1 oct. 2020

LA CLEMENCE D'AZATHOTH

 


Je déambule dans ces vastes territoires nauséabonds et oniriques du désespoir

Ceux-là même qui ont asservi mon âme depuis le jour où il m’a offert ses services

A travers mes envies de pouvoir et de grandeur, il a su caresser mon esprit noir

Persuadé de ma réponse, ne connaissant que trop bien l’homme et tous ses vices

 

Il s’est investi dans mes rêves, ou la folie avait déjà installé ses graines néfastes

Remodelant ma vision des autres, ces pantins qui n’étaient que des poussières

Repoussant les limites de l’indécence et de la cruauté, devenues mon unique caste

Accentuant à leur plus haut degré mes aspirations de puissance sur cette terre

 

Je suis devenu son vassal diabolique, balayant mes ennemis de mon chemin

Créant conflits internationaux et guerres fratricides sur chacun des 5 continents

Faisant du sang la couleur d’un monde où le meurtre et la désolation n’ont pas de fin

Adultes, enfants, animaux, aucun n’a pu échapper à ce génocide grandissant

 

Mais ce n’était pas encore suffisant pour Azathoth, désireux d’épurer toute vie

Afin d’instaurer son règne définitif sur le monde qu’il avait pourtant lui-même créé

Il voulait que chaque parcelle, chaque atome de l’existence devienne froid infini

Alors, ce fut au tour du monde végétal d’être annihile sans distinction ni pitié

 

Les mers devinrent des déserts arides parsemés de vents irréels et mortels

L’air lui-même n’était plus qu’un ensemble d’effluves toxiques liquéfiant le solide

Les nuages tombèrent en pluies acides tels des volées de flèches lézardant le ciel

Les montagnes s’affaissèrent avec fracas pour laisser place à des trous béants et vides

 

Et moi, je restais là à contempler béat ce nouveau monde, ce vrai enfer biblique

Que nul n’aurait pu imaginer devenir le symbole de l’extinction totale d’un monde

Par la volonté de son géniteur, lassé de voir ses pantins franchir chaque limite

Et perturbant son sommeil millénaire en se prenant pour des petits Dieux pathétiques

 

Que lui importait de casser ses jouets insignifiants, il en reconstruirait d’autres

Comme il l’avait déjà fait déjà plusieurs fois, depuis qu’il est né du Néant absolu

Mais je me demandais quel sort il allait me réserver, moi, son complice aux mille fautes

Dernière pièce de son échiquier sur le plateau de sa partie sans la moindre retenue

 

Et alors qu’il fixait les abysses de mon regard, j’espérais obtenir sa clémence

Ne serait-ce que pour récompenser ma dévotion totale dans son plan d’éradication

Je me prosternais devant ce Dieu de création alors au zénith de sa démence

Afin de faire naître l’espoir dérisoire d’une hypothétique empathie pour ma soumission

 

Avais-je réussi à surprendre suffisamment le Destructeur de Mondes par mon geste ?

Ou bien sa décision de m’épargner faisait-elle partie de ses objectifs dès le départ ?

Je ne le saurais sans doute jamais, car il disparut au même moment, lui le Dieu funeste

Me laissant cette lourde tâche ingrate de reconstruire une civilisation de toute part

 

En y repensant, je me dis aujourd’hui que je suis sans doute celui qu’il a le plus puni

Pour avoir trahi mon espèce, et assiste à sa destruction sans proférer un seul mot

J’y repense parfois, en observant les plaines reverdir à côté de mers infinies

Moi qui suis devenu le gardien de ce monde du haut de mes 10.000 ans de trop

 

Publié par Fabs

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