé de veiller, quoi qu’il lui en coûte, au prix de sa vie s’il le faut, à ce qu’il ne soit pas dérobé ou détruit par l’ennemi. Si cela arrive, la légion entière est tenue responsable d’un tel déshonneur, et cela peut mener à sa dissolution. Cela est déjà arrivé, et les membres de la légion sont alors réaffectés dans d’autres légions, cachant leur appartenance à celle responsable du déshonneur de Rome, pour ne pas être considérés comme des parias aux yeux des autres, des soldats sans valeur.

 

Certaines légions ont aussi un autre symbole à protéger, mais de nature moindre, un taureau. Celui-ci montre la reconnaissance de l’empereur envers les membres composant les troupes. Le taureau est le symbole des légions les plus fidèles et glorieuses aux yeux de l’empereur. C’est un gage de fierté. La légion qui le perd au combat perd également toute considération de l’empereur, et redescend au niveau des autres. Cela fait mal, mais ce n’est rien en comparaison de ce que l’on subit en perdant l’Aigle Royal. Le déshonneur ultime. Les Aquilifer ayant perdu ce symbole voient leur vie détruite à jamais, et il n’est pas rare qu’ils mettent fin à leur vie pour pardonner leur échec. Si je vous explique tous ces détails, c’est parce que notre Aquilifer a perdu l’Aigle alors que nous allions découvrir la véritable nature de notre ennemi, tout en apprenant la réalité d’une supposée légende pour enfants, plongeant notre légion dans une chute dont elle ne se remettrait jamais. En tout cas, les rares qui ont survécu. Tous ceux qui sont morts n’auraient pas à avoir l’affront d’expliquer à l’Empereur pourquoi nous avions perdu l’Aigle de l’Empire. La seule chose qu’il ne fallait surtout pas laisser aux mains de l’ennemi, quoi qu’il soit, humain ou non.

 

Pour revenir à notre expédition, nous avons parcouru les cols des Mounths la peur au ventre. Sans cesse aux aguets d’une attaque surprise des Pictes sur nous. J’étais le seul à me méfier d’un autre danger qui montrait des traces de plus en plus évidentes au fur et à mesure que nous avancions vers son territoire. Des traces qui se montrait sous la forme de monticules de pierres ayant autrefois été des abris provisoires, sans doute érigés par les Pictes. Des sortes de petits campements ravagés de toute parts, parsemés de coulées de sang sur les rochers, le sol et le bois utilisé pour le toit des bâtisses de fortune. Et il n’y avait pas que ça… Des restes de corps furent découverts derrière les ruines que constituaient les anciens abris. Des corps dans un état effroyable. Éventrés, vidés de la plupart de ce qui constituaient l’intérieur, leurs têtes écorchées, montrant l’os du crâne parsemé de multiples fêlures, quand ce n’était pas une brisure pure et simple, d’où sortaient parfois de petits animaux l’ayant choisi comme demeure. Des bras ou des jambes rongées par un fauve qui ne pouvait être en Calédonie. Le genre d’animal qui était courant en Égypte, ou en Gaule, ou dans les territoires barbares. Mais pas ici. Aucun animal de ce type n’était recensé dans le pays, et encore moins sur les hauteurs des Mounths.

 

Je voyais le visage terrifié de mes hommes devant ce spectacle à la limite du soutenable, tellement sa vision était atroce, même pour des soldats habitués à l’horreur des champs de bataille. Quant à imaginer que des hommes aient pu être à l’origine d’un tel massacre gratuit, ce n’était même pas envisageable. C’était trop monstrueux pour avoir été fait par un homme. Et c’était impossible de concevoir qu’un animal aussi ait pu être à l’origine d’un tel carnage. Plusieurs légionnaires et officiers montrait leur inquiétude et surtout leur scepticisme sur les auteurs de ce spectacle de mort. Aucun Picte n’aurait massacré les siens, et ça ne pouvait pas être les factions que j’avais envoyés en éclaireurs qui pouvaient être à l’origine d’une telle monstruosité. Aucun romain ne pourrait faire ça, à un tel niveau de barbarie. Du coup, plusieurs hommes me demandaient si j’avais une idée du réel ennemi que l’on devait affronter, soupçonnant que je ne disais pas tout, et leur cachant une vérité pouvant être la cause de l’attaque incompréhensible dont le camp avait été la cible.

