9 oct. 2023

L'AUBERGE DE L'HORREUR (Challenge Halloween/Jour 9)


Le docteur vient de passer, le visage souriant, pour m’indiquer que mon opération a été programmée pour la semaine prochaine. Un donneur inattendu qui va permettre de faire la greffe plus tôt que prévu. Malgré ça, j’ai senti une certaine appréhension de la part du médecin, sans parvenir à en savoir la cause. Me cacherait-il quelque chose sur la réussite de sa future intervention ? Un risque minime de ne pas en sortir, ou d’avoir des séquelles ? Je peux le comprendre en même temps : ce que j’ai, ou plutôt ce qui me manque n’est pas bénin, et je peux remercier tous les dieux du destin de m’avoir permis d’être encore en vie aujourd’hui. Ça n’a pas été le cas de tous ceux qui partageaient mon sort là d’où je sors. Notre geôlier, notre bourreau devrais-je dire, a été moins conciliant avec les autres victimes. Toutes d’âges différents. Ce qui rajoutait à l’horreur des lieux. Je crois me souvenir vaguement avoir entendu des cris de bébé venant d’une autre pièce. Je ne suis pas sûr. Je n’ose imaginer à quoi leur corps a servi au sein de cet antre de l’horreur.

 

Mon frère a été moins heureux. On n’a même pas retrouvé son corps. Aucune trace de lui. Je ne sais même pas s’il est toujours en vie, ou s’il a tout simplement été déplacé ailleurs, étant toujours aux mains de ce tortionnaire, ce descendant de l’équipe du Docteur Josef Mengele. Cet officier de la Schutzstaffel, figure monstrueuse de ce qui s’est fait de pire pendant la 2ème guerre mondiale du côté SS, ayant officié dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Il y a eu des fois où je me suis demandé si ce n’était pas ce même docteur qui était à l’œuvre dans les sous-sols de cette auberge, comme en était persuadé mon frère. Là où lui et moi avons commis l’erreur de nous rendre ce week-end d’Halloween. Nous qui voulions un séjour unique dans ce pays, pouvant être capable de nous rester en mémoire de façon indélébile, eh bien on peut dire qu’on a été servi, et de la pire des manières…

 

Le docteur Josef Mengele, officiellement en tout cas, est mort en 1979, près de Sao Paulo, dans le Sud-Est du Brésil, à la suite d’une noyade. Son corps n’a pu être identifié qu’en 1985, après avoir été inhumé sous une fausse identité. Mais certains historiens ont encore des doutes si le cadavre est bien celui du sinistre docteur, figure de proue des horreurs SS en matière d’expérimentations médicales. Il y avait certaines incohérences sur le corps retrouvé. Notamment une cicatrice qu’on ne connaissait pas, figurant au niveau du coccyx, signe d’une opération. Et une étrange marque, vestige d’une probable incision à la base du crâne, assez longue et large, qui aurait pu être assez importante pour en faire sortir le cerveau, et le remplacer par un autre. Le corps exhumé en 1985 étant réduit à l’état de squelette, il était impossible d’en avoir la confirmation, et la version officielle a déclaré que ces marques étaient sans doute dues à une confrontation avec un de ses « patients » récalcitrants, ou une chute, voire un frottement dans son cercueil, ayant été fait lorsqu’il fut enterré en secret en 1979, juste après sa noyade.

 

Il existe une minorité qui ont établi une théorie dingue, expliquant que Mengele travaillait, entre autres travaux horribles sur des détenus du camp où il officiait, sur la transplantation d’organes vitaux, et notamment le cerveau. Certains documents, dont l’authentification n’a jamais été confirmée par des graphistes réputés, attestent qu’il aurait trouvé le moyen d’extraire un cerveau et de le greffer dans un corps plus jeune que celui d’origine, afin de prolonger la vie des soldats dont le corps avait été blessé de manière irréversible. C’était une solution envisagée pour parer aux amputations de militaires considérés comme des éléments importants pour la guerre. On supposait même qu’il aurait eu l’ambition, en accord avec Heinrich Himmler, tête pensante du Führer, de concevoir une opération particulière, consistant à trouver un sosie parfait d’Hitler, et de procéder à un échange de cerveau. Lorsque ce dernier a été acculé, et a mis fin à ses jours en présence de sa compagne Eva Braun, en avril 1945, les témoignages de l’époque affirmant que son cadavre a été trouvé avec la trace d’une balle dans la tête, et indiquant qu’il se serait empoisonné au cyanure juste avant, après qu’Eva se soit elle-même empoisonnée ont laissé planer le doute sur la présence du véritable Führer sur place. D’autant que les 2 cadavres ont été brûlés par le chauffeur d’Hitler, Erich Kempka et son aide de camp, Otto Günsche, dans un cratère de bombe, tout près du bunker où s’était réfugié le couple nouvellement marié.

