8 oct. 2023

CEUX QUI SORTENT LA NUIT (Challenge Halloween/Jour 2)

 


 

Là d’où je viens, nous accordions énormément d’importance à ce que beaucoup appellent des mythes sortis tout droit de l’imagination. Beaucoup pensent que les créatures mises en avant dans ces contes ne sont que des symboles des ressentiments de l’être humain. Ils jugent qu’ils représentent un besoin vital de trouver des excuses à nos propres erreurs, les accusant de tous les maux que nous-mêmes avons causés. Mais ce que nombre des détracteurs des mythes indiquent n’être que des histoires farfelues sont pourtant bien réelles. Si la plupart se montrent pacifiques envers les hommes, acceptant la cohabitation de ces derniers dans leur environnement, si tant est que ceux-ci respectent l’écosystème leur donnant nourriture et matières premières, ce n’est pas le cas de tous. D’autres créatures n’ont que mépris pour la race humaine et ses actes, et il ne fait pas bon provoquer leur colère.

 

Je vis au Danemark, là où les légendes nordiques alimentent les sujets de bon nombre de films et séries dans le monde entier. C’est une contrée où les paysages le composant font la fierté de tous les Danois, et en particulier les Fjords. Ces vallées autrefois constitué de glaciers ayant cédé la place à la mer après leur fonte. Ils sont constitués à la fois d’eau douce, et d’eau saline. Un mélange formant un aspect parfois saumâtre, mais là n’est pas le plus important. Dans les fonds des fjords résident un trésor. Un sable qui attise l’intérêt d’entreprises peu regardantes sur les désastres écologiques qu’une exploitation de ce sable peu engendrer. Car le sable des Fjords est unique : résultant d’une texture résistante dû à l’eau de mer, après s’être formé par la fonte des glaciers.

 

Aujourd’hui, le sable est l’élément le plus recherché par les industriels après l’eau. Utilisé dans l’industrie, les cosmétiques, la construction, le sable est partout. Une véritable course au profit s’est mise en place ces dernières années pour offrir un sable de grande qualité, chèrement vendu. C’est à cause de ce marche lucratif qu’une société est parvenue à obtenir l’accord d’exploiter les sables du Fjord près de ma petite ville. Bien que provoquant l’indignation, la société était légale. Et ce n’étaient pas les légendes locales leur prédisant le malheur et le danger de subir la colère des protecteurs ancestraux des Fjords qui auraient su arrêter leurs ambitions. Mal leur en a pris, d’autant que l’on approchait d’Halloween, période propice à briser l’espace entre les mondes séparant les hommes des créatures les plus belliqueuses, dès lors qu’on envahit leur territoire.

 

A dire vrai, je ne sais pas trop si c’est la proximité d’Halloween, fêté en grande pompe au sein de l’usine d’exploitation de sable des fonds du Fjord qui a provoqué la suite. Ou si parce que le hasard a fait que ladite usine a été fini de construire peu de temps avant cette date, et débutant donc son ouvrage dans la foulée. Le fait est que les rares survivants au drame, qui a été relaté ensuite dans les journaux locaux, ont indiqué que des sortes de hululements se sont fait connaitre de manière régulière chaque soir. Des ouvriers terrifiés ont relaté avoir été témoins de la présence d’ombres noires sortant des murs. Et malgré leur apparence fantomatique, ces apparitions étaient capables de causer de gros dégâts dans plusieurs ailes de l’usine. Bien sûr, les dirigeants ne voulaient pas croire ce qu’ils considéraient comme des hallucinations de la part d’employés qu’ils soupçonnaient de boire un peu trop la nuit.

 

Cependant, les faits se sont accentués de plus en plus à l’approche d’Halloween. Comme si cette nuit à venir augmentait la force et la présence de ces créatures ne sortant que la nuit, et ciblant l’usine et ses occupants. Sans doute une forme de message pour indiquer qu’ils n’étaient pas les bienvenus aux abords du Fjord. Malgré les réparations incessantes des dommages attribués aux employés porteurs de ces « élucubrations stupides », la direction de l’usine refusait d’envisager de stopper l’exploitation.

 

Elle pensait que les témoins des ravages étaient des membres d’associations écologiques, s’étant fait embaucher dans le but de forcer le départ de la société de la région, en se servant des légendes locales. Aux licenciements pour fautes graves, se succédèrent néanmoins des démissions. Ce qui inquiétait les dirigeants voyant leurs effectifs diminuer de manière drastique. Ils décidèrent, pour calmer les rumeurs, d’organiser une fête d’Halloween au sein de l’usine, afin de prouver que toutes ces croyances n’avaient pas de fondements. Mais cette nuit-là, ils durent se rendre à l’évidence. Les créatures évoquées les jours précédents, accusées des divers dégâts par les employés, sous les moqueries des patrons se montrèrent en nombre. Des ouvriers observants au-dehors annoncèrent très vite que des ombres sortant de l’eau s’avançaient vers l’usine. Des silhouettes conformes aux légendes parlant des fameux Genfaerd.

 

Des sortes de revenants. Mais contrairement aux fantômes habituels européens, les Genfaerd, esprits de marins dont les corps avaient échoués jusque dans le fjord, possédaient une forme corporelle pouvant agir sur n’importe quoi : objets comme humains. Ils pouvaient traverser n’importe quelle matière. Et surtout, ils étaient de fervents défenseurs de leur territoire ne supportant pas l’intrusion d’étrangers sur les abords de ce qui constituait leurs terres. A savoir le Fjord où avait élu domicile l’usine. La présence de celle-ci avait provoqué leur courroux, et le jour d’Halloween avait accentué leur force et leur faculté de se déplacer en nombre. Car les minces frontières entre leur monde spirituel et le nôtre à cette date leur permettait de ne plus avoir à se contenter de passages de quelques individus pour des actions punitives. Les rescapés ont évoqué un carnage sans nom. Les Genfaerd massacrant allègrement tout personne sur leur chemin, détruisant les installations dans le même temps, ceci dans une fureur sans équivalent, garnissant les machines, les murs et les sols du sang et des entrailles des victimes tombant sous leurs mains.

 

Seuls 4 personnes sur les 150 qui composaient le personnel de l’usine purent échapper à cette nuit d’Halloween sanglante. Ils racontèrent leur histoire à qui voulait les entendre. 3 d’entre eux furent suivis dans un centre psychiatrique. Le 4ème a été retrouvé sur le sol de son appartement, après s’être gavé de tranquillisants, deux jours après les faits. Les voisins indiquèrent à la police que cela faisait plusieurs nuits qu’il était en proie à des cauchemars récurrents, hurlant que les Genfaerd venaient le prendre pour finir le travail. Une semaine plus tard, les journaux relatèrent que les 3 autres survivants avaient été retrouvés dans leurs cellules, gisant dans leur sang. Ils s’étaient arraché les cordes vocales et énucléés.

 

 L’exploitation de l’usine fut stoppée après cette nuit, et plus aucune société n’a pris le risque de prendre la suite. Ni a ce fjord, ni à aucun autre, ne voulant pas attirer la colère d’autres Genfaerd. Les autorités n’ont jamais précisé officiellement que cette décision était du fait de ces créatures mythiques, par peur du ridicule. Mais tout le monde sait bien que c’est la raison principale du désir de ne plus exploiter les sables des Fjords danois. Alors, si vous aussi vous voulez venir voir la beauté de ces lieux enchanteurs, ne vous y aventurez pas la nuit, sous peine de provoquer la venue de leurs protecteurs. Surtout si Halloween approche à grand pas…

 

Publié par Fabs

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