31 oct. 2022

LE RITUEL DE L'ABONDANCE : ALAIN

 


 😈Cette histoire est issu du collectif que je forme avec les chaines LT SONY HORROR STORIES, REINE DES ENFERS CREEPYPASTA, TERREUR NOCTURNE CREEPYPASTA et DOLI ASHES. Tout comme "Les Soeurs Démoniaques", notre précédente collaboration, il s'agit d'une seule et même histoire, mais vue de 4 points de vue différents, de la part des 4 personnages principaux. 

🎃Ici, nous avons corsé la chose, car pour chaque histoire, le personnage est confronté à deux choix à l'issue du rituel qu'il découvre. L'un ou il est contraint de fuir ou refuse de procéder au rituel ; l'autre où il y procède, avec les conséquences que cela entraine.

🙂Pour cette version écrite, je place à la suite les évènements d'avant rituel, suivis des deux choix. Et cela pour chacun des 4 personnages (le chef d'entreprise Alain, l'ancienne mercenaire Claire, l'infirmière Marion, et la jeune Annette). Pour plus de plaisir, je ne peux que vous recommander de découvrir les versions vidéo sur les chaines YouTube du collectif, dont le lien est placé en fin de chaque texte et ses 2 choix. 


AVANT LE RITUEL

 

Il fut un temps où j’étais fier de ce que j’avais fait, fier de tout ce que j’avais entrepris, fier de voir mon nom sur l’enseigne de mon usine, sur l’étiquette des emballages de mes produits dans les boutiques de téléphonie. Voir les publicités à la télévision vantant chacun des articles composant ma gamme me remplissait de joie. J’avais construit toute cette renommée à la sueur de mon front, comme on dit. Petit à petit, année après année. Et pourtant, ça n’était pas vraiment gagné au départ, du fait de la forte concurrence dans ce secteur ultraprisé, du fait de ses retombées économiques aux possibilités immenses. A condition de ne pas avoir de couacs qui soit capable de vous faire passer du statut d’entreprise florissante, à un désert financier vous plaçant au bord du gouffre, pouvant tomber dans le néant à la moindre poussée supplémentaire…

 

C’est ce qui m’est arrivé. Du petit atelier ridicule, établi dans un quartier dit « sensible », car collé à une cité où les trafics en tout genres étaient monnaie courante, mais riche en clientèle, je suis vite passé à un local plus grand. Installé au cœur de la ville où je vis, grâce à un bouche à oreille relayé par ceux qui d’ordinaire sont considérés comme les « rejets » de la société. Ces bandes de jeunes aux habits reluisants, ces véhicules flambants neufs, à l’opposé de leur vie sociale officielle, avaient été les vecteurs de la montée de ma marque d’une manière extrêmement rapide. Si ces jeunes faisaient peur à beaucoup, j’ai toujours eu un « feeling » particulier avec nombre d’entre eux, fermant les yeux sur leurs activités frauduleuses, leur rapportant des sommes considérables. Des activités qui demandaient une communication fiable, pratique à dissimuler, et c’est exactement le type de produits que je proposais dans ma boutique.

 

J’avais étudié longtemps les marchés du secteur pour savoir quoi faire, obtenu des crédits de la part de ma banque pour lancer mon petit atelier, et un mode de fabrication rudimentaire. Je n’avais pas choisi l’implantation de celui-ci au hasard. Dès le départ, ces jeunes étaient ma cible commerciale, et ma stratégie a été payante. En seulement quelques mois, j’étais devenu la marque préférée de ces bandes qui voyaient en mes produits les outils indispensables pour leur « business ». Ce sont les ventes records générées par ces clients un peu à part qui m’ont permis de me démarquer des autres marques sur le marché, et faire de moi et mes téléphones les « chouchou » d’une gamme de plus en plus étendue de castes sociales. Des petits malfrats du départ, mon entreprise a vu sa clientèle grossir à des utilisateurs aux revenus plus élevés, me permettant de faire fructifier ma boite, et devenir l’une des plus prisées du territoire.

 

Mais un tel succès attire la convoitise, la jalousie, et surtout des requins et escrocs de tout bords. Etant d’un naturel confiant, je ne me suis pas méfié quand plusieurs fournisseurs se sont proposés de m’offrir des matières premières et des composants pour mes téléphones ayant des prix plus compétitifs que ceux utilisés habituellement. L’appât du gain, la perspective d’économiser le coût de fabrication, et d’augmenter ma marge de vente eurent raison de ma méfiance, et j’ai conclu plusieurs contrats avec ceux qui allaient entrainer ma chute.

 

Très vite, les premiers soucis se firent écho avec un effet boule de neige dévastateur : des surchauffes de batterie anormales, des connexions aux réseaux approximatives et aléatoires, l’impossibilité de télécharger des applications pourtant usuelles, que ce soit sur le Playstore, ou des sites spécialisés. Mes ventes s’en faisaient ressentir très rapidement, car les nombreux défauts toujours plus importants de mes produits étaient énoncés sur les réseaux sociaux, mes notes d’appréciation, qui avaient toujours été de l’ordre des 5 étoiles, se réduisaient à deux, voire une. Une catastrophe, et les responsables ne pouvaient être que mes fameux fournisseurs « miracle ». Je n’avais pas changé les méthodes de fabrication, et j’avais une totale confiance dans mes usines. Le problème ne pouvait venir que des matières premières. J’ai fait faire des tests qui m’ont apporté la confirmation de mes doutes.

 

Cependant, je ne pouvais pas prouver que le problème venait des éléments envoyés par mes fournisseurs, et non pas de mes ouvriers ou des chaines de montage. Ce qui me mettait dans une impasse juridique. Je dépensais des sommes faramineuses pour tenter de trouver une parade, pendant que les ventes s’écroulaient de plus en plus. Au bout d’un moment, je ne pouvais même plus payer mes employés, accumulant les retards de paie, rencontrant des difficultés à trouver des sociétés de distribution acceptant que je les paie à terme de délais négociées difficilement, et m’obligeant à des compromis drastiques, qui faisaient encore plus trembler les fondations de mon entreprise dont j’étais si fier. Puis, ce furent les mêmes créanciers responsables de mon malheur qui me menaçaient de me trainer en justice, pour retard de paiement injustifiés selon eux. Alors que tout ça, c’était leur faute.

 

J’en étais à un point à ne plus savoir comment me sortir de cette situation cauchemardesque, quand je suis tombé par hasard sur une vidéo sur YouTube. Une vidéo évoquant un rituel qui pourrait me permettre de changer cette situation, grâce à l’apport monétaire dont j’avais besoin pour rembourser toutes mes dettes, changer de fournisseurs, et redorer le prestige perdu de ma marque, en proposant des produits nouveaux, et dénués des défauts ayant causé ma chute. Je ne croyais pas trop au surnaturel, mais ma situation était telle que j’étais prêt à tout tenter. Alors, j’ai visionné plus en détail cette vidéo…

 

[VIDEO DU RITUEL]

 

Bien qu’encore un peu sceptique, je voulais croire que ce rituel pouvait apporter la solution à tout mes problèmes. La vidéo donnait tous les détails, il ne me restait qu’à les suivre scrupuleusement. Je connaissais le dépôt indiqué, car proche de mes débuts dans la téléphonie. Proche de ce quartier où j’avais établi l’atelier à l’origine de tout. Il était également stipulé par le YouTubeur expliquant le rituel que ce dernier ne pouvait s’effectuer que le 31 de chaque mois, et qu’il n’y avait aucune assurance, aucune garantie de son bon déroulement. Mais cela m’importait peu. On était le 26. Ça me laissait 5 jours pour réunir les éléments du rituel, et me rendre au fameux dépôt…

 

Le 31, je partais tôt dans la soirée, me dirigeant vers l’endroit qui serait à même de me faire reprendre une vie normale. Je ne craignais pas de me promener à une heure si tardive dans ce quartier, et je rencontrais même une de mes plus ferventes clientes. L’une des rares n’ayant jamais mise en doute ma bonne foi, et la qualité de mes produits. Elle et son frère avaient même été à l’origine du fameux bouche à oreille ayant fait exploser mes ventes à mes débuts. J’avais déjà eu l’occasion de parler avec son frère, alors que ma boite était en train de couler. Il m’avait certifié qu’il savait que j’étais « réglo », et que toutes ces « merdes » dans mes téléphones ne venaient pas de moi. Il avait toujours le premier téléphone qu’il m’avait acheté, me disant qu’il était son fétiche, son porte-bonheur en quelque sorte. Même s’il m’avouait qu’il avait été contraint de prendre une autre marque pour son « travail ».

 

Karine, sa sœur qui venait dans ma direction, avait le même état d’esprit. Et, alors qu’elle me demandait ce que je faisais à nouveau dans le quartier, pensant que ce n’était plus vraiment le genre d’endroit pour quelqu’un comme moi, je lui expliquais : mes problèmes financiers devenus trop lourds, mon absence de solution pour y résoudre, la vidéo, le rituel. Elle montrait un air triste, et tentait de me rassurer, avant de m’accompagner au fameux dépôt, histoire de me remonter un peu le moral le temps du chemin. Arrivé sur place, elle me quittait, non sans me donner une phrase d’encouragement :

 

 "Ne vous inquiétez pas, m'sieur Alain. Je suis sûre que ce qu'il y a dans ce dépôt va vous permettre de revenir au top. Je croise les doigts pour vous..."


Je la remerciais, et pendant qu’elle ne devenait plus qu’une ombre lointaine, j’entrais dans cet endroit qui devait tout changer pour moi…

 

CHOIX 1 : LE REFUS

 

A peine à l’intérieur, je ressentais une atmosphère lourde et glaciale. J’avais l’impression que des dizaines de yeux m’observaient, tapies dans l’ombre, surveillant mes pas l’un après l’autre. C’était très perturbant, et je me surprenais à regarder derrière moi régulièrement. Juste pour me rassurer. Au cas où quelqu’un ou quelque chose, trahirait le lieu de sa cachette par un mouvement indiquant sa position. Mais il n’y avait rien. Rien d’autre que cette impression persistante de regards braqués sur moi. Je ne savais pas trop comment réagir, ayant la peur au ventre, mais malgré tout, je tentais de me rassurer, en me disant que je me faisais simplement des idées. J’étais seul ici. Le rituel n’avait pas encore été fait : il ne pouvait donc pas y avoir de créatures ou quoi que ce soit d’autre venant des enfers, d’une autre dimension, ou je ne sais quoi qui se trouve déjà sur place…

 

Un moment, je crus percevoir une ombre furtive se glisser entre deux piliers, mais peut-être n’était-ce que la lumière de la lune filtrant à travers le vasistas du toit, éclairant au passage les nuages défilant devant elle, qui causait ce phénomène. Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher de penser que ce rituel avait peut-être déjà été fait plusieurs fois ici, avec des conséquences différentes de celles espérées par ceux et celles l’ayant exécuté. Cette sensation de me sentir observé pouvait très bien venir des âmes de ceux n’ayant pu sortir vivants de cet entrepôt. La vidéo YouTube ne précisait pas tout, et n’offrait déjà pas de garantie que la créature invoquée vienne réellement. Mais si celle-ci n’offrait pas vraiment ce à quoi elle était destinée... Comment faire confiance à un démon ou je ne savais quoi.

 

Les films désignaient ce type d’entités comme viles et trompeuses, et étant ignorant sur la réalité de celles-ci, je me devais d’être méfiant. Pris d’un instinct, je me rendais dans l’espace derrière les piliers. Là où je pensais avoir entraperçu ces ombres furtives. Et en observant le sol à cet endroit, la terreur s’emparait de moi. D’immenses taches de sang emplissaient le ciment, et je pouvais également apercevoir des éclats d’os, disséminés à plusieurs endroits. Preuve qui confirmait mes doutes sur les intentions de la créature invoquée, et me confortant sur le fait que j’avais commis une erreur en venant ici.

 

Etait-ce les restes des invocateurs, ou bien des offrandes demandées par la créature, en compensation de ses services ? A dire vrai, je n’avais pas vraiment envie de connaitre ce détail, et mon désir de faire renaitre mon entreprise ne justifiait pas de me sacrifier inutilement, et encore moins de prendre la vie d’autres êtres vivants. Jamais je ne pourrais m’abaisser à un tel acte. Alors, choisissant la prudence, je décidais d’abandonner mon projet m’ayant amené ici, et tournait les talons, bien plus vite qu’à mon arrivée, jusqu’à la porte du bâtiment. J’ouvrais celle-ci, et sortait, me dirigeant vers ma demeure, me maudissant d’avoir cru que cette vidéo et ce rituel pouvaient changer quelque chose à ma situation.

 

La mort dans l’âme, je ne voyais plus qu’une seule solution pour espérer résoudre les problèmes liés à mon entreprise. J’aurais voulu l’éviter, mais je n’avais plus le choix désormais : je devais déposer le bilan de ma société. La liquidation judiciaire me permettrait peut-être de trouver un acquéreur acceptant de reprendre le passif et la marque que j’avais créée. Les créanciers escrocs remboursés, mes employés payés, je pourrais reprendre goût à la vie. Peut-être même me resterait-il une somme suffisante pour tout reprendre à zéro ? Avec de nouveaux investisseurs, une nouvelle marque, de nouveaux produits, et en redémarrant là où tout avait commencé. A la lisière de ce quartier où beaucoup, à l’image de Karine et son frère, m’étaient restés fidèles. Je savais qu’ils seraient les premiers à faire connaitre mon renouveau. Cette idée me plaisait bien, et c’était sans regret que je continuais mes pas me menant à ce nouvel avenir…

 

 

CHOIX 2 : L'AFFRONTEMENT

 

A l’intérieur, je me sentais un peu rassuré en voyant que j’étais le seul sur place. La vidéo YouTube ne précisait pas s’il y avait un nombre précis de personnes pouvant pratiquer le rituel, et bien que je ne pensais pas que cela ait une grande importance, je ne pouvais m’empêcher d’être légèrement stressé à cette idée. Si on était plusieurs, devrait-on se partager une somme déterminée à l’avance par la créature invoquée, et quelles seraient les réactions des autres participants dans ce cas précis ? Tout à ces interrogations, je ne me rendais pas compte de mon avancée, oubliant l’aspect sinistre, lugubre des lieux, et très vite, je me retrouvais au centre du bâtiment…

 

Curieusement, le fait de me retrouver être l’unique personne sur place avait tendance à me rassurer, plutôt que m’angoisser. Pas au point d’être serein complètement, car personne de censé ne le serait dans un tel endroit, mais je me sentais bien et confiant. Un peu paradoxal si on tenait compte que j’allais procéder à un rituel permettant d’invoquer une créature surnaturelle, avec des éléments pouvant laisser penser à un film d’horreur comme on en voit souvent sur les plateformes de streaming. Je n’étais pas vraiment familier de cet univers, mais à force de discuter avec des férus du genre, dont faisaient partie un grand nombre de clients, disons que j’en connaissais les bases, et les titres des films phares. Nombre d’entre eux démarrait dans des endroits semblables, et finissaient généralement de la pire des manières…

 

Mais ce n’était que des films, et je n’étais même pas sûr que le rituel fonctionnerait, ou en tout cas que la créature viendrait, me rappelant l’absence de garantie de sa venue dans la vidéo YouTube. Quelque chose en moi me disait que ce serait peut-être mieux ainsi, que rien ne se passe. Et qu’il me faudrait affronter le monde réel, en pensant comment parvenir à sortir de ma situation financière dramatique. Mais d’un autre côté, j’avais vraiment envie de croire au bien-fondé de ce rituel, et surtout de sa réussite. Alors, sans plus m’interroger, je posais mon sac à dos contenant ce qu’il fallait au sol, et sortait les éléments qui devait servir à faire l’invocation qui m’assurerait l’argent nécessaire pour sauver mon entreprise en déroute…

 

Je commençais par ouvrir le flacon contenant le sel, afin d’établir le périmètre du pentagramme que le rituel exigeait de tracer. La vidéo indiquait que la grandeur n’avait pas d’importance, mais ne sachant pas la taille que faisait la créature, je me disais qu’il serait sans doute plus sage de prévoir large. Une fois le cercle tracé, je procédais de même pour les branches, achevant le Pentagramme. Je retournais ensuite vers mon sac, et en sortais les 5 bougies devant être disposées aux extrémités des branches. Je les plaçais, et les allumaient l’une après l’autre à l’aide de mon briquet. Une fois fait cette première disposition, je sortais la peluche qui devait achever le rituel. Une peluche que j’avais acheté dans un magasin de jouets quelques jours auparavant, en même temps que le reste du matériel dans d’autres boutiques. Je la posais au sol, et m’entaillais la paume de la main, afin de faire verser le sang indispensable à la suite des évènements. Il fallait en placer sur la tête, l’emplacement du cœur, et un autre endroit au choix de l’invocateur. Je choisissais la jambe droite de la peluche.

 

Je posais la peluche marquée au centre du Pentagramme, puis m’asseyait en dehors de ce dernier, près de mon sac vide, et attendait, conformément à ce qui était indiqué dans la vidéo, et espérait que tout se déroulerait sans mauvaise surprise. Cela ne faisait que quelques minutes que je patientais quand j’entendais derrière moi le grincement de la porte du dépôt, signifiant son ouverture. Il semblait donc que je ne serais pas le seul à demander les services de la créature censée venir ce soir. Mais mes angoisses précédentes concernant cette éventualité se dissipaient en voyant arriver une jeune femme à mes côtés, l’air un peu perdue. Instinctivement, afin de la rassurer, je lui adressais un sourire accueillant, pendant qu’elle se présentait :

 

« Bonjour, je me nomme Marion… »


Voulant d’emblée lui offrir une communication amicale, je me présentais à mon tour, la tutoyant, en espérant que cela ne la perturberait pas trop. J’avais tellement l’habitude de procéder de cette manière, avec les jeunes, que c’était presque automatique. Bien que devinant sa réponse, je lui demandais si elle était là aussi pour le rituel, espérant mettre fin à des soucis d’argent important, et expliquant sa présence ici, au cœur de ce dépôt pas vraiment propice à une balade nocturne banale. Elle me répondait par l’affirmative, et semblant plus décontractée, me précisait les raisons qui l’avaient amené ici. Son frère, qui comptait pour elle plus que sa propre vie, était dans un état clinique très compliqué, et seule une greffe du cœur pouvait le sauver. Mais devant le peu de possibilités vis-à-vis des donneurs compatibles, elle avait dû recourir aux services d’un hôpital en dehors du pays. Des services très coûteux, mais qui pourrait empêcher à son frère une issue tragique à son état. Ce rituel était la seule solution pour réunir l’argent nécessaire.

 

Je lui parlais en retour de mon propre parcours m’ayant mené ici, et voyant qu’elle fixait la peluche que j’avais placée au centre du Pentagramme, je précisais que le rituel n’indiquait pas la quantité de participants, mais que ça ne devrait pas influer sur la réussite de ce dernier. Je lui demandais alors si elle en avait bien apportée une avec elle… Sans dire un mot, elle posait son sac, et sortait les mêmes éléments indispensables pour l’établissement du rituel, tel que je l’avais fait avant son arrivée ici. Elle sortait un vieux zèbre qui avait mal supporté les années, et je l’invitais à répandre son sang dessus, comme l’indiquait le processus à suivre. Elle se piquait le doigt avec une aiguille, et disposait son sang sur la tête, le cœur, et dans son cas, le bras gauche de sa peluche. Elle disposait ensuite cette dernière à côté de la mienne, au centre du Pentagramme. Voyant son interrogation sur celle-ci, dont l’état était très différent de son zèbre, je précisais que oui, cette peluche était neuve, et achetée récemment, n’ayant pas gardé mes vieux jouets d’enfance. Juste après avoir échangé là-dessus, la porte de l’entrepôt derrière nous faisait écouter son grincement caractéristique. Marion et moi nous retournions, et apercevions deux femmes d’âge différents s’avancer vers nous peu à peu. Afin de briser la glace, Marion fut la première à s’adresser à elles :

 

« Bienvenue au club des désespérés… Je me nomme Marion, et voici Alain »

 

« Bonjour. Vous aussi, vous êtes venus pour le rituel ? »

 

C’était la plus jeune qui venait de s’exprimer. L’autre femme s’interposait, comme répondant à la question, d’une manière très sèche :

 

« Ça me semble évident, non ? Je doute qu’ils soient là pour jouer aux dominos. En plus de ça, ils nous ont mâché le travail à ce que je vois. Le pentagramme est déjà en place. On n’a plus qu’à mettre nos peluches avec notre sang en place »

 

A peine dit ces mots, que la femme, se présentant sous le prénom de Claire, se coupait le doigt avec un canif avec assurance, avant de verser le sang sur sa peluche, comme nous l’avions fait Marion et moi précédemment, et jetait cette dernière au milieu du Pentagramme, au-dessus des deux autres. La plus jeune, qui se nommait Annette, elle, tremblait de partout, hésitant à se piquer le doigt avec une aiguille sortie de son sac. Voyant sa peur, Marion se proposait de l’aider :

 

« Tu veux que je le fasse à ta place ? Je vois que tu n’as pas l’air très rassurée… »

 

« Je… Je veux bien… C’est pas que j’ai peur… Mais j’ai horreur de la vue du sang… »

 

Je rassurais Annette, lui assurant que Marion lui ferait ça sans douleur…

 

« J’ai confiance, pas de souci… »

 

Marion rajoutait :

 

« Tu peux fermer les yeux, si tu veux. Ce sera vite fait…Tu ne sentiras presque rien… »

 

A peine piquée, et son sang commençant à couler, Annette émettait un petit gémissement, ce qui faisait rire Claire :

 

« Mais c’est pas vrai… Quelle chochotte ! Et ça veut faire un rituel… T’aurais fait comment si Mère Thérésa avait pas été là ? »

 

Un peu surpris de ces mots, j’indiquais à Claire que ses paroles n’étaient pas très gentilles. Précisant qu’Annette était jeune, et avait peur, tout comme chacun de nous ici. Mais Claire me regardait alors d’un air méprisant, et s’adressait à moi :

 

« Ah ouais ? Et toi, t’es qui ? Son Psy ? Je suis pas venue là pour faire la baby-sitter, mais pour que ce rituel m’apporte ce que je suis venu chercher. Rien à foutre de vous tous. Vos vies ne m’intéressent pas. Continuez de vous occuper de Miss Sainte Nitouche si vous voulez, moi je fais comme je le sens »

 

Je n’insistais pas, conscient que ça ne servirait à rien, au vu de la personnalité rude évidente de Claire.  Marion, quant à elle, après avoir aidé à mettre son sang sur sa peluche, et à la placer avec les autres, tentait de rassurer Annette, voyant son état de panique grandissant.

 

« Ne panique pas. Tu sais, on est tous comme toi, pas vraiment rassurés. Mais on est ensemble, alors il ne peut rien nous arriver. On a juste à s’entraider »

 

Prenant la suite, je m’adressais aussi à Annette, la rassurant à mon tour. Puis, afin de détendre un peu l’atmosphère, je proposais qu’on détaille nos parcours respectifs, afin d’apprendre à mieux se connaitre. Tout le monde parlait ainsi des raisons ayant mené chacun dans cet entrepôt. Suivait une longue période d’attente. Pensant être venue ici pour rien, Claire s’énervait, et commençait à se diriger vers la porte de sortie, tout en vociférant qu’elle aurait dû se douter que la vidéo YouTube était du « flan », et qu’aucune créature ne viendrait.

 

 Au même moment, tout le sol du dépôt se mettait à trembler, et nous aperçûmes les peluches s’enfoncer dans le centre du Pentagramme, dans une immense gerbe de lumière noire, d’où émergeait l’instant d’après une créature imposante de plusieurs mètres de haut. Elle se composait d’un corps nu, paré, tout comme le visage, de centaines de sortes de tatouages, ainsi que d’un crâne doté de sortes de gouttes de sang fossilisées. Ses yeux luisants nous fixaient tous les quatre, puis s’adressait à nous de sa voix forte et caverneuse. La créature nous informait qu’elle n’accorderait ses services qu’à un seul d’entre nous, et que nous devions décider qui serait l’élu. Mais que nous devions nous décider vite, sous peine de lui faire perdre patience. Si nous n’avions pas fait notre choix, dans la demi-heure, elle se chargerait du problème elle-même, en nous tuant tous, sans exception. Pour se dédommager de s’être déplacée pour rien.

 

Elle avait dit ça en souriant, comme si elle se préparait à assister à un spectacle visuel pouvant satisfaire sa nature démoniaque. Nous nous remettions à peine de notre surprise quand, d’un coup, Claire sortait un pistolet de l’intérieur de son veston. Sans hésiter, elle tirait plusieurs balles, dont une atteignait la tête d’Annette, qui s’écroulait d’un coup sur le sol. Moi-même, je recevais une balle dans la jambe droite, me faisant hurler de douleur. Pendant ce temps, la créature riait fortement, ravie de ce qui s’offrait à ses yeux. Heureusement, l’arme de Claire s’enrayait, mettant cette dernière dans un état de rage difficile à décrire :

 

« Putain de merde ! Foutue camelote ! J’aurais pas du prendre cette merde chez ce branquignol de polonais ! Article de qualité qu’il disait ! Fait chier ! »

 

Profitant de cette chance inespérée, Marion m’aidait à me relever. Je lui disais qu’elle devait penser à sauver sa peau, et me laisser à mon sort. Mais elle refusait cette solution, m’entrainant avec elle, courant vers la porte de l’entrepôt. Nous eûmes tout juste le temps de franchir celle-ci, avant d’entendre l’impact des balles se fichant sur sa surface, pendant que d’autres se logeaient dans le mur. Soutenu par Marion, j’avais toutes les peines du monde à suivre la course effrénée dans laquelle je me trouvais engagé malgré moi. La blessure à ma jambe me faisait terriblement mal, et me faisait subir d’horribles souffrances. C’est alors que Marion eut une idée pouvant me soulager :

 

« Vous ne pouvez pas rester comme ça. Ça peut se transformer en hémorragie, voire pire. Suivez-moi, je vous emmène à mon domicile. Je suis infirmière : Je saurais vous donner des soins de première urgence… »

 

Au vu de mon état, je ne pouvais qu’accepter la proposition de Marion, et très bientôt, nous nous retrouvions chez elle. Elle m’installait sur le canapé de son salon, afin de constater l’étendue de la blessure à ma jambe. Je la voyais faire une mine pas vraiment rassurée à cette vision, et encore plus en voyant son regard se déplacer vers ma poitrine. Instinctivement, j’observais celle-ci, et voyait une grande tache de sang s’étendant sur le tissu de ma chemise. Claire n’avait pas fait que toucher ma jambe. Mais bizarrement, sans doute dû à la douleur extrême de ma jambe, je n’avais pas ressenti cette blessure-ci. Je soupçonnais que notre course pour fuir les tirs, avait dû accentuer la blessure de départ, faisant s’enfoncer plus la balle sur ma poitrine. Marion me demandait alors :

 

« Alain… Vous… Vous permettez que j’ouvre votre chemise ? Je dois voir l’étendue de la blessure pour savoir quoi faire… »

 

A peine avait-elle effectué cette action que je comprenais la situation, rien qu’en observant le visage de Marion. La blessure que j’avais devait être plus grave que ce qu’elle pensait. Je sentais la détresse émanant d’elle, et lui adressait des mots rassurants. Je lui disais qu’elle ne devait pas s’en faire pour moi. Le destin avait voulu que je finisse ainsi, elle n’y pouvait rien. Je finissais ma phrase en disant que je n’avais pas de famille, et que ma mort ne ferait pleurer personne. Et même que c’était un mal pour un bien, car cela mettrait fin à mes problèmes. Malgré tout, Marion continuait de me parler, tentant de me convaincre que tout n'était pas perdu. Elle me posait des questions sur moi, me demandant mon groupe sanguin. Je voyais alors comme une lumière s’allumer dans ses yeux, comme si cette simple information pouvait tout changer. Même si je ne voyais pas comment. Elle reprenait alors la parole :

 

« Je peux vous laisser seul un moment ? Je dois appeler quelqu’un. Je vous promets de faire vite… »

 

La remerciant de sa sollicitude et de sa gentillesse, j’acquiesçais de la tête, incapable de parler à nouveau, la douleur s’amplifiant. Je voyais Marion s’éloigner, s’engouffrant dans une autre pièce, et disparaissant de ma vue. Je revoyais ma vie défiler devant mes yeux, l’espace d’un instant, pendant que je résistais au mal procuré par ma jambe et ma poitrine.  Cette étincelle dans les yeux de Marion l’instant d’avant semblait m’avoir redonné confiance dans le peu d’avenir que je voyais pour moi malgré tout. Peut-être que finalement j’avais encore une chance de m’en sortir. Ça ne réglerait pas mes problèmes principaux, mais après tout, la vie était le plus beau cadeau qui soit à l’être humain. Je résistais tant bien que mal à l’envie de m’endormir, car j’avais trouvé une motivation pour ne pas me laisser sombrer dans le néant, persuadé que Marion saurait trouver le moyen de me laisser dans le monde des vivants encore un peu…

 

😉Lien des Chaines YouTube où vous pourrez retrouver les versions Vidéo de cette histoire :


HISTOIRES DE L'AUTRE MONDE (Alain) :

https://www.youtube.com/c/HISTOIRESDELAUTREMONDE/featured


LT SONY HORROR STORIES (Marion) :

https://www.youtube.com/channel/UCsYoTvVvR2FebmWnhbfowNQ


REINE DES ENFERS CREEPYPASTA (Annette) :

https://www.youtube.com/channel/UCnZQueJguBP3fuR-jDsCsTw


TERREUR NOCTURNE CREEPYPASTA (Claire) :

https://www.youtube.com/channel/UC6jWeAP1gsrezQh33QLRBmg

 

DOLI ASHES (Dessins personnages, logo, écran de fin) :

https://www.youtube.com/channel/UCxmg3sFmhaqttYDMoga5VcA


Publié par Fabs

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