 

Des théories folles ont circulé sur la toile à ce sujet, des plus crédibles aux plus fantaisistes. Dans certaines, on parle d’une déclaration d’Erich Kempka qui aurait affirmé qu’une incision se trouvait à la base du crâne, semant le doute dans son esprit s’il était en présence du véritable Führer, ou de son enveloppe charnelle comportant le cerveau de son sosie pour donner le change.Si cette information pouvait être confirmée, ce serait la preuve que la transplantation a eu lieu bien avant qu’Hitler se réfugie dans le bunker où il s’est donné la mort. En tout cas son corps physique. Le cerveau d’Hitler, lui, aurait été emmené vraisemblablement en un endroit secret par Josef Mengele, dans le but d’offrir un autre corps digne de l’abriter dans l’avenir, le temps de perfectionner ses travaux en ce sens. Pourquoi je vous parle de tout ça me direz-vous ? Parce que c’est directement lié à ce que j’ai vécu, moi et mon frère dont je n’ai plus la moindre nouvelle. Mais laissez-moi vous conter comment tout a commencé…

 

Je me nomme Ricardo Beladia. Moi et mon frère Joao sommes des passionnés de voyage depuis enfants. Nous rêvions depuis longtemps de quitter notre Espagne natale pour parcourir le Brésil qui nous avait toujours fasciné. Mais il y avait une autre raison qui nous avait motivé pour nous lancer dans cette expédition. Mon frère était un féru d’histoire, et il a un jour lu plusieurs théories parlant de la possibilité que Josef Mengele n’était peut-être pas mort, qu’il aurait achevé ses travaux portant sur la transplantation de cerveaux d’un corps à l’autre, et qu’il était sur le point de réussir à faire revenir le Führer au sein de notre monde. Ceci en trouvant le corps parfait pour accueillir le cerveau de l’ancien chef de l’armée SS.

 

Plusieurs pistes menaient au Brésil, et au fait que Mengele lui-même ne serait pas mort, mais aurait bénéficié de sa technique pour que son propre cerveau puisse être placé dans un corps plus jeune, afin d’obtenir la sérénité de ne plus être poursuivi par la justice cherchant son extradition du pays, en tant que criminel de guerre, afin de répondre de ses actes passés. Une opération qui aurait été mené par ses disciples à qui il aurait confié le secret de cette technique. L’objectif étant toujours de trouver le corps parfait pour accueillir le cerveau du Führer, conservé intact au sein d’une cuve spécialement conçue pour maintenir en vie ses fonctions motrices et intellectuelles. Certaines théories allaient plus loin, en indiquant que Mengele, vivant dans un nouveau corps désormais, pourrait avoir décidé de se servir de parties humaines venant de plusieurs personnes pour créer le corps idéal, propre à l’idéologie aryenne.

 

Personnellement, je trouvais ces théories aberrantes de stupidité, mais mon frère y croyait dur comme fer, et je ne voulais pas briser son envie de découvrir la vérité. En fait, je comptais sur ce voyage pour qu’il accepte que tout ce qu’il avait lu était le fait de paranoïaques notoires disant n’importe quoi, juste pour se faire un nom sur des forums spécialisés dans les théories d’eugénisme et de pseudo-science digne de la science-fiction la plus invraisemblable. En plus de ça, on approchait de la période d’Halloween. Bien que cette dernière ne fût pas fêtée là-bas, comme nous adorions ces festivités, bien qu’au départ étrangère à notre culture latine, cette excursion sur les traces de ce prétendu nouveau Dr. Frankenstein se prêtait bien à nous faire miroiter un séjour dans le cadre de l’horreur, aux accents inoubliables.

 

L’idée de Joao était de parcourir les lieux qui pouvaient se prêter à abriter un labo secret dans ses sous-sols, ou derrière les portes d’un hangar, une ferme ou je ne sais quoi encore. Pour ça, il avait établi un parcours type, se basant sur les indications récoltées sur divers sites et forums internet, y compris parmi les plus discutables sur le DarkWeb, où il était parvenu à se rendre sur invitation par des habitués. Je préférais ne pas savoir qui avait pu être assez dérangé pour faire partie de ses contacts, et le faire parvenir à ses fins, en lui donnant accès à cette partie sombre du Web. Sa « quête » se composait de 10 adresses : propriétés abandonnées, auberges, hôtels, commerces douteux… tout ce qu’il y avait de plus « creepy » existant au Brésil. 

 

Certains de ces lieux jouissaient d’une réputation n’incitant pas vraiment à s’y rendre, car plusieurs cas de disparitions avaient été évoquées, relayés dans la presse locale. Malgré ça, je voulais faire plaisir à mon frère, et lui offrir un Halloween digne de ce nom. Il m’avait toujours protégé étant gosse, moi le petit frère fébrile, maladroit et incapable de se défendre seul. Plusieurs fois, il s’était battu pour moi, bien que se sachant inférieur en force aux adversaires m’ayant voulu du mal, ou se moquant de mes habits, de ma condition. Nous n’étions pas riches à l’époque, et étions souvent la cible de petits caïds issus de milieux favorisés. Une situation qui a évolué au fur et à mesure que nous grandissions. Mon frère m’a fait participer à des combats clandestins une fois que nos parents furent décédés, nous laissant la maison comme héritage, et des dettes à profusion.