 

Ne pouvant pas décemment leur parler de la légende du Rokh, sous peine de passer pour un illuminé indigne de diriger une légion, je leur assurais que je ne comprenais pas mieux qu’eux sur ce qui avait bien pu se passer ici. Dans le même temps, des légionnaires trouvèrent des traces de caligae par endroits. Preuve que ceux que j’avais envoyés était passé par ici. Il était plus probable qu’ils avaient été témoins du même spectacle d’horreur offerts à nos yeux qu’ils en aient été les initiateurs. Il restait un maigre espoir de les retrouver vivants, en tout cas en partie. Et s’il n’était pas revenus, c’était peut-être parce qu’ils n’osaient pas reprendre le même chemin, de peur de tomber sur l’auteur de ce massacre, et avaient emprunté une autre voie pour rejoindre le camp. Je me raccrochais à ça, je l’espérais vraiment. Et après avoir rassuré Quintus et Lucius, le centurion et l’optio m’ayant interrogé sur ce que je savais, nous reprenions la route, nous enfonçant plus dans les montagnes, vers le territoire de celui qui allait causer la perte de notre légion.

 

Très bientôt, mes mensonges atteignirent leurs limites d’acceptation de la part de Quintus et Lucius, qui prirent la décision de demander des explications sur ce qui se montrait à nous, persuadés que je leur avais menti dès le départ sur le danger vers lequel nous nous dirigions. Car devant nous se trouvait un autre spectacle morbide. Des dizaines de légionnaires gisaient sur le sol. Certains avaient leur tête quasiment séparée de leur corps, d’autres ne ressemblaient plus qu’à un tas de viande offert aux mouches et autres insectes bourdonnant autour du cadavre présent. Comme dans le camp de fortune des Pictes découvert précédemment, des membres arrachés, à moitié décharnés pour la plupart, ou dont les os étaient ressortis et quasiment blanchis par l’absence de chair jonchaient l’espace vu par nos yeux. Leurs pilums, leurs cuirasses, leurs boucliers étaient dans un état similaire à ceux retrouvés lors de l’attaque au camp. Devant leur insistance, et au risque de passer pour un fou, je racontais ce que je savais sur la légende du Rokh, que je soupçonnais d’être l’auteur de tout ça.

 

Un temps sous le coup de la surprise de mes propos, le visage impassible, je m’attendais à recevoir des rires de leurs parts, pensant que les évènements de ces dernières heures m’avaient fait perdre la raison au point de croire qu’un animal mythique puisse être la cause de tout ce carnage. Mais en fait, ce fut tout le contraire. En voyant les corps qui parsemaient l’horizon, tout autour de nous, montrant que les 60 hommes envoyés étaient présents sous forme de cadavres ici, dans leur grande majorité en tout cas, car il était difficile de donner une réelle identité à de simples morceaux de chair et d’os parfois, bien au contraire, ils me demandèrent des précisions sur ce qu’était le Rokh, et le moyen de le combattre, ou au pire de lui échapper. Quitte à ressentir la honte d’avoir fui un ennemi. Mais celui-ci était bien plus qu’un ennemi, c’était l’équivalent d’une des plaies relatées par les écrits égyptiens, mais à un tout autre niveau. Je voyais la terreur dans leurs yeux. C’était la première fois que je pouvais apercevoir ce sentiment à tous les deux, eux qui étaient des modèles d’inflexibilité dans les affrontements, n’ayant jamais connu la peur. Du moins, de ce que je savais d’eux, en ayant vu leurs actes sur les champs de bataille où nous avions côtoyés.

 

Mais nous avons à peine eu le temps de nous expliquer davantage sur ce point, car soudain un immense cri aigu déchirait l’air, perçant nos tympans de manière horrible, tellement sa puissance était à la limite du supportable, nous faisant ployer les genoux au sol. L’instant d’après, les cris s’étant temporairement tus, nous avons vu plusieurs légionnaires être soulevés dans les airs par une forme gigantesque, cachant le soleil de toute sa masse. C’est tout juste si nous pouvions percevoir la présence d’aile et d’une tête montrant la présence d’un bec comme jamais nous n’en avions vu de toute notre vie de soldat romain. Nous entendions les os des corps happés dans ce qui se présentaient comme des serres d’aigle se tordre, se briser en plusieurs morceaux, pendant que des dizaines de cris emplissait le ciel. Des litres de sang se déversait sur nous, et tout autour des bras et des jambes tombaient comme une pluie issue directement des enfers. C’était comme si Arès et Mercure s’étaient associés, soutenus dans les airs par Uranus. Une sorte de trinité dont personne ne pourrait espérer avoir la moindre chance d’échappatoire.

