Parfois, les décisions les plus difficiles à prendre sont également les plus évidentes
Même si elles vous engagent sur des sentiers sombres, à l’encontre de vos idéaux
Vous obligeant à vous remettre en question, au nom d’une cause en tout point obligeante
Au risque de vous hanter l’esprit, tout le reste de votre vie, à concilier le laid et le beau
C’est sur ce principe d’une sagesse aux parfums de faux que je suis parti seul là-bas
Sans savoir alors quel en serait le prix à payer, ni si j’en ressortirai une vaine satisfaction
Seul m’importait de sauver de la famine et de la désolation mon peuple, et aussi mon roi
Rien d’autre n’avait d’importance, même si cela devait signifier donner ma vie en leur nom
Suivant les indications d’une sorcière ayant acceptée de m’indiquer le chemin à suivre
En échange de sa protection contre les exactions des villageois jouxtant sa demeure
Je traversais des bois infestés par une infâme vermine, territoire de la redoutée vouivre
Celle-ci, connaissant sans doute mon objectif, s’écarta de moi, envahie par la peur
Je longeais des précipices dont chaque pierre, en me voyant, semblait être au garde à vous
Comme pour saluer mon courage ou ma témérité à m’avancer plus avant vers l’Ouest
Là où le Maître des Profondeurs avait établi son échoppe, pour accueillir les fous
Ceux-là même, qui, tout comme je m’apprêtais à le faire, avaient accepté le funeste
La suite de mon périple fut tout aussi emplie d’angoisse, à la mesure des pas franchis
Rencontrant des créatures dénuées de toute humanité, me laissant passage sans dire mot
J’eus l’impression d’avoir quitté le monde des hommes, sans avoir perdu ma noble vie
Tellement les paysages ressemblaient de plus en plus à une vision de l’enfer en crescendo
Des bêtes immondes et répugnantes, telles que décrites dans les traités de sorcellerie
Devenaient plus nombreuses, le sourire au coin de leurs faces difformes, à peine regardables
Certaines commencèrent même à s’insinuer dans les sillons de ma route définie
S’imposant en accompagnateurs curieux, désireux de voir mon sort bien peu enviable
Enfin, j’arrivais à la montagne du désespoir, là où se trouvait celui que je cherchais
Je m’engouffrais à l’intérieur d’une grotte si immense qu’un château pourrait s’y loger
Descendant plus avant dans les profondeurs, avec cette nette impression que j’étouffais
Sans pour autant ressentir une gêne réelle, comme si mon corps entier devenait adapté
Combien de mètres suis-je descendu à longer ces roches ricanantes et bruyantes ?
Je ne le sais pas vraiment, tellement la notion de temps semblait abstraite en ces lieux
Toujours est-il que j’arrivais enfin au pied du trône du Seigneur de ces âmes déviantes
Prêt à lui faire ma requête, pour redonner vie au royaume de mes gens et leurs illustres aïeux
Ctulhu était là, de toute sa grandeur et toute sa puissance, tel un édifice de terreur
Je m’agenouillais à ses pieds, tel le vermisseau que j’étais face à l’aura qui émanait de lui
J’exposais alors ma demande en priant qu’elle soit écoutée, alors que coulait ma sueur
Craignant que mon existence s’arrête, sans avoir pu obtenir le fruit de ma quête ici
Puis, sa réponse me parvint, sans qu’il dise un mot, par sa pensée traversante en moi
Acceptant, de par son pouvoir, de permettre la renaissance du territoire de mes ancêtres
Ma seule contrepartie étant de répondre à son futur appel, suivant les principes de sa loi
J’aurais voulu lui témoigner ma reconnaissance, mais il m’imposa de ne pas m’y soumettre
Je repartais libre, assuré de retrouver un pays et des terres ayant retrouvés leur richesse
Par la seule volonté de Ctulhu, dont la teneur dépassait le temps et l’espace connu
Trop heureux de ce fait, j’en oubliais que j’étais devenu son vassal, par mon hardiesse
Et que désormais, je ne vivrais que selon son bon plaisir, en attendant son signal convenu
J’ignore toujours à ce jour ce à quoi mon nouveau maître me destine dans son plan à venir
Mais je sais que je ne pourrais m’y soustraire sans risquer de déclencher sa fureur
Alors, je me suis résolu à accepter l’idée que ma vie était dévolue à ce proche avenir
N’étant plus qu’une marionnette entre ses mains, prisonnier d’un destin voué à la peur
Publié par Fabs
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