31 oct. 2022

LE RITUEL DE L'ABONDANCE : CLAIRE

 


 

😈Cette histoire est issu du collectif que je forme avec les chaines LT SONY HORROR STORIES, REINE DES ENFERS CREEPYPASTA, TERREUR NOCTURNE CREEPYPASTA et DOLI ASHES. Tout comme "Les Soeurs Démoniaques", notre précédente collaboration, il s'agit d'une seule et même histoire, mais vue de 4 points de vue différents, de la part des 4 personnages principaux. 

🎃Ici, nous avons corsé la chose, car pour chaque histoire, le personnage est confronté à deux choix à l'issue du rituel qu'il découvre. L'un ou il est contraint de fuir ou refuse de procéder au rituel ; l'autre où il y procède, avec les conséquences que cela entraine.

🙂Pour cette version écrite, je place à la suite les évènements d'avant rituel, suivis des deux choix. Et cela pour chacun des 4 personnages (le chef d'entreprise Alain, l'ancienne mercenaire Claire, l'infirmière Marion, et la jeune Annette). Pour plus de plaisir, je ne peux que vous recommander de découvrir les versions vidéo sur les chaines YouTube du collectif, dont le lien est placé en fin de chaque texte et ses 2 choix. 

 

AVANT LE RITUEL

 

J’ai fui mon pays natal, mes racines, le lieu où mes parents continuent de survivre, du fait de la pénurie engrangée par le conflit européen ayant été provoqué par la Russie, à la suite de la guerre engagée contre l’Ukraine. Au début, le Sénégal n’était pas concerné par cette guerre, et préférait rester neutre, comme nombre des pays africains, qui avaient déjà bien à faire avec leurs propres rivalités guerrières, faisant nombre de morts, sans avoir à s’occuper de ce qui se passait en occident. Mais du fait du blocus du port d’Odessa, le prix des denrées alimentaires et pharmaceutiques a augmenté de manière considérable, menaçant de conduire des pays à la famine, si cette situation venait à durer. Et malgré les efforts de représentants africains pour tenter d’obtenir un compromis, permettant la levée du blocus, et ramener la situation économique à une normalité attendue, moi et mon compagnon, on voyait notre avenir devenir incertain, voir même très inquiétant.

 

De plus, nous attendions notre premier enfant, et je ne pouvais pas prendre le risque de ne pas avoir ce qu’il fallait pour le voir grandir, et surtout vivre. Ce sont mes parents eux-mêmes qui me dirigèrent vers un de leurs amis, lui-même connaissant un passeur, qui pourrait nous permettre de nous rendre clandestinement en France, la destination qui nous était la plus abordable, au vu de nos maigres économies. Nous aurions préféré un pays plus éloigné du conflit qui s’étendait plus avant en Europe, mais les prix étaient demandés par le passeur étaient très au-delà de ce que nous pouvions nous permettre. Alors, nous avons fait confiance à notre instinct, et la gentillesse apparente de l’homme chargé de nous emmener en France. J’insiste sur les mots « gentillesse apparente », car une fois arrivé à destination, nous avons vite compris qu’il portait un masque, après un voyage long et pénible au sein de la cale d’un cargo, avec la peur d’être découvert par des garde-côtes zélés.

 

Une fois nous avoir fourni un logement, un squat provisoire où l’insalubrité se mélangeait à la froideur des lieux, car ne bénéficiant pas de chauffage, le passeur vint nous voir quelques jours plus tard. Il réclamait un supplément à la somme déjà versée pour le voyage et la création de faux papiers devant nous assurer une sécurité envers les contrôles d’identité basiques. Il arguait du fait que la situation actuelle avait compliqué l’établissement des papiers, et que sa demande était légitime au vu des risques qu’il avait encouru pour nous permettre de venir ici. Devant notre impossibilité de lui fournir la somme exigée, il fit intervenir des hommes qui violentèrent et emmenèrent mon compagnon sous mes yeux. Etant enceinte, je ne pouvais répliquer, malgré mon expérience en combat, ce que le passeur savait parfaitement. Son réseau de communication lui ayant indiqué que j’avais été membre autrefois d’un groupe de mercenaires. C’était bien avant que je rencontre Bakary et qu’il me fasse connaitre autre chose que les armes et le sang qui régulait ma vie de tous les jours.

