Je déambule dans ces vastes territoires nauséabonds et oniriques du désespoir
Ceux-là même qui ont asservi mon âme depuis le jour où il m’a offert ses services
A travers mes envies de pouvoir et de grandeur, il a su caresser mon esprit noir
Persuadé de ma réponse, ne connaissant que trop bien l’homme et tous ses vices
Il s’est investi dans mes rêves, ou la folie avait déjà installé ses graines néfastes
Remodelant ma vision des autres, ces pantins qui n’étaient que des poussières
Repoussant les limites de l’indécence et de la cruauté, devenues mon unique caste
Accentuant à leur plus haut degré mes aspirations de puissance sur cette terre
Je suis devenu son vassal diabolique, balayant mes ennemis de mon chemin
Créant conflits internationaux et guerres fratricides sur chacun des 5 continents
Faisant du sang la couleur d’un monde où le meurtre et la désolation n’ont pas de fin
Adultes, enfants, animaux, aucun n’a pu échapper à ce génocide grandissant
Mais ce n’était pas encore suffisant pour Azathoth, désireux d’épurer toute vie
Afin d’instaurer son règne définitif sur le monde qu’il avait pourtant lui-même créé
Il voulait que chaque parcelle, chaque atome de l’existence devienne froid infini
Alors, ce fut au tour du monde végétal d’être annihile sans distinction ni pitié
Les mers devinrent des déserts arides parsemés de vents irréels et mortels
L’air lui-même n’était plus qu’un ensemble d’effluves toxiques liquéfiant le solide
Les nuages tombèrent en pluies acides tels des volées de flèches lézardant le ciel
Les montagnes s’affaissèrent avec fracas pour laisser place à des trous béants et vides
Et moi, je restais là à contempler béat ce nouveau monde, ce vrai enfer biblique
Que nul n’aurait pu imaginer devenir le symbole de l’extinction totale d’un monde
Par la volonté de son géniteur, lassé de voir ses pantins franchir chaque limite
Et perturbant son sommeil millénaire en se prenant pour des petits Dieux pathétiques
Que lui importait de casser ses jouets insignifiants, il en reconstruirait d’autres
Comme il l’avait déjà fait déjà plusieurs fois, depuis qu’il est né du Néant absolu
Mais je me demandais quel sort il allait me réserver, moi, son complice aux mille fautes
Dernière pièce de son échiquier sur le plateau de sa partie sans la moindre retenue
Et alors qu’il fixait les abysses de mon regard, j’espérais obtenir sa clémence
Ne serait-ce que pour récompenser ma dévotion totale dans son plan d’éradication
Je me prosternais devant ce Dieu de création alors au zénith de sa démence
Afin de faire naître l’espoir dérisoire d’une hypothétique empathie pour ma soumission
Avais-je réussi à surprendre suffisamment le Destructeur de Mondes par mon geste ?
Ou bien sa décision de m’épargner faisait-elle partie de ses objectifs dès le départ ?
Je ne le saurais sans doute jamais, car il disparut au même moment, lui le Dieu funeste
Me laissant cette lourde tâche ingrate de reconstruire une civilisation de toute part
En y repensant, je me dis aujourd’hui que je suis sans doute celui qu’il a le plus puni
Pour avoir trahi mon espèce, et assiste à sa destruction sans proférer un seul mot
J’y repense parfois, en observant les plaines reverdir à côté de mers infinies
Moi qui suis devenu le gardien de ce monde du haut de mes 10.000 ans de trop
Publié par Fabs
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