 

Mais il ne s’agissait pas de Dieux, mais de quelque chose de bien pire. Face à un Dieu, nous aurions pu implorer la clémence pour nos actes, pour avoir osé pénétrer sur un territoire interdit, quitte à sacrifier plusieurs de nos hommes en compensation. Mais face à un tel monstre, capable de détruire Rome à lui tout seul, nous n’avions aucune chance d’être écouté. Quintus, malgré la peur fut le premier à avoir la folie de vouloir affronter le Rokh, décochant plusieurs pilums dans sa direction, dont un grand nombre fit mouche, après les avoir ramassés parmi ceux étant tombés tout près de nous. Un acte qui eu pour effet d’énerver très clairement le Rokh, qui se déchaina. Il s’abattit sur Quintus avec rage, l’empoignant dans une de ses serres, avant de réduire son corps à l’état d’un filet de sang de chair et d’os projeté dans tous les sens. Pendant que ses ailes écrasaient au sol un grand nombre des légionnaires, ne laissant que de la boue de chair à la place, le Rokh se dirigeait vers nous, lançant à nouveau son cri terrible, paralysant Lucius sur place, tétanisé par la vision du monstre fonçant vers lui. J’eus tout juste le temps de le voir pris dans le bec de la créature, avant de voir son corps disloqué en plusieurs morceaux sous l’effet de la pression, et retombant au sol, comme s’il ne s’était agi que d’une simple tablette de marbre.

 

Je ne dois ma survie qu’au fait d’avoir profité que le Rokh s’affairait sur Quintus et Lucius pour fuir, me servant des rochers présents tout autour, espérant que ce subterfuge serait suffisant à me dérober à la vue du monstre fendant l’air, continuant de massacrer mes hommes sans discontinuer, les rendant dans le même état que ceux des Pictes et des éclaireurs précédemment. Mais je sentais que le Rokh mettait plus de rage, de hargne dans ses gestes. Écrasant de ses serres des corps déjà en lambeaux, arrachant de son bec des entrailles sans même les consommer, tout en lâchant régulièrement son cri qui aujourd’hui encore, hante mes nuits. Je restais persuadé que je ne devais ma survie qu’à Fortuna, la Déesse de la Chance, qui avait dû avoir pitié de moi, et m’avait soustrait au regard du Rokh, continuant son travail de mort et de désolation parmi mes hommes. J’étais honteux de m’être enfui, et plus encore en voyant notre emblème, le taureau, sur le sol, réduit à l’état de bouillie. Et que dire de ce que j’ai ressenti en voyant l’emblème de l’Aigle, le symbole de la puissance de Rome, dans son bec, brisé en morceaux épars, et tombant au sol.

 

J’ai pleuré à ce moment précis, conscient de ce que la vision de l’Aigle détruit signifiait pour Rome. Le signe qu’une puissance supérieure avait défié non seulement la Légion IX  Hispana, celle dont j’avais le commandement, mais aussi et surtout le pouvoir de Rome, et avait montré que cette dernière n’était rien face à la monstruosité qu’était le Rokh. Cet oiseau dont je n’ai jamais clairement vu les traits exacts, et sans doute était-ce mieux ainsi, venait de montrer que nous n’étions rien face à lui. Nous n’étions que des fétus de paille qu’il pouvait balayer comme bon lui semblait. C’était notre châtiment pour avoir pénétré sur ses terres… Je sais que ça peut paraitre invraisemblable, mais j’ai eu, l’espace d’un instant, cru percevoir son regard fendre le ciel et m’observer m’enfuir. C’était comme s’il m’avait délibérément laisser partir, comme pour colporter la nouvelle de son existence, afin que plus jamais Rome ne vienne le défier. Que c’était voué à l’échec, et qu’il comptait sur moi pour le dire à l’Empereur. Sans plus me poser de questions sur ce geste délibéré de la part du Rokh, montrant une intelligence non relatée dans ce que j’avais pu entendre sur lui, je dévalais la montagne, afin de revenir au camp.

 

Et là, je crus que la folie m’avait envahi complètement en voyant ce dernier ravagé de partout, des corps gisant dans tout le périmètre, alors que 3 ombres oscillaient dans l’air. Une grande, de la taille du Rokh qui m’avait laissé partir, et deux plus petites, mais d’une taille néanmoins considérable. Les 3 s’affairant à détruire ce qui restait du camp, fonçant vers les cris lointains qui se faisaient entendre, avant de laisser place à des bruits de mastication, de brisements d’os et de chair tombant au sol par centaines de milliers. Le Rokh avait une famille. Je ne sais pas si j’avais eu affaire de manière directe au mâle ou à la femelle, mais ça n’avait pas d’importance à vrai dire. Tout ce que je voyais, c’était que la légende avait menti. Le Rokh n’était pas une créature unique. Du moins, plus maintenant. J’avais entendu parler de la manière dont ce monstre s’était établi en Calédonie. Des rumeurs passant d’auberge en auberge, relaté par des prisonniers Pictes entre eux dans les geôles des camps romains lors de la première campagne où la Légion IX Hispana avait participé.

 

On racontait qu’un navire de barbares avait accosté un jour en Calédonie, avec à son bord, des oiseaux venant d’une île qui n’était répertoriée sur aucune carte. Des oiseaux ayant déjà une taille considérable. Les barbares comptaient s’en servir comme arme après les avoir dressés. Mais ça ne s’est pas passé comme ils l’espéraient, et les oiseaux se sont enfuis, après avoir tués plusieurs hommes de manière horrible. Sur les 4 spécimens ramenés de l’île, deux furent tués par les barbares. Les 2 autres se sont enfuis vers les montagnes, mais l’un d’eux était fortement blessé, et on supposait qu’il avait fini par mourir, ne laissant qu’un seul de ces oiseaux meurtriers vivant. Par la suite, les barbares ont été décimés par les guerriers calédoniens, qui avaient découverts leur présence. Avec ce qu’il y avait sous mes yeux, il n’était pas difficile de comprendre que le 2ème oiseau de la légende avait survécu. Les 2 survivants étaient donc un mâle et une femelle, et avec le temps, ils avaient atteint leur taille adulte, avant de procréer. Je n’ai pas voulu jouer les héros. Je savais que c’était inutile en voyant ce que faisait subir au camp et tout son contenu, hommes compris, les Rokh. Je ne ferais que gâcher la chance que m’avait offerte Fortuna en amadouant le Rokh ayant éradiqué les membres de notre expédition.

 

J’ai donc fui en direction du mur d’Hadrien en construction. Je pensais être le seul rescapé, mais en arrivant sur place, je découvrais que d’autres rares survivants avaient pu fuir eux aussi. Sur les 6000 hommes que comptait la Légion IX Hispana, il ne restait plus que 35 hommes, en plus de moi. Leur destin, comme le mien, je vous l’ai déjà énoncé auparavant. J’ai dû avouer la perte de l’Aigle, et surtout que la légion avait été décimée par les Pictes. Ça me semblait mieux que d’indiquer qu’un oiseau géant était à l’origine de la quasi-disparition de la légion. J’aurais été pris pour un fou, et j’aurais fini aux jeux du cirque dans le meilleur des cas. Je précisais que les pictes avaient utilisé une arme nouvelle et inconnue qui nous avait surpris par sa puissance et sa rapidité d’action. Et que nous n’avions rien pu faire contre ça. Après l’échec dont la 9ème était déjà responsable sur le même sol, quelques années auparavant, ce nouveau revers était la goutte de trop pour l’Empereur. Au vu de l’ampleur du désastre, et pour éviter les moqueries de la part des ennemis de Rome, qui ne manqueraient pas de se délecter d’une telle déchéance, l’empereur décidait de ne pas dissoudre la 9ème légion, malgré le déshonneur qu’elle avait fait subir au prestige de Rome. Mais sa punition ne fut guère mieux, puisque reléguée à des combats ingrats et dénués de toute étincelle pour l’armée romaine, comme je vous l’ai déjà énoncé.

 

Néanmoins, je ne pouvais pas laisser l’histoire sans traces pour expliquer les vraies raisons de la chute de la 9ème légion, qui serait sans doute effacée par les écrits de Rome, et ne donnant qu’une aura de mystère pour les générations et les civilisations suivantes. Alors, voilà, vous qui lisez ce texte aujourd’hui, vous savez désormais ce qui se cache dans les Mounths de Calédonie, et qui est à l’origine de la fin de l’une des plus prestigieuses légions de Rome, avant qu’elle fasse l’objet d’un rejet de considération de la part de l’empereur. Vous savez qu’il existe là-bas une famille de créatures qu’il ne vaut mieux pas aller défier en pénétrant sur son territoire. Une famille de monstres dont la puissance et la terreur que leur vue suscite pourrait faire trembler les plus courageux des soldats, les plus avides de pouvoir des pays. Les Rokh existent, ce n’est pas une légende. Et ceux vivant en Calédonie ne sont que la surface du problème. J’ignore combien de ces oiseaux monstrueux vivent au sein de l’ile d’où ils sont issus. Peut-être ne vaut-il mieux pas le savoir d’ailleurs. Et j’espère que personne d’autre n’aura la malchance de découvrir ce lieu, et la folie d’en ramener des spécimens. Si ces bêtes se reproduisent ailleurs, sur d’autres continents, je vous laisse imaginer ce qu’il peut arriver aux différents peuples de notre monde, sachant que les Rokh ne sont pas très partageurs sur les territoires où ils se sont installés, et qu’ils se sont adjugés…

 

Publié par Fabs

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