 

Les larmes aux yeux, pour préserver la vie de l’enfant en moi, et aussi celle de Bakary, j’ai accepté son ultimatum de 1 mois pour réunir l’argent, afin de libérer le père de mon enfant. Et aussi pour éviter que nous nous trouvions dénoncés aux services d’immigration, sans espoir d’être remboursés de la somme versée. Ce qui signifierait pour nous une mort assurée. Sans la moindre ressource pour survivre, du fait de la situation économique au Sénégal, nous n’avions aucune chance de tenir le coup très longtemps. Et je me refusais de voir mon enfant naitre avant de mourir de malnutrition là-bas. En attendant que je leur fournisse l’argent, l’homme gardait Bakary en un lieu secret. Je ne pouvais même pas demander l’aide aux autorités, du fait de notre situation irrégulière, j’étais coincée, et obligé d’obéir à ce chantage monstrueux. J’ai tenté de me rapprocher de petits commerçants de drogue ou autres trafics sévissant dans l’entourage où je vivais, mais mon état de femme enceinte refroidissait les trafiquants, jugeant mon apparence trop visible pour la discrétion recherchée de leur revendeur. J’ai dû faire face aussi au racisme de commerçants, ne voulant pas employer une « black » au sein de leur magasin, pour ne pas « effrayer » leurs clients.

 

Et j’avais toujours la crainte que l’on me réclame des papiers prouvant ma régularité dans le pays, et pouvant faire fuir tout espoir de sauver Bakary, et me destinant à être rapatrié au Sénégal, seule, et sans moyen de faire venir mon compagnon. Et surtout sans argent. La seule solution que j’aurais eu là-bas, aurait été de reprendre mon ancienne activité de mercenaires. Mais avec un enfant à charge, c’était inenvisageable. Après deux semaines sans avoir trouvé de solution, alors que le désespoir commençait à m’envahir, je suis tombé sur une vidéo sur YouTube. La plate-forme était un moyen pour moi de m’évader de ma situation, et jamais je n’aurais pensé y trouver LA solution à mon problème. Je regardais donc cette vidéo avec attention.

 

[VIDEO DU RITUEL]

 

Je l’ai regardé plusieurs fois, notant chaque détail pour être sûre de ne rien oublier concernant les éléments permettant de le réussir à coup sûr. Nous étions le 22 du mois, et la vidéo indiquait que le rituel devait se dérouler le 31 du mois, quelque soit ce dernier, et au sein d’un entrepôt bien défini, car situé au-dessus d’un portail magique. En tout cas, c’est ce qu’il me semblait avoir compris. Le jour dit, je me suis rendu au lieu indiqué par le YouTubeur ayant décrit le rituel. J’ai utilisé le temps entre la découverte de la vidéo, et le jour où le rituel devait se faire, pour réunir les objets nécessaires. Je m’approchais peu à peu, quand je vis cette fille semblant prendre la même direction. Le genre de fille à papa, bien fringuée, parée de chaussures semblant sortir d’un magasin de luxe, et de boucles d’oreille qui pourrait attirer n’importe quel petit délinquant par leur éclat. Clairement pas de la gnognotte ces bijoux. Le genre de fille qui n’avait rien à faire dans un endroit aussi mal famé qu’ici. A moins d’avoir la même destination que moi. Elle m’aperçut, et semblant comprendre que je me rendais moi aussi à l’entrepôt, elle s’approchait et s’adressait à moi :

 

« Excusez-moi… Je… Vous… Vous avez vu aussi la vidéo du rituel sur YouTube ? »

 

Je la regardais, et j’avais vraiment l’impression de voir un caniche dressé qui parlait, au vu de sa tenue. Malgré tout, je gardais en partie pour moi ce qu’elle m’inspirait, et lui demandais si elle était sûre d’avoir le courage nécessaire pour le rituel, indiquant que son allure n’était pas forcément adéquate avec celui d’une invocatrice. Rajoutant que je supposais qu’elle avait ses raisons. Tout comme moi…