 

Il me disait que ce serait l’occasion de me renforcer, et de gagner un maximum d’argent pour éponger ce que nous avait laissés nos parents, et sauver notre maison de la vente. Mais si mon frère accumulait les victoires, devenant une vraie star de ce réseau souterrain du combat en free fight, ce n’était pas mon cas. Après 3 affrontements où j’ai bien failli perdre la vie, Joao a dû se rendre à l’évidence : je n’étais pas fait pour ce monde. Du coup, il s’est impliqué encore plus dans les combats pour que l’on gagne suffisamment pour vivre décemment, enchainant les victoires, lui entrainant des blessures de plus en plus conséquentes. Finalement, après 5 ans de cette vie, alors que moi-même j’avais trouvé un petit travail de coursier auprès d’un journal de notre ville, pour ne pas être sur la touche, et avoir la culpabilité de vivre aux dépens de mon frère, nous avions réussi à rembourser tous les arriérés de nos parents.

 

Nous pouvions enfin profiter de nos revenus. C’est à ce moment que Joao a arrêté les combats, au grand désespoir du gérant de l’arène où il était devenu la grande vedette, et lui rapportant chaque week-end des sommes colossales. Mais mon frère ne s’était impliqué dans cette vie que pour rembourser nos dettes, s’étant juré de raccrocher les gants une fois libéré de cette épée de Damoclès risquant de nous mettre à la rue chaque jour. Il a alors trouvé un autre emploi, plus « classique », en tant qu’ouvrier sur des chantiers de construction. Sa force et sa débrouillardise y étaient hautement appréciés.Sa passion pour Mengele et ses travaux, il l’a d’ailleurs acquise lors de sa période de combattant. Parmi les spectateurs figuraient des personnes aux activités douteuses, avec qui il conversait hors matchs.

 

 Des personnes rattachées à certains milieux néo-nazis qui ont tentées de l’enrôler en tant que « nettoyeur », et lui racontant ces histoires sans queue ni tête, sorties tout droit de l’imagination exacerbée de fanatiques obnubilés par le retour hypothétique du 3ème Reich. Il s’était vu proposer des sommes considérables, mais il se refusait de tuer, même si ses nouveaux « amis » n’employaient pas ce mot de manière directe. Le simple fait d’amocher durement ses adversaires, les envoyant à l’hôpital la plupart du temps, était déjà à peine supportable pour lui. Alors devenir un criminel, même si l’appât du gain était tentant, au vu des sommes en jeu, il ne pouvait pas s’y résoudre, de peur que cela ait des conséquences me laissant seul, sans qu’il ne soit plus là pour me protéger.

 

Malgré ça, je savais qu’il buvait les paroles des récits de ces gens peu recommandables, et qu’il l’avait influencé dans sa propension, son obsession devrais-je dire, à en savoir plus sur ce mythe moderne concernant Mengele. Il a gardé cet acharnement à savoir, même après être sorti de ce milieu du combat clandestin, et ces mauvaises fréquentations. Si nous avions pu survivre financièrement jusque-là, c’était grâce à mon frère. Lui permettre de trouver des réponses à ses interrogations, c’était le moins que je puisse faire pour le remercier pour toutes ces années passées où je l’ai vu revenir le visage en sang, les bras endoloris, et comportant des cicatrices à plusieurs endroits du corps. Qui plus est, maintenant que nous avions un bon salaire chacun de notre côté, nous pouvions nous permettre ce voyage. Cela m’a fait bizarre au départ. Nous n’avions jamais quitté l’Espagne de toute notre vie, et jamais je n’aurais pensé que nous pourrions avoir les moyens nécessaires pour un tel voyage.

 

Je n’avais jamais pris l’avion, tout comme mon frère. Lors de la traversée nous menant à notre objectif, environ 8 jours avant Halloween, nous retrouvions notre esprit d’enfant, admirant les nuages, l’océan et tout ce que nous pouvions voir depuis les hublots près de nos sièges. Quand nous débarquions à l’aéroport, et que nos pieds foulaient le sol du Brésil, nos yeux ne savaient plus où regarder, tellement nous étions émerveillés de tout. Nous étions des gosses dans un corps d’adulte. Nous avons commencé notre périple, suivant les adresses constituant notre parcours d’Halloween, à la recherche de preuves, d’indices pouvant indiquer que ces histoires n’étaient que ça : des histoires. Enfin ça, c’était mon mode de pensée. Mon frère, lui, était bien trop excité à l’idée qu’il serait peut-être le premier à démontrer que Mengele vivait toujours de nos jours, à l’intérieur d’un corps plus jeune, et qu’il « fabriquait » un corps sur mesure pour y incorporer le cerveau d’Hitler.

 

Quand il en parlait, on avait l’impression qu’il s’agissait d’une recette de cuisine, avec toute la fougue d’un grand gosse se préparant à rencontrer son idole. Je dois avouer que ça me mettait mal à l’aise de le voir comme ça, avec ce regard de presque illuminé d’une quelconque secte en adoration envers un culte démentiel. Mais il restait mon frère, et je préférais me taire sur ce que je pensais réellement de notre « quête ». Nous avons parcouru une grande partie du pays, nous rendant dans les fameux lieux précisés sur la « carte » en possession de Joao, qui sombrait peu à peu dans la désillusion, en découvrant que les fameuses adresses ne se révélaient pas du tout conformes à l’idée qu’il en avait. Pas de cave mystérieuse comportant un labo macabre, pas de tenues nazies cachés dans une armoire située dans un pan de mur, lui-même masqué par un meuble afin d’en interdire l’accès… Et encore moins de présence de médecin fou, un scalpel à la main, opérant sans anesthésie, découpant des corps au cœur d’une pièce maculée de sang, située à l’arrière-boutique d’un commerce ou derrière la porte battante du fond d’une cuisine.

