17 oct. 2023

L'EPOUVANTAIL D'AMSTERDAM (COFFEE SHOP) (Challenge Halloween/Jour 16)


 

Comment peut-on définir ce qui est surnaturel ou non ? Comment déterminer ce qu’on pense être issu d’une réalité que nos parents, nos professeurs, nos connaissances tout au long de notre évolution, soit bien ce que nos yeux pensent voir, et pas une sorte de fantasme, d’hallucination créée par notre cerveau puisant dans nos souvenirs, nos peurs, ou quelque chose du même style ? Je crois qu’il n’y a pas de vraie réponse à cette interrogation. Alors, oui, je ne suis peut-être pas le meilleur exemple pour parler de ça, du fait de mon passé pas vraiment reluisant, où drogue, alcool et autres « récréations » faisant bouger le cerveau dans tous les sens ont ponctués ma vie. Mais ce que j’ai vu cette fois-là, le soir d’Halloween, je m’interroge encore aujourd’hui sur ce qui s’est véritablement passé. J’ai beau me retourner le cerveau le plus possible, fouiller dans mes souvenirs de cette soirée festive à un haut niveau, et cette fois sans catalyseurs interdits, je ne peux pas donner d’explication. Et mes excès de cette vie d’alors n’expliquent pas tout.

 

Je ne cherche pas à me donner d’excuses, loin de moi cette idée, mais je n’ai pas vraiment eu une vie qui m’ai incitée à suivre un chemin « droit » comme on dit. Mes parents se déchiraient continuellement pour des conneries sans importance. Genre : le nombre de glaçons dans le verre à whisky de mon père, trop importants selon lui, et l’ayant fait remarquer à ma mère qui les avait mis ; le programme TV du soir, en se servant de moi comme justification, car fallait un truc qui ne « brusque » pas mon jeune âge selon ma mère, alors que mon père prônait qu’il fallait que je m’endurcisse à connaitre la vraie vie telle qu’elle est. Bref, vous voyez le topo ? C’était comme ça tous les jours, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Le nombre de fois où ils se prenaient la tête alors qu’ils venaient de se coucher, nous empêchant de dormir, mon frère et moi, je ne les compte plus.

 

Et ça se finissait toujours de la même façon : mon père se vautrait dans le canapé du salon, avec une couverture prise au hasard dans l’armoire, sans prendre le temps de ranger les autres qu’il avait fait tomber en cherchant, et causant une nouvelle dispute quand ma mère s’en rendait compte le lendemain matin. Je ne me souviens même pas d’une seule fois où on a eu un repas sans engueulade. Et il ne fallait pas compter essayer de leur dire s’ils ne pouvaient pas éviter de faire ça à table. Parce que là, c’est nous qui prenions. Je vous rassure : aucun des deux ne nous frappaient. Non, là-dessus, ils étaient clean. Mais par contre, nos oreilles sifflaient.

 

 -  De quoi j’me mêle ? C’est pas un gosse de 12 ans qui va me dire c’que j’dois faire… Occupe-toi d’tes affaires…

 

 -  Pour une fois, je donne raison à ton crevard de père ! C’est nous les adultes ! C’est nous qui payons les factures que je saches ! Toi, en dehors de passer ton temps à écouter les niaiseries des tes profs qui te serviront jamais dans la vie, tu fais quoi ? Ah oui : jouer à ta console qui a coûté une blinde, et lire tes comics à la con…

 

 -  La console, c’est papi qui l’a acheté, je te rappelle…

 

 -  Et alors ?!!! ça revient au même. Et ton grand-père aurait jamais dû t’acheter cette merde qui t’abrutit le cerveau !

 

Dans ces moments-là, je préférais ne pas répliquer. Je me murais dans le silence, mon frère aussi, et on mangeait notre repas. Enfin, notre repas… Si on peut appeler ça comme ça… Ma mère détestait faire la cuisine, prétextant qu’elle n’avait pas « signé » pour être la boniche de service. Alors, dans 95 % des cas, c’étaient des plats préparés. Les rares exceptions avaient la forme de pâtes trop cuites, ou d’œufs à moitié cramés. Mais on ne pouvait pas trop se plaindre. Au moins, on avait à manger. Je me disais que d’autres que nous avaient pas cette chance d’avoir une assiette remplie chaque jour, et qu’ils sacrifieraient leur âme pour être à la place de moi et mon frère, même en supportant mes parents exécrables.

 

Et à cette vie de famille merdique se rajoutait les blagues à deux balles des petites frappes du lycée sur nos choix d’habits ou nos couleurs de cheveux, étant adeptes, mon frère et moi, de la mode « Emo ». Vous savez ce courant très présent chez les fans de mangas et d’anime, d’adopter une coiffure identique à nos héros préférés. Donc, forcément pas très conventionnelle, et avec des couleurs flashy. Rose, bleu, rouge, jaune… Vous voyez le truc ? Et comme en plus, j’avais un visage efféminé, et le corps pas très robuste, je vous laisse imaginer les remarques cinglantes que je recevais, et mon frère guère mieux, bien que lui, il était plus robuste. On était encore à une époque où les préjugés homophobes étaient très présents, en tout cas dans notre lycée, et le moindre look pouvant faire penser appartenir à ce que beaucoup pensaient être un « signe », ça entraînait des regards fuyants, des insultes parfois à demi-mots dont je vous ferais grâce de la nature, quand ce n’étaient pas des bousculades « involontaires », mais comme par hasard toujours ciblées sur moi et mon frangin…

 

Bref, un quotidien qui n’incite pas à se motiver à se plonger dans les études, au vu de l’ambiance qu’il y avait autour de nous. Les rares fois où notre « dégaine » était plus ou moins tolérée, c’était lors de la période d’Halloween. Là, du coup, on se fondait dans la masse, chacun des lycéens se parant des couleurs toutes plus délirantes les unes que les autres, sans parler des costumes limite cosplay, sans que les professeurs puissent dire quelque chose. Vous avez dû sûrement connaître ce genre d’établissement scolaires où la parole des gosses insupportables valait plus que les preuves d’indiscipline de ces mêmes gosses, montrées à leurs parents, aux yeux du directeur, qui ne s’intéressait qu’au fait d’éviter les conflits avec les géniteurs de ces nombreux losers, ne voyant le lycée que comme une cour de récréation grandeur nature. Et certainement pas comme un lieu d’études. Le pire lycée du monde, mon frère et moi on était tombé dessus…

 

Peut-être que certains ont connus ça : pour mettre de côté ces emmerdes régulières, on a cherché des distractions à même de nous faire oublier, même pour quelques heures, cette vie nous laissant l’impression d’être dans une succursale de l’enfer. C’est comme ça qu’on a été amené à être mis en contact avec des petits dealers qui officiaient au sein du lycée. Des « vendeurs de rêve », c’est comme ça qu’on les appelait, qui nous ont fait goûter à des plaisirs appréciés : shit, ganja, haschisch, parfois des produits plus « exotiques », voire même des « prototypes » dont on était les cobayes parfaits. L’argent n’était pas un problème pour nous, contrairement à ce que la description de notre vie de famille a pu vous faire penser. Mon père était un poivrot passant plus de temps dans les bars qu’à la maison, et quand il y était, c’était pour se prendre la tête avec ma mère. Elle, de son côté, était une feignasse de première, se pâmant à longueur de temps devant des sitcoms à deux balles, ou des clips des artistes qu’elle adulait. Mais malgré ces apparences, notre famille était très aisée.

 

Maman rêvait d’être une chanteuse, mais elle avait la pire voix qui puisse exister. Elle avait même claqué un prix pas possible pour un ensemble sono avec micro, juste pour « parfaire sa voix », persuadée qu’elle percerait un jour. Elle postait même des vidéos de ses « prestations » sur YouTube et ailleurs. Je vous laisse imaginer les commentaires qu’elle recevait des haters, qu’elle insultait en masse, sans se rendre compte qu’elle faisait le jeu de ces chercheurs de merde en faisant ça. Pour elle, sa voix était parfaite : c’étaient eux qui avaient des oreilles malformées. Quand elle était lancée dans son délire, de toute façon, valait mieux pas dire le contraire de ce qu’elle pensait d’elle. Même mon père, pourtant pas le dernier à s’engueuler avec elle, il préférait sortir boire avec ses potes au bar du coin, plutôt que se prendre la tête avec Maman, et l’écouter lui casser les oreilles. Un des rares choses avec laquelle j’étais d’accord à 100 %.

 

Du coup, mon frère et moi, dans ces instants-là, on mettait un casque sur nos oreilles, on s’allongeait sur nos lits, vu qu’on partageait la même chambre, et on planait grâce à nos petites « friandises », le nom qu’on donnait à nos boulettes, nos savonnettes et autres, nos extases qui nous envoyait dans une dimension autre que le nôtre, où rien de ce qu’on vivait au quotidien chaque jour n’existait. Des mondes pleins de couleurs, de personnages tous aussi zarbis les uns que les autres, de rues ressemblant à des tremplins nous envoyant dans des piscines d’étoiles et autres délires. On ne prenait jamais de drogues dures. C’était comme une règle pour nous. Aucune piqûre, ou de sniff de colombienne et compagnie. Trop dangereux. On avait déjà vu des clients de notre dealer avoir eu des overdoses, vu qu’il vendait aussi ces types de produits. On aurait préféré ne pas être là quand c’est arrivé. 0n prévenait le Samu, de manière anonyme, en indiquant l’adresse, mais on se tirait juste avant qu’ils arrivent.

 

On savait très bien que la police viendrait dans le même temps, vu que ça concernait la drogue, et on voulait éviter de se faire embarquer, et que nos parents découvrent qu’on s’adonnait à ce plaisir qu’il ne comprendrait pas, avec leurs esprits restreints… On n’était pas fiers quand on faisait ça, je vous rassure, mais nous retrouver dans un centre de désintoxication ou de redressement, très peu pour nous. On vivait déjà un enfer avec nos parents et au lycée, pas la peine de se retrouver dans un autre. Et il y avait de fortes chances qu’on se retrouve séparés en plus de ça, ce qui n’était même pas envisageable pour nous. On était comme deux doigts d’une main. On vivait les mêmes galères chaque jour, subissant les mêmes paroles blessantes, les mêmes remontrances des professeurs jugeant qu’on ne se donnait pas à fond pour réussir nos études… Pauvres imbécile ! C’est tellement facile de juger quelqu’un quand on ne connaît pas ce qu’il vit …

 

On ne pouvait pas imaginer faire quelque chose l’un sans l’autre. Cette complicité, ces fous rires passé ensemble quand on planait, je ne peux même pas vous définir à quel point c’était important pour nous. Et en grandissant, cette fraternité n’a fait qu’augmenter. Même avec les filles, on se partageait tout. Ça donnait lieu à des soirées orgiaques parfois, mais on avait décidé de vivre pleinement notre vie, sans tabou, sans limites, sans la moindre frontière. Ça ne nous a pas empêché de trouver un travail, employés au même endroit, et de nous trouver un appartement dans notre ville, ce qui nous a permis de nous libérer de la toxicité de nos parents. Curieusement, il a fallu notre départ pour que ces derniers se rendent compte qu’on existait, alors qu’ils nous ghostaient en permanence, ne s’occupant pas de notre parcours scolaire.

 

Pas une fois ils ont assistés à une réunion parents-professeurs. Certains pensaient même qu’on était orphelins à force de jamais voir nos géniteurs. Ce qui ne simplifiaient pas les relations avec les autres élèves non plus. Ils se foutaient de nos passions, de nos goûts artistiques et de tas d’autre chose. Seule leur petite personne les importait. Et une fois partis de leur vie, on n’arrêtait pas d’avoir des appels au téléphone de leur part. Le monde à l’envers, vous ne pouvez pas imaginer. Et les conversations étaient lunaires parfois. Maman s’inquiétant de ce qu’on mangeait, si on faisait le ménage. Papa, lui demandait des détails sur notre vie au boulot, nos collègues, notre patron, et si on avait des petites amies… Lunaire, je vous dis… Pour autant, malgré nous être sortis de leur entourage ô combien détestable, on n’a pas pour autant arrêté la consommation de nos petites « récréations ».

 

On dosait un peu plus les moments, pour ne pas prendre le risque de se retrouver « stone » au travail, ce qui aurait été moyen comme impression, surtout auprès de notre boss. Surtout qu’on avait un feeling avec lui qui était top de chez top. Une sorte de tonton qui cherchait toujours le meilleur pour nous. Il ne le disait pas aux autres employés, mais on bénéficiait souvent de petits « extras ». Des tâches supplémentaires, pas crevantes, bien au contraire, mais qui permettait de justifier des petites sommes rondelettes, en plus de notre salaire officiel. On ne savait pas trop ce qui le motivait à faire ça pour nous, mais on soupçonnait que c’était notre complicité de frangins qui lui avait « touché le cœur », selon l’expression. 

 

Il n’a jamais trop parlé de son passé avec nous : c’était un sujet qu’il évitait comme la peste. Mais on supposait un drame bien corsé, l’ayant fait séparer de ses enfants, qui était en cause. On savait qu’il avait deux fils, des jumeaux. Il y avait une photo d’eux dans un cadre sur son bureau. Mais aucune de la maman. Un divorce ayant tourné à son désavantage et l’ayant privé de la garde de ses fils était le plus probable. Mais on le respectait trop pour le forcer à nous en dire plus. Non, c’était très bien comme ça. C’était plus qu’un patron, c’était un ami et quasiment un membre de notre famille. Il nous appelait toujours « les enfants » d’ailleurs. C’était chaleureux. On n’avait jamais connu ça avec nos darons. Même si ces derniers tentaient de réparer les erreurs du passé, pour nous, il y avait une brisure entre eux et nous, qui ne pourrait jamais être réparée. Et Salim, notre boss, notre tonton comme on l’appelait entre nous, il avait comaté les fuites, rebouché les trous de ces années de tendresse perdue.

 

Et à l’approche d’Halloween, il nous a fait le meilleur des cadeaux : une semaine complète à passer à Amsterdam. On s’est longuement interrogé sur le pourquoi du choix de cette ville. Il nous a bien dit qu’il connaissait très bien les lieux, pour y avoir vécu une partie de sa vie, un petit détail qu’il nous confiait de son passé secret, mais on sentait qu’il y avait autre chose. On se demandait s’il n’était pas au courant de notre « passion » des drogues récréatives, mais que ça ne le dérangeait pas, tant qu’on faisait notre taf. Du coup, on le respectait encore plus pour ça. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé au paradis des fumeurs de joint, l’Eden des Coffee Shop. Impossible de pas profiter de ces lieux indissociables de la ville lors de ce séjour offert par notre cher « tonton ». D’autant que l’hôtel où on séjournait avait déjà été payé intégralement pour toute la semaine. On avait juste à nous préoccuper de la bouffe.

 

Et comme on se contentait de peu, on savait que l’essentiel de notre séjour, le plus gros de notre argent, on allait le passer dans les lieux emblématiques d’Amsterdam, qui, avec les célèbres « vitrines » bien sûr, était incontournable pour tout touriste. Surtout pour des consommateurs, des habitués de la « fumette » tels que nous. La semaine fut magique. On planait en quasi-permanence chaque jour, passant d’un Coffee Shop à l’autre, avec juste des haltes dans les bars, pour accompagner nos petites doses quotidiennes. C’était le pied total. On aurait aimé vivre ici pour toujours. D’autant que la communication était plus facile qu’on ne l’aurait cru, grâce à notre solide anglais parlé. On a même eu droit à des « cadeaux bonus », en tant que très bons clients. C’est pour dire à quel point on était appréciés. Et puis, certains connaissaient bien notre patron, quand on a évoqué « tonton » au fil de conversations. On aurait pu en savoir un peu plus sur son passé, mais on ne voulait pas profiter de la situation. Ça n’aurait pas été honnête de notre part envers lui, alors qu’il nous avait offert ce magnifique cadeau qu’était ce séjour inoubliable. Et puis, il y a eu ce fameux soir d’Halloween. Celui que je vous ai évoqué au début de ce récit, et qui a changé pas mal de choses pour mon frère et moi. Pas pour les mêmes raisons cependant. Mais tout aussi dramatique l’une que l’autre. L’une des deux raisons de notre « transformation psychologique » ayant rappelé de mauvais souvenirs à nos mémoires.

 

On était donc le soir d’Halloween. Comme le reste de la semaine, on venait de finir notre « tournée » des Coffee Shop, et on avait eu un nouveau bonus de la part d’une des anciennes connaissances de notre « tonton ». C’est là qu’on a su ce qui avait poussé Salim, notre boss, à quitter Amsterdam. Lui aussi, c’était un bon client. Un très gros consommateur même. Complètement accro. Trop. Il était marié depuis 3 mois. Une rencontre qui s’était fait justement dans un des Coffee Shop qu’il fréquentait. Lui et Daria, sa future femme, ont eu un coup de foudre. Ils faisaient la fête très souvent, jusqu’au jour a apprise qu’elle était enceinte. Des jumeaux. Salim et elle prenaient des précautions en règle générale, pour éviter un « imprévu ». Mais l’excès de drogues leur faisaient parfois commettre des « oublis » regrettable.

 

Et l’un d’entre eux a fait qu’un soir, pile un jour d’ovulation pour Daria, Salim a omis de mettre un préservatif, comme il le faisait habituellement. Daria ne prenait pas la pilule, car l’un des composants du produit était en incompatibilité avec son corps. On n’a pas trop su les détails. A partir de là, le comportement de Daria a complètement changé. Se sachant bientôt mère, elle a décidé d’arrêter la drogue, ne voulant pas prendre de risques pour la santé de ses bébés. Elle refusait d’avorter, malgré la demande de Salim. Et il l’aimait trop pour s’offusquer de quoi que ce soit venant d’elle. Il a même accepté de se marier avec elle, pour justifier de la future naissance auprès des parents de Daria, qui étaient assez vieux-jeu en la matière. Il a tenté de se soustraire au monde de la drogue et des  Coffee Shop lui aussi, mais il n’avait pas la même volonté que Daria. Il adorait ses enfants, jouait toujours avec eux dès qu’il en avait l’occasion, passait des moments pleins de tendresse avec sa jeune épouse. Mais l’envie de ses penchants naturels pour les drogues étaient plus forts que son désir d’avoir une vie de famille épanouie, et la promesse qu’il avait fait à Daria d’arrêter d’en prendre, pour le bien de leur couple. Elle a fini par apprendre qu’il n’avait jamais véritablement stoppé sa consommation et ses « visites » dans les Coffee Shop, qu’il n’avait pas respecté sa promesse. Elle a piqué une crise, et a demandé le divorce, obtenant plus tard d’avoir la garde exclusive des jumeaux. Il n’a jamais pu les revoir. Daria avait également fait faire une main courante pour ne plus qu’il s’approche d’elle et ses enfants.

 

Cela l’a profondément marqué, et il a décidé de quitter Amsterdam et ses excès, vivre une autre vie ailleurs. Mon frère et moi, on a pleuré en entendant l’histoire de Salim. On imaginait un drame, bien sûr, mais pas aussi cruel. Salim avait des torts, c’était certain, mais la décision de Daria avait été tellement cruelle envers lui… On promettait de ne rien lui dire de ce qu’on avait appris à notre retour en France auprès de Colleen, le patron du Coffee Shop qui nous avait fait ces confidences. Mais ça nous avait quelque peu bouleversé. Du coup, on a un peu surestimé notre capacité à supporter un excès de drogue. On était déjà bien stone quand on est sorti de la boutique, et mon frère encore plus que moi. A ce moment, je ne m’imaginais pas que c’était au-delà de ce que son corps pouvait accepter. Le retour à notre chambre d’hôtel a été compliqué, mais on est finalement arrivé à bon port, malgré nos titubations régulières.

 

Mon frère ne tenait pratiquement plus debout. J’ai dû l’allonger. Au bout d’un moment, je me suis inquiété de son manque de réactivité. Je voyais même plus ses muscles bouger. J’ai paniqué. Je l’ai secoué, giflé, mais il ne réagissait pas. Il faisait une overdose, c’était certain. Il avait les mêmes yeux que ceux auxquels on avait assisté, lui et moi, quand on était plus jeunes. J’ai immédiatement appelé les secours avec mon téléphone, suivant les recommandations de la personne au bout du fil, pendant qu’une équipe était envoyé à l’hôtel. Leur venue a été assez rapide, car on a eu de la chance dans notre malheur. Les gars des secours venaient d’intervenir au domicile d’un autre cas d’overdose, mais en arrivant sur place, il était trop tard, et la police a pris la suite. 

 

Du coup, quand j’ai appelé, ils étaient tout près, ce qui a réduit l’attente. Ils sont parvenus à faire repartir le cœur de mon frère qui s’était arrêté un instant, et le ramener à un rythme cardiaque stable, avant de l’emmener en urgence à l’hôpital. Je n’ai pas pu les accompagner, à cause de mon état pas vraiment mieux. Ils m’ont d’ailleurs fait passer plusieurs tests pour être sûr que j’allais bien, mais mon corps avait été plus résistant. Mais je tenais à peine debout. Un des ambulanciers voyant que mon état ne nécessitait pas de m’emmener également, il se contenta de me procurer des fortifiants et des médicaments dont je serais incapable de vous dire ce que c’était. Il précisait qu’à la moindre alerte me voyant « partir » moi aussi, de rappeler immédiatement. Et m’incitant à procéder à un lavement d’estomac dès le lendemain, dès que je serais d’attaque à me rendre à l’hôpital également. Ça serait l’occasion de prendre des nouvelles de mon frère.

 

Après leur départ, je me suis allongé, espérant pouvoir m’endormir, le temps que les médicaments ingurgités fassent effet, et dissipent quelque peu l’effet de plénitude dû aux drogues consommées. Mais au bout d’une heure, j’étais incapable de fermer les yeux et de dormir. Frustré et énervé de fixer le plafond, et inquiet aussi de l’état de mon frère, je décidais de sortir, après avoir constaté qu’il n’y avait plus rien de consommable dans le petit frigo qu’on avait dans la chambre. Une autre « option » dont nous avait gratifié cher Salim. Je savais qu’il y avait une petite boutique un peu plus bas dans la rue, et je m’y rendais. J’ai dû rassurer au moins une dizaine de fois le gérant du magasin, voyant que je ne tenais pas vraiment droit encore, et me demandant si ça allait. Finalement, en sortant, j’ai eu l’impression de me sentir un peu mieux. Pas vraiment la forme à 100 % mais j’étais moins « barbouillé » que précédemment. Je me dirigeais dans la direction de l’hôtel quand je l’ai vu. Un homme, en tout cas, je supposais que c’était un homme, se tenait sur le trottoir sur le côté. Je l’ai remarqué tout de suite à cause de son accoutrement. Une sorte de tenue d’épouvantail, avec un masque en forme de citrouille, et portant une grande faux, sûrement en plastique, à la main. Il me fixait des yeux, même si je ne le voyais pas vraiment ce qui ne me rassurait pas vraiment. Mais ça m’agaçait, et j’ai fini par m’adresser à lui :

 

 -  Tu me veux quoi, toi ? Je sais que c’est Halloween, mais je suis pas d’humeur à faire la bringue avec toi. Trouves-toi un autre copain pour jouer !

 

Pour toute réponse, l’homme s’est mis soudain à courir dans ma direction, levant la faux au-dessus de lui, dans un geste évident de vouloir m’en asséner un coup. Malgré mon état second, et titubant encore un peu, j’ai paniqué et j’ai fui, courant aussi vite que je le pouvais. L’hôtel n’était pas loin, mais vu à la vitesse à laquelle il courait, le temps que je parvienne à ouvrir la porte de l’entrée principale, je risquais de me prendre un coup de sa faux, qui ne me semblait plus vraiment être du plastique du coup, avant même que j’ai mis la main sur la poignée, ou être parvenu à alerter la personne à l’accueil à l’intérieur. J’ai donc continué ma course, tentant d’échapper à ce fou furieux. Si c’était un jeu pour Halloween, une animation ou un truc comme ça, je ne trouvais vraiment pas ça drôle.

 

Je tentais de demander de l’aide aux gens autour, criant, mais ceux -ci souriaient, pensant assister à un spectacle de rue dans le cadre de la fête. D’autant qu’eux aussi étaient déguisés, et que les musiques dans la rue, les décorations en hauteur et dans les vitrines des magasins autour accentuaient l’immersion des festivités. Alors, forcément voir un épouvantail avec une faux courser une « victime », ça n’était pas vraiment surprenant pour quiconque, et je me retrouvais dans l’impossibilité de faire comprendre aux gens que ce gars derrière moi n’était pas là pour jouer un rôle, et surtout que je n’étais pas consentant à son manège terrifiant à plus d’un titre. J’ai tenté de lui échapper à plusieurs reprises, continuant de hurler, en espérant que quelqu’un de censé finirait par comprendre que je ne simulais pas ma peur, mais en vain. 

 

Non seulement, toutes les personnes croisées avaient la même réaction que les précédents passants, mais j’avais l’impression que, quelle que soit la personne sous le costume, elle semblait anticiper tous mes déplacements. Nombre de fois, je me suis engouffré dans des petites rues pour lui échapper, ou au moins le ralentir, et, à chaque fois, pensant qu’il était loin derrière moi, et que j’avais réussi à le distancer, je le voyais devant moi, m’attendant, avant de me courser à nouveau, et m’obligeant à faire demi-tour.  Je fatiguais, désespérant de pouvoir échapper à ce dérangé qui avait une façon de fêter Halloween que je n’appréciais pas du tout. Je lui criais d’arrêter sa comédie, mais il n’en tenait cure, et continuait de m’obliger à fuir. J’ai bien failli subir la lame de sa faux à deux ou trois reprises, confirmant que ce n’était pas du plastique. J’ai vu les étincelles de la lame touchant le bitume après m’avoir évité de justesse, et du plastique n’aurait pas fait ça. C’était bien du métal.

 

Une autre fois, il est parvenu à toucher mon bras droit, ma jambe droite, m’occasionnant une intense douleur, et faisant redoubler mes cris. Le fait qu’il m’ait touché, j’ai pensé naïvement que cela ferait cesser le « jeu ». Mais au contraire, j’avais l’impression que ça l’excitait encore plus. Je sentais qu’il accélérait, et moi j’avais de plus en plus de mal à suivre la cadence. J’avais beau emprunter des rues étroites, lui jeter des obstacles, comme des poubelles, ou des cartons disposés contre les murs, ça le ralentissait un peu, je parvenais à le distancer, et, là encore, quelques mètres plus loin, je le voyais devant moi. C’était du délire. J’avais l’impression qu’il avait un don d’ubiquité. Je ne savais plus s’il était réel ou non. J’ai un moment pensé que c’était peut-être une sorte d’effet secondaire des drogues prises, s’ajoutant à l’ambiance de la fête d’Halloween. Mais il y avait déjà un moment que j’avais retrouvé toute lucidité dans ma tête, ça ne pouvait pas être ça…

 

A un moment, exténué, j’ai fini par m’écrouler au sol au milieu d’une petite rue à peine éclairée. Il se tenait devant moi, m’observant, sa faux au creux de ses deux mains. J’ai tenté de voir son regard, mais je n’y voyais que des ténèbres. Aucun œil, aucune paupière, juste du vide entouré d’une sorte d’aura rouge. Et puis, il a levé sa faux et, à plusieurs reprises, il l’a abattue dans ma direction. J’ai pu esquiver les deux premiers coups, mais le troisième, je l’ai subi de plein fouet, pénétrant la chair de ma jambe droite. La même qu’il avait déjà blessé. Il a alors été pris d’une frénésie indescriptible, multipliant les coups. J’en ai évité plusieurs, mais un grand nombre m’a aussi touché. Aux bras, aux pieds, à la poitrine. Pour autant, j’avais l’impression qu’il ne cherchait pas à me tuer. Pas dans l’immédiat en tout cas. Il riait après chaque coup donné. Un rire… démoniaque, tout droit sorti de l’enfer. Il s’amusait de ma terreur. Je pense que c’est pour ça qu’il ne tentait pas de m’achever, alors qu’il en avait la possibilité. Puis, il s’est arrêté, retournant sa faux, posant la lame sur le sol, la faisant crisser dessus, laissant échapper des étincelles, alors qu’il riait à nouveau. J’étais terrorisé. Arrivé tout près de moi, il s’est penché et m’a alors parlé :

 

 -  Dis-moi : est-ce que tu as peur ?

 

J’ai cru, un court instant, que finalement, c’était bien quelqu’un d’humain derrière ce costume pour me parler ainsi. Je n’imaginais pas un démon, ou je ne sais quoi qu’il puisse être, prendre le temps de me poser une question. Il répéta alors, prenant le temps d’articuler chaque syllabe :

 

 -  Est-ce que tu as peur ?

 

Je lui ai répondu, convaincu, là encore, que cela mettrait fin au jeu, si je montrais ma soumission. 

 

 -  Ou…Oui… Je suis terrifié… Je ne sais pas qui vous êtes, mais s’il vous plait, arrêtez-ça…

 

Il s’est mis alors à rire de plus belle, posant sa faux contre le mur tour proche, s’accroupissant jusqu’à être face à mon visage.

 

-  Bien… Très bien… C’est parfait… Il faut avoir peur… La peur fait partie de notre quotidien… On ne doit pas la cacher en nous… Elle est notre côté sombre, notre Némésis… C’est grâce à elle que nous pouvons avancer dans la vie… Mais nous avons assez joué, ne crois-tu pas ? Il est temps pour moi d’abréger tes souffrances… Je ne voudrais pas tu meures de peur avant que ma faux t’enlève la vie… Cela me ferait de la peine…

 

 -    Je vous en prie… Je ne comprends pas pourquoi vous vous êtes pris à moi. Je sais que je ne suis pas parfait, mais je ne veux pas mourir… Mon frère… Il est entre la vie et la mort… Je ne veux pas partir avant de savoir qu’il est sauvé…

 

 A nouveau, il riait à gorge déployée, avant de répondre :

 

 -  Ton frère a de la chance : il est déjà dans les territoires de la Mort, mon maître… Il te rejoindra sans doute bientôt en ce cas… Tu ne dois pas le faire attendre… Passons au dernier acte de cette pièce…

 

Il s’est alors détourné de moi, tendant la main vers sa faux. J’y ai vu l’occasion inespérée de tenter de me sauver de cette situation de cauchemar. Repoussant ma douleur sur tout mon corps, meurtri de dizaines de blessures, je me lançais sur le côté, le prenant de vitesse, attrapant la faux par son manche, et frappant mon ennemi avec la lame de sa propre arme en pleine tête. J’ai vu du sans sortir de la blessure causée, tel un geyser où se mêlait le rouge du sang et une texture proche de l’orange d’une citrouille. Comme celle du masque qu’il portait. Il tomba en arrière, continua à rire de plus belle, comme s’il était heureux que je l’aie frappé. Cette texture étrange coulait à flot de son crâne, se déversant sur le sol. Il ne bougeait plus, son rire diminuait, avant que le silence le remplace. Je n’ai pas réfléchi plus. J’ai lâché la faux au sol, dont le bruit du métal résonna dans les airs de manière insistante, comme une sonnerie fêtant la victoire, je me suis levé, péniblement, et je suis parti.

 

Mes blessures aux jambes me faisaient horriblement mal, et je me traînais plus que je marchais, mais je parvenais malgré tout à avancer. J’ai pu rejoindre la sortie de la rue où l’affrontement avait eu lieu, et cette fois, les passants ont compris que je ne jouais pas une quelconque comédie. L’un d’entre eux a appelé les secours, et quelque temps plus tard, j’ai été emmené au même hôpital où mon frère avait été emmené. Un matin, j’ai eu la bonne surprise de constater qu’il avait pu être sauvé à temps de son overdose. Je venais de me réveiller, et son visage inquiet m’a redonné le sourire. Je lui ai tout expliqué. Ce qui lui était arrivé à l’hôtel, l’arrivée des secours, son envoi à l’hôpital. Ainsi que ma rencontre avec ce dément. Ou ce monstre, je ne sais plus trop quoi penser. Il n’y avait pas que du sang qui avait coulé de sa tête, une fois que je l’eus touché avec sa faux. Je me demandais s’il était vraiment humain.

 

Et pourtant, ses paroles… Ses paroles avaient l’air d’être le raisonnement d’un humain. Mais en même temps, il m’avait parlé de la Mort comme d’un être physique. Il avait dit qu’elle était son maître… Je ne savais plus ce qui appartenait au réel de l’impossible. Et ce que mon frère m’apprit par la suite, confirmée par la police venue m’interroger sur l’overdose de mon frère et mon agression, ça m’a encore plus fait m’interroger. Les policiers m’ont appris qu’un homme reconnu instable mentalement, avait été arrêté quelques heures après que j’ai été amené à l’hôpital, pour y subir toute une série de soins pour mes blessures. L’homme était déguisé avec un costume d’épouvantail, un masque de citrouille, et une faux. Il s’amusait à terrifier les gens qu’il croisait en les pourchassant avec sa faux. Il a pu être maîtrisé par un groupe de jeunes, qui ont immédiatement appelé la police.

 

L’homme était connu de leurs services pour avoir déjà été l’objet de plaintes pour agressions à la terrasse de café et à la sortie de Coffee Shop. Il semblerait que les clients de ces établissements étaient ses proies recherchées. Ceux qu’ils pourchassaient sortaient de ces lieux. Ils m’assuraient néanmoins que maintenant il n’était pas près de sortir, et qu’il était enfermé. Ils m’ont même montré une photo lors de son arrestation. Avec et sans son masque de citrouille. J’ai préféré ne pas montrer ma surprise en voyant les photos, de peur de passer pour un fou. Au pire, les policiers auraient mis ça sur le compte de la terreur reçue, après ma mésaventure. Ils auraient certainement dit que, à la suite de ça, mes idées et mes souvenirs de cette soirée n’étaient peut-être pas totalement claires. Alors, j’ai approuvé quand ils m’ont demandé si c’était bien l’homme qui m’avait agressé.

 

Je n’ai rien fait transparaître non plus à mon frère. Je me suis tu, pour ne pas l’inquiéter plus qu’il ne fallait. Ça semblait tellement incroyable. Un moment, j’ai pensé qu’ils étaient peut-être deux, et que ça expliquait qu’il apparaissait parfois devant moi, alors que je venais de le distancer, le laissant derrière moi. Ça aurait pu être plausible. Mais j’ai indiqué aux policiers que je l’avais blessé à la tête. J’ai même précisé dans quelle rue. Ils ont eu un regard interrogateur un instant, avant de m’affirmer que l’homme arrêté n’avait aucune blessure sur lui, à aucun endroit du corps. Et toutes les rues alentour ont été fouillées, y compris celle que je désignais. Aucune trace de sang sur le sol n’a été découvert.

 

 C’était avant qu’ils me montrent les photos du coupable. Mais j’ai très bien vu que le costume était très différent de celui qui m’avait poursuivi sur celles-ci. Les découpes des yeux, du nez et de la bouche du « masque » étaient plus étroites que celui de mon agresseur. Son costume d’épouvantail était bien plus fin que celui de l’homme arrêté… Et quant à la faux… L’être m’ayant attaqué avait la sienne bien plus ciselé, portant des signes sur la lame, et le bois comportait lui aussi des inscriptions, et surtout n’avait pas la même texture. Il était évident que l’homme incarcéré à l’heure actuelle n’était pas le même que celui qui m’avait pourchassé, et m’avait tenu ces paroles étranges. Mais alors, pourquoi n’avait-on pas trouvé son corps dans cette rue, s’ils étaient deux, avec des costumes différents ? Pourquoi n’y avait-il pas de trace de sang, ou un autre liquide ? Je… Je ne comprenais pas… ça n’avait aucun sens. Je savais que je l’avais touché mortellement à la tête. Aucun être humain n’aurait pu survivre à ça…

 

Alors, ça voudrait dire que… Non, je préférais ne pas penser à quoi que ce soit qui dépasse le cadre du réel. Peut-être que les policiers avaient raison après tout… Peut-être que le traumatisme de mon agression m’a fait voir les choses autrement, et que j’ai cru voir et vivre des évènements différents de la réalité. Je ne voulais plus y penser. Seul comptait que mon frère et moi on était en vie tout les deux. On avait frôlé la mort dans la même soirée… Après cette nuit d’Halloween, la plus terrifiante et horrible qu’on n’a jamais vécu, bien que dans un contexte autre pour lui et moi, nous avons cessé tout rapport avec la drogue. On a suivi une thérapie pour nous débarrasser de la dépendance, en obtenant d’être ensemble pour les séances, ce qui nous a été accordé. Apprenant ce qui nous était arrivé, Salim nous a confié tout ce que nous savions déjà de son histoire. Mais, respectant notre promesse, nous ne lui avons pas dit que nous étions au courant de son passé.

 

Il nous a aussi dit qu’il savait pour notre dépendance, mais ayant été accro lui aussi, il aurait été mal placé de nous dire quoi que ce soit sur ça. Le voyage à Amsterdam, en fait, c’était voulu de sa part. Il espérait que, grisé par la tentation et le nombre de Coffee Shop sur place, on en viendrait à subir un dégoût, bien qu’il ne pensât pas que mon frère subisse son overdose. Il se sentait coupable pour ça, et j’ai dû le rassurer. Après être sortis guéri de notre thérapie, ce qui a duré de longs mois, on est devenu encore plus proche avec Salim. Il a même tenu à rencontrer nos parents, mais on a réussi à lui déconseiller. Il n’a pas insisté. C’était mieux pour lui qu’il ne subisse pas leur toxicité. Ils avaient beau se montrer tout sucre et tout miel, plus encore en apprenant notre séjour à l’hôpital à Amsterdam, mon frère et moi on restait méfiant. L’expérience de ce qu’ils nous ont fait subir par leurs engueulades continuelles et leur indifférence nous concernant…

 

Aujourd’hui, on a mis tout ça de côté, et malgré ce qu’on a subi, on continue de fêter Halloween, mais de manière plus « classique » que ce qu’on a fait à Amsterdam. De mon côté, je continue de voir parfois en rêve le visage ricanant de cette « chose » qui m’a agressé. J’entends même aussi ses paroles, et je me réveille en sursaut. Mon frère a voulu savoir à plusieurs reprises la nature de mes cauchemars, mais j’invente à chaque fois quelque chose, pour qu’il ne se doute pas de ce qui me hante. Cette question continuelle qui revient à moi lorsque Halloween se rapproche.

 

-         Dis- moi : Est-ce que tu as peur ?

 

Publié par Fabs

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