 

« Je suis consciente que mon allure n’est sans doute pas vraiment très conforme à ce type d’acte… Mais je n’ai pas le choix… Je dois sauver ma famille, et ce rituel est ma dernière chance d’y parvenir »

 

D’un coup, je changeais presque d’avis sur cette petite chose. Au fond, elle était comme moi. Désespérée au point de suivre les directives d’une vidéo YouTube n’indiquant même pas si ça allait marcher, ni même si la créature allait venir à notre appel. Je ravalais un temps ma fierté, et lui indiquais de venir avec moi. Qu’elle serait en sécurité à mes côtés. Affichant un regard rassuré, elle emboitait mes pas, et nous nous préparions à entrer dans l’entrepôt…

 

CHOIX 1 : LE REFUS

 

Mais avant même que je puisse mettre ma main sur la poignée de la porte, l’impact d’une balle se logeait dans le mur, tout près de la gamine qui attendait que j’ouvre. Instinctivement, je la poussais, afin de la mettre hors d’atteinte du tireur. J’avais eu quelques soupçons ces derniers temps, sentant qu’on me surveillait, sans pouvoir en être certaine, ne voyant aucune trace d’un quelconque homme de main, où que mon regard se portait. Maintenant, je savais que mon instinct d’ancienne mercenaire ne m’avait pas trompée. Ces imbéciles, en me voyant avec la gamine, ont dû croire que j’avais cafté aux flics, ou à d’autres services. Putain, mais quelle bande de débiles ! Où ils avaient vu que des gosses pouvaient être un contact, ou un truc du genre ? De plus, les enjeux étaient trop importants pour moi, Bakary aurait du leur assurer que jamais je ne prendrais le risque qu’il se fasse descendre en ayant la stupidité de dire quoi que ce soit à quelqu’un ne comprenant pas la situation dans laquelle j’étais embourbée. La gosse était morte de trouille, et d’autres balles pleuvaient autour de nous, sans bruit. Ces enfoirés utilisaient des silencieux, et ils étaient plusieurs…

 

« Mais c’est qui ces gens qui nous tirent dessus ? Ils ne veulent pas qu’on fasse le rituel, c’est ça ? Ils veulent les pouvoirs de la créature juste pour eux ? Je ne veux pas mourir pour ça ! Dites-leur qu’on va partir et qu’on renonce au rituel ! »

 

Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer devant l’innocence ou la connerie de cette petite gourde. Tout comme je n’avais pas le temps de lui dire que c’était moi la cible, et personne d’autre. Parce que mes « stalkers » privilégiées pensaient que j’avais un peu trop parlé, et que leur « business » était menacé.  Sans rentrer dans les détails, j’indiquais à la fille de bonne famille qu’elle ne devait pas s’inquiéter. Ceux qui nous tiraient dessus se foutaient royalement du rituel, et ne devaient même pas savoir ce que c’était. 

 

C’était à cause de moi qu’ils étaient là, et uniquement moi. Je lui indiquais que j’allais les distraire, en leur disant de la laisser tranquille. Pendant ce temps, elle devait entrer dans l’entrepôt, et faire ce pourquoi elle était venue ici. Surtout qu’on ne devait pas être les seules à avoir vue la vidéo et eu l’idée de venir ici. Avant que je m’aperçoive de sa présence et qu’elle m’interpelle, j’avais eu le temps de voir la porte de l’entrepôt se refermer de là où j’étais. D’autres devaient déjà être à l’intérieur du dépôt, et avaient peut-être commencé à mettre en place les éléments du rituel. Elle aurait qu’à se joindre à eux, et ne surtout pas s’occuper de moi. J’avais l’habitude. Je m’étais déjà trouvé dans une situation similaire. Dans mon pays, loin d’ici. Alors que ce n’était pas des petits tueurs vraisemblablement embauchés sur place, et qui ne savaient pas ce dont j’étais capable, qui allaient me prendre de vitesse.