 

8 sur 10. Nous avions visité 8 de ces fameuses adresses, et à chaque échec, découvrant que les lieux étaient tout à fait normaux, si ce n’est des conditions d’hygiène déplorable, Joao voyait son regard plein d’espoir et d’étoiles devenir moins étincelant qu’à notre arrivée dans le pays. J’avais bien tenté de le dérider un peu, en lui rappelant qu’on restait dans la semaine d’Halloween, que ça devait être joyeux, sortant notre petit matériel de base pour fêter le jour-J à la fin de notre périple, rien n’y faisait. Il était tellement dégoûté en découvrant que la 9ème adresse avait été rasée depuis 20 ans, s’apercevant du mensonge de sa « carte », qu’il m’a clairement dit qu’il laissait tomber, déclarant que ce voyage était une perte de temps et d’argent. Néanmoins, l’auberge qui se trouvait devant nous était l’occasion de faire un bon repas, suivi d’une nuit de repos qui ne pouvait nous faire que du bien. Bien que bougonnant quelques mots, il accepta ma proposition de nous y rendre, et d’y rester les 3 jours restants jusqu’à Halloween.

 

On se rendait donc à l’intérieur de l’auberge, la « POSADA DE LO EXTRAÑO », et réservait une chambre pour 3 jours. Je demandais le pourquoi du nom, qui m’avait un peu intrigué. Le tenancier m’indiquait alors que l’établissement tenait son nom du fait du fantôme de l’ancien propriétaire qui hantait les lieux. La légende indiquait qu’on l’entendait parfois la nuit marcher dans l’escalier, à la recherche de victimes à découper, pour en faire son repas. A la lumière de ça, j’ai vu le visage de mon frère passer du terne au rayonnant, et voulant en savoir plus sur cette légende. On apprit ainsi qu’avant qu’il y eut une auberge ici, se trouvait une raffinerie de sucre blanc. Il y avait des rumeurs indiquant que des partisans nazis, ayant fui l’Europe, s’en servait comme couverture pour cacher des activités étranges. Mais personne n’a jamais trop su ce que se passait exactement derrière les murs.

 

Des témoignages de l’époque indiquaient que parfois, tard dans la nuit, on entendait des cris, ceux de victimes d’expérience faites par les nazis, se situant dans les bas-fonds de la fabrique, malgré les bruits des machines. Plusieurs disparitions ont été constatées à l’époque, et on disait qu’un haut dignitaire nazi supervisait les horreurs se déroulant en secret sous la raffinerie. Parmi les sacs et les caisses comportant le sucre à destination de l’exportation vers l’Europe et d’autres pays demandeurs, on soupçonnait que s’y trouvait également des morceaux de corps, résultat des échecs d’expériences pratiquées à l’intérieur. Mais il n’y a jamais eu aucune preuve de la présence de ces parties de cadavres au sein des camions transportant le sucre, ni de l’existence d’un labo situé sous la fabrique. Néanmoins, il s’est avéré qu’il y avait bel et bien des enlèvements perpétrés par le gérant des lieux, dans le but de rançonner les familles. Du moins, c’était la version officielle. C’est à cause de ça que la police a fini par faire fermer les lieux, et que la raffinerie a été rasée, pour faire place, quelques mois plus tard, à l’auberge qui l’a remplacée. Cette fois, Joao ne tenait plus en place, me prenant par le bras, le sourire aux lèvres, tout heureux de constater que l’une des adresses était finalement véridique. J’essayais de le modérer, lui disant que ça restait une rumeur, et que l’aubergiste avait précisé qu’aucune activité macabre n’avait pu être prouvée.

 

Mais ça ne servait à rien. Il avait retrouvé la flamme qui s’était éteinte, persuadé que l’exploration des sous-sols de l’auberge cachait un labo secret. Je suis parvenu à lui imposer qu’on devait d’abord se reposer avant toute chose, et je lui promettais que dès demain, on tenterait de savoir plus de détails sur tout ça, voire qu’on essayerait de se faufiler dans les sous-sols. L’aubergiste nous avait dit qu’il n’y avait que la cave à vin de l’établissement qui se trouvait en-dessous, mais Joao était persuadé que c’était un subterfuge, et qu’un des murs devait forcément cacher une entrée secrète permettant d’accéder à un labo d’expérimentation. Rajoutant qu’on pourrait peut-être y trouver Mengele lui-même, ou en tout cas, un de ceux ayant poursuivi ses travaux, et continuant de fabriquer un corps pour y placer le cerveau d’Hitler.

