14 déc. 2021

DARK TALES 2 : LA REINE DES NEIGES

 


Les paysages enneigés avaient fait place aux plaines et aux montagnes de l’ancien royaume où il pensait vivre ses derniers jours. Mais après la mort de la reine et cheffe du culte de l’Ordre de la Pomme Noire, celui-ci était tombé dans le chaos le plus total. Il avait assez vu de massacres perpétrés par les anciens adeptes de Morgane, se complaisant dans le pillage des villages, les viols et les meurtres de masse. Et que dire de ceux les combattants ? Pour freiner l’avancée de ces cavaliers de la mort, ces nouveaux cavaliers d’une apocalypse en devenir, les soi-disant chevaliers, représentant de la justice, tels qu’ils s’en défendaient, n’hésitait pas eux aussi à recourir au meurtre de villageois, quand ces derniers avaient commis l’erreur de recueillir des rescapés de l’Ordre. Des rebelles refusant de continuer à vivre de cette manière, et d’imiter leurs anciens frères, ayant demandé l’asile, désireux de profiter de la chute de leur ancien culte pour repartir de zéro, loin des tumultes des champs de bataille et des monstruosités qui étaient demandés lors de l’avènement de l’Ordre. Mais cette vie rangée ne leur était pas accordée, à cause de la folie sanguinaire de ces preux pourfendeurs des anciens suppôts des ténèbres. Ne se rendant pas compte qu’ils faisaient exactement la même chose que ceux qu’ils pourchassaient, entraînant dans leur folie sanglante les habitants de ces villages, qui eux, voyaient dans les repentis de la Pomme Noire l’occasion de retrouver un espoir au sein de leur royaume…


Un espoir qui n’avait plus aucun sens au sein de territoires ravagés par les conflits armés où le sang et les cadavres s’accumulaient chaque jour… En comparaison de ces spectacles de mort, les terres blanches qui s’offraient à ses yeux avaient le don de l’apaiser, et de lui faire oublier quelque peu la disparition tragique de celle qu’il avait eu le tort d’aimer, bien que ce ne soit pas réciproque. Elle pouvait être odieuse, aussi bien avec lui qu’avec ses autres amants, mais pour lui Blanche-Neige avait été bien plus qu’une maitresse, dans les deux sens que ce terme signifie, quand on connaissait les mœurs de cette dernière…. Oui, il avait pleuré en écrivant ces derniers mots sur sa tombe, et s’il n’avait pas eu certaines connaissances en magie noire, à l’encontre de la reine qui l’ignorait, il n’aurait pas pu procéder à ce rituel de résurrection avant d’aller à la rencontre de celle qui allait mettre fin à sa 1ère vie, sur l’ordre de Morgane. Sans la magie opérant en lui, suite à ce rituel interdit, lui assurant de revivre en cas de mort, il n’aurait jamais pu sortir de la tombe où Blanche-Neige l’avait mis. Malheureusement, il n’avait pas pu sortir assez tôt pour la sauver… Il n’avait vu que sa sépulture, où était apposé un premier message écrit par son père. L’ancien roi ayant fui un royaume qu’il ne reconnaissait plus, et où il n’avait plus envie de vivre, sa fille, son amante interdite aussi, n’y vivant plus, car étant enterrée sous le sol…

 

Comme le roi, Sigmus avait fui le lieu où il était né, afin de rejoindre celui qu’il traversait aujourd’hui. La magie noire lui avait donné une seconde chance, mais le destin allait lui montrer qu’on ne trompe pas impunément la mort, sans en subir les conséquences. Pour preuve, le chariot dans lequel il se trouvait, et où il transportait le miroir de son ancienne reine. Un miroir maudit qui avait été offert à Morgane par son amie d’enfance, Sigrid, plus connue sous le nom de la Reine des Neiges. Une sorte de gage d’amitié entre les deux femmes qui avaient vécu, un temps, sous le même toit. Juste avant que Sigrid, sous l’emprise d’une malédiction lancée contre sa famille, par l’amant éconduit de sa mère, ne la fasse devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Un être froid, et le mot est à double sens, sans le moindre ressentiment, sinon envers d’autres personnes étant dans le même cas qu’elle, comme Morgane, qui, elle aussi, a un passé tellement sombre que cette dernière n’a jamais voulu l’évoquer. C’est tout juste si Sigmus savait que Morgane avait été recueillie par les parents de Sigrid, en même temps que son sorcier de père, au sein du palais du couple royal du royaume de Finnmarken.

 

Morgane n’avait jamais connu sa mère, et de ce que Sigmus savait, ses pouvoirs lui venait de son père. Celui-là même à l’origine de la chute du roi et de la reine de Finnmarken. Entretenant une liaison interdite avec la reine, celle-ci, prise de remords, avait souhaité mettre fin à leur relation, mettant le père de Morgane dans une rage folle, et ayant mis en place une malédiction qui toucha tout l’ensemble du palais, les faisant vieillir à petit feu, en seulement quelques heures, les rendant aussi froid qu’un bloc de glace. Est-ce l’amitié qui la liait à sa Morgane qui permit à Sigrid d’échapper à la malédiction ? Nul ne saurait le dire. Ce qui est certain, c’est que celle-ci donna des pouvoirs immenses à Sigrid, dont la première action fut de tuer le père de Morgane, en représailles, avant de transformer tout le périmètre du château en un paysage constitué de glace qui s’étendait à perte de vue, dont seule Morgane fut épargnée, selon le désir de Sigrid. Dès lors, Sigrid, dont le cœur de glace ne faisait plus confiance à personne, resta la seule maitresse du château, apprenant à maîtriser ses pouvoirs jour après jour, et aidant à améliorer ceux de son amie et sœur de cœur, Morgane. Jusqu’au jour où celle-ci voulut avoir son propre royaume, et quitta Finnmarken.

 

C’est lors de son départ que Sigrid offrit ce miroir à Morgane, lui recommandant de ne pas le briser, sous le moindre prétexte, car elle désirait qu’elle reste sa meilleure amie, sa sœur… Pas son esclave… Morgane n’a jamais bien compris le sens de ces paroles… Sigmus n’en savait pas davantage, n’ayant jamais creusé le secret de ce miroir particulier… Tout ce qu’il savait, c’est que maintenant que Morgane n’était plus de ce monde, il fallait ramener ce miroir à Sigrid, pour éviter que quelqu’un d’autre en prenne possession et n’en fasse un usage néfaste…  Sans doute était-ce le fait de penser à tout cela qui fit perdre la notion de prudence à Sigmus. Toujours est-il qu’il ne remarqua pas une grosse pierre se trouvant sur le trajet de son chariot, sur lequel la roue avant droite de ce dernier buta de plein fouet, renversant le véhicule, écrasant sous le poids Sigmus, et recevant le miroir de plein fouet sur lui, se brisant sous l’impact. Des milliers d’éclat se déversèrent alors sur Sigmus, pénétrant dans sa chair, opérant à transformer son être… Il fut envahi d’une telle noirceur qu’il en mourut sur le coup. Avant de passer de vie à trépas, il se dit qu’en bravant la mort une fois, il n’avait fait que retarder l’inéluctable. Apparemment, il était écrit qu’il devait mourir, quel qu’en soient les éléments… Et cette fois, il ne pourrait pas compter sur un sort pour survivre…

 

Pendant que Sigmus périssait sur le bord d’une route, les éclats du miroir se transformèrent en une étrange poussière, s’enfonçant dans le sol pour y disparaître à jamais… Sauf deux morceaux d’entre eux, de taille différentes, emporté par une brise passagère, et emmenant ces derniers vers une ville voisine, près d’une petite maison où s’affairaient Kay et Gerda, ces derniers étant très occupés à arroser les roses dont ils avaient paré les murs de la maison où ils vivaient, avec leur grand-mère… Enfin, pour être exact, c’était la grand-mère de Kay. Gerda avait été recueillie il y avait 4 ans de ça, alors qu’elle gisait au sol, agonisante dans le froid et la neige, après avoir été violentée par des hommes sans état d’âme. Ces derniers avaient tenté d’abuser d’elle, en récompense de lui acheter les petites boites d’allumettes qu’elle tentait de vendre, pour obtenir de quoi se nourrir. C’est Kay qui, les voyant, les avaient fait fuir, avec l’aide de ses amis… Il l’avait aidé à se relever, et demandé à sa grand-mère si elle pouvait désormais vivre avec eux. Lui indiquant qu’elle était orpheline, et sans endroit où se loger. Sa grand-mère avait accepté avec grande joie, trop heureuse que son petit-fils ait une compagnie au sein de leur maison, bien plus qu’une vieille femme malade telle qu’elle l’était…

 

Gerda et Kay avaient ainsi vécu en tant que frère et sœur, et il ne se passait pas une journée sans qu’ils soient ensemble. Gerda avait transmis sa passion des roses à Kay. L’un des rares souvenirs heureux qu’elle avait de son enfance. Ignorant l’identité de ses parents, n’ayant connu que les murs de l’orphelinat où elle avait été vendue étant bébé, par des gens sans scrupules, son seul plaisir de cet endroit, où elle subissait des maltraitances chaque jour de la part du personnel et des autres enfants, était le jardin. Un jardin immense, parsemé de roses de toutes les couleurs, dont elle aimait s’occuper tous les jours. Ce qui lui faisait oublier les violences dont elle était la cible. Mais un jour, n’y tenant plus, elle s’était échappée, et avait atterri dans la ville où elle rencontra Kay. Elle avait emporté avec elle plusieurs petites boites d’allumettes. Elle s’en servait à l’orphelinat pour faire des figures de maison sur le sol du jardin, rêvant de posséder une maison comme celles qu’elle confectionnait avec ces allumettes.

 

Ces mêmes allumettes qui avaient été à la fois son malheur et la chance d’échapper à cette vie horrible qui avait été la sienne jusqu’à présent. Jusqu’à ce que Kay croise son chemin. Le début d’une grande histoire d’amitié… Une amitié qui allait bientôt être mise à mal, car les deux morceaux du miroir brisé lors de la chute de Sigmus se dirigeait vers eux, virevoltant, comme semblant choisir leur cible, avant de tomber sur Kay. Le plus petit morceau se ficha dans un des yeux de ce dernier. La douleur ressentie fit crier Kay, ouvrant sa bouche, où pénétra l’autre morceau, se faufilant dans son corps, jusqu’à atteindre son cœur, où il se planta, transformant ce dernier en un morceau de noirceur extrême… Kay ne fut plus le même après cet intermède… Son comportement changea, trouvant laid ce qui était beau, et admirable ce qui était rejeté en masse par les autres. Il perdit de l’intérêt de s’occuper des roses avec Gerda, qu’il méprisait, comme si elle était soudain devenue une étrangère. Se moquant d’elle en public de ses maladresses, de ses tenues, ou des douleurs qu’elle ressentait en marchant avec ses petits souliers rouges, offerts par la grand-mère de Kay…

 

Il n’y avait pas qu’avec Gerda que Kay était odieux. Avec sa grand-mère aussi. S’amusant à l’imiter quand celle-ci peinait à se déplacer, rigolant quand elle ne parvenait pas à lire une inscription, ou faisant exprès de déposer des obstacles sur son chemin dans la maison, afin de la faire tomber. Il était violent avec les autres enfants. Les frappant pour des bêtises, parfois allant plus loin. L’un d’eux fut coupé au bras par Kay avec un morceau de tesson de bouteille, simplement parce que Kay n’aimait pas la couleur de son veston, lui disant qu’il n’avait jamais rien vu d’aussi laid, alors que c’était un habit très chic. Les gens faisant preuve de gentillesse étaient ses cibles favorites, ne voyant dans leur attitude que des méthodes exécrables. Kay était devenu une personne horrible, et personne ne comprenait un tel changement. Mais le pire arriva une semaine plus tard, quand Kay s’en prit à Gerda, alors que sa grand-mère était couchée, et que celle qu’avant tout cela il considérait comme sa sœur, s’apprêtait à faire de même, se rendant dans sa chambre…

 

Il entra à son tour, surprenant Gerda,celle-ci lui demandant gentiment de sortir. Qu’elle était fatiguée, et qu’elle avait envie de dormir. Gerda vit dans les yeux de Kay qu’il n’était pas dans son état normal. Il la fixait comme ces hommes qui s’en étaient pris à elle, quelques années plus tôt. Paniquée, elle réitéra sa demande à Kay de sortir de sa chambre. Mais celui-ci, au lieu d’obtempérer, se rua sur elle, la faisant tomber au sol, lui tenant les deux bras fermement. Gerda criait, lui disant d’arrêter, qu’il lui faisait mal. Mais cela faisait rire Kay. Et puis, relâchant un bras, il commença à arracher sa chemise de nuit, mettant à nu la poitrine de la jeune fille, qui criait de plus belle à Kay de la laisser tranquille. Au lieu de ça, il l’embrassa de force, sur la bouche, puis dans le cou. Gerda tentait de se débattre, mais Kay avait trop de force. D’un coup, sans même trop réfléchir, elle prit son épingle à cheveux et la planta dans le bras de Kay. Celui-ci hurla de douleur… Profitant de l’effet de surprise, elle attrapa sur sa table de nuit un ouvre-lettre, et menaça Kay avec. Lui ordonnant de sortir. Qu’elle ne voulait plus le voir. Plus jamais. Kay l’observa un moment, puis, lançant un soupir de mépris, se retourna, et sortit de la chambre… Kay, n’arrivant plus à distinguer le bien et le mal, à cause de l’emprise et le pouvoir des éclats de miroir qui étaient en lui, ne comprenait pas l’attitude de Gerda, selon ses critères déformés de la réalité et des actions qu’il convenait de faire ou non…

 

Agacé, il sortit de la maison, dans le froid de l’hiver, avançant dans la neige. Il semblait mu par un instinct lui indiquant de se diriger vers un endroit précis, à quelques mètres de la maison. C’est là qu’il vit une silhouette semblant l’attendre. Au début, il ne vit qu’une forme habillée de fourrures du pied à la tête, debout près d’un traineau qui donnait l’impression d’être constitué de glace, et dont l’attelage se constituait de rennes blancs comme la neige. Il semblait comme attiré irrésistiblement par l’étrange personnage. Celui-ci tendait la main, comme pour lui demander de le rejoindre. Kay s’avançait… Il lui semblait impossible de refuser cette invitation. Au fur et à mesure, la forme se révéla être une femme d’une grande beauté, mais à la peau blanche… Tellement blanche, qu’elle donnait l’impression d’être née de la neige. Il finit par reconnaitre l’apparition qu’il avait aperçu ces 3 dernières nuits. A ce moment-là, il pensait qu’il rêvait. Il avait vu à chaque fois un flocon de neige grossissant de plus en plus, tomber du ciel, puis se poser sur l’enseigne du commerce en face de sa maison. Le flocon avait pris la forme d’une femme habillée de fourrures, au regard pénétrant.

 

Maintenant qu’il était juste à côté d’elle, il était certain qu’il s’agissait de la même femme. Elle se présenta sous le nom de Sigrid… La Reine des Neiges… Elle était venue pour le chercher pour l’emmener dans son royaume… Là où était sa place… Parce qu’il possédait en lui des morceaux de son miroir… Et qu’à présent il était comme elle, et qu’il n’avait plus rien à faire parmi les humains… Puis, elle déposa un baiser sur son front. Au même moment, Kay ne ressentit plus le froid autour de lui, il se sentait tellement bien… Sigrid lui apposa un deuxième baiser, cette fois sur la joue… Au même instant, Kay sentit son cœur se revêtir d’une coque de glace, bloquant tout le restant des rares émotions qui lui restait… La Reine des Neiges lui demanda de le suivre, alors que Kay semblait attendre un nouveau baiser. Celle-ci, comprenant son attente, lui indiqua que si elle lui offrait un 3ème baiser, il ne s’en relèverait pas, car son corps tout entier deviendrait froid comme la mort… Kay comprenait, et, acceptant la main tendue, monta à bord du traineau…

 

Au même instant, Gerda, encore choquée de l’action de Kay à son égard, eut le réflexe de regarder par la fenêtre… Comme si son instinct lui demandait de le faire. Elle vit Kay monter dans le traineau… Ce traineau de glace… Puis elle vit la Reine des Neiges lui adresser un regard malicieux, comme pour lui dire « maintenant, Kay m’appartient… ». Gerda ouvrit la fenêtre, cria à Kay de revenir… Qu’il ne fallait pas partir avec elle… Qu’elle lui pardonnait ses actes pour cette fois… Qu’il fallait qu’ils en discutent, elle et lui… Mais les paroles de Kay n’eurent aucun effet, et le traineau s’élança alors à toute allure, comme poussé par une force invisible et puissante vers l’horizon glacé, disparaissant peu après… Gerda referma la fenêtre, s’habilla rapidement et chaudement, et sortit de la maison, se dirigeant dans la direction prise par le traineau… Elle courut, courut à perdre haleine pendant des centaines de mètres, sans apercevoir le traineau… Le traineau de la Reine des Neiges… Elle était sûre que c’était elle… Elle avait entendu les rumeurs parlant d’une femme blanche comme la neige, capable de rendre froid le cœur des hommes… C’était elle qui avait fait changer le comportement de Kay, elle en était persuadée…

 

Gerda, les larmes aux yeux à l’idée de perdre Kay, malgré ce qu’il avait fait, mais sachant désormais qu’il avait agi sous le fait d’une force mauvaise, continuait à courir, longeant le ruisseau avoisinant, afin de profiter de la lumière de la lune se reflétant sur l’eau… Mais soudain, elle glissa, tombant et dévalant la pente, avant d’atterrir sur la berge un peu plus bas… A quelques mètres où se trouvait une barque… Sa propriétaire, une vieille femme, s’approcha alors… Tentant de réveiller Gerda, mais en vain. En regardant son visage, la vieille femme eut une réaction curieuse… Comme surprise… Puis, elle décida de faire embarquer Gerda sur sa barque, alors que celle-ci était évanouie, suite à sa chute…

 

Le lendemain matin, Gerda se réveilla dans une petite cabane, où une vieille femme préparait à manger un peu plus loin… Encore un peu engourdie, Gerda se leva, et s’approcha d’elle, la serrant dans ses bras, comme si elle en avait l’habitude, et l’appelant maman… Gerda ne parvenait pas à se rappeler de souvenirs avec celle qu’elle venait d’appeler ainsi, mais son cerveau semblait lui indiquer que c’était une réaction normale… Elle semblait avoir oublié tout les évènements précédents… Ayant oublié Kay, la Reine des Neiges, et le reste… Comme si elle avait toujours vécu ici, au sein de cette cabane… Sans qu’elle trouve cette situation anormale… Gerda resta ainsi plusieurs semaines avec la vieille femme, qui était très prévenante, avec elle… Peut-être même parfois trop… La parsemant de baiser et d’attouchements contre nature pour une mère envers son enfant… Mais Gerda, ne parvenant pas à voir quelque chose de mal dans cette habitude, et ne disait rien… Puis, un jour, alors qu’elle était affairée dans le jardin derrière la cabane, elle eut la surprise de voir une corneille, ayant un collier de fleurs dans son bec… Un collier de roses…

 

Aussitôt, elle s’approcha de la corneille, qui se retourna, et Gerda eut la surprise d’entendre l’animal lui demander de l’eau, car elle avait fait un long voyage, et il lui restait encore de longs kilomètres à effectuer avant de rejoindre le château de sa princesse, pour lui apporter ce collier de roses… Gerda, encore un peu surprise, fonça vers la cabane, prendre une petite bassine remplie d’eau, afin de l’apporter à la corneille merveilleuse… Celle-ci buvant, Gerda sentit son regard attiré vers le collier… Et là, un flash lui revint… Les roses, Kay, le traineau, sa chute… Tout lui revenait… Gerda comprenait qu’elle avait été sous l’emprise d’un sortilège lui ayant fait perdre la mémoire… 

 

C’est grâce à la vue du collier que celui-ci avait été brisé, lui ayant fait rappeler les roses dont elle s’occupait avec Kay. Sans attendre que sa geôlière sorte, Gerda prit la corneille dans ses mains, et se mit à fuir le plus loin possible, expliquant à l’animal la situation en cours de route. Celui-ci comprenant, il lui indiqua que si elle cherchait à savoir où se trouvait le château de la Reine des Neiges pour sauver son ami, il fallait demander à sa princesse… Elle savait beaucoup de choses sur cette reine… Gerda, continuant à courir, avec la corneille dans ses bras, accepta sa proposition… Après plusieurs jours de marche, Gerda et la corneille arrivèrent aux abords du château… Le volatile lui indiqua que si elle voulait entrer voir la princesse, ainsi que le prince, elle allait devoir la faire passer par le souterrain, dont l’entrée se situait un peu plus loin de l’endroit où ils se trouvaient… Lui expliquant que, au vu des haillons qu’elle portait, jamais les domestiques, assez zélés, ne la laisseraient entrer… Gerda fit comme la corneille lui dit, et les deux nouveaux amis se faufilèrent dans le château, après avoir arpenté le souterrain… Arrivés devant la porte du couple, et alors qu’ils s’apprêtaient à entrer, ils furent surpris par des gardes, qui s’emparèrent de Gerda, pendant que la corneille criait du plus fort qu’elle pouvait….

 

Gerda se débattait, mais les gardes, ne tenant pas compte qu’il s’agissait d’une enfant, la rouait de coups, la faisant tomber au sol, lui donnant des coups de pied, et lui faisant tâter de leurs lances. Ce qui occasionna de nombreuses blessures à la jeune fille, qui criait de douleur, pendant que de larges coulées de sang se déversaient sur le sol… Alertés, et surtout réveillés par les cris, le couple royal sortit de la chambre, demandant ce qui se passait… Puis ils virent Gerda au sol, du sang couvrant son corps… Les gardes expliquèrent que c’était une jeune intruse qui s’était introduit dans le château… Mais à ce moment, la corneille s’approcha de la princesse, et, comme elle l’avait fait avec Gerda, lui parla, et lui expliqua tout… La princesse demanda aux gardes de cesser de martyriser immédiatement son invitée… Quelques heures plus tard, après qu’un médecin, sur la demande du couple, soigna les blessures de Gerda, cette dernière confirma les dires de la corneille… C’est ainsi que Gerda apprit que la Princesse était douée depuis la naissance du pouvoir de parler aux animaux… Le prince ne comprenait rien, et elle se faisait un devoir de lui répéter chacune de ses conversations avec l’animal… La princesse découvrit autre chose, en observant le bras droit de Gerda…

 

Cette dernière portait une marque de naissance qu’elle reconnaissait… Elle remonta la manche de son habit, découvrant la même marque à son bras droit… La princesse expliqua qu’il y avait 15 ans de cela, sa sœur, encore bébé, avait été enlevée avec la complicité d’un domestique, de mèche avec des brigands de la région… Sans doute pour la revendre à des orphelinats qui se spécialisaient dans ce genre d’affaires… Gerda expliqua alors son enfance au sein de l’orphelinat, semblant confirmer les doutes de la Princesse… Celle-ci fondit en larmes en découvrant que Gerda était sa sœur disparue… Cela faisait des années que leurs parents la recherchait à travers les différents royaumes du pays… Comme ils allaient être heureux de la retrouver à leur tour… Gerda avait aussi les larmes aux yeux… Jamais elle n’aurait imaginé avoir une sœur… Cependant, sauver Kay était tout aussi important, et elle demanda à la Princesse, qui répondait au nom d’Hilde, de l’aider à poursuivre son périple…

 

Gerda reçu des habits neufs, et Hilde lui fit apprêter un carrosse, avec un cocher et un garde pour sa protection… Dès le lendemain, elle reprit sa route, en direction du château de la Reine des Neiges… Hilde lui avait indiqué la route du château de         Finnmarken, en Laponie, où demeurait Sigrid. Précisant que c’était sa résidence d’été, et qu’elle possédait aussi un autre château au pôle Nord, actuellement occupé par une tante de celle-ci, et où Sigrid se rend rarement, préférant vivre au château où elle est née… Le chemin impliquait de traverser une forêt sombre, à la sinistre réputation… Plusieurs personnes avaient disparu sans laisser de traces en la traversant…  Mais c’était le chemin le plus rapide pour rejoindre la Laponie… Quelques instants plus tard, le carrosse fut attaqué par une bande de brigands, qui se livrèrent à un véritable massacre sur la personne du cocher et du garde… Les lacérant au couteau, égorgeant sans pitié le garde, qui n’eut pas le temps de réagir… Pendant que le cocher, en tentant de s’enfuir, eut un sort bien pire… Sans doute pour lui apprendre à avoir essayé de s’enfuir, une fois rattrapé, les brigands, lui coupèrent les jambes, le laissant se vider de son sang en ricanant, pendant que ce dernier hurlait… L’un des hommes, agacé par les cris, prit la langue du malheureux, et la découpa minutieusement, avant de la jeter aux chiens les accompagnant…

 

Ceux-ci semblaient ravis de ce petit apéritif bienvenu… Voyant que les chiens semblaient attendre une autre friandise, le même brigand entreprit de découper également les oreilles du cocher, puis ses doigts… Les uns après les autres… S’amusant à compter le temps mis par les chiens pour dévorer les parties de chair lancées… Lassé de ce petit jeu, le brigand finit par planter son couteau dans la gorge de sa victime, avant de faire glisser la lame dans les deux sens, faisant gicler du sang à profusion… A peine fini son petit jeu, sous les ordres d’une femme âgée, d’autres hommes firent descendre Gerda, pendant que deux autres prirent les rênes du carrosse… La femme indiqua aux deux hommes de partir au repaire en premier, et de commencer à enlever les parties en or du carrosse, ainsi que les pierres précieuses du harnais des chevaux… Qu’elle et les autres les rejoindraient après… Gerda fut montée dans une cariole tirée par deux chevaux de manière brutale, en même temps qu’elle dut subir embrassades et mains baladeuses de la part des brigands pendant le chemin… Elle avait beau les repousser sans cesse, ceux-ci s’empressaient de recommencer avec encore plus de conviction, pendant que la femme s’amusait du spectacle….

 

Le voyage fut un calvaire sans nom pour Gerda qui subit ce qu’elle avait réussi à empêcher Kay de lui faire, pleurant tout le long du chemin, et se demandant ce qui l’attendait encore avant d’espérer pouvoir sauver Kay… Enfin, le carrosse s’arrêta, signe qu’ils étaient arrivés au repaire des brigands… Une ancienne église abandonnée… A l’intérieur, Gerda fut installée sur une chaise, et les hommes sortirent un jeu de dés afin de décider qui serait le premier à profiter de la jeune poupée que la chance leur avait offerte… Gerda pleurait de plus belle, faisant rire encore plus les brigands… Puis, alors qu’elle s’était presque résignée à subir d’autres atrocités, une jeune fille de son âge fit irruption dans la pièce, traitant les brigands de porcs immondes… Et pour mieux se faire comprendre planta la lame d’un couteau dans la main d’un des hommes ayant sorti les dés. Celui-ci hurla, alors qu’il voyait son sang versé sur la table, et que les autres hommes riaient de bon cœur… La jeune fille demandait qu’on lui offre Gerda. Elle avait besoin d’une servante…

 

Plusieurs hommes firent la moue, sachant pertinemment que toutes les demandes de Birgit étaient toutes accordées. Birgit était la fille de la cheffe des brigands, et cette dernière ne pouvait rien refuser à sa fille, ce dont cette dernière profitait régulièrement… Birgit obtint donc que Gerda devienne sa servante, et demandât qu’on la détache… Cette dernière suivait Birgit, qui lui indiquait de la suivre… Avant de l’emmener au lieu qui lui servait de chambre, Birgit fit un détour par l’étable où se trouvait un renne, couvert de plaies en tout genre, sur tout le corps… Elle s’approchait de l’animal, lui demandant s’il refusait toujours qu’elle monte sur son dos, avant de tenter de s’installer sur l’animal… Celui-ci se cabra, et fit tomber la jeune fille au sol. Folle de rage, elle sortit un canif de son pantalon, et se mit à taillader plusieurs fois l’animal. Gerda lui dit d’arrêter… Que si elle lui laissait lui parler, elle le convaincrait de le laisser monter sur son dos… Birgit sembla intéressé par la proposition de Gerda, bien qu’elle se demandât comment elle allait faire… Gerda s’approcha alors du renne, lui caressa la tête, et lui demanda de laisser la chipie monter sur son dos… Juste une fois…

 

Semblant un peu surpris de la capacité de Gerda de parler aux animaux, il hésita un moment… Puis Gerda s’adressa à Birgit… Lui demandant que si le renne la laissait monter sur son dos, elle devrait le libérer par la suite… Birgit s’offusquait de cette proposition, refusant…  Qu’elle ne voulait pas se défaire de cet animal… Gerda reprit alors en disant qu’en ce cas, elle ne monterait jamais dessus… Birgit sembla hésitante elle aussi… Ayant vu que Gerda semblait être comprise par l’animal, sans qu’elle sache comment, elle finit par donner son accord… Gerda renouvela la demande au renne, qui accepta à son tour, et laissa Birgit monter… Celle-ci était folle de joie, et demanda à l’animal d’avancer, ce que fit le renne… Plusieurs minutes après, Birgit ayant promis de libérer le renne dès le lendemain, elle entraîna Gerda vers sa chambre, situé un peu plus loin… A l’intérieur, elle s’approcha de Gerda, en lui disant qu’elle tenait à la remercier pour le renne… D’une manière spéciale… Gerda, contrairement aux hommes de la bande, ne sentait pas d’hostilité dans les paroles et les gestes de Birgit, et la laissa faire quand celle-ci commença à lui caresser les cheveux, puis lui déposa un baiser sur la joue… et sur le coin des lèvres… Avant de l’embrasser tendrement…

 

Gerda sentait une étrange sensation l’envahir, qu’elle ne comprenait pas vraiment… Elle se sentait bien… Elle aimait les caresses que Birgit lui faisait sur ses cuisses, juste avant de dégrafer sa robe délicatement, tout en continuant à l’embrasser sur les lèvres… Elle ressentait un enivrement difficilement descriptible, des frissons la parcourait qui étaient loin d’être désagréable… Bientôt, Gerda et Birgit se retrouvèrent prises dans un océan de plaisir intense, parcourant chacune le corps de l’autre, sans que Gerda en ressente la moindre gêne, ni dégoût… Elle ressentait une extase insondable de plaisir, qui dura des heures…. Plus tard, Birgit remercia Gerda pour ça aussi, lui demandant si c’était sa première fois aussi… Gerda rougissait… Elle n’en revenait pas de s’être adonné à ce moment avec autant de plaisir… Ce qui fit sourire Birgit, satisfaite de cette « réponse » … Prenant un air plus sérieux, elle dit à Gerda qu’elle allait s’arranger pour qu’elle puisse s’enfuir avec le renne d’ici demain matin… Gerda voulut dire quelque chose, mais Birgit, d’un doigt sur ses lèvres la stoppa… Qu’elle savait déjà comment faire… Et que maintenant il fallait dormir…

 

Tôt le matin, Birgit réveilla Gerda, lui demandant de s’habiller, et indiquant qu’il était temps pour elle de partir… Quelques minutes plus tard, à l’étable, Birgit embrassa une dernière fois Gerda, avant que celle-ci monte sur le dos du renne, et parte en direction de la Laponie, en direction du château de la Reine des Neiges… Après un petit détour chez la Finnoise, une sorcière qui leur indiquerait comment entrer dans le château… Moyennant un petit sacrifice… Corporel… Quand Gerda demanda au renne ce qu’il entendait par là, il lui répondit qu’elle comprendrait sur place…

 

Pendant ce temps, Birgit semblait attendre dans sa chambre la suite des évènements…Qui arriva plus vite qu’elle ne l’aurait pensé, voyant débarquer dans sa chambre sa mère, dans un grand état de colère… Elle demandait à Birgit si c’était elle qui était responsable de la mort des hommes de la bande… Ils étaient tous au sol, de la bave blanche sortant de leur bouche… Comme empoisonnés… Birgit sourit et lui dit que oui, c’était bien elle… Elle avait mis de l’arsenic en grandes doses dans les bouteilles… Et alors que sa mère se préparait à la frapper violemment, Birgit sortit son canif de sous ses draps, et égorgea celle-ci d’un coup bien placé… La cheffe des brigands se tint la gorge, d’où du sang coulait en abondance, inondant le parquet et les draps de la chambre, regardant quelques secondes sa fille… Avant de s’écrouler au sol… 

 

Birgit l’observa quelques instants, avant de regarder vers la fenêtre, et s’adressant vers cette dernière, comme si elle parlait directement à Gerda, qui était déjà loin… La remerciant de lui avoir fait découvrir l’amour avant de mourir… Juste après, elle enfonça la lame de son canif dans sa gorge, et la dirigea d’un coup bref sur le côté… Elle s’écroula sur son lit presque immédiatement… Pendant ce temps, à plusieurs kilomètres de là, Gerda et le renne était arrivé à la maison de la Finnoise… Sa maison possédait une atmosphère lugubre, aux odeurs n’inspirant que le dégoût… Néanmoins, elle continuait, écoutant les recommandations du renne… A l’intérieur, elle s’adressa à une femme affairée auprès d’un chaudron bouillonnant d’un liquide rougeâtre… Puis elle se présenta et indiqua son histoire en quelques mots… Et précisant que le renne lui avait dit qu’elle pourrait l’aider à pénétrer dans le château de la Reine des Neiges… la femme la regardait, comme pour juger de son interlocutrice, avant de demander à Gerda qu’est-ce qu’elle était prête à offrir en retour… Gerda indiqua qu’elle demanderait à sa sœur de la payer en or et pièces trébuchantes… Ou d’autres objets de valeur…

 

La finnoise la regardait… Impassible… Et lui fit remarquer qu’elle se moquait de l’argent et toutes ces babioles inutiles… Elle, elle voulait de la viande… De la bonne viande fraiche de jeune fille… Elle adorait les mains en particulier… Si elle lui offrait une de ses mains, et que le goût lui convenait, elle lui donnerait les renseignements qu’elle voulait savoir… Elle précisa à Gerda qu’il fallait qu’elle coupe sa main elle-même… Car, si elle n’était pas capable de faire ce simple geste, elle n’aurait jamais l’étoffe d’affronter Sigrid… Puis la Finnoise lui tendit un couperet, et lui montra la table, afin de désigner l’endroit où couper le dû… Gerda regarda quelques secondes la vieille femme, puis consciente que si c’était le prix à payer pour sauver Kay, elle n’avait pas le choix… Elle prit le couperet, s’approcha de la table, posa sa main dessus… Elle prit une grande inspiration, ferma les yeux, puis prenant soin de bien viser sa main l’instant d’après, en rouvrant les yeux, et abattit la lame, coupant la main nette… Gerda hurla de douleur, pendant que la vieille femme s’approcha de son moignon, et posa sa main dessus. A peine fait ce geste, le sang s’arrêta de couler sur la table, et la blessure fut cautérisée…

 

Gerda n’eut pas le temps de comprendre cette diablerie, que déjà la finnoise se mettait à croquer sa main coupée… Avant de se délecter… Indiquant que c’était de la très bonne viande, et que son ragoût serait succulent ce soir… Puis, elle s’assit, et lui donna les informations demandées, avant de lui souhaiter bonne chance… Après cela, Gerda sortit de la maison de la sorcière… Le renne lui précisait quelque chose qu’il avait omis de lui dire… Il la déposerait dans le périmètre proche du château, près du jardin de glace, là où se trouvait l’entrée, telle que Gerda venait de lui dire… Car il ne voulait pas aller plus près, et surtout pas se retrouver en face de Sigrid… Il faisait partie de ses gardiens auparavant… Mais il était un échec à ses yeux… Il ne savait pas pourquoi, mais sa magie n’avait pas agi complètement sur lui, et son cœur ne s’était transformé en glace qu’à moitié. Pour ne pas périr, il avait fui la région… jusqu’à arriver là où il s’était fait capturer par les brigands. Au départ, il devait servir de diner, mais Birgit avait insisté pour l’avoir comme animal de compagnie…

 

Après ces explications, Gerda et le renne arrivèrent au lieu indiqué par la Finnoise… Le renne la déposa, et indiqua qu’il l’attendrait plus loin… Gerda fit un hochement de tête, puis se dirigea vers l’entrée… Mais elle était à peine à quelques mètres, que quelque chose sortait du sol… D’immenses créatures de glace et des bonhommes de neige monstrueux venaient de surgir devant elle… La Finnoise ne lui avait pas parlé de ça…Ou alors la Reine des Neiges avait senti leur présence… Bientôt, elle fut entourée par les créatures, se voyant déjà finir son voyage sans avoir pu sauver Kay… Pris d’un désespoir intense, elle se mit à crier de toutes ses forces… Un cri déchirant, où se mêlait tristesse, force, et rage de vivre… Un cri qui eut un effet curieux sur les créatures de glace… Celles-ci semblèrent trembler, atteintes de vibrations, avant de se figer sur place… Comme paralysées… Était-ce son cri qui avait provoqué ça ? Curieuse de ce phénomène, elle voulut toucher l’un des monstres de glace… Au toucher de sa main restante, la créature sembla prise d’un effet de chaleur, et commença à se consumer… L’effet se propagea dans tout le reste de son corps, et au bout de quelques secondes, la créature avait complètement fondue… Voulant vérifier si les autres monstres réagissaient de la même manière, elle posa sa main sur elles… Et toutes fondirent également…

 

Elle n’en revenait pas… Ce cri… Puis ce pouvoir… D’où lui venaient-ils ? Est-ce qu’elle l’avait toujours eu sans s’en douter ? Et est-ce que c’était la crainte de ne plus voir Kay qui l’avait fait se réveiller en elle ? Et surtout est-ce que sa sœur Hilde l’avait également, et qu’elle aussi l’ignorait ? Beaucoup de question se bousculaient dans la tête de Gerda, mais elle préférait réfléchir à ça une autre fois… Laissant ses interrogations derrière elle, elle fonçait vers l’entrée dérobée, et se faufilait à l’intérieur… Le palais tout entier sentait la froideur totale… Pas seulement parce qu’il y avait de la glace partout où elle regardait…Non, c’est l’atmosphère même de l’endroit qui respirait la froideur de la mort… Comme si les esprits de ceux qui avaient péri ici étaient enfermés sous la glace, et lui sommaient de rebrousser chemin…Mais Gerda continuait à avancer, pas après pas, au milieu de ce dédale de glace, où s’entrecroisaient piliers, escaliers et portes, entièrement prises sous des couches de glace extrême, faisant ressortir des volutes de fumées… Au bout de plusieurs minutes, elle parvint à son objectif : la salle du trône… Elle vit la Reine des Neiges installée sur le siège royal… Et à ses côtés… C’était Kay ! Oui, pas de doute, c’était bien lui…

 

Mais elle n’eut pas le temps de sourire, que deux loups de glace gigantesques se dressèrent devant elle… Mais connaissant maintenant de quoi elle était capable, elle n’avait plus cette peur en elle qui la tiraillait avant de venir en ces lieux… Elle prit une grande inspiration et poussa un immense cri, dont le son se répercuta dans toute la salle, frappant de plein fouet l’un des loups, qui se figea sur place, provoquant l’étonnement de l’autre loup, ainsi que de la Reine des Neiges elle-même… Alors que Gerda s’apprêtait à recommencer pour toucher l’autre loup, celui-ci, semblant terrorisé, s’enfuit dans les méandres des couloirs du château…Elle se rapprocha alors du loup figé, et posa sa main dessus… Comme pour les autres créatures, le monstre de glace se mit à fondre inexorablement… Montrant une légère panique, la Reine des Neiges demanda alors à Kay, le sourire aux lèvres, de tuer Gerda… Que c’était sa Reine qui lui ordonnait… Sans l’ombre d’une hésitation, Kay descendait les escaliers le séparant de Gerda, et marchait dans sa direction… Gerda lui disait de ne pas l’écouter… Qu’il devait se rappeler de ce qu’il était avant… Quand il n’était pas un pantin… De se souvenir de sa grand-mère… Des roses… Mais rien n’y fit… Gerda ne voulait pas utiliser son pouvoir contre Kay… C’était impossible… Et la Reine des Neiges le savait parfaitement… C’était pour cela qu’elle lui avait demandé de tuer Gerda…

 

Kay n’était plus qu’à quelques mètres maintenant… Gerda voyait qu’il tenait une arme à sa main droite…Qu’il venait de prendre dans un étui situé dans son dos…Gerda tombait à genoux… Elle n’en pouvait plus… Tout ce voyage pour échouer si près… Elle était épuisée et ne voyait pas de solution… Elle ne pouvait pas tuer Kay… Elle préférait que ce soit lui qui la tue… Puis Kay se présentât juste devant elle… Et d’un geste, il enfonça son arme de glace, une sorte d’épée courte, ou une dague, dans le corps de Gerda, qui ressentit un froid intense l’envahir, comme si elle venait de tomber dans un lac gelé… C’est alors qu’une autre forme de son pouvoir se mit en place… Ses larmes… Ses larmes, en coulant sur sa peau, faisait fondre la glace et le froid qui venait de l’envahir…Se propageant dans tout son corps… Se hissant sur la dague de glace, remontant jusqu’à la main de Kay, et se faufilant dans son corps à lui aussi… Gerda entendit Kay crier de douleur, pensant qu’elle venait de le tuer involontairement, mais les cris s’arrêtèrent presque immédiatement, et Gerda vit un Kay semblant se demander ce qu’il faisait là… Voyant Gerda au sol, blessée, il se mit à genoux… La chaleur du pouvoir de Gerda avait brûlé la coque de glace et le morceau de miroir qui se trouvait dans le cœur de Kay, éliminant la noirceur de celui-ci, ainsi que l’emprise de la Reine des Neiges sur lui…

 

Kay se mit à pleurer, et un objet brillant sortit de son œil, tombant au sol, et disparaissant aussitôt… C’était l’autre morceau de miroir… Kay était complètement guéri à présent, Gerda le sentait… Elle pleurait aussi… Mais c’étaient des larmes de joie… Tout à son bonheur, elle ne fit pas attention à la présence de la Reine des Neiges, qui s’était déplacée à une vitesse phénoménale, se postant juste derrière Kay, et apposant un baiser sur sa tête… Le 3ème baiser… Le baiser de la mort… Au même moment, partant de l’endroit où le baiser avait été fait, et envahissant l’intégralité du corps de Kay, un étrange cristal se forma, enveloppant Kay, et le transformant en statue… La Reine des Neiges le fit tomber sur le côté, se trouvant face à Gerda… Alors que celle-ci se préparait à user de son pouvoir de glace, Gerda, ne maîtrisant plus sa douleur, poussa un cri encore plus important que les précédents, touchant la Reine des Neiges de toute sa force… Celle-ci sembla vaciller, tituber, se tenant le cœur, comme si celui-ci venait de se briser, ses yeux devinrent aussi blancs que la glace du palais, et puis elle s’immobilisa, et elle aussi fut enveloppé peu à peu du même cristal entourant Kay…

 

Gerda observa un instant la Reine des Neiges, cherchant un indice lui indiquant qu’elle bougeait, mais elle ne voyait rien… Elle était morte… La Reine des Neiges n’était plus… Dans le même temps, les murs du palais tremblaient, des morceaux du plafond s’effritaient, tombant au sol, des piliers tombaient… Tout allait s’écrouler… C’était le pouvoir de la Reine des Neiges qui le maintenait… Maintenant qu’elle avait perdu la vie, tout ce qu’elle avait créé allait disparaitre… Mais alors, pourquoi le cristal de Kay, lui, restait ? Gerda ne comprenait pas…Mais il fallait qu’elle sorte d’ici si elle voulait comprendre… Elle prit la statue de Kay, qui, curieusement, était incroyablement légère, et Gerda n’eut aucun mal à la tirer tout en courant pour fuir le palais en pleine décomposition… Peut-être que la Finnoise saurait guérir Kay ? Gerda se raccrochait à cet espoir, en fuyant à travers les couloirs, revenant vers la sortie… Elle retrouva le renne, lui expliquant pour Kay, la Reine, le palais… Elle monta la statue de Kay sur le dos du renne, l’attachant avec des morceaux de sa robe, et plaçant les extrémités de ceux-ci autour de la boucle du mords du renne, avant de monter sur son dos… Puis celui-ci galopa à toute allure, alors qu’ils entendaient derrière eux le fracas du palais qui finissait de s’écrouler…

 

L’espoir de Gerda de faire revenir Kay fut réduit à néant en arrivant chez la Finnoise… Celle-ci lui indiqua que cet état était dû au 3ème baiser de la Reine des Neiges… Il était irréversible… La Reine elle-même, aurait été incapable de briser ce sort… Gerda éclata en sanglots… Tout ça pour arriver à ce résultat… Était-elle maudite ? Qu’avait-elle fait pour mériter autant de souffrances ? Néanmoins, elle se raccrochait au minuscule espoir que quelqu’un, un sorcier, un magicien ou autre, quelque part dans un royaume avait le pouvoir nécessaire pour faire revenir Kay de son état… Elle restait persuadée qu’il était toujours en vie à l’intérieur de son cocon de cristal…La finnoise et le renne ne voulurent pas briser ses espoirs, et ne dirent rien… Par la suite, le renne ramena Gerda auprès de sa nouvelle famille, de sa sœur, Hilde, rencontrant ses parents, qui versèrent des litres de larmes en retrouvant leur fille disparue…

 

Un bonheur qui n’était pas totalement complet pour Gerda… Car Kay restait la victime de tout ça… Même si la Reine des Neiges ne ferait plus jamais de mal à quiconque, elle avait posé son ultime malédiction sur Kay… Sa statue avait été disposée au milieu du jardin de son nouveau lieu de vie… Dans le parterre de roses… Gerda passait des heures tous les jours devant elle, espérant toujours un miracle… La grand-mère de Kay fut mise au courant, et vit désormais au palais elle aussi, où elle peut voir son petit-fils se dresser fièrement dans ce jardin des pleurs. Gerda devint Reine à son tour, mais elle ne trouva jamais de remède pour rendre Kay à la vie, une situation qui la rendait morose à tel point qu’elle finit par recevoir le titre peu enviable de « La Reine Triste ». N’ayant jamais voulu se marier, elle n’eut jamais de descendance, et le royaume finit par revenir au fils d’Hilde. Aujourd’hui, une autre statue a été érigée dans le jardin, juste à côté de celle de Kay. Selon la volonté de Gerda, son corps a été enterré sous cette statue d’elle, afin d’être pour toujours auprès de Kay…

 

Publié par Fabs

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