 

« Très bien. Je… je vais faire comme vous dites… J’espère que vous leur échapperez… Vous ne méritez pas de mourir… Vous avez été si gentille avec moi… »

 

J’avais envie de lui dire qu’il ne fallait pas me faire confiance aussi facilement. Les seules personnes qui peuvent être sûrs que je ne les trahirais jamais c’était Bakery… et les flingues. J’en avais d’ailleurs acheté une, en toute discrétion, chez un armurier pourri, un Polonais pas regardant sur l’utilisation qu’on avait aux produits de sa boutique, et ne demandant pas de permis de port d’armes. Et surtout à des prix défiants toute concurrence, car venant d’origine pas très claires. Mais j’ai préféré rien dire à la gamine, pour pas qu’elle perde espoir qu’il existe des gens parfaits. A l’opposé de moi. Je sortais mon arme, et tirais dans la direction des hommes m’ayant pris pour cible, criant que c’était moi qu’ils voulaient, et que s’ils voulaient m’avoir, il fallait qu’ils courent vite, et qu’ils évitent mes balles. Que moi aussi, je savais me servir d’une arme. Et pour mieux leur faire comprendre, je parvenais à toucher l’un des deux hommes au bras. Suivant mes gestes d’entrer, la gamine ouvrait la porte du dépôt, et entrait. Elle était à l’abri, et je courais tout en continuant à tirer sur les deux Men in Black.

 

Mon état de femme enceinte ralentissait nettement mes facultés de déplacement, et je ne savais pas combien de temps j’allais réussir à leur échapper. Quant à tenter de leur expliquer que je n’avais pas parlée… Mais surtout, je tenais à les éloigner le plus possible de l’entrepôt. Il était situé dans un quartier où la lumière était un luxe que pouvait pas se permettre la commune chargée de la voirie du coin. Du coup, si je les baladais suffisamment longtemps et loin d’ici, il y avait de grandes chances qu’ils ne repèrent pas où la gamine s’était engouffrée. D’autant que ce n’était pas le seul entrepôt du coin, et y’avais même pas de numéro sur les tôles pour se repérer. Mais avec une connerie comme celle-là, je pouvais dire adieu à mes rêves de vie de famille, loin de la famine qui nous guettait au Sénégal.

 

Même si je n’avais pas prévu que leurs hommes soient tellement cons. Au point de croire que je mettrais la vie de Bakery en péril, et celle de moi et mon enfant par-dessus le marché en parlant de mon problème à une gamine. Des gars comme ça, au Sénégal, ils ne feraient pas long feu en plus à tirer sans réfléchir. J’ignorais où m’emmènerait ma course, d’autant que mon ventre me faisait mal. Des contractions… Manquait plus que ça. Ça ne pouvait pas arriver au plus mauvais moment… Les douleurs s’amplifiaient, et je devais m’arrêter… Pas le choix. J’entendais les pas des tueurs se rapprocher… Mon destin était scellé. Ma seule satisfaction était d’avoir sauvé la gosse et ceux qui, comme elle, étaient venus dans cet entrepôt pour espérer obtenir les faveurs d’une créature sortie d’on ne savait où, afin de régler leurs problèmes financiers…

 

CHOIX 2 : L'AFFRONTEMENT

 

A peine entrées à l’intérieur, mon habitude d’observer tout et n’importe quoi me faisait orienter mon regard un peu partout, scrutant chaque recoin, au cas où tout ça serait une mise en scène, mise en place par ce YouTubeur, dans le but de gagner des vues en filmant les pauvres bougres étant tombés dans le panneau. Pour ça aussi que j’avais acquis un flingue, juste au cas où. Sans savoir qu’il aurait une autre utilisation que pour la défense. Sans me douter que je serais obligée de recourir à mes anciennes habitudes de baroudeuse n’accordant que peu d’importance au ressenti des autres, et de la vie en général. Tout ça parce que pour moi, la vie de mon enfant dans mon ventre, et celle de Bakery importait plus que n’importe qui sur terre.

 

Avant que la gosse, dont je n’avais pas jugé utile de demander le prénom, se joigne à moi, à l’extérieur du bâtiment, j’avais vu la porte se refermer. Je savais donc, avant même d’entrer ici, qu’on n’était pas les seules personnes à avoir vu la vidéo sur YouTube, avec vraisemblablement des motivations similaires en ce qui concernait le fric que pouvait rapporter l’invocation de cette créature. Enfin, si elle répondait à l’appel. Car la vidéo ne donnait pas d’assurance que ce serait le cas. J’étais en plein inconnu, ça ne me ressemblait pas vraiment. Moi qui avais toujours l’habitude d’établir des « plans de bataille » avant tout déplacement hasardeux. Mais là, j’avais eu peu de temps pour analyser quoi que ce soit en amont, pour savoir si tout ça était une arnaque à gogos fanas de surnaturel, et désireux de changer la donne dans leur vie merdique.

 

Du coup, je n’étais pas surprise en voyant que d’autres que moi et la gamine avaient déjà commencé la mise en place du rituel. Un pentagramme composé de sel, et des bougies sur les 5 branches. Avec en leur centre, deux peluches. Celles indiquées lors de la vidéo. Ironie du sort, avant de partir du Sénégal, ma mère m’avait donné ma vieille peluche de tigre que je pensais avoir fini dans un coin de la jungle, peut-être récupérée par des groupes de singes s’en étant servis comme mascotte. Eh ben non. Ma mère l’avait gardée religieusement, pour le cas où elle se retrouverait grand-mère, malgré mon « métier » de mercenaire. J’avais été un peu « forcée » à devenir ça en fait. On m’avait repérée, me battant comme une lionne face à un serpent qui avait élu domicile dans une caisse de provisions. Voyant mon potentiel, et bien qu’étant une fille, le chef d’un groupe armé passant dans les parages, et ayant assisté à la scène m’avait « embauché », sans demander leur avis à mes parents. Vous savez la suite. C’est comme ça que j’ai appris le maniement des armes. On arrivait à hauteur des deux autres personnes. Celles-ci se présentaient.

 

« Bienvenue au club des désespérés… Je me nomme Marion, et voici Alain »

 

« Bonjour. Vous aussi, vous êtes venus pour le rituel ? »

 

Je savais que c’était une gamine à mes yeux, mais quand même… Avoir un tel niveau de candeur, c’en était presque gerbant. Je précisais qu’ils n’étaient certainement pas là pour jouer aux dominos… Rajoutant que, vu que le travail avait été mâché, ce qui n’était pas pour me déplaire, on avait plus qu’à mettre nos peluches comportant notre sang en place. Pour montrer que je n’étais pas du même niveau, après m’être présentée, je m’entaillais un doigt avec mon canif, et versais mon sang aux 3 endroits stratégiques, évoqués dans la vidéo. La gamine se présentait dans le même temps, et je me suis retenue de rire en entendant son prénom. Annette. Candide jusqu’au bout. Puis, je jetais ma peluche ensanglantée au milieu des autres, au centre du pentagramme, avant de m’asseoir. De toute façon, y’avait rien d’autre à faire que d’attendre désormais. Annette tremblait comme une feuille, osant pas se piquer. C’était pathétique…

 

« Tu veux que je le fasse à ta place ? Je vois que tu n’as pas l’air très rassurée… »

 

« Je… Je veux bien… C’est pas que j’ai peur… Mais j’ai horreur de la vue du sang… »

 

« Ne t’inquiète pas, je suis certain que Marion saura faire ça sans douleur »

 

« J’ai confiance, pas de souci… »

 

« Tu peux fermer les yeux, si tu veux. Ce sera vite fait…Tu ne sentiras presque rien… »

 

Annette couinait en se faisant piquer, ce qui me faisait rire. Je lui indiquais qu’elle était vraiment une chochotte, lui demandant comment elle aurait fait sans aide. L’unique représentant mâle de notre groupe y allait alors de son couplet :

 

« Vous êtes dur, Claire. Elle est jeune, et elle a peur, tout comme nous. On ne sait pas ce qu’elle a vécue. Ce n’est pas très gentil de se moquer sans savoir »

 

Une intervention qui me fit hurler intérieurement. Je lui répliquais en lui demandant s’il était son psy, et que je n’étais pas là pour jouer les baby-sitters. Que leurs vies ne m’intéressaient pas, seul comptait la raison pour laquelle je me trouvais ici. Marion aidait alors à verser le sang sur sa peluche, avant de la disposer avec les 3 autres.

 

« Ne panique pas. Tu sais, on est tous comme toi, pas vraiment rassurés. Mais on est ensemble, alors il ne peut rien nous arriver. On a juste à s’entraider »

 

« Marion a raison. C’est un peu angoissant pour nous comme pour toi. Mais on n’est pas là sans raison. Tu es venue ici dans quel but pour ta part ? D’ailleurs, en attendant de savoir si le rituel a fonctionné, et que la créature apparaisse, ce serait bien de se dire nos parcours respectifs. De façon à savoir ce qui nous amène tous… »

 

Comme je voulais me débarrasser de cette phase, je commençais en expliquant mes raisons. Annette, Alain et Marion prirent la suite. Au bout d’un moment, après un temps qui me paraissait des heures, pensant que j’étais venue ici pour rien, et m’apprêtant à partir, le sol se mit à trembler. Fortement. Et nous vîmes tous les peluches se faire « absorber » par ce dernier, et une immense lumière noire émergea alors. Et la créature se montrait. Je n’y connaissais pas grand-chose en démonologie, mais ce qui se présentait devant nous n’avait rien de « classique » dans sa morphologie. Un corps nu, plein de tatouages, avec des sortes de tiges sur la tête. Elle s’adressait alors à nous, nous expliquant qu’un seul d’entre nous pourrait profiter de ses services. Et que nous devions décider entre nous qui serait « l’élu ». Précisant que nous devions faire vite. Car si nous n'avions rien décidé dans la demi-heure, il se chargerait de choisir. En nous tuant tous, sans exception. Pour se payer de son déplacement pour rien.

 

Devant le sourire de la créature qui montrait clairement qu’elle ne plaisantait pas, je pris les devants. Le destin de Bakery et de mon enfant valait bien plus que tous ceux présents. Je n’hésitais pas une seconde, sortais mon flingue, et tirait dans leur direction. Annette fut la première à tomber, touché en pleine tête. Alain, lui, prit une balle à la jambe droite, avant que mon foutu flingue vendu par ce polonais s’enraye, me mettant dans une colère noire. Alain et Marion en profitèrent pour s’enfuir. Le temps de parvenir à décoincer mon arme, ils avaient déjà rejoint la porte de l’entrepôt. Je tirais quand même, mais mes balles finirent dans la porte et le mur.  Je restais seul avec la créature, se félicitant de mon acte, l’ayant beaucoup distrait. Il me demandait alors ce que je désirais. Si j’avais une somme particulière à demander, et dans quelle monnaie. Précisant qu’il pouvait m’offrir tout l’argent que je désirais dans la limite de ce que je pouvais emporter avec moi. Il ne faisait pas de portage à domicile.

 

Ça devait être ce qu’on appelait l’humour démoniaque, mais franchement je m’en foutais. Mon passé de mercenaire et ma rapidité d’action m’avait offert ce que j’étais venu chercher. C’était dommage pour la gosse. Je savais son objectif en venant ici. Sa famille allait vraisemblablement finir à la rue, en plus de devoir supporter son deuil, mais je m’en foutais. Appelez-ça de l’antihumanisme, aucune importance. Moi, ma famille allait devenir une réalité. Je demandais à la créature une somme plus importante que ce que je devais fournir au passeur. Vu que j’avais le choix. Je vidais mon sac du matériel. Les bougies, le sel. J’avais plus besoin de ça, et ça me ferait plus de place pour l’argent à emporter. J’avais bien remarqué à ce moment le sourire de la créature, mais je me disais que c’était la nature des démons d’avoir toujours l’air de se foutre de notre gueule, et après avoir refermé mon sac, rempli de l’argent fourni par le démon ou quoi que ce soit qu’il était, je repartais d’où je venais. Je sentais une chaleur extrême dans mon dos, ainsi qu’un rire qui me fit frissonner, au moment où j’empoignais la porte. Je ne me retournais pas, et dès que j’étais dehors, j’appelais le passeur, lui demandant où je devais lui amener l’argent. Il me donnait rendez-vous le lendemain dans le logement qu’il nous avait fourni, à Bakery et moi.

 

Ainsi, le lendemain, le passeur et 2 de ses hommes vinrent à l’appartement. Avec Bakery. Ce dernier se jetait dans mes bras, pleurant comme un bébé. A se demander qui était l’homme dans notre couple. Mais c’était aussi ça qui avait fait que j’étais tombée raide dingue de lui. Cette petite fragilité dans certains moments, mélangée à de la force. Mais notre petite réunion tournait court, car je découvrais le pourquoi du sourire de la créature dans le dépôt. Il m’avait trompée. Le passeur, ouvrant le sac où j’avais transvasé seulement la somme demandée, cachant le reste ailleurs dans le logement, faisait la grimace, me fixant, m’indiquant qu’il ne trouvait pas la blague drôle, et il tirait dans le crâne de Bakery, qui s’abattait au sol, me faisant hurler. Je tombais à genoux, demandant pourquoi. J’avais fourni l’argent. Là, le passeur lançait une liasse des billets. J’en prenais un au hasard, et je voyais l’arnaque dont j’avais été victime. Le billet ne comportait qu’une face. Comme s’il s’était agi de celui d’un jeu de société, style Monopoly.

 

Alors, j’avais fait tout ça pour rien ? J’avais tuée cette gamine pour arriver à ce résultat ? J’avais souffert pour finir par tout perdre ? Non, je refusais de finir comme ça. Fidèle à mes habitudes, j’avais mon arme sur moi, cachée dans une de mes bottes. Avant même que le passeur se décide à m’exécuter à mon tour, je tirais, après avoir sorti le flingue d’où il était. Le passeur fut tué sur le coup, une balle l’ayant touché en plein cœur. Les gorilles n’eurent pas le temps de réagir, que je tirais sur leur crâne, les faisant s’écrouler. Sans plus attendre, je sortais de l’appartement en vitesse, courant dans les rues au hasard, sans trop savoir où j’allais. Avant de partir, j’avais pu récupérer les papiers avec ma nouvelle identité dans la poche de veston du passeur. 

 

Au moins, je n’avais pas complètement tout perdu. Mais désormais, je savais que je serais traquée. Traquée par la police du pays, après que le massacre serait découvert. Mais aussi par les commanditaires du passeur, qui ne manqueraient de faire en sorte de me retrouver pour me tuer à mon tour. Que j’ai un enfant, ce genre de personnes s’en moquait royalement. Depuis, je suis en fuite permanente, passant de ville en ville, vivant de petits boulots, m’ayant permis de réunir l’argent nécessaire pour me refaire d’autres papiers d’identité. Celle fournie par le passeur n’était pas fiable pour espérer leur échapper de manière permanente. Et j’effectue des recherches pour trouver un autre endroit où invoquer le démon qui avait bousillé ma vie. Et surtout un moyen de le détruire, comme il avait détruit ma famille, mes espoirs, mon rêve. Je n’aurais de cesse de découvrir comment le faire payer. Dussé-je y passer le reste de ma vie, et vendre mon âme à un de ses congénères pour y parvenir…


😉Lien des Chaines YouTube où vous pourrez retrouver les versions Vidéo de cette histoire :

 

HISTOIRES DE L'AUTRE MONDE (Alain) :

https://www.youtube.com/c/HISTOIRESDELAUTREMONDE/featured

 

LT SONY HORROR STORIES (Marion) :

https://www.youtube.com/channel/UCsYoTvVvR2FebmWnhbfowNQ

 

REINE DES ENFERS CREEPYPASTA (Annette) :

https://www.youtube.com/channel/UCnZQueJguBP3fuR-jDsCsTw

 

TERREUR NOCTURNE CREEPYPASTA (Claire) :

https://www.youtube.com/channel/UC6jWeAP1gsrezQh33QLRBmg

 

DOLI ASHES (Dessins personnages, logo, écran de fin) :

https://www.youtube.com/channel/UCxmg3sFmhaqttYDMoga5VcA

 

Publié par Fabs

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