 

Il ne voulait pas démordre de cette possibilité, et à dire vrai, je n’étais pas vraiment à cœur de briser son enthousiasme. On a fêté Halloween un peu en avance cette nuit-là, de manière discrète pour ne pas gêner les autres usagers de l’auberge dormant dans les chambres à côté. Se racontant tour à tout des histoires de fantômes, de monstres horribles et de malédiction, tout en se gavant de bonbons et de bières sortis de nos sacs, attendant d’être consommé depuis de nombreuses semaines. Ce n’est que bien plus tard que tout s’est précipité. Alors que nous étions sur le point de nous coucher, à moitié endormis par l’abus d’alcool, on a entendu des bruits de pas dans le couloir. Sur le coup, il n’y avait rien de bien inquiétant en soi. Probablement un autre client en proie à une insomnie. 

 

Cependant, il y avait quelque chose de particulier dans la démarche de l’inconnu avançant dans la pénombre de l’autre côté de notre porte de chambre… Des sons d’entrechoquements, semblables à des lames de couteaux cognant l’une contre l’autre, se mêlant aux pas lents. Un moment, on a eu l’impression que la personne s’était arrêté devant notre porte, ne l’entendant plus marcher. Et puis, il a repris son chemin. Curieux, Joao a entrouvert la porte, avant de me prendre par le bras, me demandant de confirmer ce qu’il pensait avoir vu. Je m’avançais, et regardais dans le couloir. Je voyais alors la silhouette d’un homme semblant porter à sa main droite un gros sac de toile. Je ne voyais pas très bien, mais j’avais la nette impression que quelque chose semblait tomber du sac, comme des gouttes d’un liquide. Et la tenue de l’homme… ça faisait penser à celle d’un médecin ou quelque chose comme ça. Voyant les yeux brillants de mon frère me fixer, après m’avoir invité à rentrer dans la chambre, je m’attendais à la suite, et ses mots confirmèrent mes doutes :

 

 -  C’est lui ! C’est Mengele ! J’en suis sûr ! Et tu as vu son sac ? Les gouttes tombant sur le sol ? Je suis certain que c’est du sang ! Il transporte des morceaux de corps, et il se dirige vers son labo secret ! On doit le suivre pour être sûr…

 

 -  Oui, bon, c’est vrai qu’il a l’allure d’un médecin, en tout cas une tenue y ressemblant. Mais on est dans une auberge je te rappelle. Ça peut très bien être le cuisinier qui ramène de la viande de la chambre froide des lieux, pour les préparer en vue du repas de demain…

 

-  Bien sûr… Une chambre froide au même étage que les chambres des clients… T’en connais beaucoup des établissements comme ça toi ? Je te dis que c’est Mengele !!

 

 -  Oui, bon, ok. J’avoue que le sac est intrigant, mais on n’est pas en Espagne. On ne sait pas les dispositions des pièces qui sont pratiquées ici. Ni les coutumes. 

 

 -  T’es vraiment borné… On te montrerait un zombie devant toi, tentant de te mordre, tu hésiterais encore à croire qu’il existe. Ecoute, tu fais comme tu veux, mais moi je le suis. Je veux savoir où se trouve son labo…

 

 -  Joao… Il est 3 heures du matin, là. On est épuisés. Si ça se trouve, l’alcool nous fait voir des trucs déformés de la réalité. On ferait mieux de se coucher…

 

 -   Eh ben vas-y : va faire dodo, poule mouillée. Moi, je me mets sur ses traces.

 

Je n’ai pas eu le temps d’ajouter quoi que ce soit : Joao s’était déjà engagé dans le couloir, suivant discrètement les traces de la silhouette qui continuait de s’avancer dans l’obscurité. Mon premier instinct a été de me recoucher, comme Joao me l’avait conseillé. Mais je craignais que mon frère ait des ennuis avec ce qui ne pouvait être, comme je le pensais, qu’un membre du personnel, en s’en prenant à lui, lui débitant ses conneries de Mengele, de nazis, d’expérience et de cerveau d’Hitler. Qu’il se rende ridicule, à la rigueur, ce n’était pas très grave, et ça aurait le mérite de le calmer. Néanmoins,  je craignais la réaction de « Mengele », comme il disait, et que ça déclenche un scandale qui nous ferait jeter dehors. De ce qu’on avait vu, l’auberge était la seule dans les environs, et je n’avais pas envie de dormir dehors à cause des délires de mon frère, voulant absolument que son envie de voir un scientifique fou soit confirmée, et qui se solderait immanquablement par la plus grosse désillusion de sa vie. J’ai donc entrepris de suivre mon idiot de frangin, et sa cible. « Mengele » est arrivé au bout du couloir, puis a ouvert une porte sur sa droite, s’y engouffrant. Je rejoignais mon frère.

 

 -  Content que t’ai changé d’avis, frérot…

 

 -  Mouuaiss… C’est surtout pour t’empêcher de créer du bordel en pleine nuit, simplement pour prouver ton intuition discutable…

 

 -  On verra bien qui a raison une fois qu’on sera arrivé au labo…

 

 -   Si tu le dis… Allons-y gaiement…

 

 -  J’adore ton enthousiasme, petit frère…

 

 -  Tu le vois pas, mais je cache ma joie…

 

Il se retint de rire à ma vanne débile, et on se dirigea vers la porte qu’avait pris la silhouette. Arrivés devant celle-ci, on l’ouvrait lentement, de manière à ne pas alerter la personne devant nous, quelle qu’elle soit, et refermant tout aussi doucement derrière nous. L’escalier qui se montrait à nous semblait descendre en enfer, je devais bien l’avouer, à cause de son aspect pas très engageant. On entendait l’écho des pas sur les marches en contrebas, avant que ceux-ci ne se fassent plus entendre. Le signe pour nous d’entreprendre la descente. Cette dernière me semblait ne pas finir, tellement cet escalier donnait vraiment l’impression de nous emmener dans un autre monde que le nôtre. L’oppression que je ressentais en haut était de plus en plus présente. Arrivé en bas, une autre porte se présentait à nous.

 

Comme on l’avait fait en haut, on ouvrait et refermait très lentement, pour être sûr que des grincements imprévus n’indiquent pas notre présence. On se trouvait dans ce qui ressemblait à une sorte de bunker ou quelque chose d’équivalent. Un long couloir de béton, comportant des portes avec des noms et des numéros sur des étiquettes sur le métal les composant. Plus aucune trace de « Mengele », ni même d’un bruit de pas. On a commencé à ouvrir une des portes parsemant le couloir. La première était une sorte de bureau à l’ancienne, avec une bibliothèque. On entrait. Sur le bureau se trouvaient des dossiers avec des svastika, et des noms en incompréhensibles, probablement de l’allemand. A l’intérieur, des images abominables. Il y avait des hommes, des femmes et même des enfants… Amputés d’un bras ou d’une jambe pour certains, la poitrine ouverte pour d’autres, laissant voir leurs organes. D’autres images montraient des bébés suspendus par les pieds, des sondes fixées à leurs bras, où coulait du sang se déversant dans un récipient semblable à ceux qu’utilisaient les alchimistes. Ça me faisait penser à ces articles de sectes recueillant l’adrénochrome sur des nouveaux-nés qu’ils avaient volontairement mis dans un état de stress, afin de récolter leur sang considéré comme spécial, et pouvant offrir des facultés particulières. Je détournais les yeux, laissant mon frère continuer de consulter ces photos ayant été prises par des déments.

 

 Je devais me rendre à l’évidence : Joao avait raison. Ce n’était pas le fait d’un simple égorgeur de volaille qui était à l’œuvre ici. Je n’irais pas jusqu’à dire que Josef Mengele était au sein de cet espèce de bunker quelque part, comme le prétendait Joao. Mais un malade de la pire espèce, ça c’était certain au vu des images présentes dans ce dossier. En plus de ça, le sigle SS était sur toutes les photos, ce qui rajoutait aux dires de mon frère. Et ce n’était pas tout. J’étais intrigué par des sortes de flacons sur une grande étagère plongée dans l’obscurité devant moi. J’aurais dû prendre mon frère par le bras à ce moment, et lui crier de fuir, et partir loin, très loin de cette auberge. Dès l’instant où j’ai vu ce que contenait ces flacons… Des cœurs, des reins, des poumons, des yeux, des nez, des bouches, … Des dizaines, que dis-je ? Des centaines de flacons se trouvaient sur ces étagères. 

 

Ça ressemblait clairement au lieu de stockage d’un tueur en série, exposant ses « trophées ». Mais la réalité était bien pire que ça, se conformant à ce qui avait poussé mon frère à se rendre ici, au Brésil, sur les traces de Mengele. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de réagir quand j’ai vu la silhouette qu’on pensait se trouver ailleurs dans ce bunker. Elle a surgi d’un coup, sans que j’entende le moindre bruit de sa part, et m’assommant brutalement à l’aide de je ne sais quel outil. Je suis resté dans les vapes je ne sais combien de temps. Quand je me suis réveillé, je me trouvais enfermé dans une cage, comme un simple animal, au cœur de ce qui se montrait clairement comme un laboratoire. Tout ce dont m’avait parlé Joao, tout ce que je pensais être des affabulations stupides, tout était vrai. Je n’ai jamais su l’identité exacte de notre agresseur, mais j’ai pu voir la trace d’une incision à la base du crâne, lorsqu’il me tournait le dos, s’affairant à quelque chose installé sur une table. Mes yeux étaient encore embués, je ne voyais pas très bien. Mais quand j’entendis parler l’inconnu, j’ai compris ce qu’il y avait sur la table…

 

 -  Parfait… Il est absolument parfait… Ce torse est de toute beauté. Mon Führer aura le plus beau des corps qu’il puisse rêver… Avec les magnifiques organes que j’ai récoltés toutes ces années, issus de corps plus jeunes, une fois intégrés à l’intérieur de ce corps robuste, je serais tout prêt de la réussite totale de mon entreprise… Ces étrangers sont un cadeau du ciel… Et le bras droit de son frère devrait s’accorder parfaitement à l’ensemble…

 

A ces mots, mon esprit encore un peu embrumé jusqu’alors, se para d’un sursaut. Je n’osais pas regarder mon corps. Une part de moi le voulait, tandis que l’autre tentait de m’en empêcher. Je cédais à la première tentation, et voyais avec horreur que mon bras droit… Mon bras droit n’était plus à sa place ! Il ne restait qu’un moignon cautérisé au niveau de l’épaule. Je hurlais en constatant ce fait, essayant de me persuader que je devais rêver. L’homme devant moi stoppa ce qu’il était en train d’entreprendre, et se tourna alors vers moi :

 

 -  Tiens, tiens… L’autre petit curieux s’est réveillé à son tour… Enchanté, jeune homme. Je suis ravi que vous m’ayez permis de me servir de votre bras, qui va être employé à bon escient, sois en certain ! Il y avait des années que je n’avais pas eu d’aussi belles matières premières !

 

 -  Des… Matières… Premières ? C’est tout ce qu’on est à vos yeux ? Des produits réutilisables selon votre volonté, comme on assemble une construction de Meccano ? 

 

 -  C’est un peu rudimentaire comme image, mais oui : c’est à peu près ça… Ton frère et toi allez servir à un projet de longue date. Les gens du pays n’ont pas toujours été à la hauteur de mes ambitions, je dois bien l’avouer. A force de se tuer au travail dans les champs, leur santé en pâtit chaque jour. Du coup, il est difficile de se procurer des organes valables, et plus encore des membres de qualité. C’est pourquoi la venue de donateurs volontaires d’autres pays sont toujours les bienvenus dans mon petit labo…

 

 -  Volontaires ?  Je n’ai jamais donné mon accord sur quoi que ce soit des horreurs que vous faites ici… C’est mon frère qui est sur cette table ? Répondez-Moi !

 

 -  Quelle colère ! Quelle fougue ! Je devrais peut-être analyser quelques autres parties de toi. Je pense qu’il n’y a pas que ton bras qui pourra s’ajouter au torse de ton frère… J’ai déjà remplacé ce qui ne me convenait pas. Ses mains, ses yeux, ses cheveux, son menton. Ainsi que ses jambes, bien trop blessées. Heureusement, entre mes petits flacons et tes petits camarades dans les autres cages, j’ai de quoi arranger tout ça…

 

Jusqu’ici, je n’avais pas vraiment fait attention à ce qui se trouvait autour de moi. Les paroles que je venais d’entendre me faisaient penser que d’autres victimes que moi et mon frère se trouvaient en ce moment dans cette pièce. Je me tournais lentement sur le côté, à la fois curieux et effrayé de ce que j’allais voir… Et… Et c’était une véritable chambre des horreurs qui se trouvaient à quelques mètres de moi. Je découvrais les corps d’origine à qui avaient été prélevés certains « morceaux » vu dans la pièce où mon frère et moi nous trouvions précédemment. Il y avait des hommes dépourvus d’oreilles, de nez, de yeux, des bras en moins, des jambes, des pieds, des mains, la mâchoire pendante… Tous me regardaient, l’air peiné. Mais aucun ne parlait. Comme si…

 

 -  Si tu te demandes pourquoi tes petits camarades sont silencieux, c’est parce que j’ai découpé leur langue. Leurs cris incessants devenaient très désagréables et me gênaient pour travailler. Ce sera la même chose pour toi d’ailleurs : je préfère ne pas prendre de risque et avoir du silence. C’est important d’avoir du calme pour un meilleur rendu de travail. Tu n’es pas d’accord ?

 

Je ne parvenais même pas à répondre, tellement j’étais sous le choc. Tous ces pauvres gens… Et… Et mon frère… Etait-il toujours en vie ? Ou n’était-il déjà qu’un corps inerte ? 

 

 -  Tu aimerais savoir si ton frère vit toujours, pas vrai ? Ne t’inquiète pas pour lui : j’ai besoin de lui vivant. Sa robustesse est impressionnante. Un combattant j’ai l’impression non ? On voit le résultat d’un entrainement intensif, et ses blessures montrent un habitué des affrontements. Il sera parfait pour mon Führer…

 

L’instant d’après, il se retournait, une seringue à la main, et se baissant pour ouvrir ma cage…

 

-   Bien. Trêve de bavardages. Tu vas faire un gros dodo, le temps pour moi de trancher ta langue. Ainsi, tu ne me casseras plus les oreilles avec tes questions. Je te conseille de te tenir tranquille…

 

La cage s’ouvrait. Son sourire malveillant emplissait l’espace devant moi, et je voyais déjà ma vie défiler, sans que je ne puisse rien y faire. Je fermais même les yeux, espérant que tout ça n’était qu’un rêve dû à l’alcool, et pensant que j’allais bientôt me réveiller. Et puis, j’ai entendu un bruit sourd, sentant un corps tombant sur moi, le son de verre se brisant sur le sol métallique, et enfin une voix faible s’adressant à moi :

 

 -  Ri… Ricar…Do… Enfuis-toi, Ricar… Do… Vite… Ne… T’occupe… pas… de moi… C’est… Trop… Tard… Fuis, Ricar… Do… Fuis loin… D’ici…

 

Cette voix… Je la reconnaitrais entre mille… C’était Joao… Il avait du user d’un effort énorme pour se lever de sa table et assommer ce dément. Je ne voyais pas d’outils ou autre dans ses mains. Seuls ses poings lui avaient servis. Il se tenait avec peine contre la table, répétant à nouveau ces mots… Je le regardais en pleurant, ne voulant pas le laisser ici… Mais il recommençait à nouveau à me supplier de partir, comme s’il récitait un mantra… J’ai repoussé le corps de ce malade, me servant du bras qui me restait. J’aurais voulu l’enfermer à son tour, mais avec un seul bras, la tâche m’aurait été compliqué. Et surtout, je ne savais pas combien de temps il resterait inconscient.

 

 Je me levais péniblement, regardant mon frère, dont les yeux montraient les signes évidents qu’il avait été drogué. Il luttait à la fois contre la douleur, l’endormissement et la peine de me voir pleurer. Je sentais qu’il voulait pleurer aussi, mais encore une fois, il voulait me montrer sa force de caractère, et me protéger. Comme il l’avait toujours fait, toute sa vie… il me montrait du doigt la porte de sortie, ne parvenant plus à parler. Trop d’efforts : il s’écroulait sur le corps du médecin à moitié dans la cage d’où je sortais. J’aurais voulu essayer de le relever, le forcer à me suivre. Mais j’aurais gâché son sacrifice, et risqué de me retrouver à nouveau enfermé. J’ai donc fui. J’ai fui cet endroit, remontant ce maudit escalier qu’on n’aurait jamais dû franchir, fui cette auberge, en faisant attention de ne pas réveiller le tenancier qui était forcément complice de l’horreur se trouvant en bas, et j’ai couru droit devant moi…

 

L’auberge était située en lisière de la petite ville proche, à environ un peu plus de 800 mètres. J’ai crié dans les rues, demandant où se trouvait le commissariat le plus proche, pensant tomber dans le désespoir quand on me dit qu’il n’y en avait pas ici. Voyant mon état et ma détresse, un homme indiqua qu’il m’emmènerait au poste de police le plus proche, à 8 kilomètres de là. J’ai pu finalement dire en gros mon histoire aux autorités, avant de m’évanouir à nouveau. J’ai été emmené à l’hôpital le plus proche, celui où je séjourne depuis maintenant plus de deux semaines. D’autres policiers sont venus me voir entretemps, pour me dire qu’ils s’étaient rendus à l’adresse que je leur avais fournie. Ils n’ont trouvé qu’un bâtiment en flammes une fois arrivés. Quand l’incendie fut éteint, ils n’ont pas réussi à trouver l’emplacement leur permettant d’accéder au sous-sol dans l’immédiat. Ce n’est que depuis 2 jours que je sais qu’ils n’ont pas trouvé le corps de mon frère. Juste ceux calcinés de mes compagnons d’infortune dans leurs cages. A l’heure qu’il est, il est peut-être toujours entre les mains de cet émule de Josef Mengele. Ou peut-être est-ce lui-même, comme le pensait mon cher frère, ayant survécu dans un autre corps. Le cerveau d’Hitler a-t-il brûlé dans l’incendie, ou bien l’esprit malade voulant le faire revenir est-il parvenu à l’emporter avec lui ? Les policiers n’ont trouvé aucune trace de son corps non plus. C’est forcément lui qui a déclenché le feu ayant détruit l’auberge cachant ses activités.

 

Il a sacrifié ses autres cobayes, parce qu’ils n’avaient sans doute plus aucune utilité pour lui. Il a emmené tout ce dont il avait besoin pour continuer ses travaux ailleurs, et tenter de faire renaitre son Führer, comme il disait. C’était le but de sa vie, son objectif principal. Il était évident qu’il l’avait mis en sécurité en premier. J’espère ne plus être là si un nouveau Reich venait à faire parler de lui, qu’il ait gardé les souvenirs et la mémoire d’Hitler ou qu’il ait été « réinitialisé », afin de l’adapter à notre monde moderne. J’ai peur. J’ai peur que les progrès de la science moderne ne soient en mesure de donner les moyens nécessaires ce médecin à qui j’ai échappé, à la fois génie et dément, afin que son projet parvienne à son terme. C’est toujours comme ça dans les films d’horreur : ils reviennent toujours, même quand on pense les avoir détruits à jamais. 

 

Je ne pourrais jamais oublier cet Halloween. Celui où j’ai perdu mon frère, où qu’il puisse avoir été emmené. Celui où j’ai découvert un secret que je pensais inimaginable, et pourtant bien réel. Nous sommes peut-être à l’aube d’un nouveau Reich à venir, et avec les technologies actuelles, si tant est qu’il en apprenne l’usage et s’en serve à son avantage, la prochaine guerre qu’il déclenchera avec son nouveau corps risque d’être encore plus sanglante que n’importe laquelle. Vous allez me dire : encore faut-il qu’il réunisse une armée d’envergure. Mais vu les moyens et la patience dont ont fait preuve ces artisans de la génétique, vous pensez vraiment que cette armée, ils l’ont déjà, attendant son heure, et prête à envahir le monde ? Il y a de très grandes chances. Et Halloween étant capable de faire surgir les pires monstruosités, ce retour pourrait très bien se dérouler un 31 octobre…

 

Publié par Fabs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire