J’Entendais le vent frapper avec force les nombreux volets de bois de ses mains invisibles
Les faisant percuter les murs friables de la maison familiale, formant un écho assourdissant
Il semblait prendre un plaisir sadique à cette entreprise, installant une peur perceptible
A travers tout mon corps frissonnant par cette nuit me rappelant mes terreurs d’antan
Ce n’était que ma toute première nuit dans cette bâtisse ancestrale et ô combien lugubre
Mais je ressentais déjà la présence fantomatique de mes aïeuls dans chaque couloir
Sentant leur souffle sur ma nuque à chacun de mes pas sur les sols hautement insalubres
Mes mains s’agrippant à ma lampe, comme si mon existence dépendait de sa lumière dérisoire
Je haïssais déjà ce jour où j’avais daigné accepter cet héritage maudit en toute bonne foi
La faute à une vie de misère où la faim me tenaillait à chaque nuit que le ciel faisait sur Terre
Houspillé quotidiennement par un propriétaire ayant oublié le sens du mot courtois
Pour me signifier le retard d’un loyer exorbitant, me donnant l’impression de serres
J’aurais sans doute dû refuser l’offre du notaire concernant les conditions d’acquisition
3 nuits complètes dans le manoir de feu un oncle inconnu, dont j’étais l’unique héritier
Folie ! Que n’ai-je tourné les talons à l’énoncé de cela, au lieu de vivement signer de front
Aujourd’hui, je ne serais pas à arpenter les pièces de cette demeure du diable aux multiples dangers
A voir les visages blêmes des villageois à qui j’avais eu l’audace de quémander ma route
J’aurais dû me demander s’il n’était pas plus sage de rebrousser chemin dans la seconde
Au lieu d’écouter ma soif de richesse trébuchante, qui voyageait sans même un doute
A l’intérieur de ma tête imbécile, obnubilé par la crainte de finir sous la froide neige féconde
Les tableaux que je croisais semblaient rire de moi à l’unisson, en une seule et même entité
Leurs sourires moqueurs parvenant à atteindre sans obstacles mon moral déjà au plus bas
Alors que je cherchais le réconfort auprès d’une pièce à l’atmosphère moins pesante à supporter
Traçant mon chemin par les gouttes de sueur perlant sur ma peau, jusqu’à tomber ici et là
A aucun moment, je n’ai ressenti le piège qui tissait sa fine toile tout autour de moi inexorablement
Me dirigeant malgré moi vers la grande porte rouge qui allait m’emmener vers le trépas
Comme si j’étais happé par une corde de chanvre, s’étant enroulée sans détout ni sentiments
Par l’esprit majeur qui contrôlait chaque parcelle de ses murs remplis d’amertume et d’effroi
Je semblais comme hypnotisé par cette ouverture qui s’offrait à moi et à ma naïveté
Alors, je m’avançais vers elle, tel un chant de sirène m’appelant, et contre quoi je ne pouvais lutter
Franchissant son embouchure, rassuré par des ondes m’ayant investies par plusieurs milliers
Avant que celle-ci disparaisse dans le néant, me laissant seul face au vide et à l’anxiété
C’est là qu’ils m’apparurent, dans toute la grandeur de leur laideur, physique comme spirituelle
A peine remis de ma stupeur, je sentis leurs longs doigts décharnés transpercer mon corps
Tel des aiguilles de douleur, grattant et fouillant l’intérieur pour en retire son étincelle
Afin de faire de moi leur égal, une nouvelle entité sans chair, dont l’âme accepte son sort
Je ne suis désormais plus qu’une ombre parmi d’autres, un nouveau frère des ténèbres
Ayant trouvé sa place dans le monde de l’obscur et ses méandres impalpables et froids
Attendant le jour prochain où un nouveau candidat viendra entendre son oraison funèbre
Ce jour-là, je serai là pour l’accompagner et lui montre le chemin de la nuit et ses lois
Publié par Fabs
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire