11 oct. 2022

MERMAID'S WAR-Les Enfants d'Atlantis (Toutes les Sirènes ne sont pas gentilles-Cycle 3)

 


 

A peine revenu de sa campagne punitive envers le Général Weiss et la résistance humaine, qui venait de se transformer en échec, Sacham se ruait à l’intérieur du palais, suivi de Scylla. Il se dirigeait droit vers l’aile du palais dédié aux médecins et au bloc opératoire, afin de comprendre les allusions dites par téléphone concernant sa mère, à la fois curieux et furieux de connaitre les raisons de ce qui pour lui ne pouvait être que des divagations… Il avait vu sa mère mourir, il en était certain. Il lui tenait la main quand elle avait fermé ses yeux, relâchant la pression de ses doigts sur les siens, son cœur s’arrêtant aussitôt. A ce moment, il avait été dans un tel état de fureur, que si Scylla n’avait pas été sur place, il aurait tué tous les médecins présents, afin de calmer sa douleur. Malgré Scylla, deux d’entre eux avaient été massacrés, dépecés en lambeaux de ses mains, maculant la pièce de sang, sous les yeux horrifiés des autres docteurs, cherchant à se rapprocher de la porte de la chambre de la reine, afin d’espérer survivre à la folie de Sacham, du au chagrin immense qui le submergeait à ce moment précis.

 

L’une après l’autre, il avait projeté sur les murs les entrailles de ceux qu’ils jugeaient responsables de ne pas avoir été en mesure de sauver celle qui lui avait donné la vie, celle qui avait toujours été aux petits soins pour lui, lui pardonnant ses erreurs, lui servant à la fois de mère, de confidente, de conseillère. Son état était tel qu’il ne se rendait pas compte qu’il projetait des litres de sang sur les draps du lit où gisait Krysta. Bien que consciente du risque de finir elle aussi en charpie sous les mains de Sacham, ne sachant pas si celui-ci serait en mesure de se rendre compte qui elle était, vu la puissance de sa fureur dévastatrice, Scylla avait malgré tout tenté le tout pour le tout, en s’agrippant à celui qu’elle aimait. Refusant de le voir sombrer dans la folie. Elle avait trop sacrifié pour obtenir son amour. Elle ne voulait pas le perdre, même si elle comprenait sa détresse. Mais elle avait eu du mal à reconnaitre Sacham tel qu’il l’était à cet instant-là, vociférant toute sa haine :

 

« Bande d’incapables ! C’est votre faute à tous ! Vous êtes tous ses meurtriers ! Vous n’aviez qu’une seule chose à faire, c’était de sauver votre reine ! Sauver ma mère ! Et vous avez été aussi inutile que ces insectes d’humains ! A quoi bon avoir vos diplômes, votre soi-disant expérience si vous vous révélez aussi incompétent ! Je vais tous vous anéantir pour vous apprendre ce qu’il en coûte de ne pas faire ce que je vous dis, misérables vers de terre que vous êtes ! »

 

« Sacham ! Arrête, je t’en supplie ! Tu… Tu ne peux pas les rendre responsable de la mort de ta mère… Ce sont les humains les coupables… Ta fureur, tu dois la déverser sur eux et pas sur ceux qui ont tout fait pour que Krysta reste parmi nous… »

 

Etait-ce la voix de Scylla, ou simplement l’adrénaline déversée en masse qui avait commencé à se dissiper ? Toujours est-il que Sacham s’était calmé petit à petit, finissant par rester immobile dans un premier temps, enlacé par une Scylla en pleurs, répétant ses suppliques lui demandant de se calmer. Sacham avait repris sa forme humaine, observant le spectacle macabre dont il était responsable, ainsi que les 3 médecins rescapés, tremblants comme jamais, qui s’étaient recroquevillés l’un sur l’autre dans le coin opposé de la pièce, semblant attendre leur tour de passer entre les griffes de leur roi. Sacham avait repris son souffle, sa haine envers les médecins s’étant apaisée, regardant Scylla qui pleurait en continu. Dans le même temps, il avait eu l’impression d’entendre Krysta dans sa tête, comme si elle lui parlait. Comme si elle vivait toujours et n'était pas passée de vie à trépas, au creux de son lit de mort.

 

« Sacham, à aucun moment, tu ne dois laisser tes émotions te submerger, quelles qu’elles soient. Ne fais pas l’erreur que j’ai fait envers ton père. Je sais que je ne te parle pas souvent de lui. Et même que cela me met en colère quand tu veux en savoir plus sur lui. Ce n’est pas par honte d’avoir aimé un humain. Mais par honte de moi-même, pour avoir laissé la colère parler à la place de mon cœur. »

 

Sacham regardait Scylla, comme si c’était elle qui avait parlé à ce moment. Il pensait que la folie était sur le point de prendre possession de lui. Krysta n’était plus, il était impossible qu’elle puisse lui parler. Ce n’était que son cerveau endolori qui avait construit ces phrases. Malgré tout, cet épisode avait suffi à lui permettre de reprendre ses esprits, avant de s’adresser à Scylla :

 

« Tu as raison, Scylla. Excuse-moi pour cette scène indigne d’un roi. Je me suis comporté comme un humain, c’est impardonnable. »

 

« Non, ne t’excuse pas. N’importe qui aurait agi de même dans la même situation… »

 

Baissant légèrement les yeux, comme pour éviter le regard de Sacham, Scylla rajoutait :

 

« Enfin, peut-être pas exactement comme tu viens de le faire… Mais je comprends tellement ta douleur… Je sais ce que ça fait d’avoir l’impression que le monde s’écroule autour de soi, et de rendre responsable tout ce qui se trouve autour à ce moment-là… »

 

« Je te remercie d’essayer de me convaincre d’avoir agi normalement, mais en tant que roi, je n’ai pas le droit de me rabaisser ainsi. Surtout devant des laquais qui se prétendent médecins. Et tu as raison. Les humains sont les vrais responsables. Ils vont payer le prix fort. Weiss en particulier. Jamais je ne lui pardonnerais d’avoir tué ma mère… Je vais tenir ma promesse, et réduire le paysage autour de sa forteresse à l’état de cendres. Je vais transformer les villes en mer de sang. J’arracherais les têtes des habitants, leurs membres, avant de les jeter en pâture à mes troupes… »

 

L’instant d’après, Sacham avait réuni son armée, appelant les troupes surveillant les usines proches pour se mettre en marche. En revenant au palais, après avoir échoué face aux troupes de sirènes alliés aux humains, dont il ignorait toujours la provenance, il avait toujours ces images de sa mère étalée sans vie sur son lit. Alors, cet appel des mêmes médecins qui l’avaient laissée mourir lui indiquant que Krysta était à nouveau en vie… Quel que soit le niveau de science des peuples, à sa connaissance, aucun n’était parvenu à vaincre les frontières de la mort, et permettre de les franchir dans l’autre sens. C’était juste inconcevable. Malgré tout, l’assurance dans la voix des médecins, tel que Scylla lui avait rapportée, l’intriguait. Et une fois arrivé dans l’aile de médecine, il hurlait :

 

« Où sont-ils ? Où sont ces fous qui veulent me faire croire que ma mère a été ressuscitée ? Si c’est un mensonge, je préfère vous prévenir que je ne suis pas d’humeur ! Je suis prêt à tous vous massacrer si vous vous êtes payé ma tête ! »

 

« Sacham… Calme-toi… Je ne sais pas ce qu’ils ont voulu dire exactement par ces paroles… Mais je doute qu’ils aient pris le risque de subir tes foudres en racontant n’importe quoi concernant ta mère. Tu devrais prendre le temps de les écouter avant de les massacrer comme tu l’as fait avec ceux qui étaient dans la chambre de Krysta… »

 

« Ne t’inquiète pas : je vais les écouter. Mais si leurs paroles ne me plaisent pas, ou s’ils ont osé souiller le corps de ma mère, le sort que je leur réserve sera bien pire que tout ce qu’ils peuvent imaginer… »

 

Arrivés sur place, Sacham et Scylla se retrouvèrent face à des médecins souriants, confiants dans leurs dires. Avant même que leur roi puisse dire quoi que ce soit d’autre, ils assurèrent que Krysta l’attendait, lui et Scylla, dans une des pièces du sous-sol. Et une autre personne désirait lui parler également. Quelqu’un qu’il n’avait pas connu, qu’il pensait mort lui aussi. Mais pourtant bien vivant, en quelque sorte. Des paroles qui intriguaient de plus en plus Sacham et sa jeune épouse. Et sur les recommandations de Scylla, il suivait les médecins dans les sous-sols. En un endroit dont il ignorait l’existence. Les médecins lui indiquèrent qu’il était normal qu’il ne soit pas au courant, car c’était le désir de sa mère. Elle avait fait procéder à cette science, ce lieu, dans le plus grand des secrets, dans le cas où elle viendrait à perdre la vie, et qu’il lui serait nécessaire de lui confier certains interdits sous une autre apparence que sa forme physique. Les médecins ajoutèrent que seuls une dizaine d’entre eux étaient au courant de ce qu’ils s’apprêtaient à lui révéler, à lui et Scylla. Toujours selon le désir de Krysta, sa mère.

 

Finalement, ils arrivèrent au sein d’une immense pièce, remplie de consoles informatiques sur le quasi-ensemble de sa périphérie. Et au fond se trouvait deux grandes cuves ellipsoïdales, contenant un corps qu’il aurait reconnu parmi des milliers. Celui de sa mère ! Et à côté figurait, dans une autre cuve, le corps d’un triton âgé. Lui aussi, il le reconnaissait, pour avoir vu des portraits de lui dans les appartements de Krysta. Larnus, son grand-père… Sacham n’eut pas le temps de demander ce que tout ça signifiait, et pourquoi les corps de sa mère et son grand-père se trouvaient ici. Une première voix, sortant d’un haut-parleur situé en haut de la cuve se mit à lui parler :

 

« Avant toute chose, Sacham, tu dois savoir que je suis bel et bien morte. Le corps que tu vois est bien le mien. Tout comme celui de ton grand-père, à mes côtés. Cette technologie qui me permet de te parler, je l’ai fait développer en secret, à ton insu, car je n’étais pas sûr que tu comprendrais le bien-fondé de celle-ci »

 

Le corps de Larnus, à son tour, prit la parole :

 

« Ta mère dit vrai, Sacham. Nos corps sont maintenus en état grâce au liquide dans lesquels ils sont plongés, leur empêchant de se décomposer. Une sorte de forme d’immortalité… »

 

Krysta reprenait :

 

« Bien avant notre mort, mon père, ton grand-père, a eu connaissance de cette technologie mise au point par un humain. Un humain faisant partie d’une organisation nommée La Chambre des 9. Il était en désaccord avec l’utilisation de ses travaux. Ses patrons voulaient faire de ceux-ci la base de construction pouvant leur permettre de faire revenir à la vie, dans un but militaire, des corps décédés. Un projet est né : le « Rebirth ». »

 

« Cet homme avait conçu cette technologie dans le seul but de permettre aux familles endeuillées par des êtres chers, d’avoir toujours ces derniers à leurs côtés, leur parler, voir leur corps qui ne vieillirait jamais. Sa science, il voulait l’offrir à des particuliers capables de s’offrir ses services. Ou bien de mécènes acceptant de payer à la place de personnes aux revenus moindres, des associations… A aucun moment, il n’a songé à en faire la base pour créer des monstres… »

 

« Il s’est donc enfui, usant de sa position au sein du centre où il supervisait les travaux du projet « Rebirth », n’ayant d’autre choix que d’accepter de participer à ce que la Chambre des 9 en avait fait. Il possédait toutes les notes et les plans de ce qu’il avait créé dans l’ordinateur où se situait les sujets d’expérience du projet. Parmi eux figurait une jeune enfant du nom de Nastya. C’est en découvrant cela que cet homme a décidé de partir. Il a fait une copie sur une clé USB de ses travaux, et il est parvenu à fuir du centre, grâce à sa connaissance du personnel, et des lieux »

 

« C’est lors de la prise d’une ville humaine que nous avons rencontré ce scientifique. En échange de sa vie, il nous a fait part qu’il était prêt à partager une découverte qui pourrait révolutionner le monde des sirènes. Intrigués, nous l’avons écouté, à l’écart des troupes occupées à mettre sous domination la population de la ville. Intéressée, nous lui avons assuré de garder secret sa découverte au sein du palais, et il fut rassuré de ce que nous comptions faire de ses travaux, plus conforme à son idée de départ, au contraire de ce qu’en avait fait la Chambre des 9 »

 

« Cet homme est mort il y a quelques années de ça, après nous avoir légué l’intégralité de ses travaux, et identifié ce qui avait causé la mort de ton grand-père. Car non, contrairement aux rumeurs que j’ai volontairement fait circuler, il n’est pas mort de façon naturelle. Mais à cause d’un élément que les humains ne doivent surtout pas avoir connaissance. Cela leur donnerait une indication pour nous détruire à grande échelle. Raison pour laquelle j’ai décidé de garder secret les causes réelles de sa mort. En temps voulu, je t’indiquerais ce qui l’a tué »

 

« Pour finir, vous devez savoir ceci :  nos corps sont morts, mais nos esprits ont été, en quelque sorte, « numérisés ». C’est-à-dire que nos émotions, nos souvenirs, notre façon d’analyser, de penser…. Tout a été « sondé » dans notre cerveau, et « copié », cloné et retranscrit au sein d’une intelligence artificielle, créé par le scientifique dont nous t’avons parlé. Et qui est au centre de ses travaux, son cœur. C’est cette IA qui nous permet de parler à travers ces hauts-parleurs, en utilisant notre esprit recréé numériquement »

 

« Je sais que cela doit être difficile à croire pour toi Sacham. Et à toi aussi Scylla. Mais quand les médecins t’ont indiqué que j’étais toujours en vie, sans te donner plus de détails sur les circonstances de cette « résurrection », comme vous avez du le comprendre dans un premier temps, c’est sur mes ordres. Je savais que Sacham voudrait en savoir plus avant d’annoncer mon « retour », et donc qu’il ne divulguerait pas la nouvelle. Personne, en dehors des personnes dans cette pièce, ne doivent savoir ce qui en est. C’est notre force pour renverser la situation contre la résistance humaine et leur alliance avec Myrga, ma mère. Ta grand-mère, Sacham… »

 

Sacham s’agenouillait au sol, abasourdi par ce flot d’informations, qu’il avait du mal à croire. Et pourtant, c’était bien la voix de Krysta, à l’identique, comme si elle était toujours de ce monde. Et il découvrait ce grand-père dont il avait tant entendu parler. Et maintenant, il se trouvait en face de lui, des années après sa mort. Scylla restait sans voix, elle aussi. Des larmes coulaient sur les joues de Sacham, submergé par l’émotion de savoir sa mère toujours en vie. Weiss avait échoué dans sa tâche. Il se sentait plus fort qu’avant à l’annonce de cette nouvelle. Krysta et Larnus lui indiquèrent cependant qu’il y avait peu de cuves et de mémoire qui avaient été créés. En plus d’eux-mêmes, à ce jour, il n’y avait que deux autres emplacements pouvant servir. Pour Sacham et pour Scylla. La famille retrouvée discutait encore longuement sur la marche à suivre, afin de contrer Myrga et ses troupes de la Nouvelle Atlantis. Larnus expliquait leurs origines, la manière dont lui et Myrga s’étaient séparés, l’enfance de Krysta sous sa protection, l’histoire d’Atlantis, les expériences ayant fait de leur clan une race à part parmi les sirènes. Le reste, Krysta lui avait déjà tout enseigné, et Larnus indiquait à Sacham à quel point il était fier de ce qu’il avait entrepris, pour prendre la succession de sa mère.

 

Même si les corps dans les cuves ne bougeaient que par les flux de courants à l’intérieur, leurs membres restant sans vie, leurs yeux étant fermés, il s’imaginait les voir se mouvoir dans une sorte de songe éveillé, rien que par la magie de leur voix qu’il entendait. Il se sentait tellement fort à cet instant. Avec tous les renseignements apportés par Krysta et Larnus, il avait désormais une idée plus nette de la manière de contrer Weiss et ses nouveaux alliés. Avec à leur tête Myrga, sa grand-mère, et reine de la Nouvelle Atlantis. Sans l’avoir vue, Krysta savait qu’il ne pouvait s’agir que d’elle. Les clans de sirènes étaient peu nombreux dans les mers du globe. De plus, les clans ne cherchaient jamais à se rencontrer. Seuls un clan ayant un différend avec le leur pouvait avoir un intérêt à s’allier aux humains pour les contrer. Sachant cela, Sacham avait un avantage sur Myrga. Cette dernière ignorait que sa fille et son époux étaient toujours en vie, et pouvaient apporter au nouveau roi des sirènes une influence tactique non négligeable, capable de prendre le dessus sur ses nouveaux ennemis…

 

A des kilomètres de là, dans un centre à l’écart d’une petite ville, utilisant comme couverture une fabrique d’armes pour le compte de l’Empire des sirènes, et lui assurant de ne pas être inquiété en ce qui concernait ses activités véritables en coulisses, un colis bien particulier arrivait. Un colis venant tout droit de Russie, à l’attention d’une des membres phares de la Chambre des 9, Nova. Elle avait reçu le message signé de Black Hole, et avait été contacté par Vortex quant à cette arrivée. Nova était impatiente de découvrir les secrets cachés de Viktor, cette créature dont elle avait tant entendu parler par Vladimir, des travaux de ce dernier sur elle, son histoire, et surtout l’espoir que la Chambre avait dans la résolution des mystères du cristal de vie. Bien que Vladimir fût un fervent partisan de la Chambre, il était très à cheval sur le secret entourant ses travaux de duplication du cristal. Et bien que les essais sur Monster Island, supervisés par Pulsar, avaient été très concluants, la Chambre attendait les prochains essais pour être certaine de l’avancée dans la future guerre pouvant les mener à la destruction des entités vivant au sein du ShadowEarth.

 

Ces derniers temps, plusieurs artefacts avaient pu être contrés par Jeffrey Forks, avec l’aide de Pulsar, et mis hors d’état de nuire au sein de la chambre forte du manoir de Jeffrey, hérité de son oncle, mais il y avait toujours le risque que d’autres échappent à leur vigilance, et fassent entrer des créatures du ShadowEarth sans que les 9 y soient préparées, et surtout aient les armes nécessaires pour les renvoyer d’où ils venaient. Stellar n’avait pas encore totalement mis au point le portail sur Monster Island pour la phase finale du plan de Black Hole, et les 9 se retrouvaient dans une position délicate de dépendance envers Vladimir, qui pouvait s’avérer difficile à gérer sur une longue durée. Une sorte de faille au sein du système de la Chambre que Stardust, toujours en quête d’en prendre le contrôle, et ainsi prendre sa revanche sur Black Hole, comptait tirer profit. D’où ce subterfuge, avec la complicité de Vortex qui avait résolu le problème lié à Alexeï, pour que Nova puisse opérer aux travaux de Vladimir, sans qu’elle se doute que ces travaux seraient à l’avantage de Stardust, et non pas Black Hole comme lui faisait penser le message qu’elle avait reçue avant l’arrivée du « colis ».

 

Une situation compliquée où les tenants et aboutissants de tous se mélangeaient, bifurquaient, chacun utilisant l’autre à son insu. Des alliances se transformant en trahison, des secrets se mélangeant au profit d’un côté autre que celui officiel… Tels étaient les différents rôles que la Chambre des 9, Jeffrey Forks, Vladimir composaient, avec en ligne de fond la Résistance Humaine face à l’empire des sirènes, cadre idéal pour « tester » certaines créatures façonnées de longue date dans l’ombre par Nova. Woodsman, Scary Girl et le Dévoreur de Cœur faisaient partie de ces enjeux, dont le rôle allait devenir très rapidement actif, et entraîner des répercussions sur tous les tableaux. Des répercussions dont les favorisés ne seraient pas forcément ceux les ayant mis en place, à l’instar de la rivalité opposant Black Hole et Stardust au sein de la Chambre. Chacun ayant des objectifs opposés quand au devenir des créatures du ShadowEarth. Si Black Hole voulait sauver la Terre d’une invasion probable, en détruisant l’ensemble des créatures du ShadowEarth, Stardust comptait les utiliser pour ses propres desseins, afin de satisfaire ses désirs de créer un monde parfait, dépourvu de toute violence. Mais à un prix très élevé pour la race humaine.

 

C’est dans ce cadre de manigances insoupçonnées que Nova accueillait donc son « colis ». Quelques heures plus tard, c’est une créature bien connue, et bien loin de chez elle, qui se réveillait dans un environnement lui étant étranger, bien que familier, car situé au cœur d’un centre de recherches, comme il en avait déjà que trop bien connu, par le biais de Vladimir et Alexeï.

 

« Bonjour, Viktor. Tu n’as pas trop souffert du voyage ? »

 

Viktor ouvrait les yeux avec peine, encore quelque peu engourdi par la substance l’ayant fait tomber dans le sommeil. Il ne se souvenait pas comment il s’était retrouvé ici, face à cette femme qu’il ne connaissait pas, et qui lui affichait un sourire bienveillant.

 

« Je… Je ne sais pas… Mes pensées sont encore… Tellement floues… Je ne me rappelle que d’Alexeï tombant au sol, à cause de l’arme de cet homme à l’air mauvais… Et de cette piqûre sur mon bras… »

 

Nova montrait un air réjoui :

 

« C’est donc vrai… Tu parles comme n’importe quel être humain… Vladimir avait raison quand il me disait que tu étais un miracle de la nature… J’aurais tellement aimé connaitre celui qui t’a fait naitre… Nous aurions eu tellement à discuter lui et moi… »

 

« Mon père… Il n’est plus de ce monde… A cause de moi… Vous devriez vous méfier de moi… Tout ceux qui m’approchent finissent par mourir… A un moment ou un autre, je provoque la mort, sans que je ne puisse rien y faire… »

 

Nova adressait alors des paroles rassurantes à son nouvel hôte, et bientôt sujet de ses études pour comprendre les fondements du cristal donnant vie à la créature en face de lui, qui lui provoquaient des étincelles dans les yeux…

 

« Ne t’inquiète pas, Viktor. Je sais combien tu as souffert. La perte de Nastya, le sacrifice de Svetlana, la trahison d’Alexeï… Sans compter les méthodes pas toujours très compréhensibles de mon cher Vladimir… Mon fils… »

 

Viktor ouvrait des grands yeux à cette nouvelle.

 

« Votre…Fils ? Vladimir est votre enfant ? Il ne m’a jamais parlé de vous… Je ne comprends pas… Seriez-vous fâché tous les deux ? »

 

Nova se parait d’un rire étouffé

 

« Pour dire la vérité, Vladimir n’est pas tout à fait mon fils. Mais je le considère comme tel. Disons qu’il me doit la vie, et qu’il y a beaucoup de moi en lui… Mais ce serait trop long à t’expliquer dans les détails ce qui nous lie, lui et moi… Pour l’instant, je vais me charger que tu puisses bénéficier de tout le confort possible pendant ton séjour ici…Et je compte sur toi pour ton entière coopération »

 

Viktor abaissait les yeux, ne sachant que trop ce que ces mots signifiaient…

 

« Je vois… Encore des tests, des expériences… ça ne s’arrêtera donc jamais, où que j’aille… Je ne suis donc que cela pour les humains ? Un cobaye, et rien de plus ? »

 

Nova montrait alors un air plus grave que ce qu’elle avait montré, comme consciente de la détresse de la créature en face d’elle.

 

« Non, Viktor. Je peux comprendre que tu le ressentes comme tel… Mais je ne te vois pas comme un cobaye… Tu es le protégé de mon fils, de Vladimir si tu préfères. Je sens que ça te gêne que je le désigne comme mon fils…Alors je me contenterais de le désigner par son prénom, si ça peut permettre de te mettre plus à l’aise… »

 

« Non… Non, ça ne me dérange pas… J’avoue avoir été un peu surpris d’apprendre qu’il ai une mère, vu qu’il n’en a jamais parlé… Mais vous pouvez le désigner comme votre fils… »

 

Nova affichait à nouveau un sourire

 

« Parfait, Viktor… Tu es décidément plein de compassion. Bien plus que la plupart des gens avec qui je travaille… A vrai dire, tu n’es pas la seule créature avec qui j’aurais été en contact. Mais je peux dire que de tous, tu es certainement la plus humaine… Pour reprendre, les tests que je ferais seront certainement moins douloureux que ceux que tu as subis auprès d’Alexeï. Mon but est de comprendre le fonctionnement de ton cristal, pas de savoir à quoi  ton corps peut résister. Cela passera par des analyses de texture de ta peau, de scanner, de radios. Ça ne sera pas toujours très agréable, mais je te promets de faire en sorte que tu ne souffres pas. Et je limiterais les tests par journées, afin que jamais tu ne puisses te sentir comme un animal enfermé »

 

« Mais je ne pourrais cependant pas sortir, je me trompe ? »

 

Nova se parait d’un sourire peiné

 

« Non, en effet. J’ai des obligations envers mes supérieurs, et je ne peux effectivement pas te laisser sortir. Mais je serais comme une mère pour toi, sois-en sûr. Je m’assurerais que tu puisses être libre de tes mouvements. Tu seras juste limité à certaines sections. Mais tu verras que tu n’auras pas le temps de t’ennuyer. Piscine, films, jeux de société, musique… Et si tu as des désirs particuliers, tu n’auras qu’à me le demander. Si je suis en mesure de te l’offrir, je le ferais… »

 

Viktor regardait dans les yeux de Nova, et il sentait qu’elle était sincère dans ses propos. Il ne retrouvait pas cette once d’incertitude dans le regard qu’avait Vladimir et Alexeï. A son tour, il lui adressait un sourire

 

« Très bien…Je… Je suis désolé… Comment dois-je vous appeler ? Je ne connais pas votre prénom… »

 

Prenant la main de Viktor, Nova lui répondait

 

« Nova… Je m’appelle Nova… Ce n’est pas mon vrai nom, bien sûr… Nous autres, membres de la Chambre, avons tous un nom de code… »

 

Puis, elle s’adressait à Viktor à nouveau, en baissant la voix, pour ne pas être entendue par un autre que lui…

 

« Mais quand nous serons seuls, tu pourras m’appeler Natacha. Natacha Illioutchine. Et oui, c’est le même nom de famille que Vladimir. Mais je t’ai déjà dit que j’étais sa mère, non ? Normal qu’on porte le même nom. Un jour, peut-être, je te dirais notre histoire à Vladimir et moi… Elle est un peu… particulière. Et peu de gens la connaissent dans son intégralité… Même Vladimir ne sait pas tous les détails…Et c’est mieux pour lui… Il n’est pas encore prêt à affronter la vérité sur sa naissance… Alors, je compte sur toi, si notre confiance entre nous atteint un niveau me permettant de te livrer ce secret, de ne jamais lui révéler… Il en perdrait la raison… Et ce serait dommageable pour tous… »

 

« Je…Très bien… Je vous promets que je garderais le secret… Personne n’en saura rien… Et surtout pas Vladimir… »

 

« Parfait. Tu es un bon garçon. Sur ce, je te laisse visiter ton nouvel environnement. Comme je t’ai dit : tu ne peux pas sortir, mais tu es libre de mouvements. De toute façon, sans badge, tu ne peux pas ouvrir les portes interdites. Néanmoins, n’essaie pas de le faire. Je le saurais immédiatement, et ce serais dommage d’être ennemis pour si peu, tu ne crois pas ? Qui plus est, les créatures qui sont au-dehors sont bien pires que le personnel d’ici, crois-moi… »

 

Viktor regardait Nova, comme un employé venant de se faire expliquer les consignes de son futur travail, ce qui n’était pas si loin de la situation dans laquelle il se trouvait

 

« Non, ne vous inquiétez pas… Je ne chercherais pas à fuir… Pas cette fois… Je sens que je peux avoir confiance en vous… Je ne vous trahirais pas… »

 

Nova, tout sourire, apposait un baiser sur le front de Viktor, le surprenant. Il sentait une chaleur proche de celle qu’il avait déjà ressentie quand Nastya et Svetlana avait fait de même pour lui. Une chaleur familiale, protectrice. Dès lors, il se convainquait que Nova était bien la personne qu’elle disait être. Nova prit alors congé de lui, le laissant libre de circuler, tel qu’elle l’avait promis, le laissant comme un nouveau-né découvrant le monde pour la première fois. Il repensait à ce que lui avait dit Nova. Ce secret qui la reliait elle et Vladimir. Son fils… Cette nouvelle de ce lien familial était sans doute ce qui l’avait le plus marqué… Les mots de Nova avaient trahi que Vladimir n’était peut-être pas celui qu’il pensait. Elle avait dit que s’il apprenait ce secret, ça pourrait le détruire psychologiquement.

 

En tout cas, c’était ce qu’il lui semblait avoir compris. Sans le savoir, Nova venait peut-être de lui avouer le seul point faible qu’il puisse connaitre de Vladimir. Un point faible qu’il pourrait utiliser à son avantage le cas échéant. En dernier recours. Mais pour l’heure, il voulait en savoir davantage sur l’endroit où il se trouvait, dans un pays autre que sa Russie natale. Avec d’autres représentants humains, d’autres différences de comportements, d’autres dangers… Un nouveau pan de sa vie commençait alors, sans savoir qu’il serait bientôt un vecteur important d’une guerre en devenir, qui se préparait à prendre des proportions qu’il ne pouvait encore imaginer, et opposant races et créatures de divers horizons, créant l’ouverture vers un monde bien plus noir que le plus sombre des cœurs humains…

 

A suivre…

 

Publié par Fabs

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